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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Dim 8 Juin 2014 05:39 
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Localisation: Nirtim, Temple de Meno: Se prépare à la guerre.
Le dénommé Octave le conduisit à travers feuilles et ronces sans baisser la cadence. Le duo de choc que formaient les deux compagnons se fraya un chemin à travers troncs et sentiers accidentés. Au travers des bosquets, le garçon écorcha ses bras nus de plus belle, mais il n'en avait visiblement que faire. Dans ses yeux, le fauve pouvait lire de la détermination pure, son impatience semblait être à son apogée, alors que le félin pensait encore une fois au tatouage qui marquait son cœur. Malgré sa fatigue, Aztai collait au basque de son jeune guide, scrutant les environs d'un regard perçant. Si Aglaë les avait suivis, le fauve ne percevait aucun son et ne discernait pas plus de mouvement.

(Espérons qu'il te conduise à bon port) Lança la faera millénaire.
(Je ne m'inquiète pas pour ça, j’appréhende plutôt ce qu'on va y trouver)

Il n'excluait toujours pas la possibilité qu'un faussaire veuille lui tendre un piège. Mais là encore, les souvenirs de l'encre tracée sur son torse lui ôtait le doute. Octave semblait différent, malgré cet air d'adolescent niais collé au visage. En lui respirait de la magie, les flux émanaient librement, invisibles à l’œil mais embaumant l'atmosphère.

Avant de sortir de la forêt d'Aglaë, Aztai perçut le bruit de l'eau qui coule. Ils atteignirent la lisière au crépuscule avant de s'engager sur un chemin plus praticable, sillonnant les vastes plaines de Nirtim. A l'horizon, Aztai captait parfois les toitures d'un village, quelques étables, des fermes... il enviait tout d'un coup la tranquilité de ces lieux banals. Le fleuve n'était pas loin, toujours aux basques d'Octave le félin lui demanda:

-Combien êtes-vous à m'attendre précisément?

-Douze soldats de la Flamme et leur supérieur m'accompagnent dans ma quête.

-Ta quête? S'étonna le fauve.

-Vous retrouver par Meno! S'exclama le garçon en serrant les poings. J'ai insisté lourdement pour participer à cet avènement, je suis d'autant plus fier d'avoir rempli mon objectif! L'Archiprêtre n'en reviendra pas!

Le jeune homme jubilait littéralement, il sembla redoubler d'effort et accélérer la cadence. Faisant en un pas ce qu'Octave faisait en deux, le félin ne se laissa pas distancer:

-L'Archiprêtre Moerio? Se souvint le tigré, un grand homme élancé au crâne lisse.

-Tout juste, c'est aussi pour cela qu'autant de soldats ont été affectés à cette mission. C'est un peu ma garde rapprochée, fit Octave en souriant de fierté.

-Mais... qu'est-ce qui ta éloigné de ta belle garde rapprochée? Tu m'as annoncé au moins une heure de marche avant d'arriver.

Le jeune homme prit un air embarrassé:

-Hé bien j'ai faussé compagnie à mes gardes, avoua-t-il. Normalement, vous retrouver ne devrait mobiliser pas plus d'une demi-douzaine d'hommes, mais là...

Il chercha ses mots un moment, en scrutant l'horizon:

-Tout le monde n'était pas d'accord à propos de m'envoyer vous chercher. Les prêtres ont un avis très partagé à mon propos, certains désirent ardement me... protéger. Tous ces soldats que vous rencontrerez bientôt ont aussi la mission de me ramener en vie. Mais, se reprit-il, je veux montrer à tous que je leur aide n'est qu'optionnelle!

Le woran se tut, analysant les propos d'Octave. Par tous les dieux qui était-il? Chassant de nombreuses questions de son esprit, il se concentra sur l'approche du camp. Descendant quelques collines d'où une partie du fleuve était visible, le jeune homme lui montra alors quelques hauts bosquets du doigt. Le reste de l'escorte y était apparemment à l'abri, alors que la nuit ne tarderait plus à présent.

-Nous annoncerons à l'avance votre retour prochain à Kendra Kâr, un corbeau s'en chargera. Les festivités commenceront alors! S'exclama le garçon.

Le woran neige ne savait quoi répondre et en vérité... il ne savait comment appréhender un tel moment. Parader n'était pas sa tasse de thé, et si certains rejoignaient l'avis de Mulciber? Qu'il n'était pas digne de porter cette armure et ce titre? Élevé au plus loin des temples divins, le fauve n'avait jamais porté de telles responsabilités auprès d'institutions aussi importantes.
Souhaitant changé de sujet, Aztai coupa alors:

-Et comment se porte le Capitaine Agron?

Le sourire du garçon se ternit légèrement:

-Ah, il est au Nord depuis plusieurs mois...

Ce ton soudain peu avenant n'inspirait rien de bon. Agron était un homme qui avait inspiré Aztai dès la première seconde. Jeune Capitaine, il avait malgré cela une expérience de vétéran et faisait preuve de charisme. Dans son oeil, on lisait d'instinct qu'il posait les questions d'abord et tapais quand même! Stratège aguéri, il commandait le gros des forces de Nirtim, parcheminé dans quelques camps içi et là: le quartier général au Sud, l'ennemi au Nord. Un pillier de fer, une telle figure à la tête des troupes de Meno avait de quoi faire pâlir plus d'un général.

-Es-tu informé de ce qu'il y fait? Osa le félin.

-Une sale mission à mon avis puisque par deux fois des renforts ont été envoyés... lui et ses hommes luttent avec foi et courage, "pourquoi?" ça je ne sais pas.

La vivacité d'Octave s'était envolée en quelques secondes. Il en savait déjà plus que ce qu'Aztai aurait pensé.

-Et qui est l'enne... commença le fauve.

-Nous sommes arrivés, coupa Octave, reprenant des couleurs.

Aztai n'insista pas et observa les haies de thuyas projeter des longues ombres sur le sentier qu'ils sillonnaient depuis leur sortie de la forêt. Au bruit de l'eau venait se joindre les chuchotements d'un vent humide, frais et agréables.. Octave faisait mine de chercher une quelconque entrée en rasant la longue haie du regard.

-Là!

Il montra du doigt un pied arraché, laissant découvrir derrière le feuillage un petit chemin. S'y engouffrant, il fit signe au Champion de le suivre, ce qui n'était pas mince à faire. S'extirpant en cassant de nombreuses branches, et en délogeant une fourmilière, Aztai découvrit qu'ils étaient non loin d'une petite falaise. Rejoignant le garçon qui scrutait l'horizon, il regarda en bas pour y découvrir le paisible cour d'eau. C'était comme si le fleuve, au fur et à mesure du temps, avait coupé une colline en deux. En bas, il y avait de l'activité sur la minuscule plage de rocche blanche. En effet, une vingtaine de mètres en dessous deux éclaireurs sillonnaient les alentours. Discernant trois petites tentes rouges montées sur les galets, le félin put compter cinq fidèles de Meno en guise de garde: leur tunique rouge feu ne le trompant pas.
C'était très tranquille. Dans l'une des tentes, une lampe projettait sur les pans de tissus les ombres de ses occupants. Il ne devait y avoir pas plus de trois personnes à l'intérieur.

-Si le reste de la garde doit être à mes trousses, l'un d'eux surveille forcément la falaise sur laquelle nous somme, l'informa Octave. Trouvons-le pour rejoindre les autres, plus loin un sentier descend abruptement la falaise et nous conduira jusqu'au sergent.

(Ils n'ont pas bougé?) Se demandait le fauve en emboîtant le pas au gamin. (Le sachant disparu, pas plus de quatre soldats ratissent la zone... trois, même)
(Peut-être qu'ils ne s'inquiètent pas autant que ça d'Octave...)

Aztai fut perplexe devant cette réponse. Tous ces fidèles étaient là pour le protéger, n'est-ce pas?

(Si cet enfant maîtrise ne serait-ce qu'un centième de son pouvoir, je peux t'affirmer que ces gardes ne sont là que pour faire bonne figure)
(Le pense-tu réellement?)
(Hé bien, il ne t'a pas mit la main dessus par hasard, sa magie à dû forcément le guider à un moment. De plus il s'est enfuit, et si peu de soldats sont à sa recherche?)

Aztai était en halène, intérieurement. Il scrutait d'un regard vide le paysage alentours, longeant la falaise. Absorbé dans sa réflexion, il manqua s'étaler en bûtant sur une pierre couverte de mousse.

(Alors il est si puissant que ça?)

C'était un constat plus qu'une question. A la mémoire de la marque apposée sur le torse d'Octave, Aztai ne pu qu'aller dans le sens de sa faera: à son instar sommeillait en cet enfant un pouvoir contenu, pour l'instant...

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Dernière édition par Aztai le Sam 8 Nov 2014 18:35, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Mer 18 Juin 2014 01:31 
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Localisation: Nirtim, Temple de Meno: Se prépare à la guerre.
Seules les étoiles éclairaient le ciel de Nirtim lorsque le duo s'arrêta de marcher. Longeant la falaise qui abritait les hommes de Meno, ils n'eurent aucun signe d'une présence alliée dans le coin, aucune sentinelle n'était en vue. Ayant dévalé la pente Sud de la colline scindée en deux partie le fleuve, Octave se mit en tête de remonter le bord du petit canyon pour explorer le côté Nord.
Les sens en éveil, Aztai commençait à sentir la fatigue pesée, de plus son bras s'était remit à lui faire mal.

(Si Aglaë nous piste encore elle doit se poser des questions!) Lança-t-il alors qu'ils revenaient sur le sommet.
(Elle ne nous perdra pas de vue, ne t'en fais pas)

Savoir que la magicienne couvrait ses arrières mettait le fauve un peu plus en confiance.
A nouveau en haut del a falaise, le bruit de l'eau faisait échos dans cette gorge naturelle, le félin s'approcha nonchalament du bord et regarda en bas.
Son coeur fit un bond alarmant.
Alors qu'une poignée d'hommes se tenaient sur la plage un quart d'heure plut tôt, les galets blancs étaient déserts. Les trois tentes rouges demeuraient, mais là plus une lenterne ne projettaient d'ombre sur les toiles. Aztai retint de s'alarmer et jeta un oeil à Octave qui n'avait rien remarqué, continuant son chemin pour descendre, vers le Nord.
Rattrapant prestement son jeune guide, le woran avait étrangement les sens en alerte...

(Quel bataillon accompli lève le camp sans laisser de veilleur...)
(Pas les Fils de la Flamme!)

Portant instinctivement la patte au fourreau, le félin scrutait avec le plus de discrétion possible les alentours. Les bosquets de thuyas s'élévaient ici et là, Aztai priait scincèrement pour que la magicienne se chache derrière l'un d'eux.
Arrivés presque au bas de la colline, Octave se tint devant le précipice, juste au bord. S'approchant, les sens toujours en alerte, Aztai aperçu alors un minuscule chemin à même la paroie rocheuse.

-Il conduit directement au campement, l'informa le jeune homme.

-Pourquoi ne pas s'y être engagé avant, plutôt que de chercher une sentinelle?

Comme si c'était une évidence, Octave rétorqua:

-Aucun allié ne s'approche d'un camp sans une sentinelle à ses côtés! Il y a toujours des éclaireurs, si une personne approche sans l'un d'eux c'est à ses risques et périls.

Devant le regard ébahit du félin, il termina:

-Cela évite d'avoir affaire à des faussaires, des espions. Personne n'infiltre nos rangs de cette manière.

-Mais, si la sentinelle elle-même est un espion, comment fait-on?[/color] Relança Aztai, inquiet.

Octave sembla prit au dépourvu alors qu'il s'apprétait à engager le petit chemin.

-Hé bien... peut-être qu'ils ont un code ou quelque chose! Et puis on ne se fait pas infiltrer tous les jours, hein? Se rattrapa-t-il avec son air un peu niais.

