L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 56 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Jeu 6 Aoû 2015 09:52 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 9 Mai 2015 13:21
Messages: 358
Kerem, le petit nerveux baille à s’en décrocher la mâchoire et s’étire avant de se lever. Il nous salue d’un signe de tête et s’en va se coucher, manifestement épuisé. Je le comprends, je commence moi-même à percevoir le contrecoup de mon arrivée dans ce monde et mes yeux commencent à s’emplir de sable. Mon père avait l’habitude de dire, lorsque j’étais petite, que cette petite sensation de picotement était due aux esprits du désert qui nous faisaient savoir ainsi qu’ils étaient prêts à entrer dans nos rêves pour nous emmener sur des mondes oniriques. Cette pensée impromptue me fait légèrement sourire, d’un petit sourire teinté de tristesse. L’homme qu’était mon père me manque.

Je salue cependant Kerem, revenant à l’instant présent et tourne mon attention vers Marthis qui prend la parole, m’expliquant que Methbe-el et Neo-Messaliah sont toutes deux les rejetons de Messaliah, probablement les survivants s’étant séparés en deux villes distinctes, frères mais pourtant ignorants l’un de l’autre, semble-t-il. Il confirme mes pensées en expliquant que c’est à ce moment que les sorciers sont devenus ce qu’ils sont : des êtres qui se retirent volontairement du reste des leurs, se cloisonnant derrière les murs de leur ville. Des on-dit argueraient qu’Ibn Al’Sabbar dirigerait encore la ville, devenu immortel grâce à Vâkkar Tï. Un dirigeant immortel pour une race qui ne l’est pas. J’en frémis, quelles pensées peuvent sortir d’un être comme lui, si cette histoire est vraie, un être qui n’est pas né pour l’immortalité ? Et que faire lorsqu’un tel être est assis sur le siège du pouvoir et que ses actions ne sont pas bonnes ? Je doute clairement de la sagacité de leur politique, du peu que j’en ai entendu, que ce soit du point de vue des femmes que de leur exclusion volontaire de leur ville sœur ou leur traitement des étrangers. Je garde cependant ces critiques pour moi, je n’ai pas à les prononcer à voix haute, étrangère nouvellement arrivée que je suis, et je ne possède pas toutes les cartes en main.

Il explique que personne n’a jamais vu le dirigeant que ses pairs gardent bien cloisonné derrière leurs murs, ainsi que tout savoir sur le feu du désert, ajoute-t-il en posant les yeux sur Zaria.

Il annonce alors très clairement sa réticence concernant l’idée de se rendre à Messaliah, refusant d’y mettre les pieds car elle n’est que ruines, dévastations, un lieu maudit. Il explique également que profaner les lieux est passible de mort.

Cette dernière affirmation me fait plisser les yeux. Tout ceci sent un nouveau secret qui prendrait sa source dans la cité détruite. On ne punit pas de mort l’entrée dans un lieu pour la simple raison qu’il n’est plus que ruine. On punit de mort lorsque l’on craint. Et que craignent-ils donc, ces sorciers de Messaliah ?

Ma curiosité est encore plus piquée, et la réponse de Zaria aux mots de Marthis m’enchante presque autant qu’elle me fait peur. Elle annonce, railleuse, que comme personne n’enfreint jamais les règles, personne ne saura jamais ce qu’il y a là-bas. Il semblerait que cette jeune femme et moi soyons sur la même longueur d’onde… Elle annonce qu’elle accepte de s’y rendre en ma compagnie, car ces lieux l’attirent au moins autant que moi, car il s’agit là de l’essence de son pouvoir et de la folie des sorciers.

Elle tend alors la main vers moi, comme pour sceller un nouvel accord. Je prends sa main, plongeant mes yeux dans les siens.

- J’en serais honorée, Zaria, et je t’en remercie. Ce lieu m’intrigue, je pense qu’il y a là-bas bien plus que de simples ruines, pour qu’il nécessite tant de précautions afin que personne ne s’y rende.

Je retiens un bâillement avant d’annoncer à mon tour :

- Je crains d’être moi-aussi victime du sommeil, y aurait-il d’aventure un lieu où je pourrais me reposer durant la nuit ?

Je m’apprête à me rendre dans l’endroit qu’ils m’indiqueront, que ce soit une simple paillasse à même le sol ou un lit douillet, car tous deux me paraîtront aussi accueillants. En vérité, je n’ai pas dormis dans un vrai lit depuis… Depuis le massacre des miens.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Ven 7 Aoû 2015 14:05 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Methbe-el – Alentours directs.

    Zaria inclina la tête aux paroles de Charis, et commenta brièvement, devant l’air sombre de Marthis qui semblait ne pas apprécier des masses l’idée.

    « Alors nous y partirons lorsque ton laisser-passer pour l’entretien avec les Sorciers sera marchandé, demain. »

    Elle se lève, féline, et dans des pas de velours, rejoint la tente commune, assez basse, et remplie de couches sous forme de coussins et de couvertures. Marthis et la princesse du désert restent seuls autour du feu de camp, et il répond lui-même à la dernière question de Charis.

    « Notre tente est la tienne. Ils ne te laisseront pas entrer à la tombée de la nuit. »

    Il indiqua la tente où Zaria venait d’entrer, et y fit pénétrer Charis de même, avant de s’y glisser à son tour. Les paillasses, confortables quoique sommaires, étaient les unes contre les autres. Un silence régnait dans la tente, coupé par les ronflements d’Ezereb, les agitations nocturnes de Kerem et, assez vite, les grognements rauques de Marthis.

    ***


    Alors que le soleil était déjà levé, Marthis tira Charis de son sommeil en lui secouant légèrement l’épaule.

    « Debout là-dedans, c’est le jour ! »

    Il laissa la demoiselle émerger, et lui proposa pâtisseries très sucrées et thé aux effluves mentholées pour petit-déjeuner. Pendant celui-ci, et vu l’absence des trois autres lurons, il précisa :

    « Ezereb et Zaria sont partis rameuter la foule pour le spectacle dès l’aurore. Il ne devrait plus tarder à commencer. On pourrait les rejoindre, mais je me suis dit que tu serais peut-être plus intéressée par les marchandises qu’on peut proposer ici aux personnes en recherche d’aventure. Le Bazar de Khebet, une pointure locale, vu comme beaucoup comme le pseudo-dirigeant de la ville, comporte bien des objets étranges qui pourraient attirer ta curiosité. »

    Il lui laissa le choix libre de ses projets directs.

[Charis : XP : 0,5 (post). Mot : 1XP. – glacial.]

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Dim 9 Aoû 2015 17:31 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 9 Mai 2015 13:21
Messages: 358
Zaria m’annonce que nous irons le lendemain à Messaliah, après que mon laissé-passé pour la ville des sorciers aura été marchandé. Je sens mon sang battre plus vite dans mes veines à cette annonce, mais je reprends rapidement l’empire sur mon être. J’ai hâte d’y être. Sur ces paroles, la jeune femme du désert si lointain du mien et de laquelle je ne puis m’empêcher de ressentir une certaine affinité se lève afin d’aller à son tour se coucher dans la tente, me laissant seule avec Marthis. Ce dernier ne semble pas apprécié nos parles, et j’espère qu’il ne nous en tiendra pas rigueur. Je lui adresse un léger sourire que j’espère rassurant.

Le géant me dit que leur tente est également la mienne car je ne pourrais pénétrer dans la cité au beau milieu de la nuit. Je hoche la tête en signe de remerciement et suit Marthis à l’intérieur. La tente est commune, et relativement basse par rapport aux grandes tentes que nous avions dans le camp du Kel Asheara. Cependant je n’y accorde guère d’intérêt alors que je m’allonge, reconnaissante, sur l’une des paillasses, qui me parait alors aussi douce qu’un lit de plumes.

Je m’enfonce bien vite dans un sommeil. Mais est-ce ma présence dans un désert sur une autre planète qui éveille cet écho familier que je peine à refouler au fond de moi ou ce récit que je leur ai fait de mon histoire ? Toujours est-il que je m’enfonce dans le sommeil pour pénétrer dans des souvenirs profondément enfouis.

*


D’abord le visage de ma mère. Les turquoises de ses yeux sont posés sur moi. Souvent mon père me dira que ces mêmes yeux m’ont été transmis, que le bleu poupon laissât place au bleu vif en l’honneur d’une mère trop vite partie afin qu’à chaque fois que je me contemplerai dans le miroir, elle puisse me voir également. Mais ce souvenir-là appartient au futur bien plus lointain de mes premiers cris. Ce visage, flou, éthéré, me sourit par-delà le berceau, me transmet cette bribe d’amour qui déjà s’étiole, emportée par la mort avant même d’avoir vécu.

