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Je m'engouffre dans la jungle à toute allure, ne ralentissant qu'après une centaine de mètres pour rengainer mes armes et avaler coup sur coup deux potions de soin. Si mon corps se régénère une fois encore merveilleusement et rapidement, je sens que, cette fois, deux rations ne suffisent pas à me guérir totalement, une première dont je me serais volontiers passé. J'en engloutis une troisième aussi sec, grimaçant alors que mes multiples plaies achèvent de se refermer, puis reprends sans tarder ma folle échappée, percevant à quelques dizaines de mètres de moi cris et fracas de branches brisées.
Prenant tous les risques, je fonce entre lianes et troncs, buissons et racines, je saute ici et là quelques fossés, des branches basses, manquant dix fois me fracasser le crâne, cent fois me briser une cheville. Mais mon sens aigu de l'équilibre me permet d'éviter le pire, à défaut d'empêcher broussailles et tiges malveillantes de m'érafler la moindre partie du corps n'étant pas protégée par l'armure. La nuit est maintenant tombée depuis belle lurette, j'ignore quelle distance j'ai bien pu parcourir au juste, conséquente sans doute, mais ce qui est certain c'est que ces foutus noirs ne me lâchent pas! Evidemment, les bougres sortent juste d'une bonne journée de sommeil alors que j'ai trotté toute la journée pour atteindre leur camp puis mené un rude et long combat, n'empêche que mon orgueil en prend un coup: pas même fichu de semer quelques crevures d'assombris, il y a de quoi rager! J'ai beau puiser dans mes ressources sans ménagement, les Shaakts se rapprochent de plus en plus, il ne leur faudra pas plus d'une dizaine de minutes pour me tomber dessus. Exténué, mains et visage religieusement écorchés, je finis peu à peu par réaliser que la fuite n'est plus une option.
Je me force malgré tout à poursuivre un peu, jusqu'à trouver un lieu plus ou moins dégagé qui me semble favorable pour affronter mes poursuivants. Ce n'est qu'une ébauche de clairière d'une vingtaine de mètres de diamètre, mais elle a l'avantage d'être en pente remontante, et de s'achever sur une épais taillis barré par un arbre déraciné. Je grimpe jusqu'au taillis, escalade péniblement le tronc couché et me dissimule de mon mieux derrière une épaisse branche se trouvant à l'horizontale de par l'inclinaison du tronc principal. Je prends plusieurs amples respirations pour récupérer mon souffle durement éprouvé, me désaltère à petites gorgées d'une eau devenue tiédasse au fil de la journée, puis je me saisis de ma relique de glace et y encoche une flèche non sans rectifier au passage le positionnement de mon carquois. Quelques minutes passent, les cris de mes poursuivants se rapprochent inéluctablement, soutenus par un fracas de végétation malmenée. Ils ne cherchent aucunement à être discrets, sûrs que leur proie ne peut que continuer à fuir apparemment, après ces quelques heures de poursuite.
Je les laisse approcher et entrer dans l'espace dégagé, désireux de pouvoir les compter et préférant surtout les avoir tous en vue. J'ai estimé leur nombre à une dizaine, au bruit, mais lorsque ils s'engagent dans la clairière, je réalise qu'ils sont un peu plus que ça. Un pisteur les guide, les yeux aux aguets et un arc en main. Il est suivi de près par quatre autres archers, eux-même suivis d'une dizaine de guerriers, parmi lesquels se trouve l'une des gardes de la matriarche, reconnaissable à son armure d'une qualité bien supérieure à celle de ses comparses. Je jure intérieurement, une dizaine de simples guerriers aurait largement suffit à m'inquiéter vu mon état de fatigue, mais là...
Un discret soupir, rien ne sert de récriminer sur une situation que l'on ne peut changer, mes ennemis sont là et je dois faire avec. Les quelques minutes d'attente m'ont permis d'examiner mon environnement direct, j'ai défini un éventuel chemin de repli, vague sente serpentant entre les arbres tortueux, mais la présence des archers complique notablement l'affaire. Même si leurs tirs seront rendus plus difficiles par la végétation, ils auront beau jeu de me ficher un trait entre les omoplates. Quant à les abattre tous avant de fuir, pure utopie, dès que j'aurais tiré ma première flèche ils se mettront à couvert. Ce premier projectile doit donc être décisif et éliminer l'adversaire le plus dangereux: la garde de la matriarche, indubitablement. Je me concentre pour évacuer toute tension de mon corps, gèle ma flèche d'un effort de volonté puis, d'un unique geste fluide, je me décale légèrement de mon abri, vise soigneusement en bandant ma relique et lâche mon trait.
