Je me réveille lentement, bougeant aussi peu que possible, tout mes muscles noués me jouent un canon de douleur sourde à chacun des infimes mouvement que mon corps en pleine phase d'éveil commet instinctivement. Je n'ouvre pas les yeux de suite, mais je sais déjà au manque d'agitation et à la sensation sur mes paupières que le jour est sans doute à peine levée et que je ferais donc mieux de me rendormir, seulement je ne pense pas y arriver.
Je me met lentement debout, ménageant mon corps au mieux, forçant sur mes abdominaux qui sont sans doute la seule partie de mon corps qui s'en tirent plutôt bien. Je reste un instant assis ainsi, comateux, plongé dans certaines pensées. L'excitation provoqué par le discours valeureux d'Hulériant a complètement disparu, et si j'essaye de me remémorer son discours pour me mettre du baume à l'âme, cela n'est pas très concluant, je finis toujours par dévier sur des souvenirs de ma vie passée, et des fantasmes de ce qu'elle aurait pu être. J'avais juste assez de tact pour survivre à la cour, mais j'étais de toute façon de fortune trop mineur pour que l'on me prête une grande importance et j'aurai sans doute pu vivre en paix si j'avais fait preuve d'un peu d'esprit. Très vite je finis par dériver sur le sujet des femmes, et je préfère me dire qu'il faut en rester là et décide de me forcer à me lever, pas la peine de se faire du mal pour ce qui n'a plus chance d'être.
« Tiens y en a un qu'est debout avant l'heure. Bien dormi ? »
Je tourne mon regard vers celui qui m'a adressé la parole. Il revêt une armure complète, bien que de modeste facture, il porte son casque sous l'épaule, dévoilant du coup son visage. Ses cheveux châtains, légèrement ondulés, long et gras, lui entourent la nuque, ses yeux sont verts, ses trait sont très fin, presque elfiques, mais il n'est sans doute pas un semi-elfe. Il a l'air d'avoir une vingtaine d'année, tout au plus. Il a un air de guerrier, mais son être transpire une sorte de désinvolture . Il est bâti finement, enfin c'est ce que je peux deviner des proportions de son armure. Il porte sur son plastron l’emblème du duché de Luminion. Il se tient avec un autre homme qui a déjà revêtu son casque.
« T'a été recueilli hier ? Ha ces marchands, j'ai toujours pas compris leur petit jeu, on arrête pas de leur dire que c'est dangereux, que c'est pas parce que c'est une expédition trop petite pour qu'on y alloue plus qu'une vingtaine de garde et qu'ils sont donc obligé de pourvoir eux-même au transport des marchandises, que, du coup, leur est donné l'autorisation de faire ce qu'il veule. Enfin c'est pas contre toi mon gars, mais c'est qu'on sait jamais si un jour il vont nous ramasser un gredin payé par les sektegs pour nous empoisonner et qu'il puisse nous piquer du coup un certains nombre d'armes. C'est pas parce que ça leur est jamais arrivé qu'un jour il y aura pas un problème. Bon, t'as l'air honnête, et de toute façon trop amoché pour faire quelque chose, mais c'est quand même pas une raison ! »
J'aurais dû rester coucher si c'est pour que ce garde passe sa frustration sur moi. J'admets qu'elle n'est pas dénué de tout fondement et que je trouve bien imprudent ces marchants, mais je ne suis pas celui qui vais m'en plaindre, et puis pourquoi moi ? Si je n'étais pas autant courbaturé, j'aurai appris à ce garde une leçon. Je lui aurais fait fermer son caquet à ce jeune impudent.
« Allez, rendors toi, moi et mon pote on est parti prendre le dernier tour de guet du nord du camp, te reste encore une heure et demi avant le petit-déjeuner, profites-en du sommeil. Ah moins que tu veuille nous conter ton histoire. Ils aiment bien ça, les comme-toi, raconter leurs histoires, hein mon pote ! Allez raconte nous ta chienne de vie, histoi... »
« HE ! LA ! VOUS DEUX ! GROUILLEZ VOTRE FION ! C'PAS PARCE QU'ON EST EN TERRITOIRE KENDRAN QU'IL FAUT PAS RESPECTER VOS ORDRE ET RELACHER VOTRE ATTENTION ! »
Une voix tonitruante retenti, empli d'autorité, enfin, je suppose que lorsqu'on crie aussi fort, on doit en avoir plus qu'une parcelle. Il s'agit d'un autre garde, engoncé dans une armure similaire à celle des autres, si ce n'est que ses épaulières font état de son grade supérieur. Elle semble plus vieille et certaines marques témoigne de son utilisation, mais elle est pourtant encore plus brillante et poli que celle des deux autres, qui ont pourtant l'air de n'avoir jamais servi.