*


Le visage, exsangue, de mon fiancé. Grand même dans la mort, allongé sur les tapis qu’il imbibe de carmin, ses lourdes robes maculées de sang coagulé. Quelques fils blancs parcourent ses cheveux, mais il ne semble pas si vieux. De quelle couleur étaient ces yeux, que son gisant me ferme ? Je m’approche légèrement afin de contempler ce visage que je n’apprendrais jamais à connaître, ni à accepter à mes côtés. Encore un être mort avant que je ne le connaisse.

Deux pas plus loin, le corps de mon père, décapité. J’ose ce que je n’ai pu faire et m’agenouille auprès de son cadavre encore chaud. Je prends sa main dans la mienne, sa main rougie que je porte à mon front et je pleure. Je pleure ce frère que j’ai quitté sur une dispute, je pleure cette mère qui ne m’a jamais bercée et je pleure ce père partit trop tôt. Je m’agrippe à sa main alors que les larmes s’écoulent, que ma vue se brouille. Je pleure ma famille, je pleure ces êtres qui ont suivi mes premiers pas, ces précepteurs, ces hommes et femmes qui m’ont choyée, qui m’ont servie. Bahia… Mes larmes se transforment en sanglots erratiques, hystériques, le visage enfoui dans ses robes. Je pleure mon clan, tous ces êtres massacrés, tous ces êtres qu’il m’incombait de protéger et que j’ai fuis, me rendant sur un autre monde. Que ce serait-il passé si j’avais décidé de resté ? Les aurais-je rejoints dans la mort ? Y avait-il un moyen pour moi d’en sauver certain, de ne pas les abandonner à leur sort… ?

Lâche.

Je relève la tête, mais je ne vois rien, tout est flou autour de moi.

Lâche.

C’est la voix de mon père, murmurée par le vent du désert. Je ne suis plus sous leur tente, mais perdue au centre d’un désert de feu avec les cadavres de mon père et de mon fiancé. La main que je tiens se referme soudainement sur la mienne et dans un cri je tente de la retirer. Mais c’est vain, le gisant de mon père referme sa force sur moi.

Lâche…

Une autre voix, et je me retourne vers mon fiancé Il a les yeux ouvert, d’un noir abyssal et les darde sur moi. Il est assis, du sang s’écoulant de sa gorge tranchée.

Tu as abandonné les tiens…

Je me recroqueville sur la main de mon père, tâchant mon visage et mes vêtements de sang. Lâche.

*


Je me réveille en sursaut et pour la première fois de ma vie ma main inconsciente recherche la garde de mon épée. Et brusquement mon esprit revient à lui. Je vois Marthis, au-dessus de moi.

« Debout là-dedans, c’est le jour ! »

Je cligne des yeux, me rappelant ma présence dans un monde inconnu, dans un désert si loin du mien.

Mon père, mon fiancé… Mes mains se resserrent sur ma cape jusqu’à ce que les jointures blanchissent, jusqu’à ce que je sente mes ongles au travers du tissu. Je me force à hocher la tête alors qu’il me propose des pâtisseries et du thé et ravale une bouffée de larmes lorsque je me rend compte qu’il s’agit exactement des mêmes mets que l’on servait chez moi, que j’ai mangé il y a quelques jours à peine, avant que…

Mes mains se resserrent de nouveau sur le tissu alors que je lutte pour refouler mes pensées, me concentrant sur ses paroles que je ne comprends pas tout de suite. Il m’explique qu’Ezereb – le moustachu – et Zaria sont partis rameuter la foule pour le spectacle. Pour écoute mon histoire. Il m’invite alors à les rejoindre, à moins que je ne désire m’intéresser aux marchandises proposées au Bazar de Khebet.

J’ai conscience que les rémanences de mon cauchemar doivent être encore visibles sur mon visage, probablement plus pâle et hagard qu’il n’a jamais été. Cependant je tente de regagner un port plus digne lorsque je lui réponds, hochant la tête pour le remercier.

- Je… pense que je préfèrerais aller au Bazar de Khebet, dis-je, avant d’ajouter avec un semblant de sourire d’autodérision. Je crains un accueil glacial du public à mon histoire si étrangère.

Un mensonge. Marthis le percera sans doute à jour, mais je ne peux parler de ce que j’ai vu…

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Mer 12 Aoû 2015 14:01 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Methbe-el – Bazar de Khebet.

    Marthis avait remarqué le malaise de Charis. Il préféra ne rien commenter jusqu’à ce qu’ils soient partis du campement, préservant le possible besoin d’intimité et de réflexion de la princesse tourmentée. Ce ne fut que lorsqu’ils pénétrèrent finalement les rues animées de Methbe-el, parcourues de nombreuses personnes, typées du désert, de toutes origines sociales, ou ayant la peau aussi pâle qu’un ciel grisâtre d’hiver, à la bouche parfois recouverte d’un tissus protecteur, comme s’ils avaient des problèmes de respiration. Enfants, adultes et vieillards se côtoyaient dans une joyeuse cohue, qu’il commenta son état.

    « Je ne crois pas qu’ils restent froids face à une histoire tragique comme la tienne. Elle toucherait au plus profond n’importe quel être, ici. »

    Puis, après plusieurs centaines de mètres de marche et de silence, il précisa :

    « Les pensées sont parfois mieux dehors que dedans. Alors s’il te faut une oreille pour partager tes peines, que je sois celle-là. »

    Ils ne tardèrent plus à arriver à une bâtisse assez grande, et qui semblait plus… solide que les autres, qui n’étaient bien souvent que des tentes et auvents tendus le long de murs qui ne soutenaient aucun bâtiment fixe. Comme si la cité était en perpétuel mouvement, déménagement, à l’intérieur même des murs de la cité. Une foire, un marché continu. Mais la bâtisse du Bazar de Khebet n’était pas comme ça : fixe, elle était à la fois plus haute et plus imposante que chacune des échoppes que Charis avait pu croiser là. Nul doute que ce Khebet était un commerçant de qualité, ayant creusé son trou dans la cité. Ils pénétrèrent donc l’édifice, dont le sol était de marbre, et les murs décorés de curiosités : livres et éléments décoratifs divers et parfois incongrus.

    Image


    Le propriétaire des lieux ne tarda pas à se faire connaître, et d’entrée de jeu, Charis ne put s’empêcher de noter une légère ressemblance avec Ezereb. La moustache, sans doute.

    Image


    L’homme les regarda entrer, silencieux, et derrière un sourire caché partiellement par sa moustache, accueillit ses invités.

    « Bienvenue au Bazar de Khebet. Que puis-je faire pour vous ? »

[Charis : XP : 1 (post) + 1 (rêve). Mot : 1XP. - mollement.]

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Jeu 13 Aoû 2015 14:59 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 9 Mai 2015 13:21
Messages: 358
Toujours un peu secouée des vérités recelées par mon rêve, j’emboite le pas de Marthis et le suit jusque dans les rues de Methbe-el. Elles sont faites de quelques bâtisses en dur et de nombreuses toiles dressées là où chez moi, peuple nomade, nous vivons dans de grandes tentes. Mais encore une fois, cette ville n’est pas sans me rappeler mes contrées avec une acuité presque douloureuse après la nuit que je viens de passer. Le géant si doux me glisse quelques mots alors que nous marchons de concert, m’indiquant délicatement qu’il a saisi mon état. Comment ne pas le voir ?

« Je ne crois pas qu’ils restent froids face à une histoire tragique comme la tienne. Elle toucherait au plus profond n’importe quel être, ici. »

Je ne réplique cependant pas, une boule coincée dans la gorge. Je sais que si je prononce le moindre mot, cette façade que j’arbore se fragilisera, se fendillera, elle qui est déjà si ténue. Alors, durant la centaine de pas que nous faisons côte à côte, le géant et la princesse d’un désert lointain, je refoule consciencieusement chacun de ces souvenirs, chacun de ces doutes et les mure derrière un masque fermé. Cependant, comme si Marthis, ce si bon Marthis, avait compris ce que j’étais en train de faire, finit par ajouter :

« Les pensées sont parfois mieux dehors que dedans. Alors s’il te faut une oreille pour partager tes peines, que je sois celle-là. »

Tout en continuant à marcher, je tourne la tête vers lui en esquissant un léger sourire, qui, s’il ne se transmet pas à mes yeux, les teinte tout de même de reconnaissance. Je pose une main légère sur son bras, pour appuyer mes propos.

- Je crains que ces sentiments ne soient mieux enfouis pour le moment car je les crains trop, mais je te remercie, Marthis, sincèrement.

Puis j’ajoute, avec une gaité feinte :

- Et puis, il serait dommage qu’un état d’apathie en ressorte et que j’accueille mollement le dignitaire de Neo-Messaliah.

