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Il était couché sur le sol, les yeux ouverts hagards, perdu dans sa cellule. Il ne bougeait plus, ne réfléchissait plus, Sirat avait cessé toute activité, abattu par les évènements, incapable de se relever. Seule la lueur verte de son pelage offrait un éclairage sur sa prison noire et glaciale.
"J'ai voulu sortir et me voilà enfermer, je suis fatigué de ses conneries... "
Par terre l'humoran s'abandonnait au défaitisme. S'apitoyant sur son sort, sur ce destin qui lui échappait, maudissant le jour où il avait pris ce ticket et était monté sur ce maudit Aynore.
Plusieurs heures s'étaient déjà écoulées et Sirat n'avait toujours pas changé de position. Bientôt il cessa de se morfondre, il ferma les yeux et s'endormit.
Une voix le tira de ses rêveries, l'extirpant de son subconscient afin de le renvoyer dans sa geôle.
"Tu me déçois Sirat."
L'appel se faisait plus précis, dans un premier temps il avait entendu, que son nom, mais les phrases lui apparaissaient de plus en plus distinctement.
"Tu me déçois Sirat. "
D'un bond l'humoran se retrouva sur ses jambes, cherchant dans l'opaque obscurité ou se cachait le gêneur. Il pensa à une autre cage suspendue, mais il ne voyait rien après les barreaux.
Il tourna la tête et soudain se retrouva dans une prairie, bordé d'arbres prémices d'une forêt, longé par une petite rivière qui glissait avec agitation entre les quelques rochers qui la parcouraient.
"putain, mais c'est quoi ce bordel ! "
"t'ai-je donc rien appris que tu abandonnes si vite. "
La voix venait d'un arbre, Sirat le fixa et très vite la carrure impressionnante d'un Woran s'en détacha pour s'avancer vers lui.
"Que ce passe-t-il Sirat pour que tu baisses la tête, pour que tu perdes ton honneur ? "
"Mon oncle ?! "
L'imposante musculature de l'oncle malgré son âge fit face à Sirat. Qui dans un signe de respect baissa la tête.
"Tu ne peux pas comprendre. "
"Il n'y a rien à comprendre Sirat, tel un lâche tu tournes le dos à tes amis. "
"Il s'est passé tellement de choses, regarde la couleur de mon pelage... "
"Silence ! Crois-tu que ton destin est d'être un piètre écumeur de taverne, monnayant ses services pour survivre, crois-tu que c'est pour cela que ta mère m'a demandé de t'élever. Où est ton honneur Sirat, où est ta fierté, tu es donc aussi piètre que ton père l'estimait."
A ses mots, la rage submergea Sirat qui dégaina son épée et frappa de plain fouet son oncle. Celui-ci esquiva facilement, sa masse semblait se mouvoir aussi facilement que le vent sur la plaine. Il dégaina lui aussi un énorme bâton, orné et sculpté de tout son long. Il frappa avec une telle célérité que Sirat para de justesse le coup qui s'abattait sur lui.
L'oncle esquissa un sourire.
"Voilà le neveu que j'ai éduqué, fier, rageur, ne te détourne pas de ton chemin, prend ce qui t'arrive comme un don et non comme une malédiction. "
Il frappa encore à deux reprises, faisant virevolter son arme un coup à gauche un coup sur la droite. Sirat esquiva les deux coups, mais dut reculer de plusieurs pas pour éviter le troisième. Il observa son oncle et écoutait ce qu'il disait. Le Woran baissa son arme, la posa sur l'herbe humide tout en prenant appui sur elle, à la manière d'une grande canne.
"Bien, retourne combattre mon neveu. "
L'image que Sirat avait de son oncle, se floutât pour devenir ombragé, il finit par se retrouver devant ses grilles froides. Il les caressa, pensif.
"Encore un délire de cette île maudite ? Où je suis devenu complètement fou ? "
Puis il repensa à la petite lutine qu'il avait laissée seule, qu'était-elle devenue, combien de temps s'était-il réellement écoulé.
Il regarda loin devant lui, les ténèbres firent écho à son regard revanchard. Il posa la main sur son épée et se mit à marcher en arrière, tout en reculant il affirma.
"Je ne veux pas me retrouver près de Guasina et sortir de cette cage."
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