Peu convaincu, Aztai resta sur ses gardes et se prépara à arpenter le chemin. Si Octave était assez maigre pour marcher de front, le woran neige du avancer à pas chassés, le sac de l'armure collé au torse.
Rageant intérieurement, le fauve scruta la falaise opposée, la mine inquiète. Une quinzaine de mètres en dessous, le fleuve coulait paisiblement, la plage n'était pas encore accessible et la descente s'annonçait périlleuse. Son esprit couvait la même apréhension qui habitait celui de sa faera.

-Comment le bataillon a-t-il pu franchir ce chemin?

-Il y a un autre passage de l'autre côté de la colline (Le woran ne s'en était pas aperçut ) qu'on a longé, mais il faut marcher plus longtemps. C'est par là que je me suis échappé pour vous retrouver!

Ses mots résonnaient encore de fierté. Aztai repensa un instant au serment d'allégeance du garçon et ne put s'empêcher de sourire. C'était la première personne à lui présenter un tel dévouement, et c'était à peine la moitié d'un homme!
Soudain, un sifflement alerta l'Ouïe du fauve. Avec force, une flèche vint se planter dans la sacoche de l'armure, à l'endroit qui protégeait son coeur. Le garçon lui n'avait rien remarqué et continuait son chemin. Percutant la paroie sous la poussée de l'impact et, manquant de trébucher, le félin tenta en vain de chercher un coupable. Dans ses veines, il senti son sang ne faire qu'un tour.
Il attrapa Octave par le col et plongea en avant. Leur chute fut accompagnée par ses hurlements de peur, alors qu'un deuxième trait filait non loin d'eux.

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Dernière édition par Aztai le Ven 27 Juin 2014 16:53, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Sam 21 Juin 2014 03:46 
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Localisation: Nirtim, Temple de Meno: Se prépare à la guerre.
Lorsque le félin put enfin sortir la tête de l'eau, il chercha rapidement Octave du regard. L'attérissage avais été fracassant et le fauve avait lâché le garçon. Entrainé par le poids de son armure, Aztai avait prit le fond rocailleux du fleuve comme appui pour remonter illico à la surface. Mais là, il n'y avait aucun signe du gamin.

(Par Meno, pourvu qu'il sache nager!) Rageat le fauve.

Le courant nétait pas fort mais l'entraina malgré tout vers la plage de gallets, où le cortège aurait du l'attendre. Lorsqu'Aztai entendit un "plouf" derrière lui, il comprit que la troisième flèche l'avait manqué.
Tirant la sacoche alourdie de toutes ses forces, il aperçut alors Octave, plus loin. Echoué sur la plage, il reprenait ses esprits sans se rendre compte du danger. Le woran neige voulut lui beugler de courir à l'abri mais il but simplement la tasse en heurtant un rocher: ses pattes palpèrent le fond. Aztai rejoignit son jeune compagnon en jetant tout autours des regards inquiets. Du haut de la falaise opposée, le félin ne distingua aucun signe du tireur. Octave reprenait son souffle avec difficulté, il avait été entrainé plus rapidement qu'Aztai à cause de son poids.

-Il faut fuir ce traquenard, lança le fauve en agrippant le garçon.

Avisant les trois tentes rouges au pied de la falaise, le fauve mit la sacoche sur son épaule et dégaina.

(Où sont donc passés les Fils de la Flamme?) S'inquiétait-il.

Tous morts certainement! Cette idée fit froid dans le dos du Champion qui accéléra le pas. Il ne distingua aucune trace de bataille, rien qui le conduisait à penser que ses frères avaient péris. Comme l'avait informé Octave, un autre chemin vers le Sud permettait de quitté cette niche, longeant la paroi de roche et le fleuve. D'ailleurs, Aztai perçut des ombres menaçantes venir de par là...

-Ils approchent!
(Des déserteurs d'Ambervalle?) Demanda sa faera.
(J'ose presque l'espérer)

Atteignant la première tente, le woran neige discerna à la lumière des étoiles quatre gros bras armés. Pas aussi grand que le fauve, ils formaient une ligne infranchissable et étaient visiblement décidés à refermer le piège sur leurs cibles.
Ordonnant à Octave de se mettre à l'abri derrière lui, le fauve sentit ses forces s'éveiller, ki et magie se mêlant. Les yeux rivés sur l'ombre approchante d'un des hommes, il laissa la fureur l'emporter peu à peu, prêt à déchaîner toute sa puissance.
L'archer qui avait tenté de le prendre par surprise ne tira pas. Cherchait-il à ne pas se découvrir et laisser ses compagnons s'occuper de lui? S'il en était ainsi, Aztai devrait pouvoir gérer la situation. Priant pour que son bras ne l'handicape pas trop, il accéléra l'allure et passa en trombe devant la deuxième tente.

(Ils sont peu armés, je n'en ferait qu'une bouchée!)

Tenant fermemant le pommeau de son épée, le tigré lâcha un rugissement qui fit écho dans le petit canyon. Comme prévu, l'un des colosses s'était détaché du rang pour l'acceuillir, lame en poing. A un mètre de lui, Aztai tourna sur lui-même dans son élan pour esquiver l'estoc du bonhomme et lui asséner un coup de coude directement à la nuque. Projetté en avant, il ne faisait plus obstacle et permit au félin d'enchaîner. Sa lame heurta celle d'un deuxième ennemi, alors qu'un troisième le repoussait sur le côté, manquant de le faire trébucher. Dans un échange intense, le fauve jongleait avec les trois hommes, repoussant leurs assauts avec acharnement.

(Ils veulent m'acculer au fleuve)

Jetant un bref coup d'oeil à Octave, qui tenaient des yeux ronds comme des soucoupes, il comprit que ces hommes en voulaient réellement à sa personne. Le gamin était recroquevillé à la paroi rocheuse, comme s'il voulait se fondre avec la falaise.
Une demi-seconde d'inattention et Aztai manqua une parade. L'épée de son adversaire lui entailla largement le flanc, non prortégé par le cuir de son plastron.

(Aztai!)

Cet appel de détresse de sa faera déversa en lui un torrent de colère. Fouettant la fureur du fauve, ce dernier avança contre tout attente et passa outre la garde de son agresseur. L'os de sa lame lui barra le visage, coupant presque son crâne en deux. Aspergé de fluide vital, Aztai repoussa le cadavre dans sa charge et fondit sur une autre proie. L'empalant sur le coup, il dévia sa prise pour éviter l'assaut du troisième homme.
En alerte, le félin vit alors derrière sa cible le premier homme qu'il avait couché d'un coup de coude: ce dernier avait prit une nouvelle cible et se dirigeait vers Octave, lame au poing. N'osant pas dégainer son cimeterre, le garçon avait le regard qui appelait à l'aide, sa bouche formant un "o" sourd, terrorisé.

-Octave! Rugit Aztai.

Arrachant son épée du ventre de sa victime, le woran envoya boulet le cadavre sur son partenaire, s'offrant une seconde de concentration. Puisant dans les fluides qui sillonaient son corps, il en concentra une grosse partie dans sa patte droite. Dans sa paume, il sentit la larme d'encre chauffer comme une braise, c'était presque douloureux.
Levant les griffes vers ce batârd, il relâcha la pression et toute la haine qu'il contenait. Une gerbe de flamme ronronna dans l'air, éclairant la gorge naturelle de mille feux.

(Tu apprends vite malgré tout!) Lança Zénith.

Y voyant comme en plein jour, le fauve discerna une seconde les traits de ses victimes, au sol. Dans son sillage, le sort laissa une trainée de suie avant de percuter violemment sa cible. L'homme fut projetté sans même lâcher un jappement, son flanc droit largement calciné. Retombant lourdement sur les pans d'une tente, il l'a fit s'écrouler et la transforma en véritable bûcher. Toujours sans un cri, le colosse finit de se consûmer alors que les flammes léchaient la paroi de la falaise.

Alors qu'Aztai s'approchait du survivant du quatuor, à peine relevé après avoir reçu le cadavre, un sifflement inquiétant trancha l'air. La douleur apparue comme un éclair et le fauve posa les yeux sur sa cuisse.

-Fichtre de dieu! Jura-t-il.

Une flèche transperçait l'épais membre de part en part, diffusant une constante douleur dans toute sa patte inférieure gauche. Le sang s'échappait peu à peu, teintant de sang sa fourrure trempée. En râge, le woran aperçut la silhouette du tireur grâce aux flammes dévorantes que produisait la tente. Ne relâchant pas ses efforts, il réinvoqua ses fluides et visa le bord de la falaise, une trentaine de mètres au dessus de lui, à l'opposé. Le feu ronfla de nouveau, éclairant toute la surface du fleuve. Lorsqu'il entra en contact avec la roche il explosa, projettant des centaines de flammèches aux alentours. Dans la lumière produite par le choc, Aztai capta le regard alarmé de l'archer. Il y eut alors un bruit de cassure, puit un tremblement. Une partie conséquente du bord se détacha alors, entrainant dans sa chute le malheureux archer. Des blocs entiers de pierre heurtèrent la surface de l'eau dans un grand fracas, éclaboussant même le fauve.
Haletant, il ne vit pas débouler sur lui l'ultime ennemi. Alors qu'il se retournait, il le sentit en plein élan, prêt à lui asséner un coup mortel.

(Merde!)
(Non!)

L'agresseur affichait déjà un sourire triomphant... qui se transforma rapidement en une grimace de douleur. L'épée ne heurta pas sa cible comme prévu car l'homme l'avait tout bonnement lâchée en plein vol.

-Qu...

Criant de râge, son ennemi se tenait la main, comme victime d'une brûlure. Alors qu'il tournait son regard malveillant vers Octave, Aztai lui ne manqua pas sa chance. D'un revers haineux, il égorgea proprement le colosse et le laissa agoniser en silence, dans le crépitement des flammes.

Au bord de l'épuisement, le woran neige fit rapidement un tour d'horizon avant de s'approcher d'Octave en boitant. Chaque pas lui arrachait une douleur mais il ne voulait pas retirer la flèche pour le moment: elle faisait garot, évitant au félin de perdre trop de sang. Le garçon, lui, était terrifié et le parut plus encore en voyant le fauve couvert de sang. A part ça il n'avait aucune séquelle, le tigré le remercia:

-Tu as utilisé ta magie?

Octave acquiésa lentement, toujours en proie à la peur.

(Il est vraiment étonnant, il sait manipuler cette magie qui l'habite)
(Il est au bord de l'arrêt cardiaque, oui!)
(Il y a de quoi, il est encore jeune après tout. S'il nous a confié qu'il s'agissait de sa première mission, on pourra dire qu'il aura eu droit à l'aventure!)
(D'ailleurs, où sont les hommes de Meno?)

Il n'y eut aucune réponse. A la place, une douleur aigue s'insinua dans l'esprit du félin. Flanchant sur le coup, il se sentit tomber à genous, brisant la hampe de la flèche. Appuyant fermment sur ses tempes, Aztai tenta de contenir l'angoisse qui le saisissait. Même s'il ouvrit la gueule pour rugir, aucun son n'en sortit. Comme si des milliers d'aiguilles le traversaient de part en part, le moindre mouvement lui coûtait un torrent de douleur. Il ne sentait même plus la présence de Zénith tellement cet assaut mental le réduisait. Luttant pour ne pas perdre conscience, il aperçut à travers ses larmes le corps d'Octave, inconscient et allongé à ses côtés.

(Non!) Hurla-t-il intérieurement.

Sur ce coup de râge, il mobilisa presque le reste de ses fluides pour barrer la douleur. Libérant sa magie, dans tout son corps, il se sentit prendre le pas sur cette force oppressante.

(La magie... de l'esprit, celle qui ne porte pas de couleur!) S'entendit-il marmonner dans sa tempête intérieur.

Se relavant avec peine, les flammes du bûcher dansaient devant son regard, ses narines étaient chatouillées par l'odeur de la viande brulée.
Alors, concentrant sa mire vers la deuxième tente, il vit un pan se relever discrètement. Une silhouette se montra, avançant lentement vers le tigré. A la lueur du feu, Aztai discerna un très vieil humain, au moins aussi vieux qu'Aglaë. Une toge argentée lui tombant sur les épaule, il avait la mâchoire carrée surmontée d'un nez bossu. Entre ses deux yeux à l'iris brun, une tâche brillait à l'instar d'une étoile, comme un diamant incrusté dans son crâne. Une main levée en sa direction, le magicien laissa afficher un petit sourire à l'adresse de sa proie.

