A l’intérieur de sa petite poitrine, Keynthara ressentait la douleur vive de la séparation imminente. Elle n’avait peut-être pas de cœur, mais elle n’avait pas été dénuée d’émotion à sa création. Face à l’absence de réaction d’Ershin, qui ne semblait manifester aucune forme de ressenti, l’Aniathy remercia mentalement Gaïa et son propre créateur de l’avoir épargnée de cette malédiction ennuyeuse. Elle était peut-être l’esclave de ses sentiments, mais sans eux, la poupée estimait qu’elle n’aurait été qu’une chose morte sans le moindre intérêt. Elle s’était malgré tout attachée à ces êtres de technologie mystérieux et c’est à reculons qu’elle se glissa à travers la porte du tube de verre géant.
« Nous reviendrons, c’est promis… », déclara-t’elle d’une voix étouffée par la tristesse et les larmes qu’elle n’était plus capable de retenir. Ce n’était pas que des amis qu’elle laissait derrière elle. C’était une partie de sa vie qui l’avait fait évoluer dans sa petite tête de poupée.
Prise d’un ultime élan d’émotion au moment de s’approcher du fluide, elle retourna sur ses pas pour venir se ruer dans les bras d’un Eshrin impassible. Kraemer ne songea même pas, cette fois-ci, à lui en empêcher. Il se contenta de poser une main sur son amulette autour du cou, et de s’approcher de la sphère magique qui crépitait sous ses yeux hypnotisés.
« Au revoir, Zaistras… », dit-il dans un murmure qui se perdit à travers les méandres du fluide. Il ne tarda pas à être rejoint par Keynthara, qui s’était elle aussi élancée en courant dans la sphère, après s’être aussi impulsivement détachée d’Eshrin qu’elle ne s’était collée à lui.
Au fond d’elle, elle espérait que, toujours, on parlerait d’eux et de la paix qu’ils avaient apportée sur leur monde. Il lui faudrait, pour sûr, revenir pour le vérifier un jour prochain. Un jour lointain peut-être, mais l’Aniathy ne le réalisait pas encore.
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Dernière édition par Keynthara le Mer 15 Aoû 2012 19:39, édité 1 fois.
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