La flèche atteint la Shaakt dans l'abdomen, s'y fichant profondément, mais je n'ai pas attendu de voir le résultat de mon premier tir pour encocher un deuxième trait, l'effet de surprise ne durera pas et il est mon seul atout dans cette confrontation. La guerrière hurle de douleur autant que de stupeur, alertant ses compagnons qui regardent en tout sens pour découvrir leur ennemi, mais déjà ma seconde flèche fend les airs et va se planter en vibrant dans l'épaule de l'un des archers. Les trois autres réagissent vivement en bandant leurs armes, ils m'ont repéré et je n'ai d'autre choix que de me calfeutrer vivement derrière la branche qui me sert d'abri! L'un des projectile se fiche dedans, d'ailleurs, tandis que les deux autres me sifflent aux oreilles et vont se perdre dans la forêt. Je me dévoile à nouveau pour décocher un nouveau trait, mais mon tir un peu hâtif manque de précision et ne fait que frôler sa cible, qui ne s'en jette pas moins de côté pour se mettre à l'abri. Ses deux comparses en revanche encochent de nouveaux projectiles et je me replie vivement alors qu'ils volent à leur tour, non sans avoir le temps de constater que les guerriers se précipitent sur moi! A peine les flèches ennemies ont-elles dépassé ma position que je sors une fois encore de mon abri et épingle l'attaquant le plus proche d'un trait en pleine poitrine, le dernier que je peux tirer car mes adversaires ne tarderont plus à être sur moi.
Je passe nerveusement mon arc en bandoulière et dégaine mes lames en bondissant à terre, puis je me précipite sur les Shaakts en hurlant comme un possédé! Une flèche frôle mon crâne, une autre se brise contre mon armure sans parvenir à la transpercer juste avant que je ne m'enfonce férocement dans le groupe d'assaillants, qui ne semblent guère goûter mon assaut forcené et bruyant, à moins que ce ne soit la vision de mes redoutables lames qui les fait hésiter? Quoi qu'il en soit c'est la peur qui brille dans leurs yeux lorsque ma Vorpale fracasse le premier crâne d'un brutal coup de taille, suivie de l'Ardente qui défonce proprement le torse d'un Shaakt tout en boutant le feu à sa chevelure! La panique naissante fait cependant long feu, un hurlement de la guerrière blessée les galvanise et la peur cède la place à une haine brûlante, qui incite les huit survivants à riposter sauvagement!
J'esquive la pointe d'une pique visant ma cuisse d'un pas de côté, relève sèchement ma Vorpale pour contrer dans une pluie d'étincelles une hache menaçant mon crâne et bloque de justesse un sabre cherchant à me piquer le bras de mon ardente, mais une deuxième pique franchit ma garde et me percute violemment les côtes! Elle ne franchit pas mon armure mais le choc reste douloureux, un bon gros bleu en perspective si je m'en sors...mais là n'est pas ma préoccupation première, ce foutu coup m'a déséquilibré et le Shaakt muni d'une hache en profite pour m'asséner un rude coup de taille que je vais avoir le plus grand mal à parer! Je tente d'utiliser mon déséquilibre pour esquiver en effectuant une roulade à terre, censée m'éloigner la moindre de mes assaillants et me permettre de me relever avant qu'ils ne me retombent dessus grâce à la pente favorisant ma cabriole, mais si je parviens à limiter les dégâts, le coup me percute tout de même rudement à l'épaule gauche! Ce qui, à tout prendre, accélère ma roulade puisque le choc me propulse d'autant plus rapidement à terre, n'empêche que je grimace joliment lorsque mon épaule heurte le sol, sentant mon bras s'engourdir salement. Je surmonte la douleur d'un effort de volonté et me relève d'un bond, peu soucieux de rester au sol alors que huit damnés veulent ma peau, juste à temps pour encaisser une flèche dans le bras que je lève afin de repousser de mon arme mes ennemis! Le trait s'insinue entre les écailles de ma protection et propulse mon bras en arrière, me faisant tituber sous la force de l'impact et, pire, lâcher ma Vorpale! Il n'en faut pas davantage pour que les chiens noirs glapissent leur jubilation, et se précipitent à la curée...
