Merilian semble... contente que je m'intéresse à elle, son ton devient d'un coup d'un seul plus énergique quand elle m'explique qu'en effet, son rôle n'est pas des plus simple, loin de là. Elle me confirme que son rôle n'est pas des plus aisés mais je ressens la ferveur en elle. Elle paraît totalement sincère et je comprends être en face d'une dévote, ce qui ne me dérange pas.
Je ne feinte pas non plus et éprouve un réel respect, l'amour d'un fils pour son père, envers Phaïtos. C'est à ce moment que je comprends que Merilian et moi seront lié, d'une manière ou d'une autre. Avant que je n'ai le temps de parler, elle continue sur sa lancée et m'affirme pouvoir seulement faire revivre des squelettes, sans qu'ils ne puissent être autre choses que des pantins sans âme.
"En ce cas, vous pourrez compter sur moi, ma Dame. Ma dévotion est sincère et je ne manquerais pas de vous aider, autant que faire ce peut, dans votre tâche." lui affirmé-je, la résolution se faisant entendre dans ma voix.
C'est à ce moment qu'elle bifurque et laisse s'avancer à mes côtés l'homme qui relève quelque peu sa capuche... enfin, peut-on vraiment considérer cette chose comme un homme.... C'est à un squelette que je fais face. Au début, je ne parviens pas à dissimuler ma surprise mais me reprend sitôt, affichant un air amical.
Il se présente sous le nom de Gauwin et je le salue d'un bref mouvement de tête avant d'ajouter :
"Eh bien ! En voilà une singulière personne. Mais c'est de par Sa volonté que vous êtes ici et je ne puis que respecter Sa décision. Phaïtos, loué soit-il, a forcement besoin de vous sur Yuimen. Je suis enchanté de vous connaître, quoique un peu surpris, je ne mentirais pas."
C'est là que je constate que nous sommes arrivés devant les portes de Darhàm... Plongé dans la conversation, je n'y avais pas fait attention mais maintenant que je vois les portes se dresser devant moi, ma bouche devient sèche et des frissons parcourent mon échine.
De mauvais souvenirs remontent à la surface de ma conscience, m'arrache à ma bonne humeur et me plonge aussitôt dans une attitude plus distante, inquiète... Je sais être plus fort qu'avant mon départ de ce cloaque mais... mais... je n'arrive même pas à me l'expliquer pourtant je ne veux pas y retourner.
Mon visage se pare d'un air sombre, mon sourire s'efface au profit d'une grimace haineuse... Cette ville qui m'a vu grandir ne mérite pas d'exister... elle doit brûler, elle et ses habitants. Je sens l'influence du fluide sombre mais le repousse, pour le moment. Je me revois fouler ces rues sales, en tant qu'esclave, privé de liberté, privé de vie. Instinctivement, les fluides s'accumulent dans mes mains... Je revois en image le bordel qui m'a privé de mon enfance, les traits durs de ce maître intransigeant qui me possédait, corps et âme.
"Ce détritus doit être rayé de la carte." dis-je d'une voix désincarnée, comme si ma colère avait été, le temps d'un instant, pourvue d'une voix propre.
Je sais néanmoins devoir faire bonne figure. Celle qui se présente sous les traits de la Gardienne du culte de Phaïtos ne va pas tolérer que je tue ceux que je considère comme des cafards comme je le voudrais, avec moult souffrance... J'essaie donc de dissimuler mes réelles émotions et inspire un grand coup. Je sais que je reviendrai un jour, que je les tuerais tous jusqu'au dernier. Et chaque mort sera marquée du sceau d'une souffrance inimaginable, mais le moment n'est pas encore venu.
J'arbore un air sombre alors que j'approche des portes, lâchant à l'encontre de mes accompagnateurs :
"Faisons au plus vite. Ce cloaque lacère mon âme, la met au supplice. Je n'ai qu'une envie, faire brûler ces taudis, alors hâtons-nous, pitié."
Cette promesse que je me suis faite, je compte bien la tenir. Edward Tatch et ses sbires y passeront tous. Ed va être celui pour qui la douleur sera la plus forte. Je me plais à l'imaginer supplier pour sa mort, je déguste l'idée de l'entendre hurler comme un goret, toute la nuit. Mais je repense aussitôt aux dires de Merilian et sait que j'ai les mains liées. Je devrais attendre mon heure, attendre d'être seul... Puis, dans une ruelle sombre, dans une cave secrète, ou tout autre endroit propice, Justice sera faite. Une justice pourpre, dégoulinante de mal et de haine.
Je sais très bien que cela ne m'aidera pas à aller mieux, tout comme la mort de mes parents. Pourtant je sais aussi devoir le faire. Je me raccroche à cette pensée jouissive d'une vengeance à venir, cela m'aide pour l'heure à tenir mon rôle, celui de Messager des corbeaux.
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Merci à Inès pour cette magnifique signature !
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