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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Mer 20 Jan 2016 21:09 
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Tête baissée vers le dallage de ce que j’avais conclus être la salle du trône du Palais de Cuilnen, je restai immobile pendant plusieurs minutes. Celles-ci, curieusement, me furent profitables puisqu’elles permirent à mes yeux de s’habituer tant bien que mal à la lumière ambiante. Le feu qui brûlait mes rétines habituées à une vie dans des marécages sombres et brumeux, et plus récemment à la réclusion dans les sombres cachots, s’apaisait et me rendait la vue dont j’aurais besoin pour défendre mon cas auprès de sa majesté la Reine Thelhenwen d’Anorfain. Je savais, en cet instant, que les minutes qui allaient suivre détermineraient l’essence de toute une vie. Vadokan Og’Elend n’aura-t-il été qu’une effroyable perte de temps ? La grâce elfique seule le déciderait. Aussi, lorsque sa voix cristalline s’écoula de sa bouche, assez forte cependant pour être audible de toute une cour qui serait le témoin de ce jugement singulier, je me redressai lentement pour me présenter tel que j’étais, droit face à elle, mais sans bravade dans le geste.

Sa question, car elle n’en posa qu’une, portait non pas sur la défense de mon cas, mais sur la raison qui aurait poussé une condamnée à mort à m’accorder sa dernière volonté, se privant de derniers plaisirs terrestres pour, altruiste, me prêter secours. Elle portait haut cet acte symbolique dans son discours, et je savais que je devais maintenant m’en montrer digne, sans salir jamais la mémoire de celle qui fut, et resterait ma sauveuse. Je dressai vers elle mes yeux d’obsidienne, si profonds et humbles, et pourtant emprunts d’un passé qui n’appartenait pas à ce corps ténébreux. Je pris le temps de deux respirations complètes, lentes, pour finalement répondre à la majesté qui, du haut de son trône, me toisait de toute sa prestance.

« Merci de me faire bon accueil, ô Reine Thelhenwen d’Anorfain. Afin de rétablir la balance, et de ne plus paraître pour vous si étranger, je commencerai par me présenter : Vadokan Og’Elend, venu en ligne directe des Marais de Narshass d’où mes pairs, clan rebelle au pouvoir matriarcal de l’Atha Ust, vous remettent leur amitié. »

Il est généralement plus difficile de condamner une personne dont on connait le nom, et dont on sait qu’elle n’est pas ennemie. Même si je savais que la Reine d’Anorfain était connue pour sa justice intransigeante et ferme, au moins connaissait-elle mon nom, désormais. Je poursuivis sans tarder, avant qu’on ne m’enlève la parole, si chère en ce moment.

« J’ignore les desseins de cette condamnée lorsqu’elle me fit don de son dernier droit de cette vie, noble Reine. Je ne peux que la remercier, en priant pour que son âme trouve le repos dans les Enfers de Phaïtos. Je sais juste qu’à ses derniers instants, elle s’est montrée reconnaissante, murmurant à travers un trou de souris de ma cellule tout le crédit qu’elle apportait à l’espoir et le réconfort que j’ai pu lui apporter, bien malgré moi, lors de ses derniers instants. »

Je me tus là. J’avais peur d’être trop volubile, ce qui ne me serait guère profitable si la belle dame perdait patience. Je me contentai donc de répondre aux questions qui me seraient posées, espérant ne pas trop déborder lorsque ma verve tenterait de prendre ma défense. À mon côté, Almavendë restait silencieuse, prostrée dans une mine déconfite, regard coupable projeté contre le sol, là où le mien, quoique d’ombre, touchait la félicité lumineuse et immaculée de Thelhenwen. Car la Reine était belle. Et cet adjectif ne rendait pas à sa beauté son exacte véracité.


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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Dim 24 Jan 2016 13:17 
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Intervention pour Vadokan Og’Elend


Lorsque le semi-orque se mit à parler, la reine se pencha légèrement en avant sur son trône et posa délicatement son menton sur sa main, comme si elle prêtait toute son attention aux paroles prononcées. Elle ne parut cependant pas satisfaite des dernières paroles de Vadokan et de son explication, car elle dit :

- Un espoir et un réconfort apporté bien malgré vous, Vadokan Og’Enlend ? J’ignorais qu’il était dans la nature des condamnés de parler avec tant d’énigmes.

Elle marqua un petit temps de pose, avant de poursuivre :

- Le clan rebelle des Marais. Nous en avons entendu parler, ainsi que de son chef. Vous enverraient-ils en ces terres pour parlementer ? Autrement pourquoi venez-vous ? Son regard coula alors sur Almavendë. Les charges qui portent sur cette jeune elfe, cependant, ne la relient en rien aux Marais. Qu’en est-il d’elle, pourquoi vous êtes-vous retrouvés ainsi liés ? Les gardes m’ont rapporté que vous l’avez faite mander.

Cette dernière phrase, elle l’ajouta avec une légère insistance, comme si elle indiquait par là qu’il était inutile de chercher à se jouer d’elle et qu’elle se défiait encore de lui.


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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Ven 29 Jan 2016 15:11 
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Le langage corporel était une chose que j’avais apprise à maîtriser, au cours de mes différentes vies, quelle que soit l’espèce qui l’exploitait, pourvu que j’eusse pu la côtoyer suffisamment longtemps pour en intégrer les principes fondateurs. Hors, les hiniöns étaient parmi les moins expressifs des peuples libres parcourant ces terres de Yuimen. La reine, superbe et solennelle, se montra le contrexemple de cette affirmation. Se penchant sur son trône, elle montra une ostentibilité notoire à l’intérêt de mes propos. Intérêt que je notai non sans une certaine fierté, et un espoir d’attirer chez elle de la sympathie pour ma cause plus que de la pitié pour mon état.

Elle s’interrogea ainsi premièrement sur ma manière de parler en énigme, affirmant non sans vanité qu’un condamné pourrait s’en passer. Ces mots sonnaient rudement à mes oreilles. Un condamné. Je ne me considérais pas comme tel, mais devais désormais m’y faire, car c’était son cas à elle. Je me permis de répondre à son assertion, le plus humblement possible, car telle était ma condition.

