L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 27 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2
Auteur Message
 Sujet du message: Re: Le village d'Akinos
MessagePosté: Ven 20 Mai 2011 17:02 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 28 Juil 2010 16:33
Messages: 5005
Localisation: Aux alentours d'Oranan
Post précédent

Cela faisait des heures que j'étais assise sur ce banc, en plein soleil et rien ni personne ne s'était présenté à moi. J'observais avec attention les gens sur la place mais la terreur que suscitait l'évocation du 'Clan des Roses', était très puissante et au-delà du manque d'information, je sentais qu'il y avait de la peur. Si aucuns des habitants ne venaient me voir c'est parce qu'ils me fuyaient, moi et ma folie. Mais malgré tout je n'abandonnais pas, je restais là sagement et immobile.

Après près de quatre heures d'attente infructueuses, une vieille dame s'approcha du banc où je me situais. Elle était la première personne qui osait s'approcher de moi. Bien sûr, elle se fit remarquer mais personne ne bougea. À ma grande surprise, elle s'assit à mes côtés. Un foulard recouvrait ses cheveux cependant certains, grisonnants, demeuraient visibles mais c'est tout ce que je pus voir de sa chevelure qui s'accordait parfaitement avec son visage marqué par les années. Sa démarche était ralentie par la canne qui lui servait d'appui et elle avait le dos légèrement vouté. Elle portait une robe très simple et même trouée à certains endroits. J'eus de la peine pour elle et ma première pensé fut qu'elle venait s'assoir pour se reposer et reprendre des forces, mais je me trompais.

Elle commença à me parler. Je dus me concentrer un maximum pour saisir chaques mots qu'elle prononçait. Sa voix tremblait et elle parlait tout bas comme si elle craignait des représailles de la part des autres villageois. Si tel était le cas, je me ferais un devoir de la protéger. Après tout si elle prenait un risque à venir me parler, c'était le moins que je pouvais faire. Elle montra de la politesse dans sa manière de s'adresser à moi et je dois avouer que cela me laissa sans voix. Je ne m'attendais pas à ce qu'un membre du Clan soit si vieux. Mais la suite de son récit me prouva qu'il n'en était rien. Elle me signala que personne ici ne pourrait me renseigner mais que les vieilles dames connaissaient certains secrets. Je compris alors qu'elle parlait d'elle.

Elle me dit ensuite qu'au petit matin, un elfe à la peau grise chevauchant une monture noire, était sortit de l'auberge du Bon Pain accompagné de la fille de l'aubergiste nommée Perle. Il s'agissait sans doute de Pourpre... Je l'écoutais donc avec la plus grande attention tout en réfléchissant.

"Maria aurait une sœur ?... Cela expliquerait sa fascination pour le Clan des Roses..."

Elle poursuivit en me disant que très peu de gens les avaient vu partir et que bien sûr nuls ne sauraient me dire où ils s'étaient rendus. Elle me conseilla de suivre les traces d'un cheval accompagné d'une jeune fille à pied et que de la sorte, je parviendrai à trouver ce que je cherchais. Certes ces informations n'étaient pas grand chose, mais c'était un début de piste. Je n'eus pas le temps de la remercier que déjà elle se releva et s'éloigna du banc en souriant visiblement pensive.

Par mesure de sécurité j'attendis quelques minutes de plus et la suivis du regard pour m'assurer que l'on ne s'en prenait pas à elle. Après cela, je me levai et me dirigeai vers la sortie du village. En y allant je repassai devant l'auberge où une jeune fille arrivait au moment où je m'apprêtai à quitter le village. Je vis Maria lui sauter au cou.

"Perle! Mais où étais-tu passée ? Heureusement que père ne s'est pas rendu compte de ton abscence sinon... Enfin bref, je suppose que tu as passé du bon temps avec Hyfèm, lui dit-elle en gloussant.

Arrêtes de dire des bêtise et allons saluer père !"

Sur ces paroles que j'avais perçues de loin, les deux jeunes filles rentrèrent chez elle et je repris ma route à la recherche des traces de pas.

_________________
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Le village d'Akinos
MessagePosté: Ven 17 Juin 2011 20:31 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 28 Mai 2011 14:52
Messages: 95
Localisation: Entre Oranan et Bouhen
précédent

Enfin nous arrivons dans ce petit village. Akinos, qu'il s'appelle. On entre passe par les rues avant d'atteindre la place centrale. Mes deux compagnons s'arrêtent et se tournent vers moi.

"Notre route s'arrête ici. Adieu Tthéo, ce fut un plaisir. Si tu désires rejoindre Kendra Kâr, il suffit de suivre le fleuve qui s'y dirige."

"Merci à vous deux. Je ne sais pas trop ce que j'aurais fait sans vous."

"Tu serais surement en prison à l'heure qu'il est, ou mort... Je me demande ce qui aurait été pire pour toi."

Je ne relevai pas le sarcasme et lui sourit.

"Merci, et adieu."

Je les regardai s'éloigner. Un moment je restai immobile, puis je décidai de rejoindre l'auberge. Je marchai un peu dans les rues de terre et entrai dans le bâtiment. Il y faisait bien chaud, un feu brulait dans la cheminée. Une jeune femme s'approcha de moi.

"Vous désirez messire ?"

"Euh... une table et le plat du jour."

"Tout de suite, messire."

Elle me conduisit à une petite table carré, dans un coin de la pièce. Elle me servit à boire, puis m'apporta une assiette de viande. Ça ressemblait à du bœuf. La viande me redonnait des force, c'était bon. Je finis mon assiette en quelques minutes. La jeune femme revint me servir une tarte aux pommes, elle aussi me redonna du tonus. Je partais ensuite, réglant une note assez élevée. Je restai un moment à me balader dans les rues et sur la places, puis je rentrai à l'auberge pour louer une chambre. Je mangeai un copieux diner et montai dans ma chambre. Me vint alors à l'esprit le paquet que m'avait déposé Elax dans mon sac et que je n'avais pas encore ouvert. Je n'avais pas encore eu le temps de le regarder. Je le sortis et l'ouvris. C'était une pair de bottes. Des bottes légères, bien plus pratique que celles que j'avais aux pieds. Je souris et les posai près de mon lit avant de m'emmitoufler dans les couvertures et de m'endormir profondément.

Quelques jours plus tard, je me baladai un peu dans le village, je voulais prendre du repos avant de rejoindre Kendra Kâr. La route était, selon mes informations, assez tranquille. Je l'espérai sincèrement, j'avais eu mon compte d'aventure ces derniers temps. Je n'étais pas habitué au froid qui régnait, ayant grandit sur un continent plutôt chaud par rapport à Nirtim, mais finalement ça ne me déplaisait pas. Au contraire, transpirer à chaque pas n'était pas agréable... En fait je m'habituai plutôt bien au froid et se promener dans un petit village aux habitants sympathique était plus tranquille que de se balader dans les rues d'Exech... même si le sol est de terre battue... Je retourne dans l'auberge et me laisse servir par une des jeunes femmes. Elles sont jolies et agréable. Les tartes aux pommes et autres desserts sont délicieux. Je leur demande si je peux emprunter des vivres pour mon voyage futur vers Kendra Kâr.

"Mais certainement, nous nous ferons un plaisir de vous préparer quelque chose. Pour demain matin c'est ça ?" me répond-t-elle.

Je hochai la tête et la remerciai d'un sourire et finissait mon dessert avant de monter me coucher. Il me faudrait être en forme pour mon départ. Demain. Je me couche sur le lit assez confortable et m'endors.
J'ouvre les yeux d'un coup et me redresse dans mon lit, essoufflé.

(Encore un cauchemar.)

Je tente de reprendre mon souffle tranquillement et me laisse retomber dans le lit humide de transpiration.

(Étrange que je ne puisse m'en souvenir. Vraiment étrange, je suis angoissé par un rêve dont je ne me rappelle rien.)

Je reste un moment immobile puis me lève pour regarder à l'extérieur, le soleil se lève timidement, il est tôt, mais je peux me lever, inutile de rester couché comme un idiot. Je me lève, m'habille et descend, mon sac en bandoulière.

"Vous partez aujourd'hui ?" demanda la jeune femme qui m'avait servit la veille.

"Oui. Vous m'avez préparé ce que je vous ai demandé ?"

"Bien sûr, tenez."

Elle sortit de son comptoir un paquet bien emballé.

"Il contient de la viande séchée, du pain et des pommes. Je peux également remplir votre gourde."

Je hoche la tête, sors de mon sac ma gourde et range le paquet. Elle me sert une assiette copieuse pour le petit déjeuné que je dévore avec appétit, elle me rend ensuite ma gourde que je range dans mon sac. Je me lève près à partir et je règle mon séjour dans l'auberge à la jeune femme. Je me mis en route pour sortir du village et trouvai sans mal le fleuve indiqué par Galtob la veille.

suite

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le village d'Akinos
MessagePosté: Dim 25 Nov 2012 17:58 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 11 Aoû 2011 18:29
Messages: 604
Localisation: Sur Aliaénon
Il fallut environ trois jours à Ziresh pour atteindre les Duchés des montagnes. C'était plus rapide qu'un trajet à pieds, d'un point de vue humain. Mais pour un liykor doté d'une telle capacité de vitesse, ce n'était pas assez. Au terme de ce troisième jour, il n'avait cessé de penser à l'état de Kâhra. Il avait le sentiment qu'avant même d'avoir pu mettre la main sur l'objet de sa quête, elle pouvait avoir quitté ce monde. Et il n'avait aucun moyen de le savoir. Il savait pourtant que sa quête ne consistait pas à sauver sa dulcinée qui était déjà condamnée. Seulement, il ne pouvait pas se concentrer uniquement sur la survie de son clan.
Cette pensée l'avait empêché de dormir, ou même simplement de se reposer. Elle n'avait fait qu'alimenter son désir d'avancer, au détriment de son état physique qui devenait de plus en plus déplorable. Fort heureusement, il n'eut affaire à aucun danger particulier. Pas même la présence de quelques liykors noirs dans la forêt du Nord Kendran. Il n'y avait eu qu'un grand vide. Avançant dans une véritable ligne droite, il n'y avait eu que la pensée de tout ce qui pouvait arriver à son clan s'il ne menait pas sa mission jusqu'au bout. Jusqu'à ce qu'il commence à pleuvoir. Une pluie battante, glacée, dont chaque goutte le fouettait à tel point qu'il dû porter sa cape au dessus de sa tête. Comme quoi, cet achat était finalement loin d'être dérisoire.

