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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Mar 8 Fév 2011 12:17 
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Ma partenaire semblait dans son élément et cela commençait à m’exaspérer. J’avais le sentiment d’être seule contre deux personnes qui se jouaient de moi et cela, au delà de me fatiguer, m’énerver profondément. Je ne savais pas si la peau blanche pouvait voir la colère luire dans mon regard mais si j’en avait le pouvoir, elle aurait été pulvérisée sur place.

Elle se décida enfin à remuer ses belles fesses attirantes pour se faire l’avocat du diable et essayer d’apaiser les tensions entre moi et cet homme vulgaire et dangereux. Au moins je n’avais plus à expliquer mon lien avec l’enfant. De toute façon que pouvais je lui expliquer. Pulinn m’avait bien fait comprendre que je ne devais rien révéler car le meurtre de mon père était une affaire grave, trop grave pour en parler ici ou là. Elle demanda a Iraldhir où elle pouvait trouver le père de la fillette et elle lui proposa même de nous accompagner. Je décidais de prendre la parole.

"Réfléchis Oryash. Il dit avoir passé sous silence le père de l'enfant. Je te parie que c'est lui le meurtrier que nous cherchons, nous n'avons même pas à bouger de cette pièce. De plus ce filou sait très bien où se trouve le père de l’enfant et crois moi tu n’obtiendra rien de lui. Il est dans une chambre à L'Auberge de Grigwig le Beau, la gorge tranchée."

Je m’approchais du lit et de l’homme et plantais mon regard noir dans celui féroce de l’homme que nous avions trouvé.

"Mieux vaut lui demander si quelqu'un lui a ordonné cet assassinat et pourquoi."

Oryash me fit quand même remarqué que je devais lui en dire plus pour que notre collaboration se passe mieux.

"Tiens maintenant elle veut en savoir plus! Non mais d’où elle sort celle là!"

Je me gardais de faire une remarque pour ne pas attiser la colère de la peau blanche. Elle semblait assez calme et mieux valait pour tous qu’elle le reste.

"Je ne cache rien Oryash et je ne peux guère t’en dire plus. Tu sais aussi bien que moi comment ça fonctionne."

Je reportais mon attention sur l’homme et répétais ma question.

"Alors pourquoi as tu tué le père de la fillette?! Et l'assassinat t'a-t-il été commandité par une tiers personne?! Répond!"

Ma fureur commençait à ressortir....

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Jeu 10 Fév 2011 19:32 
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L’assassin vous regarda toutes les deux avec un air las et blasé… Il laissa échapper un soupir sonore avant de se frotter les tempes, visiblement affecté dans sa patience lors de cette discussion.

« Je viens en effet de vous dire que j’ai assassiné le père de l’enfant. J’ignore pourquoi il a tué lui-même sa progéniture, mais ça m’a facilité la tâche : elle était aussi sur mon contrat… Ce qui signifie, puisqu’il faut énoncer les évidences, que ce meurtre a en effet été commandité par une autre personne, dont mon étique professionnelle m’interdit de vous révéler l’identité. Pour la même raison sans doute que votre amie elfe ne peut nous révéler ce qu’elle sait de cet enfant… Pour ce qui est du motif du meurtre, ma foi, moins j’en sais et mieux je me porte ! »

Il vous avait regardées tour à tour…

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Jeu 10 Fév 2011 22:16 
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Un soupir que n’apprécia pas la peau blanche si bien que son regard ses teinta d’un rouge sombre. Elle quitta le lit où elle était assise et fit quelques pas dans la chambre. Avant de faire à nouveau face à Iraldhir.

Ses yeux croisèrent ceux de l’homme qui expliquait qu’il n’avait que faire de savoir pourquoi l’individu avait tué la gamine. Ce qui lui importait s’était d’avoir rempli son contrat bien que ce dernier ne soit effectué qu’à demi à cause du père de la fillette.

Ainsi donc il avait bel et bien été engagé par une tierce personne pour tuer ces deux là. La question restait de savoir par qui ? Et Iraldhir ne semblait pas vraiment disposé à vouloir en dire plus la dessus.
Peut-être était-il temps à Oryash de se faire un peu plus persuasive.

" Ton étique professionnelle! Tout à un prix et ce n’est pas à toi que je vais apprendre ça, n’est-ce pas? Tout se monnaie, il suffit d’y mettre le prix, tu le sais aussi bien que moi! Alors quel est ton prix ?
Ma patience à des limites Iraldhir !Et bien que j’apprécie tes talents, ce petit jeu commence à me lasser au plus haut point. Donne moi un nom ou je serais contrainte de te l’arracher de grés ou …. de force. "


En cet instant Oryash affichait un visage de marbre, signe qu’elle ne plaisantait pas.

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Sam 12 Fév 2011 10:31 
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Je sentis comme un vent de colère déferler dans la pièce en complément du mien. Je regardais furtivement ma partenaire et vit que les yeux de cette dernière s’étaient teintés d’une aura rouge sombre à faire pâlir n’importe qui. La peau blanche que j’avais rencontré chez Zarnam et qui était arrivé avec les attributs d’un homme et les avait jeté sans vergogne, venait de refaire surface.

