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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Sam 23 Jan 2010 11:45 
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Julin baissa le regard vers le dessin, prenant soin à ne pas toucher aux traces de fusain, puis poussa un profond soupir. L’elfe blanc releva un œil émeraude vers le plus jeune des miliciens, son expression abasourdie ayant tout à fait l’air de dire : « Hé… comment as-tu pu nous confondre… ? »
Par Yuimen, ses trait étaient bien plus lisses et gracieux, son visage ne présentait guère de telles aspérités ! Même de loin, c’était pécher par bêtise que de lui trouver une quelconque similitude avec ce portrait !
Il n’était d’ailleurs guère étonnant qu’il ait choisi de porter un masque… Non pas que Julin trouvait son visage particulièrement déplaisant, mais en plus d’être connu par les gens qui le recherchaient, il avait comme un petit air sournois, une touche de malice aisément reconnaissable que rien ne pourrait lui ôter.

Et maintenant, que devait-il faire ? L’Hiniön avait songé à taire leur rencontre au cas où le larcin était de moindre importance, mais à présent… il éprouvait une certaine gêne, il ne souhaitait guère se rendre complice de son forfait. En plus d’avoir abusé de la confiance de ses employeurs, il leur avait dérobé leurs biens, et le saphir qu’il lui avait proposé en guise de remerciement était probablement une partie de son butin.
Julin était soulagé de ne rien avoir accepté de sa part, sans quoi, il se serait senti mal. De plus, étant donné qu’à mesure que s’égrenaient les secondes, l’elfe blanc affermissait sa décision de dire ce qu’il savait aux miliciens, le voyageur masqué lui-même n’aurait pas à regretter de lui avoir laissé une pierre précieuse pour se voir trahi par la suite.

L’Hiniön raconta alors, avec une certaine simplicité dans le ton de sa voix.

« Il y a une vingtaine de minutes, un homme avoisinant le mètre quatre vingt m’a interpellé. Il portait ses cheveux noirs, mi-longs, de telle sorte que l’on ne distinguait pas ses oreilles et était affublé d’un masque gris. Il était vêtu à la manière d’un aventurier, d’une tunique cousue de pièces de cuir, portait une épée au côté ainsi qu’un lourd sac-à-dos. »

Marquant une courte pause, l’elfe blanc reprit doucement, pragmatique malgré ses airs de doux rêveur.

« Il m’a demandé si je pouvais le dépanner de deux jours de vivres afin qu’il puisse achever son voyage jusqu’à Shory, ce qui m’a paru étrange car nous n’étions alors qu’à une petite heure de Lùinwë, où il aurait pu se réapprovisionner seul. J’en ai déduis que pour une raison ou une autre, il ne souhaitait pas entrer en ville. Il s’exprimait avec une rare éloquence et était fort sympathique. Après lui avoir donné ce qu’il voulait, il a proposé de me remercier en m’offrant une petite pierre précieuse bleutée, ce qui m’a d’ailleurs confirmé qu’il ne manquait guère du pécule nécessaire à son ravitaillement.
Je vous l’aurai bien montrée, mais ayant décliné son présent, cela m’est impossible.
»

Tout était dit, songea-t-il. C’est les bras croisés sur sa poitrine que l’elfe blanc laissa lui échapper quelques dernières paroles, légèrement matoises.

« A vous de voir s’il y a là une quelconque piste à suivre, miliciens. Puis-je disposer à présent ? »

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Julin Lluliel Fëforava : Hiniön : Rôdeur


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Dim 24 Jan 2010 04:38 
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Face à ta réponse aussi extensive que détaillée, chacun des quatre serviteurs de Cuilnen a sa propre réaction en accord avec ce que tu as pu apercevoir ou deviner de leur tempérament. Ainsi, alors que l’impatient du groupe piaffe littéralement d’une excitation qu’il a du mal à contenir à l’idée de reprendre la chasse à l’homme sous de si bons auspices, sa voisine garde parfaitement son sang froid, dardant tranquillement ses prunelles argentées dans ta direction avec l’air d’enregistrer le plus professionnellement du monde la moindre de tes paroles. Professionnelle aussi est l’attitude du meneur qui, une main sous son menton en signe de réflexion, t’écoute attentivement en hochant machinalement la tête de temps à autre sous le coup de quelque probable conjecture.
Quant au cadet de l’escouade, il sort enfin de son mutisme renfermé, levant la tête non sans étonnement en te découvrant une telle source d’informations, sans toutefois oser te regarder droit dans les yeux, comme de peur d’attirer l’attention sur lui.