« Il n’est guère d’énigme dans mes paroles que celles auxquelles je ne connais moi-même pas la réponse, rayonnante majesté. Car il serait vain pour un esprit comme le mien de proposer une énigme au vôtre, brillant. »

Elle déplaça la discussion à la raison de ma venue en ses terres. Elle émit l’hypothèse selon laquelle je serais un messager des shaakts des marais, venu prêcher la bonne parole diplomatique des miens. Je relevai, en passant, sa connaissance de notre chef et ami, Khal’Abbil. Elle poursuivit, doutant de sa propre assertion, par une question plus ouverte. Je savais qu’elle me proposait là une habile porte de sortie. Il me serait facile de mentir et de m’affirmer messager officiel des clans shaakts des marais. Ceux-ci me couvriraient sans peine en cas de vérification, qui n’aurait par ailleurs peut-être même pas lieu si je lui délivrais un message digne d’intérêt. Mais ce n’était pas la raison réelle de ma présence ici, et je ne pus me résoudre à salir d’un mensonge la glorieuse cour du Palais d’Aratmen. Sans me laisser le temps de répondre, elle amena ensuite la question de la présence de ma fille d’alors, et ses questions poussèrent jusqu’à demander en quoi elle était liée à moi.

Toutes les réponses que j’avais à lui fournir étaient liées à ma théorie du Sang Ancien. Aussi pris-je une inspiration ample avant de répondre à mon tour, veillant à être à la fois complet et succinct.

« Voyez-vous, Dame Blanche, je suis avant tout un théoricien. Et si je suis convaincu de ma théorie de par ma propre expérience de celle-ci, elle peut paraître étrange pour qui n’a aucune preuve. La raison de ma présence ici est d’apporter au monde, à la lumière, les preuves de ma théorie, une fois que j’en aurai trouvé suffisamment pour que mes propos soient irréfutables. Aussi, puisque vous me le demandez, je vais vous l’exposer, mais je vous prie, noble reine et haute cour, de considérer ces propos pour ce qu’ils sont : une théorie, et non l’affirmation d’un fou. »

Les moqueries auraient lieu. Rien de plus facile, de la part d’une cour de blancs envers un être aussi sombre que moi, au vu des propos que je m’apprêtais à tenir. Mais la franchise était une qualité qu’on ne saurait m’enlever, et je me lançai, confiant dans ma capacité à convaincre au moins quelques-uns des membres de mon auditoire, dont la reine. Je sentais les regards curieux sur moi, et les langues acérées prêtes à surgir des gueules pâles pour m’humilier, non sans une certaine retenue. Nous étions à Cuilnen, après tout, pas dans un bouge quelconque des Terres d’Omyre.

« Si j’ignore quel pacte unissent Gaïa, maîtresse de la vie, à Phaïtos, gardien des Enfers et des morts, je crois néanmoins en une force qui donne, une fois la mort survenue, à certaines âmes puissantes, spéciales, de se réincarner dans une nouvelle vie. Ces âmes puissantes seraient en nombre réduit, et puisqu’immortelles grâce à ce principe, pourraient se trouver être les âmes originelles de ce monde, descendant directement des divins. Les premiers vivants de cette planète, aux suites des dieux. »

Ils pouvaient me traiter d’hérétique, mais ils auraient tort, alors, car il était indiqué dans la genèse de chaque religion de ce monde le lien fort entre les peuples libres et leurs créateurs, les divins chassés autrefois de la surface du monde par leur maître et créateur, Zewen. Je poursuivis.

« Ainsi, si aujourd’hui je suis Vadokan Og’Elend, bâtard de deux espèces qui n’attirent pas vos faveurs, ce ne fut pas le cas il y a plus d’un siècle, lorsque je faisais partie de la communauté elfique de l’Anorfain. Cemastar, taurion de Cuilnen, époux d’Enilthiel et père d’Almavendë. »

Je désignai la jeune elfe d’un regard paisible, et poursuivis, redressant le visage vers celui de la Reine d’Anorfain.

« Si je suis de retour ici, c’est pour retrouver les traces de ce passé perdu, récupérant là où je les avais abandonnées alors, subissant vraisemblablement un triste sort, mes recherches d’alors. »

Espérons que ces raisons lui semblent suffisantes pour expliquer ma présence ici, dans la forêt de Cuilnen, et que l’affront de celle-ci soit lavé par mon envie de voir progresser le savoir ésotérique. Almavendë, elle, avait commis une faute grave aux yeux de son peuple. Je ne trouverais peut-être pas les ressources pour la libérer. Pas directement, en tout cas. En mon sein, j’espérais toucher la Reine de mes hypothèses. Elle-même était sans doute un esprit ancestral et puissant. Ça pouvait faire écho en elle. Et si je la convainquais de mes dires, ça ferait une alliée de poids de mon côté.

« Les explications de cette théorie, et mes retrouvailles avec Almavendë ont diverti la condamnée à mort dans la cellule voisine, et lui ont redonné espoir pour le rachat de son âme dans le domaine de Phaïtos. C’est pour ça qu’elle s’y est trouvé de l’espoir, du réconfort. C’est de ça dont elle m’a remercié, malgré moi. Et pour ça, peut-être, mais je ne peux le certifier, qu’elle a donné son dernier droit pour me soutenir. »

J’avais bien trop parlé. Je craignais ennuyer la cour et la Reine, et ne voulais en aucun cas leur donner l’impression de perdre leur temps avec moi. Je devais les préserver dans les meilleures conditions, pour espérer être libéré.


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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Dim 31 Jan 2016 18:15 
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Intervention pour Vadokan Og’Elend


La Reine Thelhenwen resta un instant silencieuse alors que les derniers échos des paroles de Vadokan résonnaient dans la salle du trône du palais d’Aratmen. Finalement, toujours sans un mot, la Reine se leva et se dirigea vers l’une des grandes et majestueuses portes qui parcouraient le palais. Elle fit un gracieux signe de main et elle fut flanquée par des gardes tandis que d’autres relevaient Vadokan et sa fille. Sans être aussi violentes que précédemment, les poignes étaient tout de même fermes, déconseillant toute tentative de résistance.