En longeant le fleuve, il savait qu'il pouvait atteindre le duché de Luminion. Mais avant cela, il pouvait d'avantage rejoindre le village d'Akinos qui était plus proche. Il n'avait pas mangé depuis un moment et il avait besoin de se reposer. Pas longtemps : sa mission ne le lui permettait pas. Il lui fallait juste de quoi reprendre des forces.
Sa marche était devenue difficile à partir du moment où il avait pénétré les Duchés des montagnes. Il ne pouvait plus simplement longer le fleuve, au risque de chuter et de finir emporté par les courants avec le poids de son armure. Ziresh commença alors à gravir des pentes particulièrement raides, manquant très souvent de glisser sur des pierres trop humides. Il fallut un long travail de plusieurs heures pour finir enfin à discerner, au loin, les faibles lumières du village d'Akinos.

La nuit semblait être tombée un peu plus tôt ici bas. Le soleil s'était caché derrière les montagnes, ne laissant plus qu'une faible lumière naturelle sur les toits colorés des maisons. Seules quelques lumières perçaient à travers les fenêtres des maisons. C'est seulement avec un second coup d’œil que le liykor put apercevoir un autre détail qui avait son importance : le fleuve avait débordé et complètement inondé le village. Seul un temple, au sommet d'une colline, était à l'abri des eaux boueuses qui s'écoulaient dans la ville.
En hauteur, Ziresh essayait de trouver un moyen d'atteindre l'auberge, en espérant qu'elle soit ouverte malgré les intempéries. Il ne pouvait pas directement aller dans les rues. Il était bien trop chargé pour se permettre de circuler dans une eau aussi boueuse et il ne savait absolument pas nager. Mais cette météo ne dépaysait pas Ren, son petit lutinora, qui se jeta littéralement du haut de leur perchoir pour profiter de la boue dont elle raffolait tant.

C'est alors qu'un bruit insolite fit survint. A ses pieds, un petit choc métallique l'avait tiré de sa réflexion. Il ne comprit de quoi il s'agissait que la deuxième fois, lorsqu'une flèche vint siffler juste au dessus de ses oreilles. Ce n'est que là qu'il entendit, à travers l'averse, des voix humaines.

"Un liykor ! Ne le laissez pas entrer !"

"Il profite de l'inondation, le salaud !"

Le pauvre liykor se rappela alors que les Duchés des montagnes avaient été attaqués régulièrement par des liykors noirs, fut un temps. Notamment Luminion, Duché auquel était rattaché le village d'Akinos. La réaction des villageois étaient compréhensible, mais il ne pouvait pas se permettre de seulement contourner le village. S'il s'annonçait comme étant un bratien, peut-être pouvait-il encore compter sur leur hospitalité.
Ziresh commença alors à prendre la sphère de feu, en espérant communiquer ses intentions pacifiques par quelques agitations de flammes. Mais avant même de pouvoir l'ouvrir, une autre flèche vint à sa rencontre. Mais cette fois-ci, elle le toucha en plein dans l'épaule. Son épaulière réussit heureusement à prévenir le coup, ne lui laissant qu'un vilain hématome. Mais la force du projectile fut telle qu'il chuta de son piédestal et dévala la pente à toute vitesse. Il n'arrêta sa course qu'en se réceptionnant violemment contre un rocher. Heureusement, il n'eut rien de cassé, mais la douleur ne l'avait pas épargné. De plus, il avait lâché la sphère qui avait commencé à rouler lentement vers les eaux boueuses.
Sans réfléchir, et compte tenu de la préciosité de cet objet, il se jeter littéralement dans la boue pour récupérer son bien. Mais désormais, son corps commençait déjà être emporté par le courant... Il réussit tout de même à s'accrocher à la paroi de la montagne qu'il avait gravie.

"Merde ! s'exclama l'un des assaillants. C'est pas un noir ! C'est un bratien !"

"C'est pas vrai... Il va s'en sortir tu crois? L'averse n'est pas trop grande."

"Pas avec son armure ! Faut l'aider !"

Finalement, les choses se déroulaient mieux que prévu. Mais il était assez humiliant pour Ziresh de se retrouver dans une telle situation. Après tout, le niveau ne devait pas excéder un mètre. C'est avant tout la boue, le courant et la charge qu'il avait qui le handicapaient. Mais très vite, une corde fut déroulée non loin de lui. Cependant, elle était encore trop loin pour qu'il puisse l'atteindre sans quitter la paroi à laquelle il s'accrochait.
Mais très vite, une formidable intervention le sauva. Ren, son lutinora, avait surgi de la boue pour commencer à pousser faiblement la corde vers son maître. Quand ce dernier l'eut atteinte, elle vola sur le toit où se trouvaient les villageois pour commencer à tirer (avec une force proche de l'inutilité) la corde avec eux. Non sans efforts, compte tenu du poids lourd qu'était le jeune loup d'argent, il fut hissé enfin sur le toit où il s'étala de tout son long, reprenant une respiration lourde et saccadée.

"On est vraiment désolés ! s'excusa l'un des sauveteurs. On pensait que vous étiez un noir..."

"C'est dommage, vous êtes vraiment arrivé au mauvais moment. Il pleut rarement ici, mais quand c'est le cas, ce sont toujours de grosses inondations.

Ziresh commença à se relever doucement. Il vérifia son équipement un moment, sans être sûr de n'avoir rien perdu dans sa chute. Mais de toute évidence, il avait encore tout sur lui. Ce n'est qu'après coup qu'il se présenta.

"Je m'appelle Ziresh. Je viens du clan de Liykkendra, au nord des portes de Kendra Kâr. Je suis en mission pour mon clan et je n'ai presque pas mangé ni dormi depuis trois jours... Si ce n'est abuser de votre hospitalité, je vous serai très reconnaissant de bien vouloir m'aider pour cette nuit..."

Les deux hommes se regardèrent et prirent un air gêné. Puis il répondirent en haussant les sourcils, traduisant à quel point ils étaient désolés.

"Désolé, c'est assez délicat... On ne voudrait pas paraître ingrats après vous avoir fait tomber jusqu'ici, mais on ne peut pas vous accueillir..."

"C'est qu'avec les inondations, on en est réduits à vivre uniquement à l'étage. Vous pouvez bien tenter votre chance à l'auberge, mais je ne suis pas sûr qu'ils aient plus de place. Après, sinon, il y a le Temple de Yuimen, en haut de la colline. C'est bien le seul endroit à être sec, mais c'est un lieu de culte. C'est petit, il n'y a que le Grand Prêtre qui loge là-bas et le reste des salles est réservé à l'étude et à la prière."

"On va tenter de vous faire entrer dans l'auberge au moins. C'est fermé pendant les averses, mais Bruno est un brave gars ! S'il a encore des chambres, il va pas vous laisser sous la pluie !"

Ziresh remercia ses hôtes en plaçant la paume de sa patte devant sa bouche. Il ne se rendit compte qu'après coup qu'un système de ponts entre les toits des maisons avait été créé le temps de l'inondation. Ce n'était pas de très bonne facture : simplement des échelles qui avaient été allongées. Les deux habitants d'Akinos réussissaient sans problème à marcher dessus, mais il fallait admettre que le jeune loup n'était pas très confiant.
Après quelques encouragements de la part des deux hommes, il se décida enfin à marcher lentement, à quatre pattes, sur le "pont". Il dût répéter ce genre de traversée trois fois avant d'atteindre enfin une fenêtre de l'auberge qui était plus haute que les autres habitations.
Alors qu'il tentait péniblement de passer par l'ouverture, encombré par toutes ses affaires, les deux villageois commencèrent à le tirer à l'intérieur. Ils étaient sur une petite mezzanine très éclairé qui donnait sur le rez-de-chaussé, complètement inondé. Non loin d'eux, il y avait quelques portes menant à des chambres et des escaliers qui menaient sans doute à encore un étage habitable et un autre de réserves. Ziresh poussa un long soupir de contentement, imaginant enfin le confort d'un véritable matelas sur lequel il pourrait dormir après ce long voyage.

Le nom de l'aubergiste fut crié par l'un de ses sauveurs. Et un homme bedonnant descendit des escaliers. Il montra un air complètement alarmé en voyant le loup d'argent, complètement sale et trempé. Puis il se ravisa en reprenant un air plus rassuré.

"Bon sang... J'ai cru pendant un moment que vous étiez un noir, excusez-moi."

"Ce n'est pas grave... Vous n'êtes pas le premier."

"Vous êtes dans un état, mon pauvre ! Vous êtes vraiment tombé au mauvais moment."

"Tu pourrais l'accueillir ici?
demanda l'un des villageois. On l'aurait bien fait venir, mais on a pas de place. Et puis on l'a attaqué sans faire exprès... Ce serait pas vraiment sympa si on le laissait dehors..."

"Ne vous inquiétez pas, j'ai encore quelques chambres de libre. Sinon, pour vos affaires, je peux bien charger mes filles de vous les laver. Disons que ce sera un cadeau de la maison, pour nous excuser de vous avoir fléché à vue..."

"J'aimerais garder mon sac et mes armes, si cela ne vous dérange pas."

Il était vrai que Ziresh portait avec lui un véritable trésor, depuis son retour des mines de Lebher. Et même si ses hôtes étaient particulièrement bons, il ne pouvait pas se permettre de leur faire aveuglément confiance. Fort heureusement, l'aubergiste accepta cette condition et accompagna le jeune loup à sa chambre. Les villageois saluèrent tout de même l'étranger et sortirent par la fenêtre afin de rentrer chez eux.
Bruno amena le liykor à l'étage et le fit entrer dans une chambre bien plus grande que celles qu'il avait eu l'occasion d'occuper. C'était bien loin du matelas de sa caravane, des paillasses de Lebher ou de la cabine de la Veuve des mers. Une vraie chambre, avec des meubles, un vrai lit avec un matelas et un sommier, un petit bureau avec un tabouret, et même un paravent derrière lequel il pouvait se changer.

"Installez-vous. Mes filles vont venir vous apporter de quoi vous laver, ainsi qu'un repas chaud."

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le village d'Akinos
MessagePosté: Lun 26 Nov 2012 20:44 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 11 Aoû 2011 18:29
Messages: 604
Localisation: Sur Aliaénon
Quelques minutes passèrent, le temps que Bruno Freinlyn aille chercher ses filles. L'une d'entre elle, arriva alors avec une bassine d'eau, un seau avec une éponge et une serviette. Elle manqua d'ailleurs de renverser tout le contenu en voyant la silhouette du loup d'argent. Mais son père, juste derrière elle, la rassura simplement en posant sa main sur son épaule. Après quelques secondes d'hésitation, en entra finalement dans la chambre et posa tout le nécessaire de toilette à côté du lit.

