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Zaria m’annonce qu’elle se joindra, en compagnie de Belliand et des écailleux, aux défenses de Fan-Ming et je la remercie d’un hochement de tête. Elle ajoute également que si le besoin s’en fait sentir, je n’ai qu’à la contacter et qu’elle trouvera un moyen de nous rejoindre.
Al’Sabbar, quant à lui, a les yeux perdus dans le désert, j’oublie trop aisément tout ce temps, ces mois, peut-être années ou décennies d’enfermement qu’il a dû subir. J’aimerais lui laisser un peu plus de temps pour profiter une nouvelle fois de tout ça, mais le temps presse malheureusement. J’espère qu’il pourra profiter de mon sommeil pour renouer avec le désert. Il finit par prendre la parole pour me dire qu’il m’accompagnera à Methbe-el et je le remercie d’un signe de tête. Il poursuit en disant que je n’ai pas à avoir honte des actions que j’ai pu avoir car la tension existait déjà bien avant mon arrivée. Il semble prendre cette séparation comme un bienfait qui pourra leur permettre d’aller de l’avant. J’espère qu’il en sera ainsi dans le futur.
Les Cadi Yangin joint à la cause du progrès s’en iront à Methbe-el, une fois que tout ceci sera achevé. C’est sans doute une bonne chose. Peut-être pourront-ils renouer avec leurs familles et les considérations plus triviales d’une ville et de son peuple. Ce ne peut être qu’une bonne chose.
Il est temps pour moi de rejoindre le royaume des songes et l’on me propose la tente de laquelle Zaria et Belliand sont sortis. Je l’accepte de bonne grâce et m’installe, entendant les murmures des trois sorciers si étranges et étrangers que pourtant je suis venue à apprécier. A peine quelques secondes après que ma tête se soit posée sur l’oreiller, je m’endors.
Je ne me réveille que quelques heures plus tard, encore fatiguée, mais me portant bien mieux. Je ne m’étais pas rendue compte de l’état de fatigue dans lequel j’étais et ce sommeil était nécessaire. Zaria et Belliand ne sont plus là à mon éveil, je regrette leur départ, mais je le comprends, Fan-Ming n’est pas tout près et il ne fallait pas délayer leur départ. Je me rafraîchis brièvement et en profite pour manger un morceau avant d’invoquer mon cheval ailé. Je l’invite à monter en premier et le rejoins bientôt en selle, le rose aux joues.
Moi qui, quelques heures plus tôt, hésitait à ne serait-ce que toucher sa peau, voilà que je me retrouve en croupe en sa compagnie ! Je n’ai jamais été si proche d’un homme et j’espère qu’il ne va pas se faire des idées… Quelles sont les mœurs, ici ? Enfin, il est trop tard pour m’attarder sur ce fait et je talonne ma monture, essayant de chasser mon rougissement dans le vent du désert et lui murmure notre destination : Methbe-el, et le désert de Khebet.
Avec une vitesse qui ne cesse de m’époustoufler, le cheval se rend à l’endroit voulu, comme s’il avait tiré la destination de mon esprit ou de mes mots. Nous nous retrouvons ainsi devant le Bazar devant lequel nous démontons. Le rose s’attarde cependant sur mes joues et je file rapidement vers l’intérieur du magasin. Mes yeux cherchent instantanément Marthis que je retrouve occupé à ranger divers objets sur des étagères. Dos à moi, il ne remarque pas ma présence, au contraire de Khebet qui s’avance avec un grand sourire mettant en exergue sa moustache.
Il me salue, me demandant des nouvelles de ma visite à Messaliah sans cependant oser prononcer le nom de la destination lorsqu’il avise le Cadi Yangin derrière moi. Sa précaution me tire un léger sourire et je hoche la tête à son adresse pour le saluer.
Il se tourne alors vers Ibn Al’Sabbar pour l’inciter à entrer dans sa boutique et à y découvrir les merveilles qui y sont recelées. Il s’incline alors pour nous laisser entrer.
Rien n’a changé dans sa boutique, tout est exactement à la même place, si ce ne sont les objets qu’il m’a présentés, demeurant absents.
- J’ai brisé la sempiternelle réclusion de Messaliah et me voilà pour répondre à ma dette, dis-je en guise de préambule.
Ils saurant ainsi que je n’ai rien caché au puissant sorcier qui me suit. Je ne le présente pas, ne sachant pas s’il souhaite que son identité soit ignorée de ces gens.
Sans un mot de plus, je sors les différentes trouvailles que j’ai faites à Messaliah et les pose sur la table, devant Khebet. Elles sont d’or et d’ossements, riches, mais leur valeur ne peut représenter à mes yeux celle de la libération de Marthis.
- Sont-ce ces objets suffisant pour payer le dû de Marthis ? demandé-je, une boule au ventre d’appréhension que ce ne soit pas le cas. Par ailleurs, serait-il possible de montrer à cet auguste Cadi Yangin le sceptre que vous m’aviez montré ? il pourrait être d’intérêt.
J’ignore complètement si, de fait, cet objet pourrait revêtir un quelconque intérêt à ses yeux, car il s’agit sans doute d’un objet appartenant à l’un de ses pairs, mais, puisque nous sommes là, autant en profiter…
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