L'Univers de Yuimen déménage !

Gamemaster9 · **Inscription:** Dim 26 Oct 2008 16:27 **Messages:** 39606

Le Cirque de la Troupe Flamboyante
(Et Maître magicienne du feu)

A la frontière du désert se trouve un étrange édifice. Une sorte d’amphithéâtre dont les gradins ressemblent à de la lave. Certains disent même que la fondatrice du cirque a fait fondre le sable pour sculpter son cirque.

L'entrée est loin d'être gratuite et un débit de boisson y est judicieusement installé pour rafraichir à grands frais les spectateur pendant les représentations. Car tous les soir, le cirque s'anime dans de grands spectacles époustouflants. A grands renforts de numéros pyrotechniques, la nuit s'éclaire de feux follets et de brasiers surprenants.

Les déflagrations et jeux de flammes s'alternent avec des spectacles plus classiques, notamment le domptage avec leur collection de félins terrifiants.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Lichia Vela, maître magicienne du feu

La maîtresse des lieux est Lichia Vela, pyromancienne accomplie qui partage parfois son savoir aux plus doués qu'elle rencontre.

Elle est une humaine qui a vécu une bonne partie de sa vie dans les bas fonds de Tulorim, mais ses dons lui ont permis de s’en sortir. Fougueuse et vive, elle n’a jamais départagé ses deux dons, la danse et la magie du feu. Elle a donc développé une technique toute particulière, faisant de sa troupe un cirque dont le clou du spectacle sont ses danses pyrotechniques époustouflantes.

Elle partit ensuite dans le désert des Kel Ouleiad, dans une sorte de pèlerinage solitaire qui surprit ses compagnons. Elle réapparut des années plus tard, affichant toujours une jeunesse étonnante pour une humaine, ainsi qu’une peau rougeoyante. Nul n’a jamais su ce qu’il s’était passé dans le désert, mais sans nul doute que cela eut un rapport avec une communion avec Meno.

Elle s’établit par la suite à Exech, aux portes du désert et refonda une troupe de spectacle qui semblait désormais bien moindre pour ses capacités, mais qu’elle prend néanmoins plaisir à faire.

Quand un pyromancien doué arrive, elle consent à lui enseigner quelques sorts puissants. Elle l’emmène dans le désert, lieu de chaleur intense et donc de prédilection pour sa magie. Ses apprentissage insistent sur les mouvements et la grâce dont on doit faire preuve dans le manipulation du feu. Elle sera rude pendant ses cours avec son apprenti, ne le ménageant pas avec son caractère versatile et colérique. De plus, elle a tendance à être très « corporelle », autant dans ses punitions que dans ses récompenses. Il lui arrive même de dépasser les limites entre professeur et élève quand son apprenti (ou apprentie indifféremment) est à son goût. Mais elle reste toujours maîtresse de la situation et ne se laisse jamais dépasser.

La maître magicienne vend tout ce qui peut vous être utile pour pratiquer les arts magiques de son élément avec vous :

Potions :

Grande potion de soin (redonne 20PV) 110 yus
Potion de soin divine (redonne 40PV) 250 yus

Grande potion de mana (redonne 8PM) 110 yus
Potion de mana divine (redonne 16PM) 250 yus

Grande potion mixte (redonne 20PV et 8PM) 550yus

Parchemins de sorts :

Sorts évolutifs (400yus) uniquement de l'élément feu.
Sorts de classes secondaires (500 yus) sauf ceux demandant des PMs autres que feu.

(((Cliquez sur les liens pour avoir accès aux listes des sorts qui sont classés par éléments pour connaître leur effet ! Pour plus de précision sur les sorts, rendez-vous à la règle des sorts !)))

Fluides magiques d'éléments :

Fluide 1/16e (50yus), 1/8e (110yus) et 1/4e (250yus). Uniquement de l'élément feu.

(((SI VOUS VOULEZ ÊTRE SERVI DANS DES TEMPS RAISONNABLES, N'OUBLIEZ PAS DE DEMANDER AUX GMs DANS LE SOS GM! DE S'OCCUPER DE VOS ACHATS POUR QU'IL JOUE LE PNJ ET VALIDE. Nous ne faisons pas le tour des boutiques... merci de votre compréhension )))

Alessia

Le voyage entre la boutique de magie et la porte du bâtiment où avait lieu les représentations du Cirque de la Troupe Flamboyante ne dura guère longtemps. Perdue dans mes pensées, je marchai de manière automatisée et presque inconsciente, suivant des chemins qui m’étaient connus, au sein d’une ville où j’avais appris à grandir. Je ne prétendais guère tout connaître des tortueuses ruelles d’Exech, mais le quartier où je me trouvais à présent m’était suffisamment bien connu pour que je puisse m’y repérer sans trop de problèmes. Toute mon attention était portée sur ce que j’avais glissé dans une pochette en feutre rouge proche de ma bourse de cuir fauve. La fiole que le marchand m’avait vendue était chaude, et sa chaleur douce contre ma main était réconfortante. Curieusement, elle n’avait pas celle, brûlante, du feu, même si sa présence était plus intense que celle de la manifestation non magique de l’élément que je maîtrisais. Et cette présence, toute soutenue qu’elle était, ne semblait pas stable ni figée. Elle se mouvait en ma conscience, dans son petit bocal au verre léger et finement soufflé.

En moi ressurgissaient des souvenirs enfuis. Des souvenirs du premier fluide que j’avais absorbé, voilà de nombreuses années. Il avait alors renversé tout mon être, irrémédiablement. Et je craignais presque autant que j’espérais que celui-ci fasse pareille chose à ma vie désormais comptée à Exech.

Mais l’heure n’était pas encore à cette question. Avant toute chose, il était temps que je me prépare pour la représentation de ce soir. La dernière, sans doute, de toute mon existence, si j’avais le courage de mener à bien mes projets de fuite…

Je n’avais pas mis au courant Lichia de ma décision. Je savais au fond de moi qu’elle ne pouvait la comprendre, et c’était mieux ainsi. Je savais pertinemment que je ne devais pas lui confier ma vie à chaque instant, et que malgré son apprentissage, j’étais restée seule maîtresse de moi-même. Et il en demeurerait toujours ainsi. Libre comme la flamme, insaisissable. Telle étais-je, et telle resterais-je. J’eus néanmoins un bref pincement au cœur lorsque je passai devant la pièce où, quotidiennement, elle se préparait : maquillage et habillage. Ce soir, sa danseuse flamboyante aux yeux de braises disparaitrait.