"Excusez-moi, je ne voulais pas paraître impolie... C'est juste que je n'ai jamais vu de liykor..."

"Ce n'est rien. Vous n'êtes pas la première à commettre cette erreur. Je m'appelle Ziresh, du clan de Liykkendra."

"Cecilia. Quant à ma sœur qui va bientôt arriver, elle s'appelle Alès."

La jeune fille tendit la main, ce qui étonna grandement le jeune loup. Généralement, les humains se contentaient d'une présentation verbale quand lui-même faisait usage de la langue des signes. Une poignée de main, c'était significatif et convivial, mais il n'y était pas habitué. Aussi, il serra doucement sa grande patte autour de celle de la demoiselle, exceptionnellement petite comparée à lui.
Ce n'est d'ailleurs qu'à ce moment là qu'il se rendit compte un peu mieux de la personne à qui il parlait. On reconnaissait bien les yeux de l'aubergiste dans ceux de la jeune fille. Mais comparé à son père bedonnant, elle était particulièrement belle. Du moins, il se rendait compte qu'elle l'était tout à fait aux yeux d'humains. Elle avait aussi des yeux très expressifs. On y lisait très bien un air intrigué. Elle n'avait clairement jamais vu de liykor de sa vie.

"Alès va vous cuisiner un bœuf d'Akinos. C'est notre spécialité ici et malgré la tempête, on a tout de même un peu de viande en réserve à l'étage. Mon père tenait à vous le faire goûter. Il avait l'air désolé, tout de même..."

"Oh, c'est très gentil de votre part ! s'exclama Ziresh. Je n'en attendais pas tant. A vrai dire, pour ce qui est de votre père, c'est que j'ai été confondu avec un liykor noir par des villageois. Disons qu'il s'excuse au nom d'Akinos en me laissant dormir ici."

"En tout cas, il est content que vous soyez là malgré les circonstances. On ne dirait pas, mais il y a peu de voyageurs qui viennent ici. Et des liykors, encore moins... Mais je dois vous ennuyer ! Dans le seau, il y a quelques vêtements de rechange que vous pourrez porter le temps que je m'occupe de nettoyer les vôtres."

Ziresh posa alors son sac au pied du lit. Quant à sa lance, son épée et son arbalète, il les laissa verticalement dans un coin de la chambre, près du sommier. Mais en ce qui concernait sa nouvelle armure, il se rendait compte qu'il n'était toujours pas habitué à l'enfiler de lui-même régulièrement. Son père l'avait bien aidé la première fois, mais il n'avait jamais eu l'occasion de la quitter, tant les évènements étaient survenus rapidement. Un peu honteux, alors qu'il essayait de retirer son plastron, il dût admettre qu'il avait besoin d'aide...

"J'aurais besoin d'un peu d'aide si cela ne vous fait rien..."

La jeune fille, qui avait jeté un coup d’œil interrogatif vers les armes du loup d'argent, se précipita alors sur l'une des épaulières de l'armure pour en desserrer la sangle. En suivant, le plastron s'ouvrit comme un coquillage et dévoila le torse du liykor. Ce n'est qu'à ce moment là qu'il s'aperçut que sa chute, mal réceptionnée sur le rocher, avait formé une grosse éraflure qui avait arraché une grosse quantité de poils sur son flanc. Un léger filet de sang avait commencé à couler de la blessure au moment où l'armure avait été retirée.
A cet instant seulement, il en ressentit la douleur. Ce n'était pas insurmontable, mais c'était gênant. Un picotement, et comme des fourmis en train de lui parcourir de la hanche aux côtes.

"Vous êtes blessé ! Est-ce que ça va aller?"

"Ce n'est rien. Je vais simplement nettoyer la plaie en même temps que le reste. Merci..."

Il retira ensuite le reste de son armure, à savoir ses bracelets, son casque et surtout ses tassettes qu'il enleva avec sa ceinture. Il garda simplement la petite pochette qui contenait les carreaux de son arbalète et les déposèrent du côté de ses armes. Il s'apprêtait à enlever son pantalon de lin, mais il se rendit compte à ce moment là que Cecila le regardait. Très pudique, comme à son habitude, il réagit timidement :

"Je... Si vous pouviez dresser le paravent..."

Toute gênée, la jeune fille rougit de plus belle et obéit. Elle accompagna le geste d'excuses maladroites, se justifiant de leurs races différentes. Elle n'imaginait simplement pas qu'un loup puisse être pudique. Ne sachant que répondre à cela, Ziresh se contenta d'entasser son armure et ses vêtements pour les glisser doucement de l'autre côté de la barrière. C'est alors que Bruno arriva, une autre bassine avec lui.

"Les cuisines sont inondées, alors votre repas va prendre plus de temps que prévu. J'amène juste une autre bassine pour nettoyer vos affaires. Tu veux bien t'en charger Cecilia?"

Avant même qu'elle ne puisse répondre, l'aubergiste plaça la bassine aux pieds de la jeune fille, avec tout le nécessaire pour s'occuper de la lessive. Un peu gêné, bien qu'ayant son intimité protégée par le paravent, Ziresh voulut intervenir. Mais son hôte le devança en disant simplement que la plupart des chambres libres servaient avant tout de réserve et que l'inondation les forçait à prendre beaucoup de place. Il remonta ensuite sans plus d'explications, sans doute pour aller s'occuper de la cuisine.
Un long silence passa, le temps que le jeune loup ne passe quelques coups d'éponge sur son pelage. Puis Cecilia prit la parole.

"C'est un sacré équipement que vous avez là... Vous êtes un aventurier?"

"Si l'on veut, oui."

"Vous avez beaucoup voyagé?"

"Pas vraiment... Enfin, j'ai voyagé une fois, jusqu'aux mines de Lebher. C'était il y a peu. Autrement, je n'ai pas fait grand chose."

"Alors... Que faites-vous ici, si ce n'est pas indiscret? Pour un casanier, vous êtes loin de Kendra Kâr..."

"Je suis en mission. Je dois aller à Luminion."

"Et... Que devez-vous faire?"

Un autre silence passa. Seul le bruit de l'eau remuant dans les seaux et les bassines couvraient un peu celui de la pluie qui frappait les carreaux de la fenêtre. Après de longues secondes qui ne manquèrent pas de gêner la fille de l'aubergiste, il se décida à répondre.

"Je dois sauver mon clan. Pour ça, je dois récupérer une arme importante. Une relique."

"Que se passe-t-il? répondit-elle alarmée. C'est grave?"

"Des liykors noirs attaquent régulièrement mon clan. Et nous ne pouvons demander une alliance, car nous sommes un village trop insignifiant. Avec une relique, en plus du pouvoir dont je prendrais possession, notre clan sera une icône."

"Une relique... répéta-t-elle, impressionnée. Est-ce que c'est l'une des armes de la purge des liykors? J'ai entendu parler d'une arbalète capable de terrasser un noir en un seul carreau !"

"Non. La Hallebarde Protectrice. Une arme de lumière. Je n'en sais pas beaucoup plus, mais je sais qu'elle a été perdue à Luminion. Quant à moi, je suis un excellent combattant en terme d'armes d'hast. Et je pense que la lumière saurait être atout excellent face à des liykors noirs."

"Vous croyez qu'elle y est toujours? La défense de Luminion, c'était il y a longtemps... Je n'étais même pas encore née, je crois bien !"

"Je n'en sais rien. Selon mon père, il n'y a pas de doute. Dans tous les cas, je n'ai pas le choix. Tenir tête aux Noirs sans plus d'atout que notre faible nombre serait une condamnation."

Encore une fois, un ange passa. Cette fois-ci, l'odeur du bœuf commençait à parvenir au museau de Ziresh, qui commença inconsciemment à remuer la queue. Péniblement, il se retint en l'attrapant et en commençant à la nettoyer assidûment.

"Et vous êtes tout seul pour cette quête? Pourquoi?"

"Mon clan doit rester attentif à chaque attaque. Et un trop grand groupe aurait été facilement repérable, en plus de réduire les troupes de Liykkendra."

Un autre silence fit place. Mais la rupture fut plus inattendue cette fois-ci...

"Mais... Il n'y a pas que cela, n'est-ce pas? Il n'y a pas que votre clan..."

"Qu'est-ce qui vous fait dire ça?" demanda-t-il, interpelé.

"Votre pendentif. C'est la seule chose que vous n'avez pas quittée. Et ce n'est pas le genre de bijou qu'un homme porterait d'ordinaire... Il y a quelqu'un d'impliqué dans cette histoire, n'est-ce pas?"

Cecilia se rendit compte alors qu'elle allait trop loin dans sa curiosité. Se confondant en excuses, elle se leva et s'apprêta à sortir de la salle, de peur d'avoir éveillé la colère de son interlocuteur. Mais pour seule réponse, Ziresh la coupa dans son action en lui répondant franchement. On pouvait sentir une pointe de tristesse dans le tremblement de sa voix.

"C'est un cadeau de Kâhra, ma fiancée. Les Noirs l'ont empoisonnée. Je voudrais pouvoir sauver le clan, avant qu'elle ne s'en aille... Mais c'est impossible. Elle est peut-être déjà morte, à l'heure où je vous parle... Elle voulait absolument que je sois un aventurier..."

Des larmes coulèrent sur les joues du loup d'argent. Mais le paravent empêchait quiconque de le voir. C'était tant mieux. Par pudeur, il ne voulait pas se montrer vulnérable. Et aussi parce qu'il était un homme. Les bratiens avaient beau être plus sensibles que les autres liykors, ils n'en étaient pas moins des créatures dotées d'une conscience humaine. C'était aussi un peu de la fierté.
Il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'on lui répondre. Encore moins à être réconforté. Et pourtant...

"De la manière dont vous le dites, je pense qu'elle comprend votre départ. Et pour vous avoir offert un tel bijou, je pense qu'elle vous aime bien trop pour vous vouloir seulement à ses côtés. De mon point de vue, c'est grâce à elle que vous êtes un véritable aventurier."

C'était des paroles étonnamment affirmées, pour une femme qui ne le connaissait absolument pas. Et pourtant, cela ne semblait pas déplacé. C'était, au contraire, en accord total avec ce qu'il avait pu vivre. Il repensa à la manière dont elle l'avait laissé partir alors qu'elle était mourante. Peu importe ce que disaient Xavir et Erin : maintenant qu'il y réfléchissait, il était peu probable qu'elle ne sache pas qu'elle allait mourir. Elle était sans doute partie en le laissant sauver le clan. Et en le laissant vivre ses rêves.

"Comment vous pouvez être sûre de ça?" demanda-t-il encore.