Si intense que soit la souffrance, si désespérée ma situation, le premier Shaakt arrivant à ma portée apprend à ses dépends qu'il faut plus qu'une flèche dans le bras et quelques contusions pour m'abattre. Un puissant moulinet remontant de l'Enflammée le cueille à l'aisselle alors qu'il lève son sabre pour me défigurer, bras et arme s'envolent de même, ce qu'il ne semble par réaliser immédiatement. Je n'ai que le temps de me placer de profil et de jeter mon épaule intacte en avant pour absorber le choc lorsque il me heurte de plein fouet, m'aspergeant par la même occasion d'une répugnante saccade d'ichor. Ce qui ne me trouble guère à vrai dire, je n'en suis plus à ça près, bien plus gênant est le fait que son corps mourant m'encombre et m'empêche de parer la pique de l'un de ses comparses, qui m'atteint vicieusement aux reins. La pointe acérée ne parvient pas à franchir la barrière de mithril qui me barde mais, là encore, le choc est rude. Assez pour me faire vaciller, puis, mon pied heurtant maladroitement une irrégularité du sol, mettre un genou en terre.
Je vois le Shaakt muni d'une hache se placer vivement au-dessus de moi, je le vois lever son tranchoir pour me fendre le crâne, un rictus de satisfaction morbide aux lèvres. Du coin de l'oeil, je distingue aussi un mouvement dans les fourrés, derrière les archers. D'autres Shaakts? Quinze elfes noirs, n'était-ce pas un nombre suffisant pour un unique Sindel déjà épuisé avant même d'entamer le combat? Quel besoin de renforts alors que je vais mourir dans moins d'une seconde? La hache s'abat, son tranchant luisant imperceptiblement alors qu'un infime rayon de l'astre nocturne perce la canopée et illumine brièvement la scène. Manière de saluer ma fin? Je ne sais, cela n'a pas vraiment d'importance.
Je me propulse vers le haut d'un bond explosif, grillant mes dernières réserves de Ki dans cette action désespérée, y insufflant mes ultimes forces, mes espoirs les plus enfouis, ma colère la plus profonde. Mon poing ganté de mithril et reployé sur la poignée de l'Ardente jaillit comme un météore au ras de ma joue ensanglantée, précédant de quelques centimètres mon crâne pour percuter le dessous de la mâchoire du Shaakt avec une force rendue colossale par les dernières bribes de mon Ki. La tête de l'elfe noir part brutalement en arrière dans un grand craquement de vertèbres brisées, la hache qui devait mettre fin à mon existence achève sa course, privée de toute force, en tintant légèrement contre les écailles qui protègent mon dos. Je n'exulte pas cette fois, un ennemi de moins ne changera pas l'issue de ce combat, je n'ai plus même la force de lever mon arme après cette dernière débauche d'énergie. Je n'ai fait que repousser l'inéluctable, mais il y aura un Shaakt de moins pour assaillir cette blanche cité à laquelle je me suis lié.
Pour une raison qui m'échappe, les autres Shaakts ne m'attaquent pourtant pas immédiatement. Debout, vidé jusqu'à la moëlle des os, le regard brouillé par le sang et la sueur, il me faut une seconde pour retrouver une bribe de lucidité et une autre pour trouver la raison ayant détourné les noirs de moi. Suis-je mort, ou en train de rêver? Je me le demande très sérieusement en voyant la scène qui se déroule sous mes yeux. Une créature étrange, plus ou moins féline bien que dotée d'ailes, s'est abattue sur les archers et elle n'a visiblement pas fait dans la dentelle car les trois tireurs gisent à terre, indubitablement morts. Il me faut une seconde de plus pour identifier le fauve qui, loin d'en rester là, bondit maintenant avec férocité sur les six guerriers survivants: un Lokyarme! Par Sithi, serait-ce celui que j'ai côtoyé voilà bien des mois dans les montagnes, alors que je fuyais Tulorim? Par quel miracle serait-il arrivé jusque là?! Un regard plus attentif m'apprend que ce n'est pas le même, la couleur de son pelage, ou de ses écailles plutôt, est très différente. Celui-ci est plus coloré et...
(Tanaëth, aide-le! Secoue-toi, il ne s'en sortira pas tout seul!!!)
L'injonction de ma Faëra m'extirpe de mon hébétude, et une fois de plus je réalise la pertinence de son conseil: la créature s'abstient effectivement d'attaquer de front les guerriers, elle détourne sa course au dernier instant et semble plus encline à harceler mes adversaires qu'à s'y confronter véritablement. Logique quelque part, le Lokyarme ne possède pas d'armure, s'exposer à l'acier tranchant des Shaakts signerait sa perte. Il a profité de l'effet de surprise pour tuer les trois archers en les attaquant dans le dos, sans doute, mais de là à vaincre six combattants lui faisant face, non. Je me secoue donc, arrache la flèche fichée dans mon bras en grognant de douleur et m'empare de ma gourde pour ingurgiter une nouvelle potion de soin. Non sans me demander combien je peux en absorber dans une même journée avant de subir des effets secondaires déplaisants mais, comme je n'en ai pas la moindre idée et que ce risque me semble bien hypothétique comparé à ce qui m'attend si les Shaakts survivent, ma question est de pure forme. Les noirs ayant presque oublié ma présence pour faire face à la créature qui les harcèle, ces bougres supposant sans doute que je ne constitue plus vraiment un danger au vu de mes blessures, je ramasse vivement ma Vorpale tombée au sol et me rue sur eux, en silence cette fois.
