L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Mer 25 Aoû 2010 14:19 
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Arrivé au temple de Yuimen, j'aperçus Méta assis sur les marches, sa tête tenue par la paume de sa main. Il avait l'air de s'ennuyer totalement comme s'il n'avait rien à faire, élément plutôt étrange vu qu'il était rentré au temple sans passer par la case des thermes... Enfin ! Ce n'était pas très grave, au moins je ne m'étais pas couvert de honte avec ce pervers sexuel qui m'avait eu dans un lieu où je me trouvais en totale solitude. Bien entendu, j'allais devoir feinter cet humain car je ne désirais pas qu'il s'aperçoive de quoique ce soit ! Enfin ! Rien qui puisse avoir un lien avec ma rencontre intime dans les thermes de cette étrange ville humaine... Bref ! J'allais de toute façon être obligé de lui dire que j'avais absorbé le fluide qu'il m'avait offert, sinon j'allais encourir des risques dus aux puissances magiques que je ne maîtrisais pas.
«Je suis rentré !» lançai-je au jeune homme sur le ton le plus enjoué que je pus.

Un de ses sourcils se releva, m'observant étrangement comme s'il avait deviné que cet homme m'avait tripoté avec son regard lubrique. Quel signe avait trahi cet événement ? J'étais pourtant resté imperturbable lorsque j'avais pénétré le temple, rien n'aurait pu transparaître j'en étais persuadé ! Néanmoins, il ne cessait de me regarder et se leva même, s'approchant de moi :
«Messire Dôraliës ? Qu'avez-vous fait ? Votre aura est plus intense.
- Hé bien... heu... il se pourrait que j'ai absorbé votre fluide... seul...
- M... mais ! Imaginez-vous que cela aurait pu vous causer des dommages irréparables ?
- Non. Cependant, j'avais envie de savoir si j'étais capable de me débrouiller seul avec la magie, chose que j'ai faite avec succès !»

Méta semblait complètement désespéré et surtout pris au dépourvu. Apparemment, il ne s'attendait pas à ce que j'ose libérer un nouveau fluide pour faire prospérer mon jardin secret. Hé bien, il ne pouvait le nier, j'étais devenu un véritable maître magicien bien que cela ne se voie pas étant donné que je ne connaissais aucun sortilège. J'avais tellement envie d'en apprendre un, ou peut-être deux ? Oh oui ! C'était tellement intéressant ! Je sentais au fond de moi que cette nouvelle magie désirait être libérée, déversée contre mes ennemis ceux qui voulaient me soumettre à leur volonté. Cette idée m'inquiéta quelque peu, et si ces nouveaux dons me dévoraient l'esprit afin de me rendre dépendant de leur utilisation. Je devais rester prudent, c'était à moi de consumer la magie et non l'inverse. Toutefois, mon désir d'apprendre enfin mon premier sortilège m'incitait à le faire sur le champ avec ou sans l'aide de mon compagnon !
«Oh Méta aidez-moi à apprendre un sortilège, ça a l'air tellement amusant et puis c'est mon objectif principal pour l'instant !»

Méta ne semblait pas aussi amusé que moi en ce qui concernait l'apprentissage de mon sortilège. Peut-être ne se sentait-il pas capable de m'aider à comprendre les mécanismes d'un de mes nouveaux sorts, à moins qu'il soit dérangé par une quelconque autre raison. Il avait de toute façon intérêt à me donner son aide, après tout je n'étais pas venu ici pour me tourner les pouces. Bon il était vrai qu'au départ je pensais me reposer, mais les récentes nouvelles m'avaient fait changer d'objectif !
«Bon hé bien, allons-y messire !»

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Dim 17 Oct 2010 19:20 
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Apprentissage du sort Faille terrestre


Méta m'emmena calmement dans la clairière que nous avions déjà visité ce matin, celle entourait par les érables et empreinte d'une magie sous-jacente que j'arrivais même à ressentir malgré mes dons limités. Il n'y avait pas de doute, c'était le lieu le plus approprié pour parfaire mon enseignement mystique. C'était à cet endroit précis que j'avais absorbé mon premier fluide et c'était ici-même où je réussirai sans doute à apprendre mon premier sortilège. Je sortis donc de mon sac la totalité de mes parchemins, cherchant celui qui me serait le plus facile à comprendre. Bien entendu, je n'y entendais pas grand chose et j'espérais bien que Méta me vienne en aide dans ce choix si compliqué pour un profane tel que moi.
«Par lequel dois-je commencer ? Interrogeai-je Méta.
- Avec le sort de faille terrestre vous aurez un aspect visuel du sort, peut-être serait-il bien de commencer par celui-ci.
- Je suis d'accord avec vous !»

Je choisis donc de commencer par apprendre ce sortilège de faille terrestre bien que le simple nom ne m'aida pas à savoir réellement de quoi cela traitait. Je l'ouvris précautionneusement, retirant le ruban marron qui entourait le vieux parchemin poussiéreux. Les habitants de cette cité ne devaient pas être de très bons magiciens sinon ce Moboutou vendrait plus de sorts... Enfin ! Je n'en avais cure, c'était un moment précieux que j'allais vivre, unique en son genre et que je ne réaliserai qu'une seule fois : l'apprentissage de mon premier sort. Je commençai donc à lire le parchemin mais je ne compris pas l'ensemble des signes qui étaient dessinés sur le papier. Il y avait une sorte de crevasse qui s'enfonçait profondément dans le sol. Cependant, d'autres roches semblaient tomber elles-aussi à l'intérieur du creux comme si elles voulaient recouvrir quelque chose ou quelqu'un ? Était-ce ce que j'allais devoir réaliser avec la simple force de ma volonté ? Oh Dieux ! Ce n'avait pas l'air très compliqué sur le papier mais j'étais persuadé que la pratique allait être bien plus complexe...
«Messire Dôraliës, ce sortilège consiste à ouvrir le sol et à y faire tomber l'adversaire ou un objet. En clair il est offensif et même très offensif...
- Bien comment dois-je m'y prendre ?
- La première chose à faire est de se concentrer c'est primordial. Ensuite, vous allez devoir puiser dans vos fluides l'énergie suffisante pour contrôler le sortilège. Pour terminer, vous n'aurez qu'à lancer le sort sur le sol en évitant de me toucher si possible. Pour vous aider, je vais lancer deux sortilèges pour accroître votre puissance, ça vous permettra de faire un peu plus de dégâts et de vous montrer ce que vous réaliserez à faire une fois ces sorts en votre possession.»

J'allais donc être la cible de plusieurs sorts, moi ? Olala ! En espérant ne pas être anéanti par la force de Méta ! Je savais bien qu'il n'était pas très doué, mais quand même, je n'étais pas un ennemi, je ne voulais pas me faire tuer par inadvertance... Même si je faisais confiance en cet humain, je n'étais pas sûr de ses capacités, jamais il n'avait encore jeté de sortilèges de ce type en ma présence et encore moins sur moi ! Bon... Au moins, les prêtres du temple étaient à quelques pas de nous, si jamais ça se passait pas mal, ils pourraient sans doute me remettre sur pieds.

(De toute façon, je n'ai pas le choix, si ça doit m'aider alors autant jouer les cobayes...)

Au bout de quelques secondes, une aura verte vint tournoyer autour de Méta, éclairant les alentours d'une lumière diffuse. Rapidement, il leva les mains vers le ciel azur, canalisant dans ses mains une lueur étrange, vibrant d'une puissance pure et éclatante. Serai-je un jour capable de réaliser ce genre de choses ? Mais, je n'eus pas le temps de réfléchir à la question, il m'envoya cette lueur dessus qui pénétra apparemment en moi, me laissant dans une torpeur insensée. Je ne compris pas ce qui m'arrivait, la sensation était étrange comme si je me sentais plus fort, plus maître de moi-même et de ma magie. Toutefois, son aura verdâtre ne s'estompait pas et sa concentration se fit toujours plus intense. Quelques secondes plus tard, il envoya son second sortilège qui me donna la même sensation que précédemment mais en beaucoup moins puissante. Chose importante j'étais toujours en vie, il ne s'était pas trompé de sorts et m'avait apparemment rendu plus fort magiquement. Puis soudain son aura verdâtre s'atténua jusqu'à disparaître, laissant un Méta essoufflé et affaibli par ce qu'il venait de réaliser. Peut-être n'avait-il pas l'habitude de les utiliser sur d'autres personnes que lui-même. Bref ! De toute façon c'était à moi de jouer à présent, j'allais devoir montrer à mon compère de quel bois je me chauffais.

(Tu vas voir Méta, je suis fais pour user la magie !)

Me concentrant pour me libérer des entraves de ce monde qui m'entourait, je pénétrai malencontreusement dans mon monde particulier empli des arbres que j'étais en train d'aider à faire pousser. Toutefois, ce n'était pas mon but premier et je devais bien avouer que je n'avais rien d'intéressant à faire ici ! Je ressortis donc de là, laissant de côté ce monde de sérénité absolue. J'étais purgé de tous les mauvais sentiments qui réussissaient parfois à m'atteindre, les laissant dans leur prison perdue au fin fond de moi même. La réalité me revint soudainement, annihilant les frontières du lieu spirituel, de ma forteresse personnelle dans laquelle il m'était maintenant possible de me rendre dès que je le désirais. J'étais donc sur le point de faire usage de mon sort, d'invoquer cette faille terrestre qui me permettrait d'ensevelir un ennemi sous une montagne de gravas !

J'allais devoir utiliser ce sort avec parcimonie, je n'avais aucune envie d'enterrer quelqu'un vivant, quand bien même ce dernier désirait me voir gésir. Ce fut à ce moment précis que je m'aperçus que la magie pouvait être une arme de destruction massive, bien plus puissante qu'une simple arme blanche. Grâce à elle et avec un peu d'entraînement, je réussirai sans doute à combattre plusieurs personnes en même temps, me moquant ainsi du nombre d'êtres qui se trouveraient en face de moi. Avec du recul ce genre de magie aurait pu mettre d'une énorme utilité dans la quête que je venais de vivre. Avec une telle puissance à mes côtés, j'aurais certainement pu irradier de la salle du Marionnettiste l'ensemble des squelettes invoqués par cette Cornue perverse. Cette garce n'aurait pu me vaincre, ni réussir à m'affronter et ainsi, nous aurions pu sauver le prisonnier. Pour lui, j'allais développer mes dons et si une telle situation venait à se produire de nouveau, je n'hésiterai pas à faire danser les roches contre une armée de morts.

Avec ces sorts, rien ne pourra m'arrêter et j'étais bien conscient qu'une telle puissance ferait de moi un danger contre les êtres qui m'entouraient. J'allais devoir preuve de modestie afin de ne pas utiliser à tort et à travers mes dons. Cependant, je n'en étais pas encore là, pour l'instant il me fallait conquérir cette connaissance pour pouvoir penser au cours des événements que je changerai avec parcimonie. Je plongeai donc dans mon esprit, évitant à tout prix de sombrer dans le monde spirituel qui enfermait l'ensemble de mes fluides. Pourtant, il me fallait puiser dans cette source magique pour jeter un tel sort, peut-être devrai-je y pénétrer ? Je n'avais pas vraiment le choix, il me fallait trouver moi-même la méthode pour lancer ce sort et je comptais bien essayer toutes les pistes qui me venaient à l'esprit. Tout d'abord, je plongeai une nouvelle fois dans ce monde où je n'étais plus qu'un simple chat, gardant pourtant toutes mes facultés. Les plantes avaient en fait été créées par les fluides que j'avais absorbé. Peut-être pourraient-elles me donner la force nécessaire pour invoquer cette faille terrestre ? Après tout, je ne voyais pas pourquoi elle refuserait étant que c'était moi qui leur avait permis de se développer en ce lieu. Je me concentrai donc fébrilement, cherchant dans la sève de chaque arbre, dans le sang de chaque animal et dans la terre qui me permettait d'avancer, les résidus magiques tant désirés. Il y en avait de partout, les vibrations magiques étaient si intenses qu'elles me pressaient de les libérer de ce monde pour les déchaîner dans notre réalité.

(Hé bien ! Qui dit que la magie n'a pas de conscience ?)

J'en étais presque choqué, mais ceci ne m'effrayait pas le moins du monde, j'étais près à faire vrombir la magie, à créer un fossé destructeur dans le jardin des prêtres. Je canalisais donc la magie, poussant les plantes à me donner leur force. Ceci impliquait qu'elles ne pourraient pousser durant un certain temps, mais ceci n'était pas important, rapidement elles retrouveraient la puissance qui séjournait en ces frontières. Bientôt, les fluides se concentrèrent devant mes yeux dont les pupilles se contractèrent rapidement devant cette sphère lumineuse. Ça semblait si puissant, c'était sans doute occulte, à moins que je ne sois qu'un pauvre inculte, ne sachant pas discerner une force mystique lorsque j'en voyais une. Mais tout ceci ne m'importait peu, tant que j'arrivai à faire usage d'un sortilège, je ne pourrais que me réjouir d'une telle source de magie. Je rassemblai donc cette orbe fluide que je transportais avec moi dans le monde réel. Une fois de retour dans la clairière aux érables, je me mis à incanter de toute ma volonté la faille terrestre qui était sur le point de me permettre d'ensevelir la totalité de mes souvenirs douloureux. Peut-être allais-je enfin chasser de mon esprit ce sang déversé ?

(Non... Je dois me rendre à l'évidence que ça restera à jamais ancré en moi.)

L'orbe fluide ne demandait qu'à exploser dans une pluie magique, étincelante, pure et fantastique. Pourtant, je ne réussissais toujours pas à la diriger vers le sol où elle pourrait creuser cette faille et attirer vers elle les roches en bordure. Mais je savais que j'en avais la force, la volonté et le courage ! Je n'avais plus peur de mes dons, je savais qu'il faisais partie de moi et que je ne pouvais les renier alors autant faire avec et tenter de les contrôler. J'avais vraiment l'impression que je n'étais pas à la hauteur d'un tel sortilège évolutif, je n'étais pas suffisamment entraîner pour maîtriser la sphère enchantée mais je fis tout ce qui était en mon pouvoir pour la garder sous mon contrôle. Cependant, de nombreuses vibrations, toujours plus intenses émanaient de l'orbe et me faisaient sans cesse vaciller. Ses assauts étaient d'une force étrange et semblaient se diriger vers moi comme si mes propres fluides tentaient de m'attaquer. Toutefois, je n'étais en rien son ennemi, j'étais même la personne qui les avait ancrés en moi afin de m'en servir pour chasser les êtres qui se trouveraient sur mon passage. Alors pourquoi une telle incompréhension ?
«Méta, je ne réussirai pas à rester concentré bien longtemps, je n'arrive... plus... à garder le contrôle...»