"Les femmes sont comme ça. C'est peut-être idiot, mais quand une femme est amoureuse, elle a l'instinct de sacrifice. Une femme serait capable de tout donner simplement pour être sûre que l'homme qu'elle aime est heureux."

Ce furent les paroles de trop. Ziresh se laissa totalement aller et un torrent de larmes et pleurs commencèrent à l'étouffer. Il finit même par pousser un cri à en déchirer l'âme. Le cri fut si fort que Bruno et Alès Freinlyn avaient fait irruption dans la chambre. Ils furent stoppés par Cecilia, qui, encore une fois, se confondit en mille excuses maladroites. Le père finit par s'approcher lentement du paravent quand les tourments du loup s'atténuèrent.

"Est-ce que ça va aller...?" fit-il, crédule.

"Oui... Je crois que ça va mieux maintenant. J'en avais besoin. Merci de votre sollicitude."

L'aubergiste ne s'immisça pas plus. Il se contenta de s'excuser, puis il s'éloigna quelques minutes pour revenir enfin avec le plat, qu'il posa sur le bureau, en attendant que Ziresh finisse de se laver. Il ne lui fallut pas beaucoup plus de temps pour finir de soigner son pelage, ainsi que sa blessure. Quand cela fut fait, il enfila les vêtements humains qu'on lui avait prêtés (tout de même bien petits pour lui). Ce n'est qu'après qu'il plia le paravent pour voir une dernière fois Cecilia, qui était la seule à être restée dans la chambre.

"Vous voudriez peut-être que je vous laisse un moment...?"

"Oui... Je ne voudrais pas paraître incisif, cependant."

"Non, non, rassura-t-elle. C'est bon. Je vais simplement déplacer vos affaires et les laver ailleurs."

Elle s'exécuta alors, sous l’œil de Ziresh qui l'aida en l'aidant poliment en portant la bassine. Quand tout fut apporté dans l'une des chambres de l'étage, il la remercia encore.

"Encore une fois, merci. A vous et votre famille. Désolé de m'être donné en spectacle, ces jours ont été difficiles pour moi. Je retiendrais votre hospitalité."

Après ces dernières paroles, il s'isola dans sa chambre. Le bœuf qu'on lui avait cuisiné était encore chaud et son odeur remplissait la pièce, ce qui n'était pas pour déplaire à Ren. Ses larmes avaient d'ailleurs creusé leur appétit à tous les deux. Dans la nuit, on n'entendait plus que la pluie sur les carreaux, les couverts glissant sur son assiette, et encore, de temps à autres, quelques sanglots étouffés. Il y avait quelque chose de mélancolique, dans ce dîner en solitaire. Il ressentait le goût de son plat unique en son genre. Mais il n'y avait aucun contentement. Seulement la pensée persistante de Kâhra...

De la nuit, il ne dormit presque pas.

_________________


Dernière édition par Ziresh le Ven 11 Jan 2013 13:01, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le village d'Akinos
MessagePosté: Mar 27 Nov 2012 21:09 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 11 Aoû 2011 18:29
Messages: 604
Localisation: Sur Aliaénon
C'est au petit matin, quand la lumière se décida enfin à percer les montagnes et éclairer Akinos, que la pluie cessa de tomber. Il devait être sept heures et tout le monde n'était pas encore levé. Ziresh, qui avait longtemps veillé, fut certainement le premier à assister au spectacle d'un magnifique arc-en-ciel surplombant le village. De sa fenêtre, il pouvait voir grâce au soleil les dégâts que l'averse avait causés. Les maisons étaient toutes debout, fort heureusement. Mais les rues inondées étaient boueuses et Ziresh avait peine à imaginer le travail qu'il y aurait à fournir pour rendre aux rues leur ancienne apparence.
En revanche, si l'on faisait fi de l'eau trouble et chargée en terre, Akinos avait tout de même un certain charme. C'était sans doute parce qu'il n'y avait pas de "dégâts" à proprement parler : Le village était habitué à ces pluies et était ordonné de manière à ne pas en être "victimes". Les grands arbres fruitiers baignaient leurs troncs, mais le reste des cultures étaient en hauteur, sur les collines. Il en était de même pour les bœufs, qu'il pouvait voir un peu plus loin, encore au milieu des arbres caractéristiques du village.

Le jeune liykor passa un moment à observer les montagnes. Puis derrière lui, peut-être vers huit heures, la porte s'ouvrit. D'instinct, il porta à la main sur son hallebarde, mais il se ravisa bien vite quand il croisa le regard d'Alès. Il n'avait presque pas vue cette fille là, alors qu'elle avait passé du temps à cuisiner son plat. Ce n'est donc qu'à la lumière du jour qu'il put voir à quoi elle ressemblait. Elle semblait un peu plus vieille que sa sœur. Elle possédait les mêmes grands yeux caractéristiques de la famille Freinlyn, mais en revanche, ses cheveux étaient un peu plus clairs. Plus bruns que noirs, à contrario de de Cecilia.
Elle avait entre les mains un grand plateau, comportant une assiette de bœuf, une miche de pain et même un pichet de bière. Un peu effrayée au départ par le comportement du loup, ce dernier fit vite de s'excuser. Elle posa le plateau sur la table une fois rassurée.

"Désolé, vous m'avez surpris. Je n'ai pas l'habitude de dormir dans un endroit peuplé, se justifia Ziresh. Je n'ai pas eu l'occasion de vous remercier pour votre hospitalité hier soir, veuillez aussi m'en excuser. Ce voyage a été long... J'étais exténué.

Alès semblait plus timide et moins loquace que sa sœur. Elle se contenta simplement de hocher de la tête en esquissant sourire presque imperceptible. Puis elle rajouta, d'une toute petite voix fluette, avant de s'en aller :

"Votre armure est prête. Quand vous aurez fini votre repas, vous pourrez la récupérer à l'étage. Mais mon père voudrait vous parler avant."

Ziresh n'attendit pas plus longtemps. Même si l'hospitalité des gens d'ici le ravissait, il devait se dépêcher de reprendre sa route vers Luminion. En quelques bouchées, sa puissante mâchoire de canidé eurent raison de la viande. Quant au pichet de bière, il se décida à la boire en se dirigeant vers l'étage.
Là-haut, il n'y avait que Bruno pour l'accueillir derrière un bureau où était entassées ses pièces d'armure.

"J'espère que vous aimez cette bière ! C'est notre établissement qui la brasse !"

"Elle est très bonne, merci. Et d'ailleurs, je ne vous remercierai jamais assez pour votre hospitalité..."

Le loup commença à tâter sa bourse, dans l'attente d'un prix. Mais l'hôte ne réclama rien. Au contraire, d'un signe de main, il fit comprendre au liykor qu'il ne réclamait aucun prix. A la place, il l'invita à revêtir son armure. Comme il avait déjà récupéré son pantalon dans la matinée, il n'avait plus qu'à enfiler ses protections. Il commença donc à mettre son plastron en serrant quelques sangles. Pendant ce temps, l'aubergiste lui expliqua son choix de ne pas le faire payer :

"Cecilia m'a raconté votre histoire. J'espère qu'elle ne vous a pas trop importuné. Elle est très curieuse de nature et comme elle n'a jamais vu de liykor... Enfin, quoiqu'il en soit, j'ai appris pour votre clan. Je trouve votre entreprise louable. Et vous vous êtes bien comporté jusqu'au bout en arrivant à Akinos, malgré l'hostilité que l'on a pu éprouver à votre égard au début..."

Quand il eut terminé de placer sa coupe sous ses épaulières, Ziresh commença à enfiler ses bracelets de protection, tout en remerciant l'homme qui l'avait laissé dormir ici.

"C'est très gentil de votre part, de prendre compte de cette mission. J'aurai toutefois préféré ne pas me donner en spectacle hier soir..."

"Ce n'est rien. N'importe qui à votre place se serait effondré plus tôt. Et bien moins de personnes auraient été capable d'entreprendre une telle mission. En vérité, maître liykor, je voudrais vous aider. Si vous le permettez."

Les oreilles du jeune loup d'argent se dressèrent d'un coup. Il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'on lui propose quelque chose comme cela. Et à vrai dire, il ne voyait pas comment on pouvait l'assister dans sa mission. Mais il prit tout de même un air plus attentif. Il prit simplement le temps de boucler sa ceinture de tassettes qui se déplièrent dans un grand bruit métallique contre ses jambes.

"Bien sûr que je vous le permets... Que me proposez-vous?"

"Cecilia m'a parlé de la Hallebarde Protectrice. Il se trouve que mon père a participé à cette chasse aux liykors qui a eu lieu il y a quelques décennies. Plusieurs reliques ont été perdues. Notamment celles qui appartenaient aux chasseurs. Parmi elles, des armes capables de terrasser le plus vif des liykors noirs. Mais pour ce que vous cherchez... c'est autre chose. La Hallebarde Protectrice est insufflée de lumière. Il aurait été imprudent de la perdre à la frontière de l'occupation d'Oaxaca. Tout le monde ne s'en serait pas rendu compte à l'époque. En revanche, il y a bien quelques personnes qui peuvent avoir plus de connaissances à ce sujet. Et en connaissant les Duchés, je serai prêt à parier qu'ils ont trouvé un moyen de cacher cette arme avec brio."

Ziresh avait déjà une petite idée de qui pouvaient être ces personnes dont il parlait. Mais il continua tout de même de l'interroger du regard.

"Les Fujoniens. Il y a des liykors blancs dans les Duchés. Ou tout du moins, dans les alentours de Mertar. Au-delà du Col Blanc. Peu de gens les ont vus, mais ont dit qu'il y a une communauté là-bas, qui se tient à l'écart de tous. Même des nains. Ils ont une certaine affinité avec la glace, mais la prêtresse aurait aussi des talents en ce qui concerne la lumière... On dit aussi que certains Fujoniens assistaient de loin aux batailles entre humains et liykors. Mais quand l'arme a été perdue, ils se sont faits plus discrets. Ils ne sont jamais plus descendus de leur village. En tout cas, ceux d'Amarok n'ont jamais plus bougé. Après, ce ne sont que des rumeurs, mais elles me semblent bien plausibles. Si la hallebarde était à Luminion, on entendrait bien plus souvent parler d'elle, je pense..."

C'était une piste. En tout cas, elle était bien meilleure que le seul nom d'une ville. Ziresh aurait aimé suivre d'avantage les informations de son père, plutôt que celles d'un homme qu'il venait tout juste de rencontrer. Mais il fallait admettre que ces renseignements étaient bien plus consistants. Et puis, après ce qui lui était arrivé cette nuit, il fallait être idiot pour ne pas accorder un semblant de confiance à cet homme. D'une certaine manière, il aurait dû aussi remercier Cecilia pour avoir parlé de tout cela.

