Je restais cloué au lit pendant plusieurs jours, certaines personnes venaient me voir, notamment Méta qui se sentait un peu sous le choc et honteux de ne pas avoir su anticiper les effets de la magie. Mais, je ne lui en voulais pas, j'avais vécu des événements bien plus horribles et ce n'était pas quelques maux qui me feraient changer mes sentiments à l'encontre de cet aimable jeune shaman. Durant ces quelques jours, je fus assommé à grands coups de potions magiques au goût infâme;il n'y avait pas à dire les druides de ce temple n'étaient pas vraiment habitués à donner des saveurs intéressantes à leurs breuvages. Peut-être devrais-je leur en toucher un mot ou deux ? Bah ! Ils s'en moquaient de toute façon, cela faisait des siècles qu'ils devaient utiliser les mêmes recettes ce n'était pas un apprenti tel que moi qui réussirait à leur faire changer leur ligne de conduite.
Enfin, vint le jour où ils me laissèrent sortir de ma chambre pour retourner à mes occupations et à mon entraînement. Méta semblait m'éviter alors qu'il aurait très bien pu venir me voir comme s'il ne s'était rien passé, d'ailleurs c'était un peu comme ça que je le ressentais au fond de mon cœur. Mais, j'avais autre chose à faire, bien plus intéressant ! Tout d'abord, il me fallait absorber les quelques fluides que je possédais déjà, puis tenter de me changer en animal comme les prêtres me l'avaient expliqué. Cette faculté m'effrayait un peu, je devais bien l'avouer, craignant de ne pas pouvoir redevenir l'elfe que j'étais. Néanmoins, tout ceci pourrait m'être d'un grand secours à l'avenir ce qui me motiva pour m'y exercer dès aujourd'hui. Les maux qui lancinaient encore mon âme sanguinolente s'apaisaient au fur et à mesure des jours, mais je ne devais pas oublier ce que j'avais vu, ces morts et ces démons qui s'en étaient pris à moi et à mes compagnons. Non ! Il me fallait réagir et partir à leur rencontre afin de briser ces créatures malsaines.
(Je ne vois pas bien en quoi me transformer en chat pourra m'être utile, mais qui sait ?)
Je sortis donc à l'extérieur, enfin prêt à faire ressortir l'âme animale qui faisait partie de mon être. Santias vint à ma rencontre, heureux tout comme moi de me retrouver. Ces quelques jours passés en mon absence lui avaient fait un bien fou ! Son poil était luisant et épais et il avait bien entendu récupéré de ses blessures. Non, il était en pleine forme et je me mis à le câliner pendant un certain temps, profitant de ce moment d'amour en sa présence réconfortante. Puis, je me mis à vagabonder dans le jardin aux fragrances succulentes, laissant mon esprit planer au dessus de mon être. La sensation était vivifiante, reposante, je ne pensais plus à toute cette obscurité qui jonchait ce monde, mais bien plus à ma personne égoïstement. Je n'étais certes pas parfait, mais mes parents ne m'avaient pas élevé dans cette optique et j'eus pendant quelques minutes honte de ressentir ce genre d'émotions. Mais, plus le temps passait, plus je me disais que cela n'importait plus vraiment étant donné que j'étais seul dans mon aventure.
Je m'assis alors un instant entre deux étranges plantes tropicales aux feuilles gigantesques qui n'avaient aucunement leur place dans ce jardin au climat tempéré. Les druides avaient dû trouver un moyen de les conserver face aux assauts du froid. Ces personnes étaient bien plus intelligentes que je ne l'aurais cru ! Il faisait beau, c'était une journée parfaite pour essayer de comprendre les nouveaux pouvoirs que j'avais acquis récemment. Je me concentrai faisant appel aux fluides que j'avais absorbé, cherchant au fond de moi le moyen de métamorphoser ma personne. J'allais sans doute avoir des problèmes mais cela ne m'importait guère, c'était en faisant des bêtises que l'on apprenait le mieux de ses erreurs. Je projetai alors mon esprit dans mon petit monde shamanique où les fluides régnaient en maître, où ils avaient construit l'entièreté de ce lieu. D'ailleurs, j'allais devoir continuer à le faire croître, des nouvelles fioles étaient encore dans mon sac prêtes à me conférer de nouveaux pouvoirs. Mais ce n'était pas l'heure de penser à cela, pour l'instant, je devais tout faire pour réussir cette étrange transformation.