L'un des noirs m'avait gardé à l'oeil pourtant, moins sot que ses congénères, et se tourne pour m'affronter alors que j'arrive sur eux. Il brandit sa pique pour m'empêcher de parvenir au contact, mais un revers de ma lame lactée écarte sans douceur la pointe menaçante. Je poursuis mon geste par une sobre contre-volte et lui balance mon ardente à toute volée dans les côtes, un coup de taille sans la moindre finesse, mais une pique n'est pas précisément l'arme idéale pour parer ce genre d'attaque, d'autant plus que sa pointe se trouve désormais derrière moi. Cuir, chair et os cèdent sous le violent impact, ma lame se fiche si profondément dans son torse qu'il me faut accompagner sa chute et mettre un pied sur son ventre pour parvenir à dégager mon arme. Mon assaut n'est évidemment pas passé inaperçu et contraint les noirs à tourner leur attention vers moi. Ce qui constitue une erreur fatale, comme le leur enseigne aussitôt le Lokyarme qui en profite pour égorger l'elfe le plus proche de lui avant de se replier aussi vite qu'il a avancé.
Les quatre survivants cèdent soudainement, à la manière d'une digue qui rompt leur courage s'enfuit, laissant place à une panique totale. L'un s'agenouille en demandant grâce alors que les trois autres tentent de s'enfuir, l'un en direction de Khonfas, les deux autres préférant essayer de rejoindre le campement d'où ils sont venus. Je désigne de la pointe de mon embrasée celui qui fuit vers Khonfas en pressant le Lokyarme, sans trop savoir s'il peut me comprendre:
"Occupe-toi de celui-là! Vite!"
Ma deuxième lame vrombit dans les airs avant même que les mots se soient totalement écoulés de mes lèvres, de pitié je n'ai plus l'ombre, et l'agenouillé meurt aussi sec lorsque le redoutable tranchant d'adamantite percute sa sale trogne d'esclavagiste. Je plante aussitôt mes arme dans le sol et me saisis de mon arc, n'hésitant pas une seconde à tirer dans le dos des deux fugitifs qui se précipitent vers le camp. Mon premier trait se fiche entre les deux omoplates de l'un des fuyards qui s'abat au sol sans douceur. Le deuxième atteint l'autre au mollet, le faisant également chuter avec un cri de souffrance aigu. Je remise ma relique de glace et récupère mes lames, puis je m'avance vers le blessé qui rampe en pleurant vers un utopique salut et lui enfonce d'un geste sec ma Vorpale dans la nuque, le tuant sur le coup. Aucun état d'âme, pas l'ombre d'un remords, je suis dans un état second et c'est sans me poser la moindre question que je vais également achever les blessés dans la clairière devenue charnier. Lorsque je détache enfin mon regard du dernier cadavre, c'est pour découvrir le Lokyarme qui me scrute tranquillement, de retour de sa brève chasse visiblement puisque je l'ai aperçu se faufiler à la suite du fugitif quelques instants plus tôt. Je l'observe quelques instants en silence, puis j'incline le visage en lui disant simplement:
"Merci de ton aide. C'est la deuxième fois que je dois la vie à un être tel que toi. Je n'oublierai pas."
La créature incline à son tour la tête, par Sithi, m'aurait-il compris?! J'ignore quelles sont leurs capacités au juste, mais le Lokyarme que j'ai rencontré jadis m'avait déjà stupéfié par son intelligence, et laissé supposer qu'il comprenait plus ou moins mes paroles. Quoi qu'il en soit, la bestiole me dévisage avec plus d'intensité encore, puis semble désigner une direction précise dans la forêt, que j'estime être celle de Khonfas. Je fronce les sourcils, qu'essaye-t'il de me dire? Le fauve volant réitère la manoeuvre une deuxième fois, puis une troisième. Il s'engage ensuite de quelques pas dans la jungle, se retourne comme pour m'inviter à le suivre, désignant une fois encore cette fameuse direction du bout du museau. Perplexe, je lui murmure pensivement, assez fort pour qu'il entende:
"Tu veux que je te suive, c'est ça? Ma foi...j'ignore ce que tu veux, mais...je te dois bien ça...Mais il faudra que tu patientes un peu."
