J’avais regardé la bâtisse pendant une longue, très longue minute. Partagée en peur et désir express de vouloir rentrer et de m’entretenir avec celui vers qui l’on m’avait envoyé, je restais là à hésiter. Et au bout d’un certain temps, je me décidais que je n’avais pas fait un voyage maritime et tout ça, pour abandonner juste devant mon but.

Je poussais la lourde porte et jetais un regard à l’intérieur. Il y faisait si sombre, que je dus rentrer pour mieux voir l’intérieur. J’étais définitivement loin du faste de Kendra Kâr. La maison tombait en ruine, il fallait le dire. Partout des morceaux de bois tombaient sur le sol. Le vent s’engouffrait dans la masure créant des bruits terrifiants et faisant ainsi vibrer la maison. Contrairement au Temple des Plaisirs, il n’y avait aucune décoration. Pas de tableaux, pas de canapés, pas de tentures. Rien.

J’avais beau essayé de m’endurcir, cet endroit me donnait des frissons le long de tout mon corps. Un escalier, qui me semblait peu fiable, montait à l’étage mais il était gardé par deux gardes. C’était grâce à eux que l’on pouvait savoir que l’on était bien au bon endroit. Ils portaient les mêmes tenues rouges que celle des gardes du Temple des Plaisirs. Cependant ils avaient beaucoup moins de finesse et de charisme.

"Allez, ma fille, ce n’est pas le moment de flancher !"

Je m’avançais d’un pas assuré vers eux même si pour moi, il ne l’était pas assez. Et toujours en essayant de garder l’assurance que j’essayais d’afficher je me présentais.

"Bonjour, je m’appelle Salymïa. Je suis envoyée ici par Pulinn pour une affaire grave. Je dois impérativement m’entretenir avec le maître des ces lieux. Pourriez-vous m’indiquer où je peux le trouver ?"

Le corps tout tremblant j’attendais une réponse d’une de ces deux personnes.

Je tentais de maîtriser mes tremblements pour pas que les deux hommes puissent avoir des soupçons sur ma présence ici. Vu leur carrure ils n’auraient aucun mal à me jeter dehors comme une vulgaire petite chose sans défense. Même si je ne comptais pas me laisser faire, les provoquer n’était pas forcément la bonne méthode.

Alors que je venais de parler, les deux gardes se regardèrent comme pour partager leur opinion en silence. Je n’aimais pas trop ce silence, qu’allait-il se passer maintenant ? Après ça ils me regardèrent de haut, m’examinant pour être certains que je ne représentais pas un danger. Après quelques instants d’un silence pesant et angoissant, l’un des deux me répondit.

"Il est là-haut, au-dessus des escaliers. Pas d’entourloupe, et tout se passera bien."

Il me rappela à l’ordre en me signalant que je ne devais pas faire de vagues, mais tant mieux, je n’en avais aucunement l’intention.

"Je vous remercie."

En passant entre les deux, je déposais un bisou sur la joue de celui qui m’avait adressé la parole et commençait l’ascension du terrible escalier. À chaque pas que je faisais, j’avais la sensation que l’escalier allait céder sous mon poids. Je m’agrippais de toutes mes forces à la rampe et montais lentement.

Pendant ma montée, je me demandais vraiment ce qui m’attendait en haut. Arrivée au milieu du chemin, je repensais à ce que m’avait donné Amhalak sur la piste de danse du Temple des Plaisirs. Outre le parchemin du sort, il m’avait donné un fluide de lumière. Je ne l’avais pas encore absorbé.

Je sortis de mon sac la petite fiole et bus son contenu. Comme toutes les autres fois, je ressentis une vague de chaleur m’envahir et je me sentais plus forte qu’avant. Après avoir absorbé mon fluide, je continuais ma progression jusqu’au sommet.

Je franchis la lourde porte en toute hâte, la refermai et me callais dos à elle. Je tentais de calmer ma respiration. Après ma course folle, il me fallait me ressaisir. J’essorais mes cheveux du peu d’eau qu’ils avaient absorbée, et la laissais couler le long de mon corps.

La masure n’avait pas changé depuis que je l’avais quitté en milieu d’après-midi mais la nuit lui donnait un aspect encore plus terrible. Il n’était pas étonnant que les habitants de la cité évitent ce lieu. Et si ils percevaient la voix du maître des lieux quand celui ci parlait, cela devait les décourager encore plus.

Je restais un bon moment posée contre la porte à remettre mes idées en place et surtout à trouver les bons mots pour expliquer ce qui venait de se passer à Zarnam. Il n’allait certainement pas sauter de joie mais je ne pouvais pas lui cacher la vérité, sinon je signais mon arrêt de mort et par là même, ma tête sur le mur de ses trophées. Après quelques minutes je m dirigeais vers les deux gardes.

"C’est encore moi. Je suis déjà venue cet après-midi. J’ai une information capitale, de la plus haute importance, à transmettre à Zarnam. Est-il disponible pour me recevoir ?"

Encore toute tremblante de froid et sous le choc de ce qui venait de se passer je sentis ma tête tourner et je vacillai. Je me rattrapais in extremis à l’un des gardes.

"Oh pardon…je…je suis sincèrement désolée."

J’attendais qu’il me prévienne pour que je monte.