Sans plus m’attarder dans ce couloir, j’entrai dans la minuscule pièce qui m’était réservée pour ma préparation. Je n’avais guère le temps de m’appesantir plus que de rigueur sur le maquillage qui ornerait ma face, ce soir. Aussi je me pressai de l’appliquer, rouge et or, sur ma peau, avec des gestes coutumiers et habiles. Ainsi peinturlurée, et débarrassée de ma cape, on aurait dit un petit esprit du feu, malicieux et farceur, qui s’apprêtait à commettre une farce. Pourtant, derrière le feu, les formes de la femme étaient mises en valeur, et complétait mon apparence.

Alors que je terminai d’appliquer la peinture rouge et dorée sur mes avant-bras, en formes de flammèches éparses, mon regard se posa sur la petite fiole incandescente que j’avais posée sur la petite tablette accolée au miroir, juste devant moi. La touche finale de ma préparation, ça allait ce fluide. Ce qui me donnerait une nouvelle étincelle, qui raviverait mon feu interne. Lentement, cérémonieusement, j’ouvrir le petit capuchon en bois sombre, et portai le contenant à mes lèvres, fermant les yeux comme pour mieux savourer l’instant. Et…

La porte s’ouvrit soudainement avec fracas. Lemith, le garçon de salle, était surexcité, comme chaque soir avant la représentation. J’avais à peine eu le temps de reboucher la petite fiole et de la cacher derrière mon dos avant qu’il ne débarque, tel une tornade, dans ma loge.

« Ale, viens, viens, le spectacle va bientôt commencer, tu vas être en retard ! »

Je le regardai me reluquer, fébrile et impatient. C’était ainsi tous les soirs, et j’aurais dû me douter que ce soir-ci n’échapperait pas à la règle. Je lui envoyai un sourire, sans lui répondre, et il m’agrippa par la main pour m’entraîner auprès des autres… La fiole reposait de nouveau dans la pochette, contre ma cuisse…

Alessia

Ça y était : le grand spectacle de ce soir allait commencer. Pour bien des artistes présents, dotés ou non de magie flamboyante, ce n’était qu’une représentation parmi d’autres, un jour de travail supplémentaire. Oh, chacun le ferait au mieux, comme chaque soir, mais rien ne cassait la routine quotidienne. Saltimbanque ou non, elle s’installait inexorablement dans chacune des vies de ceux qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. Ce n’était plus mon cas. J’avais fait acte de présence pendant de trop nombreuses années, et je devais casser ce rythme lassant qui commençait à peser sur mes épaules. Je devais briser le quotidien, et me tirer loin d’ici. Inconsciemment, je reproduisais un autre rythme de ma vie, qui avait commencé quelques années plus tôt, quand j’avais tout quitté pour rejoindre Exech et la Troupe Flamboyante.

J’étais là, dans ce couloir si coutumier, au milieu des personnes que j’avais fini par connaître et apprécier, et qui semblaient tous être des inconnus, ce soir. Tant Lemith le garçon de salle survolté, que Naara, la danseuse vedette de la troupe, ou encore Jacob, le vieux pyromancien mystérieux. Au milieu de tous ces visages connus, je me sentis soudain étrangère. Comme si ma résolution interne avait déjà changé le cours de mon existence.

Je portai la main à la fiole, dans la poche à l’arrière de ma cuisse, et en sentis la rassurante chaleur… Dans un instant, je savais qu’elle exploserait en moi. Je savais quel moment choisir pour ne pas me faire repérer. Le moment où, tous les soirs, l’une d’entre nous attirait les regards de toutes les personnes présentes, artistes comme spectateurs. Et ce moment arriva vite : annoncée par le crieur, Lichia Vela fit son entrée sur scène, dans un décorum pyrotechnique mêlant magie et artifices explosifs dont le secret était précieusement gardé par Jacob, qui avait ramené de lourds sacs de poudre noire lors d’un de ses voyage dans le lointain inconnu, dans une ville peuplée d’être à la peau jaunâtre, et aux cheveux d’ébène.

Lorsque l’explosion de la présentation retentit, une toute autre se produisait en moi. Tous les artistes s’étaient pressés contre le bord des coulisses pour observer la fastueuse et sans cesse renouvelée entrée de scène de Lichia… et j’avais profité de cette attention soutenue pour déboucher ma fiole et en avaler le contenu. Au début, je n’avais rien senti, tout juste une agréable chaleur parcourir mon œsophage, et descendre jusqu’à mon estomac. Mais ensuite… ce fut comme si le spectacle qui se déroulait sous les yeux de mes collègues avait pris part en mon sein, dans mon corps, qui était pris d’une sensation indescriptible tant elle était intense.

Une grande chaleur, qui monta, submergea littéralement mon être, me vida de toute énergie avant de contrebalancer cet effet et de m’en fournir à foison. Je me sentis vaciller un instant, mais ce fut si discret qu’un regard extérieur aurait simplement pris ça pour un moment de déséquilibre. Seuls mes yeux, allumés de flammes inquiétantes, auraient pu trahir mon geste, en cet instant. Ces yeux qui s’étaient illuminés d’une lueur convaincue et résolue.

Et bientôt, ce fut mon tour d’entrer en scène, avec les autres…

Alessia

Ils étaient tous là : mages et jongleurs, danseuses et acrobates. Ils entraient en scène tour à tour pour donner, comme chaque soir, le meilleur d’eux-mêmes, de leur art, en une symbiose parfaite et totalement contrôlée. Chacun, sur scène, savait ce que l’autre avait à faire, et le moment auquel il devait le faire. Lorgan le pyromancien savait pertinemment qu’il ne devait allumer les torchères du jongleur qu’après que celui-ci les ait lancé trois fois chacune éteinte. Et le jongleur savait qu’il ne devait commencer à lancer qu’à partir du moment où les danseuses jumelles avaient terminé leur numéro.