Les gardes les menèrent sans une explication vers la porte par laquelle la Reine était sortie, et ils la suivirent ainsi, de loin, ne devinant d’elle que les guerriers elfes, plus grands encore que son port altier, qui la flanquaient.

Son escadron sembla s’arrêter devant une autre porte du palais et plusieurs gardes restèrent en faction à l’extérieur, tandis que ceux qui encadraient Vadokan et sa fille les rejoignirent pour s’arrêter à leur tour à quelques pas.

Ils attendirent ainsi durant quelques minutes, les gardes restant sourds aux éventuelles questions que pourrait poser Vadokan ou la chair de sa chair… ou disons, la chair de son ancienne chair. Au bout de quelques temps, la porte s’ouvrit et l’un des elfes lui fit signe d’entrer, quoi qu’au moment où ils allaient passer la porte, leurs menottes leur furent enlever sans explication.

Ils pénétrèrent dans ce qui semblait être un bureau relativement grand, quoi que rendu bien petit par la présence imposante des gardes elfes et de l’aura radieuse de la Reine des Elfes. Un autre hinïon s’y trouvait également, debout derrière le bureau. Il semblait très vieux, peut-être plus encore que Thelhenwen et était vêtu d’une tenue militaire ornée et brillante, qui avait sans doute dû servir il y a fort fort longtemps.

Image


- Général Hiraën, voici les deux êtres. Vadokan Og’Elend et sa… fille. Il se proclame du « Sang Ancien », ainsi qu’il l’appelle et qui semble bien proche de tes théories sur les Âmes Ataviques.

Elle tourna un regard sérieux et impénétrable sur le semi-orque.

- Pourriez-vous, je vous prie, reprendre vos explications ? Vous avez là une oreille des plus attentives.

Et en effet, Hiraën l’observait avec un très grand intérêt.


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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Lun 8 Fév 2016 16:58 
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Un moment de latence passa, durant lequel je sentis toute la nervosité du monde monter en moi. Des mots que j’avais prononcés dépendrait toute la suite de mon périple à la recherche du Sang Ancien. C’était fait, désormais. Je ne pouvais plus agir, il me restait juste à attendre le couperet final tenu de main de maître par la gracieuse Reine Thelhenwen. Je fermai un instant les yeux, frustré de tant d’incertitude. Lorsque je les rouvris, rien de ce que je vis ne me rassura : la prime elfe blanche se levait de son siège et quittait la salle sans prononcer le moindre mot. L’avais-je offensée ? Avais-je outrepassé mes droits ? S’ennuyait-elle de me voir là devant elle ? Que signifiait ce départ précipité ? J’avais du mal à y voir le positif, même si je savais que dans ma situation, dans mon état de stress, c’était presque impossible de m’y confronter.

Pourtant, ce fut avec moins de rudesse que les gardes nous empoignèrent pour nous emmener. De la pitié, peut-être, pour ceux qui allaient se faire exécuter, bien que ça ne ressemble en rien à la mentalité hiniöne. Les décisions de la Reine avaient vertu divine. Elles étaient justes, et respectées de tous comme telles. Nul besoin de pitié, lorsqu’il n’y a que justice. Nulle compassion, nulle colère. Je me laissai emmener, et vis du coin de l’œil qu’ils œuvraient pareillement avec Almavendë. Je vis néanmoins une note positive dans tout ceci : les mains des soldats de la Reine nous emmenaient sur ses pas. Nous quittions la cour par la même porte qu’elle, ce qui était déjà tout un symbole fort. Les gardes nous emmenèrent à sa suite. Nous la suivîmes pendant plusieurs minutes, ne voyant d’elle que son escorte armurée d’argent. Almavendë, je le sentais, était de moins en moins sereine. Bien moins patiente que moi. Et l’agacement se lisait sur ses traits. Des traits qui me semblaient subitement si étrangement familiers. Battante, elle n’hésitait pas un seul moment à rudoyer les gardes qui la maintenaient en crispant l’un ou l’autre membre, traînant les pieds ou grognant de mécontentement. Une petite sauvageonne. Le côté taurion qu’elle me devait, sans aucun doute.

De mon côté, le flegme était total : je me laissais emmener sans ciller ni forcer mes geôliers. Lorsqu’ils nous firent attendre plusieurs minutes devant une porte close, je ne prononçai mot, sachant pertinemment qu’ils ne sauraient me répondre, ni n’en avaient l’autorisation. D’un regard, je tentai d’apaiser la colère des yeux de ma fille. En vain. Elle détourna le sien et soupira de plus belle, adolescente en plein, à peine sortie dans l’âge adulte. Dire qu’alors, elle était plus âgée que ma propre enveloppe charnelle.

Au bout d’une attente qui me sembla bien courte, face à celle de plusieurs jours dans les prisons de la cité elfique, la porte s’ouvrit et nous pénétrâmes dans une sorte de bureau assez vaste. Le type d’endroit prisé par les archivistes, chercheurs et bibliothécaires cuilneniens. Derrière une table de travail massive, un elfe qui n’était pas encore paru dans l’entourage de la Reine dénotait à son côté, cerné lui-même par toute l’escadrille de gardes rapprochés de Thelhenwen. Plus que la Reine elle-même, il semblait vieux, ancien. Même pour un elfe blanc. Sa tenue militaire bien entretenue elle aussi était ancienne. Certainement pas la dernière version des armures militaires sorties des forges elfiques. Une chevelure fatiguée tombait sur ses épaules, et ses traits étaient à la fois durs et sages. Il avait dans le regard une étincelle d’intelligence que l’on rencontre chez bien peu de gens. Celle d’un être qui a tant vécu qu’il ne peut être surpris que par peu de choses. Aussi, lors de ma propre irruption, bâtard de deux espèces maléfiques au sein d’un palais de lumière, il ne cilla qu’à peine, et me regarda sans me juger.