Lorsque c’est la fin de ton serviable discours, l’homme aux allures de vétéran le conclut en reprenant le parchemin qu’il t’avait tendu et le restitue à la demoiselle qui lui fait retrouver sa place originelle. Ensuite, opinant du chef avec sur le visage une expression qui pourrait presque d’apparenter à un sourire, il te donne congé avec cordialité :

« Bien entendu. Et mes remerciements à vous au nom de Cuilnen pour votre aide. »

En voilà un qui prend son rôle au sérieux. Et sur ce, il fait repartir son cheval d’un petit coup de rênes tandis que l’agité, beaucoup moins cérémonieux, le suit avec un rictus féroce aux lèvres sans même t’accorder un regard, suivi de la femme qui hoche gracieusement et révérencieusement la tête dans ta direction, pour finir par le jeunot qui rassemble le courage de te gratifier d’un « Merci à vous. » au passage. Et les voici s’en allant à un trot soutenu à la poursuite du coquin masqué, progressant en un losange resserré de manière à ne pas envahir la route… cette même route que tu peux reprendre maintenant que tes services ne sont plus requis.

A ce propos, il s’avère après quelque chose comme deux heures de marche que l’exercice commence à se faire sérieusement éprouvant pour quelqu’un comme toi qui n’es guère habitué à des trajets aussi longs requérant ardeur et endurance. Justement, le moment semble fort propice à une halte, car à quelques dizaines de mètres de distance, tu peux apercevoir une construction de bois qui, à en juger par la roulotte et les quelques chevaux postés devant, doit être quelque chose comme un relais ou une auberge ; en tout cas un lieu de repos qui ne saurait certainement qu’être le bienvenu pour un voyageur fatigué tel que toi.


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Lun 25 Jan 2010 13:03 
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Et vint ainsi l’heure où dans un concert de remerciements disparates, les miliciens prirent congés de sa personne. Touché par la sincérité qu’il perçut dans les voix et attitudes des deux derniers cavaliers, l’elfe blanc se retourna sur leur passage pour les saluer à son tour d’une légère inclinaison du menton, un peu honteux d’avoir pensé garder par devers lui les renseignements dont il disposait. Il s’était façonné, un peu précipitamment, une image bien plus noire des quatre serviteurs de Cuilnen que celle que de toute évidence, ils méritaient.
Reprenant la route de son pas indolent, Julin s’interrogeait sur ce qui l’avait amené à prendre le quartet sous la coupe de son antipathie. La réponse s’imposait d’elle-même. Le « jeune » nigaud faisait une bien piètre première impression. Face à un tel énergumène, agité et prompt à jouer du couteau, comment ne pas se représenter une justice brute et aveugle ? Tant affamée de haut-faits et de prouesses guerrières qu’elle en perdrait toute raison.

Néanmoins, l’Hiniön ne se leurrait guère. Même s’il le disait « jeune », l’andouille avait très certainement quelques petites années de plus que lui. Soit, cela n’impliquait pas que sa sagesse fut intrinsèque. Certaines personnes n’étaient d’ailleurs jamais bénies de cette sereine clairvoyance que l’on disait pourtant propre aux elfes, sa chère et tendre mère en était un parfait exemple.