Au centre de la scène, Lichia déchainait sa magie en offrant aux spectateurs une maîtrise parfaite de son art. Elle lançait des flammes impressionnantes, auxquelles elle donnait des formes diverses et variées, sectionnant en parties égale le rond de la scène centrale. Et puis vint mon tour, assez rapidement. Je connaissais chaque pas de la chorégraphie qui allait suivre. Chaque jour, je la répétai inlassablement, et avec toujours autant de plaisir. Ça consistait en un petit tour de passe-passe… Lichia allait gonfler son énergie flamboyante jusqu’à provoquer autour d’elle une explosion de flammes. De cette explosion devait naître trois flammes plus grandes, dans lesquelles moi et deux de mes comparses devions nous jeter en une élégante pirouette pour faire comme si nous naissions de ce feu, déchainant à notre tour notre pouvoir.

Juste avant d’entrer, je vis le regard de Lichia sur moi. Il semblait percer mon âme, alors qu’elle poursuivait son numéro. Une moue triste sur le visage, elle poursuivait pourtant sans rien dire. À cet instant, je sus qu’elle était au courant, qu’elle avait deviné ce que j’avais fait. Sa sensibilité aux fluides de feu était telle qu’elle percevait en moi celui que je venais d’ingérer, et ce malgré qu’elle soit entourée de ce brulant élément. Et elle savait ce que ce petit acte de rébellion signifiait. Mais malgré tout ça, elle poursuivait son numéro. Le spectacle devait continuer, inexorablement.

Et enfin, le moment où elle devait exploser arriva. Je me lançai sur scène, comme à l’accoutumée, et bondit en une agile culbute derrière la flamme qu’elle venait de lancer. Lorsque celle-ci disparut et me fit apparaitre aux yeux du public, en même temps que mes deux consœurs, l’excitation était à son comble… J’allais lancer pour la première fois un sortilège avec autant de puissance. Plus de contrôle, plus de demi-mesure. Je déversai toute mon énergie dans mon incantation, et mes gestes habiles, de si nombreuses fois répétés, firent naître une boule de feu plus grosse que toutes celles que j’avais pu faire auparavant… Tellement qu’à un moment, alors que mon regard s’illuminait comme une braise ardente, je ne pus garder le contrôle, et je déversai mon pouvoir, là où normalement je devais le contrôler…

La boule de feu vola dans le public, et d’un coup, tout devint chaos. Les artistes, conscient de l’accident, ne savaient s’ils devaient poursuivre ou cesser. Les spectateurs qui n’avaient pas été touchés, mais qui étaient encore près du lieu d’impact, fuyaient leur place avec désordre et panique. Ma boule de feu avait atteint la zone centrale des tribunes. Elle n’était pas immense, mais je savais qu’au moins deux personnes avaient été touchées, et hurlaient de douleur et de peur, alors que leurs vêtements et leur chair s’enflammaient. Mais je n’avais cure de ces blessés. Mon regard se porta sur Lichia, au centre de la piste de sable. Elle me fixait sévèrement. Je voyais la colère dans ses yeux sombres. La colère et la tristesse. Elle avait la mâchoire crispée, les lèvres serrées… Mais elle ne put rester longtemps comme ça : elle devait intervenir. D’une voix claire et forte, audible de tous malgré le vacarme, elle hurla sa rage.

« STOP ! »

Elle semblait exploser une seconde fois. Les artistes sur scène fuyaient vers les vestiaires la colère de leur maîtresse, et elle me perdit du regard. J’en profitai pour filer dans la cohue des spectateurs qui quittaient la salle en courant. En passant près des vestiaires, je m’emparai d’une veste en laine sombre, dont je me recouvris dans ma course. Elle cacherait aux yeux des employés de la troupe mon costume de scène, et mon identité… Momentanément, du moins.

Mon cœur battait à mille à l’heure. Toute cette pagaille, toute cette panique, déclenchées par un simple petit élément qui ne collait pas au tout. Un simple petit point de couture mal serré qui avait fait céder tout l’ouvrage… J’étais bien. J’étais différente, et c’était ce qui me convenait.

Sans remords ni tristesse, je quittai l’endroit, courant parmi la foule vers les rues d’Exech. J’étais libre, comme une flamme s’échappant de son feu initial…

Isulka · **Inscription:** Mer 25 Aoû 2010 12:57 **Messages:** 7546

-Message Guilde pour Alessia-

Alors que tu brisais tes chaînes, comme une flamme sortie du foyer, libre et évanescente, une impression étrange vint peu à peu te saisir. Les artistes avaient remballé leur numéro et, toi-même, tu n'avais plus que peu d'énergie en toi: la flamme mettait toujours du temps à renaître de ses cendres.

Pourtant, malgré tout, la nuit était encore chaude, même en t'approchant des ruelles froides et sinistres. Cela ne venait pas de toi, alors peut-être que cela venait de la troupe... Non, ce n'était en tout cas pas là quelque chose que tu reconnaissais. Un artiste ne dévoilait tout ses secrets, bien sûr, mais cela restait mystérieux.

Une impression qui ne te quittera pas lorsque tu passeras dans les ruelles, consommant ta liberté nouvellement acquise...

Rosa · **Posté:** Jeu 27 Oct 2011 14:32

La nuit plongea la ville sur son plus lourd masque. Les rues près des quais ne s’animaient plus que des mendiants qui restaient en mouvement pour ne pas mourir de froid, personne n’osait sortir. Rosa pressait le pas contre Thalo entourée de l’équipage insouciant d’Heartless. Ce corps éloignait la plupart des brigands mais attirait l’œil par le vacarme qu’il engendrait. Les rues étaient mal éclairées, humides, froides et recelaient chacune deux ou trois ombres prêtes à bondir. Sur la place publique, le marché vivait encore. Le gout du spectacle répondait d’une misère intolérable, deçà, delà des troubadours qui faisaient sourire les habitants, le feu des torches rendaient les ours plus effrayants encore et les crieurs pour l’annonce du cirque s’égosillaient pour la représentation imminente. Ils allaient là bas, sans grande conviction pour la shaakt. Iguru un des hommes de mains du capitaine lui avait parlé pour la première fois, ceci pour la persuader d’aller voir la troupe flamboyante. Probablement sous la demande de Sirius, le molosse alignait néanmoins d’avantage ses poings que sa langue. Il évoqua une puissante mage de feu qui rendait célèbre cette compagnie. Cela suffit pour éveiller son intérêt et oser braver la ville. Rosa chercha conseil dans les yeux de Thalo qui hocha la tête, cela pouvait peut-être apporter quelque chose après tout. Lichia Vela, Une célèbre maîtresse du feu troubadour, quelle visage portait-elle ? L’image fut difficilement crédible. Une matriarche aux grands pouvoirs se pendraient plutôt que d’user sa magie pour l’amusement de la vermine. Cette cité regorgeait tant de bizarreries. L’amphithéâtre se dressa soudain contre elle. Une foule pressante se ruait vers les entrées et divers étalages profitaient de la pagaille. Son protecteur semblait oublier Exech, il fixait l’air rêveur cette bâtisse prometteuse. Après quelques instants de rêveries, le wiehl de nouveau amusé proposa d’acheter la place de la sorcière. Le scepticisme commun ne dura qu’un temps, elle soupira d’être encore la seule à ne pas aimer le tableau. Les gradins rugissaient, les comédiens se faisaient désirer. La petite troupe d’Heartless se piqua tout autant une fois en place. Rosa assise entre son armure et Plagg l’un des singes du bateau, grimaça au fracas.