Ma voix s'éteignait et je n'entendis pas la réponse de Méta. La sphère était de plus en plus luminescente et grésillait comme l'aurait fait de l'écorce de pin dans un foyer incandescent. Je n'étais sans doute pas prêt pour utiliser ce genre de sortilèges et encore moins celui-ci. Méta avait dû se tromper en faisant ce choix qui était sur le point de causer ma perte ! Je venais de vivre une aventure mortelle et j'allais me faire tuer par mes propres pouvoirs... J'étais vraiment pitoyable ! Que diraient les prêtres du temple en voyant un tel gâchis ? Feraient-ils disparaître mon corps afin que personne ne sache à quel point les novices de Yuimen étaient des ignorants ? Ou pire encore : mon sort me détruirait-il tout simplement ? Quelle horreur ! Mais, il était trop tard, la machine était en route et ne me laisserait aucun répit. Tout ce que je pouvais encore faire était de m'éreinter à garder le contrôle sur la sphère jusqu'à ce que mes forces s'amoindrissent et me laissent exsangue.

(Santias. Pardonne-moi mon amour.)

La tension était trop forte, je n'avais plus la volonté de retenir la boule de destruction qui flottait devant moi. Rapidement, mon emprise s'estompa et la lumière devint d'un vert intense, insoutenable, aveuglant. Je détournai le regard, mais j'avais l'impression que la lumière émanait des érables qui se trouvaient autour de moi. La sphère de fluides attirait à elle la substance de tout ce qu'elle trouvait sur son passage, toute énergie, toute vie. Mais celle-ci se précipita vers le sol, déchirant la roche sur quelques cinq mètre, faisant voler en éclats la couverture de ce monde qui nous supportait depuis des millénaires. Des gravas vinrent me déchirer la peau comme si je me trouvais sous une pluie de verre tranchant, aiguisé, destructeur. Je souffrais terriblement, mon enveloppe charnelle devait être en lambeaux, une simple loque déchirée et sanguinolente au beau milieu d'un havre de paix. Je souffrais tant, des larmes acides noyaient mon regard. Et pourtant aucun son ne pouvait sortir de ma bouche. Seul le bruit des roches se frappant arrivait à mes oreilles. Je ne pus rester plus longtemps sur cette terre, la douleur m'étouffait, m'empêchait de respirer à moins que ce ne soit simplement la poussière qui obstruait mes voies respiratoire. Baigné dans une lumière qui aurait pu paraître douce en d'autres occasions se changea en un linceul étincelant qui allait me porter dans les bras de Phaïtos.

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Sam 27 Nov 2010 17:49 
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«Dôraliës.» entendis-je au loin.

J'étais partagé entre l'idée de me réveiller et une force attractive qui m'attirait vers un lieu inconnu. Pourtant, je savais que je devais ouvrir les yeux, que cela était important alors que l'attraction n'avait de cesse de me tourmenter. Il fallait que je sache qui était cette personne qui avait prononcé mon prénom, s'il l'avait fait c'était qu'il devait avoir de très bonnes raisons alors pourquoi l'occulter ? Je rassemblai toutes mes forces pour outrepasser le pouvoir attractif et incessant afin de revenir dans la réalité, dans le monde où j'avais failli succomber aux affres de ma stupidité. Je forçai mon esprit à rejoindre Yuimen, tirant en sens inverse des liens qui m'attiraient inexorablement à eux. Je ne savais pas si je possédais le pouvoir nécessaire pour contrer cette étrange magie, mais je n'avais pas le choix, les souvenirs commençaient à émerger dans ma tête. Oui, la mort était venue me chercher et elle était toujours là bien présente car c'était elle qui m'incitait à la rejoindre une bonne fois pour toute. Ce n'était pas la première fois que je l'avais bravée et il était clair que ce ne serait pas la dernière. Enfin... Encore fallait-il que je puisse la chasser cette fois-ci. Ainsi, je rassemblai toute ma volonté, appelant mes fluides à moi pour m'aider à contrer cette force qui me semblait négative bien qu'elle soit neutre aux yeux de certains. Je ne pouvais laisser Santias et mes parents ne comprendraient sans doute pas comment j'avais pu faire pour mourir aussi bêtement. Dans un dernier élan, j'ouvris les yeux, revenant dans le monde des mortels.
«Ah ! Il s'est réveillé ! Nous savions que Yuimen était derrière vous !» jubila un prêtre.

Yuimen ? Avec moi ? Non, pas vraiment... C'était plutôt Phaïtos qui aurait bien aimé m'accompagner dans ses appartements. Enfin ! Cette fois-ci j'avais survécu aux forces divines, mais j'ignorais combien de temps elles me laisseraient tranquille. Après tout, j'avais récemment failli mourir à plusieurs lieux sous l'eau et aujourd'hui ce sortilège avait mal tourné...

(Comme on dit : jamais deux sans trois...)

Hémisos le druide, Méta et un autre prêtre que je n'avais encore jamais vu étaient là à mon chevet attendant avec impatience mon réveil. Hé bien ! Je leur devais une fière chandelle, ils m'avaient sauvé avec brio. Comment aurais-je pu douter de leur capacité en la matière ? Il n'y avait qu'à voir avec quelle facilité ils avaient sauvé Santias pour comprendre que ces êtres étaient des professionnels du soin.
«Alors mon garçon, on fait mumuse avec la magie ?
- Heu... oui peut-être.
- Allez ! Ce n'est rien, vous serez sur pieds en moins de deux !
- Mais que s'est-il passé ? Je me souviens d'être dans le jardin aux érables, j'ai invoqué le sort juste après que Méta m'ait jeté deux sortilèges pour me rendre un peu plus puissant. Et ensuite tout s'est précipité, je revois la terre se fendre et exploser sous mes pieds.
- Oui. En fait il s'est produit deux petites choses que Méta n'aurait pu savoir. La première est simplement le fait que vous étiez bien trop novice pour contrôler le sort renforcé par la magie de Méta. Ensuite, le jardin dans lequel vous vous trouviez regorge d'une antique magie chargée de fluides. Lorsque vous avez lancé le sort, bien entendu ils se sont réveillés attirés par vos pouvoirs et ont rendu votre magie incontrôlable. Bref ! Pour faire simple, le sort s'est retourné contre vous...
- Ah... C'est vraiment pas de chance ça. Quelle est la probabilité qu'une telle chose puisse se produire ? Demandai-je timidement.
- Sincèrement ? Elle est infime. Mais voyez le bon côté des choses, vous maîtrisez un sort !»

Plus facile à dire qu'à faire... Je venais quand même de me retrouver devant les portes de Phaïtos alors que je n'avais rien demandé à personne. Néanmoins, je ne pouvais blâmer Méta, il ne savait bien entendu pas ce qui allait se produire. D'ailleurs, il n'avait pas ouvert la bouche et me regardait avec des yeux aussi ronds que ceux de Santias. Le pauvre, il devait sans doute culpabiliser de m'avoir fait souffrir. Il fallait que je le mette à l'aise tout de suite ! Sans ça, il continuera à me dévisager comme si je n'étais qu'un vulgaire cadavre !
«Méta, ce n'est pas grave, je commence à m'habituer à la souffrance et puis, ce n'était pas de votre faute de toute façon. D'ailleurs comme le dit Hémisos, j'ai réussi à lancer un sort, c'était le but après tout.»

Malgré mes paroles, Méta restait stoïque et ne bougeait toujours pas comme s'il s'était changé en pierre en quelques secondes. Quelque part, je m'en voulais un peu de l'avoir mis dans cet état, c'était un peu de ma faute aussi. Si j'avais demandé à un prêtre plus qualifié pour m'aider à contrôler mes dons, nous ne serions certainement pas là à nous morfondre comme de jeunes gamins qui venaient de perdre leur animal de compagnie. Néanmoins, je trouvais que ce qui venait de m'arriver était une bonne leçon, au moins je savais que Méta était quelqu'un de redoutable. Rien que ses sorts m'avaient fait perdre le contrôle de ma frêle magie alors je ne préférais pas l'imaginer face à moi dans un combat singulier. Comment réussirai-je à le toucher ? J'avais l'impression qu'il savait décupler ses pouvoirs pour devenir imbattable...

(Hé bien ! Notre petit affrontement d'entraînement va sans doute se révéler fort enrichissant. Dois-je préparer des onguents pour mes futures blessures ?)

Mais pour l'instant j'avais besoin de me reposer encore un peu, j'étais raide comme un piquet et des douleurs me faisaient terriblement mal à l'abdomen. Je m'étais sans doute pris un rocher dans le ventre;vu la chance que j'avais eu, il s'était sans doute produit quelque chose dans le genre...
«Pourrais-je avoir un peu d'eau ? Interrogeai-je l'assemblée.
- Non ! Vous aurez droit à un fabuleux médicament de ma propre fabrication.» dit-il alors que les deux autres baissèrent la tête.

Cela n'augurait rien de bon, mais je n'avais pas le choix. Hémisos me tendit une mixture verdâtre qui fumait étrangement. Même si elle était bizarre, le pire était qu'elle sentait les excréments;je me dis qu'il avait dû mélanger plusieurs herbes malodorantes pour en arriver à ce résultat. Néanmoins, lorsque je bus la première gorgée, je me raidis devant le goût de cette infamie.
«C'est une potion à base de bouse de vache ! Elle a des propriétés fantastiques : tonifiante, digestion, anesthésiante et j'en passe et des meilleurs.»

Entendant ces fabuleuses paroles, je recrachai tout sur le sol, me nettoyant rapidement la langue avec le revers de ma manche. Malgré tout, le goût était toujours aussi présent et m'écœurait au plus haut point. Comment ces humains pouvaient-ils avaler ce genre de mixtures dégoûtantes à base de bouse de vache ? C'en était purement ridicule !
«Mais c'est de la mer...
- Allez allez messire Dôraliës, ne faites pas l'enfant. Je vous laisse le verre ici, à mon retour je veux qu'il soit complètement vide !» me coupa-t-il sans se poser de questions.

(Compte dessus...)

Je vis les trois hommes quitter ma chambre, me délaissant dans cette pièce sombre avec pour seule compagnie une potion à la bouse qui sentait... le cadavre en putréfaction.

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Sam 9 Juil 2011 16:52 
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Je restais cloué au lit pendant plusieurs jours, certaines personnes venaient me voir, notamment Méta qui se sentait un peu sous le choc et honteux de ne pas avoir su anticiper les effets de la magie. Mais, je ne lui en voulais pas, j'avais vécu des événements bien plus horribles et ce n'était pas quelques maux qui me feraient changer mes sentiments à l'encontre de cet aimable jeune shaman. Durant ces quelques jours, je fus assommé à grands coups de potions magiques au goût infâme;il n'y avait pas à dire les druides de ce temple n'étaient pas vraiment habitués à donner des saveurs intéressantes à leurs breuvages. Peut-être devrais-je leur en toucher un mot ou deux ? Bah ! Ils s'en moquaient de toute façon, cela faisait des siècles qu'ils devaient utiliser les mêmes recettes ce n'était pas un apprenti tel que moi qui réussirait à leur faire changer leur ligne de conduite.

Enfin, vint le jour où ils me laissèrent sortir de ma chambre pour retourner à mes occupations et à mon entraînement. Méta semblait m'éviter alors qu'il aurait très bien pu venir me voir comme s'il ne s'était rien passé, d'ailleurs c'était un peu comme ça que je le ressentais au fond de mon cœur. Mais, j'avais autre chose à faire, bien plus intéressant ! Tout d'abord, il me fallait absorber les quelques fluides que je possédais déjà, puis tenter de me changer en animal comme les prêtres me l'avaient expliqué. Cette faculté m'effrayait un peu, je devais bien l'avouer, craignant de ne pas pouvoir redevenir l'elfe que j'étais. Néanmoins, tout ceci pourrait m'être d'un grand secours à l'avenir ce qui me motiva pour m'y exercer dès aujourd'hui. Les maux qui lancinaient encore mon âme sanguinolente s'apaisaient au fur et à mesure des jours, mais je ne devais pas oublier ce que j'avais vu, ces morts et ces démons qui s'en étaient pris à moi et à mes compagnons. Non ! Il me fallait réagir et partir à leur rencontre afin de briser ces créatures malsaines.

(Je ne vois pas bien en quoi me transformer en chat pourra m'être utile, mais qui sait ?)


Je sortis donc à l'extérieur, enfin prêt à faire ressortir l'âme animale qui faisait partie de mon être. Santias vint à ma rencontre, heureux tout comme moi de me retrouver. Ces quelques jours passés en mon absence lui avaient fait un bien fou ! Son poil était luisant et épais et il avait bien entendu récupéré de ses blessures. Non, il était en pleine forme et je me mis à le câliner pendant un certain temps, profitant de ce moment d'amour en sa présence réconfortante. Puis, je me mis à vagabonder dans le jardin aux fragrances succulentes, laissant mon esprit planer au dessus de mon être. La sensation était vivifiante, reposante, je ne pensais plus à toute cette obscurité qui jonchait ce monde, mais bien plus à ma personne égoïstement. Je n'étais certes pas parfait, mais mes parents ne m'avaient pas élevé dans cette optique et j'eus pendant quelques minutes honte de ressentir ce genre d'émotions. Mais, plus le temps passait, plus je me disais que cela n'importait plus vraiment étant donné que j'étais seul dans mon aventure.

Je m'assis alors un instant entre deux étranges plantes tropicales aux feuilles gigantesques qui n'avaient aucunement leur place dans ce jardin au climat tempéré. Les druides avaient dû trouver un moyen de les conserver face aux assauts du froid. Ces personnes étaient bien plus intelligentes que je ne l'aurais cru ! Il faisait beau, c'était une journée parfaite pour essayer de comprendre les nouveaux pouvoirs que j'avais acquis récemment. Je me concentrai faisant appel aux fluides que j'avais absorbé, cherchant au fond de moi le moyen de métamorphoser ma personne. J'allais sans doute avoir des problèmes mais cela ne m'importait guère, c'était en faisant des bêtises que l'on apprenait le mieux de ses erreurs. Je projetai alors mon esprit dans mon petit monde shamanique où les fluides régnaient en maître, où ils avaient construit l'entièreté de ce lieu. D'ailleurs, j'allais devoir continuer à le faire croître, des nouvelles fioles étaient encore dans mon sac prêtes à me conférer de nouveaux pouvoirs. Mais ce n'était pas l'heure de penser à cela, pour l'instant, je devais tout faire pour réussir cette étrange transformation.

Lorsque je me trouvais dans le monde spirituel, tout était différent, j'étais déjà sous forme de chat. Cependant, je n'étais pas dans le monde réel, mais dans une partie de mon esprit où tout n'était qu'une création de ma part. Une création certes, mais dans laquelle Méta avait pu m'accompagner. Tout ceci était tellement étrange que je ne savais vraiment par où commencer. J'étais assis, ma queue enroulée sur mes pattes essayant de découvrir les mystères de cette magie qui ne pouvait être plus maligne que moi. Peut-être que je devais justement rompre les barrières de ce monde fictif pour le projeter dans la réalité ? Ce devait sans doute être la clef du problème... Donc, il me fallait m'extraire de cette coquille afin de regagner le monde réel sous une autre forme.