"Comme y accéder?"

"Je vais vous aider. Lors des inondations, on utilise des barques pour quelques jours. Le fleuve déborde encore un peu sur Akinos, alors vous n'aurez qu'à utiliser la notre pour passer de l'autre côté. Ensuite, dirigez vous au nord-est, vers Mertar. Vous n'aurez pas besoin de passer la porte : contournez-la, passez par dessus les montagnes et suivez le col blanc. Quand vous verrez des statues de glace, vous serez près d'eux. Quant au reste... Je pense que votre pelage saura vous aider contre le froid. Pour la barque, laissez la de votre côté. A votre retour, vous en aurez besoin de toute façon."

"Pourquoi m'aidez-vous autant sans même me connaître, monsieur Freinlyn...?" demanda Ziresh, suspicieux malgré tout.

"Nous avons un ennemi commun. Et surtout, vous ne cherchez pas cette arme pour le pouvoir. Vous la cherchez pour sauver les vôtres. La question serait plutôt "pourquoi ne voudrais-je pas vous aider?" !"

C'était encore obscur, mais le jeune bratien n'avait pas le choix. Suite à tous ces conseils donnés, il s'équipa de toutes ses affaires et embarqua dans son moyen de locomotion au milieu même de salle commune de l'auberge, encore inondée. On lui ouvrit la porte d'entrée et il s'engagea alors dans les rues encore inondées d'Akinos. De loin, Bruno et Alès le saluèrent en lui souhaitant bonne chance. Mais sur le toit, c'était Cecilia qui se dressait et qui, elle, criait plutôt.

"Bon courage Ziresh ! Vous allez réussir ! Et repassez quand le village sera nettoyé !"

Timidement, le liykor se contenta de signer légèrement en montrant sa reconnaissance. Puis il s'engagea dans le fleuve qui, fort heureusement, était devenu calme suite à l'averse de la nuit. Il lui fallut plusieurs minutes pour réussir à ramer correctement jusqu'à l'autre rive, mais il s'en sortit sans encombres.
D'ici quelques heures, s'il se dépêchait, il arriverait à Mertar. En gravissant les montagnes, il avait encore une chance d'atteindre Amarok avant la nuit...

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le village d'Akinos
MessagePosté: Mar 13 Aoû 2013 03:52 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 11 Aoû 2011 18:29
Messages: 604
Localisation: Sur Aliaénon
Chapitre II: La Porte d'Ynorie

Le voyage de Ziresh différa de son premier aller vers le village d'Akinos. Cette fois-ci, l'urgence n'était plus vraiment la même. Il n'y avait plus Kâhra. Il y avait pourtant toujours ce souvenir, alors qu'il gravissait les mêmes collines qu'autrefois. Une mélancolie l'avait très rapidement pris, mais pourtant, le temps fut moins long. Si sa mission devait le presser, il devait admettre qu'elle le touchait bien moins que sa quête salvatrice pour son clan. Et l'idée de la mort d'un être aimé n'était plus là pour l'accabler de regrets et de cent autres sentiments qui l'auraient plongé dans la dépression.
Toutefois, il y avait encore son altercation avec Bravi. Elle était encore là, lui nouant les entrailles. Il ne cessait de repenser à tout le doute qu'il lui avait témoigné. Et forcément, fidèle à lui-même, le Porteur de Lumière doutait encore de lui.

D'une certaine manière, il s'en rendait compte, c'était idiot. Il avait tout fait pour aider son clan. Pour aider toute la Citadelle même. On lui accordait plus de respect qu'il n'en avait jamais reçu d'un groupe d'humains. On lui conférait le titre de Loup d'argent, de maître, de Porteur de Lumière et l'on retenait de lui ses quêtes qui lui ont permis d'acquérir la Hallebarde Protectrice ainsi que la tête d'un dieu maléfique. Mais il suffisait d'une parole pour le briser...

"Foutu Bravi... Tu es bon pour convaincre les gens..."

Finalement, il arriva sans encombres à Akinos. Pas d'ennemis, ni même de tempêtes pour le freiner. Il fut d'ailleurs accueilli par un tout nouveau paysage. Les coulées de boues qu'il avait vues la dernière fois avaient laissé place à des sentiers soignés, tout à fait propres. Les échelles qui avaient servi à se déplacer sans encombres entre les bâtiments étaient désormais dressées contre eux, et plus sur leurs toits.
Quant à la manière dont on vit son arrivée...

"Oh ! Sire Ziresh !"

Il faisait assez jour pour que l'on puisse reconnaître son pelage comme appartenant à un bratien, et non à un liykor sombre, comme la première fois. Alors ce ne furent pas une volée de flèche qui vint à ses pieds, mais un villageois. Il eut une certaine peine à le reconnaître, mais il vit en lui l'un des deux hommes qui l'avaient fléché à vue il y avait quelques semaines de cela.

"Ah ah ! Je vous ai reconnu cette fois !"

"Et je ne peux que vous en remercier."

"Alors ? Pourquoi revenez-vous ici ? Vous n'aviez pas une mission ? Les Freinlyn nous ont raconté pour la Hallebarde. Je vois que vous l'arborez très bien ! Alors c'était un succès n'est-ce pas ? Mes félicitations !"

Le débit de parole de l'homme était exceptionnellement grand. Dans un rythme effréné, il semblait répondre à ses propres questions. Si bien que Ziresh fut dans la gênante obligation de le couper.

"Je ne voudrais pas paraître discourtois, mais je suis assez pressé... Est-ce que je pourrais voir les Freinlyn, justement ? Ils ont su me guider jusqu'aux fujoniens et je pense qu'ils pourraient encore m'aider."

"Oh bien sûr, conclut l'homme avec une pointe de déception dans sa voix. Ils sont tous à l'auberge, alors vous n'aurez pas de peine à leur parler."

"Et par hasard, vous n'auriez pas vu une jeune femme en armure ? Une très belle femme, dans une très belle armure, montée sur un hongre."

"Ah non, pas que je sache... Et je crois que vue la description, je m'en serais souvenu si elle était venue ici... A moins qu'elle ne l'ait quittée. Enfin, ce ne sont que des suppositions."

Ziresh le remercia et mit vite fin à la conversation en se dirigeant vers ladite auberge. Dehors, la pluie semblait avoir donné une nouvelle couleur aux fruits sur la colline. La rosée du matin les faisait même briller au loin. Et les quelques personnes qu'il croisait arboraient toutes un sourire qui lui donnait de plus en plus l'impression qu'il se trouvait un nouvel Akinos. Tout avait changé après la pluie.
Il s'en rendit d'autant plus compte quand il entra par la porte du rez-de-chaussée et non par la fenêtre comme il en avait eu autrefois l'obligation.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le village d'Akinos
MessagePosté: Mer 14 Aoû 2013 20:36 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 11 Aoû 2011 18:29
Messages: 604
Localisation: Sur Aliaénon
Quand il eut poussé la porte, ce fut comme si les lieux avaient été totalement rénovés. Il n'y avait plus une trace d'humidité. Le bois du plancher et les murs ne comportaient pas même quelques craquelures. Tout était en très bon état. Et en plus, le rez-de-chaussée était peuplé. Il devait y avoir une bonne dizaine de clients assis, en pleine consommation. L'endroit était tout particulièrement vivant, d'autant que les deux filles de Bruno Freinlyn, le propriétaire, étaient en train de circuler entre les tables. De dos, Ziresh reconnut immédiatement la jolie Cecilia Freinlyn, avec qui il avait longuement discuté de sa quête pour sauver son clan. Et aussi de sa fiancée, Kâhra. Après réflexion, il se rendit compte qu'il avait parlé plus intimement avec cette étrangère qu'avec aucune autre personne dans la forteresse. Ni même Calimène ou ses parents. Il ne pouvait pas l'expliquer, mais cette jeune fille semblait avoir une empathie remarquable. C'était cela qui l'avait poussé à discuter avec elle. Et même après coup, il sentait qu'il n'avait aucune envie d'émettre davantage de réserves avec elle.

"Bienvenue à l'auberge au Bon P... Oh ! s'interrompit elle-même la belle serveuse. Ziresh ! On ne vous attendait plus ! C'est un vrai plaisir !"

Un instant, elle s'était presque élancée vers lui, comme pour l'enlacer. Mais par pudeur, elle interrompit maladroitement sa course pour ne rester que statique devant lui. Elle le regarda de bas en haut, de haut en bas, jusqu'à timidement ouvrir les bras, laissant l'initiative au liykor. Ce dernier, fidèle à sa race, hésita encore un peu avant de passer ses bras autour de la taille de la jeune fille. Une embrassade gênante fut suivie, mais la maladresse sembla vite s'estomper pour que finalement, ils se serrent affectueusement l'un contre l'autre. D'ordinaire, le loup d'argent aurait trouvé cela étrange et ne se serait jamais permis d'enlacer une femme qu'il n'aurait vue qu'une seule fois, quasiment une étrangère. Mais il sentit un grand réconfort en humant délicatement ses cheveux.

"Ça me fait plaisir aussi, Cecilia." Répondit le fauve avec pudeur, sans être plus expansif dans ses sentiments.

Ils profitèrent longuement de cette embrassade, jusqu'à ce que le jeune fille se décide à quitter son étreinte. Encore une fois, elle le regarda et remarqua cette fois-ci l'arme qu'il arborait sur son dos. Son visage s'éclaircit naïvement.

"Vous avez la hallebarde ! s’exclama-t-elle. Vous avez réussi alors ! Votre clan est sauf !"

Ziresh n'eut pas à répondre. Son silence ainsi que son regard posé sur le sol traduisaient tout l'échec de sa mission. Bien sûr, il possédait la relique, mais le reste...

"Et alors Kâhra..."

Il étouffa un sanglot, sans laisser couler de larmes. Il sut heureusement bien mieux se retenir que la première nuit qu'il avait passée ici. Il fit de son mieux pour que sa voix ne tremble pas quand il répondit.

"Je n'ai pas été assez rapide... Une grande partie de mon clan a été décimée et Kâhra... Kâhra est morte sur le Col Blanc. Elle a été incinérée au village d'Amarok..."

Un ange passa encore une fois. Cecilia ne savait tout simplement pas quoi répondre pour se défaire de cette situation qu'elle avait créée.

"Je suis désolée, je ne voulais pas paraître indiscrète, ni remuer tout cela... s'excusa-t-elle, toute penaude.