(Qui...) Commença le fauve, incapable de parler à voix haute.

Tenir le regard s'avisait déjà très difficile, étonnement Aztai se souvint de son duel avec la magicienne qui l'avait oppressé de la même manière. Mais là, il ressentait vraiment les intentions de son ennemi: cruelles et vengeresses... des milliers de piques harcelaient son esprit, le pliant à l'impuissance.
Sans un mot, le vieillard dévoila une dague et la posa sous la gorge du fauve, approchant dangereusement son visage. De plus près, le tigré détailla plus amplement les traits burinés de son adversaire. Ce dernier désigna alors du doigt la sacoche de l'armure, non loin de là, et tapota le point scintillant sur son front tout en hochant la tête.
Tout s'éclaira alors dans la tête du fauve, il sentit son coeur exploser. Avant d'y braquer son regard, il reconnut de suite ce qui scintillait sur son front. Ce n'était pas une pierre précieuse, mais une marque! De l'argent en fusion, se rappela-t-il abasourdi.

-Je n'ai pas le temps, articula-t-il difficilement, pour vos petite cérémonies.

Le débrit qui le tenait en joue était un fidèle de Brytha.
Plusieurs mois avant, le fauve avait interrompu une étrange réunion afin s'approprier une relique. Grâce à l'aide de Xaï To, un maître magicien, il avait accomplit sa mission en semant derrière lui presque une dizaine de cadavres. Les fidèles de Brytha désiraient insuffler leur propre magie dans l'armure, mais c'était avant que le félin ne s'en empare pour lui redonner vie... à sa manière. Le tigré se souvint des mots du maître dès son retour, et sa bêtise lui noua les entrailles: il n'avait pas vérifié que chaque coeur ne battait plus, trop hâtif de quitter le charnier.
Aujourd'hui rattrapé par les évènements, il se serait torturé pour avoir commi une telle erreur. A son rang, pouvait-il s'agir d'une déclaration de guerre? Il s'emballait.

Toujours silencieux, le vieillard lut la détresse du woran, avec satisfaction qui plus est. A leurs côtés, Octave demeurait toujours inconscient, terrassé par la puissance du magicien. Ce dernier, conscient de capter l'attention d'Aztai, tourna légèrement la dague pour qu'elle entaille son cou velu. Serrant les crocs, le woran ne pouvait rien faire, les yeux plongés dans ceux du vieux. Au dessus, les étoiles recommençaient à tourner...

(Meno je t'en prie, fais en sorte que la vieille ne tarde plus) Désespéra-t-il.

C'était son unique espoir à présent, et il misa tout dessus.
Alors, comme si le dieu répondait à son appel, les galets se mirent à trembler.

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Dernière édition par Aztai le Ven 27 Juin 2014 02:27, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Mar 24 Juin 2014 15:17 
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Localisation: Nirtim, Temple de Meno: Se prépare à la guerre.
A l'instar du félin qu'il gardait toujours sous contrôle, le magicien ne savait visiblement pas qu'est-ce qui avait provoqué ce tremblement. Les sourcils froncés, toujours muet, le vieillard observa les environs, sondant les hautes falaises de la gorge naturelle. Si Aztai pouvait à peine lever les yeux, sa magie s'agita en préssentant des fluides autres que ceux du fidèle de Brytha. Meno répondait-il à son appel? Malgré sa foi d'acier, le woran neige n'y croyait guère et ses pensées penchèrent plutôt pour Aglaë. La magicienne devait être dans les parages, il le fallait!
Déconcentré, le vieux mage au front scintillant reporta son attention sur le fauve, alors qu'une nouvelle secousse faisait trembler les galets. Dans ses yeux, Aztai lut la détermination d'en finir avec lui avant qu'il ne soit trop tard. Dague toujours en main, le vieux agrippa la gorge du fauve, enfonçant ses griffes dans la peau. Octave était toujours inconscient, Zénith absent de son esprit, le tigré était seul... un océan de désespoir l'envahit alors que la lame du sorcier brillait à la lueur des flammes...

(Meno, c'en est déjà fini de moi) Pria-t-il en fermant les paupières, emprisonné dans la magie.

Comme une réponse à ces mots, les échos d'un cri de râge résonnèrent dans la vallée, forçant le félin à ouvrir un oeil: une voix féminine! La lame du magicien était à mi-chemin de son crâne, Aztai voyait d'ailleurs ce dernier s'empourprer de colère devant lui. Le vieux luttait visiblement contre un mur invisible, sa dague refusant de lui obéir bloquée à quelques centimètres du fauve. Le sang lui montait au cerveau et de sa position, le woran discera les veines palpiter à son front.

(Aztai!) Hurla alors la voix de Zénith dans son crâne.

Cet appel déversa en lui un torrent d'adrénaline, comme une résurrection. Comment et pourquoi, il n'aurait put répondre, mais ses chaînes mentales venaient de disparaître d'un coup. Devant la fureur du mage, acharné à vouloir achever sa proie, le félin rampa en arrière se mettant hors de portée de la dague. Buttant sur le corps d'Octave, il chercha attivement une arme alors que son ennemi reculait et se détournait de lui, cherchant la cause de cette interruption.
Un autre cri de râge résonna dans le canyon, aussitôt suivit d'un tremblement sans précédent. Des pierres grosses comme un homme se détachaient des deux falaises, l'une d'elle s'écrasa en plein sur la tente en feu, provoquant une explosion de flammèches. A ce rythme, toute forme de vie serait enterrée vivante dans le canyon. Le fauve gardait à l'oeil le magicien qui revenait sur ses pas, faute de pouvoir l'achever. Se postant au centre de la petite plage encombrée de rocs, il ne fit plus mîne de s'intéressé au tigré. Ce dernier, agrippé au corps d'Octave, n'avait en réalité plus la force de se battre et prit une seconde de répis. Ses muscles le tiraillaient de douleur et sa faera l'avait comprit.

( Ce bâtard m'empêchait de communiquer avec ton esprit. Reste en retrait, je ressens la magie d'Aglaë.)
(Où est-elle?)

Le fauve ne put entendre la réponse de Zénith. Le fidèle de Brytha avait projetté un sort en direction du chemin Sud, là où ses hommes avaient prit le tigré et Octave en embuscade un peu plus tôt. Une gerbe de glace naquit de ses mains et forma aussitôt un mur épais, le fauve n'avait pas eut le temps d'apercevoir sa bienfaitrîce. L'intensité de la magie refroidit l'air alentours en un instant, le tigré sentit sa fourrure se hérisser. Reportant un bref instant son attention sur le garçon, il ne parvint pas à diagnostiquer s'il allait bien, mais son coeur battait.

(Il vivra!) S'exclama sa faera. (Il faut l'éloigner le plus possible de ce duel!)

Il avait entièrement raison, c'était un duel qui s'engageait. Tentant de tirer le jeune corps, la blessure d'Aztai lui arracha un grognement lorsqu'il solicita sa jambe. Finalement, il ne put s'empêcher de lever les yeux, témoin d'un spectacle impressionnant:

-Par tous les esprits! Murmura-t-il.

En quelques secondes l'intensité de la glace avait prit de l'ampleur, s'élevant à une hauteur impressionnante dans une rafale de craquements sourds et vibrants. Le reflet des étoiles et des flammes mourrantes en faisait briller la surface, et le mage ne s'arrêtait pas! Bientôt, la paroi glaciale obstrua carrément une partie du fleuve, à l'instar des rocs effondrés depuis la falaise opposée. Il voulait bloquer la magicienne à tout prix! Une charge de fulminaire n'aurait suffit à briser ce rempart plus dur que l'acier, le fauve en aurait mit sa patte à couper.
Jetant un regard derrière lui, Aztai vit que les tremblements provoqués par Aglaë avait abbatu le sentier emprunté par Octave: ils étaient vraiement dans un cul-de-sac. Tentant de mobiliser ses fluides, le woran neige parvenait encore à un échec. Ô Meno, ne pouvait-il rien faire qu'observer?
Alors le woran observa, dépité, le vieillard se retourner: il était visiblement affaibli par l'effort qu'il avait fourni. Cependant, un air triomphant fendait son visage parcheminé, la goutte d'argent qui ornait son front paraissait rayonner plus encore. Marchant de plus en plus vite pour achever son travail, il ramassa sa dague et avança plus confiant que jamais. Le piège se refermait encore sur le woran et son protégé.

Un grondement sourd, inquiétant, se faisait entendre à mesure que le fidèle s'approchait.

-Là je suis mort! S'entendit murmurer Aztai, désespéré.

Le grondement se fit alors plus présent, intense, et s'arrêta brusquement. Pas inquiété, le mage avançait inexorablement et vainqueur... avant que le sol n'éclate à ses pieds, projettant des galets dans toutes les directions.
Un stalagmite aussi grand qu'une lance en jaillit et l'empala net, en plein coeur.

La puissance de l'impact projetta une volée de sang, ses pieds avaient carrément quittés le sol. Il demeurait comme une loque à une dizaine de mètres du Champion, suspendu et immobile au bout de cette pointe de pierre. Son fluide vitale s'écoulait de sa bouche en un fil ininterrompu, il dégoulinait également sur le pal né de la magie.
Sous le regard moitié terrorisé, moitié impressionné du fauve, le rempart de glace se fissura derrière lui et éclata en mille morçeaux. le son cristallin lui agressa les tympan alors qu'il serrait plus fort le corps d'Octave. Les remous que produisirent le fleuves en acculant le poid de toute cette glace aspergèrent presque toute la plage: le lieu n'avait plus rien à voir avec ce qu'avait vu le tigré un peu plus tôt. On aurait dit que les deux falaises manquaient de s'effondrer à tout moment, leur roche parcourue de fissures dans lesquelles un sinari aurait pu aisément partir en excursion. Ses yeux tombant sur les deux tentes miraculeusement intactes, le félin pria pour que plus personne n'en sorte.

-Je ne suis pas en retard! Lança alors une voix familière à l'opposée.

Ses pas faisant craquer les morçeaux de glace, Aglaë la soi-disante diseuse de bonne aventure s'approchait, tenant fermement son bâton. En passant à côté de sa victime pendue, elle lui jeta à peine un regard et lança d'un air franchement blasé:

-Arrêter ma roche avec un mur... tu es dépassé mon pauvre ami!

Lorsqu'elle arriva à la hauteur du félin, elle se campa sur ses positions et lissa un instant les pans de sa tunique verte sapin.Aztai pu exprimer son soulagement, son coeur battait encore à lui rompre les côtes:

(Pas aujourd'hui...) Se rassura-t-il.
(Non pas aujourd'hui)

-Je vous tirerais une révérance si je le pouvais, lança-t-il, malheureusement ma cuisse ne partage pas cet avis.

La magicienne s'esclaffa et posa les yeux sur Octave, fronçant ses sourcils grisonnant:

-Il t'as conduit volontairement içi?

-Oui, mais il n'est pas responsable, s'empressa de défendre le woran neige. Ces soudards l'ont pris pour cible lors de l'embuscade. De plus, je sais exactement à qui j'ai à faire, ma crétinerie aura presque signé mon arrêt de mort.

Aglaë ne releva pas ses propos et se pencha sur le garçon. L'examinant un instant, elle prononça son verdict:

-Les forces mentales du mage l'ont sérieusement affaiblit. J'ignore comment toi-même a pu résisiter. Lors de notre duel, j'ai manqué de te faire flancher avec la moitié de l'énergie que ce chien a employé...

-Résister? Cette ordure me tenait au bout de sa dague et s'apprétait à me saigner comme un porc, maugréat le tigré. Je n'ai pas résisté longtemps on peut dire...

