|
La colère nous aide parfois à soulever des montagnes. Cette fois la, ce n’est pas une montagne que nous avions soulevée, mais une agaçante Kendranne que nous avions réussi à neutraliser. Alors que je fonçais vers Tihanna les lames dressées, j’entendis la voix de Karz empreinte de cette même haine. Souhaitant ardemment la mort de la « chienne ». Et bien soit, nous l’avions fait à deux, et en plus de la plus belle des manières. La stratégie était payante, en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, je me retrouvais déjà face à Tihanna, allongeant mes membres pour transpercer la Kendranne de part en part. Je mentirais surement si je devais dire que je ne ressentis pas une certaine joie quand je vis ses yeux pleins d’incompréhensions et de souffrance. Je ne pus m’empêcher de plonger mon regard dans le sien. Pourquoi ? Je ne saurais dire vraiment. Peut être que je voulais la voir mourir, l’accompagner dans sa mort. Pourtant, de ce plaisir sadique, je ne recueillis pas le moindre contentement. Elle m’avait pourtant mis tellement en colère que j’en arrivais à trouver cela étrange. Peut-être étais-ce à cause du fait que je savais…
J’avais été tué moi aussi. Au point de craindre la souffrance plus que la mort. Car cette dernière était surement la plus douce. Ce n’est pas seulement ne plus voir le soleil se lever, c’est aussi devenir une ombre pour l’histoire. Passer de tout à rien. Je ne gagnais rien à la tuer, à part à m’apaiser moi-même. Mais au final c’est elle qui avait gagnée car elle le serait plus que moi dans sa mort. J’étais terriblement agacer de voir mes victoires se transformer en défaite, mauvais perdant que j’étais. J’en arrivais à douter de l’utilité des armes que je tenais dans mes mains. C’est perdu dans cette dimension qui se trouvait au fond de moi-même, entre le réel et l’irréel et ou n’existait que ma victime et moi que je m’enfonçais petit à petit. Oubliant même jusqu'à l’existence de ce qui m’entourait. Je n’étais plus sur un champ de bataille. J’étais juste en moi, la ou tout se joue. J’étais peut être en train de jouer justement avec ma vie en me désarçonnant de la sorte.
Mais bien heureusement, je revins rapidement à la réalité, chassant de mon esprit cette vision difficilement supportable lorsqu’un objet volant non identifié vint décapiter Tihanna à genoux devant moi. Estomaqué, j’observais le corps de la Kendranne s’écrouler sur le sol alors que sa tête alla rouler quelques mètres plus loin. Encore choqué par ce qui venait de se passer, je n’eus même pas le temps de me tourner vers Karz pour comprendre que c’était lui le responsable, que déjà, j’entendais la grosse voix beuglante de Margh. Je ne compris pas tout de suite ce qu’il disait mais je sus bien rapidement que cet imbécile était encore en train de délirer. Me rappelant que trop bien sa réaction dans la citadelle, je me tournais rapidement pour essayer de calmer ses ardeurs de bête enragée. Mais malheureusement, je n’eu pas le loisir de le faire.
En effet, avant même que je ne comprenne quoi que ce soit, un énorme choc vint me cueillir directement dans l’estomac m’envoyant choir quelques mètres plus loin alors que je finissais ma course dans un crissement d’écailles faute à mon armure. Les yeux exorbités dans une expression de surprise, je ne pus rien faire et c’est tous juste si je ne lâchai pas mes armes tant le choc était puissant. Mais passé la surprise c’est évidemment la douleur qui prit le dessus. Et les yeux fixés sur le plafond de la pièce je ne pus empêcher mes membres de se contracter sous le mal qui se rependait en moi. Le choc avait été terrible et je cherchais encore ma respiration alors que ma vue s’embrumait à cause des larmes qui me montaient aux yeux. Je ressentis une douleur horrible au niveau des côtes. J’avais cette impression désagréable que mes os avaient décidés de se taper dessus dans le but de me faire souffrir. C’était si poignant, si fort que je ne pus m’empêcher d’étaler ma douleur au monde entier. Et temps pis si je devais lui briser les tympans. Ainsi c’est dans un grand juron sonore que je me laissai aller, insultant tous les ancêtres et toute la future descendance de celui qui venait de m’infliger ça. Mais qui étais-ce ?
C’est alors que la surprise de la douleur passé je me redressai quelque peu, fixant d’un regard meurtrier mon bourreau. Mais qu’elle fut ma surprise quand je vis Margh les yeux plissés dans une expression de colère. S’en était trop. Avais-je dis que Margh était un bon guerrier ? Je m’étais tromper, ce n’était qu’un crétin avec une cervelle aussi petite que sa force était grande. J’en avais connu des bons guerriers, de terribles même. Mais ils avaient ce qui faisait d’eux des êtres d’exception. Ils étaient brillants. Maxasnith, Mongoor, Naral, Longinus, Idehel, Tathar. Ceux la m’avaient tous impressionnés de par leurs puissances et leurs intelligences dans des moments difficiles jusqu'à ce que je fasse secrètement d’eux des sortes d’objectifs à atteindre. Mais cet idiot, ce Margh, qui par ce geste montrait à quel point il était prêt à perdre sa vie face à nous par un petit souci d’orgueil. Je ne pouvais que le classer dans la case des perdants. Il n’était qu’une vache avant de devenir ce guerrier ? Et bien il n’avait rien perdu de sa « superbe » stature et j’étais bien décider à le lui montrer.