"Excellent! Nous voilà deux à vouloir lui faire la peau."

Ma partenaire prit la parole sur un ton qui ne laissait aucune place à la discussion. Elle demanda à Iraldhir quel était son prix pour l’information que l’on voulait. Elle précisa aimer les talents de ce dernier mais que le petit jeu avait assez duré et qu’il était temps qu’il cesse. Je la regardais une fois de plus et à en juger par le regard meurtrier qu’elle lançait à l’assassin, elle était on ne peut plus sérieuse.

Mais mon esprit était resté bloqué sur une phrase dite par cet homme ignoble. Il avait osé se comparer à moi et cela augmentait encore plus ma colère. Je n’étais pas une assassine mais une personne honnête prise dans un conflit que je n’avais pas demandé. Pourquoi ma vie ne pouvait-elle pas être simple. Je décidais aussi de mettre les point sur les i concernant cette outrageuse comparaison.

"Et ne t’avise plus jamais de te comparer à moi espèce d’assassin à la manque! Et crois le bien, nous sommes deux à vouloir t’arracher les informations de grès ou de force!"

Je raffermis mon emprise sur le poignard que j’avais récupéré précédemment pour me donner la force de continuer et d’affronter cet homme infâme.

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Dernière édition par Salymïa le Lun 14 Fév 2011 20:56, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Lun 14 Fév 2011 17:27 
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Le sourire de l’assassin s’effaça sous vos menaces encolérées, et sa mine fut dès lors bien plus sombre, sévère, mystérieuse. Il se tourna vers Oryash, et précisa :

« Nous parlons le même langage, montagnarde. Je peux vous fournir ce nom pour peu que le mien n’apparaisse dans aucune discussion sur la provenance de cette information. Faites votre offre, et je verrai ce qu’elle vaut, en informations… »

Il se tourna alors vers Salymïa, mais s’adressait tant à l’elfe qu’à l’humaine…

« Ne vous avisez plus, par contre, de me menacer. Je pourrais perdre patience, et vous n’auriez plus aucun moyen de récupérer l’information que vous cherchez. »

Son ton était bien plus sec qu’auparavant… De par vos interventions virulentes, le ton de la conversation s’était modifié de lui-même, alors qu’il avait été jusque là assez courtois.

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Jeu 17 Fév 2011 20:26 
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La mine de Iraldhir vira du clair à l'obscure, signe que lui aussi m'aimait pas la tournure que prenait leur petite réunion.
Il se fixa sur Oryash et cette dernière ne le lâcha pas du regard, le jaugeant, le défiant comme tout Phalange de Fenris le ferait en pareil cas.
La peau blanche était comme tous les siens, avide de conquête et volontaire.
Un léger sourire en coin se dessina à la commissure de ses lèvres mais il n'avait rien d'avenant bien au contraire. Il avait quelque chose de carnassier comme si Oryash venait de choisir la proie qui lui servirait de diner.
Iraldhir affirma que tous deux parlaient de la même façon mais le fait qu'il demande qu'elle fasse d'abord une offre ne lui plu pas.

"L'information restera entre nous soit sans crainte. Je n'ai pas pour habitude de balancer mes sources. Et si par malheur elle vient à filtrer, j'étriperais moi même la personne qui aura parlé!"

Son regard se posa un court instant sur Salymiä avant de revenir à Iraldhir.

" Mon prix sera celui que tu fixeras et pas un autre. Je n'ai pas de temps de marchander, alors donne moi ce nom et je ferais en sorte que nul ne sache d'où vient l'information.
De plus tes talents d'assassin peuvent intéresser la personne qui m'envoie. Il paie très bien ,bien plus que tu ne pourrais gagner en un contrat ou en une année. Alors à toi de voir!
Mais décide-toi vite car plus le temps passe et plus tes chances d'obtenir un bon prix s'amenuise.
Quand à mes menaces.... disons que ce n'était qu'une simple mise en garde."


Oryash avait la main posée sur ses griffes et les caressait nonchalamment comme si elles étaient la plus douce des choses qui n'ai jamais existé.

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Sam 26 Fév 2011 17:56 
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La conversation qui se déroulait calmement l’instant d’avant se détériora en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. L’homme perdit son sourire et prit un air sombre qui me glaça le sang. Il s’adressa d’abord à ma coéquipière en lui précisant qu’il pouvait nous révéler l’identité de l’homme que l’on cherchait à la condition que son nom ne soit pas mentionné. Il attendait l’offre de la montagnarde comme il l’avait appelé.

Puis il se tourna vers moi et je me figeais intérieurement. Tout chez cet homme me révulsait. Il était pompeux, arrogant et malhonnête, tout cela se lisait dans son regard, dans sa manière de parler et même dans sa manière de se tenir. Il tenu à insister sur le fait que je ne devais plus le menacer sous peine qu’il perde patiente et que la situation dégénère. Et pour bien appuyer son argument, il s’empressa d’ajouter que si tout venait à dégénérer, nous n’aurions plus aucun moyen de récupérer l’information que l’on désirait tant.

"Espèce de petit salaud!"

Oryash prit les rennes de la négociation en assurant à notre cher Iraldhir que l’information resterait entre nous et qu’elle le vengerait en cas de fuite.