Mon regard curieux se pose sur les habitants, car si certains présentent la carnation foncée qui semble être l’apanage des déserts, j’y aperçois également des personnes à la peau pâle, grisâtre et à la bouche parfois recouverte d’un tissu. Les fameux Hommes Pâles, je suppose. Il y a là tous les âges rassemblés, qu’ils soient jeunes ou vieux, riches ou pauvres, hommes ou femmes.

Nous arrivons finalement devant une bâtisse plus grande dans un sensible meilleur état que les autres. Si le reste de la ville fluctue au gré des allées et venues, cette bâtisse est assurément le pilier autour duquel tout gravite. Je touche inconsciemment la petite besace que je garde dans mes vêtements, qui contient les bijoux que j’y ai glissés en hâte lors de ma f…

Devant moi se dresse donc clairement le Bazar de Khebet. L’ensemble est grand et impressionnant, et, en vérité, il s’agit d’un des plus grands bâtiments qu’il m’ait été donné de voir en vrai – si l’on omet ma trop rapide excursion entre les murs d’Oranan. L’homme, ce Khebet, doit être un commerçant parmi les commerçants, un troqueur parmi les troqueurs. Le sol qui nous accueille est de pierre brillante et lustrée et les murs décorés d’objets divers, parfois étranges.

Un homme s’approche de nous, pourvu d’une moustache relevée vers le ciel qui n’est pas s’en rappeler celle de ce cher Ezereb que j’avais si mal jugé au premier abord. Il nous salue, demandant ce qu’il peut faire pour nous.

J’incline la tête en signe de salutation.

- Bonjour, je me nomme Charis Kel Asheara. Je viens d’un lieu fort lointain et ce que j’ai entendu dire de votre Bazar a fait plus qu’éveiller ma curiosité, aussi je suis venue la satisfaire. Je possède quelques bijoux, si d’aventure cela vous intéresserait de les troquer. Je chercherais en priorité des armes ou armures ou tout autre objet pouvant me servir lors de périples. Si d'aventure vous auriez des objets dont vous êtes particulièrement fier ...

Enrichie de ma récente rencontre avec le quatuor, j’ai évité cette fois de mentionner mon ascendance, tout en précisant que j’avais les moyens de troquer quelques petites choses au cas où je trouverais d’aventure quelque chose qui attire ma convoitise. Pas plus que je ne mentionne de sel, pour éviter d’autres quiproquos. J’espère que cette présentation aura suffi, mais la présence de Marthis à mes côtés me rassure, je suppose qu’il ne me laisserait pas commettre d’impair.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Dim 23 Aoû 2015 13:57 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Methbe-el – Bazar de Khebet.

    Marthis était resté silencieux depuis leur arrivée chez Khebet, saluant simplement d’un courtois signe de tête le propriétaire des lieux, à l’éternelle moustache. Avec son accent aux couleurs du désert, aux r roulés sur sa lipe, il répondit à l’unique descendante du Kel Asheara.

    « Je suis toujours ravi de faire affaire. »

    Ses yeux luisaient devant les bijoux qu’elle venait de lui présenter. Apparemment, ça avait l’air de plutôt lui plaire. Il s’en alla sans plus un mot derrière l’un des comptoirs de sa boutique, et commença à y étaler plusieurs pièces, les commentant brièvement en les posant sur le bois lustré de l’établi marchand. La première était une lame courbe à une main.

    Image


    « Voici une lame courbe forgée par le meilleur artisan de Methbe-el. Neuve et incrustée d’or, son tranchant est… tranchant. »

    La seconde une arme étrange, une sorte de bâtarde à lame courte mais large, pouvant être tenue tant à une main qu’à deux.

    Image


    « Celle-ci est unique ! Une lame garde de l’Antique Messaliah. Nul ne sait comment elle a pu arriver ici. »

    Son sourire masqué par la pilosité noir de sa moustache en révélait plus qu’il ne disait, cependant… Il poursuivit en sortant une lame fine marquée d’écritures étranges.

    Image


    « Celle-ci m’a été échangée par un aventurier homme pâle qui la tenait lui-même des hommes de l’Ouest. Il disait l’avoir trouvée sur les plages chaotiques d’Ouesseort. Elle possède de mystérieux pouvoirs… »

    Il posa à côté un arc de bonne facture, sans le commenter toutefois.

    Image


    Il ouvrit une vitrine dissimulée pour sortir les pièces suivantes, apparemment d’une facture supérieure encore à celles qu’il avait présentées avant.

    Image


    « Une rapière forgée à Neo-Messaliah, par les Cadi Yangin, habitée du Feu du Désert. Très belle pièce. Très chère. »

    Il posa à côté un sceptre d’1m50 de haut, terminé par un croissant d’or.

    Image


    « Le sceptre personnel d’un puissant Cadi Yangin, échangée ici contre d’autres denrées dont je tairai la nature… Il donnerait tout, sans doute, pour le récupérer : c’est un objet d’une grande puissance. »

    Il gratta sous sa coiffe avant de préciser :

    « Hmmm, il me reste bien une hache ou deux, des lances et des targes épaisses, mais cela ne semble guère convenir à une dame. Voyons les armures… Là encore, je n’en ai guère beaucoup qui sauraient convenir à une charmante demoiselle. »

    Ses flatteries n’avaient d’égal que sa verve marchande. Elles en étaient d’ailleurs la raison. Il disposa deux pièces sur un autre étal. Une cotte de maille un peu terne, mais d’apparence solide et légère.

    Image


    Et juste à côté, une pièce qu’il manipula avec la plus grande précaution. Une armure qui semblait faite dans un métal bleuté aux bordures d’or, constituée de multiples plaques superposées et articulées qui la rendaient aussi solide que souple, et lui donnait une apparence de plumage délicat. Un objet d’une grande qualité, qu’il commenta bien plus que la première armure.

    « On dit qu’elle appartint autrefois à une garde d’élite de Messaliah, qui lors de la catastrophe sauva maints habitants de la destruction de l’antique cité. La légende dit que Vâkkar Tï vit sa colère enflammée apaisée à la vue de ce geste noble, et qu’il récompensa le courage et l’empathie de la guerrière en enchantant de pouvoirs puissants son armure. Elle est décédée depuis longtemps, maintenant, mais l’histoire de ses actes perdure avec son armure… »

    Et nul autre endroit que le bazar le plus prestigieux du désert pour la posséder à son tour. Ce Khebet ne semblait pas manquer de ressource. Il fit cependant déchanter un peu Charis…

    « Maiiis je doute que vous ayez de quoi l’échanger. C’est une relique de mon peuple, témoin de temps ancestraux, et de la valeur des Femmes du Désert. »

    Il la laissa là et sortit divers objets hétéroclites, dont il ne commenta que deux, au milieu de babouches de marche, de sacs de cuir fauve, d’habits et de chèches confortables, de voyage ou d’apparat.

    Le premier fut un petit encensoir portatif, fait de cuivre doré.

    Image


    « Un encensoir des rites des Cadi Yangin, libérant une fumée les menant vers une transe puissante. La résine qu’elle consomme est fournie avec. »

    Le second une petite clé étrange au bout d’une chaine, de couleur rouge flamboyant cerné de bronze.

    Image


    « La fameuse Clé de Sol, qui saurait percer les secrets antiques d’Ibn Al’Sabbar. Pour qui aime braver les interdits…. »

    Son sous-entendu fit tiquer Marthis, qui ne se prononça pas plus, cependant, laissant à Charis le temps de la réflexion.

[Charis : XP : 1 (post). Mot : 1XP. - imbriquer.]

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Dim 23 Aoû 2015 18:48 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 9 Mai 2015 13:21
Messages: 358
Marthis n’a pas prononcé un mot depuis notre arrivée au marché et s’est contenté de saluer le propriétaire des lieux d’un simple signe de tête. Ils semblent se connaître, au moins un minimum. Est-ce encore un de ces lieux où tout le monde se connaît ?

Le marchand me répond avec ce doux accent des hommes du désert, indiquant qu’il est toujours ravi de faire affaire. Visiblement, les bijoux que je lui montre semblent attirer son attention. Bien.

Sans un mot, il s’en va derrière l’un des comptoirs de sa boutique afin d’y étaler plusieurs objets devant lesquels j’écarquille les yeux. Lorsque je lui demandais des objets dont il était fier, je ne m’attendais pas à un tel étalage. Non pas que cela me dérange, soit dit en passant.

Le premier objet est une épée étrange à la lame recourbée et d’un gris foncé presque noir. Plusieurs ornements en or la parcourent. Il m’explique que c’est une arme forgée par le meilleur artisan de Methbe-el, qu’elle est neuve et particulièrement tranchante. Je n’en doute guère en vérité. Elle est belle, mais je vois dores et déjà qu’elle n’est pas du genre d’armes que j’aurais plaisir à utiliser. Elle est trop… barbare.