Heureusement pour eux deux, son père intervint immédiatement pour les sauver de ce moment gênant. Il débarqua au départ comme pour aller chercher sa fille, qui avait interrompu son service. Mais dès qu'il vit le loup qu'il avait recueilli l'espace d'une nuit, il changea complètement de ton. Un sourire se dessina très vite sur ses lèvres et il empoigna virilement la patte de Ziresh en lui souhaitant la bienvenue.

"Ah vraiment, je suis heureux de vous revoir ici ! Et avec la relique, en plus ! Je ne suis pas étonné ! Je vous en prie, installez-vous ! Vous restez longtemps ?"

"Merci, monsieur Freinlyn. Non, je ne vais pas rester très longtemps. Pour tout dire, j'aurais aimé vous parler."

"Faisons cela autour d'un repas, les autres ont presque tous terminé et vont certainement boire quelques bières. Nous n'avons pas encore mangé, alors ce sera l'occasion de discuter !"

Ziresh s'installa immédiatement à l'une des rares tables vides. Effectivement, les assiettes de tous les clients étaient presque vides, mais cela ne fit que réveiller son appétit. La dernière fois qu'il avait mangé ce bœuf d'Akinos, il l'avait fait en solitaire, dans une chambre de l'étage, tout en supportant le deuil de Kâhra.
Il dut attendre un certain moment, le temps que son plat soit cuisiné et que les bières soient servies. Quand Bruno s'installa enfin en face de lui, il avait pris un air un peu plus grave. Le loup d'argent comprit bien vite qu'il devait avoir appris la vérité au sujet de clan et de sa fiancée. L'homme le confirma en présentant ses condoléances.

"Navré, je n'avais pas imaginé que cela puisse arriver."

Le Porteur de Lumière ne répondit pas à ces paroles. Encore une fois, avec pudeur, il se tint dans le silence. Alès et Cecilia continuaient de déambuler autour de l'auberge pour distribuer tous les breuvages aux clients. Elles en profitèrent pour offrir une choppe à Ziresh qui, en réponse, chercha poliment quelques pièces dans sa bourse.

"Je vous en prie, c'est offert par la maison !"

Quelque peu gêné par tant d'estime, le bratien se contenta de remettre ses pièces dans sa bourse. Peu de temps encore après, le plat fut apporté, fumant juste sous ses babines. Les filles arrivèrent par la suite à la table, avec leurs propres ustensiles de cuisine. Cecilia ne sembla pas quitter le loup des yeux, tandis qu'Alès, elle, restait encore fidèle à elle-même en n'osant même pas prendre la parole. Elle ne fit que saluer l'hôte d'un signe de tête et d'un timide sourire, presque dissimulé.

"Alors, Ziresh ? Qu'est-ce qui vous a mené jusqu'ici ? Et puis, que s'est-il passé ces derniers mois ? Et qu'avez-vous fait de votre bestiole...? " demanda enfin Bruno, pour ne plus tergiverser.

"Et bien... Comme vous le savez, j'ai échoué. Je n'ai pas été assez rapide, alors les Noirs ont repoussé mon clan. Ils ont fini comme moi au village d'Amarok, mais depuis quelques mois, nous nous sommes alliés à un groupe d'humains de Kendra Kâr. Nous nous sommes découverts des points communs dans nos objectifs. Du moins, pour les miens et ceux de la femme qui gère cet endroit. Mon clan y trouve une protection et aide au développement de la forteresse, comme les autres personnes y résidant. De mon côté, j'essaie d'enquêter sur le mal qui a poussé les Noirs à nous attaquer. Et nous nous sommes trouvé des similitudes dans nos récits avec Calimène, dont je vous ai parlé. Cela a fini par nous mener à la Porte d'Ynorie. Voilà pourquoi je suis ici. Quant à Ren, mon lutinora... Et bien je l'ai laissé à la Citadelle. Ma mission va devenir un peu plus dangereuse cette fois-ci. Je préfère partir seul."

Bruno s'étonna de certains éléments du récit de Ziresh. En haussant les sourcils, il répondit :

"Pour tout dire, je n'imaginais pas que votre clan puisse se retrouver au sein d'un aussi grand conflit... On raconte pas mal de choses au sujet d'Oranan... Mais des tas de courriers ont été envoyés partout dans Yuimen, donc je ne dois rien vous apprendre..."

"Je ne suis pas retourné en ville depuis ma descente d'Amarok... Que se passe-t-il ?"

Pour la première fois depuis leur rencontre, Alès s'adressa enfin directement à lui. Et elle semblait très au courant de ce qui se passait.

"Oranan demande de l'aide partout, dans toutes les cités alliées. Là où les gens se posent des questions, c'est que cette ville est incroyablement fortifiée. Aller jusqu'à chercher des aventuriers quelconques, cela signifie très certainement qu'ils sont en grand danger."

"Une idée de ce qu'il s'y passe en particulier ?"

"Pas vraiment. Il y a surtout des rumeurs. Certains disent qu'Oaxaca veut attaquer Oranan en se rendant invisible... D'autres parlent même de fin du monde... Et autre chose : vous disiez que vous étiez allé dans une forteresse après Amarok. Je suppose qu'elle est en montagne, ou pas loin des Duchés. Et bien certains disent que des garzoks creuseraient un tunnel pour attaquer les Duchés de l'intérieur..."

Tout cela n'étaient que rumeurs. Mais pourtant, elles étaient toutes proches de ce que Ziresh et Calimène avaient estimé. La Citadelle endormie donnait sur des boyaux où de violents combats avaient eu lieu, c'était certain. Et ces informations selon lesquelles la Porte d'Ynorie était menacée... Décidément, tout prenait un sens alors que depuis le début, rien n'était sûr.

"Bon sang..." marmonna Ziresh, pour lui-même. Il fit une pause de réflexion, puis il reprit, presque paniqué. "Avez-vous accueilli Calimène, une femme dans une très belle armure ornée d'argent ?"

"Cela ne me dit rien du tout... Et des personnes en armure, il n'y en a pas beaucoup qui viennent ici." conclut Bruno en cherchant la confirmation de ses filles du regard. Elles acquiescèrent toutes silencieusement, d'un hochement de tête.

"Ce n'est pas normal... Elle devait être presque arrivée au moment où je suis parti de la Citadelle... Et je ne peux pas me permettre de revenir en arrière ou d'attendre, vus les évènements..."

"Vous vous étiez donné rendez-vous ici ? Ça ne devrait pas être un problème de la prévenir si elle vient. On la tiendra au courant."

"Je vous remercie, cela m'aidera infiniment. Une autre question, à propos."

"Mmh ?" fit Bruno, presque inquiet.

"Auriez-vous entendu parler de troupes ynoriennes dans les Duchés ? Un maître d'armes qui abuserait de ses compagnons..."

"Je n'ai rien entendu à propos d'un maître d'armes en particulier... Mais je sais qu'il y a un groupe assez turbulent pas loin de la Porte. Ils bougent beaucoup et y reviennent généralement le soir. Si c'est un homme violent, peut-être que cela influent sur le groupe... Ils sont déjà venus ici et vraiment, ils étaient loin de nous paraître rassurants, en tant que "gardes"."

Un groupe, donc. Récupérer la Masamune de l'Imperturbable ne serait facile si tout une escouade se dressait contre lui. Et prendre l'arme par la violence n'allait pas l'aider à poursuivre sa quête : il deviendrait l'ennemi de ses propres alliés. Ainsi donc, il allait devoir agir en toute discrétion. Prendre le iaïto que Levon lui avait décrit, puis aller directement à Oranan. Rester dans les environs ne lui servirait à rien pour protéger les Duchés. Heureusement que Calimène avait suggéré de passer à l'auberge d'Akinos, autrement, ils seraient passés complètement à côté de leur projet de protéger la Citadelle endormie.
Au final, même si les choses annoncées n'avaient rien de plaisant, Ziresh avait le bénéfice d'avoir une quantité d'informations impressionnantes compte tenu de ce dont il avait besoin.
Le loup d'argent finit alors très vite son repas, bien plus vite que les trois humains autour de lui. Sa puissante mâchoire eut rapidement raison de la viande et il ingurgita très vite sa bière. Maintenant qu'il était au courant de cette menace qui planait autour d'Oranan, il se devait de hâter le pas. Il était arrivé à Akinos tranquillement. Mais maintenant, il n'y avait pas seulement la capitale d'Ynorie qui était en danger : tout les Duchés, voire même tout Nirtim risquait de subir les assauts d'Oaxaca.

"Je suis navré, mais maintenant que je sais tout, je ne peux pas m'attarder ici. Je vous remercie infiniment pour votre hospitalité."

"Je croyais que ce n'étaient que des rumeurs... Alors nous sommes en danger ? Vraiment ?" fit Cecilia, les yeux brillants.

"Je ferai tout mon possible pour protéger les Duchés, je vous le promets."

"Attendez, avant de partir."

Encore une fois, l'initiative d'Alès eut de quoi surprendre le liykor. Elle troqua sa discrétion contre une étrange vivacité qui la fit presque voler à l'étage. Elle redescendit alors aussi vite qu'elle y était montée avec un quantité étonnante d'objets. Il y avait un petit sac en toile de jute, une fiole que Ziresh ne pouvait pas identifier et deux runes. Rien que les runes eurent de quoi l'étonner, tant celle qui lui avait été offerte par son clan avait amélioré sa relique.

"C'est vraiment très gentil, Alès. Mais je ne voudrais pas abuser..."

"Non, non, ça me fait plaisir. Des clients ont laissé ça ici et nous n'en avons pas l'usage. Alors j'ai pensé que cela vous servirait, à vous." Elle fit une petite pause, sans jamais oser regarder les yeux du loup. Puis elle présenta les différents objets. "Là, ce sont des runes. Je crois qu'en allant voir un mage, vous leur trouverez une utilité. Cette potion, c'est un poison. Le propriétaire disait qu'il pouvait plonger sa victime dans une étrange déprime. Quant à ces billes, là, dans le sac, j'en ai fait exploser une. Elles dégagent une épaisse fumée qui donne le tournis. Si jamais vous avez besoin de fuir, je pense que cela pourrait vous aider..."

"Merci beaucoup, je pense que cela m'aidera énormément."

Sur ces paroles, elle le regarda enfin pour lui adresser le plus doux des sourire. Compte tenu de ce changement de comportement, il supposa que les filles Freinlyn devaient avoir parlé de lui pendant son absence. Ces présents et son caractère nouvellement loquace devaient être une manière de s'excuser de son manque de courtoisie lors de leur première rencontre. Bruno, en tout cas, sembla enchanté. A l'inverse de Cecilia qui ne regardait plus que son assiette.
Ziresh plaça donc les objets dans son paquetage, exploitant les nouvelles poches qu'il avait eues de ce sac, en le récupérant dans mines de Lebher. Puis, se relevant, il se pencha respectueusement.