Je nettoie soigneusement mes armes, récupère toutes les flèches que je peux retrouver et fouille méthodiquement les corps des Shaakts avant de me décrasser sommairement au moyen de mousse humide, simples gestes qui me rappellent douloureusement à quel point je suis épuisé. Je soupire doucement et décide de m'accorder un bref répit avant de suivre le Lokyarme, je ne sais où il compte me conduire, mais j'ai besoin de recouvrer quelques forces avant d'affronter une nouvelle marche dans l'épaisse jungle. Je grignote donc quelques biscuits et un peu de viande séchée, achevant mon maigre repas par quelques fruits secs avant de m'adosser à un arbre pour faire une courte sieste. Je demande par acquis de conscience à ma Faëra de me réveiller une heure plus tard, ce qu'elle ne manque pas de faire et heureusement parce que j'aurais sans doute pu passer douze heures à dormir comme une souche sans son intervention.
J'émerge de mon sommeil avec peine, je me sens toujours fatigué, certes, mais ce bref repos m'a tout de même fait du bien. Je me lève, me désaltère et me décide enfin à me diriger vers le Lokyarme, qui s'est tranquillement allongé en m'attendant. Dès que je m'approche de lui il se relève et recommence son manège, indiquant encore et toujours la direction à suivre de son museau.
"Oui oui, on y va, je te suis..."
Il faut près de cinq heures à la créature pour m'amener en lisière de forêt, d'où je découvre les vastes plaines de Khonfas et, au loin, l'immensité de l'océan. Suivant du regard la direction que s'obstine à m'indiquer mon étrange compagnon, je découvre à l'horizon un village, ou du moins quelques constructions, situées au bord de l'eau pour ce que j'en distingue. Compte tenu de l'endroit, il ne peut s'agir que d'un lieu Shaakt, alors par Sithi que veut-il que j'aille faire là-bas?! Curieux, je demande à Syndalywë:
(Dis, je ne sais pas ce que ce Lokyarme veut me dire, mais...tu pourrais aller jeter un coup d'oeil là-bas?)
(Si tu veux mon avis c'est un camp d'esclaves. Il est peut-être lié à l'un d'eux et veut que tu le libères?)
(Mmm. Possible...mais pour ce que j'en sais ce genre de camp est gardé et je ne me sens pas vraiment d'attaque pour me coltiner toute une garnison. Vas toujours voir, tu veux?)
(J'y vais.)
Quelques secondes suffisent pour que ma Faëra revienne et me murmure:
(C'est bien un camp d'esclaves. La plupart semblent travailler dans des mines d'opales qui se trouvent à quelque distance du village. Pour ce que j'en ai aperçu, les conditions y sont atroces, c'est un lieu...ignoble. Il y a des Hinïons, des Taurions, des Humains, ils sont nombreux, et misérables...c'est...terrible de voir ça.)
(J'imagine, oui...mais je ne peux pas libérer seul tous les esclaves des Shaakts, malheureusement.)
(Non, mais je pense que tu devrais au moins aller voir, discrètement, et essayer de comprendre ce que veut exactement ce Lokyarme.)
(Mouais...mais en admettant que je parvienne à cette mine sans me faire repérer, je ne vois pas très bien ce que je pourrais y faire. Tu as une idée du nombre de soldats qui la gardent?)
(Une trentaine, environ.)
(C'est beaucoup...Enfin, soit, je vais aller voir. Mais pas seul. J'espère que nos amis de l'Opale et Kay ont survécu, avec leur aide...il serait peut-être possible de faire quelque chose.)
(Je pense que c'est une bonne idée.)
Je me saisis donc de mon nécessaire d'écriture télépathique et y écris un message à l'attention de Lyann, lui mandant de me rejoindre avec les survivants de l'attaque du camp au plus vite. J'y ajoute une description de l'endroit où je me trouve, la plus précise possible, puis je me dissimule sous un amas de racines afin d'y prendre un vrai repos, accompagné du Lokyarme qui semble bien décidé à me suivre de près et s'allonge non loin de moi lorsqu'il comprend que je vais dormir un moment. Mes compagnons n'arriveront pas avant plusieurs heures et s'il me faut mener un nouveau combat, mieux vaudrait que j'aie sérieusement récupéré avant de m'y lancer.
Dernière édition par Tanaëth Ithil le Mar 5 Juil 2016 17:25, édité 2 fois.
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