Toutes les sources de lumière s’éteignirent soudain. La mage ressentit un puissant sort qui souffla les flammes. La foule habituée clamait sa joie, le spectacle commença. Le feu jaillit du prokesnion, de la magie aux formes travaillées. Des fauves incandescents bondirent, se dissipèrent aussitôt vers les spectateurs qui surpris redoublaient de cris puis d’applaudissements. L’arrivée des dresseurs et des véritables animaux se montrait bien fade face aux sorts de Lichia Vela encore invisible aux yeux attentifs de Rosa. On fit sauter, dresser et toutes sortes d’acrobaties à ces animaux si exotiques pour elle : tigres, lions ou panthères chacun de leur geste retint le souffle des gradins. Les danseuses sortir des coulisses mais l’elfe ne voyait aucune magicienne. La sensualité de cette chorégraphie captiva tous les yeux, de minuscules projectiles enflammées les entouraient, dansaient avec elles. Le jeu de lumière dessinait une harmonie avec les artistes, c’était un bal d’un conte du désert. Le vent soufflaient les braises ardentes d’une nature triomphante sur un sable rouge qui accueillait avec bonheur cette douce chaleur. La mage de feu accompagnée d’acrobates fit son entrée en scène. Rosa ne savait pas quoi penser face à un tel talent. Était-ce du simple gâchis ou un passé qui l’emprisonnait dans ce cirque ? Avec une telle magie, cette humaine pourrait purifier cette ville mais elle se tient là à amuser ce peuple misérable. Cette pensée lui ternit le reste de la représentation et la shaakt fut certaine que parfois la maîtresse du feu la dévisageait depuis la scène.

« Impressionnant ! Qui eut cru qu’on assiste à de tels spectacles dans une ville pareille ? Qu’en avez vous pensé ? »

« Tu crois qu’une entrevue auprès de cette Lichia soit possible ? »

« J’imagine… Avec autant de boules de feu en réserve, elle ne doit pas avoir besoin d’une escorte qui éloigne les curieux. »

« Je n’en ai pas pour longtemps alors. »

« Ah ? Dans ce cas ne traînez pas trop. Je vous attendrai à la sortie. »

« Non, pars avec les autres. Tu ne brilles que trop dans ces rues. »

L’idée ne lui plaisait guère mais il comprit. L’elfe sombre contourna l’amphithéâtre jusqu’aux quartiers des artistes. Elle demanda son chemin, on lui indiqua naturellement la prenant pour une simple admiratrice. Sa loge était là, fébrile sa main peina à frapper jusqu’à ce qu’une voix raisonne pour lui presser d’entrer. Surprise, Rosa poussa la porte et put ressentir la puissante présence de la magicienne. Elle troubla le silence pour se justifier.

« Bonsoir. Je viens à vous … D’abord pour vous féliciter. Je m’appelle Rosa Aqamaq et en tant que mage également, mon respect n’est que doublé. Si cela ne vous dérange pas, je souhaiterai ardemment partager votre expérience ou du moins profiter d’articles de qualité ? J’ai entendu dire que vous vendiez des fluides de feu. »

Cette magicienne savait probablement déjà tout cela.

[Hrp] Achat d'un fluide de feu 1/4 [/hrp]

Heartless · **Posté:** Sam 29 Oct 2011 15:54

A part Ambre, Nark et Mazhui, personne ne semblait vouloir manquer une occasion de voir un tel spectacle. Accompagné de ses hommes ainsi que de Rosa et son protecteur, Sirius se mit en route vers le cirque de la Troupe Flamboyante, tout en contemplant du coin de l’œil la cité d'Exech qui, à ses yeux, était belle. Le mot n'était certes pas le plus approprié lorsqu'on constatait la misère de la ville, mais au delà, il y avait un esprit, une essence que seuls ceux qui y ont goûté pouvaient se resservir sans grimacer. Au beau milieu de la place publique Heartless, de son seul œil, voyait des mendiants escrocs qui imploraient l'aumône en montrant aux gens leur fausse jambe gangrénée en parlant d'une fausse famille et de faux enfants qu'il fallait nourrir au plus vite. Il y avait aussi des hommes moins perfides mais squelettiques qui fixaient avec une baveuse convoitise les quelques fruits pourris d'un marchand de nourriture avariée à moindre prix, des enfants qui s’infligeaient moult blessures entre eux pour "jouer à la guerre", là où la misère est plus habilement dissimulée par la fierté guerrière et le patriotisme. Les rares miliciens qui patrouillaient récoltaient à eux seuls bien plus qu'une dizaine de mendiant, se laissant corrompre pour une vingtaine de Yus, et là même un meurtre était toléré par leur regard aveuglé par l'or. Et enfin les femmes, qu'elles soient laides ou moins laides avec plus de quinze ans d'existence, leur métier était le même et elles vendaient leurs corps à quelques vieux marchands véreux et pervers, les seuls vrais maîtres légaux de cette ville pourrie jusqu'à la moelle.