-Qu'importe, mon esprit était plus fort et il n'a pas pu accomplir sa mission. Si je n'ai pas réussi à maîtriser son esprit entièrement, son bras ne lui obéissait plus. Elle prit un air contrarié: j'ai croisé la route de cinq autres fidèles, en plus de ceux que tu as achevés. Ils te pistaient eux aussi visiblement, j'ai été plus discrète au final.

Aztai se mordit la babine, comprenant pourquoi seuls quatre hommes accompagnait le mage. Si cette pourriture était le pillier principale de cette embuscade, Aztai avait prouvé qu'un magicien seul n'avait aucune chance. Le dernier adorateur de Brytha de cette sorte ne s'en était pas tiré... ainsi que ses huit compagnons en armure d'argent.
Par chance, il n'avait pas eu à en affronter ce soir.

-Pourquoi n'a-t-il pas employé sa magie sur moi? Lança-t-il en désignant la dépouille perforée.

-Qui sait? N'était-il pas à bout de force après l'érection de cette "pauvre" défense.

Elle montra feu le mur de glace du pouce, et laissa retomber son bras dans un soupir résigné. Jetant un regard aux alentours, elle avisa les deux tentes rouges et observa la falaise qui les surplombait:

-La pierre ne tiendra pas une semaine, fit-elle d'un oeil critique. Je vais me charger des premiers soins en ce qui te concerne, Champion. Pour le gamin, tu devras le porter. Son esprit ne semble pas trop affecté mais il ne se réveillera pas avant plusieurs heures. (Fouillant dans une poche intérieure, elle se mit à genous) Tend ta patte avant de tomber dans le coma, je ne sais même pas comment tu tiens tes pupilles encore ouvertes!

Son flanc meurtri, sa cuisse transpercée, le corps du fauve criait d'agonie. Il aurait pu s'écrouler de fatigue, son esprit était encore sensible des assauts subis. Communiquer avec sa faera en devenait presque épuisant. Zénith le comprit bien et souffla quelques mots de réconfort à son maître, lui regonflant le coeur par la même.

-Serre les crocs, jeune woran! Fit la magicienne en empoignant une aiguille et du fil à recoudre. Je vais m'attaquer à ta hanche, ensuite j'arracherai ce qui reste de la flèche de ta cuisse.

Le fauve appréhendait d'avance ce nouveau flot de douleur. S'allongeant de tout son long sur les galets humides, il posa un instant les yeux sur Octave à ses côtés.
Ce garçon lui avait sauvé la vie, aussi brève fut son intervention. Avoir tenu les fidèles de Brytha en échec soulgeait le tigré, car il n'aurait supporté l'idée d'être responsable de la mort du jeune homme. Penser à cela fit naître en lui de sombres pensées, ces salauds avaient choisi leur moment pour revenir chercher l'armure de l'Ordre Flamboyant... qu'enverraient-ils la prochaine fois? Deux fois que le Champion se défaisait de leurs griffes, deux fois qu'il frôlait la mort. Et son arrivée iminente à Kendra Kâr, comment annoncer cela à l'Archiprêtre? Toutes les guerres avaient eut mille raison de s'engager, et Aztai détestait l'idée d'être la cause d'une d'entre elle. Il ne fallait pas impliquer les Fils de la Flamme dans un conflit qui était le sien, ça non! Et d'ailleurs, où était donc la garde rapprochée d'Octave, une dizaine de soldats quand même? Ces bâtards les avaient-ils saigné à blanc comme ils s'apprêtaient à le faire avec lui?

(Raaaaa) S'énerva-t-il (Dans quel merdier ai-je mis les pattes!)
(Un de plus!) Fit Zénith dans un petit rire.

Enfin Aglaë se mit à l'oeuvre, son aiguille perçant les lèvres de sa blessure. Au moins, se consola le fauve, la douleur l'obligeait à chasser ces sombres pensées.

-Tu as de nombreux ennemis jeune woran, constata-t-elle en pinçant des lèvres, concentrée sur la plaie. Je ne pense pas avoir eu vent d'une quelconque querelle entre Brytha et Meno ces derniers temps... et ce mage est marqué par l'argent, par la neutralité.

Elle fronçait sévèrement des sourcils. Le Champion préféra balayer tout ça, ne se torturant pas d'avantage.

-C'est finalement vous Aglaë, ma propre garde rapprochée, soupira-t-il en serrant les crocs.

_________________
Fléau des légion d'Oaxaca Image Champion de Meno Image Allié de la Lance Ardente


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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Mer 2 Juil 2014 18:38 
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La journée passe rapidement en compagnie de Gillard. Ce marchand ne cesse jamais de parler, et son mauvais langage recèle quelques perles cocasses qui me distraient sans trop de soucis. Petit à petit, je commence à me sentir proche de ce vilain. Étrangement, je n'arrive pas à en vouloir à ce représentant du bas peuple de ne pas me tenir les dignités dûes à mon sang. Il n'a vraiment aucune idée de sa place, ou si justement, plus irritant, il semble savoir parfaitement quelle est ma place, mais ne pas s'en soucier autre mesure. Cela laisse en moi un sentiment confus, j'ai envie de le remettre à sa place, sans vraiment l'avoir, et de toute façon je ne saurais m'y résoudre. Depuis quand suis-je si peu intransigeant ? Il faut croire qu'avoir été menacé de mort change un homme.

Nous déjeunons d'une soupe sans nous arrêter. L'allure de la caravane est bien plus soutenu que la veille, ainsi donc ils pensent à ralentir tant qu'ils ne sont pas trop loin de Kendra-Kâr, et reprennent un rythme normal ensuite, pour laisser le temps à d'éventuels recrue de rejoindre. Pourquoi ce système ? Mes circonstances sont exceptionnelles, et je ne doute pas que les six gosses dont on m'a parlé n'avaient d'autre choix après avoir fui, mais on ne doit pas être si nombreux à rejoindre ainsi ? La majorité doivent être des volontaires prêt à mourir pour leur patrie qui s'engagent d'eux même à un poste de recrutement, le nombre doit être négligeable ? Enfin, peut être qu'une guerre demande toute les ressources disponibles, et que le temps manque pour discriminer.

Le soir arrive enfin, et les caravanes ralentissent avant de s'arranger à nouveau cercle. Gillard me souhaite bonne chance alors que je descends précipitamment vers le sous officier Gavort qui s'est installé ostensiblement vers le milieu du camp, flanqué de deux gardes, debout, alors que lui est assis avec une pile de document et de quoi écrire.

J'avance vers cette endroit, et vois déjà une queue se constituer, et la l'étonnement point en mon sein. Alors que l'attroupement s’agrandit, je me rends compte qu'au moins trente hommes se sont assemblés vers le sous-officier. De tout âges, de tout type, la plupart respire la fange et la crasse, mais certains semblent être de bonne naissance, notamment par la conservation en bonne état de la majorité de leurs dents, et une odeur nettement moins prononcée. Avant que j'ai le temps de noter plus en avant mes « camarades », la voix de Gavort se fait entendre, forte et autoritaire.

« Bon les bleusailles, vous savez tous qui je suis, pourquoi je suis là, et ce que j'attends de vous. Pourquoi vous, vous êtes là, on en a rien à foutre, dès que vous aurez posé une croix sur ce papelard, que la plupart d'entre vous ne sauront pas déchiffrer d'ailleurs, votre vie appartiendra à l'armée. Je me dois de préciser que vôtre appartenance revient au Duc de Luminion, il fera de vous ce dont il a envie et vous obéirez. Une fois cela fait, il n'y aura pas de retour en arrière, la sentence pour un déserteur est la mort ! Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? Si vous avez envie de continuer à fuir, de vivre des vies misérables, dans la peur, libre à vous de faire demi tour maintenant, nous ne somme qu'a 3 jour de marche de la cité blanche ! Les courageux, avancez et venez régler la paperasse ! »

Je m'avance immédiatement, dépassant les hésitants, et je vois qu'il en est de même pour plusieurs des autres hommes rassemblés ici, notamment le gamin qui m'avais apporté l'alcool hier. Au final, aucun d'entre nous ne tournes les talons. Le contrat que je lis un instant est basique, et je signe en bas sans rechigner.

Une fois le cortège de signature achevé, le sergent, si j'ai bien compris les paroles d'un de ses subordonnés qui s'étaient adressé à lui pour rapporter les papiers, se lève et amène la table à l'arrière puis revient vers nous avec un présentoir d'arme. Je me permet de noter que toutes sont émoussées.

« Bon maintenant la bleusailles, z'êtes désormais temporairement sous mon commandement et vous vous référerez à moi comme le sergent Gavort, et pas autrement. Je vous conseille de vite apprendre à reconnaître les grades sur les armures ça vous sera utile. Ce soir j'ai besoin de savoir de quel bois vous êtes fait. Je me doute que la majorité d'entre vous n'ont jamais rien manié d'autre que le couteau de cuisine et la hachette à bois, mais ce combat factice va me permettre d'évaluer d'autre choses, notamment vérifier que vous en possédez bien une paire. Certains d'entre vous ont des armes sur eux, désolé mais pour le protocole, et dans le maigre cas où vous pourriez me toucher, j'aimerai éviter les blessures graves, donc on va s'en tenir aux armes d’entraînement. Si vous n'avez aucune expérience, je vous conseillerais en fonction de votre carrure, et de ce que je peux déceler en vous. Je vais d'abord commencer par ceux qui ont de l'expérience, pour voir déjà leur niveau. Que ceux qui en ont s'avance d'un pas ».

Je m'avance fièrement d'un très grand pas, et je vois que se détache avec moi deux autres personnes, un colosse à l'air peu commode au crâne rasé, mais composé plus de gras que de muscle, et un individu de petite taille, qui empeste comme une fosse à purin, avec de long cheveux ondulé noirs et gras, qui retombent sur ses omoplates.

« Bien, mon grand tu vas y aller en premier. Nommes toi et fait ton choix. »

Le colosse se dirige vers le présentoir et y attrape un espadon. Une épée à deux mains mesurant pas loin des deux mètres, dont au moins un mètre soixante-dix de lame.

« Jarrod Heineg »

Le sergent esquisse alors un sourire et dégage de son fourreau son épée à large lame, et demandant son bouclier à un de ses subordonnés. Il s'agit d'un écu de bonne taille, couvrant facilement tout son torse et une bonne partie de ses jambes. Il avance vers le dénommé Jarod, pose son bouclier au sol, s'incline, avant de reculer de deux pas, et de signaler le début du combat.

Jarrod se jette sur lui et d'un vaste coup horizontal tente d'enfoncer l'espadon sur la tête du sergent. Celui-ci esquive sans souci, et fait deux pas en avant vers le grand homme qui rabat son épée pour un second coup tranchant, dirigé plus bas cette fois. Le sergent pare la coup sans flancher, et je suis d'ailleurs surpris d'une telle technique. Il serait impossible pour un homme de sa carrure de bloquer un tel coup, donné par un tel homme, sans être propulsé à terre. Mais il a parfaitement anticipé le coup, et a frappé lui même sur la lame de son bouclier très haut vers le bras, là où la force est moins grande, et surtout en redirigeant le coup vers le bas. La lame se plante alors dans le sol et le sergent donne un coup de botte dans le flanc de Jarrod qui tombe au sol. Il dit d'un ton mi amusé, mi répréhensif, en lui tendant une main pour l'aider à se relever.

« Je n'aime pas les menteurs. Vous vouliez juste griller la priorité, recrue Jarrod ? Avec une arme pareille, ne laisses pas l'adversaire arriver jusqu'à toi, profites de ton allonge, au lieu de charger bêtement, d'autant que tu as besoin de bons appui pour ne pas te laisser emporter par cette arme, non pas qu'elle soit très lourde, mais tu fais des mouvement amples avec, trop ample d'ailleurs, mais ça tu apprendras ça plus tard. ».

Il fait une petite pause et tourne son regard vers moi, me signalant qu'il s'agit de mon tour.

_________________
Godric d'Allarion/guerrier/niveau 2


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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Jeu 21 Aoû 2014 12:31 
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Je remet ma rapière à un des gardes du duché, indique mon nom et examine le contenu du présentoir. Mais je ne trouve pas de rapière, pas d'épée d'estoc, et je continue de chercher du regard quelques instant avant d'être interrompu par le sergent.