Je hoche la tête et nous passons à la lame suivante, une sorte d’épée à la lame très épaisse mais relativement courte qui semble pouvoir être tenue autant à une main qu’à deux. Du moins pour quelqu’un ayant plus de force que moi, car je la trouve bien impressionnante et je doute de pouvoir faire plus de deux moulinets avec sans avoir des crampes. Khebet m’annonce qu’elle est la lame de garde de l’Antique Messaliah et que nul ne sait de quelle façon elle est arrivée en ce lieu. Le détail est intéressant, néanmoins. Un petit frétillement de sa moustache sous entend qu’il en sait plus qu’il ne le dit, mais je me garde de le presser plus, me rappelant que tout ici a un prix, même une simple question sur l’histoire d’une lame.

La suivante est une épée magnifique, ouvragées comme celle des héros des légendes. Des inscriptions étranges se trouvent gravées sur sa lame et sa garde et magnifiquement ouvragée. Encore une fois, elle est sublime, mais trop lourde je le crains pour mon bras. Selon Khebet, il l’a en sa possession en raison d’un échange avec un homme pâle qui la tenait lui-même d’un homme de l’Ouest. J’ignore malheureusement à quoi il fait référence, mais il semblerait qu’elle vienne des plages chaotiques d’Ouesseort et posséderait de mystérieux pouvoir. Je frémis mais n’en doute guère.

Il me montre également un arc que je regarde à peine et qu’il ne commente pas plus. C’est assurément une pièce magnifique, mais mes talents d’archer sont plus que douteux.

A la lame suivante, cependant, je ne puis empêcher mes yeux de s’écarquiller légèrement. L’épée est juste… sublime. Magnifique. Il s’agit d’une fine rapière à la lame d’or et d’un métal poli de rouge, d’orange et de jaune, comme si un feu intérieur l’habitait. La garde est d’or admirablement ouvragé et le pommeau représente une créature ailée semblable à un lion possédant une tête d’aigle. Sublime. J’entends à peine Khebet me dire qu’elle a été forgée à Neo-Messaliah par les Cadi Yangin et qu’elle est habitée du Feu du Désert. Mes yeux se plissent cependant à ses dernières paroles. Elle est très chère. Je n’en doute pas, mais à quel point ?

Je m’arrache avec peine de la lame pour passer à côté d’un sceptre un peu plus petit que moi au manche bleu et or achevé par un croissant de lune orné de pierres rouges. Il serait le sceptre personnel d’un puissant Cadi Yangin qu’il aurait échangé contre des denrées que le marchand ne souhaite énumérer. Ce fameux sel ? Sans doute. Selon lui cet homme serait avide de la récupérer. Cette information n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde, n’est-ce pas auprès de ces gens que je me rends ? Une monnaie d’échange serait la bienvenue.

Il annonce alors qu’il lui resterait encore quelques armes, mais qui ne seraient pas adaptée à ma personne, ce dont je ne doute pas au jugé du choix qu’il vient de m’offrir. Il me montre alors une cotte de maille à l’aspect terne, mais assurément solide et légère. Je fronce légèrement les narines à cause de l’odeur du métal. Enfin, si elle est solide…

Cependant la pièce à côté attire mon regard autant que la rapière. Il s’agit d’un métal bleuté aux bordures d’or fait de multiples plaques de métal superposées et articulées qui la rendent plus solide et plus souple, lui donnant l’apparence d’un léger ornement. Elle est sublime elle aussi et j’admire son bleu, chacun de ses éclats et de ses reflets, me retenant avec peine de la touche, de la manipuler.

Cette armure aurait autrefois appartenu à une garde d’élite de Messaliah qui parvint à sauver maints habitants de la destruction de l’antique cité. Vâkkar Ti, celui qui fut la destruction de la cité fut apaisé par le geste de cette femme qu’il récompensa en enchantant de pouvoirs puissants sont armure. La femme serait à présent décédée, mais son histoire perdure avec cette armure.

A ses paroles, mes mains se crispent et les larmes me montent soudainement aux yeux. Cette garde est parvenue à faire ce que je n’ai pas pu : sauver son peuple, ou une partie. Là où moi je n’ai pu que fuir, que partir au loin, sur cet autre monde où je me retrouve face à son histoire. Je dois y retourner, je dois survivre et retourner dans mon désert et rassembler les lambeaux du Kel Asheara s’il en reste, découvrir qui nous a ainsi trahit…

Ma main, sans que je ne la maîtrise, se lèvre et effleure l’armure. J’entends Khebet me dire qu’il doute que j’ai de quoi l’échanger car c’est une relique de son peuple, témoin de temps ancestraux et de la valeur des Femmes du Désert. Cette dernière formule me fait relever les yeux. Les valeurs des Femmes du Désert. Oui, ça, je connais, je sais. C’est selon ces valeurs que j’ai été élevée, et n’est-ce pas pour celles-ci que je me retrouve sur ce monde étranger, au-delà des éons, afin de tenter de sauver ce qui peut l’être ? Car oui, c’est une chose que j’ai comprise hier soir. Je ne me battrais pas pour les dirigeants d’Oranan, d’Omyre ou pour une quelconque guerre mesquine. Je me battrais pour le peuple, quel qu’il soit. Pour celui d’Oranan, qui appartient à mon monde d’origine, de la même manière que les orques d’Omyrhy. Car eux aussi ne sont-ils pas simplement les instruments du pouvoir ? Mais je les combattrais si la nécessité se fait, sans faillir. Pour eux, et pour ces gens du désert, si proche et si loin de moi. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher que ne se répandent les cohortes de sang et de mort.

C’est avec ce même regard déterminé que mes yeux glissent sur un encensoir portatif qui appartiendrait aux rites des Cadi Yangin, menant vers une transe puissante, fournie avec la résine. C’est une chose qui ne m’intéresse guère, j’ai toujours appris à ne pas fricoter avec ce genre de substance que je ne maîtrisais pas.

Le dernier objet parvient à éveiller mon intérêt, bien que mon esprit brûle toujours de cette même hargne née de la vision de cette armure. Il me montre une clé pendue autour d’une chaîne, faite de bronze et d’un flamboiement.

Il m’annonce qu’elle est la Clef de Sol et percerait les secrets antiques d’Ibn Al’Sabbar. Pour ceux qui aiment à braver les interdits.

Pour ceux qui aiment à braver les interdits.

Je relève une nouvelle fois les yeux sur lui et je sais que dans mes yeux flamboie ce même feu qui brûle dans le désert et dans cette rapière.

- Les objets que vous avez, Maître Khebet, sont au-delà de mes espérances et s’avèrent être particulièrement magnifiques. Votre magasin a des allures de caverne aux milles trésors et j’admire le talent qui les a ainsi savamment assemblés. Cela me rappelle une petite comptine que l’on narre sur mes terres, d’un poète nommé Pawl Valairie :

« Choses rares ou choses belles
Ici savamment assemblées
Instruisent l'œil à regarder
Comme jamais encore vues
Toutes choses qui sont au monde »


« Certains de vos objets ont cependant plus attiré mon regard, à l’image de ce sceptre, de cette rapière et de cette clef qui semble faite pour s’imbriquer dans un chas bien étrange. Quel en serait leur prix ? Je gage que des bijoux venus d’un autre monde pourraient attirer l’intérêt d’un collectionneur tel que vous.

L’étincelle malicieuse à l’œil, je souligne mes propos en sortant plusieurs bijoux que j’expose à mon tour sur le comptoir. Nombreux sont les bijoux d’or, mais il y en a également certains d’or blanc et la plupart sont ornés de pierres plus ou moins précieuses, allant de la pierre de lune au rubis en passant par l’émeraude, au saphir ou encore au diamant. L’un d’eux, particulièrement beau, est même orné d’une perle de San Divyna. Tant de futilité… Ces objets me paraissent si dérisoires après tout ce que j’ai vécu… Je n’en montre cependant rien en en faisant légèrement l’étalage. Je suspends soudainement mon geste.

- Que peut faire une Femme du Désert pour prouver sa valeur ? Je viens d’un désert fort lointain qui se trouve sur un autre monde. Mon histoire a été racontée à cet homme (j’indique Marthis en lui adressant un léger sourire) ainsi qu’à trois autres personnes, dont Ezereb qui doit la conter à votre peuple.

Mon cœur bat fort dans l’attente de sa réponse, je le sens marteler ma poitrine. Je ne quitte pas ses yeux, mais je vois du coin de l'oeil le flamboiement de la rapière et les reflets bleutés de l'armure.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Mer 26 Aoû 2015 11:31 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Methbe-el – Bazar de Khebet.