Et lui, alors ? Songea Julin. Quittant son foyer sur un coup de tête, en quête d’une hypothétique liberté pour laquelle il n’avait jamais eu de réel intérêt jusqu’alors, se croyait-il sage, peut-être ?
La réponse était manifestement négative, mais quand même… il ne pouvait pas être aussi sot que ce milicien exalté, n’est-ce pas ? Pourtant, n’avait-il pas aidé un malfaiteur à s’enfuir il y avait juste quelques heures ? Bien que sachant que la ville n’était que peu éloignée, que le coquin masqué aurait tout à fait pu s’y rendre afin de refaire ses provisions et qu’il était donc suspect qu’il lui quémande des vivres, Julin n’avait-il pas accédé à sa demande tout en mettant de côté son étrangeté ?
Certes, oui, cependant… Ce n’était pas être sot que d’être magnanime… Non… ?
En tant que cuisinier (qu’il n’était plus vraiment), aurait-il raisonnablement pu laisser une personne, quelle qu’elle soit, souffrir de la faim ?

Probablement pas. Alors tout allait bien.

Ainsi fut clos ce houleux débat intérieur. Ayant déterminé qu’il était très certainement un poil plus lucide que ne l’était le cavalier au couteau, l’esprit de Julin connaissait enfin la paix. Libéré, l’elfe blanc se trouvait donc plus à même d’apprécier les plaisirs du voyage et de la découverte, et recentra donc son attention sur la route qui défilait sous ses pas.
Cependant, l’Hiniön dut bientôt se rendre compte qu’examiner l’avancée sautillante de ses larges bottes poussiéreuses sur le sol terreux était loin d’être un exercice passionnant, aussi, ses yeux émeraudes eurent tôt fait de parcourir les alentours, à la recherche d’un détail quelconque susceptible d’enflammer son imagination.

La fresque immuable des voyageurs au visage neutre, quoique pincé par l’effort, avait de quoi séduire d’une certaine manière, mais n’importe quel esprit se serait ennuyé de la contempler des heures durant. Certes, nombre d’entres-eux semblaient tout droit sortis des livres de conte qui demeuraient à son chevet depuis sa plus tendre enfance : on avait ainsi droit au chevalier solitaire muni d’une cuirasse scintillante où s’imprimaient de nobles armoiries, mais aussi au larron qui avait l’air de fomenter un mauvais coup, emmitouflé dans son grand manteau brun, son visage dissimulé d’un chapeau à larges bords. Les deux personnages se croisèrent d’ailleurs sur la route, voleur probable et vaillant justicier s’affrontant du regard sous l’œil captivé et fébrile de l’Hiniön, avant que ces deux antagonistes ne viennent à s’étreindre chaleureusement comme le feraient deux vieux frères, s'administrant de grandes tapes dans le dos tout en donnant des nouvelles de la famille.
Le mythe brisé, Julin reprit son avancée, la tête basse et l’air un peu las.

Le monde n’était peut-être plus aussi exaltant que du temps de sa chère mère… ? Bon, il avait certes changé en quelques siècles, mais il ne devait pas pour autant être devenu ennuyeux ! Ce devait être le voyage, après tout, personne n’avait jamais dit que marcher longuement sur la route devait s’avérer intéressant. C’était une épreuve, les prémices de la découverte, un effort à fournir avant que les choses ne se révèlent palpitantes !
Et en parlant « d’effort », l’elfe blanc commençait d’ailleurs à fatiguer. Ses jambes s’étaient comme alourdies depuis le début du voyage, son souffle était de même moins régulier. Il lui était assez amusant de constater que la douleur physique ne le rattrapait qu’à présent qu’un relais était en vue. Jusqu’alors, elle s’était pourtant bien gardée de se manifester… mais à présent qu’elle le faisait, son incitation silencieuse était à l’Hiniön une raison suffisante d'envisager une petite pause dans son périple.
Ainsi donc, s’étant rapproché à petits pas du lieu de repos, Julin en ouvrit doucement la porte, escomptant pouvoir se délasser un peu avant de reprendre la route.

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Julin Lluliel Fëforava : Hiniön : Rôdeur


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mar 26 Jan 2010 04:52 
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Doucement tu pousses la porte, comme douce est l’ambiance à l’intérieur de ce qui s’avère avoir tout d’une auberge, le jeune elfe que tu es pénétrant dans le bâtiment sous le regard placide et indifférent d’un cheval occupé à brouter tranquillement son avoine.
Le lieu, agencé de manière assez simple, fait à la louche une quinzaine de mètres sur une douzaine, et est meublé par une bonne dizaine de tables de taille variable, sans oublier une grosse cheminée dans le mur qui te fait face, non loin du comptoir auquel on pouvait s’attendre dans un établissement de la sorte. Sans être bondé, il est tout de même rempli au point de laisser l’air ambiant bruire de la rumeur continue des murmures de conversations et des couverts qui s’entrechoquent, créant une ambiance à la fois tranquille et active.