Lorsque je me trouvais dans le monde spirituel, tout était différent, j'étais déjà sous forme de chat. Cependant, je n'étais pas dans le monde réel, mais dans une partie de mon esprit où tout n'était qu'une création de ma part. Une création certes, mais dans laquelle Méta avait pu m'accompagner. Tout ceci était tellement étrange que je ne savais vraiment par où commencer. J'étais assis, ma queue enroulée sur mes pattes essayant de découvrir les mystères de cette magie qui ne pouvait être plus maligne que moi. Peut-être que je devais justement rompre les barrières de ce monde fictif pour le projeter dans la réalité ? Ce devait sans doute être la clef du problème... Donc, il me fallait m'extraire de cette coquille afin de regagner le monde réel sous une autre forme.
(Ce n'est vraiment pas gagné, je le sens déjà venir...)
Bref ! Comment faire exploser ce réservoir fluidique pour me changer en matou ? Tout le problème résidait dans cette question... Je passai ma langue sur mes babines, réfléchissant avec tous les moyens dont pouvait le faire un chat. Je sentais la magie affluer de toutes les plantes, de tous les animaux, de la terre même qui me permettait de ne pas pédaler dans la choucroute avec mes papattes. Mais, j'allais devoir les utiliser pour façonner une nouvelle apparence chose que je n'avais encore jamais faite pour l'instant. Les doutes m'emplirent, me laissant dans un lac d'interrogations que je n'étais pas sûr de pouvoir résoudre moi-même. Je n'étais cependant pas débile et disposais d'une certaine intelligence dont j'étais en mesure d'employer pour mon propre compte. Je me relevai alors sur mes pattes, tournant en rond comme si cette attitude m'aidait à me concentrer.
Au bout d'un certain temps, je finis par avoir une idée, une ombre de solution dans la nuit qui entourait ma compréhension... J'essayais de me transformer en une sorte de catalyseur qui allait devoir emmagasiner la totalité des fluides pour la renvoyer contre les murs de cet univers parallèle. Les insectes faisaient quelques bruits autour de moi, n'ayant pour l'instant pas encore l'énergie suffisante pour faire plus. J'allais devoir les nourrir de la magie des fluides avant qu'ils ne succombent sans ne pouvoir rien y faire... Je me concentrai donc, appelant l'énergie de ce monde, la faisant se téléporter vers ma personne féline pour ensuite la recracher contre les murs invisibles qui m'enfermaient dans ce lieu, dans ce petit monde à moi, dans cet abri enchanté qui me plaisait tant. Une fois que j'eus enfin réussi à récupérer toute la puissance que je pensais pouvoir accumuler, je la lançai dans toutes les directions dans une explosion intense qui me propulsa en arrière. Mais, en tant que chat agile, je retombai sur mes pattes et me relevai rapidement pour voir si je me trouvai enfin dans le jardin des druides sous une autre forme. Mais rien, j'étais toujours présent dans ce monde sans réelle vie...
(D'accord... Ça ne marche pas...)
Les fluides retombèrent dans une pluie étincelante sur les végétaux, la terre et les animaux, planant quelques instants avant d'être absorbés. Ce n'était pas la bonne solution ! Je me dis alors que je n'avais pas pris le problème sous le bon angle. Au lieu de renvoyer les fluides, pourquoi ne pas les utiliser pour façonner ma nouvelle apparence. Je réitérai donc l'opération, appelant la magie à moi comme si cela m'était inné. Les fluides se précipitèrent vers moi comme s'ils m'avaient reconnu, moi qui les avais libérés dans ce monde. Mais cette fois-ci, je leur demandai de travailler pour moi, d'imprégner mon corps par l'image du chat que j'étais dans ce monde.
La sensation fut étrange, l'univers spirituel s'embruma, se dissipa lentement pour laisser place à une liberté alternée se trouvant entre le monde réel et mon esprit. Je n'arrivais pas bien à comprendre ce que je devais faire, mais quelque chose m'empêchait d'atteindre mon objectif. J'étais toujours ancré dans mon esprit qui se refusait à se scinder de mon corps, je flottais alors entre les deux apparences. Mon corps d'elfe était recouvert de poils, mes mains étaient griffues, des moustaches étaient en train de pousser tout près de ma bouche et une queue fit son apparition au dessus de mon derrière.