    Khebet s’inclina devant l’habile compliment de la princesse du désert, satisfait de son propre effet, mais pas dupe devant la flatterie pour autant. Car vinrent alors les heures du marchandage, et il jaugea d’un œil critique les bijoux fastueux que sa cliente lui présentait. Sa première réponse était sans appel :

    « Vos choix sont judicieux, ce sont là mes plus belles pièces. À la fois les plus rares et les plus chères. Vous comprendrez qu’il s’agit là de pièces mythiques, emplies d’un pouvoir magique puissant. Ça ne rivalise guère avec des bijoux qui en sont dépourvus. Même si j’admets que vous avez là de fort belles pièces. »

    Il souleva par la chaîne le pendentif à la perle de San-Divyna, et parut réfléchir.

    « Hm disons que je vais être d’humeur généreuse. Le contenu entier de votre besace à bijoux contre l’une de ces pièces que vous convoitez. N’importe laquelle… »

    Marthis, derrière, fronça un peu les sourcils. Charis allait-elle se souvenir des conseils avisés de la petite troupe de spectacle ? Il resta silencieux pour le moment, voir comment elle allait se débrouiller. Khebet, lui, poursuivit en répondant à la seconde question de la princesse, sur la valeur d’une femme du désert.

    « Pour prouver sa valeur ? Certainement pas suivre les indications d’un vieux marchand de Methbe-el. La valeur se prouve sans qu’on ait à le demander. A l’instar de la gardienne au nom oublié, sauver son peuple face à l’adversité, là où tout espoir semble avoir été abandonné. Faire preuve d’abandon, de courage, braver ses peurs au péril de sa propre vie, au nom d’un acte généreux. Voilà comment l’on peut prouver sa valeur, dans le désert. »

    Ce qui ne voulait pas dire qu’une fois la valeur prouvée, l’armure serait à elle. Car dans le bazar de Khebet, ce n’est pas la valeur qui payait le propriétaire de ces reliques rares.

[Charis : 1 (post) + 0,5 (marchandage). Mot : 1XP. - pléthore.]

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Jeu 27 Aoû 2015 11:12 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 9 Mai 2015 13:21
Messages: 358
L’homme commence par déprécier les bijoux que je lui ai montré, omettant sans doute volontairement leur origine si lointaine et exotique faisant assurément grimper en flèche leur valeur. Il note qu’ils sont tous dépourvus d’un pouvoir magique là où les siennes en sont pourvues.

Il s’intéresse au pendentif de San-Divyna avant de me faire sa première offre : l’ensemble des bijoux contre une seule pièce, n’importe laquelle. Je manque de m’étouffer, sans réellement cacher mon geste. Cela fait partie du ballet dans lequel nous nous jetons à bras le corps.

Il poursuit en m’expliquant qu’un vieux marchand de Methbe-el n’a pas d’indications à donner concernant la valeur d’un être. Il suppose cependant que sauver son peuple face à l’adversité, là où tout espoir semble avoir été abandonné, que faire preuve d’abandon, de courage au péril de sa propre vie pour aboutissement un acte généreux sont de bons moyens de prouver sa valeur.

- Vous avez pléthore de marchandises diverses et variées, mais toutes appartiennent à un seul et unique monde : Aliaénon. Pensez à la renommée, d’une part, d’un marchand présentant des bijoux venus d’un autre monde, et au prix auquel les plus fastueux de vos clients seraient prêts à se les arracher pour simplement dire « Ah, ce bijou ? Oh, ce n’est rien, il vient juste d’un autre monde, c’est pour ça que sa forme ne vous dit rien ». La vente individuelle de chacun de ces bijoux vous rapporterait bien plus que quatre pièces, qu’elles soient magiques ou non, aussi bien en terme de troc qu’en terme de renommée, non pas que vous ne sembliez en avoir besoin, mais elle serait d'autant plus assise auprès de tous.

Je lance un regard appuyé au pendentif de San-Divyna, auréolé d’une douce lueur dorée.

- Ce simple pendentif vaudrait largement une pièce. Il s’agit d’un métal nommé San-Divyna et assurément doté de propriétés magiques, comme l’atteste cette auréole autour de lui. Sur mon monde, il s’agit là d’un métal de lumière extrêmement rare. Les seuls gisements qui existaient sont à présent épuisés et cela prend un temps infiniment long pour recueillir une telle quantité de métal.

Je m’approche de l’armure, l'effleurant de nouveau de mes doigts.

- Quant à ces questions de valeur. Je suis la princesse d’un clan qui a été massacré sous mes yeux impuissants en raison d’une trahison car je n’étais rien, qu’une poupée que l’on présente à son futur mari pour forger les alliances d’un clan. Alors j’ai été contrainte de fuir, pour représenter l’ultime espoir d’un peuple, mon peuple. Car ma volonté est de retourner en ces terres, plus puissante, préparée et de sauver ceux qui le peuvent encore. Je ne parle pas là de vengeance, mais bien de sauvegarde, car je ne sacrifierais pas ceux des miens qu’il reste pour un acte vide.

J’ai relevé une fois de plus mes yeux sur lui, dans lesquels se trouvent toute la franchise et la détermination mises à nues comme elle le sont rarement.

- Je suis venue sur ces terres dans l’espoir premier de sauver un peuple, celui d’Oranan, une ville sur mon monde menacée par Oaxaca, une sombre dirigeante qui utilise ce monde comme passerelle vers le fluide menant à Oranan. Mais je me suis rendue compte que bien plus était en jeu, que la sauvegarde de bien plus d’un peuple était dans la balance. Car je ne doute pas instant qu’elle s’en prenne à chacun des peuples de ces terres s’ils pouvaient apporter quelque chose à ses cohortes noires. C’est pour cette raison que je cherche à me rendre à Neo-Messaliah et à Messaliah elle-même, en quête de réponses et de soutien, d’aide pour contrecarrer les plans d’Oaxaca et préserver le peuple d’Oranan comme le votre. Et pour ceci je suis prête à y mettre le prix. Si je demande le sceptre, ce n’est pas pour mon usage ou ma satisfaction personnelle, non, c’est pour le rendre à son propriétaire en échange de son appui dans ma demande d’aide.

Je me déplace et m’avance vers la rapière, prête à asséner mon propre prix.

- Ma valeur pour l’armure, les bijoux contre quatre pièces et le pendentif de San-Divyna contre la rapière.

Ce faisant, mes doigts effleurent le tranchant de la lame, ses reflets orangés.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Jeu 27 Aoû 2015 12:42 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Methbe-el – Bazar de Khebet.

    Pendant le long discours de Charis, les expressions du visage de Khebet changèrent du tout au tout : surpris, offusqué, offensé presque… puis analyste, réflexif et finalement sa moustache se para d’un sourire malicieux. Il commenta d’une touche d’ironie, pour commencer son laïus.

    « Il est curieux que vous ne soyez pas plus grasse, au vu de votre gourmandise. »

    Puis, il reprit les arguments de la princesse du désert pour les tourner à sa sauce.

    « Vous ne manquez pas de valeur, je ne le remets pas en cause. Hélas, elle n’a guère de grande valeur marchande, sans les actes qui l’accompagnent. Prouvez-là : sauvez mon peuple de cette guerre dont vous parlez, et dont j’ignore tout, et je serai le premier à vous récompenser de vos actes de bravoure. Mais la volonté d’aider seule ne suffit pas. »

    Il soupira, soudain plus grave.

    « Vous ne semblez pas comprendre. Je ne remets pas en cause la rareté de vos précieux bijoux, ni leur beauté manifeste. Mais vous ne semblez pas prendre la mesure des objets que je vous propose ici, jeune femme. Contre des armes comme l’arc ou la lame courbe, j’aurais aisément pris vos bijoux contre quatre pièces… Mais celles qui vous intéressent sont vraiment au-delà de tout. Des objets de légende, à la puissance manifeste. Vous ne semblez pas vous en rendre compte. Il ne s’agit pas de simples armes, de simples outils. »

    Il secoua la tête de gauche à droite.

    « Votre proposition est indécente, bien trop en vérité pour avoir la moindre chance d’aboutir à quelque chose de raisonné. Mais je vois votre volonté de marchander, et votre intérêt pour mes articles : laissez-moi revoir mon offre. Contre votre pendentif lumineux, rare sur votre monde, je vous offre un objet unique sur le mien : la clé de Sol. Je pourrais vous dénoncer aux Cadi Yangin pour votre volonté de vous rendre à Messaliah, malgré l’interdit dont vous devez être au fait… Mais ça n’est pas dans mon intérêt : mon commerce marche aussi grâce aux gens comme vous. Et cette clé, je la vois comme un investissement à long terme. Si je vous la cède, et que vous trouvez là-bas des objets qui ne vous servent pas… Vous saurez où les échanger. Contre… l’une de ces pièces qui vous attire tant, par exemple. »

    La malice perçait à nouveau son regard.