« Vous ne trouverez pas le même type d'arme ici. Si la rapière est une arme d'excellence pour un duel entre deux personnes expérimenté et sans armures, elle n'est pas à sa place dans un champ de bataille au milieu d'une vaste foule de gens en armures dont vous n'aurez pas le loisir d'admirer les défauts pour les exploiter. Elle vous servira a achever vos ennemis blessés. Même en technique de demi-épée pour lui donner plus de force, ce n'est pas une arme idéale. Et puis la mode est bien plus aux armes à deux mains pour le fantassin, le bouclier est une affaire de chevalier ou de pavisier spécialisé, je ne saurais le conseiller pour du corps-à-corps sans un entraînement approprié. Si vous souhaitez retrouver la polyvalence des coups d'estoc et de taille avec l'avantage de l'allonge modulable, je ne saurais vous conseiller que la flamberge, ou la hallebarde, vous m'avez l'air assez robuste pour les manier correctement, et ce sont des armes de fantassin léger, sans doute plus dans votre style qu'une pique maniable par le tout-venant mais qui ne permet pas grand chose, et vous avez sans doute le pécule pour pouvoir vous les fournir. Allez y dépêchez vous on a pas tout notre temps. »

Décontenancé, je n'ai pas le temps de réfléchir, et prends l'arme conseillée la plus proche, une hallebarde. Je la soupèse un instant. Elle doit peser un peu moins de deux kilos, c'est plus léger que ce que j'imaginais pour une arme plus haute que moi. La hampe fait un peu moins de ma taille, auxquels s'ajoutent une trentaine de centimètres de pointes, appareillé d'un fer de hache et d'un crochet. Alors que j'essaye différente prise de mains, je me retrouve plus confortable avec une main au talon de l'arme, et l'autre un mètre plus haut.

« C'est une bonne prise d'estoc, recrue d'Allarion, vous avez de l'intuition, et vous ça se voit que vous êtes entraîné pour trouver aussi rapidement ce point d'équilibre, mais il n'est pas le seul de la hallebarde, maintenant que vous êtes prêt allons y. »

Je me met en place, une jambe en avant, les appuis bas. Malgré ce que j'ai dit plus tôt, son poids reste non négligeable du fait de sa taille qui est encombrante, et je n'ai pas encore mis en mouvement cet outil. Il se passent quelques secondes sans que ni moi ni le sergent ne bougions. Sa prise de combat est basse, avec l'écu qui protège entièrement son corps, ce n'est pas une garde qui va être facile à percer.

Au bout d'un moment sans rien, il se met à sourire et entame son avancée. Il est a environ 3 mètres de moi. Dès que je ce pas, je m'élance, et après un pas rapide, enfonce mes appuis dans le sol, laisse la hallebarde filer dans ma main gauche, tandis que la main droite pousse le talon. La tête file droit le côté droit du sergent qui l'a découvert dans son pas en avant. Il le dévie du bouclier en pivotant sur ses talons. Je manque de perdre prise sur mon arme, mais arrive à la maintenir et la ramène vers moi. Je ne laisse pas un moment de répit au sergent, je ne connais pas du tout ses compétences martiales, mais je ne suis pas à l'aise avec les miennes vu que je manie une arme bien différente de la rapière. Les coups d'estocs fusent pour empêcher le sergent d'arriver en contact, mais tous rebondissent sur son bouclier. Il n'avance pas d'un pas pendant deux bonnes minutes, mais mes bras commencent à fatiguer.

L'allonge de l'arme, et le fait que je cherche à la maximiser, me force à camper sur mes positions si je veux bien la manier, je n'ai pas le loisir de reculer si je veux maintenir la pression sur le sergent qui commencent à avancer malgré mes coups répétés. Arrivé à un mètre de moi, il tente un coup d'estoc que j'esquive en décalant le buste. Pas le choix il me faut reculer à présent. Un défaut de mon arme que je viens de constater est l'inexistence de garde par rapport à la rapière. S'en servir pour parer est un mauvaise idée alors que je ne possède pas de gantelet, l'adversaire n'aura qu'à faire glisser sa lame le long du manche pour entamer mes doigts.

Je fais un saut en arrière, mais le peu de distance parcouru est instantanément rattrapée par le sergent qui lance son épée vers ma gorge. Je raccourcis subitement ma prise. Lâchant la main droite posé sur le talon de la hampe pour la rapprocher au maximum de la tête. J'élance le fer de hache à la rencontre de son épée. Mon arme a beau être plus lourde que la sienne, je sens la force du sergent supérieur à la mienne, et si je dévie efficacement le coup sur l'extérieur, tout en réussissant à ne pas me cogner avec la hampe, je ne réussis pas à ouvrir sa garde comme prévu. Et si je fais toucher terre à sa lame de la mienne, c'est au prix de mon équilibre. Le sergent exploite cette faille et d'un violent coup de bouclier me projette au sol.

J'arrive à mettre mon épaule gauche en opposition sur le coup, et n'ai que le souffle coupé par la chute ainsi qu'une vivre douleur, mais rien de cassé et je ne suis pas mis hors combat. Il n'a vraiment pas retenu son coup. J'ai réussi à maintenir la prise sur ma hallebarde de la main droite, que j'appuie au sol pour me relever rapidement. Il n'a pas choisi de couvrir la distance qu'il a crée, mais a resserré sa garde. Il profite pour souffler. L'effort de se battre en armure doit être important.

Moi aussi ça va me faire du bien de souffler, je prends appui sur ma hallebarde et me laisse réfléchir à comment je vais gagner. Nous nous battons avec des armes factices, et il est évident qu'il ne faut pas chercher à trop se blesser, mais ma fierté ne me laissera pas ménager le sergent. Après avoir échangé ces quelques coups, je sens son expérience, celle d'un vétéran qui a survécu à de multiples batailles. Sa maîtrise du bouclier est impeccable, et c'est sans doute grâce à ça qu'il est encore en vie aujourd'hui. La mode aux armes à deux mains qu'il disait... Il semble très bien s'en sortir avec son épée longue et son écu. Comment je vais faire ? La force brute, il en a plus que moi, et même si ce n'était pas le cas, sa technique est suffisante pour y parer, je l'ai vu dans le précédent affrontement. La finesse, je ne m'y risque pas, je ne connais pas assez mon arme pour espérer en faire quelque chose. Une arme que je reconnais utile, mais qui n'est pas ma rapière, il va sans doute me falloir un temps d'adaptation. Il va falloir ruser. Abuser du son armure. Son équilibre est sans doute solide, mais s'il vient à être rompu, il n'aura pas le temps de s'en remettre avant que je ne place ma lame sur sa gorge.

Qu'est-ce que mon environnement peut m'offrir ? Je me tiens actuellement sur une plaine verte, parsemée de cailloux, mais il ne trébuchera pas sur ceux la, le cercle formé par les gardes de son côté, et les potentiels recrue de l'autre, a une diamètre d'une dizaine de mètre environ. Le soleil couchant mordore les nuages qui obscurcissent grandement le terrain, mais la luminosité reste très bonne. Les gardes discutent d'ailleurs entre eux, à voix un peu basses. Leur sujet est, sans aucun doute, le combat en cours. Les recrues, elles, restent silencieuses, je n'ai pas le temps de bien voir, ne me permettant de les regarder que du coin de l’œil, mais je note que certaines sont étonnées du spectacle. Ils pensaient sans doute que je ferais aussi pitoyablement que le premier. Pff, ces gueux, ils n'y connaissent rien, je ne compte pas perdre, et je vais bien leur démontrer.

La table et le siège qui ont permis au sergent de faire signer les contrats sont toujours dans le cercle, mais de son côté, je ne pourrais sans doute pas m'en servir. Il y a une pierre enfoncé dans le sol plus grosse que les autres, sur laquelle on pourrait trébucher, mais l'arrête est de mon côté, inutilisable aussi. De toute façon je doute qu'avec cette armure l'on puisse trébucher ainsi, ou que je puisse tenter simplement de balayer ces jambes. Me jeter sur lui est inutile, il est en armure, et ma hallebarde perdra contre son épée si je suis trop proche, le long manche me handicaperai même si je raccourcissais ma prise, moins que je ne l'aurai pensé, mais ce n'est pas une arme indiqué pour un pur corps à corps, il est mieux d'être séparé d'au moins soixante-dix bon centimètres, et frapper à coup de pied ou de poing contre une armure serait d'une stupidité accablante. Si seulement je pouvais me débarrasser du bouclier. Ça devrait pouvoir se faire, oui ça se fera. La hallebarde n'est pas composé que d'un fer de hache et d'une pointe.

Je me remet en position, et je rassemble mes forces pour tenir mon arme haute, main gauche à vingt centimètres de l'acier, et main droite trente centimètre plus bas, lame pointé en diagonale descendante vers le sergent. Je laisse passer un petit instant, ressentant le poids de mon arme dans mes mains, je visualise le mouvement que je dois faire, tandis que la douce brise semble porter dans ses caresses des promesses de victoires, je peux le faire, je le sais.

Je lâche un cri magistrale, et m'élance en avant. Après deux pas, je plante mes appuis au sol et précipite mon arme vers lui d'une simple attaque de taille horizontale dans laquelle je met toute mes forces. Alors que son bouclier s'élance à la rencontre de mon arme, je change l'angle d'attaque, laisse filer arme plus loin que prévu, et la retourne. Le bois rentre en contact avec le bouclier, et la violence de ce choc se répercute dans mes bras mais je tient bon et tire de toute mes forces sur mon armes. Le crochet agrippe au bord du bouclier, et ma saccade surprends mon adversaire. Je tire plus fort encore et le sergent lâche son bouclier qui part s'envoler au loin sur notre gauche. Je n'ai pas le temps de goûter à la saveur de ce moment, à peine l'arme revenu vers moi, je l'élance de nouveau de toute mes forces en direction de la poitrine du sergent, assuré de ma victoire.

Le temps semble ralentir, et je vois une lueur s'allumer dans les yeux du sergent, mais elle ne signifie pas la colère, ou la tristesse de la défaite, elle semble amusée. Cette fraction de seconde me semble s'éterniser, mais je n'en ralentis pas pour autant la course de mon âme, je vais sans doute fracasser les côtes du sergent dans son armure, mais je lui apprendrais ainsi ma valeur.

Alors que je pense cela, faisant preuve d'une mobilité insoupçonnable dans un tel harnachement, le sergent dévie mon coup en appuyant son épée contre le fer de hache de ma hallebarde et s'enroule ensuite sur lui même en avançant vers moi, mon arme continuant sa course dans le vent sur la droite. Il attrape ensuite ma hallebarde de sa main gauche et appuie son épée contre ma gorge.

La scène reste figée pendant quelque seconde, seule le vent, et nos souffles courts, se font entendre, tandis qu'un sentiment horrible se répands dans tout mon être, celui de la défaite. J'ai perdu, j'ai été battu à plate couture alors que mon adversaire était loin de montrer toute l'étendue de son potentiel, son dernier mouvement est la démonstration de ce fait. Mon humiliation était inéluctable, et je serais furieux si je n'étais aussi dépité.

Des sifflements d'admirations se mettent alors à retentir, en provenances des gardes, ainsi que des encouragements dans le style du « Ça c'est notre sergent ! », mais le regard de Gavort reste figé sur moi, il lâche ma hallebarde, retire sa lame de ma gorge et la rentre dans son fourreau, puis il me dit, à voix très très basse, avec des lèvres qui ne bougent presque bas, de façon à ce que je sois le seul à entendre.