(Oulala ! Je sens que je fais une erreur monumentale !)
Santias rabattit ses oreilles, terrifié par la présence d'un être mi-homme mi-chat qui se trouvait à côté de lui. Il reculait apeuré en me voyant changer d'apparence sans réellement y arriver. Je réussis cependant, avec force de volonté, à quitter le monde spirituel, à me décrocher des ancrages qui m'empêchaient de faire sortir le chat qui était en moi. Je me mis alors à rétrécir, mes muscles changèrent de forme, s'adaptant à la morphologie des chats. Mes oreilles devinrent pointues, mon nez se changea en museau et je sentis mes dents devenir plus acérées que jamais. Tout mon corps devint plus petit et mêmes mes parties intimes qui semblèrent fondre comme neige au soleil. Je n'étais pas vraiment sûr d'apprécier la métamorphose, mais j'étais en train d'atteindre mon objectif. En moins d'une dizaine de minutes, je finis sur quatre pattes, un peu perdu dans ce nouveau corps qui était en réalité le mien. Je fis quelques pas, testant mes nouveaux membres. Heureusement pour moi que j'avais déjà pris l'habitude de me mouvoir dans le monde des esprits car sinon je me serais écroulé comme une vulgaire bouse sur le sol.
Santias m'observait toujours aussi pétrifié, ne sachant pas ce qui venait de se produire. Je sentais son odeur féline, mes oreilles entendaient des sons que je n'avais encore jamais ouï jusqu'à présent. Tout semblait déformé autour de moi, les plantes tropicales qui me paraissaient déjà gigantesques lorsque j'étais encore un elfe étaient devenues pour moi de véritables montagnes infranchissables... Bon, il ne devait tout de même pas y avoir que des inconvénients à être un félin quand même ! Mon compagnon de toujours finit par s'approcher de moi, ayant sans doute senti mon odeur familière qui ne devait pas avoir changé. Il me renifla longuement, cherchant à savoir si c'était vraiment moi ou une autre personne. Puis, rapidement, il me donna un coup de patte sur le côté... Ce geste était complètement idiot, mais je pris ça pour une reconnaissance. Dans son esprit, il devait sans doute se demander comment j'avais fait pour me transformer en chat, mais cela n'avait plus vraiment l'air de le gêner. Après tout, nous avions vécu tous les deux des aventures hors du commun, vraiment étranges pour un être tel que lui, alors une métamorphose ne devait pas l'ennuyer outre mesure.
Je fis alors quelques pas dans ma nouvelle peau, tentant de ne pas m'emmêler trop les pinceaux. Bien sûr, je m'étais déjà exercé dans le monde spirituel, mais aujourd'hui, j'étais dans la réalité et tout devenait plus compliqué. Devoir bouger quatre pattes en même temps n'était pas très évident, sans doute une habitude à prendre. J'avais l'impression que mes sens s'étaient décuplés, notamment mon ouï. J'entendais avec précision des sons stridents, aigus, ceux de certains insectes que je ne connaissais pas. La sensation était étrange, mais pas déplaisante et même amusante ! Tout autour de moi était gigantesque, la moindre pierre devenait une montagne qui me bloquait le passage. Mais un chat était extrêmement agile, et d'un bond je continuais de me déplacer toujours suivi de Santias. J'accélérai alors afin de voir si j'étais capable de courir, de semer mon compagnon de toujours qui n'avait aucun mal à me poursuivre. Cependant, je me rendis vite compte que je n'étais pas encore totalement le maître de mes mouvements et préférai m'arrêter.
Santias vint me renifler, puis miaula comme s'il n'appréciait pas de me voir m'arrêter ainsi. Après tout, le matou devait vouloir s'amuser avec moi, il était vrai que ces derniers temps je n'avais pas été énormément présent. Mais, le chat n'avait pas vraiment l'air de s'en soucier plus que ça, il passa devant moi et me fit une sorte de signe de tête qui semblait vouloir dire «suis-moi». Puis, nous allâmes nous cacher dans un arbuste, attendant sans doute quelque chose que j'ignorais. Santias s'aplatit sur le sol, se fondant presque avec la terre;je l'imitai alors, n'ignorant pas à quel point j'étais indiscret. Nous devions certainement être en train d'attendre un gibier ou quelque chose dans le genre. Mon instinct de chat prit rapidement le pas sur moi, j'étais heureux d'être en compagnie de Santias, oubliant en un clin d'œil tout ce qui m'était arrivé précédemment, sous l'eau et sur terre. L'attente n'était en rien pesante, juste excitante et amusante. Tout comme un enfant s'amuserait avec une poupée, les chats prenaient leur proie comme des jeux, comme un jouet avant de le dévorer ou de le tuer par simple plaisir. Leur vision des choses était réellement différente de la mienne, semblait n'avoir aucune morale et préférait faire ce qu'ils avaient envie.