    « Je vous échange une pièce contre le reste de vos bijoux : la rapière ou le sceptre. Réfléchissez vous aussi à long terme : la clé vous amènera vers des trésors qui vous donneront accès à d’autres pièces ici. Le sceptre, si vous voulez le rendre, vous sera la possibilité de l’échanger contre d’autres choses, qui pourraient aussi m’intéresser, et vous octroyer une pièce de plus, encore. Ou la rapière, si vous en avez le besoin prochainement. On raconte beaucoup de choses sur Messaliah. L’armure, elle, semble hors de vos moyens, définitivement. »

    Et là, Marthis intervint.

    « Pour l’instant, seulement. Je crois en elle et en sa capacité de sauver notre peuple de cette menace fantôme. Faites-lui crédit pour l’armure. »

    Khebet trancha, sec :

    « La maison ne fait aucun crédit ! »

    Et Marthis, s’attendant à cette répartie, se para d’un sourire malicieux à son tour.

    « Je parle là d’un crédit avec intérêt : Prenez-moi à votre service. Tant que je n’aurai pas remboursé la valeur de l’armure par mes trouvailles, je resterai à vos ordres… Mais si elle tient sa promesse, je serai libéré de ce serment. Vous êtes gagnant dans tous les cas. »

    Il tendit la main vers Khebet, qui se mit à tortiller du bout des doigts sa moustache. Marthis venait de proposer sa vie, sa liberté, en échange de l’armure, et de sa foi en elle.

    « Une source continue d’approvisionnement à moindre frais… Et la possibilité de s’allier à cette étrangère en laquelle vous semblez avoir une confiance aveugle. Vous êtes un fou, Marthis. Un fou. Marché conclu. »

    Il serra la main du grand bonhomme. Le marché était conclu entre eux. Tout s'était passé trop vite pour qu'elle puisse intervenir. Le marchand se tourna vers Charis.

    « Vous pouvez remercier votre ami, demoiselle. La valeur de son offre n’a d’égal que sa bêtise. L’armure est à vous. Qu’en est-il du reste de notre marché ? »

    Marthis, lui, gardait un regard confiant, assuré.

[Charis : 1 (post) + 0,5 (âpre négociation) + 0,5 (acquisition d'une pièce unique). Mot : 1XP. - gagnant.]

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Jeu 27 Aoû 2015 18:12 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 9 Mai 2015 13:21
Messages: 358
Khebet me réplique d’une petite pique sur le marchandage et je ne puis qu’en être surprise, n’est-ce point là l’essence même du marchandage que de proposer des offres indécentes de chaque côté pour parvenir à un entendement ? Peut-être n’est-ce alors pas le cas ici, auquel cas je dois le garder à l’esprit. Aiment-ils seulement marchander ?

Le marchand me demande alors de prouver ma valeur en sauvant son peuple de la guerre, mais je retiens un reniflement : un seul être ne peut tout sauver et le sort de son peuple est autant de mon ressort que de celui des autres aventuriers, cela n’aurait pas de sens de placer ses desideratas dessus.

Par la suite, ce vieil homme me prend de haut, me donnant du jeune femme en expliquant que je ne prends pas la mesure des objets qu’il me montre, que contre l’arc ou la lame courbe, il aurait prit l’ensemble des bijoux que j’ai à lui offrir, mais pas contre les autres armes, celles qui justement m’intéressent. Ils seraient des objets de légende à la puissance manifeste.

Il poursuit en disant ma proposition indécente ne pouvant mener à rien de raisonné et cela confirme mes premières pensées, manifestement on ne marchande pas ici comme on marchande chez moi, ni même avec le même sourire. Il décide cependant de revoir ses prix, m’offrant la clef de sol contre mon pendentif en San-Dyvina, m’expliquant qu’il pourrait tout aussi bien me dénoncer aux Cadi Yangin pour ma volonté de me rendre à Messaliah, mais qu’il voit plutôt l’intérêt que cela aurait pour lui. Au moins là dessus je ne me suis pas trompé et en bon commerçant il voit le profit futur qu’il pourrait en tirer, s’intéressant aux offres que je pourrais lui amener par la suite. Si d’aventure je trouvais quelque chose, je pourrais l’échanger contre l’une des pièces qui m’intéressent. Je plisse les yeux, attendant la suite de ses propos.

Elle arrive pour me proposer une seule pièce contre le reste de mes bijoux, la rapière ou le sceptre et me demande de réfléchir sur le long terme avec les objets que je pourrais avoir dans son offre, et ce qu’ils pourront me – et surtout lui – apporter. Je vois surtout dans ses propos l’absence de prise de risque, car échanger une seule pièce contre l’ensemble des bijoux reste ce qu’il souhaitait, quant à la clef de sol, il n’en avait guère l’utilité autre qu’une fierté de musée et que l’ouverture du lieu qu’elle ouvre, si tant est que je puisse y parvenir, lui apporterait d’autres richesses. Hors il s’agit d’un objet que peu de methbe-eliens lui auraient acheté, du fait de la dangerosité de sa mise en application. Il annonce finalement que l’armure est clairement hors de mes moyens et je ne puis que sentir une grande déception à ses propos.

Cependant Marhis choisit d’intervenir, à ma grande surprise, pour proposer ses services à Khebet contre l’armure. Tant qu’il n’aura pas remboursé la valeur de l’armure par ses trouvailles, il resterait à ses ordres. Je le regarde avec de grands yeux écarquillés, autant dire une vie si l’on en croit la valeur accordée par Khebet à cette armure ! Il poursuit en disant que si je tiens ma promesse, il serait alors libéré de son serment.

Mais je n’ai fais aucune promesse…

J’assiste, toujours aussi interloquée à un Khebet acceptant l’offre de Marthis dont le sacrifice, clairement, transcende le prix de l’armure. Il pense ainsi s’allier à moi, mais alors il se trompe lourdement, car je n’ai pour ma part, aucune volonté de cautionner ce genre d’action. Avant que je ne puisse réagit, ils se serrent la main et Khebet se tourne vers moi en disant que je peux bien remercier ce cher Marthis. Ce dernier me regarde avec un air confiant et assuré ? Se rend-il seulement compte de ce qu’il vient de faire ?

- Non ! Jamais le prix d’un objet ne vaudra la liberté d’un homme ! De plus votre engagement n’a nulle valeur car je n’ai fais aucune promesse, si ce n’est celle de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mettre fin à cette menace, mais moi-même je suis assez lucide pour savoir que cela ne se fera pas seule. Et je ne puis en rien mettre la liberté d’un homme dans une balance dont je ne suis en rien maîtresse et qui compte sur un trop grand nombre de personne dont j’ignore les agissements.

Je fulmine intérieurement mais tente de garder un semblant de calme. Mes mains en tremblent et je les cache sous ma cape. Mon regard se braque sur Khebet.

- Vous êtes déjà gagnant sur toute la ligne, Khebet, vous avez déjà l’ensemble des bijoux contre une pièce et la clef de sol est clairement un investissement pour vous, car elle ne semble avoir de réelle valeur qu’utilisée.

Mon esprit tente de raisonner très vite. Je dois choisir entre le sceptre et l’épée. Si l’un me sera très certainement utile à Neo-Messaliah, l’ancienne ville doit cependant regorger de danger et une épée serait assurément utile, en remplacement de celle que j’ai qui se fait déjà désuète. Enfin, advienne que pourra, j’espère trouver des choses à Messaliah que je pourrais rapporter ici pour poursuivre ces échanges.

- Je partirais avec la clef de sol et la rapière contre l’ensemble des bijoux et le pendentif de San-Dyvina, dans l'espoir de trouver quelque chose qui vous intéresserait prochainement, mais je refuse l’armure.

Je me tourne vers Marthis et pose une main sur son bras, tentant de lui faire comprendre l’horreur qu’une telle pensée fait naître en moi. C’est contraire à tout ce que mon père m’a appris, contraire à tous les fondements de ma vie. Mon père me disait que les dirigeants peuvent prendre à l’envie et que les vrais dirigeants, eux, ne spoliaient jamais leur peuple, ne le traitaient jamais comme un outil dérisoire. Et c’est pourtant bien à cela que l’action de Marthis revient : placer sa liberté en-dessous de la valeur d’un objet, d’une lubie, si utile puisse-t-il être par le futur.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Ven 28 Aoû 2015 12:05 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Methbe-el – Bazar de Khebet.