(Ce n'est vraiment pas gagné, je le sens déjà venir...)


Bref ! Comment faire exploser ce réservoir fluidique pour me changer en matou ? Tout le problème résidait dans cette question... Je passai ma langue sur mes babines, réfléchissant avec tous les moyens dont pouvait le faire un chat. Je sentais la magie affluer de toutes les plantes, de tous les animaux, de la terre même qui me permettait de ne pas pédaler dans la choucroute avec mes papattes. Mais, j'allais devoir les utiliser pour façonner une nouvelle apparence chose que je n'avais encore jamais faite pour l'instant. Les doutes m'emplirent, me laissant dans un lac d'interrogations que je n'étais pas sûr de pouvoir résoudre moi-même. Je n'étais cependant pas débile et disposais d'une certaine intelligence dont j'étais en mesure d'employer pour mon propre compte. Je me relevai alors sur mes pattes, tournant en rond comme si cette attitude m'aidait à me concentrer.

Au bout d'un certain temps, je finis par avoir une idée, une ombre de solution dans la nuit qui entourait ma compréhension... J'essayais de me transformer en une sorte de catalyseur qui allait devoir emmagasiner la totalité des fluides pour la renvoyer contre les murs de cet univers parallèle. Les insectes faisaient quelques bruits autour de moi, n'ayant pour l'instant pas encore l'énergie suffisante pour faire plus. J'allais devoir les nourrir de la magie des fluides avant qu'ils ne succombent sans ne pouvoir rien y faire... Je me concentrai donc, appelant l'énergie de ce monde, la faisant se téléporter vers ma personne féline pour ensuite la recracher contre les murs invisibles qui m'enfermaient dans ce lieu, dans ce petit monde à moi, dans cet abri enchanté qui me plaisait tant. Une fois que j'eus enfin réussi à récupérer toute la puissance que je pensais pouvoir accumuler, je la lançai dans toutes les directions dans une explosion intense qui me propulsa en arrière. Mais, en tant que chat agile, je retombai sur mes pattes et me relevai rapidement pour voir si je me trouvai enfin dans le jardin des druides sous une autre forme. Mais rien, j'étais toujours présent dans ce monde sans réelle vie...

(D'accord... Ça ne marche pas...)

Les fluides retombèrent dans une pluie étincelante sur les végétaux, la terre et les animaux, planant quelques instants avant d'être absorbés. Ce n'était pas la bonne solution ! Je me dis alors que je n'avais pas pris le problème sous le bon angle. Au lieu de renvoyer les fluides, pourquoi ne pas les utiliser pour façonner ma nouvelle apparence. Je réitérai donc l'opération, appelant la magie à moi comme si cela m'était inné. Les fluides se précipitèrent vers moi comme s'ils m'avaient reconnu, moi qui les avais libérés dans ce monde. Mais cette fois-ci, je leur demandai de travailler pour moi, d'imprégner mon corps par l'image du chat que j'étais dans ce monde.

La sensation fut étrange, l'univers spirituel s'embruma, se dissipa lentement pour laisser place à une liberté alternée se trouvant entre le monde réel et mon esprit. Je n'arrivais pas bien à comprendre ce que je devais faire, mais quelque chose m'empêchait d'atteindre mon objectif. J'étais toujours ancré dans mon esprit qui se refusait à se scinder de mon corps, je flottais alors entre les deux apparences. Mon corps d'elfe était recouvert de poils, mes mains étaient griffues, des moustaches étaient en train de pousser tout près de ma bouche et une queue fit son apparition au dessus de mon derrière.

(Oulala ! Je sens que je fais une erreur monumentale !)

Santias rabattit ses oreilles, terrifié par la présence d'un être mi-homme mi-chat qui se trouvait à côté de lui. Il reculait apeuré en me voyant changer d'apparence sans réellement y arriver. Je réussis cependant, avec force de volonté, à quitter le monde spirituel, à me décrocher des ancrages qui m'empêchaient de faire sortir le chat qui était en moi. Je me mis alors à rétrécir, mes muscles changèrent de forme, s'adaptant à la morphologie des chats. Mes oreilles devinrent pointues, mon nez se changea en museau et je sentis mes dents devenir plus acérées que jamais. Tout mon corps devint plus petit et mêmes mes parties intimes qui semblèrent fondre comme neige au soleil. Je n'étais pas vraiment sûr d'apprécier la métamorphose, mais j'étais en train d'atteindre mon objectif. En moins d'une dizaine de minutes, je finis sur quatre pattes, un peu perdu dans ce nouveau corps qui était en réalité le mien. Je fis quelques pas, testant mes nouveaux membres. Heureusement pour moi que j'avais déjà pris l'habitude de me mouvoir dans le monde des esprits car sinon je me serais écroulé comme une vulgaire bouse sur le sol.

Santias m'observait toujours aussi pétrifié, ne sachant pas ce qui venait de se produire. Je sentais son odeur féline, mes oreilles entendaient des sons que je n'avais encore jamais ouï jusqu'à présent. Tout semblait déformé autour de moi, les plantes tropicales qui me paraissaient déjà gigantesques lorsque j'étais encore un elfe étaient devenues pour moi de véritables montagnes infranchissables... Bon, il ne devait tout de même pas y avoir que des inconvénients à être un félin quand même ! Mon compagnon de toujours finit par s'approcher de moi, ayant sans doute senti mon odeur familière qui ne devait pas avoir changé. Il me renifla longuement, cherchant à savoir si c'était vraiment moi ou une autre personne. Puis, rapidement, il me donna un coup de patte sur le côté... Ce geste était complètement idiot, mais je pris ça pour une reconnaissance. Dans son esprit, il devait sans doute se demander comment j'avais fait pour me transformer en chat, mais cela n'avait plus vraiment l'air de le gêner. Après tout, nous avions vécu tous les deux des aventures hors du commun, vraiment étranges pour un être tel que lui, alors une métamorphose ne devait pas l'ennuyer outre mesure.

Je fis alors quelques pas dans ma nouvelle peau, tentant de ne pas m'emmêler trop les pinceaux. Bien sûr, je m'étais déjà exercé dans le monde spirituel, mais aujourd'hui, j'étais dans la réalité et tout devenait plus compliqué. Devoir bouger quatre pattes en même temps n'était pas très évident, sans doute une habitude à prendre. J'avais l'impression que mes sens s'étaient décuplés, notamment mon ouï. J'entendais avec précision des sons stridents, aigus, ceux de certains insectes que je ne connaissais pas. La sensation était étrange, mais pas déplaisante et même amusante ! Tout autour de moi était gigantesque, la moindre pierre devenait une montagne qui me bloquait le passage. Mais un chat était extrêmement agile, et d'un bond je continuais de me déplacer toujours suivi de Santias. J'accélérai alors afin de voir si j'étais capable de courir, de semer mon compagnon de toujours qui n'avait aucun mal à me poursuivre. Cependant, je me rendis vite compte que je n'étais pas encore totalement le maître de mes mouvements et préférai m'arrêter.

Santias vint me renifler, puis miaula comme s'il n'appréciait pas de me voir m'arrêter ainsi. Après tout, le matou devait vouloir s'amuser avec moi, il était vrai que ces derniers temps je n'avais pas été énormément présent. Mais, le chat n'avait pas vraiment l'air de s'en soucier plus que ça, il passa devant moi et me fit une sorte de signe de tête qui semblait vouloir dire «suis-moi». Puis, nous allâmes nous cacher dans un arbuste, attendant sans doute quelque chose que j'ignorais. Santias s'aplatit sur le sol, se fondant presque avec la terre;je l'imitai alors, n'ignorant pas à quel point j'étais indiscret. Nous devions certainement être en train d'attendre un gibier ou quelque chose dans le genre. Mon instinct de chat prit rapidement le pas sur moi, j'étais heureux d'être en compagnie de Santias, oubliant en un clin d'œil tout ce qui m'était arrivé précédemment, sous l'eau et sur terre. L'attente n'était en rien pesante, juste excitante et amusante. Tout comme un enfant s'amuserait avec une poupée, les chats prenaient leur proie comme des jeux, comme un jouet avant de le dévorer ou de le tuer par simple plaisir. Leur vision des choses était réellement différente de la mienne, semblait n'avoir aucune morale et préférait faire ce qu'ils avaient envie.

(Je sens qu'on va tout de même attendre trois siècles...)

Mais, il n'en fut rien ! Quelques minutes plus tard, un gros rat fit son apparition : ses yeux étaient sombres, dénués de toute intelligence, son pelage anthracite était recouvert de blessures et de cicatrices sans doute causées par ses précédents combats. Pourtant, il était toujours en vie ! Santias se releva lentement, sans faire aucun bruit pour ne pas se faire repérer par sa nouvelle proie. Mais bientôt un autre, puis encore un nouveau rat apparut, accompagnant le premier de près. Leur museau furetait partout, cherchant sans doute un éventuel ennemi. Les pauvres, ils ne se doutaient pas que nous étions deux tapis dans l'ombre, attendant le bon moment pour leur sauter dessus. Dans notre tanière, la tension était palpable, je craignais de nous faire repérer et ainsi faire perdre à Santias trois gros rats puants comme amuse-gueules.

Mais bientôt, le matou bondit de derrière les végétaux, sautant au beau milieu du trio de rongeurs prêts à en découdre avec leur assaillant. Santias était tout seul contre ces trois créatures, je devais le rejoindre, il ne ferait pas le poids contre cette cohorte diabolique. D'ailleurs, ils l'avaient bien compris, en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, ils se jetèrent un à un sur lui, désireux de le mordre et de le griffer sans aucune sommation. Mais, d'un coup de patte revêche, Santias en projeta un sur le sol. Le rat un peu sonné mit quelques secondes pour se reprendre du mauvais coup qu'il devait essuyer. À ce moment-là, je bondis dans la mêlée toutes griffes dehors qui se plantèrent malencontreusement dans une touffe d'herbe et me firent choir bêtement sur le sol. Je roulais alors par terre, me maudissant de mon inutilité scandaleuse. J'avais l'air tellement stupide que les rats et Santias s'arrêtèrent pour me contempler dans ma bêtise, me relevant difficilement sur mes quatre pattes. Mais d'un coup d'échine, je pivotai et finis par me remettre droit, un peu perdu par ce qui venait de se produire.

(Bref ! On ne va pas chipoter pour si peu ! Où en étais-je ?)


Ah oui ! Je devais sauter dans la mêlée ! Prenant appui sur mes pattes arrières je fis un bond... oui un véritable bond, mais pas celui auquel j'avais pensé. Contrôlant difficilement mes nouveaux membres, je sautai au dessus de Santias atterrissant dans un fracas de l'autre côté de la scène comme si j'avais voulu traverser une rivière... Non, ce n'était pas mon objectif je devais me reprendre ! En effet, Santias était dans de sales draps et devait être en train de se demander ce que je faisais. Mais que voulait-il ? Cela faisait encore trop peu de temps que je m'étais changé en chat, alors autant ne pas me critiquer tout de suite car toute cette histoire allait rapidement m'énerver. Bon ! Au lieu de sauter, je me rendis en marchant à toute allure vers les rats et me lançai dans ce combat épique. D'un coup de papatte, je voulus repousser un rat qui se trouvait sur le dos de Santias et qui ne cessait de le griffer et de le mordre. Mais, d'un mouvement rapide il m'esquiva, ne me laissant pas le choix de ma proie... Ce fut Santias qui reçut ma patte griffue et ceci ne lui fit guère plaisir étant donné le miaulement accusateur qu'il poussa.

(Oui, bon on ne va pas en faire un plat ! Je fais ce que je peux moi...)


Le rat semblait heureux de son petit manège, mais me tourner en dérision n'allait pas me faire changer de stratégie ! Je n'étais pas un chat et vu tout ce qui m'était arrivé ces derniers temps, que mon amour propre souffre encore un peu ou non, cela m'importait guère. D'un mouvement rapide, j'attrapai la créature par le cou, mes mâchoires bien plantées dans sa gorge, mais pas suffisamment pour le tuer. Je fis tournoyer ma tête et le jetai au loin pour éviter qu'il se projette directement sur nous. Quelques poils restèrent dans ma gueule que je m'empressai de recracher vu le fumet vraiment peu ragoûtant de cette fourrure. Évidemment, ce n'était sans doute pas le meilleur moment pour me soucier de mon plaisir, mais tout de même, je ne pouvais continuer le combat avec des touffes dans ma bouche qui s'amuseraient à me gratter la gorge au moment où je m'y attendrai le moins !

Toutefois, Santias était dans de beaux draps, son échine déchirée devait le faire terriblement souffrir et un nouveau rat vint l'assaillir encore. Je devais faire quelque chose pour le protéger, le pauvre matou ne pouvait continuer de se défendre avec cette blessure sans doute infectée. Je me mis alors à courir pour me situer exactement entre le rat et le chat. À présent je disposais de mes pouvoirs magiques et je comptais bien les faire goûter à cette bestiole qui ne devait pas se douter de qui j'étais en réalité. Enfin, il avait sans doute remarqué que je n'étais pas un champion des sauts ni des griffes rétractables ce qui était quand même un comble pour un chat !

(On va voir si je suis capable d'apprendre un sort tout seul !)


Je fis alors appel à mes fluides, ceux qui se trouvaient encore dans le monde spirituel dans lequel je les avais laissés. Prêt à tout pour créer une protection pour mon adorable Santias, je comptais bien le protéger de ces viles créatures qui n'avaient qu'une seule envie : tuer mon compagnon de toujours. Ça je ne le permettrai pas ! Mon esprit s'envola rapidement pour faire appel à ce monde si particulier composé des fluides que j'avais absorbé. Je ne savais pas bien comment les utiliser pour façonner une protection suffisante pour le chat, mais cela ne devait pas être d'une complexité phénoménale. La magie était bien présente, je la sentais réagir à mon appel, un appel au secours qui ne pouvait rester sans réponse. Les fluides comprirent que j'avais besoin de leur aide, de leur puissance divine pour nous sortir, moi et Santias, de cette attaque virulente de la part de ces êtres sans foi ni loi.

(Bien maintenant, je vais les utiliser pour soulever le sol et nous protéger.)