(Je sens qu'on va tout de même attendre trois siècles...)
Mais, il n'en fut rien ! Quelques minutes plus tard, un gros rat fit son apparition : ses yeux étaient sombres, dénués de toute intelligence, son pelage anthracite était recouvert de blessures et de cicatrices sans doute causées par ses précédents combats. Pourtant, il était toujours en vie ! Santias se releva lentement, sans faire aucun bruit pour ne pas se faire repérer par sa nouvelle proie. Mais bientôt un autre, puis encore un nouveau rat apparut, accompagnant le premier de près. Leur museau furetait partout, cherchant sans doute un éventuel ennemi. Les pauvres, ils ne se doutaient pas que nous étions deux tapis dans l'ombre, attendant le bon moment pour leur sauter dessus. Dans notre tanière, la tension était palpable, je craignais de nous faire repérer et ainsi faire perdre à Santias trois gros rats puants comme amuse-gueules.
Mais bientôt, le matou bondit de derrière les végétaux, sautant au beau milieu du trio de rongeurs prêts à en découdre avec leur assaillant. Santias était tout seul contre ces trois créatures, je devais le rejoindre, il ne ferait pas le poids contre cette cohorte diabolique. D'ailleurs, ils l'avaient bien compris, en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, ils se jetèrent un à un sur lui, désireux de le mordre et de le griffer sans aucune sommation. Mais, d'un coup de patte revêche, Santias en projeta un sur le sol. Le rat un peu sonné mit quelques secondes pour se reprendre du mauvais coup qu'il devait essuyer. À ce moment-là, je bondis dans la mêlée toutes griffes dehors qui se plantèrent malencontreusement dans une touffe d'herbe et me firent choir bêtement sur le sol. Je roulais alors par terre, me maudissant de mon inutilité scandaleuse. J'avais l'air tellement stupide que les rats et Santias s'arrêtèrent pour me contempler dans ma bêtise, me relevant difficilement sur mes quatre pattes. Mais d'un coup d'échine, je pivotai et finis par me remettre droit, un peu perdu par ce qui venait de se produire.
(Bref ! On ne va pas chipoter pour si peu ! Où en étais-je ?)
Ah oui ! Je devais sauter dans la mêlée ! Prenant appui sur mes pattes arrières je fis un bond... oui un véritable bond, mais pas celui auquel j'avais pensé. Contrôlant difficilement mes nouveaux membres, je sautai au dessus de Santias atterrissant dans un fracas de l'autre côté de la scène comme si j'avais voulu traverser une rivière... Non, ce n'était pas mon objectif je devais me reprendre ! En effet, Santias était dans de sales draps et devait être en train de se demander ce que je faisais. Mais que voulait-il ? Cela faisait encore trop peu de temps que je m'étais changé en chat, alors autant ne pas me critiquer tout de suite car toute cette histoire allait rapidement m'énerver. Bon ! Au lieu de sauter, je me rendis en marchant à toute allure vers les rats et me lançai dans ce combat épique. D'un coup de papatte, je voulus repousser un rat qui se trouvait sur le dos de Santias et qui ne cessait de le griffer et de le mordre. Mais, d'un mouvement rapide il m'esquiva, ne me laissant pas le choix de ma proie... Ce fut Santias qui reçut ma patte griffue et ceci ne lui fit guère plaisir étant donné le miaulement accusateur qu'il poussa.
(Oui, bon on ne va pas en faire un plat ! Je fais ce que je peux moi...)