"Ouai...J’ai intérêt à me la boucler moi..."

Pendant un court instant mon regard croisa celui de la peau blanche mais je ne su pas quoi y lire. Attendait-elle quelque chose de moi, ou au contraire préférait-elle que je me taise et que je la laisse mener elle même l’opération? C’était sans doute la chose la plus raisonnable à faire, je n’y connaissais rien en matière de négociation et surtout avec un tueur.

Elle lui dit qu’elle se fixerait à son prix et elle eut même l’audace de l’envoyer auprès de notre employeur. Comment diable cet homme pourrait monter voir Zarnam sans être membre de la guilde? Mais Oryash semblait sûre d’elle et je décidais de garder cette information pour moi.

"Tu ne peux pas nous en vouloir de prendre certaines mesures de sécurité. Tu ferais tout pareil, j’en suis sûre."

Alors que ma partenaire touchait ses armes, j’avais fait un pas en avant pour me placer à la même hauteur qu’Oryash, prête à en découdre si tout tournait mal. Et le pire c’est que tout était de ma faute... Cette histoire me touchait de trop près. J’eus alors de nouveau le flash d’un inconnu assassinant mon cher père. Le désespoir redonna à mes cheveux leur couleur d’origine.

"Tout cela me fatigue..."

Immobile j’attendais le prix d’Iraldhir. Tout comme Oryash.

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Lun 28 Fév 2011 15:49 
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Les traits de l’assassin se détendirent un peu, et il donna son prix, d’une voix sombre qui ne souffrait pas de la moindre hésitation :

« 500 yus, tel est le prix du risque que je cours en vous révélant son nom. Il se nomme Rewolf Grantier, et possède plusieurs propriétés sur Nirtim. Une maison bourgeoise à Bouhen, ainsi qu’un château, dans la région d’Oranan. Si vous le voulez bien, je vais maintenant partir avec votre argent, et disparaitre de vos vies… »

Il se tourna vers Salymïa :

« J’aimerais récupérer ceci, aussi… »

Il pointa son doigt ganté vers l’arme qu’il avait lancée dans les rideaux. Et il conclut en se tournant vers la Phalange.

« Je n’ai aucun employeur, et n’en souhaite pas. Je fixe moi-même les règles du jeu, et je m’en sors très bien comme ça. Mais je vous suis gré de votre invitation, demoiselle… »

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Ven 11 Mar 2011 22:17 
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Bien que l'atmosphère soit extrêmement tendue entre nos trois compères, la pression vint à se relâcher légèrement et Iraldhir finit par accepter la proposition de la peau blanche.
Il fixa un prix élevé quand aux renseignements qu'il avait à vendre et Oryash après quelques secondes de silence acquiesça de la tête.

"Je n'ai qu'une parole Iraldhir ton prix est le mien!"

Et sans autre forme elle prit sa bourse dont elle connaissait le contenu exacte, enleva quelques yus et la lança en direction de l'assassin.

"Voici pour toi. Je trouve dommage qu'une personne comme toi ne souhaite pas faire parti d'un groupe comme le notre. Tu ne sais pas ce que tu perds. Enfin chacun ses choix.
Une chose encore avant que nos routes ne se séparent. Si jamais tu as menti quand aux informations que tu viens de nous fournir, je te traquerais et te ferait la peau. Mais je suis certaine que nous n'en arriverons pas là."


Elle jeta un regard sur Salymïa et lança d'un ton autoritaire...

"Il est temps pour nous de rentrer. Il me semble que tu as un rapport à faire à une certaine personne qui sera plus que ravie de nous revoir"
; dit Oryash avec ironie.

Mais avant de prendre congé Oryash arracha le poignard fiché dans le mur près de Salymïa et le tendit à Iraldhir, un sourire en coin.

"Il est vraie que cette arme t'es fort utile et que tu l'as manie avec brio".

Puis plus suavement ...

"Ce fut un plaisir de collaborer avec toi Iraldhir."

Oryash quitta la pièce laissant Salymïa seule avec l'assassin.

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Sam 12 Mar 2011 09:42 
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Tout d’un coup l’atmosphère devint plus calme, plus détendue. Le poids que je ressentais sur mes épaules ne s’en alla pas pour autant. Je pensais trouver des réponses et tout ce que j’avais obtenu, ou plus juste tout ce que Oryash avait réussi à arracher, était un nom. Selon ce que Zarnam allait me dire, la chasse à l’homme allait continuer et le repos de mon esprit s’éloignait de plus en plus.

Comme à son habitude ma partenaire prit les devants et accepta le prix qu’Irahldir avait fixé. Avant que je n’ai pu faire un geste, Oryash paya la somme du. Pourquoi ce geste de gentillesse envers moi? Cela n’avait aucun sens venant de la peau blanche et malgré la beauté de son attitude je comptais bien la rembourser. Elle avait fait tout le travail et j’en avais honte. Un travail qui me revenait puisque l’affaire me concernait. Elle n’avait pas à payer. Néanmoins elle n’oublia pas de lui préciser qu’elle le retrouverait s’il s’avérait que ce dernier avait menti.