Mes fluides attendaient que je les dirige pour élever les pierres et les dispose sur la trajectoire de notre ennemi qui serait bientôt rejoint par ses deux compères. Mon regard dut étinceler d'une lueur étrange, magique et enchantée. Une de ces lueurs qui ne présageait rien de bon. Je n'étais pas un maître dans le domaine des forces occultes, mais cela ne m'importait guère, je n'avais pas vraiment le choix. Faire face à trois rats aussi agressifs qu'eux sous ma forme de chat n'était pas jouable, en tout cas pas pour moi. Je ne disposais pas encore suffisamment d'expérience sous cette apparence, il allait me falloir un certain temps avant de réussir à être aussi adroit qu'un vrai félin. Mais je ne désespérais pas, j'y arriverais. Après tout, depuis que j'avais quitté la Cité n'avais-je pas accompli de nombreuses choses ? N'avais-je pas surpassé de nombreuses situations critiques ? Si ! Et bien plus encore, alors ce n'était pas des pouvoirs étranges qui allaient me faire peur, au contraire ! Je trouvais qu'ils pourraient m'apporter une grande force contre les puissances terribles contre lesquelles je combattrai. Oui ! Je deviendrai un puissant chasseur de démons, un être craint par ces créatures maléfiques à commencer par ces trois animaux dégoûtants.

Mon regard se porta sur les roches qui nous entouraient, puis, je commandai aux fluides de se diriger contre les pierres encastrées dans le sol. Ma concentration se faisait de plus en plus importante, je n'avais aucune prise sur les cailloux et pourtant mes fluides allaient m'aider à les soulever. En un rien de temps, la magie afflua, élevant les roches de quelques centimètres. Et même si elles étaient enfouies dans le sol, rien ne réussit à les empêcher de s'envoler. La poussière apparut, laissant un nuage étouffant dans son sillage, rapidement balayé par les vents. Puis, j'en appelai à mes dons, incitant les roches à s'agglomérer pour créer un véritable rempart infranchissable et protecteur devant nous. Cette partie-là fut quelque peu négligée car je n'eus pas le temps de m'occuper de peaufiner le sort. Mais rapidement, les roches s'effondrèrent, laissant un passage que les rats allaient pouvoir emprunter.

(Non je ne peux pas abandonner maintenant !)


Je rappelai une nouvelle fois mes fluides qui ne demandaient qu'à être utilisés pour venir à mon aide. La magie opéra alors soudain, remontant les roches qui étaient tombées pour venir combler les trous, les interstices qui pouvaient laisser passer nos adversaires. Rapidement, j'invoquai la terre pour venir sceller les roches entre elles et pour affermir le bouclier. Cela me demandait une grande concentration que je devais maintenir pour assurer le bon fonctionnement du sortilège. Santias était derrière moi, apeuré par ce que j'étais en train de réaliser. Je le sentais, sa respiration était rapide, un peu trop rapide et ses miaulements se faisaient de plus en plus insistants. Cependant, dans sa petite tête d'andouille, s'il devait en vouloir à quelqu'un c'était à lui ! Qui avait voulu chasser ? Et bien sûr qui avait voulu s'en prendre à trois gros rats puants en compagnie d'un autre chat complètement inutile ? C'était bien entendu lui ! Bon, comme à mon habitude j'allais devoir réparer ses bêtises, une parmi tant d'autres....

(Vous allez voir ce qu'est la magie mes lapins !)

Le mur qui se trouvait devant nous, n'était rien d'autre qu'un moyen de les stopper dans leur élan, juste pour me donner le temps de redevenir l'elfe bleu que j'avais toujours été. Je me projetai dans le monde spirituel, le monde tant aimé des shamans et fis appel à la magie environnante, celle-là même que j'avais utilisé pour créer ce mur de roches. En quelques secondes, je chargeai les forces occultes pour les relancer dans toutes les directions et ainsi créer l'impulsion nécessaire à ma transformation. Cette métamorphose fut beaucoup plus aisée, ressentant facilement les stigmates de ma vie d'éàrion je réussis à revenir sous cette forme en un rien de temps. Mes membres s'agrandirent, mes poils rentrèrent dans ma peau lisse et ma couleur redevint d'un bleu naturel. En quelques instants, j'étais redevenu le Dôraliës que j'avais toujours été, ce qui me rassura. Quand même ! Rester éternellement sous forme féline ne m'aurait pas vraiment plus ! J'eus cependant du mal à m'adapter à ma nouvelle taille, quelques vertiges s'en prirent à moi.

Mais rapidement, je vis Santias acculé derrière mon mur de pierres et les trois rats essayant de le contourner pour venir lui faire sa fête. Mais, dans une rage violente, j'invoquai le sort de puissance terrestre, rompant ainsi la terre en une fissure de quelques centimètres de large. Dès lors que le sol fut fendu, j'élargis la zone en instillant l'énergie qu'il me restait pour détruire une bonne fois pour toute ces viles créatures. Les roches s'élevèrent du sol et retombèrent par la suite en une fine pluie écrasante qu'ils ne pouvaient esquiver malgré leur agilité innée. Les roches leur tombèrent dessus, les molestant avant de les enterrer encore vivants. D'un geste de la main, marquant la fin du sortilège, je rabattis les deux bords de la fissure pour les ensevelir dans ce piège terrestre dont j'étais l'instigateur.

C'en était fini, le sol était redevenu à la normale, rien n'aurait pu trahir l'utilisation de ce sortilège qui m'avait coûté cher la dernière fois où je l'avais usé. Mais cette fois-ci, j'étais parvenu à contrôler la magie, à contrôler mes fluides qui ne s'étaient pas lancés à vive allure dans toutes les directions pour se retourner contre moi. Non, j'avais réussi à le lancer, en le maîtrisant de manière plutôt satisfaisante. Toutefois, l'image de Santias recroquevillé sur lui-même me ramena à la réalité. Je l'attrapai et me dirigeai vers le temple où j'allais le remettre une nouvelle fois dans les mains des druides pour qu'ils s'en occupent. Cela commençait vraiment à être une habitude !

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Dernière édition par Dôraliës le Dim 10 Juil 2011 10:31, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Sam 9 Juil 2011 17:35 
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Je me dépêchai de trouver un druide ce qui n'était pas très difficile car je commençais à en voir un, puis deux se diriger vers leur jardin botanique pour sans doute créer de nouveaux filtres avec leurs plantes médicinales.
«Excusez-moi... Heu... C'est-à-dire que Santias a encore eu quelques petits soucis et cette fois-ci avec des rats... Pourriez-vous le soigner s'il vous plaît ?
- Ahahah ! Ton chat est quelqu'un ! Allez donne-le nous on s'en occupe. Il n'y a pas grand monde à soigner en ce moment.»

D'un geste, il récupéra le chat qu'il plaqua contre son torse pour le rassurer. L'animal n'avait pas l'air de vouloir bouger, son échine devait le faire atrocement souffrir. En plus de ça je craignais que ces bestioles lui aient injecté une satané maladie qui aurait pu le tuer, chose que je refusais ouvertement ! Je croyais dans la puissance de ces druides qui n'hésiteraient pas à remettre mon compère sur pieds, je n'avais pas envie de me séparer de sa compagnie, surtout pas maintenant.

Ensuite, je m'en allais pour me diriger vers l'entrée du temple afin de récupérer mes affaires et de jeter un coup d'œil à ce que je possédais encore. J'aperçus un prêtre qui gardait les portes, celui qui m'avait demandé de quitter mes armes et dans l'enceinte du temple. Je lui fis un sourire et lui demandai qu'il me rende mes affaires car je comptais aller faire un tour en ville.
«Messire, vous n'avez pas acheté des sorts avant votre... accident ?
- Si pourquoi ? C'est interdit ça aussi ?
- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. J'ai appris que Moboutou avait reçu de nouveaux parchemins permettant d'apprendre des sorts rien qu'en les lisant. Peut-être pourriez-vous faire un échange ?»


Oui, ce n'était pas une mauvaise idée, cela m'éviterait de perdre énormément de temps dans l'apprentissage de la magie si cela se faisait automatiquement. Dès que j'aurais jeté un coup d'œil à mes affaires, je me rendrai chez le vieux machin pour tenter de marchander avec lui. Mais en attendant, je déposai mon sac sur le sol et commençais à en sortir tout mon attirail. Il y avait un peu de tout... Un arc, un onguent, ma flûte, le masque qui me permettait de respirer sous l'eau mais que je préférai laisser ici pour le moment. Je possédais encore mes gants abrasifs, de vieilles guenilles, des fluides et un sécateur... Bref ! Pas mal de choses inutiles dont j'avais envie de me séparer.
«Vous ne savez pas si certaines personnes auraient besoin d'armes ou de vêtements. J'ai pas mal de choses sur moi dont je ne me sers plus.
- Sans doute. Nous avons un apprenti en ce moment. Ce n'est qu'un enfant et il est orphelin. Peut-être si vous avez des vêtements dont vous ne vous servez plus nous pourrions lui donner, après les avoir retouchés bien entendu.
- Cela est tout à fait normal. Alors attendez que je regarde... voilà !»

Je sortis alors mes anciens habits encore terreux étant donné ce que j'avais vécu avec mais, en les lavant ils seraient tout à fait mettables.
«Oh ! Messire Dôraliës cela serait vraiment généreux de votre part si vous lui en faisiez cadeau.
- Il n'y a pas de quoi ! Par contre je possède des armes un peu pesantes, pourrais-je vous les donner, je n'en ai plus vraiment besoin aujourd'hui...
- Déposez-les ici, j'irai les placer en lieu sûr. Je vais chercher le jeune Inayel pour que vous lui offriez ces vêtements. Il en sera très heureux !»


Le prêtre s'en alla, me laissant seul sur le perron du temple quelques instants. Il n'y avait pas grand monde qui cherchait à rentrer dans les ordres et encore moins à prier le dieu créateur de cette planète en ce moment. Peut-être que les gens n'en avaient plus rien à faire des divinités après tout...

(Bah ! Je suis sûr qu'ils nous observent quelque part, qu'ils jettent un coup d'œil sur nous de temps en temps.)


Quelques minutes plus tard, le prêtre apparut en compagnie du jeune garçon qui ne devait pas voir plus de dix ans vue sa taille. Il avait le profil type du jeune Kendran, ses yeux étaient d'un bleu profond et ses cheveux d'un blond éclatant. Son visage respirait une candeur immaculée et devait être un véritable bout-en-train. Mais, lorsqu'il m'aperçut il eut un mouvement de recul, sans doute un peu impressionné de voir un elfe bleu en ces murs.
«Bien le bonjour ! J'étais en train de faire le vide dans mes affaires et j'ai trouvé ça regarde ! Bon évidemment, ils sont un peu grands et sales, mais en les retaillant et en les nettoyant ils t'iront parfaitement. Tiens !» lui dis-je en les lui déposant dans les bras.

Il bégaya un «merci» en me regardant, ne comprenant sans doute pas pourquoi je lui offrais mes affaires tout en ne le connaissant pas. Bref ! Je n'allais pas garder tout ce fatras éternellement. De plus, j'avais acquis des armes un peu plus intéressantes et des protections là encore plus sympathiques.
«Apporte ces vêtements à Miranda, elle s'occupera de les découper à ta taille.» lui dit le prêtre en le poussant vers les portes du temple.

L'enfant partit à la hâte pour emmener les habits chez une couturière qui les arrangerait pour qu'ils puissent les mettre. De mon côté, je récupérai mes armes et mon sac allégé et m'en allais pour rejoindre la boutique de Moboutou.

[Abandon de mon sécateur, de mon arc et de mes habits qui se trouvent dans mon sac.]

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 20:16 
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Une fois arrivé au temple de Yuimen, je pénétrai dans la cours et me dirigeai assez rapidement vers le jardin, impatient d'en apprendre un peu plus sur les parchemins que je venais d'acquérir. Santias était entre de bonnes mains, la journée était calme, quoi de mieux pour développer mes dons ? J'ouvris mon sac et en sortis un premier parchemin nommé poudre cristalline. La description du charme était intéressante, j'aurais la possibilité d'invoquer des minéraux tranchants pour les envoyer contre mon adversaire. Cela n'était pas négligeable dans un combat, la magie me serait sans doute d'une grande aide pour contrôler les forces néfastes qui jonchaient ce monde. Il n'y avait pas à dire ce sortilège me consumait de l'intérieur tant il m'intéressait ! J'ouvris alors le parchemin, craignant de créer un nouveau cataclysme qui me plongerait une nouvelle fois dans une convalescence de quelques jours. Cependant, mes dernières manipulations magiques plutôt réussies me poussèrent à développer ma magie.

(Tiens, il y a plein de symboles.)

Au fur et à mesure que je déroulais le papier, je pus apercevoir de nombreux signes runiques sur l'entièreté de la feuille. Ces traces étaient sans nul doute imprégnées d'une puissante énergie car mes fluides intérieurs pulsaient d'une manière plutôt incongrue. Rapidement, le parchemin se mit à vibrer et à s'effriter dans mes mains, laissant une vague de magie se diriger vers moi, m'empêchant de l'éviter. Surpris par le phénomène, je poussai un cri d'alerte qui transperça la tranquillité du lieu. Voyant la puissance runique se projeter à ma figure, je tombai à la renverse et ne pus l'esquiver. Je me sentis comme plongé dans un monde parallèle où des cristaux s'élevaient dans les airs et partaient dans tous les sens pour lacérer tout ce qui se trouvait sur leur passage. J'étais stupéfait par cette manière d'apprendre ces sortilèges.

Je continuai donc mon apprentissage, sortant un nouveau parchemin nommé transe. Comme précédemment je l'ouvris et une nouvelle vague de magie me transporta dans une transe mystique. Pour l'étau de pierre, je me voyais invoquer la terre et les roches pour figer en une statue un adversaire imaginaire. Quant au gisement d'améthyste, il sortit du sol et m'alimentait d'énergie élémentaire affaiblie par mon utilisation un peu trop excessive. Un autre transforma ma peau en véritable roche, j'étais aussi dur que le diamant, un véritable mur de pierre indestructible. Le suivant, nommé force de la bête, absorba l'énergie des êtres qui se trouvaient autour de moi pour me la conférer et gagner en force physique. Le parchemin du sort instinct de survie m'aidait à puiser dans mes dernières forces pour me protéger contre les attaques d'autrui. Un autre, furie animale, me permettait d'accroître volontairement ma puissance magique. Avec le bavardage de totem, je me voyais discuter avec un chat aussi nettement que je pourrais converser avec un autre elfe. L'escalier remuait le sol pour invoquer des marches enchantées me permettant de gravir des pentes un peu trop abruptes. Pour terminer, le sortilège mémoire des pierres me mettait à la place d'une roche et m'apprenait tout ce qu'elle avait pu voir au cours de son existence. J'étais abasourdi par une telle puissance contenue dans une simple feuille de papier. Et tout ça venait de m'être révélé, tous ces sortilèges, toutes ces techniques ancestrales m'appartenaient à présent.

(Oh que ça va être fantastique !)

Mais, à présent, je devais continuer d'apprendre à côtoyer la magie, cette nouvelle allié qui me permettrait de contrer l'ensemble des démons auxquels j'allais faire face ! Je récupérai mes trois fioles de fluides et m'assis sur le sol en tailleur. Une à une je les ouvris, libérant la substance élémentaire qui me propulsa dans une transe au sein du monde spirituel et shamanique. Les forces qui en émanaient étaient fabuleuses, me laissant m'élever au dessus de mon être en toute simplicité. Je me retrouvai rapidement dans cette partie de mon esprit où était emmagasinée toute mon énergie fluidique. J'étais de nouveau sous ma forme chat, mais dans le monde réel je n'étais que l'éàrion que j'avais toujours été. Cette force fantastique qui m'avait été donnée m'apportait une grande tranquillité d'esprit, un moyen immense pour me retrouver, pour me recentrer.