J’appréciai chacun des mots que la Reine choisit pour me présenter, bien qu’ils soient fort abstracteurs. Je me proclamai du Sang Ancien… Dans sa bouche, ça sonnait comme quelque chose de terriblement pédant. Et sans jamais l’avoir vu de la sorte, je comprenais que l’on puisse y voir une volonté de supériorité. Ce n’était pas le cas, bien sûr. Pas à mon niveau de recherche. Je n’étais, finalement, qu’un ignorant plein de rêves, persuadé de mes souvenirs anciens. Elle fit toutefois une comparaison directe au domaine de recherche du dénommé Hiraën, général de son état, qui selon ses propres termes étudiait les Âmes Ataviques. La Reine, bien que j’eus du mal à m’en douter, me demanda alors de préciser davantage mes paroles sur ma théorie, qui semblaient étonnamment avoir fait écho en elle.

M’éclaircissant la voix, je repris mot pour mot mon discours de la salle du trône concernant l’avancement de mes recherches, n’oubliant pas de réciter mon nom d’alors. Je n’avais pas eu, à l’époque, l’honneur de rencontrer un tel être. Cela aurait pu, pourtant, apporter de nombreux crédits à mes recherches. Au moins auraient-elles été prises au sérieux par quelqu’un. Humblement, je clôturai mes paroles :

« Le cadavre de mon ancien hôte possède encore mon journal, fruit de mes recherches passées. Avec celui-ci, je pourrais vous préciser davantage l’avancement de celles-ci. Le retrouver est la raison de ma venue ici. Afin de les reprendre où je les ai arrêtées. Mais peut-être, vénérable Général Hiraën, possédez-vous vous-même ce savoir qu’humblement, je tente de théoriser ? »

Cela sonnerait une avancée notable dans mes propres recherches, et serait une nouvelle fantastique, même si ma propre fierté d’avoir échoué au détriment d’un autre en prendrait un sacré coup. Je me tournai vers la Reine, la saluant une nouvelle fois d’un signe de tête respectueux. Elle semblait plus accessible, face à moi plutôt que sur son trône majestueux. Mais ça ne faisait que magnifier sa beauté naturelle.

« Hélas, mes liens me retiennent ici, sans la grâce de votre pardon, Noble Reine. »

Je restai là, tête respectueusement baissée, ne la regardant pas dans les yeux de peur que ça passe pour un affront.


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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Dim 13 Mar 2016 13:53 
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Intervention pour Vadokan Og’Elend


Le Général Hiraën écouta, fasciné, les propos de Vadokan sur son passé, ses passés et les théories qu’il avait formulées à ce sujet. Cependant, lorsque le prisonnier leur demanda s’il possédait ce savoir sur ce qu’il appelait le sang ancien, le Général secoua la tête.

- Je crains n’avoir que bien peu d’informations sur ce sujet, malheureusement, et, si vous n’êtes pas la première Âme Atavique que je rencontre, vous êtes cependant celle qui se souvient le mieux de son passé. C’est fascinant. Habituellement ces passés n’apparaissent que sous la forme de rêves ou, au mieux, de souvenirs flous qui naissent dans l’esprit de ces personnes. Bien souvent, elles ne font que les laisser de côté sans plus y attacher d’intérêt.

« J’ai ouï dire que par certains procédés impliquant un patient en phase de sommeil provoqué artificiellement, il serait possible de faire ressurgir certains souvenirs de façon plus vivace et précise, cependant ce ne sont que des théories que je n’ai jamais pu mettre en œuvre, ne connaissant personne pratiquant ces méthodes d’endormissement que l’on nomme hypnose.

Il fit une pause, comme s’il fouillait dans ses pensées millénaires à la recherche d’éléments se rapprochant de leur sujet. Il semblait excité de cette discussion, du moins autant que peut l’être un esprit si ancien qu’il l’était, c’est-à-dire que son regard s’enflammait d’une étincelle sous le regard perçant de la Reine qui ne semblait rien perdre de cet échange.

- Avez-vous entendu parler des légendes sur les Coureurs des Plaines ? Il est dit que ces êtres, qu’ils soient elfes, hommes, nains, woran, s’attachent à l’esprit d’un animal et que tous deux deviennent deux facettes d’une même pièce, liés dans la vie comme dans leur mort. J’ai bon espoir, si j’en crois mes recherches et si cette légende est vraie, que ces Coureurs des Plaines et leurs créatures sont des Âmes Ataviques.

« Récemment, j’ai entendu parler d’un Coureur des Plaines qui serait apparu sur les terres de Cuilnen, cependant, le temps que ces informations viennent à mes oreilles, cette personne était déjà loin de nos frontières et hors de ma portée. Combien aurai-je aimé lui parler, s’il s’agit bien d’un authentique Coureur des Plaines !

La Reine prit à son tour la parole.

- J’ignore de quelle façon vous pourriez retrouver les pas de votre ancien corps, mais sachez qu’à compter de cet instant, vous êtes libre de vous déplacer à Cuilnen sans être inquiété. Je laisse également votre fille libre, à condition qu’une fois ces notes retrouvées, vous reveniez en discuter avec le Général Hiraën et qu’elle jure de ne plus prendre part à cette contrebande qui m’a été rapportée.

Elle lança un regard appuyé à l’un des gardes qui fit un salut avant de sortir de la pièce, sans aucun doute pour rapporter les propos de la Reine.


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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Jeu 24 Mar 2016 15:01 
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La surprise qui s’éprit de mon âme fut forte, alors que cet elfe, que tout désignait comme une personne hautaine, centrée vers elle-même et ses recherches hermétiques et secrètes à tout impie ou amateur souhaitant s’y intéresser, quelle qu’en soit la raison, écouta mes dires avec une attention non feinte. Je notai l’intérêt notable qu’il avait de m’écouter narrer les exploits de mes vies passées, des rares dont j’avais un souvenir suffisamment précis pour l’évoquer ici sans paraître incongru. Et s’il parut si intéressé par mes paroles, il m’en donna la raison peu de temps après, indiquant sans détour ni honte son propre échec sur ce qu’il nomme les âmes ataviques. Les esprits ancestraux. Le sang ancien. De nombreux noms signifiant la même chose, finalement. Il avoue donc un cruel manque d’informations sur la question, précisant que si je ne suis pas le premier esprit ancien qu’il rencontre, je suis celui qui se souvient le mieux de mes vies antérieures. J’opinai sentencieusement du chef. C’était logique, après tout. N’avait-il pas fallu que je m’interroge longuement sur cette potentialité, lors de mes vies précédentes, pour en acquérir la conscience ? Et seulement alors, fouillant dans les souvenirs perdus au plus profond des abysses de mon âme, j’ai pu me souvenir de certains détails antiques, des visions, très floues dans un premier temps. Des souvenirs qui n’étaient pas ceux de ma chair, mais ceux de mon âme. Et il l’affirmait lui-même : quiconque est frappé de ces souvenirs, de ces rêves troubles sans grande signification, n’y prête guère attention, passant dessus sans plus jamais s’y attarder.