On était à la frontière du désert et pourtant une humidité étouffante envahissait l'atmosphère, la ville aurait bien pu se trouver au beau milieu du domaine des hommes des sables que l'on n'y trouverait pas la moindre différence. Le sol d'Exech était un désert de poussière, un sable léger qui flottait dans l'air et emplissait les narines d'une brume atroce et fibreuse. Malgré ça, l'architecture de la ville, mises à part les habitations qui ressemblaient plutôt à une poubelle pour la populace, était assez exotique pour attirer l’œil, et le charme d'Exech provenait aussi de sa mixité que l'on ne trouvait peut-être nulle part ailleurs, car même à Kendra Kâr, les humains dominaient clairement la ville. Ici, un vieux Shaakt vendait des tapis venus d'ailleurs ( des faux sans doute ), un orque robuste promettait toute sa maigre fortune à celui qui arriverait à le mettre à terre en un seul coup de point et les putes étaient soit de sublimes Hinions, soit d'affreuses Torkins. Cela suffisait à donner un étrange charme au lieu, quand bien même de redoutables bandes de hors-la-loi se disputaient la ville, la place publique était sauve car située au carrefour de tous les conflits et donc, imprenable, aussi étrange que cela put paraître. Mais encore plus que ça, Exech était une ville vivante, anarchique, dénuée de réel souverain, et même encore si l'un de ces nobliaux se présentait à la couronne, il serait délogé en moins d'une semaine. C'était une ville où l'on était livré à soi-même, et ceux qui survivaient à Exech s'endurcissaient par nécessité. Souvenirs souvenirs...

Le seul endroit réellement gai et présentable était donc le célèbre chapiteau de la Flamboyante qui se tenait désormais devant l'équipage de pirates ( amateurs ). Thalo se dévoua pour payer le siège de sa protégée, et lorsqu'on demanda au glorieux capitaine de faire de même, il décrocha un faux sourire. Il était fauché, comme à son habitude, ou bien trop radin pour payer les places.

- Euh... vous savez, on peut tout voir depuis un toit voisin, je vous y emmène.... D'ac ?

Les protestations fusèrent mais elles ne furent pas longues. Derrière Heartless, c'était la cacatastrophe. Les sirènes avaient peut-être été mal digérées par ses compagnons marins et lui aussi ressentait un profond malaise dans les profondeurs glauques de son estomac. Tous, mis à part Rosa et Thalo qui, bizarrement, n'avaient pas touché à un cheveu de sirène, se tinrent le ventre et émirent de charmants gémissements dialoguant sans complexe avec leurs aigreurs d'estomac. Impossible de se présenter comme cela à un spectacle d'une telle ampleur, ce fut donc à contre-cœur que l'équipage se hâta dans un des bâtiments annexes imposants et monta jusqu'au toit, difficilement, quand bien même ils escaladèrent le petit Temple de Yuimen dieu du monde, qui revêtait d'ailleurs une apparence plus digne d'une auberge que d'un monument du culte. De là, le borgne avait vu juste, la vue était parfaite, mais leurs systèmes digestifs n'en avaient cure et les démangèrent de plus belle. Iguru, qui avait un estomac bien plus résistant que ses compagnons, ramena divers tissus, tapis et fétus de paille pour leurs séants se tenir et leurs bedaines se vider. C'était donc tout en déféquant bruyamment qu'ils profitèrent clandestinement du spectacle, chanceux étaient Rosa, Thalo et Plagg ( d'ailleurs que faisait-il dans le chapiteau celui-là ? ) qui admiraient confortablement le numéro de la troupe, eux n'avaient pas ces affreux problèmes digestifs ! L'odeur de la pluie humide qui régnait alors en parfum à l'intérieur de la baraque fut altérée de telle manière que le Dieu Yuimen, même pour ce misérable temple de pacotille, fut probablement courroucé par un tel outrage.
Cependant, le spectacle commença en musique :

Musique

Un ballet charmant et exotique supplanta le concerto de pets douloureux des spectateurs aux fesses nues, aux poings fermés et au visage grimaçant qui tenaient tant bien que mal accroupis au-dessus de cuvettes improvisées dont l'état pitoyable ferait hurler leurs supposés propriétaires. Les torches du cirque s'éteignirent subitement. Deux fauves de feu surgirent soudains sur l'estrade et s'évanouirent en soulevant des étincelles. Leur succédèrent des dresseurs de véritables lions et tigres qui faisaient passer leurs animaux entre des pièges de feu et des cerceaux, jusqu'à disparaître pour laisser la place à des danseuses accompagnées de feu-follets animés par une mage bien cachée.
Cette mage fit d'ailleurs son entrée en scène pour le clou du spectacle, "Lichia Vela !" s'écria l'un des marins séduits pas sa beauté. Bien qu'elle fut âgée de plus d'une trentaine d'années, elle était bien plus resplendissante que n'importe quelle jouvencelle de famille aisée, son costume de scène blanc parsemé de fourrures aussi rousses que ses cheveux hirsutes laissait entrevoir son corps de rêve qui se trémoussait au plus grand plaisir du public aux émois, et aussi au grand plaisir de la rangée de chieurs qui voyaient la représentation avec leurs yeux d'enfants. Le feu qu'elle agitait autour d'elle sembla se répandre autour d'elle comme un cerceau d'étincelles, elle était entourée d'un sable incandescent et promenait d'autres souffles enflammés plus imposants pour les faire virevolter en rythme autour d'elle et de ses congénères. C'était la représentation inégalée d'un fameux conte de la tribu des Kel Ouleiad dont personne ne se souvenait véritablement les tenants et les aboutissants. Ce conte incompris faisait pleurer les marins, quand bien même ils n'en comprenaient le moindre verbe, l'histoire insensée réveilla en chacun un chagrin profond et incompris. L'obscurité envahit enfin le cirque de la Troupe Flamboyante, le spectacle prit fin. Heartless et ses hommes finirent leur ingrate besogne et emplirent le temple d'une odeur nauséabonde, sans cependant éprouver la moindre crainte, même si ils avaient en quelque sorte assouvi leurs besoins naturels sur le dos d'une divinité majeure de la Terre, leur chef borgne était tellement confiant et bourru qu'il ne s'en souciait pas le moins du monde, quand bien même cela lui vaudrait une énième malédiction.

Les marins s'enfuirent pour ne pas se faire prendre à côté de leurs sacs de merde et Heartless, après s'être consciencieusement essuyé l'arrière-train, se mit en tête de rejoindre la danseuse des flammes dans sa loge. Sans savoir que Rosa était déjà en train de converser avec la mage, il cogna à la porte.

- Lichia Vela ! Je suis un de vos admirateurs ! annonça-t-il en riant sous cape avec une certaine perversité.

Ne constatant aucune réponse valable mais plutôt les bruits d'une longue discussion, il cogna de plus belle :

- Hé, Lili ! C'est Sirius !