"Vraiment, je vous remercie. Je vais à la Porte d'Ynorie, maintenant."

"Je vous souhaite autant de courage qu'il en est possible. Mais je crois entièrement en votre réussite."

"Vous vous en sortirez, Ziresh."

"N'hésitez pas à revenir quand vous le voudrez."

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le village d'Akinos
MessagePosté: Sam 26 Oct 2013 12:07 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 24 Oct 2013 11:30
Messages: 32
Localisation: Kendra Kãr
Allongé sur le sol, Valkazaar émerge lentement d'une inconscience indéterminée tant par son origine que sa durée. Il est seul sur un chemin de terre traversant une forêt, aucun bruit aux environs sinon ceux de la nature elle-même.

Se relevant doucement, étourdi, sa vision flouée revient peu à peu au net.

"Mais qu'est-ce que ... ?"

Regardant autour de lui, effrayé de n'avoir aucune idée d'où il est, Valkazaar tente de rassembler ses esprits, un mal de tête prononcé offrant une difficulté supplémentaire.
Il est désespérément secoué par une triste réalité : A part son nom, rien ne lui revient dans ses souvenirs.

(Voyons, déjà j'ai l'air de bien aller globalement, mal au crâne, un peu à l'épaule gauche, le bras et... aïe... petite coupure sur l'avant bras...)

Valkazaar fouille ses poches, dont il ne se rappelle plus le contenu en quête d'un objet quelconque pour le soigner. Son amnésie est telle qu'il ne se rappelle même plus de ses capacités, à moins qu'il n'en avait pas encore développé ? Quoi qu'il en soit, un guérisseur ne sachant pas guérir n'est vraiment pas courant.

Un mouchoir blanc brodé à son nom et une petite bourse contenant 50Yus, voilà ce qu'il trouve sur lui, à cela s'ajoute une cape bleue ornée de dorure et une sorte de talisman faisant office d'accroche pour la cape au niveau du cou.

"Valkazaar, me voilà donc assuré que mon nom est bien le mien..."

Son cerveau travaille à plein régime pour tenter de combler les vides, vainement.

"Je sais lire, ma cape est tissée et brodée finement, j'ai un mouchoir brodé à mon nom, je peux donc supposer que je ne suis pas issu de milieu défavorisé"

Valkazaar parle pour se donner l'impression de ne pas être seul. Pendant qu'il réfléchit, il attache le mouchoir sur sa plaie, au pire ça empêchera à ce que d'autres éléments viennent infecter la blessure, bien que superficielle.

Après un regard aux alentours pour trouver un indice quelconque, il décide de se mettre en marche, après tout, peut-être trouvera-t-il quelqu'un qui pourra dire ce qu'il s'est passé.

(Un cours d'eau, mmmh si je le remonte je devrais arriver à un village, après tout, c'est habituel d'avoir un village qui descend les ressources vers les villes en bord de mer, dumoins, ça me paraît logique. et descendre, si je tiens compte de la rocaille dans le sol, je dois être plus proche du village que la ville, va pour le haut)

Valkazaar se met en direction du nord vers un village d'après ses suppositions.

>>> Message suivant >>>

_________________
Je suis Valkazaar - semi-elfe - Guérisseur lvl1.
Pour moi, un RP inclue l'intéraction avec d'autres PJ, si vous me croisez quelque part de près ou de loin, n'hésitez pas à mettre votre grain de sel dans l'histoire, c'est plus sympa de trouver des éléments nous obligeant à s'adapter ! Merci d'avance


Dernière édition par Valkazaar le Sam 26 Oct 2013 18:06, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le village d'Akinos
MessagePosté: Sam 26 Oct 2013 18:04 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 24 Oct 2013 11:30
Messages: 32
Localisation: Kendra Kãr
<<< message précédent <<<

Après une longue marche désorientée, la sortie la forêt fait profiter Valkazaar d'une lumière venant d'un ciel dégagé, sensation bénéfique qu'il essaye d'apprécier au maximum.

La ballade ne lui a pas ouvert l'esprit, aucun souvenir ne fait surface, ni d'où il vient, qui il est en réalité, s'il a une famille qui l'attend quelque part, quel est son rang social, pour quelle raison il s'est retrouvé au bord d'un chemin, pourquoi il ne se rappelle de rien, en voulait-on à sa vie, dans ce cas à quel titre...

Un nombre incalculable de question auxquelles il n'a aucune réponse, ni même de suppositions possibles, en quelques mots, une situation angoissante.

Une chance peut-être qu'il ne se rappelle pas de tout mais aussi, et sans aucun doute, des problèmes à venir quand il prendra conscience qu'il n'a plus aucune idée des tensions entre les différentes races et clans par exemple.

Après tout il est là comme débarqué de nulle-part, du néant.

Il continue son périple vers la bourgade qui se présente devant lui, une sorte de petit village aux maisons colorées, construites sans doute sans prescriptions particulières, aucune maison n'est l'égale celles qui l'entourent, curieux.

Le village semble être serein, Valkazaar replace ses cheveux par dessus ses oreilles, son apparence s'approchant ainsi de celle des hommes, ne sachant pas ce qu'il trouvera là-bas. Il se dirige vers ce qui semble être une auberge avec une façade rouge arborant pancarte "Au Bon Pain" munie d'un dessin de couteau et d'une tranche de pomme.
Valkazaar pousse la porte en fer et y entre.

Il balaye du regard le côté gauche de la salle, peu remplie et les personnes qui s'y trouvent ne semblent pas intéressés par les allez-venues dans l'auberge. Ensuite il balaye le côté droit de la salle.

"Monsieur ?"

Une voix féminine provenant de derrière le comptoir se fait entendre mais Valkazaar en pleine analyse des différents clients semble ne pas l'avoir entendue.
Côté droit, quelques personnes âgées relèvent la tête machinalement mais affichent une attitude non concernée avant de continuer leurs conversations.

"Monsieur ? "
La voix est à présent face à Valkazaar.

"Excusez moi, j'étais distrait, je..."
Valkazaar ramène son regard face à lui pour regarder la personne qui l'appelle et marque une pause hésitante quand son regard atteint la serveuse surpris par sa vitalité et, admettons le, au physique sympathique.

Se rendant compte de sa pause verbale, Valkazaar se dépêche de combler le vide, espérant que ça passe inaperçu.

"Et heuuu..."
Prouesse extraordinaire, un blanc qui ferait éclater de rire les gens autour si ils avaient été attentifs, heureusement il n'en fût rien, sauf pour son interlocutrice qui se contentera d'un sourire qu'elle n'a sans doute pas pu refouler.

"Bienvenue au Bon Pain, puis-je faire quelque chose pour vous ?"
Elle parle avec un sourire jovial, qui devrait mettre à l'aise n'importe qui. Valkazaar étant confus par sa maladresse reste toutefois quelque peu embarrassé.

"Je voudrais me restaurer et trouver le gîte ici si c'est possible"

"Prenez une table, je consulte le registre et je reviens vers vous. Vous souhaitez boire quelque chose ?"

"Si vous avez encore de la bière, ça serait parfait, merci"

"Je vous apporte cela de suite, prenez place"
Elle montre de la main une table libre un peu à l'écart.

Valkazaar s'y installe et quelques instants plus tard, la serveuse revient en apportant le rafraichissement demandé, dépose le verre sur la table.

"J'ai consulté le registre, nous avons encore des chambres disponibles, je vous y conduirai après le repas"

"Je vous remercie, vous êtes aimable"
La voix de Valkazaar reprend de l'assurance.
Saisissant le verre pour le déguster, la serveuse remarque le pansement de fortune que Valkazaar a concocté temporairement.
Elle retourne derrière le comptoir et reviens avec quelques ustensiles pour améliorer le pansement et nettoyer la plaie.

"Oh non, ne vous dérangez pas, ce n'est pas bien grave, je regarderai à cela tout à l'heure"

"Cela ne me dérange pas, d'ailleurs comment ferez vous pour utiliser votre mouchoir ?"

Valkazaar se laisse donc faire, bien que son état soit loin d'être inquiétant. Un nettoyage à l'eau claire et la mise en place d'un pansement correct, voilà qui est plus pratique.

S'en suit le repas et une nuit de sommeil plutôt léger, les questions fusent les unes après les autres, les réponses par contre elles, ne viennent pas...

>>> Message suivant >>>

_________________
Je suis Valkazaar - semi-elfe - Guérisseur lvl1.
Pour moi, un RP inclue l'intéraction avec d'autres PJ, si vous me croisez quelque part de près ou de loin, n'hésitez pas à mettre votre grain de sel dans l'histoire, c'est plus sympa de trouver des éléments nous obligeant à s'adapter ! Merci d'avance


Dernière édition par Valkazaar le Lun 28 Oct 2013 14:47, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le village d'Akinos
MessagePosté: Lun 28 Oct 2013 14:46 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 24 Oct 2013 11:30
Messages: 32
Localisation: Kendra Kãr
<<< message précédent <<<

Aux petites heures du matin, Valkazaar a un sommeil agité, une sorte d'état de transe ou un rêve semi-conscient, totalement confus, dont le contenu génère un état d'angoisse.
Il tente de se concentrer pour retrouver sa mémoire, s'efforçant de trouver un rapport entre ce pseudo-rêve aux images difformes et floues, au son raisonnant et lointain. Des silhouettes de personnages en ombres parmi des couleurs vives, des rires sadiques et conversations inintelligible à cause de l'altération sonore; dumoins cela semble être l'interprétation que Valkazaar retient.

La réflexion intense engendre des convulsions et au fur et à mesure de la durée, une sorte d'aura lumineuse paraît se dévoiler doucement au niveau des paumes de main ensuite sous le bandage où la blessure se trouve, d'une intensité croissante. Cet aspect de la réalité, Valkazaar ne s'en rend pas compte : les yeux clos, la luminosité n'interfère en rien le songe, la chaleur générée se mêlant à cet état de tourment.

Soudain, Valkazaar ne supportant plus cette pression se redresse d'un coup et se retrouve assis dans son lit, la secousse de ce mouvement brusque donnant élan à la tête de lit un peu caduque, celle-ci heurte promptement le mur de l'alcôve qui agit dès lors comme une sorte de caisson de résonance dans la taverne. Le front perlant de transpiration, la respiration et le pouls accéléré, peut-être a-t-il même lâché un son d'effroi court à son réveil, il ne saurait le dire.

Puisqu'il ne lui sera dès lors plus possible de s'assoupir, il descend en salle, une odeur délicieuse se faisant sentir dès la porte de la chambre ouverte.