Car voilà, au final, le but de mes recherches : théoriser en un recueil le plus d’éléments possibles sur ces âmes ancestrales, et le vulgariser ensuite pour permettre sa vulgarisation, et, à terme, rassembler sous une même bannière toutes ces essences vitales d’un passé révolu. Reformer les peuples fondateurs dans leur force, leur unicité, leur origine.

L’elfe blanc poursuivit son discours en affirmant connaître un procédé permettant de faire ressurgir certains souvenirs de façon plus nette, plus précise, par le passage par une phase de sommeil artificiel nommée hypnose. S’il semblait persuadé de l’efficacité de la méthode, m’étant totalement inconnue, il affirma néanmoins ne connaître aucun être capable de la mener à bien. Une piste que je notai dans un coin de mon esprit. Une quête ultérieure qui s’ouvrira à moi, avec sa volonté, dans une entreprise commune. Un hinïon œuvrant communément avec un bâtard de shaakt et de garzok. Du jamais vu, en vérité. Le Général Hiraën devait être doté d’une très grande confiance en lui pour ternir aux yeux de son peuple sa réputation de la sorte, besognant avec des êtres vils de nature comme moi.

Hiraën ne semblait guère se soucier de son image : il parlait avec passion, une flamme illuminant son regard avec ferveur et abandon. Il poursuivit son discours en évoquant, cette fois, les légendes de Coureurs des Plaines. D’aussi loin que je pus remonter, je ne me rappelais aucune d’elles, ni même la signification de ces mots. Sans attendre de réponse de ma part, il poursuivit en comblant mes lacunes. Lesdits coureurs semblaient être des personnes liées intimement avec un esprit animal, à tel point qu’ils deviendraient les facettes d’une même pièce, âmes liées dans la vie comme dans l’au-delà. Son hypothèse de travail, liée à la mienne, mais différente en même temps, tenait dans le fait que ces âmes liées seraient elles aussi des âmes ataviques. J’opinai du chef, concentré et sérieux. À côté de moi, ma fille l’était bien moins, insouciante et impatiente, soufflant son ennui et remuant comme pour se défaire de liens qu’elle ne possédait déjà plus. Je lui lançai un regard sévère, qu’elle me renvoya avec bravade. J’avais beau l’avoir convaincue de ma paternité d’alors, je n’étais plus son père, pour elle. Et toute notion d’autorité ou de respect de celle-ci semblait avoir disparu de son être. Une rebelle. Me résolvant à mon échec, et la laissant à son impatience, je reportai le regard sur l’elfe, qui poursuivait son histoire de Coureur des Plaines en invoquant un cas précis, récent, qui aurait erré il y avait peu de temps aux alentours de la cité elfe. Le temps d’apprendre la nouvelle et de s’y intéresser, l’être avait disparu vers d’autres contrées. Le regret de n’avoir pu le rencontrer perlait dans le ton de sa voix, serrée dans sa gorge emplie de remords. J’inclinai la tête avec une expression compatissante, et pris la parole pour lui répondre, sommairement :

« Si d’aventure je rencontre l’un de ces êtres dans mes voyages, sieur, je lui dirai qu’ici, quelqu’un l’attend. »

Une promesse bien évasive, qui ne pouvait cependant être plus précise. Mais l’heure n’était plus aux discours théoriques : la Reine, qui avait assisté en silence, mais avec attention, à tout l’échange, prit la parole à son tour pour résoudre la question, plus triviale certes, mais tellement cruciale, de ma mise en liberté. Accaparant ainsi toute mon attention, ainsi que celle d’Almavendë, subitement sortie de sa torpeur agacée, elle précisa que nous étions désormais libre de nos mouvements, et autorisés à parcourir les sentes et allées de Cuilnen. Une décision presque inattendue, qui me laissa pantois et muet de surprise, le temps qu’elle énonce la condition de cette impromptue libération. Je devais, une fois mes notes retrouvées, revenir trouver Hiraën pour partager avec lui mes écrits. Loin d’être une condition négative, puisqu’il m’honorait de travailler avec un être aussi éclairé que le général, je m’empressai d’opiner du chef, alors qu’elle précisait sa sentence à l’égard de la jeune elfe des bois : la liberté conditionnelle, elle aussi, pourvu qu’elle cesse ses activités de contrebande. Je vis l’ombre du défi parcourir le regard d’Almavendë, mais interrompit toute turbulence inappropriée pour prendre la parole à mon tour.

« Ce sera un honneur pour moi que je faire rapport de mes découvertes au Général Hiraën. Quant à Almavendë, je me porte garant de la non-reprise de son activité illégale : elle m’accompagnera dans mes recherches, à partir de maintenant, afin que je puisse garder un œil sur elle. »

Je m’y attendais : ça ne lui plut pas du tout. Elle me lança un regard noir de reproche alors que la Reine, satisfaite de ma réponse, sans doute, envoyait un garde prévenir ses pairs de cette clémente décision. J’allais, contre toute attente, pouvoir reprendre la route et le cour de mes recherches. Thelhenwen n’était pas connue pour avoir l’indulgence facile. J’avais eu de la chance, cette fois. Pourtant, une ombre restait encore sur le tableau : j’avais beau avoir l’autorisation de la royauté régissant le Royaume d’Anorfain, son peuple n’allait pas être ravi de voir se promener sur ses terres un être comme moi, que tout indiquait comme un ennemi ancestral. À Cuilnen, et dans ses alentours, j’allais être harcelé, insulté, battu, peut-être. Je ne pouvais permettre que ça arrive.