Pour se pencher plus précisément sur la clientèle du moment, tu peux au premier abord reconnaître des frères de race en la présence d’un trio d’hiniöns assis à une table située relativement à l’écart des autres occupants, comme pour rester autant que possible entre eux. D’âges variables, celui qui est de toute évidence l’aîné d’après son apparence a tout l’air d’avoir la prééminence au niveau de la parole, et soit qu’ils viennent d’un milieu aisé, soit qu’ils veuillent se donner un genre, leurs habits sont de fort bonne facture, et la manière qu’ils ont de s’exprimer n’est pas dénuée de quelque chose de précieux, voire de fat, tout comme la façon qu’ils ont de dévisager de temps à autre ceux qui les entourent, toi y compris.

Vient ensuite une escouade d’une demi-douzaine d’humains qui sont, à en juger par leur physique bien râblé autant que par leurs cottes de maille et leurs épées, des hommes d’armes, d’un abord qui n’est certes guère charmant mais qui n’a, pour leur défense, rien de réellement braillard, désagréable ou mal grossier, même si coudes sur la tables et bruits de mastication sont évidemment au rendez-vous. Attablés autour d’une dinde quasiment réduite à l’état de carcasse et de chopes remplies d’un liquide qu’ils éclusent avec enthousiasme, ils ne font rien pour masquer la teneur de leur conversation qui n’a de toute façon rien de bien mystérieux ou même de passionnant, déplorant le manque d’opportunités à Kendra Kâr et échangeant diverses anecdotes plus ou moins vraies au sujet de Lúinwë, pas mal d’entre lesquelles tournent autour de la population féminine locale.

Trois autres personnes installées de concert se remarquent, les deux premières consistant en un couple de sinaris confortablement adultes vêtus sans chichis mais avec goût, monsieur arborant une bedaine fichtrement large et madame ayant le visage le plus joufflu que tu aies jamais vu. Entre eux deux est installé un être qui a la rondeur et l’aménité physique naturelle propre à la race dont font partie ses voisins, mais qui combine également à cela de manière étrange un corps bien charpenté, une mâchoire développée et surtout un teint de peau tirant vers une sorte de beige ; traits chez lesquels on saurait reconnaître une ascendance garzok. Ce dernier est silencieux, mangeant en silence et laissant les deux autres discuter à voix plutôt basse.

Enfin, derniers mais pas moindres, installés sur des tabourets au comptoir figurent un torkin et un taurion et, soit qu’ils se soient rencontrés sur place, soient qu’ils voyagent ensemble, ils discutent ensemble en toute cordialité, le premier de sa rude voix grave de montagnard, et le second de son timbre fluet mais bien audible d’être des forêts.
Arborant un plastron de beau métal, un caque sobre recouvrant une toison faciale et capillaire blonde abondante, et ayant à ses pieds un imposant marteau de guerre, le nain, comme en visière qui courent contre ceux de son peuple, est habillé de vêtements assez soignés qui, tout poussiéreux qu’ils soient, n’ont rien de crasseux ou de mal portés. Quant au vert, il porte arc en bandoulière, lance de bois travaillé à ses côtés, vêtements et armure de cuir couleur de verdure, a de longs cheveux noirs qui tombent en cascade sur ses épaules, et malgré l’amabilité dont il fait preuve, on peut le sentir quelque peu mal à l’aise en lieu clos.

