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Le petit Sirat me rejoignit au plafond me gratifiant de son beau sourire de félin. En bas le climat était moins jovial, le nain poursuivait ses récriminations et buvait sans s’interrompre, alors que Lilo frappait contre le mur, en geignant qu’elle voulait sortir à toux prix, et elle alla jusqu’à me souhaiter d’échouer dans ma tentative.
A ce commentaire, mes sourcils se froncèrent, je ne comprenais pas le comportement de Madame Feng qui était d’ordinaire plus aimable.
Après une courte réflexion pendant laquelle j’avais remarqué le passage de l’outre emplie de bière d’une main à l’autre, je rejetai la faute aux effets de l’alcool et pardonnai presqu’immédiatement à ma grande amie de se comporter ainsi.
Et puis, il y avait Sirat, qui ayant fait les mêmes déductions que moi, marchait à mes côtés, à reculons lui aussi.
Nos efforts furent vite récompensés puisque, comme je l’avais espéré, plus que nous reculions, plus nous nous approchions de la porte. Celle-ci, d’une couleur foncée et de bois, semblait massive, donc impossible à défoncer par un simple coup de pied. Alors que j’en étais à l’examen de cette porte, j’entendis Sirat m’interpeler, mais je ne fis pas attention à ses propos, trop concentrée à l’observation minutieuse de la serrure et de la poignée qui m’était malheureusement inatteignable.
Quelques instants plus tard, je sentis quelque chose grimper sur ma cuisse. Par réflexe, j’ai failli faire revoler l’intrus grâce une petite claque bien sentie, mais je m’arrêtai juste à temps dans mon élan lorsque je m’aperçus qu’il s’agissait de l’humoran. Il m’avait sûrement demandé la permission avant de monter, mais distraite, je ne l’avais pas entendue.
Le guerrier s’était arrêté dans son ascension et humait l’odeur de mes collants, ce qui me mit un peu mal à l’aise. Ma gêne s’amplifia et s’exprima par mes joues toutes rouges lorsqu’il me fit part de son appréciation de l’arôme que je dégageai. Je n’avais pas l’habitude de me faire escalader ainsi, encore moins me faire humer de la sorte. Je me renfrognai ainsi quelque peu considérant déplacé de sa part de me faire une telle remarque.
Il poursuivit alors son ascension comme si de rien n’était. Pour ma part, figée, j’attendais avec une légère impatience qu’il arrive à destination. Pour mon malheur, il perdit pied. N’étant pas un aussi habile grimpeur que moi, et n’ayant pas mes mains collantes pour l’assister, escalader une lutine ne semblait pas de tout repos pour lui. Heureusement pour nous deux, il réussit à s’agripper au collier de pailles que la petite fillette avait tressé à mon intention.
C’est alors qu’il fit appel à moi, me prévenant que si je ne lui portais pas secours, il risquait de se retrouver blotti entre mes seins. Cette vision me déplut grandement, à tel point que je me dépêchai d’obtempérer. Délicatement, je le pris dans ma main droite pour le placer sur mon épaule gauche, évitant son regard à tout prix, trop intimidée par cette gênante situation.
Une fois l’humoran bien installé sur mon épaule, je lui fis part de ma décision.
« Malgré que je sois presqu’une géante à présent, il m’est impossible d’atteindre la poignée de cette porte. Agrippez-vous bien ! Je vais remonter vers le plancher. »
Avant de passer à l’acte, j’hésitai un moment avant de lui rajouter :
« Tenez-vous fermement à cette petite couette, cela pourra vous éviter une vilaine chute. »
Ce disant, je lui présentai une de mes mèches rousses.
C’est ainsi que j’entrepris avec prudence la montée en guettant du coin de l’œil mon petit pensionnaire tout vert, tout en me doutant bien que le plafond et le plancher risquerait une fois de plus de s’inverser. Ce qui se produisit à mi-chemin. Cependant, cette fois, j’avais anticipé le phénomène et je me retrouvai sans heurt les pieds sur le plancher, mon invité toujours aussi confortablement installé. Je vis que Lilo nous rejoignait, je lui fis un sourire avant d’empoigner la porte pour tenter de l’ouvrir. Puis m’adressant à Sirat :
« Voyons voir ce qui nous attend de l’autre côté. »
_________________ Guasina, protectrice d'âme
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