« Votre bonté est grande, ô noble Reine au cœur aussi pur que l’éclat de votre blanche peau. Mais il me reste une humble demande à votre égard, si vous daignez l’écouter. Votre magnanimité sera écoutée des vôtres, j’en suis certain, mais pourrais-je demander un signe, un symbole m’indiquant comme votre serviteur, citoyen libre autorisé à fouler votre terre ancestrale ? »

J’ignorais quelle forme un tel symbole pouvait prendre… Mais qui ne tente rien n’a rien. Et j’espérais m’en sortir avec quelque chose. Des lettres de marque, de recommandation. Une broche m’associant à la royauté d’Anorfaìn, que savais-je, encore, qui me lierait à elle. Soucieux de ne pas abuser de son précieux temps, néanmoins, malgré sa longue vie, je projetai de ne plus m’éterniser en sa présence trop longtemps après cette ultime question.


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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Dim 3 Avr 2016 16:36 
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Intervention pour Vadokan Og’Elend



Hiraën hocha la tête en remerciement aux premières paroles de Vadokan, reconnaissant également l’aspect peu probable quoi qu’espéré d’une telle rencontre.

La Reine observa ensuite l’échange entre le père et la fille, si étrange fût-il, avant d’acquiescer à la demande de Vadokan. Elle fit signe à un garde qui lui apporta ce qui semblait être un petit médaillon représentant la fontaine du blason de Cuilnen couronnée d’une petite étoile.

- Ce symbole est porté par ceux qui ont été reconnus amis des elfes de Cuilnen. Si vous le portez sur vous, les gardes le reconnaîtront comme un présent offert de bon cœur par mon peuple et tous devraient vous laisser dans une relative quiétude. Sachez cependant que vous pourriez malgré tout être considéré avec une méfiance contre laquelle je ne puis rien, car il s’agit d’un présent rarement offert, encore moins aux garzoks mêlés de shaakts, bien que certains de vos pairs des marais s’en soient vu pourvus. Je puis cependant vous assurer que vous serez bien reçu avec ce médaillon à l’Auberge de la Forêt.

- Prenez garde cependant, si vous veniez à proter préjudice au peuple de Cuilnen ou à ne pas tenir la promesse faite à Hiraën et ce médaillon se briserait entre vos mains.

Elle inclina très légèrement la tête envers l’assemblée.

- D’autres tâches m’attendent ailleurs, puissiez-vous trouver la quiétude en cette cité.

Sur ses paroles, elle s’en alla avec sa garde, laissant Hiräen en présence de Vadokan et de sa fille. Il n’avait rien à ajouter, Vadokan était libre de partir s’il le souhaitait.


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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Mer 6 Avr 2016 11:31 
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Nul doute que le général comptait désormais sur mon entière disposition à l’aider dans ses recherches concernant les âmes ataviques, qu’il associa si promptement et naturellement à mes propres recherches du Sang Ancien, avec une spontanéité étonnante pour un hinïon face à ce que d’aucun de son espèce considère comme une sous-race. Une demi sous-race, en l’occurrence, en plus, puisque fruit bâtard de deux espèces décriées pour leurs vilenies rédhibitoires évidentes. Du racisme, rien de plus, bien entendu, car à l’instar des elfes noirs des marais, luttant contre l’autoritarisme totalitaire d’une société matriarcale qui a trop vite cédé à la tentation de se soumettre au protectorat du puissant empire oaxien, je restais persuadé qu’il existait des peuplades orques, des tribus indépendantes, qui ne se soumettaient pas à la guerre unie prônée par la Déesse-Fille que bien trop vénéraient comme un prophète, comme un messie. Amalgames et incompréhensions, voilà ce qui crée la haine du monde, des autres. Impossible cependant de l’expliquer à ceux qui, n’en ayant pas déjà conscience, en sont les victimes participatives, qu’importe leur degré d’investissement dans ce nationalisme patenté. Mais pas lui. Cet elfe passa sans peine au-dessus des strictes barrières de sa société élitiste pour accorder tout crédit à mes propos, y reconnaissant une logique de recherche imparable, et intéressante. La recherche dépassant les frontières socialement établies, les camps et les mœurs. Un idéal à relever, indéniablement, bien que le constat de sa rareté soit pertinent, et dommageable.

La Reine aussi, son absolue majesté au teint d’aube hivernale, fit preuve de cette compréhension, et accepta ma dernière requête. Tirant de sa poche un médaillon, elle me le remit et je m’inclinai platement devant elle en signe de reconnaissance, tout en portant les yeux sur son précieux présent : un bijou de fort bonne facture, dont la magie vibrait sous mes doigts. Il représentait, symbole universellement compris, la fontaine dorée du blason de la capitale d’Anorfain. Pureté et renouvellement, éternel recommencement. J’espérais que ces signes fussent de bons augures pour moi. La noble dame indiqua, en me le remettant, et cependant que je restai incliné en une révérence polie, de rester prudent face à ce présent. Car s’il me permettait de fouler sans complexe ni crainte de poursuite de la soldatesque elfique les terres d’Anorfaìn, je n’en restais pas moins moi-même, et donc mal perçu des pairs moins compréhensifs de cette auguste majesté. La méfiance se dresserait sur mon chemin, lorsque je parcourrais les sentes boisées de cette cité forestière. D’autant que ledit présent n’était pas une commune mesure. Et pour cela, je m’inclinai à nouveau devant la Reine.

À nouveau, cependant, elle me mit en garde sur les préjudices que je pourrais causer au peuple elfe. Elle précisa que le médaillon, subtilement enchanté, se détruirait de lui-même devant une telle infamie. Une pureté que le symbole fontainier ne pourrait supporter.

« Je saurai me souvenir de vos recommandations, ma Reine. Il va sans dire que ma reconnaissance éternelle vous est acquise, au-delà des frontières de la mort. »

Que dire de plus pour la remercier, que de faire un clin d’œil à ce qui m’a valu sa confiance ? Pressée, néanmoins, elle s’excusa de son départ subit : son rôle officiel reprenait le pas sur cette plaisante parenthèse. Ses devoirs l’appelaient, et elle nous quitta de la plus belle des manières. Le silence resta dans la pièce, le temps qu’elle s’éloigne gracieusement, et lorsqu’elle eut disparu derrière les colonnades feuillues des couloirs balconnés de son Palais, je me tournai vers Hiraën, m’inclinant de plus belle.