« Pas mal ! Pas mal du tout ! Réussir à m'arracher mon bouclier c'est un exploit dont je n'aurai pas cru capable un nobliau qui transpirait l'arrogance comme toi, mais il semblerait qu'elle ne soit pas si mal placée. T'as reçu un réel entraînement et t'en as tiré quelque chose, tu feras un bon mercenaire, mais n'oublie pas que maintenant tu fais partie de la compagnie et de l'unité. Tu sais lire, donc je suppose que tu as compris ce que signifiait l'engagement, ta façon de te battre respire la noblesse, mais ici elle n'a plus cours, il n'y aura pas de distinction sur le champ de bataille, autre que le fait que t'as peut-être le pécule pour commencer avec de meilleurs équipement. Je connais le style des gars comme toi, et c'est pas les plus sociaux, mais va falloir apprendre à compter sur le gars qui assure tes arrières, seul, c'est un sekteg qui te la mettras, alors réfléchis-y. T'as du potentiel, donc tu seras surveillé, si tu fais pas de faux pas, tu pourras vite prétendre à une double solde, et qui sait, si t'y survis, tu seras peut être appelé à commander, alors apprends bien et comporte-toi bien. »

Il se recule, tourne les talons, et va ramasser son bouclier. Il me laisse là, tandis que je ressasse son discours. Je ne sais par quel bout le prendre, et s'il s'agit d'un éloge ou d'une réprimande. J'ai été battu par cet homme et ai donc des choses à apprendre de lui, mais je n'aime pas du tout le ton qu'il emploie. Il en a les droits. Je ne suis pas un vassal de Luminion qui peux prétendre à être bien considéré tandis qu'il aide son duc à la guerre. Mais je refuse de me faire appeler d'un terme aussi vil que celui de mercenaire, même si c'est pour ça que j'ai signé.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Mer 10 Déc 2014 23:29 
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Un peu mal à l'aise, Daer'on se tait. Pendant un temps vous volez en silence. Les arbres défiles et se raréfient, peu à peu remplacés par des conifères. Le soleil descend à l'horizon et il va bientôt falloir songer à s'arrêter pour la nuit.

« Les musaraignes ne vont pas tarder à sortir... »

Vous descendez lentement et, comme pour confirmer ses dires, un éclaire gris passe. Aussitôt, sa lance jaillit et se plante dans la créature, la tuant sur le coup.

« En principe, je me contente de fruits, mais un peu de viande ne fait jamais de mal... »

Il tend la main... et sa lance d'argent disparaît du cadavre pour s'y rematérialiser dans un éclaire de lumière ! Il se pose et tire un petit couteau, l'air ravi de sa prise.

« Tu préfères quelle partie ? »

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Mer 10 Déc 2014 23:52 
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Enfin, cet incessant bavardage prend fin. Le silence me fait du bien, et je savoure ce simple vol sur mon harney. Attentif, je vois les arbres se raréfier à mesure que nous progressons, remplacés par une végétation qui m'est peu familière. Des arbres certes, mais à l'odeur forte. Nous nous dirigeons bien vers les montagnes. Le soleil finit par décliner, et Dae'ron reprend la parole si soudainement que je manque sursauter. Il m'informe que les musaraignes ne vont pas tarder à sortir. Je hausse un sourcil, ne voyant pas où il veut en venir. Est-ce une expression ?

J'incite ma monture à descendre lorsqu'il le fait et le vois embrocher un rongeur en projetant sa lance.

( Ah. C'était littéral. )

J'apprends de sa bouche qu'il est frugivore mais ne crache pas sur un bout de viande. Mon attention est toutefois accaparée par son arme qui, alors qu'il tend la main, s'extirpe du cadavre encore chaud pour y revenir. Là, j'écarquille les yeux. Serait-ce là leur secret ? Ceci est une arme à n'en pas douter enchantée car, à ses dires, Dae'ron ne s'y connait pas encore bien en magie. Cela voudrait dire que la lance de la femelle aussi serait...

Alors que Lyïl se pose, je vois le chasseur fier de lui, extirpant un couteau, sans doute pour dépecer sa prise. Et il me demande quelle partie je préfère.

"Je ne me suis encore jamais fait les crocs sur ce genre d'aliments."

Je déploie mes ailes et fais un bond en m'en aidant, avant de mettre pied à terre et flatter ma monture. Cela me coûte de l'admettre, mais avec mes réserves de balles de miel amoindries, il va me falloir tenter le coup. J'ai bien encore quelques baies séchées, mais je les réserve pour Lyïl.

Peut-être est-ce la fatigue, mais je décide de m'appuyer sur l'expertise de mon congénère.

"Que me conseilles-tu ?"

Mon bel oiseau accole sa tête contre mon épaule. La journée a été longue aussi pour lui, mais cela semble nous avoir un peu rapproché. Je demeure toutefois aux aguets. Ce territoire m'est inconnu, et nous ne sommes que deux aldrydes. Il est d'ailleurs étonnant que la femelle n'ait pas fait chercher mon voisin.

J'ôte mon casque pour me rafraichir la tête, dévoilant ma chevelure blonde feu et surtout la large cicatrice de mon visage. Ma curiosité est piquée quand je repense à sa lance argentée.

"Pratique comme arme. Récompense de labeur ou trophée ?"

Je fais quelques mouvements d'ailes pour chasser une petite crampe qui s'y est logée.



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Dernière édition par Nessandro le Jeu 11 Déc 2014 12:24, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Jeu 11 Déc 2014 10:46 
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Tandis qu'il dépèce la créature, il te tend un petit briquet, te demandant si tu veux bien allumer un feu pendant qu'il récupère les morceaux mangeables. Il explique tranquillement :

« Les cuisses sont l’endroit où il y a le plus à manger, mais c'est plus coriace. Les flancs sont les plus tendres, mais il ne faut pas avoir peur d'un repas frugal. »

Puis, tandis qu'il termine de préparer les petits morceaux, alors que l'obscurité tombe rapidement, il répond à ta deuxième question :

« Un cadeau de Shada'is. Lorsque je lui ai dit que je partirait un jour vivre ma vie, mais seulement une fois ma dette envers elle payée, elle m'a donné une de ses lances. D'après elle, j'aurais besoin d'une telle arme si je ne veux pas passer toute ma vie avec elle ! De toute façon, elle est plus à l'aise au corps à corps, et c'est une arme de jet. »

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Jeu 11 Déc 2014 12:22 
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Pour avoir sa pitance, il faut visiblement la mériter. Je ne m'offusque cependant pas quand il me confie la tâche d'allumer un feu. Cependant, je demeure vigilant. Rien de tel qu'une source de lumière pour attirer les ennuis. Prudent, je ramasse quelques pierres pour marquer une zone que je foule du pied, avant d'y déposer du combustible et de m'atteler à créer des flammes. Pendant ce temps, l'aldryde m'informe que j'ai le choix entre les cuisses de la bête ou ses flancs. Le premier étant plus coriace mais également plus grand que je second. N'étant pas un habitué de la viande, je songe opter pour un bout de flanc et compenserai le reste par une balle de miel.

La nuit semble venir à nous plus rapidement que je le pensais, ou alors c'est l'effet de contraste avec les flammes. La voix de Dae'ron s'élève une nouvelle fois, m'informant que sa lance intrigante est un cadeau de la femelle, et qu'il s'agit d'une arme de jet, pas comme celle de l'autre brute. Globalement silencieux, je nourris mon harney de baies séchées et, lorsque le morceau animal est prêt, je me sers. Personnellement, je trouve la texture vraiment inhabituelle, et le goût fade. Le jus à l'arrière-goût sanguin me plait bien, en revanche.

Tout à mon repas, je finis par reprendre la parole. Sans la proximité des femelles, je suis bien moins tendu et davantage prompt à laisser libre court à ma curiosité.

"Se frotter à un griffon c'est une chose, mais difficile de planter une lance dans de la magie. Surtout noire. Est-ce que tu as une idée de ce à quoi tu auras affaire ?"

À mes côtés, Lyïl prend une posture de repos, ce qui m'amène à penser que je n'ai pas encore spécialement envie de dormir, et qu'à moins de me loger inconfortablement sur des branches rugueuses, il me faudra sommeiller au sol. C'est juste cela et certainement pas un intérêt pour mon congénère qui me fait poursuivre. C'est du moins ce que j'essaie de m'enfoncer dans le crâne.

"Si on doit garder un oeil ouvert, je prends le premier tour."

Et sur ce, je mords dans mon bout de viande.



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Dernière édition par Nessandro le Ven 19 Déc 2014 03:41, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Jeu 11 Déc 2014 15:12 
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Daer'on se laisse aller contre un petit caillou et ferme les yeux quelques instants, visiblement fatigué. Il répond néanmoins :

« Nous n'allons pas attaquer la magie noire, nous allons la dérober ! Là où nous allons, nous avons plus de chances d'affronter la magie blanche ! Mais si tout ce passe bien, nous n'aurons pas à combattre... c'est pour ça que j'espérais que tu pourrais nous aider : on dit que la magie noire peut aider à se cacher. Enfin, pour tout dire, je ne sais pas exactement comment ça va se passer. Shada'is nous dira en arrivant... »

Il ramasse des morceaux bien cuits et te tend ce que tu veux avant d'en prendre un pour lui.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Ven 12 Déc 2014 18:45 
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Dae'ron, affichant une lassitude certaine, finit par me répondre. Ce ne sont pas des utilisateurs de magie semblable à la mienne que nous risquons de rencontrer, mais ceux du fluide opposé. Cela dit, il semblerait que nous n'ayons pas à combattre si tout se passe bien. Et voilà le retour de mon rictus. Avec les "si" dans ce genre d'opération, il est presque évident que je vais encore avoir des ennuis. Et je n'ai pas d'attire-poisse comme Hekell pour tout prendre à ma place cette fois.

Ceci dit, même si la magie de lumière est dédiée aux soins, cela ne veut pas dire que ceux qui l'emploient sont sans ressources. Au contraire. J'envisage même qu'ils sont doués avec des armes pour pallier le manque de puissance destructrice de leur magie. D'un autre côté, je la connais encore moins bien que la mienne. Elle pourrait me surprendre. Et mon congénère a raison, mon ombre peut me masquer aux regards, mais ma réserve magique est limitée. Si l'opération est d'envergure, autant me préparer dès maintenant.

J'attrape ma sacoche et plonge la main dedans. J'y heurte la bouteille de liquide curatif concentré trouvé dans ce conte que je préfère oublier.

( Autant gagner de la place. )

Mes doigts attrapent la petite gourde magique que j'ouvre avant d'y transférer le contenant de la fiole. Cela me fera cela de moins à transporter. Rebouchant ma gourde, je la loge dans mon bagage et remarque un petit caillou. Je pense que c'est ce que l'elfe marchand a identifié comme une rune, sauf que la mienne est dorée. L'autre que je viens de trouver dans mon bagage n'y ressemble même pas par son dessin. Je fronce les sourcils, lançant une pique mentale à ce fichu lutin. Je lui avais pourtant dit de ne pas s'approcher de mes affaires !

J'inspire et agrippe ma grosse gourde, où se trouvent les essences noires plus concentrées. C'est risqué, mais j'ai suffisamment utilisé mon énergie mentale pour ne plus la redouter.

"Dans l'éventualité de rencontrer un ennemi, toujours faire comme si tu allais en affronter deux."

J'élève ma gourde, comme pour trinquer et appose mes lèvres contre le goulot, pensant au concentré sombre. Un frisson violent fait se hérisser ma peau. Le petit fluide que j'ai absorbé me parait bien maigre en comparaison de celui-ci. C'est comme si toute ma chaleur interne se faisait aspirer par cette matière sans poids, ne laissant qu'engourdissement, instinct de survie qui se rebelle et crainte mêlée de fascination. Mon coeur accélère, ma vision se teinte de grisé et même les flammes du foyer ont l'air de voir leur fougue tempérée. Cela va passer. J'ai déjà absorbé de cette magie par deux fois. Il n'y a pas de raison que quelque chose tourne mal maintenant.

Une crispation s'empare de ma gorge, me faisant manquer de souffle, et l'impression se propage dans ma cage thoracique. Je me sens mal et en même temps terriblement bien, comme si je devenais de plus en plus complet. Par contre, le fluide se divise beaucoup plus lentement en moi, et je remarque avec stupeur ma peau bleutée s'assombrir au niveau de mes mains. L'énergie noire serait-elle en train de prendre le dessus ?

