L'Innommable - Chapitre IIL'Innommable
Chapitre III
Le gamin n'avait pas l'air en forme, titubait, quelque chose semblait le gêner.
L'humoran, tout à ses pensées, ne s'était pas rendu compte de la situation du jeune garçon et s'attendait à faire ça rapidement, sur le moment.
Alors qu'il s'avançait, il perdit soudainement l'équilibre, se cogna le dos contre le mât et lâcha un cri de douleur en lui tendant son bras.
Le spectacle était pathétique, mais Mercurio était rodé à la vision de la douleur et de la souffrance. Tant que le jeune homme sentait la douleur et pouvait crier, c'est qu'il n'y avait rien d’irrattrapable.
L'humoran choisit de ne pas prendre son bras, mais de le porter.
"Ok gamin, pas de panique, je vais m'occuper de toi."Il l'emmena rapidement dans la cabine du capitaine, qui était à l'origine réservé à Elias et l'allongea sur le couchage.
Il posa ensuite sa main sur l'épaule du bras blessé du garçon.
C'était une pratique que lui avait enseigné Alkrim, très utile pour apaiser les patients, immobiliser les membres et faire cesser les spasmes, qui consistait à réduire de manière significative les signaux de douleurs avant qu'ils lui parviennent à l'esprit. Elle avait quelques effets secondaires innocents, faisant perdre par la même occasion toute sensibilité et toute possibilité de mouvement à la zone concernée, même des réflexes pendant au moins une demi-journée.
Les soins n'étaient, pour le regretté mentor de Mercurio, pas tant un acte de bonté d'un individu voulant le bien d'un autre. C'était à la fois un art et une science de complexité. Tel le peintre devant sa toile qui veut représenter la beauté, il fallait être pointilleux, précis, faire les choses dans un ordre précis pour rendre le soin efficace et durable.
Avec sa propre expérience plus tard, il aura appris la débrouillardise, l'anticipation...
Mais là, un problème de taille se posait. Le gant étrange du jeune homme n'était pas maniable. Mercurio, de premier abord, voulait lui enlever, mais il y avait résistance. Il ne comprit pas directement et a dû s'y reprendre à plusieurs fois avant de se rendre compte du problème. Le gant (Puisqu'il supposait en être un) semblait être incrusté dans la chair. C'était la première fois qu'il voyait un élément de la sorte.
Il marmonna dans sa barbe
"Putain, c'est quoi ce bordel ?"Comment constater de l'état des os, du poignet, de la coloration, de la circulations sanguine dans ces conditions ?
Faire un soin à l'aveugle l’embarrassait, cela représentait un effort incroyable... Il s'agissait presque de la même gravité que de faire repousser un membre entier, prouesse qu'il était bien incapable de faire. Il fallait prendre en compte le bras entier comme s'il était entièrement fichu, les dieux savaient dans quel état cela pouvait être en dessous, et depuis combien de temps ? Selon le temps, il aurait pu aussi bien être entièrement décomposé.
Mais il n'y avait pas le choix et le regain de confiance donné par le collier lui donnait une certitude exacerbée de son acte. Mais il était là besoin de plus qu'un simple soin ponctuel, il fallait que la régénération des composants organiques continuent après son action.
Lui vint alors l'idée de se concentrer sur la stimulation des glandes productrices... Pour l'occasion, ce serait de l'à-peu-près.
Il se concentra, prenant le bras entre ses paumes, les longeant en usant de ses fluides encore et encore. Il était étrange de pratiquer un soin sur une surface aussi dure, et il craignait que l'action de la magie s'en retrouve faible, voire nulle.
L'Humoran redoubla d'efforts et, au bout du compte, s'épuisa vite.
Lorsqu'il se sentit trop faible pour continuer à pratiquer sa magie, il souffla et essaya au mieux de récolter des informations sur les effets de son soin en palpant les abords du gant, mais il n'apprenait rien de bien probant pour avancer quoi que ce soit de sûr.
Puisqu'il était encore conscient, il lui déclara :
"Bon gamin, tu va tenir le pieu pendant un p'tit moment. Tu vas pas sentir ton bras pendant un bon moment mais t'inquiètes, c'est normal et ça va passer. Tu devrais ressentir des fourmillements dans une demi-journée à peu près et j'reviendrais te voir. En attendant, tu bouges pas ce bras, même pas pour utiliser le bidet. Si t'as besoin, tu t'retiens ou tu te fais dessus si tu préfères mais tu bouges pas."Il fit un silence puis reprit :
"J'vais te chercher un petit truc à boire et à bouffer. Après, tu dors."[Apprentissage du sort "Régénération durable"]
L'île Mystérieuse - Chapitre I
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Playlist de Mercurio
A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
C'est la morale des temps nouveaux.
Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi !
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Jack Beauregard (Henry Fonda), Mon nom est Personne, écrit par Sergio Leone, Fulvio Morsella et Ernesto Gastaldi