Le rat semblait heureux de son petit manège, mais me tourner en dérision n'allait pas me faire changer de stratégie ! Je n'étais pas un chat et vu tout ce qui m'était arrivé ces derniers temps, que mon amour propre souffre encore un peu ou non, cela m'importait guère. D'un mouvement rapide, j'attrapai la créature par le cou, mes mâchoires bien plantées dans sa gorge, mais pas suffisamment pour le tuer. Je fis tournoyer ma tête et le jetai au loin pour éviter qu'il se projette directement sur nous. Quelques poils restèrent dans ma gueule que je m'empressai de recracher vu le fumet vraiment peu ragoûtant de cette fourrure. Évidemment, ce n'était sans doute pas le meilleur moment pour me soucier de mon plaisir, mais tout de même, je ne pouvais continuer le combat avec des touffes dans ma bouche qui s'amuseraient à me gratter la gorge au moment où je m'y attendrai le moins !
Toutefois, Santias était dans de beaux draps, son échine déchirée devait le faire terriblement souffrir et un nouveau rat vint l'assaillir encore. Je devais faire quelque chose pour le protéger, le pauvre matou ne pouvait continuer de se défendre avec cette blessure sans doute infectée. Je me mis alors à courir pour me situer exactement entre le rat et le chat. À présent je disposais de mes pouvoirs magiques et je comptais bien les faire goûter à cette bestiole qui ne devait pas se douter de qui j'étais en réalité. Enfin, il avait sans doute remarqué que je n'étais pas un champion des sauts ni des griffes rétractables ce qui était quand même un comble pour un chat !
(On va voir si je suis capable d'apprendre un sort tout seul !)
Je fis alors appel à mes fluides, ceux qui se trouvaient encore dans le monde spirituel dans lequel je les avais laissés. Prêt à tout pour créer une protection pour mon adorable Santias, je comptais bien le protéger de ces viles créatures qui n'avaient qu'une seule envie : tuer mon compagnon de toujours. Ça je ne le permettrai pas ! Mon esprit s'envola rapidement pour faire appel à ce monde si particulier composé des fluides que j'avais absorbé. Je ne savais pas bien comment les utiliser pour façonner une protection suffisante pour le chat, mais cela ne devait pas être d'une complexité phénoménale. La magie était bien présente, je la sentais réagir à mon appel, un appel au secours qui ne pouvait rester sans réponse. Les fluides comprirent que j'avais besoin de leur aide, de leur puissance divine pour nous sortir, moi et Santias, de cette attaque virulente de la part de ces êtres sans foi ni loi.
(Bien maintenant, je vais les utiliser pour soulever le sol et nous protéger.)
Mes fluides attendaient que je les dirige pour élever les pierres et les dispose sur la trajectoire de notre ennemi qui serait bientôt rejoint par ses deux compères. Mon regard dut étinceler d'une lueur étrange, magique et enchantée. Une de ces lueurs qui ne présageait rien de bon. Je n'étais pas un maître dans le domaine des forces occultes, mais cela ne m'importait guère, je n'avais pas vraiment le choix. Faire face à trois rats aussi agressifs qu'eux sous ma forme de chat n'était pas jouable, en tout cas pas pour moi. Je ne disposais pas encore suffisamment d'expérience sous cette apparence, il allait me falloir un certain temps avant de réussir à être aussi adroit qu'un vrai félin. Mais je ne désespérais pas, j'y arriverais. Après tout, depuis que j'avais quitté la Cité n'avais-je pas accompli de nombreuses choses ? N'avais-je pas surpassé de nombreuses situations critiques ? Si ! Et bien plus encore, alors ce n'était pas des pouvoirs étranges qui allaient me faire peur, au contraire ! Je trouvais qu'ils pourraient m'apporter une grande force contre les puissances terribles contre lesquelles je combattrai. Oui ! Je deviendrai un puissant chasseur de démons, un être craint par ces créatures maléfiques à commencer par ces trois animaux dégoûtants.
Mon regard se porta sur les roches qui nous entouraient, puis, je commandai aux fluides de se diriger contre les pierres encastrées dans le sol. Ma concentration se faisait de plus en plus importante, je n'avais aucune prise sur les cailloux et pourtant mes fluides allaient m'aider à les soulever. En un rien de temps, la magie afflua, élevant les roches de quelques centimètres. Et même si elles étaient enfouies dans le sol, rien ne réussit à les empêcher de s'envoler. La poussière apparut, laissant un nuage étouffant dans son sillage, rapidement balayé par les vents. Puis, j'en appelai à mes dons, incitant les roches à s'agglomérer pour créer un véritable rempart infranchissable et protecteur devant nous. Cette partie-là fut quelque peu négligée car je n'eus pas le temps de m'occuper de peaufiner le sort. Mais rapidement, les roches s'effondrèrent, laissant un passage que les rats allaient pouvoir emprunter.