Elle se tourna vers moi pour me dire la chose que je redoutais le plus. Qu’il fallait rentrer à la Maison d’Abandon pour faire un rapport détaillé au maître des lieux, Zarnam. Rien que l’idée de revoir ce personnage me faisait froid dans le dos, mais il le fallait. Et nous devions savoir qui il allait choisir d’envoyer sur les traces de Rewolf Grantier. Quoi qu’il en pense se serait moi. Capable ou pas il fallait que se soit moi, c’était une affaire personnelle!

Elle arracha le poignard du mur, sembla roucouler deux secondes avec son «nouvel» ami avant de sortir de la pièce et de me laisser seule avec cet assassin. Je le regardais avec mépris mais je ne savais pas d’où il venait. Mépris pour cet homme et son travail ignoble ou mépris pour moi même et ma faiblesse connue de tous maintenant. Je quittais la pièce sans le quitter du regard pour rejoindre la peau blanche qui devait déjà avoir quitté le Purgatoire.

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Mar 4 Déc 2012 19:54 
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Le zénith était passé depuis plusieurs heures lorsqu'Alistair trouva ce qu'il cherchait. Un bordel. En fait, ce lieu semblait différent d'une maison close ordinaire. Il s'était renseigné auprès d'une exquise serveuse, qui lui avait appris que les danseuses choisissaient leurs clients à la tombée de la nuit, et non l'inverse. C'était là un luxe que ne se permettait que les lupanars les plus côtés. Mais le voleur ne craignait pas d'être lésé : il avait profité de son excursion en ville pour s'acheter des vêtements de bonne facture et était passé aux bains pour retirer la crasse accumulée ces quelques jours ; il ressemblait maintenant à n'importe quel homme aisé, et c'était sans aucun doute eux que les filles de joie choisissaient. De plus, son physique était nettement plus avantageux que la plupart des gens fortunés de la salle, obèses pour la majorité.

Il passa le reste de la journée à s’enivrer de divers vins très coûteux et à lorgner sur les parties intimes très peu cachées des demoiselles qui s'agitaient devant lui. A la fin de la journée, il ne lui restait guère plus de trois-cents yus, si bien qu'il se demanda subitement combien pouvaient valoir des prostituées de cette ''qualité'' ; elles étaient sans nul doute bien plus chères que les roulures que l'on pouvait croiser dans la plupart des bordels. Il ne s'autorisa alors plus que deux autres verres de vin de moindre qualité – et donc de moindre prix – et attendit patiemment la fin du spectacle en jetant des regards intenses à l'une des filles en particulier. Ses cheveux d'un vert sombre qui lui tomaient jusqu'aux épaules – quand elle s'arrêtait de danser – juraient avec sa peau très blanche et ses yeux d'un bleu presque gris. Son visage fin à l'air fragile comme du verre et son minuscule nez lui donnaient l'air de ne pas avoir plus de quinze ans, mais son corps déjà adulte et sa voix – pourtant aiguë – témoignait d'une vingtaine déjà entamée. Elle avait remarqué l'intensité de ses regards et semblait s'en amuser. De temps à autres, elle lui adressait d'imperceptibles sourires qui ne pouvait que lui être destinés.

Tard dans la soirée, alors qu'Alistair était bien trop ivre pour se soucier de sa faim et que les hommes les moins distingués de la pièce s'étaient endormis dans leur propre vomi, les danses cessèrent et les filles s'approchèrent des clients de leur choix. Chaque fille choisit un homme, certaines ne se privant pas de monter avec de vieux bonhommes à la panse débordante, sûre d'être couvertes d'yus, alors que d'autres préféraient la compagnie de compagnons moins fortunés mais plus agréables à regarder. L'une d'elle s'approcha du voleur avec un sourire charmeur, mais, vérifiant du coin de l’œil que la fille aux cheveux verts ne s'intéressait pas à quelqu'un d'autre, il lui signifia son refus d'un signe de tête qu'elle eu l'air de prendre particulièrement mal. La jeune femme au visage d'ange s'approcha de lui à son tour, mais un bonhomme obèse s'interposa, une bourse à la main. Il la fit cliqueter avec un rictus pervers aux lèvres, mais elle repoussa ses avances tout en subtilisant discrètement un objet qu'Alistair ne pu voir et continua à s'approcher du voleur. Puis, passant un bras autour de sa taille et en plaçant discrètement – mais pas assez pour le tromper, aussi ivre était-il – ce qui semblait être une seconde bourse à sa ceinture, elle fit face à son premier prétendant avec un sourire.


« Vous voyez, Messire, cet homme m'a payé à l'avance, je ne puis donc me désengager. »


Visiblement déçu, l'obèse envoya un regard hargneux à Alistair, qui afficha quant à lui un sourire carnassier, puis s'en alla aussitôt chercher une autre compagne pour la nuit.


« Comment t'appelles-tu ? » la questionna le voleur.
« Comment veux-tu que je m'appelle ? » rétorqua-t-elle doucement à son oreille. « Pour deux-cents yus je peux être celle que tu veux. »

( Deux-cents yus ?! Ca c'est de la catin de luxe. )

« Tu peux t'estimer heureux, » ajouta-t-elle à la vue de son air désappointé. « La bourse de l'autre en comptait au moins le triple. »


Et soudain la solution apparut au voleur. L'aumônière qui était à sa ceinture. Sans doute espérait-elle la récupérer avant même qu'il ne s'aperçoive de sa présence, une fois à l'étage, mais il savait maintenant comment payer sans dépenser un seul yus.