C’est pourquoi je tentais de me relever, pressé d’aller en finir avec cette chose qui, de guerrier, n’en avait que le nom. Mais ce n’étais pas chose aisé. Il ne fallut pas plus d’une seconde pour que je retombe sur mon postérieur me déclenchant à nouveau une décharge de douleur dans les cottes. Serrant les dents, je me penchai en avant maudissant tous les dieux. Il me fallait un exutoire et à cet instant, même un dragon de quarante-mètres subirait ma colère.
(Mon épaule et maintenant mes cotes. Je ne suis pas sur de pouvoir tenir longtemps comme ça.)
Margh allait attendre et j’allais en profiter pour me calmer et ne pas reproduire mon erreur de jeune homme naïf. Je valais bien plus que cette vache idiote.
C’est ainsi que je posais mes armes violemment sur le sol, l’esprit encore embrumer par la colère alors que je lançais un regard assassin à Margh.
« Je crois que tu m’as cassé une cotte ou deux. »
(Gros malin…)
Puis l’ignorant, je fouillais dans mon sac. Cherchant mes potions. Mes mouvements étaient agressifs tant la douleur était grande et tant l’attitude de Margh m’avait mise hors de moi. Au bout d’un temps qui me parut une éternité j’attrapai enfin l’une de mes potions que je me dépêchai d’avaler d’une traite. L’effet fut sans précédent. Déjà, je me sentais beaucoup mieux et mes blessures aux cottes et à l’épaule me parurent beaucoup plus supportables. Je me sentais renaître et je n’étais plus au bord de la mort comme je l’eus pensé secrètement quelques secondes auparavant.
Alors, je me relevai, plongeant mes yeux dans ceux de Margh. C’était décidé, je n’allais pas l’affronter. Je ne ferais pas preuve de la même bassesse que lui.
« Observe bien ce qu’il se passe Margh. Il y a d’un côté un père qui renie son fils, aidé par d’autres personnes prêt à se battre contre leurs alter égos partageant la même culture et la même histoire. Étrangement, ils ne semblent pas se soucier du fait que l’ile va bientôt exploser. En face qu’avons-nous ? Une Sindel, une Hiniön, un Humoran, deux humains, une lutine et une Semi-elfe. Tous différents. Tous de patries différentes. Et pourtant nous sommes liés, et faisons face à l’ennemi malgré nos différences. Pas pour sauver nos patries respectives, non. Mais pour sauver une patrie qui nous étais inconnu jusqu'à il y a quelques jours. Choisis le bon camp. Celui qui veut empêcher ton île de finir dans une explosion qui signera notre fin à tous. Au fond, je n’en ai rien à cirer de ce qu’ils pensent. Mais je suis prêt à mourir pour chacun d’entre eux car nous avons ici et maintenant le même objectif. Et ça c’est plus important que d’être patriote. Alors si c’est mon sang qui apaisera ta colère fais ce que tu as à faire, je te tourne le dos et me tiens sans défense face à toi. Mais une fois cela fais reprend le bon chemin et aide les. »
(Idiot…)
Les derniers mots sortis de ma bouche ont un étrange gout amer. J’étais arrivé à un point ou je ne me battais même plus pour ma vie. Je voulais juste gagner cette bataille et si cela devait être la dernière, même mort je voulais quand même sortit d’ici victorieux. J’étais complètement culoté, jeune, naïf. Je m’autorisais même à défier la vie et ses règles, et j’étais prêt à imposer mes lois à la mort. Maitre de mon destin je l’étais jusqu’au bout. Et par ce simple geste je défiais les immortels. Pensée que ne manquai pas de me faire frémir de joie. J’étais un homme libre et ce jusqu'à ma mort. A partir de ce moment, je fis un effort considérable pour oublier Margh. Espérant secrètement que si le bougre venait à m’attaquer dans mon dos, d’autres seraient la pour l’arrêter. En tous cas, je n’en ferais plus mon affaire et qu’il en profite. Car je ne pourrais pas chasser le naturel bien longtemps et il fallait d’un rien pour réveiller l’animal haineux qui était en moi.
De nouveau, prêt à me battre, je dirigeai mon regard vers le lutin non loin de moi. Pas de chance pour lui, il était devenu ma nouvelle proie. Ne voulant pas m’attarder plus, j’accourus vers lui avant de frapper mes deux lames vers le sol, prêt à le découper.
_________________
"L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien." - George Smith Patton
Dernière édition par Ezak le Lun 11 Juil 2011 09:50, édité 2 fois.
|