"Bien, on fait une pause, le cent lames est encore nettement plus complexe !"
Après une série d'étirements et une pause rafraîchissante plus que nécessaire, nous reprenons notre entraînement. Maeric tient à ce que nous nous échauffions avant de débuter l'exercice suivant. Nous enchaînons donc une série de mouvements de manière à préparer nos muscles à un rude effort.
"Pour cent coups, nous allons procéder en deux étapes. La première travaillera sur le ki qui est ici au coeur de la méthode. La seconde étape on travaillera avec les armes, ce qui te permettra d'imaginer un peu ce que cette technique te permettra en combat réel.
La première partie s'avère directement la plus complexe et de loin. Contrairement à d'habitude où j'expulse le ki hors de mon corps, il s'agit ici de le mobiliser à l'intérieur de mes muscles. Selon Maeric, c'est à moi de sentir comment faire, parce que cela dépend de chaque personne. Certaines imaginent une boisson s'infiltrant dans les muscles et ressentent même la sensation de liquide à l'intérieur du corps; d'autres ont besoin de contracter tour à tour chaque muscle comme pour attirer le ki à l'intérieur.
Ce n'est qu'au bout de plus d'une heure, que je parviens à trouver ma technique, à l'aide d'Anouar. Celle-ci glisse une simple image dans mon esprit : le fouet dans le désert de l'Est, voici déjà de longs mois. Sous la douleur, tous mes muscles s'étaient contractés, comme gorgés d'énergie malgré l'épuisement. Il faut que je parvienne à retrouver cette sensation à l'identique. Ce n'est guère difficile tellement le souvenir de cet instant est cuisant, je ressens encore l'impact sur ma colonne vertébrale et le frisson qui parcourait tout mon corps juste derrière. L'effet est immédiat, contrairement à cette fois-là, je suis debout, libre et en pleine santé et mon ki semble danser sous ma peau, chatouillant chaque muscle de sa puissance.
"Bien, le plus dur est fait. Maintenant vas-y avec un sabre en cuir. Essaye de toucher ce mannequin le plus de fois possible, sans t'arrêter !"
Loin d'avoir la grâce d'une danseuse, je me lance sur le mannequin... que je prends en pleine tronche. Je me retrouve sur les fesses, sans trop avoir compris ce qui venait de m'arriver. Pas un rire de Maeric, juste un petit sourire et un encouragement de la tête. Cette chute semble être classique. Il faut que je parvienne au mieux à contrôler mon corps, doté désormais d'une rapidité nouvelle. Cet exercice, s'il est techniquement plus simple que les précédents, s'avère finalement tout aussi, voire beaucoup plus complexe. Non seulement l'effet du ki est à très long terme, mais de surcroît, il me semble très aléatoire dans les premiers temps.
"Ton Ki est mal réparti dans ton corps, c'est pour ça. Il faut qu'il soit uniforme sur tous les muscles, sinon certains muscles seront plus rapides que d'autres et c'est tout ton corps qui sera désordonné. Tiens, bois ça puis réessaye."
J'avale d'un trait le contenu de la petite gourde qu'il vient de me jeter. Le goût ne trompe pas, c'est une potion de ki, la cinquième minimum depuis le début de la journée. Je me reconcentre et tente de répartir mon énergie. En fermant les yeux et en me concentrant sur le toucher, je parviens à localiser exactement le problème. Le ki reste définitivement concentré sur la droite du corps, d'où il part, ne parvenant pas à se faire une place parmi les fluides qui dorment coté gauche. Après un bon quart d'heure d'essai, je parviens à endormir mes fluides dans mes tatouages -qui brillent dès lors étrangement -, pour laisser la place totale à mon ki, qui vient enfin s'infiltrer dans la jambe gauche et dans mon bras.
Une fois cet effort accompli, je peux revenir à une vue plus classique du monde et retourner à mon mannequin de paille. L'effet est immédiat, ma stabilité est désormais acquise et mon corps est nettement plus rapide. J'en viens à imaginer moult possibilités de courses après des chevaux ou autre, rapidement brisées par Anouar et surtout par l'arrêt de l'effet. Certes, il est puissant, mais il ne dure guère plus de quelques longues secondes, peut-être une minute, au maximum...
"Bien, ça sera suffisant je pense. J'ai bien mérité mes sous et vous avez bien mérité du repos. D'autant plus que le soleil se couche et que vous devriez partir au plus vite, si vous voulez faire ce que vous avez à faire avant le couvre-feu."
Je suis épuisée, éreintée, mais heureuse des cours, malgré leur prix pour le moins exorbitant. Je salue Maeric, ainsi que sa femme venue lui apporter le repas, et sors de la maison en direction de l'armurerie royale.
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Je suis aussi GM14, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha
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