Rapidement, je me mis en quête des trois fluides sans doute perdus dans ce monde, attendant ma venue pour que je les libère une bonne fois pour toute. Je marchais calmement, toujours plus loin, prenant soin d'observer ce monde, mon monde, cet univers particulier qui n'appartenait qu'à moi, que j'avais construit par ma volonté et mon envie. Au bout de quelques temps, je finis par arriver au premier fluide. Ce n'était qu'une boule verdâtre qui flottait à quelques centimètres au dessus du sol. Je m'avançai et donnai un coup de patte dans l'énergie élémentaire qui tournoya avant d'exploser et de pénétrer dans le sol qui gagna en verdure. Quelques oiseaux apparurent alors rapidement, des êtres primaires et chétifs qui s'envolèrent pour se cacher bien vite. Mais, ce monde n'était pas encore d'une beauté phénoménale, il lui restait encore bien du chemin à faire, à parcourir.

Ainsi donc je continuai ma marche et trouvai le second fluide qui m'attendait bien sagement sur une branche d'arbre. Sortant mes griffes je me mis à l'escalader, n'ayant peur de me faire mal étant donné que j'étais dans une sorte de réalité alternée où je ne craignais rien. Petit à petit j'avançais, laissant le sol derrière moi pour m'élever sur la plus haute branche de ce frêne. Je ne préférai pas regarder en bas pour ne pas perdre l'équilibre, ainsi je continuai mon ascension, sans me soucier de la stratégie à adopter pour redescendre. Lorsque je fus à côté du fluide, je lui donnai un coup de museau pour qu'il parte dans l'environnement et l'aide à se développer. Mais des lianes grimpèrent jusqu'à moi et me portèrent jusqu'au sol pour ne pas que je me fasse mal. Toute cette magie était la pour moi, présente pour m'aider en cas de problème, lorsque j'en avais besoin. J'étais si fier de ce que j'étais en train de réaliser que je ne pus m'empêcher de miauler.

Enfin je me mis en quête du dernier fluide qui devait vagabonder pas très loin d'ici au vu de la nature luxuriante qui régnait. Je cherchais du regard et finis par le trouver, entouré de fleurs de toutes les couleurs et de divers animaux qui semblaient se rassembler autour de cette lumière pour se nourrir de la magie. Je me mis à courir dans sa direction pour le libérer de l'emprise de la fiole et pour qu'il me vienne en aide au besoin. La sphère aspira le micro cosmos qui se trouvait autour d'elle et le renvoya dans la totalité du monde dans une explosion d'étincelles. Je restais un moment là, assis près d'un arbre pour contempler cet univers. De nouvelles plantes étaient apparues et de petits mammifères vivaient à présent dans ce lieu. J'étais tellement heureux d'avoir atteint ce niveau en si peu de temps que je fis quelques cambrioles dans l'herbe avant de me relever et de quitter cette seconde réalité. Lorsque je réapparus dans le monde réel, rien n'avait changé. Seul le soleil avait continué sa course et m'indiquait que le soir s'approchait à grand pas. Je récupérai mes affaires et rentrai dans le temple pour prendre le souper.

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Dernière édition par Dôraliës le Sam 16 Juil 2011 15:36, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 20:30 
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Je demandai à un prêtre s'il pouvait me donner un petit quelque chose pour me sustenter ce qu'il fit en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Je reçus une ration de soupe, un morceau de pain accompagné d'un peu de fromage qui, je devais bien l'avouer, sentait les pieds. Mais, ce ne fut guère important, je mangeai tout le repas avidement, ne laissant que quelques miettes. J'aperçus Méta qui tenta de m'éviter une nouvelle fois mais c'en était trop ! Je me dirigeai vers lui pour lui faire part de ce que je ressentais en toute sincérité.
«Méta écoutez ! Nous n'allons pas jouer au chat et à la souris encore longtemps ! Non je ne vous en veux pas, ce n'était pas de votre faute, vous ne pouviez connaître la réaction du sortilège. Alors cessons de nous éviter, ça ne sert strictement à rien !
- Heu... hé bien d'accord alors.»
me dit-il en me tendant la main que je serrai vigoureusement.

Mais nous fûmes interrompus par des cris qui retentirent dans le réfectoire, un prêtre avait l'air d'avoir littéralement pété les plombs et nous menaçait tous de nous tuer au nom de Yuimen... Il ne manquait plus que ça ! Maintenant les prêtres allaient nous jouer un mélodrame pour nous divertir...
«Que la puissance du Dieu terrestre me vienne en aide !!!» hurla-t-il comme s'il s'agissait de nous défier.

Comment dire ? J'étais sur le cul ! Un autre prêtre tenta de le maîtriser, mais il le repoussa d'une gerbe de fleurs qui jaillit de nulle part... Alors s'il commençait à lancer des sorts nous n'allions plus nous en sortir ! Je me dirigeai droit vers lui, mais bientôt des pics sortirent du sol et virent l'entourer, me bloquant ainsi dans mon élan. Il vociférai, expliquant que nous étions tous des envoyés de Thimoros pour détruire son temple, son toit, sa maison...

(Non, mais il s'entend parler ou quoi ?)

«Faites attention messire Dôraliës, j'ai entendu dire que ce mal touchait de nombreuses personnes en ce moment dans la ville.
- Ah... hé bien, je ne vais pas le laisser détruire le temple car il se sent pousser des ailes par un quelconque mal. Allez suivez-moi !»


Méta et moi nous mîmes à escalader les pics, nous blessant par endroit vu qu'ils étaient acérés et aussi pointus que des aiguilles. Mes mains étaient pleines d'écorchures mais, cela n'était pas vraiment important. Les plaies de la chair pouvaient être soignées aisément étant donné que je me trouvais dans un temple peuplé de druides. Ce sortilège était intéressant et me donnait envie de l'apprendre, cette protection qui pouvait infliger des dommages à son adversaire était un enchantement à double tranchant qui me plaisait énormément. La prochaine fois que je me rendrais chez Moboutou je lui demanderai s'il pouvait me vendre un tel parchemin. En attendant, j'avais à faire dans ce temple pour tenter de remettre sur le droit chemin ce vieillard un peu dérangé du ciboulot.
«Arrière créature des enfers ! Yuimen me protège vous ne pouvez rien contre moi !
- Ben voyons !»
lui rétorquai-je avant de me préparer à lui bondir dessus.

Mais, avant que je n'ai pu réagir Méta lança un sortilège qui ramollit le sol afin de créer une sorte de sable mouvant. Le prêtre fut happé par le sortilège qui le bloqua jusqu'à la taille;il ne pouvait plus rien faire stoppé net dans son délire. De mon côté, je bondis comme je l'aurais fait sous ma forme féline, plaquant le prêtre au sol qui commença à se débattre en m'injuriant de tous les noms possibles et inimaginables. Ce mal venu d'ailleurs semblait changer la perception de sa victime la transformant en un véritable paranoïaque qui attaquait tout ce qui bougeait. Ce prêtre s'était métamorphosé en fanatique aigu pour son dieu. Bref ! Rapidement, de nombreuses personnes vinrent à mon secours pour maintenir le religieux au sol et tenter de le calmer, mais rien ne semblait y faire, il persistait dans son délire, croyant que nous étions tous d'abominables ennemis maléfiques. Il n'y avait pas à dire, ce disciple avait un grain.

Au bout de quelques minutes, des soigneurs apparurent pour essayer de calmer le vieillard avec des potions qui ne réussirent qu'à l'énerver. Ils finirent par l'emporter je ne savais où, mais ils durent affronter le prêtre qui ne cessait de gesticuler et de raconter des inepties. Puis, pour mettre un terme au spectacle, un druide demanda à toutes les personnes présentes de sa voix chevrotante de retourner vaquer à leurs occupations, sauf à Méta et à moi...
«Vous deux, venez par là !»

Bon... Il ne manquait plus que je me fasse enguirlander par ce confectionneur de potions magiques et ce serait le pompon... Cependant, il nous tendit deux verres remplis d'une vieille substance malodorante qui sentait vraiment le bouc.
«Cette maladie semble contagieuse, vous l'avez touché alors prenez ça !» nous ordonna-t-il.

Je n'avais pas vraiment envie de boire cette chose écœurante, mais encore moins de devenir comme ce prêtre : un vrai névrosé consumé de l'intérieur. Je pris alors la potion et la portai à mes lèvres qui se retroussèrent légèrement lorsque je sentis de plus près l'odeur fécale de cette boisson. Toutefois, par crainte de contracter les mêmes symptômes, je la bus d'un trait faisant abstraction du goût infâme...
«Mais qu'y a-t-il à l'intérieur ?
- Fumier de perdrix, pisse de bouloum et pétales d'orchidée pour le goût.
- Baaaaaaaaaah ! Pour le goût vous dites !»
râlai-je à outrance.

Je vis Méta blêmir lorsqu'il entendit les ingrédients de ce qu'il venait de boire. De mon côté, malgré la répugnance que m'imposait cette chose, j'avais déjà été habitué avec les nombreuses potions qu'ils m'avaient fait boire lors de ma convalescence. Alors une de plus ou une de moins, je n'étais pas à ça près ! Je la bus donc d'un trait, ne pensant pas aux substances qui se trouvaient dans ma bouche. Mais, rien y fut, un goût à réveiller les morts me fit tourner la tête, mes papilles avaient quelques difficultés à accepter ce que je leur infligeais. Néanmoins, la saveur commença à s'estomper miraculeusement, à une vitesse presque indécente.
«Voilà à quoi servent les pétales d'orchidée... Si vous pensez que l'on utilise des ingrédients juste pour dire qu'on les a utilisés, vous vous trompez !»

Ah d'accord ! Ainsi, les pétales devaient posséder des capacités d'atténuation de goût rapide ! Que tout ceci était intéressant, même si je m'y connaissais un peu dans l'usage des plantes médicinales, je n'avais encore jamais entendu parlé d'un tel pouvoir. Peut-être les avaient-ils ensorcelés pour qu'ils possèdent une telle capacité ? Cela était tout à fait possible connaissant l'étendue des pouvoirs de ces druides. Mais bientôt, une cri sorti tout droit des tréfonds des ténèbres ramena l'assemblée à la douce réalité. Ce hurlement venait d'un des couloirs menant aux chambres, il était puissant, strident et était celui d'un homme terrifié, horrifié. Puis plus rien, seul un gargouillis qui marquait sa mort le fit disparaître à l'intérieur même du temple. Une autre personne avait-elle contracté l'étrange maladie et s'était attaquée violemment à quelqu'un ou était-ce autre chose ?
«Méta ! Allons voir !»

Je m'engageai alors dans les couloirs du temple, cherchant d'où avait bien pu provenir ce cri qui n'était déjà plus qu'une âme au royaume de Phaïtos.

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Jeu 14 Juil 2011 15:14 
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Nous nous mîmes à courir dans la direction de ce cri qui ne présageait rien de bon, accompagné par des prêtres qui n'accepteraient pas que l'improbable se soit produit dans leur temple. Les dédales nous emmenèrent assez loin du réfectoire, le bruit avait dû se répercuter dans les fins couloirs pour nous apparaître sombres et obscurs dans la salle à manger. Mais, lorsque nous arrivâmes, il était bien trop tard et une vision d'horreur et d'effroi se présenta à nous. Un humain n'ayant pas plus de la quarantaine était crucifié contre le mur, les yeux arrachés, ne laissant que deux orbites sombres et sanglants qui laissaient couler deux rivières de sang encore chaud. Son visage était déformé, atrophié par l'horreur à laquelle il avait dû faire face. Ses cheveux dressés droits sur sa tête étaient devenus blancs, de la même couleur que la neige éclatante. Il était accroché et semblait nous observer de son regard obscur et mortellement angoissant. Son corps avait été recouvert de symboles mystiques, quelqu'un s'était amusé à lui graver des glyphes sur le visage ayant sans doute une signification occulte.
«Appelez la milice ! Appelez la milice !» se mit à hurler un des prêtres, le visage déformé par la peur.

Moi qui pensais être en sécurité en ce lieu, je m'étais trompé... Nul endroit de ce monde ne me protègerait, les forces des ténèbres étaient partout et réussissaient même à pénétrer dans un lieu saint où la magie de Yuimen était censée protéger ces murs. J'étais abasourdi, j'avais l'impression que l'on venait de me donner un coup sur la tête. Je ne pouvais quitter du regard ce cadavre qui avait été assassiné et violenté en moins de temps qu'il nous en avait fallu pour venir ici. Ceci signifiait qu'il était encore près de nous, peut-être même encore dans ces murs ! Nous ne devions pas perdre de temps en attendant la milice. Non ! Je devais le chercher ! Je m'apprêtai à dire un mot, lorsqu'un prêtre porta sa main à sa bouche, venant de comprendre une chose sans doute terrible.
«Nom de Yuimen ! Ces glyphes... C'est un rituel de passage, regardez Hubert ! Il a dû apparaître ici pendant que nous étions occupés avec notre malade dans le réfectoire. Mais, Rémi a dû lui tomber dessus, en amenant le repas d'Inayel. Oh non ! Le petit !»

Le prêtre se dirigea tout droit dans la chambre qui se trouvait en face du cadavre crucifié qui continuait de nous observer de manière plutôt malsaine. Mais, dès lors que le prêtre se trouva dans la couche du garçon auquel j'avais offert mes vieux vêtements, il fut parcouru de sanglots.
«Oh non ! Il n'est plus là ! Ce monstre l'a enlevé !
- Excusez-moi, je peux me charger de le retrouver, je commence à avoir une certaine expérience des forces maléfiques.
- Mais, il est dangereux, regardez ce qu'il a fait à père Rémi.
- Le temps que la milice arrive, il sera peut-être trop tard. Je l'accompagne !» jeta Méta à la figure du prêtre qui n'était de toute façon pas en mesure de riposter.
- Vous avez parlé d'un rituel de passage, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
- Apparemment, le monstre qui a fait ça s'est servi du corps mutilé pour sortir du temple et réapparaître dans un lieu inconnu. Il n'y a qu'à voir tous ces symboles runiques, ils sont chargés d'une puissance obscure.
- Seriez-vous en mesure de réactiver ce rituel ?»


Je vis le visage du prêtre pâlir comme si j'étais en train de lui demander quelque chose d'horrible. Je ne voyais vraiment pas où était le problème, c'était peut-être notre seule chance de retrouver le jeune Inayel sain et sauf...
«Heu... messire Dôraliës... c'est de la magie noire...
- Et alors ? Soit on reste les bras croisés ici, soit on part à la recherche de cet assassin ! Vu ce qu'il a fait à ce prêtre, je me doute qu'il n'a pas enlevé Inayel pour lui chanter une berceuse et le mettre au lit !»
m'énervai-je alors brusquement.