« Très bien, pour deux-cents yus tu seras Émeraude. Je te paierais en haut. »
« Mes cheveux sont trop sombres pour ressembler à de l'émeraude, » fit-elle avec un sourire espiègle. « Mais c'est toi qui choisis. »


Ils montèrent les escaliers derrière les quelques couples retardataires et s'enfermèrent dans une des nombreuses chambres de l'étage. L'intérieur était sombre et tamisé, seulement éclairé par deux bougies posées dans de grands chandeliers ornés d'or reposant de chaque côté du grand lit aux draps immaculés. Au centre de la pièce se trouvait une table basse dont le centre était en verre et les bords en ébène, et en face était entreposé un grand canapé noir. Chaque objet de la pièce devait valoir plus de ce qu'Alistair n'avait jamais eu dans sa vie. C'était certes la maison close la plus onéreuse qu'il lui avait été donné de voir, mais on ne pouvait pas dire qu'ils volaient leurs clients.

Le voleur sentit soudain les doigts agiles de la jeune fille essayer de récupérer la bourse qu'ils avaient eux-même placés là. La jeune femme était très habile, et seule l'expérience et les propres compétences d'Alistair lui permettaient de la sentir. Il la saisit par le poignet avec douceur, arrêtant son geste, et la regarda droit dans les yeux avec un sourire suffisant. Puis, attrapant lui-même l’aumônière de l'obèse :


« Alors tu veux deux-cents yus, c'est ça ? Mais le gros lard t'a déjà payé pour moi, il me semble. Alors on va passer un marché, je te donne tes deux-cents yus directement de sa bourse et je garde le reste. En échange, je promet de ne pas te dénoncer. »


La prostituée déglutit péniblement, angoissée. C'était sûrement la première fois qu'un client ivre parvenait à se rendre compte de ses vols. Après un court instant de réflexion, elle se mordilla les lèvres puis prit la parole.


« On partage la bourse en deux, » proposa-t-elle.


Le voleur la regarda intensément quelques secondes avant de vider le butin au creux de sa main. Cela faisait beaucoup d'argent pour une si petite bourse. Il en remit la moitié dans l'aumônière, qu'il jeta nonchalamment sur la petite table, avant de faire glisser sa part dans sa poche. La transaction terminée, il attira Émeraude contre lui en posant un regard plein d'envie sur elle. Reprenant contenance, la femme lui offrit son sourire le plus charmeur et l'emmena doucement vers le lit. Elle le fit tomber à la renverse dessus et le rejoignit, se tenant à califourchon sur lui. Elle retira la courte robe de soie rouge presque translucide qui lui tenait lieu de seul vêtement et commença à embrasser ardemment son client, mais elle fut vite interrompue par des tambourinements résonnant depuis la porte de la chambre. D'un air à la fois contrarié et inquiet, elle fit signe à Alistair qu'elle revenait. Celui-ci, que l'interruption avait renfrogné, s'allongea au centre du lit, attendant son retour. Il savait qu'elle reviendrait : elle avait laissé son pécule sur place.

Quand elle ouvrit la porte, le gros bonhomme à qui elle avait subtilisé la bourse entra en trombe, la bousculant violemment. Elle tomba à terre au milieu de la pièce, manquant de justesse de se cogner le crâne contre la table basse, une expression effrayée sur le visage. L'obèse s'approcha d'elle en tonitruant des insultes que chaque habitant de la demeure devait aisément pouvoir entendre, puis, levant le poing en l'air, prêt à la frapper, s'exclama :


« Où est mon argent sale catin ?! Y a que toi qui a pu me le prendre ! »


Avant même que le voleur n'ai le temps de réagir, Émeraude passa sa main sous le lit, en sortit un poignard, puis, se relevant si vivement que l'esprit embrumé par le vin d'Alistair fut pris de vertige, plaça l'arme sous la gorge de son agresseur, comme pour le menacer. Mais le riche obèse, visiblement plus saoul encore que le voleur, s'avança en même temps, s'enfonçant la lame dans le cou. Du sang gicla quelque peu sur le visage et la poitrine nue de la jeune fille, qui, soudain horrifiée par son geste, lâcha le couteau et recula gauchement, manquant de tomber à nouveau en trébuchant contre le meuble. Le voleur se redressa vivement, se concentrant pour dissiper les effets de l'alcool, retira son pardessus gris et le plaça sur les épaules de la prostituée, couvrant sa nudité. Il essuya le sang avec la manche de sa tunique, la tira par le bras en prenant néanmoins le temps de récupérer la dernière bourse de l'obèse – qui gisait maintenant sur le sol en poussant ses derniers râles d'agonie – et sortit en trombe de la chambrée. Personne ne semblait particulièrement curieux de savoir ce qui pouvait bien se passer, car le couloir était totalement vide. Sans doute étaient-ils trop occupés à assouvir leurs bas-instincts pour s'intéresser à eux, et Alistair les en remercia. Il descendit vivement les marches, suivit par une Émeraude toujours aussi choquée par son propre geste, et quitta l'établissement sans demander son reste.