(Non je ne peux pas abandonner maintenant !)
Je rappelai une nouvelle fois mes fluides qui ne demandaient qu'à être utilisés pour venir à mon aide. La magie opéra alors soudain, remontant les roches qui étaient tombées pour venir combler les trous, les interstices qui pouvaient laisser passer nos adversaires. Rapidement, j'invoquai la terre pour venir sceller les roches entre elles et pour affermir le bouclier. Cela me demandait une grande concentration que je devais maintenir pour assurer le bon fonctionnement du sortilège. Santias était derrière moi, apeuré par ce que j'étais en train de réaliser. Je le sentais, sa respiration était rapide, un peu trop rapide et ses miaulements se faisaient de plus en plus insistants. Cependant, dans sa petite tête d'andouille, s'il devait en vouloir à quelqu'un c'était à lui ! Qui avait voulu chasser ? Et bien sûr qui avait voulu s'en prendre à trois gros rats puants en compagnie d'un autre chat complètement inutile ? C'était bien entendu lui ! Bon, comme à mon habitude j'allais devoir réparer ses bêtises, une parmi tant d'autres....
(Vous allez voir ce qu'est la magie mes lapins !)
Le mur qui se trouvait devant nous, n'était rien d'autre qu'un moyen de les stopper dans leur élan, juste pour me donner le temps de redevenir l'elfe bleu que j'avais toujours été. Je me projetai dans le monde spirituel, le monde tant aimé des shamans et fis appel à la magie environnante, celle-là même que j'avais utilisé pour créer ce mur de roches. En quelques secondes, je chargeai les forces occultes pour les relancer dans toutes les directions et ainsi créer l'impulsion nécessaire à ma transformation. Cette métamorphose fut beaucoup plus aisée, ressentant facilement les stigmates de ma vie d'éàrion je réussis à revenir sous cette forme en un rien de temps. Mes membres s'agrandirent, mes poils rentrèrent dans ma peau lisse et ma couleur redevint d'un bleu naturel. En quelques instants, j'étais redevenu le Dôraliës que j'avais toujours été, ce qui me rassura. Quand même ! Rester éternellement sous forme féline ne m'aurait pas vraiment plus ! J'eus cependant du mal à m'adapter à ma nouvelle taille, quelques vertiges s'en prirent à moi.
Mais rapidement, je vis Santias acculé derrière mon mur de pierres et les trois rats essayant de le contourner pour venir lui faire sa fête. Mais, dans une rage violente, j'invoquai le sort de puissance terrestre, rompant ainsi la terre en une fissure de quelques centimètres de large. Dès lors que le sol fut fendu, j'élargis la zone en instillant l'énergie qu'il me restait pour détruire une bonne fois pour toute ces viles créatures. Les roches s'élevèrent du sol et retombèrent par la suite en une fine pluie écrasante qu'ils ne pouvaient esquiver malgré leur agilité innée. Les roches leur tombèrent dessus, les molestant avant de les enterrer encore vivants. D'un geste de la main, marquant la fin du sortilège, je rabattis les deux bords de la fissure pour les ensevelir dans ce piège terrestre dont j'étais l'instigateur.
C'en était fini, le sol était redevenu à la normale, rien n'aurait pu trahir l'utilisation de ce sortilège qui m'avait coûté cher la dernière fois où je l'avais usé. Mais cette fois-ci, j'étais parvenu à contrôler la magie, à contrôler mes fluides qui ne s'étaient pas lancés à vive allure dans toutes les directions pour se retourner contre moi. Non, j'avais réussi à le lancer, en le maîtrisant de manière plutôt satisfaisante. Toutefois, l'image de Santias recroquevillé sur lui-même me ramena à la réalité. Je l'attrapai et me dirigeai vers le temple où j'allais le remettre une nouvelle fois dans les mains des druides pour qu'ils s'en occupent. Cela commençait vraiment à être une habitude !
_________________
Maître musicien pour vous servir...
Dernière édition par Dôraliës le Dim 10 Juil 2011 10:31, édité 1 fois.
|