Le lutillon n'avait pas vraiment fait attention où il allait se réfugier, étant donné qu'il avait mis plus de temps qu'il ne le pensait au départ pour attraper cette maudite carotte que son estomac réclamait tant. Les portes du bâtiment avaient été ouvertes, sûrement quelqu'un qui avait oublié de les fermer. Quoi qu'il en soit, Selavus était rentré dedans sans réfléchir. En même temps, c'était soit ça, soit se faire attraper la main dans le sac et se faire embarquer pour vol. Lui en prison ? Arg, le voilà qui pensait a des choses assez éloquent, avec un garçon et une cellule.... Ce n'était pas le moment d'avoir ce genre de pensée ! Il en avait suffisamment la nuit !
À l'intérieur, Selavus s'était pris les pieds dans un tapis imaginaire, se croûtant a terre en un temps éclair. Son Sceptre des Ombres s'était séparé de sa main droite, roulant plus loin dans un petit bruit de 'clap' tandis que sa carotte restait dans sa main gauche. Le visage contre le sol, le lutillon avait fait une grimace. C'était qu'une petite chute, mais cela faisait mal. Il était sensible a ce genre de chose. Ce n'était qu'un gamin et les larmes avaient commencé à venir lui piquer les yeux. Mais il s'était repris ! Il avait vécu bien pire chez lui. À ce souvenir, un désagréable frisson lui avait parcouru l'échine.
Prenant une grande respiration, le lutin de vingt centimètres s'était relevé, frottant - juste pour la forme - ses habits. Le blanc se salissait vite, mais par chance, s'était son manteau qui prenait tous les dégâts quand il tombait. Son ventre avait tôt fait de lui réclamer un dû, chose que le petit lutin avait exhaussé en croquant dans la carotte tandis que ses yeux cherchait son Sceptre des Ombres.
(Ah le voilà !)Priant Zewen de ne pas être cruel avec lui, il espérait que son arme n'avait pas de dommage. Cette dernière était au pied d'un grand truc, vraiment très grand pour le lutin. Selavus ne faisait que regarder son Sceptre des Ombres, rien d'autre. Arrivé là où avait échoué l'objet, il s'était baissé a terre, récupérant son artefact magique avec délicatesse, l'observant sous toutes ses coutures en espérant qu'il n'était pas abîmé. Comme pris par un pressentiment qui lui disait qu'il ne devait pas être là, il avait levé la tête vers l'objet imposant qui lui faisait face. Petit a petit, ses yeux montaient plus haut, découvrant ce qu'il avait en face de lui. La statue était tellement grande que le lutillon était tombé sur son postérieur alors qu'il regardait la tête de la représentation.
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- Gaïa ?>>
Le cœur battant la chamade, la bouche entre-ouverte, il était comme paralysé. Il était dans le temple de Gaïa. Par Phaitos, que foutait-il là ? Il était une ombre dans le temple de la lumière. Il devait partir de là, mais il ne pouvait pas. Non. Sans qu'il puisse faire quoi que ce soit, un souvenir était remonté des profondeurs de sa mémoire.
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<<- Tu dois prier Gaïa ! Et non cette aberration !>>
La voix de son père avait résonné dans la pièce silencieuse de tout commentaire. Selavus ne comprenait pas pourquoi il n'était pas libre de prier le dieu qu'il souhaitait. Il avait le droit de prier Phaitos et Thimoros ! Ce n'était pas à eux de décidé ce qu'il avait le droit de faire et de ne pas faire. Le lutillon de quinze ans avait regardé sa mère qui se faisait toute petite dans un coin de la pièce, mais elle avait l'air du même avis que son père. Son grand-frère, le traître qui l'avait emmené là, avait une posture hautaine. Comme s'il s'amusait de la situation. Ce n'était pas l'amour fraternel entre les deux, puisque Selavus était bien trop différent. Sa voix s'était faite tremblante, parce que son père l’impressionnait.
<<- Non hors de questions. Je suis un fidèle de Thimoros et de Phaitos ! Mes fluides magiques sont sombres, c'est comme ça.>>
Furieux, son paternel lui avait asséné une claque sur sa joue gauche. Au coup, la tête de Selavus avait tourné sur la droite, tandis que les larmes lui piquaient les yeux, menaçant de tomber. Le lutillon n'avait pas eu le temps de comprendre ce qui se passait que son père l'avait empoigné par son bras, le projetant comme le mur de la pièce. Le gamin avait gémi de douleur tandis qu'il pleurait. Puis les coups s'étaient mit à pleuvoir, amenant douleur morale et physique.• • • • • • • • • • • •
Revenant avec difficulté au présent, Selavus s'était rendu compte qu'il pleurait et qu'il était parcouru de quelques tremblements. Le lutillon avait délaissé sa carotte entamé a terre, se frottant les yeux, d'un air rageur pour chasser les larmes. Mais une fois débarrassé, ses yeux, ne voyant plus floue, s'étaient de nouveau posé sur la statue de Gaïa. C'était limite s'il ne pleurait pas une nouvelle fois. Pourquoi était-il sensible ? Lui qui faisait du mal aux gens parce qu’il trouvait cela drôle ? Tout simplement parce que le passé n'était pas si loin que cela derrière lui. Et que cette situation avait duré cinq ans et c'était dure d'oublier ou de ne plus y penser. Il n'avait pas encore fait un trait sur ce qui lui était arrivé. Les marques physiques étaient peut-être partit, pour la plupart, mais son âme restait meurtri.
Comme un lâche, il s'était enfuit, n'ayant pas eu de vengeance. Pourrait-il se venger un jour ? Oui, c'était une bonne idée. Soudain, il y avait eu un déclic dans son esprit. Un déclic qui lui avait fait comprendre qu'il pouvait faire quelque chose tout de suite dans l'optique de se sentir mieux. Le lutillon avait repris sa carotte, la mangeant tranquillement tandis que ses yeux parcouraient le temple a la recherche d'un être vivant. Un petit sourire avait fendu ses traits en remarquant qu'il n'y avait personne.
Sa nourriture terminée, il s'était levé en trucidant d'un regard la statue. Sans crier gare, il s'était lancé sur la statue, poussant cette dernière avec le plus de force possible.
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- Mais qu'est-ce que j'essaye de faire ?>>
Il avait vraiment cru pouvoir la bouger ? Lui qui mesurait vingt centimètres ? Non, c'était juste une réaction automatique. Rougissant d'embarras d'avoir essayé de faire tomber la statue, il s'était tapé le front avec sa main gauche tandis qu'il tapait du pied le sol, impatient. Tripotant la pointe de son chapeau blanc, il bougonnait dans sa barbe inexistante des malédictions imager a la rencontre des géants qui faisaient des statues encore plus grandes qu'eux. C'était à ne rien comprendre. Il s'était rapproché de la représentation de Gaïa, tapant dessus d'un air furibond avec le bout inférieur de son Sceptre des Ombres, les deux mains refermé sur son artefact.
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- Prend ça déesse stupide ! Saleté de débilapin !>>
Il ne faisait pas vraiment de dégâts remarquable, mais cela lui faisait un bien fou !