Le borgne n'était pas sûr d'être reconnu. Il était bien différent de celui qu'il était avant de quitter Exech et bien qu'il n'avait jamais réellement eu de relation avec la puissante mageresse, il avait déjà visité sa loge plus d'une fois sans avoir les moyens de regarder ses spectacles, pour entendre quelques histoires exotiques et excitantes provenant du désert de l'Ouest.

Gamemaster17 · **Inscription:** Mer 29 Oct 2008 22:23 **Messages:** 5134

Intervention Gmique pour Rosa

Lors de son entrée, Rosa parvint à voir l'intégralité de la loge de l'artiste. S'y trouvait une grande pierre polie qui reflétait; de là où elle se situait; ce qui se trouvait être des commodités de conversation faites de bois massif et de cuir brunâtre. De nombreuses bougies étaient allumées ça et là dans cette loge flamboyante.

La Maître Magicienne se tourna tout sourire. Elle accueillit la Shaak sans même une ombre de préjugés et se montra immédiatement amicale.

« Entrez donc, je rangeais un peu. J'accueille en ce moment plus de citoyens que de mages, un peu de rangement ne fait de mal à personne, même si un désordre a toujours un côté très... ésotérique, ne pensez-vous pas ? Vous êtes donc mage. Parfait.» Dit elle pendant un temps de réflexion.

Derrière Rosa, quelqu'un tambourina sur la porte, la jeune Shaak reconnaitra facilement les trépignements de son capitaine qui par on ne savait quelle sottise, souhaitait ardemment rencontrer la Mage.

«Huum...» Dit-elle en penchant la tête, levant un sourcil dans une moue dévoilant toute l'interrogation du monde.

« Un pitre, sans doute. Votre présence m'est plus plaisante que cet énergumène. A moins qu'il fasse partie de votre entourage ? Mais d'où venez vous d'ailleurs ? » Termina Lichia en présentant le seul siège qui n'était pas couvert d'artifices magiques en tout genre...

Rosa · **Posté:** Sam 29 Oct 2011 21:44

L’accueil fut chaleureux et son esprit s’apaisa. L’artiste semblait ne pas avoir enlevé son masque, probablement l’habitude de recevoir des spectateurs. Rosa put enfin voir à quelques mètres le visage de cette magicienne. Une si jeune humaine, elle qui portait à peine quelques décennies détenait déjà la clef de la connaissance et de la puissance. La shaakt avait derrière elle un siècle et se sentait comme une enfant face à cette sorcière. Quelque part, la jeune elfe voyait son temps derrière elle comme bafoué, maudit par le clan. Comble du vice de l’existence, cette femme était éphémère. Son savoir vivait comme une bougie qui peut fondre en un soir. Ainsi Lichia Vela se présentait comme une curiosité. A la fois elle l’enviait et la plaignait. Un léger feu naissant ayant des millénaires à consumer contemplait un incendie qui n’avait qu’une infime forêt à brûler. Ainsi naissait la sollicitude elfique à l’égard de la condition humaine, un étonnement face à un tel subit talent qui n’a qu’un siècle au mieux pour exceller. La loge paraissait comme un tableau du personnage, de nombreux cierges et un léger désordre. Un véritable mythe pour philosopher, le vieil apprenti qui voyait mourir le jeune maître. Rosa s’embrumait, il fallait pour l’heure s’incommoder des respects. Elle s’apprêtait à répondre lorsqu’un capitaine familier surgit pour tout chambouler. Cette irruption ne se montra pas au goût de la pyromancienne qui s’apprêtait peut être à faire une nouvelle démonstration flamboyante.

« C’est bien une connaissance même si je suis surprise de le voir ici. Sirius, qu’est ce que tu fais là ? »

De façon surprenante, sa voix ne se composait pas d’un ton cassant, froid ou ironique à l’habitude. Les usages additionnés à sa curiosité éveillée perturbaient son masque traditionnel. De toute manière, la maîtresse des lieux s’occupait de ça.

« Je viens de Nirtim non loin de… De Caix Imoros à vrai dire. Ce n’est pas l’endroit rêvé pour un apprentissage et mon clan m’a poussée à la surface. »

Incapable de mentir ou de dire la vérité, elle dessinait un vague aperçu de son passé. Cette chef de troupe disposait probablement d’histoires bien plus intéressantes, le désert se présentait toujours comme un océan de fables et légendes. Les souterrains du peuple mauvais ne brillaient pas et encore moins dans son cœur. Cependant comment éveiller l’intérêt d’une puissante magicienne ? Rosa voyait son orgueil abattu devant une telle présence.

« Je voyage donc, à la recherche du savoir avec le marin que voici. Je dois avouer que je ne m’attendais pas à trouver une virtuose du feu ici, à Exech. C’est grâce à lui si je vous ai trouvée en réalité. »

Gamemaster17 · **Inscription:** Mer 29 Oct 2008 22:23 **Messages:** 5134

Intervention Gmique pour Rosa

Face au manège incessant de ton capitaine, la Mage quitta sa position pour se rendre d'un pas avancé vers la porte dont elle fermera le loquet de façon bruyante pour dissuader l'inconnu d'entrer. Elle se tourna, vivement avec toute la souplesse et la grâce que lui offre des années de danse et souri une fois encore avant de déclarer tout simplement :

« Si vous le voulez bien, nous ferons entrer votre compagnon plus tard. Comme je vous le disais, je n'ai que peu de visite de mage. Alors votre venue comble un manque, une folle envie de bavarder. Installez-vous ! »

Quant à elle, Lichia se dirigeait vers un petit guéridon sur lequel étaient disposé un service de porcelaine, un des rares biens qui puisse être matériel dans cette loge de bric à brac. Elle proposa un breuvage, du thé, une infusion de plantes exotiques et torréfiés à Tulorim. La tasse qu'elle te tendait ne souffrait d'aucun refus, l'oeil rougeoyant, son sourire et sa bienveillance étaient tels qu'ils donnaient une impression de malaise. Il allait sans dire que cette facette doucereuse comme du miel n'avaient que pour but de ne t'octroyer aucun refus.