    Le sourire assuré de Marthis disparut de son visage aux premières paroles de Charis., et il la regarda avec un air empli d’incompréhension, qui très vite se mua en mécontentement notable, alors que sa barbe tressaillait, et ses sourcils se fronçaient. Même Khebet grimaça un peu, sourcillant, avant de hausser les épaules pour se reporter sur le reste du discours de la princesse, qui clôturait leur affaire. Sincère ou ironique, comprenant ou pas la situation pour l’armure, il lança à la dérobée :

    « Soyez assurée qu’une transaction qui se passe bien sera pour vous synonyme de prix bradés à l’avenir. Vous êtes ma meilleure cliente depuis longtemps. »

    Il tendit vers Charis la rapière et la Clé de sol, lorgnant sur la besace de bijoux, et lança, tendant la main vers la dernière descendante des Kel Asheara :

    « Marché conclu ? »

    Dans l’attente de la réponse, il précisa tout de même :

    « Le marché de l’armure ne vous regarde en rien, si ce n’est que désormais elle vous appartient. Je peux bien sûr la reprendre en dépôt, elle vous attendra ici sans danger, même si je ne garantis pas la vendre à quelqu’un de plus intéressé. »

    Marthis se dégagea de la main posée sur son avant-bras, fusillant Charis du regard, et lui étreignit à son tour le poignet, sous le regard circonspect de Khebet. Il l’entraîna de force un peu à l’écart pour s’expliquer avec elle.

    « Qu’est-ce que cela signifie ? J’ai passé un contrat avec Khebet. Un contrat de travail. Cela n’existe-t-il pas, chez toi ? En rien cela ne me prive de ma liberté. Khebet n’est pas esclavagiste. Il veille sur Methbe-el depuis longtemps. Derrière ses airs de renard rusé au flair puissant pour les bonnes affaires, c’est un homme bon avant tout. »

    Il semblait… excédé, mais tentait de garder toute la retenue dont il était capable.

    « Ce contrat, je l’ai passé pour que tu portes cette armure. Car j’ai placé ma confiance en toi. Que j’ai foi en ta volonté de nous aider. Et Khebet m’écoutera, lorsque je lui dirai que tu l’as fait. Il reconnaitra en toila valeur que je te devine depuis hier soir. Tu vas avoir besoin de ces protections dans ton périples dans le Désert de Raa’ska. Accepte ce présent que je te fais, non pas par générosité, mais par certitude qu’ainsi équipée, tu apporteras plus à mon peuple que quiconque l’a fait avant toi. »

    Derrière, Khebet attendait toujours, main tendue, que son marché soit passé. Marthis lâcha le poignet de Charis, baissant les yeux au sol, la laissant faire.

[Charis : 1 (post) + 0,5 (mise en avant des valeurs). Mot : 1XP. - chétif.]

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Ven 28 Aoû 2015 18:30 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 9 Mai 2015 13:21
Messages: 358
Si j’en crois l’air qu’arbore Marthis, il ne comprend rien de mes paroles et de ma vision des choses. Pas plus que le commerçant. Il clôt mon discours en m’assurant qu’une transaction qui se passe bien sera pour moi synonyme de prix bradés à l’avenir car je suis la meilleure cliente depuis longtemps. Ai-je l’air de m’intéresser, là, en ce moment même, à des prix bradés ?

Il me tend la main en me demandant si le marché est conclu, mais poursuit en disant que le marché de l’armure de me regarde en rien mais qu’elle m’appartient désormais. Je note comme une certaine incohérence dans son propos, mais il poursuit en disant qu’il peut bien sûr la prendre en dépôt et qu’elle m’attendra ici sans danger. Du moins pour peu qu’elle n’intéresse pas une autre personne. Le contraire m’eût étonnée.

Marthis cependant dégage son bras de ma main en me lançant un regard mauvais et étreint mon poignet. Il me force à l’écart, sans ménagement pour mon poignet qui ressent les doigts enserrés autour de lui. Par réflexe, je lutte un peu pour m’en dégager, mais c’est peine perdue car l’homme est bien plus fort que moi.

Il semble excédé de mes mots, me disant qu’il s’agit d’un contrat de travail et que cela ne privera en rien sa liberté. Nous n’avons manifestement pas la même notion de liberté, lui et moi, mais il poursuit en expliquant que Khebet n’est pas un esclavagiste et qu’il veille sur Methbe-el depuis fort longtemps, que derrière ses airs rusés et son talent pour les bonnes affaires se cache un homme bon. Je veux bien lui laisser le bénéfice du doute, Marthis le connaît assurément bien mieux que moi, bien que ses dernières paroles n’ont laissé entrevoir que l’aspect renard.

Il poursuit, tentant manifestement de garder de la retenue dans ses propos, mais bouillonnant lui aussi intérieurement. Il ne semble pas avoir saisit le fond de mes propos et m’explique qu’il a passé ce contrat pour que je porte l’armure car il a placé sa confiance en moi et qu’il pense sincère ma volonté de les aider. Le géant m’assure que Khebet l’écoutera lorsqu’il lui assurera que je l’ai fais et qu’il reconnaîtra lui aussi la valeur que leur petit groupe a deviné en moi la veille. Une chape de plomb commence à s’abattre sur moi alors que je reconnais en moi l’animal acculé car il poursuit en me disant que je vais avoir besoin de ces protections dans le désert de Raa’ska. C’est ce même argument que j’ai choisis pour préférer l’épée au sceptre, argument qui se retourne insidieusement contre moi. Il conclut en m’enjoignant d’accepter ce présent, non pas fait par générosité, mais par certitude qu’ainsi équipée, je serais en mesure d’apporter plus à son peuple que quiconque ne l’a fait avant.

Il finit par lâcher mon poignet en baissant les yeux au sol, mais je ne quitte pas ses paupières des yeux. J’enrage d’impuissance. J’abhorre ce genre de situation, où les décisions ont été faites à ma place. Je me suis promis en quittant le désert de reprendre ma destinée en main, mais me voilà confrontée à ces valeurs que je souhaite défendre et qui pourtant me trahisse. Car oui, je sais que les paroles de Marthis sont justes, que si j’ai promis de faire mon possible pour les aider, ce possible incluse la nécessité de choisir le moindre mal pour le plus grand bien. Et ce moindre mal est celui de rester en vie autant que faire se peut pour accomplir ce que je dois faire, et donc d’accepter le sacrifice de cet homme, de ce géant si bon. Khebet n’est peut-être pas un esclavagiste, mais Marthis vient tout de même de laisser sa liberté d’aller où bon lui semble, de profiter de son temps comme membre de leur petite troupe d’artistes.

Je pousse finalement un soupir, vaincue. Un coup d’œil à Khebet m’annonce qu’il attend toujours que nous concluions officiellement notre marché, mais il attendra encore un peu, car je n’en ai pas terminé pour ma part. J’incite Marthis à me regarder dans les yeux, ce qui n’est guère difficile au vu de notre différence de taille et place mes mains au niveau de ses coudes.

- Marthis, sachez que c’est une situation que je déteste, car elle est contraire à ce que j’ai toujours appris. Mais je comprends vos mots et reconnaît l’urgence de la situation. Alors, pour vous, pour votre peuple, j’accepte. Je reviendrais aussitôt cette situation réglée.

Je fais une pause, pensive, avant d’ajouter :

- J’espère que Methbe-el sait à quel point elle est chanceuse de compter parmi ses hommes un être comme vous.

Je me tourne finalement vers Khebet et prend la main qu’il me tend.

- Marché conclu. Les bijoux sont à vous.

Finalement, mes yeux se posent sur la rapière, la clef et l’armure. D’un regard à Khebet pour m’assurer que je peux bien les prendre, je me saisis de la clef pour la mettre dans ma besace nouvellement vide et observe un long moment l’armure, toujours aussi ébahie et attirée par elle.

- Et bien… j’espère que je ne suis pas trop chétive pour la porter…

J’entreprends alors de m’en vêtir pour ensuite orner ma ceinture de la magnifique épée qui m’attire tout autant que l’armure, et je serais prête à repartir.

Si je m’étais doutée de l’issue de cette matinée en m’éveillant ce matin… Père, voyez-vous tout ceci depuis ce lieux où vous êtes ?

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Sam 29 Aoû 2015 10:16 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Methbe-el – Bazar de Khebet.