« Je n’abuserai pas plus de votre précieux temps, Général. Je réitère une fois encore la promesse de mon concours total dans vos recherches, et celle du rapport que je vous ferai en exclusivité, lorsque je reviendrai du périple qui m’attend, quel qu’il soit. »

Je me relevai et le saluai encore une fois de la tête avant d’à mon tour quitter l’endroit, suivi de l’elfe sylvaine qui autrefois fut ma fille. Silencieuse, je savais qu’une fois le cadre imposé par le palais dilué, elle quémanderait moult explications. Je n’en avais cure, cependant : j’étais libre. Et par ma libération, j’avais également assuré la sienne, couvrant d’un voile pudique ses mauvaises actions.

Oui, j’étais libre. Et désormais, tout pouvait commencer.


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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Mar 31 Mai 2016 20:34 
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Je regardais devant moi, choquée. La jeune fille avait disparu rapidement, en une fraction de seconde. La rue se retrouvait de nouveau déserte, et silencieuse. Ce silence n’était plus oppressant, et je me sentais en sécurité. Je n’avais jamais vraiment pris le temps d’observer ma ville, et je me concentrais, plissant les yeux afin de voir tout Cuilnen. Les pavés, battus depuis des millénaires, me semblaient neufs, et les rues étaient propres. Les elfes étaient très pointilleux sur la propreté. Enfin, j’étais mal placée pour parler. Jusqu’à preuve du contraire, j’en étais une. Mais ce n’était pas le moment de se poser des questions existentielles, sinon je pouvais aller jusqu’à une vérification des parties intimes pour vérifier si j’étais une fille. Un sourire ironique apparut sur mes lèvres. Ce genre de blagues n’était pas ma spécialité, au contraire des blagues de merde dont j’usais et abusais pour me débarrasser de certains nobles trop…encombrants, disons. D’ailleurs, en parlant de nobles…je n’étais pas attendue, moi ? L’horreur passa dans mes yeux.

- « Je suis en retard, bordel !!!!!!! » dis-je en serrant les dents.

Je démarrai un petit sprint en direction du palais. Je suis sûre qu’à défaut d’une punition de la part de la Reine, les sages allaient me punir pour avoir manqué de respect en arrivant en retard. Et une punition des sages n’était pas plus désirable que la punition d’un pervers sadique masochiste, parce que la punition des sages serait pire que la fessée ou le fouet. Enfin, le sadique prendrait plus le fouet comme une récompense. Une image pas très saine passa dans mon esprit. Finalement, l’imagination, ça n’avait pas que du bon. Les maisons passaient devant mes yeux à toute vitesse. Bien rangées, bien en ordre, tout ça tout ça…J’aimais le calme de Cuilnen, mais un peu d’action ne ferait pas de mal. Le palais apparut devant moi, je courus les derniers mètres et entrai en grande trombe. Sauf que je m’écrasai contre…Alto…Magnifique.

- « Pas le temps !!!!!!!!!! Pardon !!! » criai-je en me préparant à partir à toute vitesse.

Enfin, je tentai de me préparer, parce qu’il m’attrapa par le bras, m’empêchant de courir et m’immobilisant.

- « Tu fais quoi là ? Pourquoi tu cours comme une dératée, et à l’intérieur du palais qui plus est ? » me dit-il, d’une voix pleine de mécontentement.

- « Excuse-moi, je ne savais pas que c’était ton palais ! Je suis pressée, ça te va ? Je n’ai pas à te faire un rapport sur mes occupations non plus ! Je dois voir la Reine ! » expliquai-je, très en colère qu’il me retarde.

J’avais parlé trop fort, et visiblement, ça avait attiré un des sages. Qui me cherchait. Merde.

- « Yuélia Al Samanya ! Que faites-vous ! Sa Majesté la Reine est en train de vous attendre ! » cria-t-il.

En règle générale, quand une personne m’appelle par mon nom complet, c’est soit qu’il a du temps à perdre, soit qu’il me respecte, soit qu’il se fout de ma gueule, soit qu’il est très énervé. J’opterais pour la dernière option, je ne sais pas pourquoi…Et qui plus est, il insistait sur le fait qu’elle m’attendait, ou si vous avez besoin de la traduction, qu’il ne savait pas comment je pouvais me permettre de faire attendre la Reine. Il allait commencer à me pomper l’air celui-là.

- « Eh, c’est bien simple, je me suis dit que côtoyer votre incompétence ne m’aiderait pas dans mes tâches, alors je suis venue le plus tard possible. Après tout, quand on est un sage, on a autre chose à faire que d’attendre une personne pour une audience. Vous auriez pu faire passer une autre personne en attendant. Votre sagesse est aussi inexistante que votre utilité, et je pense que je vais en référer à la Reine. » répondis-je, exaspérée.

Ma tirade n’étant pas passée inaperçue, tout le monde se retourna. Bien qu’habitués à mon…sens de la repartie, ou comme les gens mouchés par mes soins le disaient, ma « mauvaise éducation », (ce qui était totalement faux, c’est leur mauvaise éducation qui les poussait à dire ça, ou la rancune de s’être fait humilier) ils me regardaient, impatients de savoir ce que j’allais lui répondre.
Le sage devint rouge, puis vert, puis blanc, bref, un vrai arc-en-ciel. Il se « décida » pour un beau rouge nacré qui lui allait à merveille. De mauvaise humeur, j’enfonçai le couteau dans la plaie.

- « Si je peux me permettre (comme si j'attendais qu'il me le permette), grand sage, cette couleur vous sied à merveille. Afin de ne point faire attendre notre Reine, je m’en vais. Et vous conseille de vous dépêcher, ou je dirai que VOUS m’avez retardée. Et qui plus est, si vous continuez ainsi, VOUS allez être en retard, ce serait dommage ! » ironisai-je, moqueuse, et en insistant bien sur les vous.