Face à toi, elle s'installa, presque affalée, dévoilant une lassitude, un besoin de repos peut être ? Ce personne hors du commun tira de nouveau une risette et lança sur un ton de défi :

« Du thé, un excellent qui me provient de la Belle Tulorim. Mais il ne se boit pas froid. Vous disiez être mage, moi aussi, j'aime à apprécier les curiosités. » Elle claqua des doigts et une flammèche apparu comme par magie - ou un oeil affuté et un temps soit peu expert préciserait qu'au contraire, par magie - au creux de sa main, la tasse retenue à mi-hauteur au dessus de cette flamme magnifique réchauffait le thé de la mage. Qu'en était-il pour le tien ? Le liquide brun dans lequel gisait une lie de feuilles effritée restait invariablement froid, et il ne fallait pas compter sur une boule de feu pour réchauffer le thé sans prendre le risque de se finir dehors le cul par dessus la tête.

« Simple curiosité. J'aime la magie, et je ne peux m'empêcher de partager deux ou trois petits tours. Bien entendu, restons bonnes enfants... » Dit elle, souriant encore une fois en faisant cesser la flammes avant de trinquer dans le vide, portant la tasse à hauteur de ses yeux en te lançant un petit clin d'oeil.

Rosa · **Posté:** Dim 30 Oct 2011 15:16

Le capitaine se heurta à une porte. Rosa retint un léger sourire devant pareille manière à repousser les pirates. Les deux mages enfermées pouvaient discuter tranquillement. Lichia faisait parti de ses gens que Rosa voyait débordant de vie, le spectacle avait peut-être cette vertu.

« Merci. » souffla la shaakt puis s’assit au siège le plus proche dans une petitesse absolue, à un tel point qu’elle ne fit aucun bruit.

Finalement la pyromancienne semblait disposée à parler et même offrir une tasse de thé. L’elfe ne se souvenait pas avoir eu une telle discussion mondaine depuis des mois, voir des années. Cependant elle décelait de l’intérêt à la fois dans le breuvage et le regard de son hôte. Elle remercia à nouveau d’un signe de tête pour la tasse et l’observa prendre son fauteuil. Un étrange frisson lui parcourait l’échine, Lichia recherchait quelque chose. Ses yeux cachaient quelque chose d’infini, une éruption brûlante de magie. Cette femme constituait un véritable mythe. Un corps si gracieux pour un feu furieux qui semble émaner de son épiderme même.

« Tulorim… Je n’ai pas encore eu l’occasion de m’y rendre. » Elle passe une main contre sa tasse, ce qui lui valut un moment de surprise car le toucher se montra froid « J’adore les curiosités. »

Voilà un petit jeu. Rosa vit clair dans ce volontaire oubli, il fallait faire une démonstration que la maîtresse s’empressa de montrer. D’un claquement de doigt, l’eau laissa échapper quelques trainées de vapeur. Le défi fut accepté et plutôt que d’attirer l’œil avec une petite flamme elle feinta un réflexe naturel. Ses mains chauffèrent alors qu’elle continuait de contempler son hôte. Le thé mit un certain temps à être prêt ce qui lui permit de répondre presque tranquillement.

« Vous m’envoyez ravie. Je trouve peu de personnes enclin au nom du savoir à partager ce qu’ils savent. Je découvre la surface comme un monde aussi peu éclairée que les sous terrains. Mais vous êtes là, à défier tous mes raisonnements et avec bien plus de tours que moi. »

Elle baissa les yeux, son thé pouvait être bu. Au clin d’œil de Linchia, elle cacha ses lèvres derrière sa tasse et but une légère gorgée. Son petit numéro ne lui avait pas donné une température idéale mais elle gagnait la première épreuve. Rosa succombait au caractère enfantin qu’elle aurait répugné auparavant. Thalo devait avoir raison, le charisme d’un mentor pouvait bouleverser une existence.

Gamemaster17 · **Inscription:** Mer 29 Oct 2008 22:23 **Messages:** 5134

Lichia se redressa légèrement sur son siège, elle déposa la tasse qu'elle détenait sur la petite table encombrée qui vous opposait. Gardant un contact visuel permanent, la Maître semblait ravie, comme si elle attendait les venues de la sorte depuis longtemps, c'était pour elle un exutoire, une façon d'oublier la routine, raviver quelques souvenirs, les rendre assez vivants pour les partager.

« Je viens de Tulorim, la ville y est belle quand on sait la regarder. Les choses voyez vous, pour les mages comme nous, doivent être vue sous un autre angle si je puis dire. Chaque chose à des conséquences, l'apprentissage est le meilleur moyen d'arriver à ces conséquences. N'allez pas croire que je répète ça à chaque mage que je croise.» Dit elle en se relevant, prenant appuis de ses deux mains sur les accoudoirs de son assise.

De son désordre organisé, elle tira un parchemin griffonné, sans trop d'importance selon toi, car sans attendre, elle porta le coin de la feuille sur la flamme d'une bougie. Doucement, le parchemin rougissait, fumait, brûlait. Devant tes yeux, elle vint s'installer, gardant le document qui brûlait doucement face à ton visage.

« Qu'est ce que l'apprentissage... Au début, ce n'est jamais qu'une flamme. Une petite étincelle parfois. Le talent j'y crois. J'ai passé des années à me demander ce qu'était le talent et la magie. Le talent... C'est comme un enfant voyez vous. Dans quelques années, le vôtre viendra, comme un enfant, comme lorsqu'une femme met bas sa descendance... Quelle magie. Mais comme toujours, il y a des inégalités... Parfois vous avez un bébé ordinaire. Vous faites avec, d'autres auront un géant ! Un immense pouvoir, d'immenses possibilités ! »

Et alors que le papier terminait de brûler, elle continua d'un ton déjà plus triste :

« Et parfois, un mort né... Un petit cadavre qu'il faut porter dans ses bras en songeant au passé et à l'espérance de toute une vie qui nourrissait ce... Ce rien. »

De maigres cendres tombaient au ralentis sur ta toilette, la flamme était allée jusqu'au bout, jusqu'à caresser d'une langue de feu ses doigts trop habitués pour que cela la tourmente. Elle alla se rassoir, le visage était plus grave qu'à ton arrivée mais gardait un ton avenant au possible.

« Le monde est grand... Où allez-vous ?»