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Ven 4 Juil 2014 11:43 
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Esmé se tient très droite, très digne – très elle tout compte fait – sur l’un des fauteuils moelleux, tout de velours tapissés, du « bureau » d’Ivan Lomet, propriétaire du Purgatoire, établissement discret d’aspect mais renommé pour qui sait les plaisirs qu’on y trouve. Le plaisir n’est pas franchement ce qui a amené la sorcière dans cette maison, ce sont les affaires qui ont guidé ses pas. Son travail exige de la rigueur, du calme, beaucoup de concentration, aussi a-t-elle obtenu du propriétaire de l’endroit qu’il envoie glousser ailleurs ses poulettes aux tenues affriolantes, si tant est qu’on puisse appeler « tenues » les voiles et autres pièces minuscules de cuir et de tissu qui ornementent leurs corps plus qu’ils ne les couvrent.

« Vous fumez, madame Esmé ? » demande l’homme en allumant une pipe d’écume finement sculptée, figurant une femme nue lascivement allongée, dont le fourneau se trouve être une partie de son anatomie que l’on n’imagine pas destiné à cet usage.

« Non. Quand je vois l’état du conduit de ma cheminée, cela me dissuade d’essayer. Je ne dirai pas non à une tasse de thé. »

« Vous ne voulez pas quelque chose d’un peu plus fort ? » et Ivan Lomet appuie sa proposition d’un clin d’œil ; il a atteint un âge mûr, et se réconforte dans les bras de femmes bien plus jeunes que lui, à la taille faite au tour, aux hanches pleines, aux seins lourds et fermes, car ce sont là ses goûts : mais quelque chose dans la tenue sévère et absolument couvrante d’Esmé, dans l’attitude distante de la femme, dans son caractère d’acier, l’intrigue. Il n’est pas excité par cette femme qui lui fait face, c’est bien ce qui l’ennuie : l’excitation, il sait comment la traiter, quelques servantes la feront bien passer de leurs attentions câlines, mais l’attirance étrange que suscite chez lui la sorcière lui est complètement inconnue. Ce n’est pas de l’amour, ça non, il en est certain ; il a été amoureux autrefois, et ne souhaite pas recommencer, il se méfie de ce sentiment comme de la vérole. Pourtant, c’est assez tenace pour qu’il apprécie les visites de cette femme mystérieuse et dangereuse, et qu’il se plie à ses quelques caprices. La première fois qu’elle a demandé du thé, il s’est arrangé pour lui trouver un mélange capiteux, parfumé d’épices, de fleurs et de fruits, un peu plus que légèrement aphrodisiaque : elle s’est contenté de renifler le liquide avec une moue de dédain, puis son visage reprit son immobilité marmoréenne, et elle tint la tasse tout au long de l’échange, sans pour autant en boire une gorgée. Lors de son deuxième passage, un thé noir attendait, et elle but celui-ci sans faire le moindre commentaire, ni même exprimer un quelconque remerciement.

« Le thé me convient parfaitement », la réponse fuse comme un trait de glace, ne souffre aucun commentaire, aucune insistance. D’un claquement de main, l’hôte convoque une hôtesse, à qui il donne ses ordres ; quelques minutes plus tard, le thé est servi. Esmé n’aime guère le service : si l’excellente porcelaine d’Oranan ne lui pose aucun problème, il n’en va pas de même des corps enlacés et imbriqués peints sur celle-ci, car elle répugne à poser ses lèvres sur des fesses, qu’elles soient d’hommes ou de femmes, ou d’autres parties intimes du corps humain, quand bien-même ne s’agit-il que d’images. Alors, elle boit, portant à sa bouche un coin de la tasse vierge de toute démonstration érotique, à petites gorgées.

« Vous savez, vos services me sont précieux. Sans vos soins, je perdrais sans doute des femmes de qualité, des pouliches qui me rapportent particulièrement gros : c’est bien pour cela qu’elles sont grosses d’ailleurs, à force de se faire monter. Enfin… Au moins ne les voilà plus la cible de ces charlatans, de leurs mixtures infectes et de leurs aiguilles empoisonnées. Vous procédez avec bien plus de douceur… Pas une infection, pas une malade, pas une morte. Vous ne demandez pas beaucoup pour les services que vous rendez. »

« Je demande un prix, le prix. »

« Vous seriez disposée à me fournir… exclusivement ces services, si j’augmente le prix en conséquence ? »

« Exclusivement ? »

« Il y a sans doute d’autres concurrents qui requièrent vos services ; oh ! je ne vous demande pas de nom, je me doute que vous avez un sens aigu du secret, mais je me dis que s’ils doivent recourir aux pratiques habituelles pour éviter les grossesses, cela ne peut que leur nuire, quand mes femmes sont en bonne santé et prêtes à satisfaire les désirs des clients en tout temps. »

« Il n’y a pas que les bordels et les prostituées en ville et aux alentours. » rétorque Esmé, qui perçoit une fin toute autre à la proposition que celle d’une mise à mal de la concurrence.

