Michaela accepta ma main avec plaisir et nous nous mîmes à valser au rythme de la musique. J’appris de sa bouche qu’elle s’était disputée avec Aram dans la salle des tableaux, que je ne connaissais pas pour avoir simplement vu la bibliothèque et la pièce ou nous étions actuellement. Apparemment, Aram ne voulait pas écouter sa douce et elle n’avait aucune idée de l’endroit où il se trouvait maintenant.
Je la vis alors rougir, je ne pouvais lui faire autant d’effet. Elle confirma alors mes soupçons : les propos qu’elle avait écrit sur ce livre dans la bibliothèque dataient d’il y a quelques années maintenant car elle parla d’elle comme d’une jeune fille et d’Aram comme un jeune et vaillant guerrier. Combien d’années s’étaient écoulées depuis ce jour ? Je n’en avais aucune idée mais je pensais à une bonne vingtaine. A l’échelle d’un elfe, ce n’était pas grand-chose alors qu’à l’échelle d’un humain cela semblait énorme. Elle valsait à longueur de journée depuis des années, cette histoire était digne d’un récit onirique.
Nous tournions, tournions, un deux trois…un deux trois… un deux trois… (au son de cette musique
valse n°2 de Chostakovitch) et je voyais bien que ma cavalière semblait distraite. Elle jetait des regards fuyants vers Psylo qui était toujours affairé sur la boîte à musique. Je me souvins qu’à son contact le son avait diminué dans la pièce ce qui était une bonne chose. Puis notre hôtesse regarda rapidement vers les chandeliers suspendus au plafond puis de nouveau vers la boîte à musique.
L’expression sur son visage changea radicalement en une moue désapprobatrice. La solution pouvait-elle être aussi simple ? Les chandeliers, la boîte… la boîte, les chandeliers, mes yeux passaient de l’un à l’autre rapidement essayant de faire le lien. Regardant autour de moi en même temps que je faisais mes ports de tête durant la valse, je cherchais une solution ou plutôt un petit encastrement dans le mur qui permettrait de vérifier ma théorie peut être fumeuse, mais qui ne tente rien n’a rien !
Faisant le tour de la salle en dansant, je trouvais enfin l’objet de mes convoitises, un trou suffisamment grand prêt d’une porte. Il fallait maintenant que je me détache de Michaela avec la plus grande délicatesse du monde. M’écartant d’elle je la fis tourner sur elle et mit ainsi fin à notre danse dans un nouveau baisemain.
- « Désolé, gente demoiselle, mais le devoir m’appelle. »Faisant de nouveau une révérence devant elle, je courus vers le mur ou se trouvait le trou que j’avais vu. J’y trouvai le mécanisme qui permettait de monter les chandelles au plafond ainsi qu’un nœud de corde. Parfait, je n’avais plus qu’à le défaire pour faire descendre les chandeliers. Ils étaient certainement la source de la musique. J’avais senti de loin une aura chaude sortir de la boîte à musique lorsque je l’avais écorché, mon intuition était peut être la bonne.
Je devais réussir à descendre au moins un des chandeliers pour éteindre les bougies dessus. Pour que Michaela les regardent comme elle l'avait fait, il y avait forcément un lien entre la musique et les bougies. M'attaquant au noeud, j'entrepris de le défaire le plus vite possible car j'avais peur que les fantômes voyant mes actes ne me sautent dessus et ne fassent du mal. Même s'ils étaient immatériels, je ne pouvais prévoir tous leurs mouvements.