Cette situation me rappelait trop les forces maléfiques auxquelles j'avais été confronté lors de la quête. Aujourd'hui, une de ces créatures néfastes venait de faire son apparition ici-même comme si elle tentait de me poursuivre. Mais, je n'avais plus peur de devoir me retrouver en face de la mort, mon but était de sauver cet enfant et les nombreuses vies qui auraient pu être enlevées par ce monstre. Alors ce n'était pas l'utilisation de la magie noire qui me faisait peur !
«Alors ? Êtes-vous en mesure de rouvrir le passage ?
- Cela doit pouvoir se faire... Attendez ici.»


Le prêtre partit, jetant un dernier regard à son confrère qui devait déjà sans doute se trouvait aux prises avec les autres âmes dans le domaine de Phaïtos. Sa présence ne me disait rien qui vaille mais nous n'avions pas le choix, je ne pouvais pas perdre une vie de plus ! J'avais peur de trouver un être aux pouvoirs divins derrière ce cadavre, mais fuir un nouveau combat n'était plus de moi, je comptais bien le retrouver et lui faire comprendre que Dôraliës n'était pas mort. De plus, Méta serait avec moi, nos pouvoirs combinés et notre maîtrise du combat plutôt sommaire nous aideront sans doute à en finir avec cet être maléfique !
«Dôraliës, je ne sais pas si... si nous pouvons combattre une telle créature. Après tout, vous venez juste de prendre connaissance de vos pouvoirs shamaniques et moi je ne suis encore qu'un apprenti...
- Avant de devenir un shaman j'ai rencontré des êtres que tu ne peux te représenter, même dans tes rêves les plus fous. Reste ici si ça te chante, je ne leur laisserai pas prendre une nouvelle vie, pas une autre !»


Méta n'avait sans doute pas vécu le même passé que moi, le sien devait être plus doux, lors de ses aventures, il n'avait pas dû affronter d'être aussi meurtriers que les miens. Je ne lui en voulais pas, mais je n'arrivais pas à comprendre comment il pouvait être aveuglé par autant de peur, quitte à abandonner un enfant aux mains d'un monstre capable de crucifier un prêtre du temple. Mais, Hubert réapparut en compagnie de trois autres de ses confrères, chacun possédant une mine aussi sombre qu'un elfe noir.
«Nous sommes prêts.» nous lança-t-il. «Mais faites bien attention à vous. Ce n'est pas une coïncidence si l'un des nôtres a été victime de cette étrange maladie psychique, tout est lié.»

J'acquiesçai de la tête, ne voulant pas perdre plus de temps que nous en avions déjà perdu. Les trois prêtres entourèrent le cadavre et commencèrent à psalmodier d'antiques chants. La langue qu'ils employaient était très étrange, reflétait un certain barbarisme qui me donna des frissons. La magie noire était une énergie puissante et j'étais en train de me demander pourquoi des prêtres du temple de Yuimen en avait appris les rudiments. Enfin... C'était vite dit, peut-être n'étaient-ce pas de simples rudiments car ce genre de rituels n'avait rien de simple.

(Non, mais je rêve !)

Le cadavre se mit à bouger, son visage ensanglanté parcourut de son regard vide les trois prêtres qui cherchaient à réveiller le maléfice auquel je ne pouvais bien entendu pas prêter mes maigres capacités. Son corps fut rapidement prit de soubresauts comme s'il cherchait à repousser la magie des trois prêtres de Yuimen, leur puissante énergie salvatrice qui désirait commander les fluides sombres qui maculaient cet être maudit. Un charme avait dû être instillé à ce résidu de corps pour contrer au cas où les pouvoirs d'éventuels magiciens. Mais bientôt, d'autres prêtres se joignirent à cette litanie macabre, murmurant les chants ecclésiastiques pour donner plus d'ampleur, plus de puissance au sortilège. Cette magie ancestrale dépassait grandement mes maigres connaissances dans le domaine;je les regardais agir de consort admiratif, espérant un jour maîtriser ce genre de forces occultes.
«Approchez-vous, nous sommes arrivés à contenir les sortilèges, mais pas pour longtemps, notre connaissance en la matière est assez restreinte. De plus, le dégoût que nous inspire cette magie ne nous aide pas énormément.»

Je fixai Méta qui d'un signe de tête accepta de m'accompagner à travers ce passage plutôt cadavérique et effrayant. Cela ne me disait vraiment rien de me servir de ce corps qui semblait se décomposer à une vitesse frôlant l'indécence. En effet, déjà sa peau était en train de se recouvrir de cloques comme s'il était en train de brûler de l'intérieur par une étrange magie que je ne connaissais pas. Il fallait être honnête, je n'étais pas non plus érudit dans ce domaine. Rien que le fait de me rendre à un autre endroit par l'intermédiaire d'un rituel ancien et maléfique dépassait mon entendement.

Je finis par m'avancer vers le cadavre qui me regardait me diriger vers lui comme si le bâtisseur de ce sort était en train de m'espionner de l'autre côté. C'était affreux de voir un prêtre bien sous tout rapport être la victime d'une créature aux puissances démesurées. J'allais devoir faire attention à moi et à Méta car même s'il m'accompagnait, je commençais à comprendre ses failles et ses craintes. D'ailleurs, il n'avait jamais dû vivre de très grandes aventures, contrairement à moi qui avait tenté en vain de secourir un Marionnettiste prisonnier des profondeurs sous-marines. Je sortis alors mon épée, celle à la lame sombre que j'avais pu récupérer dans les cales du navire étrangement obscur. Je n'avais pas encore eu l'occasion de m'en servir et j'avais l'impression que c'était le moment fatidique où j'allais devoir montrer ce que je valais. De son côté, Méta suivit mon geste en sortant un nunchaku qui me frappa de stupeur. Lui ? Posséder ce genre d'armes ? J'étais pressé de le voir s'en servir contre notre démon.
«Il est temps Méta !»

Nous nous avançâmes tout deux à l'unisson, pressé d'en finir avec cette histoire. Nous ne pouvions pas laisser un tel monstre s'en prendre à un enfant et encore moins laisser le meurtre du prêtre impuni. Malgré tout, mes peurs se ravivèrent lorsque je compris que nous allions devoir nous battre contre un être d'une très grande magie. Il n'y avait qu'à voir le pauvre prêtre décharné qui était crucifié sur le mur pour se rendre compte que nous avions un long chemin à parcourir pour l'égaler. Bref ! Peut-être qu'il était bien plus doué dans les arts occultes que nous, mais il n'avait sans doute pas mon expérience dans les créatures maléfiques.

Je pris la main de Méta et m'avançai vers le cadavre qui -je le sentis- commençait à nous aspirer à l'intérieur. La sensation était étrange mais j'avais énormément de difficultés à contrer cette succion qui semblait devenir de plus en plus puissante. Derrière moi j'entendis un des prêtres me crier de ne pas résister, mais la tentation était trop forte. Comment ne pas tenter de fuir une telle magie qui nous aspirer sans que l'on puisse y faire quoique ce soit. J'étais terrifié à la fois par cet enchantement et par ce que j'allais découvrir de l'autre côté. Peut-être étaient-ils nombreux, peut-être allions-nous dans un lieu lointain dont nous ne pourrions pas revenir... Quel idiot ! J'avais encore réagi de manière trop impulsive et cette personnalité stupide allait peut-être me condamner à une mort dans d'atroces souffrances. Mais, je n'avais pas le droit de ressentir cette peur, je devais aller de l'avant, continuer à me battre pour le bien de Yuimen, vaincre le mal insidieux qui ne cessait de faire son apparition même dans un temple peuplé de prêtres. Mais bientôt, la magie fut irrésistible, imparable et nous fûmes aspirés à l'intérieur de ce portail recouvert de sang.

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Ven 15 Juil 2011 14:58 
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Lorsque nous commençâmes à nous déplacer dans les rues, je vis les regards étonnés des passants qui devaient bien se demander ce qui était arrivé à l'enfant et à moi. Il était vrai que nous étions très mal en point et escortés par deux gardes. Peut-être pensaient-ils que l'on m'avait fait prisonnier après avoir attaqué le garçon. S'ils croyaient à cette fable, ils étaient bien stupides, mais d'un côté ce ne me surprendrait pas. Le garde qui ne portait pas l'enfant me demanda si je voulais m'appuyer sur ses épaules. Je ne me fis pas prier et passai mon bras autour de son épaule pour tenter de préserver mon corps déjà pas mal entaillé.

Nous étions bientôt arrivés et lorsque j'aperçus enfin l'entrée du temple, je me surpris à sourire. Inayel et Méta étaient sauvés c'était tout ce qui pouvait encore compter. Rapidement, un des prêtres vint à notre rencontre, sans doute étaient-ils en train de guetter notre arrivée, priant Yuimen pour notre salut.
«Où est Méta ?» S'enquit-il.

Je lui tendis le raton laveur ensanglanté qui assombrirent l'expression des deux gardes qui commencèrent à poser quelques questions au prêtre. Mais, il ne les écouta pas, bien trop heureux de retrouver l'enfant et son disciple. Certes, ils n'étaient pas en forme, mais ils n'étaient pas morts non plus ce qui était le principal après tout. Le prêtre appela ses compères et les druides du temple pour nous remettre tous sur pieds. Bientôt, ils m'amenèrent à l'intérieur de l'enceinte et me donnèrent plusieurs infâmes potions que je bus d'un trait ne me souciant pas des ingrédients qu'ils avaient pu mettre cette fois-ci. Je ne savais pas très bien ce qu'ils firent à mes compagnons d'infortune, mais sans doute devaient-ils les ausculter pour chercher la cause de leurs maux. De mon côté, ma mission était terminée et même si j'avais envie d'être rassuré du sort des deux autres, je ne pus m'empêcher de sombrer dans un sommeil profond.

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Sam 16 Juil 2011 14:27 
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Quelques jours passèrent sans que je ne visse ni Méta, ni Inayel. Néanmoins, les prêtres m'assurèrent qu'ils allaient bien, qu'ils étaient sortis d'affaire. J'étais heureux de les savoir en train de se remettre de cette horrible aventure. De mon côté, les druides avaient concocter une substance pour permettre à mon esprit de se reposer, de ne pas continuer à penser à mon changement d'orientation un peu trop présent. Je ne pouvais que les en remercier, j'étais exténué à cause de toutes ces questions que je me posais inlassablement sans trouver de réponse satisfaisante. Mais, les prêtres me permirent de garder Santias qui -on pouvait bien l'avouer- pétait le feu. Il n'arrêtait pas de sauter dans tous les sens et de me lécher la main dès qu'il en avait l'occasion. Au bout, de ce temps, je devais bien reconnaître que j'en avais déjà assis d'être allongé dans ce lit. Mes blessures avaient été guéries et je ne faisais que perdre du temps, temps qui m'empêchait de progresser dans mon entraînement.
«Messire Dôraliës, peut-être pourriez-vous sortir à l'extérieur, il fait un peu gris, mais ça vous changera les idées.»

Je ne me fis pas prier pour enfiler mes vêtements et sortir à l'extérieur pour aller jouer un peu de ma flûte traversière que je n'avais pas touché depuis quelques jours déjà. Je marchai à pas rapides, suivi de Santias qui ne cessait de miauler sa joie autour de moi. Il avait l'air toujours aussi stupide et les diverses blessures qu'il avait subi ne l'arrangeait pas... Bah ! Il finira bien par se remettre un jour complètement !

À l'extérieur, je m'assis sur le perron du temple et me mis à jouer un petit air calme, enjôleur, frivole qui attirèrent l'attention des passants. Je me moquai bien de leur présence, tout ce qui m'intéressait était de me détendre et de me reposer. Pourtant, je fus interrompu par une visite que je n'aurais cru recevoir avant plusieurs semaines. Méta sortit du temple derrière moi et vint poser sa main sur mon épaule.
«Merci Dôraliës. Sans vous...
- Sans toi.» précisai-je. «Avec ce que l'on a vécu, je crois que le tutoiement s'impose.
- Sans... toi, je ne m'en serais pas sorti.
- Mais, sans moi tu n'y serais certainement pas allé. C'est de ma faute si tu as autant souffert.
- Non, non ! Ne dis pas ça ! Et puis, les druides sont de véritables guérisseurs. Regarde, il n'y a plus aucune trace de blessures, pas même une cicatrice.»


J'observais son ventre dénudé qui était parfait, pas une seule cicatrice ne venait le salir, pas un seul bleu venait colorer sa peau claire. Il avait raison, les druides avaient été de véritables mages guérisseurs. Ces personnes n'avaient rien à prouver, rien à envier aux disciples de Gaïa.
«Et le petit comment va-t-il ?
- Un peu traumatisé, mais il survit. Les prêtres ont eu énormément de difficultés à le libérer du sortilège de sommeil qui l'emprisonnait dans son esprit. Il semblerait que cette créature voulait user d'un ancien rituel pour se donner la vie éternelle. Enfin, il n'en a plus besoin à présent.
- Non, pas là où il est.»


Ces paroles firent jaillir en moi un torrent d'interrogations. Même les filtres des druides ne pourraient m'empêcher de penser à la situation actuelle, au mal qui ne cessait de faire son apparition dans les lieux les plus insolites. Oaxaca devait bien entendu y être pour quelque chose, insufflant de l'énergie à des êtres qui n'existaient plus depuis des siècles déjà. Je ne comprenais pas vraiment ses motivations, cette guerre incessante entre le bien et le mal. Cependant, pour moi il n'y avait ni bien, ni mal;seule la protection de la vie, des vies étaient importantes. J'étais revenu à mes premières amours, faisant un pacte avec moi-même pour ne jamais faire tomber du sang inutilement.
«En tout cas, j'ai été surpris de voir ton évolution dans l'art de la magie. Je ne savais pas que tu avais appris ces sortilèges.
- Évidemment, tu faisais la tronche dans ton coin... Je me suis donc pris en main, à commencer par ma transformation sous ma forme totémique.
- Je crois que tu es rapidement arrivé à me dépasser dans l'art shamanique, je n'ai pas grand chose à t'apprendre, par contre toi, tu pourrais m'enseigner pas mal de choses. Mais, je préfère découvrir tout ça par moi-même. Ah ! J'allais oublier. Les prêtres sont tombés sur une sorte d'objet légendaire dans un de leur vieux bouquin et ils pensent que ça pourrait t'intéresser. Qu'en dis-tu ?
- J'en dis que ça peut toujours m'être utile !»