    Il se produisit un événement étrange, lorsque Charis toucha la Clé de Sol. La lueur flamboyante qu’elle émettait se ternit brutalement, alors que Charis ressentait une chose qu’elle n’avait encore jamais sentie en elle : un pouvoir brûlant qui envahissait ses veines, aussi surprenant qu’agréable. (Correspondant à l’ingestion d’un fluide 1/4 de feu. Autrement dit pas un petit. Je te laisse décrire ça librement). Khebet n’y prit pas garde, déjà occupé à ranger tous les artefacts qu’il avait sorti, un sourire victorieux sur les lèvres. Marthis, lui, regardait étrangement le phénomène, sourcil relevé. Il n’avait dit mot, depuis l’intervention de Charis lui expliquant son point de vue, et les raisons pour lesquelles elle cédait finalement. Il avait d’abord gardé la tête baissée, regard fuyant, surtout lorsqu’elle l’avait encensé d’un compliment notoire. Mais son regard s’était redressé, ensuite, lorsqu’elle avait saisi la Clé de Sol, et qu’elle avait commencé à se vêtir de l’armure. Elle lui allait comme un gant. Équilibrée, assez souple pour ne pas entraver ses mouvements, du fait de ses nombreuses petites plaques, elle auréolait de puissance cette Charis nouvelle qui, sans le vouloir, et en ayant à peine conscience, avait acquis une toute nouvelle strate de pouvoirs.

    La rapière ne fit qu’augmenter cet effet. De simple voyageuse un peu perdue, princesse en deuil, elle était devenue une héroïne de légende, une aventurière aux valeurs et aux pouvoirs ancrés. Lorsqu’elle fut prête à partir, Marthis salua Khebet.

    « Je reviens plus tard, mon vieil ami, avec ma première livraison. »

    Et le marchand de lui répondre :

    « Fais, Marthis. Damoiselle du désert lointain, que vos transactions soient toujours fructueuses. A très bientôt, j’espère. »

    Et ils quittèrent le Bazar de Khebet. Marthis se tourna vers elle, hésitant, mais se lança :

    « Merci. Pour avoir dérogé à tes principes en comprenant ma volonté d’aider ton dessein. Allons retrouver les autres, si tu le veux bien. La représentation doit être terminée, maintenant. »

    Ils se mirent en route, vaquant au gré des ruelles tortueuses bondées d’échoppes et de badauds. Avant qu’ils n’arrivent sur la place où le spectacle était donné, Marthis entreprit quand même de questionner Charis sur ce qui s’était passé dans la boutique.

    « Qu’est-ce qui t’es arrivé, chez Khebet ? Est-ce normal, pour les gens de ton monde ? »

    Il l’avait dissimulé alors, mais ça avait l’air de fort l’impressionner.

[Charis : 1 (post). Mot : 1XP. - gésir.]

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Methbe-El (Aliaénon)
MessagePosté: Dim 30 Aoû 2015 19:35 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 9 Mai 2015 13:21
Messages: 358
Une chaleur irradie du bout de mes doigts et remonte dans mon bras, mon épaule, ma poitrine et se loge dans chaque interstice de mon corps. Je la sens augmenter, s’intensifier par vagues successives qui suivent le même cheminement que la première. La chaleur est tout d’abord douce, enveloppante, comme l’étreinte d’une mère, puis elle augmente, devenant l’eau brûlante qui s’écoule le long d’une peau nue, creusant son chemin dans les petites rigoles du dos, de la poitrine, contournant le ventre, lavant la sueur et la fatigue d’une rude journée. Puis elle progresse, devenant le feu de bois au cœur d’une nuit désertique, rassurant, nourricier, se consumant au son d’histoires anciennes. Il s’embrase. Un rougeoiement, une dernière vague, ardente, enflammant mes veines et s’étendant sur tout mon corps, laissant derrière elle une peau blanche, lisse, légèrement hâlée. Lavée par les flammes du Désert de Feu, l’ignescence suprême. Puissantes, brûlantes, dévastatrices.

Puis je sens une douce torpeur m’envahir alors que déjà l’ardeur s’éloigne, laissant derrière elle une chaleur entêtante, si agréable… Je me laisse bercer…

Et la réalité frappe soudain. La chaleur se love brusquement quelque part dans ma poitrine. La Clef de Sol tombe de ma main et rebondit sur le comptoir. Là où elle flamboyait, fière et ardente se trouve une étrange clef ternie, dépourvue de ces belles volutes enflammées. Ma main se porte à ma bouche ébahie. Il subsiste en elle cette chaleur qui se dépose sur mes lèvres refroidies, apeurées. Que s’est-il passé ?

Un coup d’œil à Khebet. Il range les différentes pièces, inconscient de la chose étrange qui est advenue. Marthis lui me regarde, le sourcil levé. Je me saisis rapidement de la clef et la cache dans ma besace. Je n’ose le regarder en face. Les mains tremblantes, je prends l’armure et m’en habille, m’étonnant encore une fois de sa beauté et de son touché si délicat. Elle ne pèse presque rien sur mes épaules et épouse mon corps comme un tissu de soie, équilibrée et souple. Je me sens étrangement mieux ainsi vêtue, plus protégée que je ne l’ai jamais été, comme dans un cocon chaleureux. Celle pensée me rappelle la Clef de Sol et ma main effleure sa forme au travers de sa besace. Que m’est-il arrivé ? Je me sens différente, comme si quelque chose s’était ajouté à mon être, s’enroulant autour de lui pour venir le renforcer. Serait-ce…

Non, je m’y attarderais plus tard. Pour lors, je prends l’épée, retenant un instant ma main avant d’en toucher la garde de crainte qu’un étrange phénomène se produise de nouveau, mais je poursuis mon geste. Je sens comme une pointe de déception lorsque je la touche, souhaitant au fond de moi retrouver cette sensation enivrante, si brève, que je viens de vivre. Mais pourtant… pourtant il s’agit d’un nouveau sentiment qui m’étreint lorsque ma paume rencontre la poigné et se loge parfaitement dans les arabesques dorées. Je la soulève sans mal, elle est légère et j’ignore si c’est un résidu de ce qu’il m’est arrivé plus tôt, mais j’ai le sentiment qu’elle émet elle aussi une douce chaleur qui enveloppe ma main et s’étend vers le reste de mon corps, communiquant avec cette sensation nouvelle qui s’est instaurée en moi.

N’osant toujours pas regarder Marthis, je la range dans son fourreau et l’accroche à ma taille. Je me sens complétée, plus que je ne l’ai jamais été. Mon destin était-il réellement d’épouser ce prince étranger pour l’honneur du clan et de rester à jamais dans son ombre ?

Marthis me rappelle de ma rêverie, et je me force à revenir au bazar et à Khebet. Il lui annonce qu’il reviendra plus tard avec sa première livraison. Il l’appelle vieil ami, mais une pointe étreint encore mon cœur et je tâche de me rappeler que j’ai bien fait, et que c’était nécessaire.

Khebet s’adresse alors à moi, me souhaitant des transactions toujours fructueuses et qu’il espère me revoir bientôt. La politesse aurait voulu que je lui serre la main, mais je n’ose pas, pas après la Clef de Sol. Et si elle était encore bouillonnante ? Je me contente de lui dire :

- Puisse votre commerce fleurir et votre nom courir le vent jusqu’à de lointaines cités.

Nous quittons le Bazar et peu de temps ne passe avant que Marthis ne se tourne vers moi, une trace d’hésitation dans la voix. Il me remercie d’avoir dérogé à mes principes et d’avoir compris sa volonté d’aider comme il le pouvait et me propose d’aller retrouver les autres car la représentation doit être terminée à présent. Pour la troisième fois en quelques instants, je me retrouve brutalement confrontée à la réalité. Après cette rencontre, ces évènements au Bazar, le sacrifice de Marthis, l’acquisition de ces pièces et… ceci, j’en avais complètement oublié que je dois rencontrer un sorcier de feu de Neo-Messaliah. Pourvue que cela ait fonctionné…

Grands Dieux ! Et s’il sentait ce qui m’est arrivé ? Le manque flagrant de confiance de Zaria envers eux ne m’incite pas à me confier à eux, mais peut-être qu’elle, elle pourrait me dire. J’espère avoir l’occasion de la voir un instant avant de rencontrer le Cadi Yangin…

J’entends à peine Marthis me questionner sur ce qui est arrivé, et je fais un effort pour me tourner vers lui. Effort méritant, car je pense que cela me ferait du bien d’en parler. Une partie de mon être note que je lui fais confiance. Comment ne le pourrais-je pas, après tout ceci ? Peut-être m’aidera-t-il aussi à comprendre...

- Non, ce n’est pas normal… J’ignore complètement ce qu’il m’est arrivé. Mais lorsque j’ai touché la Clef… J’ai ressentis comme une chaleur m’envahir. Elle s’est faite de plus en plus forte, jusqu’à ce que j’ai l’impression que je gisais au cœur du Désert de Feu, dans une chaleur profonde, forte, mais qui pourtant ne me faisait pas souffrir. C’était… agréable. Depuis, je me sens différente. La chaleur est partie, mais la sensation subsiste et… je crois que je me sens mieux. Je… J’espère que Zaria saura ce qu’il c’est passé…

Comme il est difficile de mettre des mots sur cette sensation.

_________________


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 56 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016