Fallait pas m’énerver. Il explosa de rage et s’en alla dans le couloir. Alto se retourna vers moi.

- « Es-tu devenue folle ? Manquer de respect à un sage, c’est risqué ! Tu risques gros ! » demanda-t-il.

- « Toi, la ferme. Suis en retard, de mauvaise humeur, j’ai fait mon cauchemar, et j’ai rencontré une folle, j’ai fait une crise après avoir rencontré cte grognasse de faera, rencontré une autre folle qui m’a fait tomber et ne s’est pas excusée, je suis en retard, et ce grognard de sage m’a mis encore plus en retard que je ne l’étais. Alors ne m’énerve pas. » fulminai-je.

- « Ok, c’est bon, calme-toi. Vas y, et dépêche-toi. » me dit-il d’une voix réconfortante.

Je commençai à courir et atteignit la salle du trône assez rapidement, avec évidemment, une entrée en grande classe. Si par « entrée en grande classe » vous entendez « entrée en trombe », cela va de soi. La Reine était assise sur son trône, et l’assemblée me regardait.
Une entrée en grande classe, comme j’avais l’habitude de faire. Le sage, ou le « Haut Mage » comme j’avais l’habitude de les appeler, que j’avais humilié n’était pas là. Ce n’était pas drôle. Je n’ai pas l’habitude des gens qui ne reviennent pas à la charge. Enfin, aussi, j’avais fauté et manqué de diplomatie. Ce n’était pas avec ça que la Reine allait me nommer officiellement diplomate. Espérons qu’elle me donnera une occasion de me faire pardonner.
Elle me regarda paisiblement et ouvrit la bouche.
Je le sentais pas, là.

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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Ven 10 Juin 2016 22:01 
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Intervention Pour Yuélia


La reine te regardait d'un air sévère.

"Yuélia, tu as été formé à être diplomate... inutile de dire que cela ne semble pas être ta vocation ! Tes multiples éclats ne parlent pas en ta faveur, mais je suis disposée à te donner une mission. La famille Lothandre de Kendra Kâr semble avoir une piste sur la disparition de tes parents. Ils sont disposés à nous faire part de leurs informations contre un accord commercial fructueux. Je te charge de négocier cela. Si le résultat me satisfait, tu pourras intégrer le corps diplomatique. Cela te convient-il ?"

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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Sam 18 Juin 2016 20:46 
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Je regardais la Reine, abasourdie. Hein ? Quoi ? Ah, non, pardon, comment ? Une piste ?

« Votre Majesté, vous savez aussi bien que moi, si ce n’est mieux que moi, que c’est mon rêve d’intégrer le corps diplomatique. Je vous remercie de m’offrir une telle occasion de retrouver mes parents. Cela me convient parfaitement, mais il me semble juste de remarquer que cela fait des années qu’ils auraient pu nous faire part de ses indices, car nous avons fait placarder des avis de recherche dans tout Yuimen. Pourquoi maintenant ? J’ai bien peur que ce ne soit qu’une farce, mais vu la réputation de la famille Lothandre et l’importance de cet accord, j’en doute. Je partirai dès aujourd’hui vers Kendra Kâr, mais malgré ma maîtrise de la magie, j’apprécierais d’avoir une personne pour me protéger, si cela ne vous dérange pas. Je pense qu’Alto serait tout à fait qualifié pour cela. Qu’en pensez-vous votre Majesté ? » déclaré-je.

Et voilà. Comme ça je partirais avec Alto. Je terminais mon laïus quand j’entendis des grattements. Je me préparais à continuer quand…
Attendez. Des grattements.
Des grattements.
Des GRATTEMENTS ?
Je tournai de la tête, mes oreilles frétillantes. Cela venait de la porte. Je n’étais pas stupide, et je n’avais pas d’hallucinations. Donc, quelqu’un nous écoutait. Argh. J’ai horreur des gens qui écoutent aux portes. Et des gens qui m’appellent par mon vrai prénom, mais ça c’est une autre histoire. Je marchai d’un pas léger vers la porte et écoutai. Toujours des grattements. J’ouvris la porte le plus vite possible et vis…la fille de tout à l’heure. Suuuuuuuuuuuuuper.

« Que fais-tu là ? » demandai-je, curieuse, et un peu énervée.

« Viens voir la Reine. » grommelle-t-elle la tête baissée.

« Et c’est comme ça que tu rentres ? » fis-je remarquer.

Elle m’ignora. Une attitude qui donne envie de la gifler. Elle marcha d’un pas tranquille, comme si elle ignorait être en train de transgresser des règles. Ce comportement m’insupportait. La jeune fille se planta, non, se campa devant la Reine. Les bras sur les hanches, attitude provocatrice, poings serrés, tout en elle respirait l’irrespect. Elle leva les yeux sur la Reine qui la regardait d’un air calme, petit sourire en coin.

« Ou est ma mère ! Elle est ici. Ou est ma mère ! » demanda-t-elle.

Le son de sa voix et l’expression de son visage trahissaient la colère, une colère qu’elle s’efforçait de dissimuler. Son ton était calme. Elle avait du cran. Beaucoup de cran. Je souris. Je n’aurais pas fait mieux. La Reine se redressa alors et prit la parole. Je ne l’avais jamais vue faire cela. Normalement, elle aurait puni la personne.
Elle avait fait une chose que jamais je n’aurais faite. Elle transgressait les limites. On allait bien s’entendre elle et moi.
Parce qu’au fond, je pensais aussi que les règles étaient faites pour les transgresser.

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 Sujet du message: Re: Le Palais Royal - Aratmen
MessagePosté: Dim 19 Juin 2016 17:44 
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Intervention Pour Yuélia


Thelhenwen était visiblement mécontente, mais il te semblait voir aussi une lueure d'amusement dans ses yeux :

"Vous tombez à point nommé. Vous accompagnerez Yuélia ici présente. Si tout se passe bien, vous retrouverez la piste de vos parents en même temps qu'elle !"

Puis, à ta demande, elle répondit :

"Tu sera accompagné d'Alto, en effet. Ainsi qu'une escorte de quatre gardes qui te mèneront jusqu'à destination. Les routes ne sont pas sûr en ces temps de guerre..."

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