« C’est vrai. Disons que beaucoup de familles, et des plus riches, ne souhaitent pas voir naître un enfant, surtout s’il est conçu dans des circonstances… douteuses. Un monopole de votre pouvoir, et de votre efficacité, nous serait à tous deux profitable : vous auriez ma protection, et une bonne part des revenus que génèrerait notre petit accord. » Une lueur de cupidité luit dans les yeux du gérant du bordel tandis qu’il visualise les revenus de son plan à mesure qu’il l’expose. Et puis il aurait près de lui Esmé, cette femme étrange qui suscite chez lui des états qu’il ne se connaissait pas.

(Nous y voilà… C’est bien ce que j’avais vu, dans tes yeux, ce que j’avais entendu dans tes mots… De l’argent, beaucoup d’argent, et du pouvoir… Les riches, les femmes lassées de leurs maris, ou ces derniers ayant engrossé une maîtresse, ceux là pourront payer les tarifs imposés par Ivan, mais les autres ? Ces femmes désespérées, subissant les assauts de leurs hommes, qui savent qu’un autre chiard risque de les achever, qu’elles ne pourront pas nourrir une bouche en plus… Celles-là pourront-elles payer ? Non. Les tarifs d’Ivan ne sont pas faits pour des gens du commun. Et ‘Man Grenotte a toujours répété qu’une sorcière, c’est une sorcière pour tous : pour elle, il n’y a pas de roi, pas de pauvre, pas de riche, pas de puissant, pas de noble, pas de roturier, pas d’innocent, pas de criminel, il n’y a que des êtres vivants, et chacun doit être jugé également, suivant ses actes et ses mots, par la sorcière et non par la foule, la rumeur, la communauté ou les dieux.)

« Non. »

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Dim 6 Juil 2014 15:25 
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« C’est du feu de dragon que vous distillez ! Comment pensez-vous faire boire cela à quelqu’un qui n’ait pas envie de mourir ? »

« Ou vous buvez, ou vous mourez, choisissez, mais ne me faites pas perdre mon temps. Et ne gaspillez pas ça, la moitié des plantes nécessaires à la composition de cet alcool ne poussent pas sur ce continent. »

Tant bien que mal, l’homme avala le gobelet complet puis partit dans une quinte de toux à lui arracher les poumons du torse. Esmé devait reconnaître que ce qu’elle lui avait servi relevait du pire tord-boyau qu’on ne servait que dans les arrières salles enfumées des tavernes où s’échouent les débris humains trop imbibés d’alcool pour se contenter de ce que l’on sert au commun des mortels ; en sus du titre élevé du liquide, il y avait les plantes particulièrement infectes infusées ou distillées. Pour la sorcière, on ne jugeait pas du remède à son goût mais à son efficacité. Elle laissa un seau d’eau au malade pour qu’il ne se déshydrate pas, et lui souhaita bon courage avant de se préparer à s’en aller nuitamment vers Tulorim.




« Je vous manquais tant pour que vous reveniez si vite me voir ? » la taquine Ivan Lomet.

« Trêve de plaisanteries. Je suis là à cause du cadavre ambulant que vous m’avez envoyé. Ce dont j’ai besoin pour le soigner ne se trouve pas dans la région, sauf au temple de Gaïa. Et je n’y suis pas la bienvenue. Etes-vous disposé à m’aider ? »

« Eh bien… » l’air faussement pensif du propriétaire du Purgatoire ne laisse pas présager un secours inconditionnel, ce que confirme la suite de ses propos : « si vous êtes prêtes à reconsidérer ma dernière proposition, et à lui apporter une réponse favorable, je pourrais sans doute vous aider. »

« Eh bien voilà qui règle la question, il mourra. »

« Je pourrai laisser entendre que vous y êtes pour quelque chose dans cette mort » tente Ivan, déstabilisé par l’aplomb de la sorcière face à la perspective de se retrouver avec un cadavre sur les bras. « Vous avez tout intérêt à accepter mon offre. »

« Vous croyez que j’ai peur de vous, Ivan Lomet ? Vous n’êtes pas complètement idiot je crois. Vous sacrifieriez les talents pour lesquels vous êtes prêt à payer ? »

« Plutôt que de les voir profiter à d’autres, oui, pourquoi pas. Nul n’est irremplaçable. »

« Attention à qui vous menacez, Lomet. » La voix d’Esmé est également un nectar de menaces sourdes. « Je ne suis pas une de vos poules. Je ne suis pas un de vos clients qui tarde à payer son ardoise. Je ne suis pas un de vos hommes de main. Je suis autrement plus dangereuse. »

« Est-ce une menace ? »

« Oui. »