"Eh bien jeune homme, vous en faites un raffut lors de votre réveil, j'espère que cela n'aura gêné aucun de nos clients !"
L'accueil du chef d'établissement reste quand même jovial malgré le désagrément causé, il laisse même échapper un petit rire. Cet homme grisonnant de corpulence forte ne semble pas tenir rigueur du dérangement.

"Excusez-moi, je me suis réveillé en sursaut et ..."

Bruno Freinlyn, l'aubergiste, m'interrompt rapidement.
"Ne vous inquiétez pas, ma fille m'a dit vous avoir installé dans la première chambre, les autres personnes sont séparées de plusieurs pièces. Accompagnez moi en cuisine, cela nous fera un peu de compagnie si rare à cette heure matinale"

Valkazaar suit alors l'hôtelier dans l'arrière pièce où se trouve au fourneau sa fille.
Celle-ci voyant un 'invité', prépare une place à la table centrale, y présente un morceau de pain et lui suggère de s’assoir pour déjeuner.

L'appétit se faisant se ressentir, il ne se fait pas prier et s'installe à la place préparée. Ne ressentant plus de douleur à son avant bras et étant légèrement géné du pansement, Valkazaar retire le bandage et s'aperçoit avec étonnement que la blessure a disparue.

"Je ne sais pas ce que vous avez fait en nettoyant ma blessure hier mais à présent tout est guéri"

"Pardonnez-moi, vous faites erreur, ce n'est pas moi qui vous ai servi hier, c'est ma soeur, nous sommes jumelles et donc souvent nous sommes confondues. Concernant ce que vous dites, ma soeur est attentionnée mais n'a jamais eu le talent de guérir les gens. Elle a fait nettoyer votre mouchoir, ne l'oubliez pas en repartant !"

( ??? )

Non seulement rien ne lui revient en mémoire mais de plus des choses inexplicables lui arrivent. Plein de perplexité, il prend un morceau de pain pour déjeuner.

>>> Message suivant >>>

_________________
Je suis Valkazaar - semi-elfe - Guérisseur lvl1.
Pour moi, un RP inclue l'intéraction avec d'autres PJ, si vous me croisez quelque part de près ou de loin, n'hésitez pas à mettre votre grain de sel dans l'histoire, c'est plus sympa de trouver des éléments nous obligeant à s'adapter ! Merci d'avance


Dernière édition par Valkazaar le Mar 29 Oct 2013 15:48, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le village d'Akinos
MessagePosté: Mar 29 Oct 2013 15:47 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 24 Oct 2013 11:30
Messages: 32
Localisation: Kendra Kãr
<<< Message précédent <<<

La perplexité de Valkazaar creuse un trou dans la 'conversation', père et fille s'échangent un regard interrogateur, profitant de l'inattention de Valkazaar lorsqu'il attrape le pain.
En quelques mouvements de têtes, silencieux, ils essayent de voir si l'autre en sait ou comprend un peu plus la réaction quelque peu étonnante de leur hôte.
Il ne s'agit pas d'un client bien différent des autres au premier abord, avec une blessure peut-être, mais après tout ils en ont vu de bien pires.
Par contre le rétablissement venu de nulle-part qui effraye celui qui est guéri, là, c'est plus déconcertant, tant par le fait qu'il croyait à tort que c'était la barmaid qui avait usé d'une compétence qu'elle ne maîtrise pas que par le fait qu'un guérisseur anonyme aurait agit comme un voleur.

Quelques secondes leur suffisent pour communiquer leur incompréhension réciproque tandis que Valkazaar ne se rend compte de rien, pensif.

Valkazaar termine son petit-déjeuner esquivant habilement de répondre aux questions concernant sa provenance, sur qui il est ou ce qu'il fait dans la région, faute de connaître lui-même les réponses à ces thèmes de dialogue usuels.
Il ne souhaite pas révéler son ignorance, dans la mesure où il juge plus prudent de se renseigner furtivement avant de le clamer haut et fort, ainsi en cas de danger, il lui suffira de continuer dans son mutisme.

"Je pense qu'il est temps de prendre congé de vous, j'ai beaucoup à faire pour redescendre à la ville. La rivière devrait être plus rapide qu'à pied, peut-être trouverai-je une embarcation quelque part."

Il sort de l'auberge pour réfléchir à la meilleure manière de rejoindre la ville.

_________________
Je suis Valkazaar - semi-elfe - Guérisseur lvl1.
Pour moi, un RP inclue l'intéraction avec d'autres PJ, si vous me croisez quelque part de près ou de loin, n'hésitez pas à mettre votre grain de sel dans l'histoire, c'est plus sympa de trouver des éléments nous obligeant à s'adapter ! Merci d'avance


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le village d'Akinos
MessagePosté: Jeu 31 Oct 2013 15:09 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 24 Oct 2013 11:30
Messages: 32
Localisation: Kendra Kãr
<<< Message précédent <<<

L'aurore s'allume, l'ombre épaisse fuit, le rêve et la brume vont où va la nuit...¹

Valkazaar balaye du regard le paisible village en quête d'un moyen de transport permettant de descendre à Kendra Kãr.
L'auberge, les maisons autour, la montagne en arrière plan laissent leurs sommets baigner dans un petit rayon de soleil naissant pendant qu'au niveau du sol une petite brume diaphane s'élevant sur quelques centimètres glisse doucement au gré des courants d'air, créant ci et là des ascension de brumaille s'entremêlant à nouveau à peine plus loin ; La fraîcheur automnale laisse deviner la vapeur lors d'une expiration ; Ces conditions réunies créent une ambiance enchanteresse, d'autant que l'atmosphère est parfumée d'un arôme de pomme.

Valkazaar esquisse un sourire, il sait qu'au fond de lui il a toujours apprécié ces instants enivrants même si aucun ne fait surface à cet instant, il en a la conviction, la certitude, un sentiment de revivre une situation similaire.
Il s'attarde quelque peu à savourer le décor, ces conditions particulières qui font disparaître les défectuosités urbaines, améliore l'environnement et euphorise tout entendement
Le temps semble décélérer progressivement autour de Valkazaar, le bruit autour s'assourdir et s'atténuer pour ne laisser plus que le son de sa respiration et des battements de son cœur au ralenti, il ne ressent aucun mal-être ou inquiétude, en quelques secondes, c'est comme s'il recherchait son 'moi' profond lors d'une méditation à la différence qu'il n'est pas en séance de concentration sur son esprit.

Il fait un clignement d’œil et lorsqu'il ouvre les yeux, le temps, le son, tout est revenu à la normale à l'exception d'une chose : il n'est plus à côté de la taverne d'Akinos, il est ailleurs !
Devant lui, il voit un vallon profond et verdoyant où le soleil illumine la brume qui rampe au fil des prairies, un torrent d'eau claire s'écoule faisant refléter le l'astre du jour dans ses remous comme une vive danse d'étoile sur le flot.
Une brise légère chatouille son visage, un petit courant d'air de chez soi qu'on hume se sachant à son foyer.
Il aperçoit, finalement, la blancheur de la roche constituant l'arcade juste à sa gauche et l'allée surplombant la vallée.
Tout devient flou et au clignement d’œil suivant, Valkazaar se retrouve à nouveau dans le petit village où il a passé la nuit.

Un souvenir s'est-il immiscé dans la réalité observée par Valkazaar ou est-ce un rêve éveillé suite à une nuit au sommeil presque inexistant ?
Au vu du réalisme de la vision et de l'exactitude sensorielle ressentie, Valkazaar se plaît à espérer qu'il s'agit réellement d'une réminiscence de son vécu.

Fort de cela, Valkazaar arpente dès lors les ruelles du village pour dégoter un moyen de transport afin de redescendre à Kendra Kãr. La rivière étant un point de commerce vers la ville, il remonte le long du cours d'eau pour atteindre un point de mouillage un peu plus haut. Il s'en approche espérant trouver une embarcation.
Ce micro-port est assez fonctionnel : une sorte d'élargissement dans la roche a été aménagé pour recevoir plusieurs bateaux, une avancée sur pilotis robuste longe la paroi rocailleuse et y est ancrée, elle se trouve quelques marches plus bas que le plateau sur lequel la 'place portuaire' se trouve, un pan incliné se trouve à côté des marches pour descendre les marchandises plus facilement, ensuite un niveau plus bas se trouve une seconde plateforme flottante, arrimée sur les piliers du premier pilotis offrant ainsi une mobilité verticale selon la profondeur de la rivière, les 2 parties étant reliées à nouveau par des plateaux inclinés permettant l'acheminement des fournitures aisément.

(Toutes ces barques sont pleines de marchandises : laine, cuir, pommes, ... mais aucune n'a l'air de prendre des passagers, dommage ! )

Les navigateurs quels qu'il soient sont tous issus des villages et travaillent pour vivre ou survivre, la marge étant visiblement très faible. Les villes en bordure de mer sont bien accessibles et accueillent nombre de commerçants raffinés mais les villages qui apportent leurs matières premières ne sont pas accessibles sans peine, l'évolution et les améliorations restent donc en bas. L'éducation y est quasi inexistante, la grande partie des habitants sont donc douée de ses mains, selon le métier de chaque personne mais sans raffinement. Ainsi on trouve du matériel solide mais grossier et sans ingénierie.

Continuant à marcher le long de l'embarcadère Valkazaar entend un des propriétaires discuter avec son équipage, un des matelot ne s'est pas présenté.
Leur voyage ne peut pas se passer d'une personne, ils sont sur le point de payer un crieur pour trouver un manœuvre.
"Messieurs, bonjour, je vous ai entendu déplorer l'absence d'un membre de votre équipage, je peux vous assister et descendre avec vous"

Le capitaine relève le regard vers Valkazaar.
" 'Jour, c'est que c'est Geoffroy qu'a bu une chope qu'a fait un trop plein quoi. il a pas venu. D'accord tu peux venir mais ça va sûrement salir et mouiller un peu et il faut que tu sais aider hein "

"Ne vous inquiétez pas, je sais me servir de mes bras et de ma tête aussi, ce qui devrait compenser ma musculature moins développée que la votre."

"Bon, ben si z'avez le cœur accroché, on va larguer les amarres, montez dans la 2ème barge"

¹ Victor Hugo, l'aurore s'allume

>>> Message suivant >>>

_________________
Je suis Valkazaar - semi-elfe - Guérisseur lvl1.
Pour moi, un RP inclue l'intéraction avec d'autres PJ, si vous me croisez quelque part de près ou de loin, n'hésitez pas à mettre votre grain de sel dans l'histoire, c'est plus sympa de trouver des éléments nous obligeant à s'adapter ! Merci d'avance


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 27 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016