( Oh non, n'y compte pas ! )

Je ferme les yeux pour me concentrer et visualise cette puissance sans attache qui s'est perdue en moi. Ma volonté pousse celle que je possède dans sa direction et tente d'établir un lien. Dès que c'est fait, j'y mets fin, ayant senti ce flux se déverser vite dans la partie que je contrôle. Il me faut aller doucement. Reprenant ma concentration, je m'efforce de gagner peu à peu le contrôle sur cette énergie sauvage, en m'efforçant d'oublier mes lourdes pulsations cardiaques. Quand j'y parviens enfin, après de longues minutes de lutte mentale, je peux voir ma peau reprendre son apparence, tout comme les alentours. Là, je me suis fait peur, mais je dois avouer que cette sensation de puissance qui croit est délicieuse.

La nuit qui s'en vient me laisse le temps de faire connaissance avec ma magie, même si je suis certain de pouvoir faire plus. Au matin, à peine le feu éteint, Dae'ron reprend son envol par une cabriole et Lyïl a du mal à le suivre pendant une poignée de minutes. Il semble finir par se rappeler de notre présence en diminuant l'allure, sans cesser de virevolter. Qu'est-ce qui m'a pris de lui rendre cette liberté ? Je demeure silencieux à mesure que le temps passe, de plus en plus agacé à l'idée que nous allons retrouver le groupe féminin. D'un autre côté, je suis curieux d'en apprendre davantage sur cette affaire. Si, par chance, ce sont des géants qu'il faut léser alors rien ne me fera davantage plaisir.

Attentif, je profite toutefois du silence du voyage. Le mâle que je côtoie fait trop de rétention d'information et s'en remet trop à la femelle à la lance pour m'être franchement utile. Les questions que j'ai demeurent donc sous mon casque. Alors que le soir approche, Dae'ron semble se presser, comme si nous approchions du lieu de rendez-vous, et de la reprise de contact avec son groupe. Je demeure méfiant. Après tout, il y a de fortes chances que leur plan soit d'opérer de nuit.




Essai d'absorption d'un fluide 1/4 d'obscurité.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Lun 2 Fév 2015 20:18 
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Les deux demies-journées passées en forêt ne sont pas franchement pénibles. Pas grâce à la géante perchée sur son blaireau femelle, ceci dit. Ce n'est en effet qu'une demie-heure après avoir cavalé entre les troncs que cette idiote a avoué avoir perdu le contrôle de la bête. Du coup, mauvaise direction prise et perte de temps supplémentaire. Les rares points un peu moins négatifs de ce début de trajet ont été ses glissades dans des mares de boue sur le chemin. Dommage qu'elle ait fini par apprendre à les éviter. Au moins, je ne m'égratignais pas autant les yeux à avoir ces formes ton sur ton en parcourant les sentiers.

J'ai toutefois du me montrer prudent. La direction prise nous a dangereusement rapproché d'une large voie traversant la forêt pour se diriger dans les montagnes. Si cela n'avait été que ceci, rien à craindre. Sauf que la voie en question était étrangement fréquentée par de nombreux convois plutôt lourds. Il m'a fallu donc pousser plus longuement dans la nuit pour mettre assez de distance entre moi et les commerçants géants. Je ne sais pas franchement comment la femelle montée a réussi à ne pas se faire repérer vu le boucan qu'elle faisait.

Je l'ai proprement ignoré la nuit venue. Mon couchage étendu en haut de branches solides, comptant sur Lyïl pour me réveiller en cas de danger, je ne sais même pas si elle a dormi au pied de l'arbre ou ailleurs. Et franchement, je m'en moque complètement. Ce que je sais, c'est qu'au matin, elle était toujours en un seul morceau. À se débattre avec ses bandages puants pour garder ses plaies couvertes.

Vers le milieu de matinée, la lisière de la forêt atteinte, j'ai du perdre encore une poignée de minutes à attendre que madame la laide fasse ses adieux à la bête grise. Laissant mon harney voler doucement, je gardais un œil sur la greluche tout en veillant aux différents mouvements. La route si clairement tracée en forêt se faisait de moins en moins présente.

Et c'est ce qui aboutit à ma situation actuelle. La seule trace de voie se scinde dans au moins trois directions différentes. Sans parler des sentiers escarpés, mais assez large pour le passage avec de petites charrettes. Mon regard se porte lentement sur la femelle, plus froidement que jamais. Quand les ailes de cette dernière l'amènent à ma hauteur, son souffle est assez court. Et la voilà qui se plaint parce que je vais trop vite.

"Cesse de geindre, limace.", siffle-je avec une belle pointe d'irritation. "Quelle direction ?"

Et là, cette charogne vivante prend bien tout son temps pour retrouver un souffle normal avant d'ouvrir son sale bec. Elle me demande d'attendre qu'elle repère leurs traces. Je sens mon visage s'assombrir. Elle me prend vraiment pour un imbécile. Avec tout le passage que j'ai pu deviner, elle pense sincèrement pouvoir retrouver leur piste ? Je n'y crois pas un seul instant. Soit elle cherche à gagner du temps, soit elle sait déjà où les ravisseurs se dirigent et elle fait semblant de ne pas connaitre leur destination.

Je la vois s'avancer sur les différents chemins, y compris au-dessus du sentier difficile. Son affreuse forme toute en rondeurs se pose, effleure la poussière puis s'avance plus loin, en direction d'un tas informe. Ce n'est qu'en la voyant faire que je trouve que cela lui correspond. Cette andouille examine un tas de crottin, et une soudain faiblesse de ses ailes lui fait mettre les pieds dedans. Sauf que je n'ai même pas une esquisse de sourire à cette maladresse.

Elle finit par désigner un sentier qui s'écarte justement des voies encore faiblement tracées. J'en fronce les sourcils.

"Par là !", annonce-t-elle avec un certain aplomb.

"Ben voyons."

"C'est pourtant le cas ! Ils sont allés... Euh... Enfin... Ils ont du apercevoir une bête spéciale et la prendre en chasse. Je... suppose."

"C'est cela. Et ils se seront arrêtés plus loin cueillir des fleurs, aussi... Continue à me prendre pour un imbécile, fieffée menteuse...", gronde-je froidement en la poignardant du regard.

"Je ne...", commence-t-elle avant de s'arrêter subitement. "D'accord... D'accord ! Ils cherchaient une créature vivant généralement dans les parages. Pour un client. Mais c'est tout ce que je sais !", s'écrie-t-elle en prenant une posture de gamine suppliant qu'on la croit.

Sauf que ce n'est pas mon cas.

"Et tu sais qu'il s'agit d'eux parce que ?", questionne-je sans chercher à vraiment obtenir une réponse sincère.

"C'est un peu compliqué. Disons que je sais reconnaitre les traces de leurs bottes. Et les celles des roues des charrettes. Et le fer mal posée de l'ânesse qui..."

"Silence !", la coupe-je, sentant venir un mal de crâne certain. "On continue. Et tu la boucles...", fais-je sur un ton menaçant.

Après avoir tapoté doucement le cou de mon harney, je pousse ce dernier à reprendre de l'altitude pour survoler le sentier. Durant plus d'une heure, mon oiseau appose son ombre sur la voie qui demeure escarpée, mais praticable. Des traces d'un petit feu de camp sont encore visibles, sans m'assurer qu'il s'agit d'une piste récente.

Un mouvement attire mon attention, plus loin à mon niveau. Plus effarant, j'entends le crissement spécifique d'un choc électrique. Soudain, contournant une paroi proche, une silhouette de géant boitant et se tenant la jambe arrive devant nous. Un bourdonnement la suit. Non loin de moi, la femelle émet un son surpris. L'arrivant aussi, sauf qu'il interpelle l'aldryde sous son nom, en criant à l'aide. Ils se connaissent... D'à peine plus d'un mètre et demi, portant tunique poussiéreuse et crinière mi-longue brune en bataille, difficile de dire s'il s'agit d'un humain à cause de sa carrure ou d'un elfe à cause de ses oreilles en pointe. Mais ce n'est pas ce qui m'interpelle.

Je sens mes yeux s'agrandir en voyant surgir à sa suite au moins cinq bestioles volantes avoisinant ma taille. Un crissement se fait entendre, et une subite décharge électrique frappe juste derrière le géant apeuré. Ce dernier trébuche et chute, attirant l'attention des choses sur nous. Et ces dernières n'ont pas l'air de vouloir cesser la lutte.

J'extirpe ma sarbacane de ma manche et fais appel à ma colère. Moi qui commençais à trouver mes déplacements monotones, cela ne peut que me réjouir. Après tout, j'ai franchement envie de frapper quelque chose !



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Dernière édition par Nessandro le Ven 6 Fév 2015 10:34, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Lun 2 Fév 2015 23:47 
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Mâchoire serrée, j'observe brièvement les créatures. Aspect de grosse mouche, une vingtaine de centimètres. Et une paire d'ailes dont le crissement n'a rien de rassurant. À peine aperçue, la plus proche me fonce dessus. Seul le réflexe de mon harney de faire un vif piqué à ma commande m'évite la collision. Les bourdonnements passent au-dessus et à côté de moi. Une première charge animale ratée. Ou presque. Un hurlement du géant suivant le son rude d'un atterrissage attire mon attention. La mouche que j'ai esquivé l'a percuté et ses mandibules se sont plantées dans son bras. Sarbacane aux lèvres, je lance une fléchette rapide qui heurte le corps entre noir et violacé de la bête. Le projectile touche, arrachant le prédateur à sa cible, non sans dégâts sur l'étalé.

Un crissement se fait entendre, puis un autre. Deux éclairs tombent successivement aux pieds de la femelle. Celle-ci, bizarrement moins gourde, tend ses mains et déploie de la magie. Une sorte de pavois translucide et bleuté l'entoure. Lyïl émet un cri d'alarme alors que les deux autres mouches fondent sur nous. Rapide, leur vol crée un courant d'air déstabilisant ma monture. Changeant de posture, la main désarmée tenant la huppe de l'oiseau, je me redresse sur ce dernier et tente de décocher une nouvelle fléchette à mes assaillants. Vives. Beaucoup trop. Celle que je vise esquive mon coup d'un mouvement acrobatique. Je chasse vivement de mon esprit l'idée d'utiliser Plume d'Argent. L'influence de ma mauvaise étoile ferait que non seulement je ne toucherais pas, mais que l'arme se perdrait dans les rochers ou les arbres.

Leur tactique se répète. Pendant que deux ou trois individus tentent de frapper à l'aide de leur foudre, le reste charge. Un sifflement strident me vrille les tympans à l'un des passages, et je remarque sur certains individus des tiges bizarres. Des restes de flèches plantées dans leurs corps. Ces saloperies ont de la bouteille ! Une autre de mes fléchettes s'envole et frappe avec une puissance certaine. Elle parvient à arracher le bout d'aile d'une de ces saletés. C'est suffisant pour que l'animal parte en vrille incontrôlée et s'éclate au sol, sonné. Le géant apeuré se saisit alors d'une pierre proche et l'abat sauvagement. L'incapable ne parvient qu'à la heurter à la tête. Un œil insectoïde éclate sous l'assaut, mais la bête parvient à répliquer à coup d'électricité.

Je dois être la plus grande menace car trois des insectes me prennent subitement en chasse. Je ne peux compter que sur moi. À part m'avoir octroyé un étrange mur magique, la femelle n'a rien fait. Hormis coller la paroi proche pour esquiver les charges, comme la lâche qu'elle est ! Debout, je pousse Lyïl à prendre de l'altitude et me tourne pour attaquer ces horreurs. Un projectile, puis deux et encore. Trois échecs consécutifs qui me font grincer des dents. Une chance que le harney soit assez vif pour éviter les assauts énergétiques ! Le dernier m'a tout de même roussi un brin les plumes.