Deux regards s’affrontent, et à travers eux deux volontés. Ivan Lomet sait qu’à un seul de ses ordres quatre de ses sbires entreront dans la pièce, des brutes armées jusqu’aux dents, et n’ayant aucun scrupule à écorcher vif un importun, quelque soit son sexe, quelque soit son âge ; il sait également que Esmé sait cela, et l’assurance de la sorcière le met profondément mal à l’aise. Sous son crâne les pensées s’enchaînent comme les perles le long d’un collier, et composent un motif inquiétant : si la sorcière menace en toute connaissance de cause, sans doute est-elle capable de triompher de la situation inconfortable dans laquelle elle se trouve, et ce sera alors sur le tenancier que les ennuis tomberont comme une nuée de sauterelles affamées sur des récoltes. Pendant qu’il calcule, hésite, tergiverse, déglutit et qu’une fine pellicule de transpiration commence à couvrir son front et sa nuque, Esmé attend ; elle ne réfléchit pas : elle sait qu’elle est dans son bon droit, qu’elle ne baissera pas les yeux, et que les hommes comme Ivan Lomet sont pareils aux fauves qui dévorent ceux chez qui ils décèlent le doute. Au bout de deux longues minutes de silence, les yeux du tenancier commence à le démanger, une perle de sueur à roulé jusqu’au coin de l’un d’entre eux et l’eau salée l’irrite : il bat des paupières, s’essuie du revers d’une manche et prend conscience qu’il a cédé. Son corps n’a fait qu’écho aux décisions qu’il s’apprêtait à prendre, les précipitant.

« Nous avons toujours travaillé en bonne intelligence, il serait dommage pour nous de mettre fin à ce partenariat. J’ai une dette envers Byron, c’est pourquoi je vous l’ai envoyé ; cette dette inclut jusqu’à sa guérison je crois, alors je vous procurerai ce dont vous avez besoin. »

« Vous êtes un homme doué de bon sens, c’est une grande qualité. »

« De quoi avez-vous besoin ? »

« Des feuilles de Cheveux de Gaïa. Vous voyez de quel arbre il s’agit ? Oui ? Très bien. Autant que faire se peut. »

« Eh bien… Je pense que je trouverai cela. Un peu après l’aube cependant. Voulez-vous attendre ici en ma compagnie ? »

« Non. J’irai me promener en ville. J’ai des gens à voir. »

« La ville n’est guère sure à cette heure. On vous agresserait et vous volerait pour un quignon de pain. »

« Vous croyez ? »

A la réflexion, il ne croit pas.

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 Sujet du message: Re: Le Purgatoire
MessagePosté: Sam 26 Juil 2014 21:29 
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De retour de chez Manznar, Esmé s’est directement rendue au lupanar d’Ivan Lomet. L’homme est occupé, mais une des femmes chargée de servir les hommes présents dans la salle à cette heure avancée de la nuit – presque le matin – accepte de mettre de l’eau à chauffer pour les préparer un thé. Les clients ne sont guère à l’aise, Esmé le voit lorsqu’elle leur décoche des regards scrutateurs, marquant leur physionomie dans son esprit pour un usage prochain : il est toujours bon de savoir qui fréquente un bordel, surtout si on découvre qu’il est marié, et que sa femme ignore ce léger penchant de son mari pour la fréquentation d’entrecuisses étrangères. Ces bons bourgeois, ces bourses pleines de yus s’empressent de glisser quelques pièces dans les mains habiles des jeunes femmes qui les accompagnent, pour les rémunérer de leur agréable compagnie ou au contraire les inviter à poursuivre leurs entretiens courtois dans une des chambres de l’étage ; en tout cas, ils ne veulent pas rester dans le champ de vision de cette femme austère qui les met mal à l’aise : ne sont-ils pas là pour leur plaisir ? Celui-ci est gâché par ces yeux qui ont des faux airs de conscience. Esmé ne se formalise guère de l’effet qu’elle provoque, ni même de la réaction qu’aura Ivan en la trouvant dans son commerce, lui qui veille systématiquement à la faire passer par une petite porte dérobée menant directement à son bureau. Ne pousse-t-elle pas à la consommation ? Car ils sont plus nombreux à être montés qu’à être sortis.

Alors qu’elle sirote sa deuxième tasse de thé, plongée dans des pensées hermétiques au commun des mortels, Ivan pointe le bout de son nez, visiblement agacé de trouver sa salle quasiment déserte. Entre ses mains un sac de tissu dont dépasse une branche fine arborant les feuilles si caractéristiques des Cheveux de Gaïa.

« Voilà ce que vous m’avez demandé. Maintenant je ne crois pas que vous ayez une raison de vous attarder. »

« Non, je ne crois pas. Combien vous dois-je ? »

« Rien. Partez et soignez Byron, et nous serons quitte. Mais ne croyez pas que j’oublierai vos menaces. »

« Moi j’oublierai les vôtres. Si une de vos filles a besoin de mes services, je serai là. Au revoir Ivan. »

« Au revoir madame Esmé. »

Au fond de lui, quelque part dans cette âme soigneusement noircie et rendue insensible aux choses de la vie par son propriétaire, Ivan Lomet regrette que la sorcière ne reste pas un peu plus. Il aimerait prendre une tasse du thé noir infecte qu’elle boit, se forcer à l’ingurgiter en sa compagnie, pour lui agréer. Et puis aussi vite qu’elle s’est allumée cette étincelle s’éteint, son esprit retourne à la nouvelle pucelle qu’il a acquise et l’éducation dont il doit se charger. Cette perspective fait monter un sourire gourmand à ses lèvres, dont il peut se féliciter qu’Esmé ne l’ait pas aperçu. Elle est déjà partie pour regagner sa chaumière.

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