Rosa · **Posté:** Dim 30 Oct 2011 18:44

Le cours commençait déjà, d’une certaine façon la shaakt plaisait à la chef de troupe. Les discussions de magie ne devaient pas affluer dans une compagnie ou peut être que l’elfe avait un potentiel intéressant pour elle. Cette race si mouvementée, si farouche, comment pouvait-elle porter un pouvoir capable d’anéantir une cité et parvenir à simplement s’en servir pour le simple loisir ? Ces hommes si déchaînés sous le poids des quatre fléaux. Pourquoi ne voulait-elle pas s’en servir à escient plus grand ? Cette humaine se montrait aimable, elle côtoyait la misère alors qu’en est-il de son but ? De nouvelles questions s’imposaient à la vue du parchemin que Lichia brûlait. La dame noire rongeait le monde, celui de cette pyromancienne semblait axé sur Exech. Non pas que Rosa croyait qu’un grand pouvoir impliquait un devoir de bienfaisance mais cette humilité se montrait déconcertante. Elle tenait tant à lui exhorter un interrogatoire, sa curiosité devenait douloureuse, pressante voire agacée. L’intérêt que portait Lichia envers Rosa la calma quelque peu, ses derniers mots sous entendaient un traitement de faveur qui faisait plaisir à entendre. Tout cela, elle le cachait, l’elfe ne donnait qu’une mine intéressée et posée car la mage sentait que le moindre signe qui ne convenait pas entraînerait la fin de l’entretien. Un raisonnement très métaphorique que l’image du parchemin illustrait donna de quoi réfléchir à l’élève. L’image de la mère trahissait quelque chose. L’heure du pastiche.

« Eh bien cette flamme si elle nait sur une foret riche et grande de connaissances, le feu prendra bien plus. Je pense que la votre aurait de quoi faire étinceler le talent en moins d’une année et si les inégalités subsistent je pense qu’un bon enseignement d’une mère illustre ramènera tout enfant à cet immensité ! »

Sa robe se ternit alors des cendres du parchemins, le temps oppressa soudain la maîtresse des flammes. La dernière phrase fut bien plus obscure, déçue et abattue. Quelle image ou souvenir pouvait nourrir pareil retournement ? Rosa préféra répondre à la dernière question :

« Je suis le chemin d’un autre, celui du capitaine Heartless. Sa quête de rancœur nous a fait voyager bien plus que je ne pouvais l’imaginer si bien que je me laisse entraîner dans sa course folle. Probablement que ce périple aura une fin et dans ce cas je trouverai un autre moyen d’apprendre ou peut être d’accomplir. Néanmoins s’il faut une destination bien précise je suis bien incapable de vous répondre. Il n’a pas vraiment les idées claires. »

Gamemaster17 · **Inscription:** Mer 29 Oct 2008 22:23 **Messages:** 5134

Lichia prenait le temps de décomposer tes mots, cherchant de quoi te répondre avec le plus de pertinence possible. Calculatrice, elle n'en restait pas moins un brin énigmatique et chacun de ses gestes semblaient minutieusement calculé. Elle faisait tourner la tasse dans sa main, passant tantôt l'anse à gauche, tantôt à droite, gardant un contact oculaire.

« Ne craignez rien, le monde réserve bien assez de tours à chacun de nous. J'augure avec succès que votre vie sera mouvementée. Qui sait, peut être un jour reviendrez-vous avec une connaissance de votre talent. Sera-t-il un enfant géant ? »

Elle chassa une mouche inexistante et fit une seconde moue de sa bouche avant de dire simplement :

« Gardez ce que vous vouliez acquérir, je vous l'offre de bon coeur et souhaite ardemment que les Dieux vous renvoient à moi... Mais il vous faudra savoir. Savoir ce que vous êtes réellement. Une méditation, un temps, un futur peut être, il n'y a aucune énigme dans mes propos. Il vous faudra attendre.»

Rosa · **Posté:** Mar 1 Nov 2011 16:25

Le professeur devint alors oracle. Le présent n’était pas propice et la magicienne regardait l’avenir de son air artistique. L’humaine demanda alors à l’elfe d’être patiente, quel comble. Le thé se montra néanmoins délicieux, Tulorim pouvait se vanter d’amener d’incroyables marchandises. Linchia ne semblait plus rien avoir à concéder pour la shaakt. Peut-être que la fin de l’entretien venait. Rosa termina sa tasse d’une gorgée et la posa délicatement sur un meuble non loin. Ah ! Cette image de la mère revenait, quelle chagrineuse affaire. Pourtant elle sourit aux paroles grandiloquentes de la comédienne, un sourire poli mais difficile à discerner.

« Oui, je pars. Mon navire choisira la destination, j’apprendrai avec ce que mon chemin apportera. »

Elle leva la tête, attirée par la lumière d’un chandelier.

« Je reviendrai si j’ai de vous une invitation. Du temps j’en ai, je veux vous en réserver. Quant à la magie, cela a toujours été une priorité. »

Aux dernières paroles de Linchia, l’elfe sombre s’arrêta sur une étagère où contenait des fluides de feu. L’occasion se présentait que trop belle. L’entrevue se terminerait alors de façon très bénéfique. D’un ton amusé, Rosa murmura :

« Vraiment ? Vous m’offririez de bon cœur tout ce que je souhaite ? Je ne roule pas sur l’or mais j’ai de quoi m’offrir un enseignement digne. Vos fioles m’intéressent, ce puissant fluide magique achèverait en beauté ma journée. »

L’ordre du monde se dessina et la puissante pyromancienne de quelques mots intrigua son interlocutrice.

« Les… Meno voudrait-il que son champion choisisse une apprentie future ? Oh j’en serai étonnée, honorée… Très bien, grande mage, je me lancerai sur la mer sous vos dernières indications. J’attendrai ou je m’égarerai. »

La quête se donnait un air particulier, pas d’héroïsme ni de vengeance juste une promesse d’apprentissage si elle triomphait du temps. Thalo l’aiderait surement, avec lui le présent semblait moins oppressant. En quelques mois, sa magie avait considérablement augmenté depuis sa sortie en surface. D’ici une année ou deux ou peut-être moins, elle reviendrait en face de cette magicienne. Si le dieu des flammes s’en mêlait, cela serait tant mieux. Ainsi il montrerait que la shaakt pouvait être digne de fouler ce monde avec son élément. Loin d’exprimer son emportement, la jeune elfe s’étira sensiblement les bras. Elle attendit l’avis de la magicienne sur le fluide puis parla quelque peu fatiguée à son tour :

« Notre entretien a été très riche et je vous en remercie. Cependant j’ai peur de ne vous importuner à rester plus longtemps or mes compagnons de fortune m’attendent. »

Cirque de la Troupe Flamboyante (+Maître magicienne du feu)

Qui est en ligne