Les deux gardes qui étaient en face de moi se dressent d'un prompt salut avant de s'en aller retourner à leur occupation. Leur supérieur continuer de marcher vers moi, se plante devant moi, droit et fier, enlève son casque, dévoilant la tête buriné d'un trentenaire brun. Il a le teint tanné d'un campagnard, le nez cassé, et une dent en moins. Ses yeux gris sont fier et dur, ceux d'un vétéran, je le vois immédiatement à sa mine. Il s'adresse à moi et me regarde droit dans les yeux, sans se départir de son expression.
« Ha ces gars là, de sacrés arrogant ! Ils pavanent parce que même si ils n'ont pas la trempe d'un officier ils sont assez bon pour pouvoir prétendre à un poste tranquille. Je comprendrais jamais ce truc stupide d'autoriser les meilleurs aspirant à choisir leurs affectation et qu'on les perde parce que l'instinct de survie les amène à choisir un poste tranquille. Surtout qu'en plus ça les conforte dans leur opinions, de ne se mesurer à personne et ils se moquent de tout les autres. Mais je me suis pas présenté : Terrald, Terrald Gavort, sous-officier chargé des approvisionnement en hommes et matériels. C'est moi qui chaperonne ce convoi. Je sais pas pourquoi le recrutement de taverne à Kendra-Kâr est rarement fructueux, mais on sait que y a toujours des âmes à ramasser sur la route, je suppose que tu es là pour ça toi aussi ? »
Il me dis ça avec un ton qui signifie qu'au contraire il est bien au courant du pourquoi de la chose, et même si il semble poser une question, l'on comprends tout de suite au son de sa voix qu'il s'agit d'une information. En choisissant de monter c'est comme si j'avais signé.
Je me ramasse sur moi même, avant de me lever. Je n'ai toujours pas récupérer mon pourpoint, mais heureusement le soleil est déjà assez levé pour apporter la chaleur nécessaire à ce que mon corps, nu dans sa partie supérieure, ne souffre pas trop du froid. Je soutiens le regard du recruteur et hoche le chef. Je sens mon cœur se serrer d'anxiété, il m'a fait réaliser que mon destin est scellé. Ô, certes, il l'est depuis que j'ai tué mon adversaire hier, mais je ne le réalise réellement que maintenant. Je pourrais fuir, mais pas question d'être qualifié de déserteur. Officiellement, je ne fais pas encore partie de l'armée, mais aux yeux de tous ce serait le même déshonneur.
« Très bien petit gars. On fera la paperasse plus tard si ça te dérange pas. Tu me donneras ton nom à cette occasion. Tiens d'ailleurs je n'ai pu m'empêcher de noter que tu possède déjà une arme. C'est un fort bel acier que cette rapière. Es-tu entraîné dans son maniement ? »
C'est avec fierté et conviction que je lui réponds par l'affirmative.
« Très bien, je suppose que là n'est pas le moment, mais je voudrais avoir un premier aperçu de tes capacités. Lorsque nous nous arrêterons ce soir, viens me trouver. Je suis dans le deuxième wagon en partant de la tête de ce convoi. On fera ça et après, la paperasse. »
Il me souhaite ensuite « au revoir », et inclinant du chef un instant, il se retire, je le regarde partir un instant quand j'entends des pas derrière moi. Faut dire qu'il a crié fort, je suis étonné que tout le monde ne soit pas debout. Je me retourne pour voir le marchand de lance qui m'a recueilli, Gillard de son prénom si j'ai bien déduit des paroles du prêtre de Gaïa, portant mon pourpoint dans ses bras.
« Bon, ben t'as déjà rencontré le recruteur. T'inquiètes pas, lui c'est un bon gars, de ce que j'ai entendu, l'est sévère mais pas vache, tant que tu fais ce qu'il attends de toi, il te chercheras pas de noise. Tiens, reprends ta tunique, elle est lavé et rafistolé, même si l'on a arraché l’emblème de ta famille dessus. Il était pas récupérable de toute façon, et là où tu vas t'en auras pas besoin tout de suite, attends de faire un ou deux exploits. Allez habille toi, je t'apporte ton bol et on repart tout de suite, faudrait pas être en retard ».
Et le voyage reprends. Émotionnellement, je suis toujours confus. Bizarrement la perspective de me battre avec le recruteur me met dans un certain état d'impatience. La douleur bien que présence, n'est pas si gênante, et j'ai tué mon premier homme hier, dans un duel singulier alors que j'étais dans un mauvais état, mais il avait beau avoir été instruit par certain des meilleurs bretteur du pays, j'ai envie de voir ce que cela donne en face d'un réel militaire, bien que je suppose que le duel ne sera pas à mort cette fois ci.
_________________ Godric d'Allarion/guerrier/niveau 2
Dernière édition par Godric D'Allarion le Ven 27 Juin 2014 15:17, édité 1 fois.
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