Je tranchais encore un Elyd d'un coup rageur. Mes lames coupaient le vent et tailladèrent sans difficulté l'une de ses ailes rachitiques. Le montre s'écrasa au sol en tourbillonnant. J'achevais la créature sous ma botte, mais le craquement des os et des organes broyés me répugnèrent et je retirai vivement mon pied, écœuré.
Le combat tournait court, les Elyds voyaient leur effectif divisé par trois grâce à l'acharnement des jumeaux, du guerrier torse nu, du borgne et des mages. Je réprimai à peine mon sourire alors que l'affrontement touchait à sa fin. Les quelques survivants s'apprêtaient à s'enfuir quand un hennissement suivit de clapotis furieux troublèrent nos chaleureux échanges. Surgissant des brumes humides, une cavalière en tête d'un paquet de peaux vertes en armure se lancèrent dans la mêlée dans un rugissement typique.
(Des Garzoks ! Par Rana ! Elle avait dit juste le Dragon !) Ils fauchèrent sans pitié les Elyds paniqués et aucun d'entre eux ne survécu à cette rencontre, l’un des derniers terminant de façon fort peu enviable entre les mains d'une femme sanguinaire qui, après avoir nommé le pirate "Sirius", broya la tête du petit être sans remord. J'étais partagé entre l'incompréhension, le dégoût et la surprise quand la cavalière descendit de son cheval.
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Une femme longiligne, pâle comme un reflet de lune contrastant avec ses vêtements noirs de jais, une beauté froide dont les traits creusés renforçaient l'allure cruelle et l'aura morbide qu'elle dégageait. Elle ne nous regardait pas, elle n'avait d'yeux que pour le borgne. En d'autre temps, j'aurais éprouvé une certaine jalousie face à autant d'indifférence mais cette femme n'inspirait guère mes élans poétiques et les orques qui l'accompagnaient tirèrent leurs épées au clair, remettant la situation à plat. Leurs intentions étaient à présent clairement déclarées, quand leur chef d'escouade nous désigna Depheline et moi en beuglant :
«Vous! Déposez tous les armes, z'avez pas la moindre chance ! Derrière nous il y a encore une cinquantaine de guerriers ! Sortirez jamais d'ces eaux. »Les Garzoks s'approchèrent, dans leur armure lourde cliquetante, de leurs pas pesants mal assurés dans les marécages. Nul doute que si l'on s'enfuyait, ils ne pourraient pas nous rattraper. Aucun de nous n'était lourdement chargé. La situation n'était donc pas désespérée et... Je me retournais vers l'archère, Siiwih toujours étalée au sol, protégée par l'aura enflammée qui s'estompait à présent.
(Par Rana, l'Hinione est encore dans le pâté ! On ne peut pas la laisser là.)Je fis quelques pas pour me placer vers elle, Nerion était d'ailleurs déjà à son chevet à présent que le feu s'était éteint. Plus avant, une discussion entre la femme et Sirius s'achevât par un coup de genou dans les kiwis de ce dernier. Je grimaçai, et l'assemblée masculine de notre groupe également. Depheline nous rejoignit, le combat semblait inévitable au vu de la situation.
« Heartless ? Serpent ? Les jumeaux ? Les autres ?... »,questionna-t-elle, la voix chevrotante.
Je ne sus quoi lui répondre, mais Nerion par contre fut catégorique dans ses propos :
"Il est hors de question que nous soyons de nouveau capturé.", complété par Gloraël :
"Ceux qui nous font face devrons se plier !"Les deux camps s'apprêtaient à se rentrer dedans avec toute la haine qu’ils se vouaient mutuellement, quand une voix derrière le Ménestrel retint son attention :
« On se tire ! Hert', recule sur le champ ! », avait crié soudain Depheline, qui avait à notre insu, rassemblée en elle une quantité suffisante de fluide pour lancer un autre de ses terribles sorts. Elle brandit son bâton et dans ce mouvement, un ardent mur de feu coupa l'avancée de l'armada orque, les bloquant tous de l'autre cotés. Tous sauf un. Le plus gros du lot bien entendu avait franchi la ligne de défense avant qu'elle n’eût eu le temps de prendre feu. Mais la malchance ne s'arrêta pas en si bon chemin puisqu’elle était lancée. Le mur bloqua le pirate du mauvais côté, le livrant aux forces d'Oaxaca.
Je me tournais vers Depheline pour lui demander une solution, mais déjà elle s'enfuyait sur ses petites pattes dans le bourbier. Je regardais Heartless, guère plus qu'une silhouette derrière le mur de feu, puis Siwiih l'Hinione et enfin les jumeaux et le guerrier. J'avais déjà par le passé laissé mes camarades se faire enlever et je pouvais encore lire dans leurs yeux les affres de l'emprisonnement et de la torture. Je ne pouvais pas fuir et laisser qui que ce soit d'autre dans cette situation. Je refusai d'abandonner Heartless, mon cœur comme mon esprit me l'interdisaient.
Le gros orque eu aussi un moment d'hésitation, se voyant coupé de ses renforts et dans une situation délicate. Mais Oaxaca ne tolérait par la peur et l'échec de la part de ses troupes et très vite la lueur d'inquiétude qui avait traversé son œil porcin céda à la flambée de la haine. Le Garzok rugit et s'approcha de nous d'un pas alerte, balançant le bras qui portait le Kikoup orque. Nerion et Kurag s'élancèrent vers lui, les deux fines-lames étaient, à mon humble avis, largement de taille à tenir tête au chef d'escouade Garzok. Gloraël, quant à lui, s'acharnait à tenter d'aider Siiwih à se redresser.
Il ne restait que moi, le ménestrel-roublard, ni grand magicien ni excellent guerrier, juste une espèce d'opportuniste touchant à tout et doté d'un grand cœur. Celui-là même qui me torturait à présent car au travers des flammes rugissantes, je voyais Sirius au prise avec les orques et la cavalière, seul contre tous. Je me creusai la tête :
(Comment pourrai-je aider le pirate avec ce mur de flamme dressé entre nous ?) Je ne pouvais que voir, sans agir. L'idée me vint soudainement. Je pouvais voir... donc je pouvais agir. Sans attendre, je fixai mon attention sur un des Garzoks, un gros orque en fourrure qui se tenait non loin du couple ennemi. J'accumulai prestement le fluide venteux en moi et tendai les mains vers ma cible. Je commençai à psalmodier, à mi-voix, une ode en langue Kendranne, alors que ma magie d’air s'échappait de mes doigts en serpentant, sous la forme de minces fils d'argent quasi-invisibles pour moi, totalement pour les autres. "Les fils du marionnettiste" était une de mes bottes secrète et ici, elle me semblait être mon seul espoir pour apporter mon soutien à Sirius.
(((Envoutement : Le ménestrel entonne une mélodie séduisante qui transforme la cible en un serviteur loyal et obéissant à tous les ordres durant plusieurs tours. lvl de la cible<lvl-1 du ménestrel. L'effet dure [lvl du sort]/3 tours si le ménestrel décide de continuer cette action et qu'il réussit ses jets de réussite d'action.)))