Une vieille relique qui pourrait m'aider à mieux comprendre mes dons et qui me ferait passer un bout de temps hors de cette ville. J'acceptai l'idée de me mettre encore une fois en danger avec appréhension, mais, pourquoi pas après tout ! Si ça pouvait m'être utile contre les forces malignes qui s'acharnaient sur moi, j'étais prêt à partir sur le champ à sa recherche. Je suivis Méta à l'intérieur du temple pour qu'il me présente les prêtres qui avaient découvert cet antique objet dans leurs écritures anciennes. Une fois dedans, un vieillard s'approcha de moi, un sourire aux lèvres :
«Ah messire Elfe ! Comptiez-vous partir sans que l'on vous remercie pour votre aide ?
- Je n'ai fait qu'accomplir mon travail et encore ! Il n'y a qu'à voir dans quel état nous nous trouvions à la fin de notre affrontement... De plus, un prêtre et deux enfants sont morts et qui sait combien d'autres ont été ses victimes.
- Ne pensons plus à ce tragique épisode. Ce qui est fait est fait.»


Il était assez optimiste, peut-être un peu trop à mon goût. Cette histoire était déjà du passé, mais à mes yeux ce n'était que le commencement d'une vie longue et semée d'embuches. J'espérais ne pas me retrouver à affronter un enfant même si ce n'était qu'un amas d'os contrôlé par de la magie noire, je ne me sentais pas capable de faire face à ce genre de puissances. Les récents épisodes m'interdisaient de me mettre à la recherche d'âmes sombres et malhabiles pour leur faire goûter aux forces du bien. Pourtant, j'avais choisi cette et plus rien ni personne ne réussirait à me faire bifurquer.
«Je pense que vous êtes ici pour que je vous explique ce que l'on a trouvé pour vous dans nos vieux livres non ?
- Oui, tout à fait ! Méta m'a fait part de l'une de vos trouvailles.»


Le prêtre alla chercher un vieux bouquin qui était déposé sur une table, puis le ramena et commença à tourner les pages rapidement.
«L'histoire d'Albän, shaman de son état et créateur d'un puissant artefact aujourd'hui perdu. La légende raconte que le détenteur de son arcane à la possibilité de communiquer avec n'importe quel autre shaman sur n'importe quel distance. Imaginez la puissance d'un tel objet en votre possession.
- Oui, mais comme vous l'avez dit, il est aujourd'hui perdu...
- À cela je vous rétorquerais oui et non. Il semblerait que ce livre soit une relique, elle-même perdue, nous l'avons obtenu récemment dans un arrivage de quelques légendes de Yuimen récupérées çà et là sur le continent par l'un de nos envoyés. Si vous le feuilletez vous tomberez promptement sur une carte, ici.
- Vous appelez ça une carte vous ? Toute la couleur a presque disparu...»


En effet, les encres s'étaient estompées avec le temps, ne laissant que des traits pâles sur la feuille jaunie du parchemin. On pouvait tout de même déterminer les grandes lignes mais de là à comprendre la totalité de la carte il y avait un fossé infranchissable. Puis, le prêtre continua de tourner les pages pour arriver à une sorte de trou à l'intérieur même du livre, un socle contenant une forme en tête de tigre incrustée dans le bouquin.
«Quant à ce mystérieux objet, nous ne savons pas exactement à quoi il sert, sans doute est-ce une clef ou quelque chose comme ça.
- Savez-vous vers quelle contrée se situe l'arcane ?
- Pas le moins du monde nous y sommes intéressés. Mais, je suis sûr qu'avec une bonne carte vous réussirez à trouver !»


(Ben voyons !)

Ce n'était pas que je ne voulais pas partir à l'aventure mais chacun savait que je n'étais pas excessivement doué du sens de l'orientation. Alors me donner une vieille carte à moitié effacée pour me repérer dans la nature ce n'était pas gagné ! D'un autre côté, j'abondais dans le sens du prêtre, une telle relique était d'une grande puissance et pouvait être utile en toute circonstance. Bien que je ne sois pas encore totalement remis de mes pérégrinations dans la forêt, ma motivation était intacte, cela m'aiderait sans nul doute à en apprendre un peu plus sur mes nouvelles capacités.
«J'accepte de partir à la recherche de l'arcane. Seulement si elle me revient par la suite et qu'elle ne soit pas exposée dans un vieux musée où elle n'aurait aucune utilité. Je n'ai pas envie de risquer ma vie une nouvelle fois pour rien.
- Bien entendu. De toute façon nous n'en avons pas vraiment besoin en tant que prêtres...
- Ce n'est pas faux. Puis-je récupérer le livre, je vais commencer par le lire, c'est la moindre des choses. Auriez-vous aussi une carte pour que je me repère, il faut que je trouve où se situe cette région.»
dis-je en pointant du doigt la carte à demi-effacée.

Le prêtre fouilla dans une pile de livre pour me sortir une vieille carte, certainement de la même époque que le bouquin. Je craignais que la région ait subi quelques modifications depuis le temps, néanmoins, j'arriverai à m'y retrouvais, enfin je l'espérais... Je pris donc les objets et partis dans ma cellule pour tenter de déchiffrer cette mystérieuse carte. Au moins, cette recherche m'occuperait l'esprit, me forçant à penser à autre chose qu'aux événements récents. Et puis, pour l'instant j'étais toujours dans le temple, j'avais encore le choix de changer d'avis si je trouvais l'entreprise trop dangereuse.

Je déposai le livre et la carte sur ma couche, bientôt rejoints par Santias qui devait s'ennuyer terriblement. Il était vrai que ces derniers temps je ne lui consacrais pas trop de ma vie pour jouer avec lui ou le câliner comme je le faisais avant. Pauvre matou ! Pourtant, je l'aimais tout autant, sinon plus. Il était toujours aussi mignon, toujours aussi tendre, toujours aussi bête et pourtant, je l'adorais comme un véritable petit dieu. Trêve de plaisanterie ! Je devais lire le pavé pour tenter de découvrir le lieu où était enfermé l'arcane de ce shaman. Je me rendis compte que le début du livre était tout simplement une histoire sur Albän. Ce n'était pas passionnant, mais j'en appris un peu plus sur cet étrange personne et sur les pouvoirs de l'objet en question. Le shaman qui avait conçu cette relique était un ancien érudit qui avait appris à contrôler le pouvoir des runes afin d'amplifier la puissance d'un sortilège d'appel enfermé dans l'arcane. Ses connaissances dépassaient grandement les miennes, mais j'arrivais tout de même à comprendre en gros la manière qu'il avait utilisé pour opérer l'enchantement. Une chose était certaine, je ne partirai pas à la recherche de l'artefact sans avoir acheté auparavant le sort d'appel qui pourrait peut-être avoir de l'importance dans le futur.

(Bon... Maintenant, tentons de situer la région.)

Je pris la carte complète du royaume de Yuimen et ouvris le livre à la page du plan potentiellement effacé. J'essayai de trouver des correspondances, mais rien ne semblait être en accord, peut-être que les prêtres s'étaient fourvoyés, peut-être n'était-ce pas la bonne époque. Pourtant, une ellipse noire se rapprochait des bois sombres qui se trouvaient à quelques pas de la cité noire d'Omyre. Je tournai la carte pour essayer de distinguer un peu mieux les courbes et les différentes frontières, essayant de me familiariser avec le plan effacé. Mais plus j'y regardais, plus je trouvais que ma première impression était la bonne, le point noir sur la carte effacée devait représenter la Tour sombre de la cité. Quelle horreur ! L'arcane se trouvait dans la cité des orques, tout au moins dans la forêt qui entourait la ville obscure. Bon... hé bien, j'allais devoir m'armer de toute ma force pour survivre à cette malheureuse expédition !
«Santias, je crois que nous allons nous amuser.» déclarai-je au chat sans grande conviction.

Le voyage pourrait être long. Je regardais la carte et tentais de me créer un itinéraire pour me rendre jusqu'aux bois sombres. J'allais devoir voyager jusqu'à Oranan en prenant une de ces machines étranges des elfes gris, puis je marcherais jusqu'aux bois en compagnie de Santias. Après, il ne me resterait plus qu'à trouver les quelques repères que j'arrivais encore à discerner sur la carte effacée. Pour l'instant, je n'avais qu'à terminer ma journée en rassemblant mes affaires et faire quelques préparatifs. Pourquoi ne pas acheter quelques sorts, un fluide et de quoi allumer un feu ?

(Allez !)

Je me levai et remis le livre et la carte dans mon sac, puis me dirigeai vers la sortie du temple pour aller faire quelques achats. Cependant, j'enfermai Santias dans la chambre pour l'empêcher de me suivre dans le monde extérieur. Je n'avais pas envie de passer mon temps à le chercher dans tous les coins de la ville pour le retrouver finalement égorgé par un brigand un peu trop sadique.

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Dim 11 Sep 2011 18:19 
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Le port

Les précédentes aventures d'Harmonie, l'avait conduite dans le temple de Yuimen. À l'entrée du temple sur une face du mur était inscrit :

« Plus rien n'est sûr de nos jours. Tandis que l'un rôde, l'autre reste énigmatique. Il se pourrait que nous assistions à nos derniers jours de paix. Notre Lien se casse et la Panique arrive. Combien de temps tiendrons-nous encore ? »

Mais...C'était exactement la question qu'Harmonie se posait tout à l'heure. Comment un problème actuel puise être inscrit sur un mur de plusieurs millions d'année ? Cela n'a aucun sens...Mais voilà que tout en bas de ce mur, un l'homme, l'homme qu'Harmonie poursuivait, burin et marteau à la main, inscrivait des lettres dans ce mur de pierre.

« - Mais ! Que fais-tu ? »

L'homme très concentré ne jeta pas un regard à Harmonie.

« - Bientôt ces mots prendront tout leurs sens... Et ils ne seront plus que souvenirs. L'épidémie se répand sans que nous ne pouvions intervenir »

Il avança sans hésitation d'un pas ferme, il toqua à la petite entrée taillée dans les grandes portes du temple qui n'étaient ouvertes que pour les cérémonies. Puis une nouvelle crise de folie reprit.

« - Moi je veux être un singe ! OUHAHAHAH ! Je veux des bananes ! »

Puis il redevint sérieux.

« - La cause de cette maladie n'est pas à cause des champignons comme tu l'avais dit, mais à un virus qui vient d'une autre planète »

L'homme s'avançait probablement un peu mais c'était probable.

« - Les crises sont très fréquentes mais passagères... »

Et en effet pendant quelques minutes durant lesquelles le jeune homme resta les bras croisés et ne bougea pas, une voix résonna dans sa tête. Puis il se releva d'un bond.

« - PIOU, PIOU, PIOU ! Ou es-tu mon oiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiseaux ! »

Puis la crise cessa de nouveau.

« - Il faut absolument que je vous emmène d'urgence à la milice pour expliquer votre version des faits ! »

Harmonie se hâta donc d'emmener l'homme à la milice avant qu'il ne succombe à une nouvelle crise de folie.

La milice Kendrâne

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Jeu 17 Déc 2015 17:55 
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Elle suivait le prêtre au sein du temple de Yuimen. Fanon l’avait accompagnée jusque-là avec douceur et discrétion. Il savait quand il pouvait parler et quand il fallait mieux se taire. Trois vieux druides dans des toges brunes s’agitaient dans le jardin que l’on devait traverser pour arriver au bâtiment. La pluie continuait de tomber comme des hallebardes, et cela pouvait altérer leurs plantations d’herbes médicinales. Jeanne aimait ce jardin. Il était d’une beauté sans pareil à ses yeux car ce qu’ils faisaient pousser servait le bien commun. Les trois hommes, donc, s’affairait à monter de minuscules tonnelles sur d’aussi petites parcelles. En effet, certaines plantes raffolaient de se gorger de cette eau, tandis que d’autres dépériraient si jamais ils les laissaient ainsi une journée de plus. Elle les admirait de connaître si bien chacune de leurs pousses et ils lui tiraient un sourire à s’acharner maladroitement avec leurs petits marteaux afin de planter modiques poteaux dans un sol trop humide. L’étendue de verdure, y compris en plein hiver, conservait des proportions modestes mais luisait tel un phare de nature dans la grande cité de Kendra-Kâr grâce à la dévotion de ces vieux fous si adorables. Bruno et elle passaient souvent quelque temps à aider pour certaines récoltes lors du printemps, où ils demandaient aux fidèles de venir participer.

En arrivant au bout du petit parc, Fanon et Jeanne tombaient sur le cloître en appentis, ouvert aux quatre vents. Les colonnades s’enfilaient tout autour d’une cour pavée au milieu de laquelle quelques carrés de terre accueillaient de grands chênes bien entretenus. Les arbres probablement centenaires s’élançaient vers le ciel avec allant, cherchant vers l’ouest de leurs grandes branches les premiers rayons du soleil dès potron-minet. Le bâtiment principal enserrait le cloître. De discrets escaliers menaient à des portes dérobées. Plus fonctionnelles qu’accueillantes, elles étaient là pour ceux qui résidaient et travaillaient ici, mais n’invitaient pas à s’en approcher contrairement à la porte principale. Ce temple demeurait là depuis longtemps, très longtemps. Sa disposition appelant davantage au monastère qu’à lieu de prière profane, Jeanne pensait depuis toujours qu’il devait être là avant même la construction de la ville. Peut-être s’était-elle elle-même constituée des communautés agrégées et fidèles qu’une abbaye connait lorsqu’elle prospère. En suivant les colonnes par la gauche, le prêtre mena la veuve à d’imposantes marches donnant sur un véritable propylée d’une splendeur sans égale. Les vantaux furent construits dans un chêne clouté et sertis d’immenses anneaux de bronze. Sobres, détachés, purs, ils n’en constituaient pas pour autant une impression de puissance sur le nouveau venu. Un homme d’une quarantaine d’années, un peu serré dans un vieux gambison gris, ouvrit la porte sur leur chemin. Ses longs cheveux poivre et sel attachés en natte retombaient jusqu’à son torse, balayant de temps à autre le lourd marteau de guerre qu’il tenait à deux mains. Le manche se terminait en une puissante patte d’ours dont les griffes s’en allaient orner la tête du marteau par le bas.

Fanon l’amena jusqu’à la cellule dans laquelle Bruno et elle passèrent leur première nuit après leur union sous l’aune de Yuimen. Pour certains fidèles du Dieu de la terre était proposé que la suite du mariage soit une nuit de retraite au sein de la maison de celui qui les avait unis. À la mort de l’un des conjoints, celui ou celle qui restait venait alors se recueillir dans cette cellule. L’austère paillasse de foin convenait parfaitement à l’état d’esprit de Jeanne. Elle devait se calmer. Les murs en pierre ne subissaient aucune décoration. Le sol dallé de noir n’appelait aucune pensée. Aucune fenêtre ne permettait à la lumière de passer. Une fois la bougie soufflée, les ténèbres envahissaient le lieu, et rien n’obstruait le flot de rêveries, d’idées et de préoccupations. Dans un demi-sommeil, de la fin de cette après-midi jusqu’au matin, son focus s’orienta sur l’avenir. Bruno était mort. L’horreur qui en était à l’origine perdurait. Certes, il y avait son assassin. Elle s’endurcirait pour lui faire payer, car personne d’autre ne s’en chargera. Mais il existait également l’organisation dans laquelle il opérait. L’étoile perdue. Elle disparaîtra de la création. Cependant, le problème s’intégrait dans un processus plus large. La misère des bas quartiers fournirait toujours davantage de criminels. Elle vouera sa vie à les combattre, et à en combattre les causes.