( Par mes ailes ! Elles sont trop rapides ! )

Je concentre alors ma puissance physique, bien décidé à en frapper au moins une. Guidée par ma volonté, exactement comme contre cette saleté de gorgone, une fléchette part de ma sarbacane. La bestiole évite le projectile, mais celui-ci dévie et percute la cible voisine. La chose ralentit, tout comme les autres. Soudain, la quatrième mouche arborant encore ma fléchette dans l'abdomen se joint à mes poursuivants. Un regard par-dessus mon épaule alors que Lyïl fait un virage serré autour d'un haut conifère, et je déglutis vivement. En formation relativement carrée, les insectes font vibrer leurs ailes. Le bruit est intense. La création électrique aussi.

Brutalement, le quatuor fait une pointe de vitesse, commençant à rattraper mon oiseau. Une boule se forme. Mon cœur accélère. J'essaie de guider ma monture, la faisant prendre des virages si serrés que je manque de glisser. Je n'avais pas prévu l'agilité de ces mouches. Je ne les distance pas. Pire, elles finissent de se préparer ! Le souvenir de l'impact normal me revient. Si leur coup touche, mon oiseau dénué de la moindre protection pourrait y passer ! J'aperçois alors le muret magique autour de moi, plisse les yeux et serre les dents. Fulgurante comme l'élément qui la constitue, la décharge est projetée.

"Va, Lyïl !", crie-je alors que je me repousse du dos de ma monture.

Dans les airs, je pivote vivement. Bras en parade, je me prépare au choc. Protéger mon harney. Sauver Lyïl. C'est tout ce qui me passe par la tête. Je remarque tout juste l'apparition des épaulières de l'armure dorée sur mes bras au moment où la boule de foudre me frappe. Souffle coupé, douleur qui fait se contracter chaque muscle, incrédulité. Mes yeux vont sortir du casque tant ils sont écarquillés. Paralysé, impuissant à l'en empêcher, je me sens chuter façon pierre vers le sol. Un impact, un autre. Pensées floues, je devine juste que les mouches les plus rapides m'ont chargé dessus pendant ma perte d'altitude. Mais pas de morsure. Et je tombe encore.

Puis je perds en vitesse, réceptionné brutalement par plusieurs branches à aiguilles. Éraflé, propulsé par l'impact, je dégringole encore et finis par m'immobiliser. Une toux douloureuse m'échappe au dernier rebond. Mon cœur bat maladroitement et je n'arrive plus à me mouvoir. Mon corps me fait savoir qu'il va bleuir en de très nombreux endroits, mais que rien ne semble brisé. Pas même mes ailes. Coup de chance. Mais aucune réponse des muscles. Et je suis coincé dans un arbre. La décharge continue de parcourir mes membres. Plus grave, j'entends les ailes d'insecte bourdonner autour de ma position. Ces saloperies ne me lâchent pas.

( Ça... Vous allez me le payer... )

Ma mâchoire claque seule, parcourue d'énergie dangereuse. Mon enveloppe est peut-être momentanément hors combat, mais mon esprit est plus réveillé que jamais. J'ai peur, j'ai envie de détruire, je veux vivre ! Et je n'ai pas besoin d'autre chose pour manier ma magie d'ombre. Ces bestioles vont regretter de m'avoir poussé à bout ! Je ressens une colère brûlante qui agite violemment mes fluides obscurs. Je ne vais pas m'avouer vaincu, pas contre de tels adversaires !



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Dernière édition par Nessandro le Mer 4 Fév 2015 16:33, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Mar 3 Fév 2015 13:16 
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Allongé dos à une branche, le corps parcouru d'une douleur lancinante, je scrute les alentours. Entre les aiguilles, j'aperçois les têtes d'insecte. L'une s'avance et cherche à refermer ses mandibules sur ma jambe. Une autre cherche à attraper mon aile, et une autre encore s'approche dangereusement de mon bras couvert d'or. Leur présence plus qu'insistante ravive ma volonté de me battre. Je suis bien déterminé à leur casser la figure ! Et ma puissance physique répond à cette volonté en allant accroître ma force, en particulier dans mon abdomen.

Mais là, il y a plus urgent. Il faudrait que je puisse les frapper en même temps. Sans cela, l'une repoussée, je manquerai de temps pour me défendre face aux autres. Une seule solution, ma magie.

Mon corps refusant de m'obéir, il me faut manier mon énergie noire sans mes bras. Je plisse les yeux, visualisant ce nuage fluctuant en moi. Agité, il m'échappe un peu, mais une vive inspiration m'aide à me contrôler. Les yeux à multiples facettes me donnent envie de vomir ou de les casser une à une. De les faire souffrir encore et encore. Je sens la chaleur de ma corruption, mais cette dernière semble cette fois-ci réceptive à mes intentions. Mes ailes étant les seules à sembler répondre un minimum à mes directives, j'y concentre ma volonté. Membre de plumes ou mains, la différence est mince.

Ma magie noire s'y concentre, teignant mes ailes, et se dispersant entre mes plumes. Non, ce n'est pas ce que je veux. Éparpillée, ma magie ne me servira pas. Je dois la rassembler.

( Fais selon ma volonté, magie sombre ! )

Retroussant difficilement les lèvres, je songe à l'orbe de Nostrad que je possède. La Voix Sombre m'a affirmé pouvoir m'appuyer. Et bien là, c'est le moment ! Comme si mon appel avait été perçu, je sens comme une force aider ma volonté à aiguiller ma magie. Le fluide se rassemble, mais en points épars. Ou plus précisément au bout de mes ailes. Un coup d'oeil ravivant le craquement électrique, et j'aperçois les taches noires sur mon plumage. On dirait presque du duvet, comme lors de la pousse de mes ailes.

Un bruissement et un mouvement me ramènent à ma situation. Le sifflement strident de la bête la plus proche de mon pied accompagne ses efforts pour passer entre les aiguilles. Malgré la tension de chacun de mes muscles, j'essaie de me mouvoir pour me coller au tronc râpeux. Je ne parviens qu'à glisser, et manque de peu repartir pour une nouvelle dégringolade. Ma chance, c'est que la bête pose la patte sur une petite branche qui plie sous son poids. L'insecte dérape et évite la chute de justesse, mais prend quelques aiguilles en pleine face. Les autres semblant aussi avoir des difficultés à m'atteindre, je profite de ce sursis.

Mes parcelles de magie sont sous forme de duvet. Mal dégrossies et pas utilisables en l'état. Mon esprit se focalise sur elles pour les affiner. Les affirmer. Leur donner l'aspect d'une vraie partie de moi-même. Des plumes noires et de fluide. J'ai beau être habitué à ma magie, la chose me prend du temps. Trop. La mouche à mes pieds parvient à se frayer un passage. Avec horreur, j'assiste à la fermeture de ses mandibules sur mon tibia. La pression est atroce, mais sa sale gueule a du mal à percer le cuir rigide de ma haute botte.

( Vite mon aldron ! Vite ! )

Pressé par le danger, toutes mes ressources sont redirigées vers mes ailes. Vers ces plumes forgées par la corruption qui m'habite. Elles luisent bientôt de reflets entre violet et rouge. Décidé, j'en détache mentalement et les propulse vers les têtes proches. Gêné par la paralysie et la douleur, je vois avec amertume ces concentrés magiques se dissiper avant d'avoir atteint leur cible. La mâchoire insectoïde parvient à percer ma protection et une douleur sanguine se fait sentir. Je serre les dents, refusant de laisser paraitre ma souffrance.

Mon envie d'en découdre est telle que je sens mon corps reprendre peu à peu le dessus. Mais impossible de lui faire lâcher prise. Une nouvelle salve noire se détache, et parvient à se poser sur les trognes bestiales. Mais là encore, après avoir touché au but, la magie est dissipée par un simple mouvement de tête de mes cibles. J'y suis presque ! Si toucher ne suffit pas, alors je vais leur planter chaque plume droit dans leurs yeux globuleux ! Une nouvelle fois, je rassemble mes pensées. La corruption. Les fluides sombres. Les ennemis nombreux dont deux bien trop près !

Accompagnant ma volonté d'un cri guerrier et enragé, je sens enfin mon corps répondre de nouveau à mes directives. Les dernières plumes magiques se détachent de mes ailes, parfaitement sous mon contrôle. Comme si je me tenais debout à côté des mouches, je leur plante ces parcelles de magie dans la trogne, entre les deux yeux. Un sifflement strident aussi bien du côté de mes membres de plumes que de mes bottes me font savoir que j'ai touché au but. Alors que je me redresse, j'enfonce moralement mes parcelles noires dans leur figure. Ces saletés vont souffrir, par la magie de mes plumes obscures !

"Ça fait mal, hein ?", crie-je avec une intonation réjouie. "Et c'est pas fini, saloperies !"

Mon mollet me fait souffrir, mais c'est bien plus supportable que ce que j'ai déjà subi auparavant. Mes yeux sombres tombent en bas de l'arbre. Avec vivacité, comme si toute cette paralysie n'avait été qu'un mauvais rêve, je plonge aussi vite que possible entre les branches. Vivement, j'ai repéré et arraché ma sarbacane au sol. Aucune trace de dégâts dessus. Un geste vif et colérique la recharge. Ces bestioles ne vont pas me tenir tête longtemps !

À peine ai-je fui l'endroit où je me tenais qu'un crissement électrique frappe derrière moi. Je reprends de l'altitude, fronçant les sourcils de sentir mon sang couler entre le cuir et ma peau. Je change de tactique et me glisse entre les troncs relativement épars. Un regard par-dessus mon épaule. Seules deux mouches me suivent, dont celle qui m'a attaqué la jambe.

( Alors toi... )

Sarbacane chargée, je l'amène à mes lèvres et attends. Volant de côté, je la laisse approcher encore un peu. Et encore, amenant mon énergie martiale dans mon abdomen. Sa consœur surgit sur ma gauche, mais je n'ai d'yeux que pour celle qui me fonce dessus. Mon instinct me hurle d'agir et je le fais. À bout portant, ma fléchette part au milieu de la face d'insecte. Ma détermination à en venir à bout est telle que le projectile ne s'arrête pas à sa tête sans crâne. La pointe la percute, s'y enfonce, et fait si bien qu'elle passe à travers. Le choc est si intense que la bête fait un piqué incontrôlé avant de m'avoir assez approché.

Je n'y prête plus attention, rivant mes yeux à celle qui arrive sur moi. Grésillement, particules lumineuses, elle veut encore me foudroyer. J'attends jusqu'au dernier moment et parviens à éviter le coup, puis sa charge. Dans les airs, je me retourne si vivement que j'en suis presque surpris. Sarbacane pointée vers la créature, je ne parviens pas à la toucher directement. Mon projectile ne se perd pas pour autant. Sa force est suffisante pour percuter le reste d'une flèche dépassant de son abdomen, et surtout l'en arracher dans une gerbe jaunâtre et immonde. Grièvement blessée, la mouche se pose en catastrophe contre un arbre.

Regard autour de moi, spirales aux aguets, je m'assure avoir le temps de la mettre à mort. Je m'efforce de la viser, de rassembler ma volonté de tuer puis de faire jaillir mon projectile. Un frisson me parcourt brièvement quand ses ailes se frottent, créant le courant électrique. Mais ma fléchette est bien placée. Non seulement elle les percute, mais elle les cloue l'une sur l'autre et s'enfonce dans le corps d'insecte. Entre le morceau de chair qui lui manque et le coup que je lui ai donné, son liquide écœurant de vie coule en permanence. Elle a beau s'accrocher, la bête ne représente plus un danger.

( Avec elle, ça fait trois hors combat. Il ne reste... )

Mes pensées sont interrompues par le choc électrique qui fait se raidir mon aile droite. Faisant volte-face, j'aperçois l'autre bestiole frappée par ma magie. La douleur de mon fluide a du l'engourdir, car la sensation de paralysie ne dure pas. Poussant sur mes ailes, je cherche à reprendre de l'altitude en bloquant mon souffle. Coup d’œil derrière moi. Deux formes. Les dernières. Mon cœur pulse à grande vitesse, mais c'est presque un sourire que je devine sur mes traits. Je voulais en découdre ? Je suis servi !




Création Rp et tentative d'apprentissage de mon sort personnel "Plumes de souffrance"

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"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Ven 6 Fév 2015 10:51, édité 3 fois.

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