Morne monotonie de la vie. Voilà les seules pensées concrètes et constructives que j’avais dans ce triste couloir. Rien à dire , rien à faire, il n’y avait que les alcôves toujours identiques à la précédente qui se succédaient pour me tenir compagnie. La salle était d’une vastitude incomparable, et moi j’étais perdu incomparablement. Comment trouver quoi que ce soit dans cette immensité de similitude ? Il n’y avait aucun moyen et , enroulé dans ma cape, je le découvrais plus j’avançais. Je n’avais même plus à me cacher, personne n’était en ces lieux. Tous les travailleurs étaient à leurs machines et je pouvais donc avancer la tête haute au beau milieu de ce dortoir géant.
J’apercevais enfin le fond de la salle lorsque je mis à y penser… Comment faisaient-ils ? Comment vivaient-ils ? Pauvres créatures malmenés par un patron oppresseur. Vos conditions étaient misérables et la simple pensée de votre survie, de votre pitance, vous poussait à obéir servilement. Une lutte acharnée aurait dû vous opposer à cet oppresseur inconscient. Dormait il , lui, dans ces immondes dortoirs ? Avait-il une vie de labeur et de monotonie ? Et je ne parlais même pas du temps de travail qui relevait de l’esclavage. Pour eux, je composais intérieurement une chanson de soutien : Allez, on Blue Me !!!! Pour la solida…
Je m’interrompis soudain dans cette fabuleuse chanson lorsque je découvris qu’à force de penser, j’étais arrivé au bout de ce couloir interminable. Et là, pas de chance, pas l’ombre d’une porte, pas même la moindre chance d’un quelconque interstice laissant filtrer quoi que ce soit.
( Et Merde ! Evidemment, c’est pour ma pomme de tomber sur un cul de sac ! Bon , il me reste plus qu’à faire demi-tour ! )
Alors que dans la joie et la bonne humeur de mon récent et pitoyable échec, je me retournais, j’aperçus Jena qui accourrait vers moi le plus silencieusement du monde. Au milieu de cette immensité de caves et de grisaille, j’étais heureux d’enfin apercevoir ma partenaire. Cependant, son visage était fermé et elle semblait soucieuse. Quelque chose n’allait pas…
( Qu’est il encore arrivé dans cette terrible aventure… Sainte Gaïa, protège nous !)
Arrivé à ma hauteur, elle m’agrippa avec hargne dans toute mon incrédulité pour me plaquer dans le premier trou venu en se collant à moi… Son corps était chaud et dégoulinait de sueur. Sa transpiration sentait le musc et le miel, j’adorais son odeur. J’aimais aussi le contact de sa chair contre la mienne dans un délicat mouvement de bass…
( Euh … Doucement ! )
Jena la guerrière me dit soudain dans un murmure la raison de son acte et dévoile à quel point j’avais de nouveau put me fourvoyer dans ses intentions :
« Il y a bien une porte au bout de cette pièce… Elle doit mener à la salle des machines. Mais alors que j’ai voulu m’en approcher, j’ai entendu du mouvement derrière, et j’ai fui. Elle s’est ouverte peu après, mais je n’ai pas pu voir ce qui en est sorti… Ils ne m’ont pas vue non plus, je pense… Mais maintenant, ils sont entre nous et la sortie… Avez-vous trouvé quelque chose, ou devrons-nous nous cacher ici ? »
( J’avais bien dit qu’il nous arrivait toujours des crasses… Bon, ce coup-ci, on n’hésite pas, il faut se sortir par la mouise. Sainte Gaïa nous protégera ! )
Repoussant un peu Jena, je passais la tête par l’alcôve pour voir les environs. Pour l’instant, rien ne semblait arriver de ce côté. Il fallait en profiter pour se rapprocher de notre unique sortie, sinon nous n’aurions aucune chance de nous en sortir vivant… Dans un soupir, je rentrais la tête et finis par dire à Jena d’un ton qui se voulait convaincant :
« Hélas, c’est une impasse ici ! Et nous ne pouvons rester ici, il faut se rapprocher de notre seule sortie. Si nous étions repérés, il faudrait courir en espérant y parvenir… SI nous restons ici, c’est certain que jamais même avec vos protections nous ne pourrions atteindre une quelconque aide. Je compte avancer discrètement pour aller voir ce qu’il se passe là-bas et aviser en fonction. Venez avec moi, je crains que ce ne soit la seule solution viable. »
N’écoutant alors que mon courage, je me dégageai du corps de Jena, signe d’un certain cran, et sortit de nouveau la tête. Il n’y avait toujours personne, il fallait avancer. Je me déplaçai donc vite à la prochaine alcôve pour m’y cacher. Ainsi, à chaque arrêt, je pouvais vérifier la présence probable d’ennemis. Il fallait rester discret tout en étant rapide. Enroulé dans ma cape, j’enchaînais les alcôves et ne voyait toujours rien. La profondeur de ce couloir était quasi illimitée.
Au bout d’un certain nombre de déplacements, j’aperçus les premiers ennemis. Je ne parvenais pas à discerner ce qu’il faisait et cela m’intriguait. De plus, Jena avait parlé d’une autre sortie, il fallait avancer pour observer.
( Gaïa fais en sorte que la discrétion soit aujourd’hui ma plus grande qualité !)
A ces mots, je franchis une nouvelle alcôve pour me rapprocher toujours plus de nos ennemis et de la sortie, avançant avec courage dans l’inconnu ! A peine l’exploit réalisé, j’attendais déjà une nouvelle opportunité d’avancer, risquant ma vie, ma croyance et mon histoire…
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Terminator des cours d'écoles ! Théurgiste en formation, prêt au combat ! Près de mourir !
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