« J’aimerais apprendre à me défendre. Mon mari est mort assassiné. Le monde n’est plus sûr à mes yeux. »

Le garde qu’elle avait aperçu la veille la dévisageait. Dès le matin, elle se présenta à son poste. Pas un salut, pas de présentation. Une femme déterminée cherchant de l’aide. Il comprenait cela. Fanon lui avait expliqué qu’elle venait de perdre un proche et qu’elle était une fidèle de Yuimen. Il n’avait pas d’autres questions à se poser. Il était même plutôt heureux qu’une autre adepte du dieu de la terre préfère utiliser une arme plutôt que de planter des fleurs.

« Je finis ma garde en milieu d’après-midi. Reviens à ce moment-là. Je suis Ernst. » Sa voix rauque amplifiait son air imperturbable. Le fait qu’il ait été droit au but la rassurait, elle ne souhaitait pas faire de mondanité.

« Jeanne. À tantôt. » Elle s’en alla en direction du temple de Gaïa.


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Jeanne


Dernière édition par Jeanne le Lun 21 Déc 2015 21:44, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Sam 19 Déc 2015 17:51 
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Inscription: Mer 2 Déc 2015 16:19
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Alors que le soleil commençait à décliner, Jeanne alla retrouver Ernst au temple de Yuimen. Elle était passée à la boucherie récupérer quelques affaires et en avait profité pour changer l’écriteau sur la porte. Elle enleva la plaque de bois sur laquelle était inscrit « Fermé pour cause d’enterrement » et y ajouta à la peinture « pour deux semaines » et apposa la date du jour. Sa masse d’abattage à la main, elle traversa le cloître et rejoignit Ernst au milieu de la cour, qui l’attendait manifestement.

« C’est avec ça que vous comptez vous défendre ? Pourquoi pas… » Il jouait de son marteau de guerre, le faisant tourner sur lui-même, le passant d’une main à l’autre. « Si vous revenez demain, portez quelque chose pour vous protéger des coups. Du coup, aujourd’hui, je vais vous observer. Vous avez une masse. Les masses, ça sonne. Montrez-moi ce que ça donne sur ce mannequin. » Il en désignait un à côté de lui. « Tu peux y aller fort, il est résistant. » Une épaisse couche de terre durcie, craquelée, le recouvrait, en effet. Ernst s’écarta suffisamment et la regarda se lancer. Jeanne écarta bien les jambes et se posta comme lorsqu’elle assommait les animaux avant de les abattre. Bien sur ses appuis, voulant prouver qu’elle était forte, elle mit toute sa force dans le coup. Elle fit basculer le poids en avant, baissant son dos et atteignit le haut du crâne du mannequin. Ce dernier accusa le coup, éjectant de la boue séchée sur elle, mais ne se brisa pas.

« Je vois. Recommencez. » Jeanne s’exécuta, ne sachant dans ce trait laconique s’il s’agissait d’une bonne ou mauvaise première tentative. Elle fit un effort, basculant son dos plus bas, afin de mettre tout son poids sur l’impact. Ernst tira d’un coup la corde qu’il maintenait dans son dos et le mannequin roula sur le côté, de quelques mètres. Dans une volée d’étincelles, le fer de la masse d’abattage s’éclata sur le pavé et Jeanne suivit, s’écrasant au sol dans un fracas, la tête la première. Elle gémissait en lâchant son arme pour essuyer le sang qui coulait de son front alors qu’Ernst riait de bon cœur, fier de sa blague. Agacée par l’hilarité du garde et prise par la douleur, elle se releva après quelques instants au sol, salvateur pour reprendre ses esprits. La blessure était superficielle et cessa promptement de saigner.

« M’humilier vous amuse ?
— Je m’amuse, mais je ne voulais pas vous humiliez. Excusez-mon rire. » Il continuait à sourire. « Fanon m’a dit que vous êtes bouchère. Je n’ai pas à vous apprendre la force, la puissance. Bien que vous puissiez beaucoup vous améliorer en ce sens, ce sera davantage votre corps qui se développera en s’entraînant. Ce qu’il vous manque, c’est de sentir votre adversaire. Vous êtes habituée à frapper des cibles immobiles, apaisées. Vous cognez comme une brute de toutes vos forces, sans penser à vous. Et lorsque votre victime bouge, c’est vous qui vous retrouvez au sol. »

Il s’approcha d’elle et se tourna vers le pantin en bois et elle l’imita. Il plaça ses mains sur ses hanches et tira un peu vers l’arrière. Elle sursauta lorsque cette chaire d’un homme inconnu la saisit, pensant à Bruno, mais se reprit rapidement. « C’est pour vous montrer comment vous positionner. » dit-il, calmement. « Déjà, ne vous mettez pas face à votre ennemi. » Il fit basculer la jambe de Jeanne en arrière en appuyant sur son bassin puis répéta l’opération pour les épaules. « Voilà. Vous le regardez, mais vous ne lui faites pas entièrement face. Moins de points sensibles peuvent ainsi être touchés, et vous êtes en meilleure position s’il bouge. De plus, vos coups seront plus rapides comme ça. Vous frappez en abaissant votre dos pour y mettre tout votre poids. Je veux que vous frappiez avec un mouvement de hanche. Vous vous mettrez ainsi moins en difficulté tout en ayant la même puissance. L’important est d’avancer. »

Il se dégagea d’elle et lui montra au ralenti. Il se mit de trois-quarts et, marteau à la main, fit un pas. Il exagérait le geste afin que Jeanne puisse bien le percevoir. Le marteau reposait sur la hanche de sa jambe droite et ses épaules étaient en arrière. En amorçant le pas, il impulsa son bassin vers l’avant, soulevant l’arme jusqu’au-dessus de sa tête. Elle s’abattit sur le mannequin au moment précis où son pied droit touchait de nouveau le sol. Ainsi, tout le mouvement amplifiait le coup. « Ce n’est pas très compliqué à saisir. Cela demande juste de la pratique pour que ta vitesse donne une force suffisante à ton coup. Entraîne-toi, je te regarde. » Elle passa une quinzaine à pratiquer cette posture sur une cible statique jusqu’à ce que Ernst lui dise qu’il allait commencer à la mouvoir. Ratant la plupart de ses coups, Jeanne appréciait cependant cet entraînement, lui rappelant les gestes mécaniques de son travail. Elle se sentait s’améliorer, d’essai en essai. Puis, l’entraînement et le jour se finirent et ils convinrent de se retrouver le lendemain, pour une nouvelle session. Puis, le surlendemain pour une autre.

Cinq jours plus tard, Jeanne ratait rarement la cible mouvante. Il lui avait demandé d’apporter quelque chose pour se protéger, car il voulait commencer à créer des situations réelles. Ernst pouffait lorsqu’elle arriva dans la cour, son tablier en cuir plein de sang se balançant lourdement contre ses jambes.

« Quoi ?
— Non, rien, » répondit-il difficilement entre ses rires. « Ça fonctionne, mais ça donne un certain style. » Jeanne le rejoignit dans une hilarité contenue. Cela lui faisait du bien de s’entraîner, surtout avec lui. Il était pédagogue, mais c’était surtout un pince-sans-rire, s’amusant d’un rien. « Bon, en piste. Vous pouvez y aller de toutes vos forces, mais nous nous arrêtons quand je vous touche de mon marteau. » En disant cela, il remuait des mains et sa peau se recouvrit de la même terre que le mannequin des autres jours, puis se mit en position. Jeanne attaqua dans la posture qu’elle avait apprise naguère. Bien qu’il semblât gêné par l’épaisse couche de boue séchée, Ernst parvint à esquiver le coup. De façon réflexe, Jeanne lui lança un coup dans les flancs en se reculant d’un pas, puis se remit en position. Il lui sourit et, d’un signe du menton, lui fit comprendre qu’elle pouvait continuer comme cela. L’objectif, face à un adversaire, n’était pas uniquement d’avoir la technique, il fallait en plus savoir quand la mener à bien, avoir une ouverture, pensait-elle en réattaquant. Elle passa sur le côté au dernier moment, se protégeant d’un coup venu du haut grâce au manche de sa masse. Elle fit basculer son poids sur celui-ci et frappa l’épaule d’Ernst. Il recula un peu sous le coup mais contre-attaqua au niveau des jambes. Son marteau heurta le tablier de cuir au niveau des genoux. La passe s’arrêta là.

« C’était très bien. Vous avez vu que vous ne pouviez placer le coup, vous avez tenté d’autres ouvertures. On reprend. »

Les passes se succédèrent jusqu’à ce que la faim se fasse sentir. Puis, se furent les entraînements qui se succédèrent. Jeanne rentrait toute commotionnée, courbaturée, éreintée chaque soir, mais elle se sentait bien dans cette fatigue. Vers la fin de la deuxième semaine d’entraînement quotidien, Ernst essaya lui dit qu’ils allaient essayer un peu autrement. Il la toucha et une épaisse lumière envahit sa main, de la même sorte, mais plus puissante, que celle qui l’avait soignée lors de son affrontement avec Guy. « Nous devrions voir vos progrès techniques tout en gommant nos différences de capacité, maintenant, je pense. Attaque. »

Elle commença à s’élancer, mais ralentis et pris deux secondes pour analyser son entraîneur. De légères lumières pastelles émanaient par filins de son corps, se mouvaient autour de lui. Alors qu’il amorça un geste, certains brins bleutés se dégagèrent de la main armée d’Ernst pour se diriger vers Jeanne. Les plus clairs allèrent se placer vers les jambes, notamment les genoux, de la bouchère, certains plus foncés se dirigeaient vers la tête et les épaules mais les plus sombres se tressaient jusqu’à son flanc gauche. Des filaments rouges s’illuminèrent alors. Les plus rosés montraient le ventre et les jambes d’Ernst, mais les plus vifs pointaient son épaule droite. Jeanne sauta en avant, vers la droite alors que son maître frappait d’un coup rapide vers ses côtes, où elle se trouvait quelques secondes plus tôt. Elle se retrouvait alors derrière lui et le rouge enflammait son épaule. Elle frappa de toutes ses forces à l’endroit indiqué et il s’écroula sur le sol. L’ensemble de son corps brilla de carmin quelques secondes, puis les couleurs s’entremêlèrent alors qu’il se remettait sur pied promptement.

« C’est sublime ! Génial !
— C’est une bénédiction, » sourit-il en se massant l’épaule. « Un sort.
— Pourrez-vous me l’apprendre ?
— Il faudrait que vous maîtrisiez la magie pour cela. »

Elle s’approcha de lui, un peu bougonne, et plaça ses mains sur son épaule. Elle ressentait le muscle un peu concassé par le coup. Ses mains blanchirent et elle fit pénétrer, comme une pommade, cette chaleur jusqu’aux fibres de la chaire d’Ernst. Elles se détendirent, retrouvèrent leur volume normal.

« Je vois, vous êtes pleine de surprise ! Continuons quelques passes avec, que vous vous familiarisez. Ensuite, nous verrons ce que l’on peut faire. »

Et ainsi firent-ils. La beauté des éclats brillants bouleversait Jeanne. Ils semblaient comme tout un champ de possible qui s’ouvrait à elle. Les plus probables formaient les plus foncés, les plus sûrs formaient les plus rouges, les plus dangereux les plus violets. Chaque possibilité de coup formait une grande trajectoire d’un opposant à l’autre, permettant quelques secondes avant de mieux se placer. Sans prédire l’avenir, cette magie permettait tout de même d’analyser l’autre très rapidement, afin de réagir avec discernement. Jeanne en était époustouflée. Cela lui permit même de passer outre l’expérience de combat d’Ernst afin de lui mettre un coup sur le haut du crâne, comme elle l’avait appris. Ce fut exténués tous deux qu’ils s’assirent auprès d’un des grands chênes, en tailleur.

« Voyez-vous, le soin que vous m’avez fait tout à l’heure, c’est la base de la magie blanche. Tous les sortilèges que vous apprendrez viennent de ce sort, n’en sont que des dérivés. En tout cas, c’est comme ça que j’analyse la chose, personnellement. Naturellement, vous vous orientez, lorsque vous voulez vous soigner, sur une partie blessée ou faible de votre corps. Essayez. »

Elle parcourra de ses mains son corps et l’une s’arrêta effectivement sans y réfléchir sur le coude de son bras droit, qui la gênait depuis un faux mouvement pendant l’entraînement de la veille. Elle se concentra et une légère lumière commença à envelopper la zone.

« Ne le lancez pas, gardez votre magie ainsi et tentez d’analyser ce qui ne va pas, de voir la faiblesse de votre coude. »

La lumière se maintint puis jaunit, peu à peu. Jeanne ressentait la chaleur pénétrer la chaire jusqu’à la torsion d’un ligament. Elle était minime, juste assez grande pour être ressentie dans une certaine position.

« Bien, maintenant, imaginez-vous devoir porter un coup. Mimez-le. »

Elle s’exécuta, masse à la main, l’autre sur son coude. Alors qu’elle s’apprêtait à tendre le bras, son coude se retrouva dans la position gênante et la lumière tourna à un bleu pastel très clair. Elle changea de posture, évitant de devoir rabattre son bras ainsi, et la lumière s’assombrit, tournant davantage à un bleu océan.

« C’est absolument merveilleux. Cela m’indique la fragilité et la force ! Mais ce n’est pas du tout comme lorsque vous me l’aviez fait.
— C’est normal. Il vous faudra vous entraîner à comprendre comment cela marche, et vous verrez de plus en plus les dangers et les faiblesses. Tout ce que je peux vous dire, c’est d’essayer. »

Et ce fut ce qu’elle fît. Il lui restait trois jours avant de devoir rouvrir la boutique, et elle s’entraîna dur avec Ernst pendant ce temps. Elle ne maîtrisait pas tout à fait cette magie, mais elle parvenait souvent à trouver le point faible ou à deviner le prochain coup. Cela lui demandait beaucoup d’énergie, et elle ne pouvait le faire plus d’une ou deux fois durant un entraînement. L’exploration de cette face d’elle-même était cependant passionnante. Avec regret, elle annonça alors qu’elle devait espacer les entraînements, remerciant Ernst de toute la gratitude dont elle était capable. Cette pratique martiale avait été salutaire pour elle. Elle chassait les pensées pour se concentrer sur les mouvements du corps et du monde. Rien de tel pour une veuve, se dit-elle sans pleurer en traversant le jardin des druides pour retourner chez elle, le dernier jour.


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