Et bien évidemment, n’oublions pas le, ou plutôt la responsable des lieux ! Avenante eàrion peut-être un peu dodue pour une elfe mais à l’apparence néanmoins tout à fait charmante, sa peau est d’un doux cyan qui n’est pas sans rappeler celui de l’océan, sa chevelure rousse est ramenée en un joli chignon frisottant, et ses vêtements la parent avec une simple élégance, soulignant son allure avantageuse sans toutefois tomber dans l’aguicheur ou le vulgaire. Conversant de toute évidence avec le duo précédemment mentionné, elle laisse échapper un rire qui souligne la beauté naturelle de ses traits alors que le courtaud mais costaud gaillard achève de toute évidence un récit par un :

« Et ça n’a pas loupé ! On l’a retrouvé rond comme une queue de pelle à brailler dans la rue si fort qu’on aurait cru que Meno lui avait alimenté le coffre ! »


Et c’est sur ces entrefaites que tu arrives, les occupants du comptoir se payant une pinte de bon sang avant de remarquer ton arrivée, les deux messieurs faisant alors aimablement silence et s’écartant pour laisser la dame s’adresser chaleureusement à toi :

« Bien le bonjour monsieur, et bienvenue au Pont d’azur. Que puis-je pour vous ? »


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mar 26 Jan 2010 16:05 
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Quelle différence ! Quel plaisir ! Julin s’étonnerait toujours du contraste avec l’extérieur qu’offrait l’atmosphère, l’air d’une auberge qui était comme moite, tiède, chargé des parfums de viandes braisées et des vapeurs douceâtres de l’alcool. A présent qu’il était entré, l’Hiniön savourait, retrouvait avec délice cette ambiance chaleureuse et reposante dans laquelle il avait travaillé ces quelques dernières années, quand bien même n’était-il d’ordinaire que derrière les fourneaux.

Bref, l’elfe blanc se sentait chez lui. Derrière des paupières lasses et mi-closes, ses yeux émeraude découvrirent et étudièrent lentement, soigneusement les clients présents, comme ils avaient pris l’habitude de le faire lorsqu’il œuvrait en tant que maître-queux. En raison d’une idée un peu naïve, d’une preuve de candeur et profession de foi que lui avait inculqué son mentor en matière de gastronomie, Julin avait toujours entendu connaître au mieux les gens qu’il allait servir afin de pouvoir les contenter au maximum de ses possibilités.

On ne cuisinait pas de la même façon pour –par exemple- un Hiniön et un Taurion, il y avait dans l’assaisonnement un choix d’herbes et d’épices à faire, il était des condiments qui seraient plus à même de ravir le palais d’un elfe vert mais qui ajouteraient au plat une nuance citronnée qu’un autre ne saurait pas apprécier. Ainsi la recette se modifiait subtilement, à la tête du client, et bien qu’il n’y ait jamais eu matière à réellement rendre hommage à la chère qu’il proposait, on ne s’en plaignait pas non plus, signe qu’il était probablement un cuistot qui à défaut d’être formidable, s’avérait correct.

Cependant, il n’était pas ici pour cuisiner, se rappelait-t-il. Certes, cela ne l’avait certes guère empêché de sacrifier au rituel et d’observer la clientèle à son aise, mais aujourd’hui, il n’aurait pas à les servir.
C’était en quelque sorte un soulagement pour le doux elfe blanc. S’il savait apprêter un plat à la convenance de ses semblables elfiques, peu importe leur ethnie, il se retrouvait toujours légèrement désemparé lorsqu’il lui fallait cuisiner pour l’étrange race des hommes… Les Sinari savaient, eux, se satisfaire de la gastronomie Hiniön, aussi ils n’auraient guère posé de problèmes, à contrario du Torkin courtaud et épais que Julin considérait d’un œil méfiant et qui, lui, était une parfaite énigme.

Julin n’eut cependant guère plus de temps à consacrer à ses spéculations culinaires car sautant à la manière d’une carpe (la comparaison étant peu flatteuse, l’Hiniön remplaça mentalement le poisson par le mot : sirène) frétillante et guillerette dans son champ de vision, apparut une captivante aubergiste aux couleurs claires d’un ciel d’azur trouvant son reflet dans l’océan, contrastées ou complétées par l’orange amer de sa chevelure. Le regard appréciateur, quoique nullement impudique, l’elfe blanc eut un charmant sourire pour remercier l’eàrion de son plaisant accueil.

Toutefois, l’Hiniön se retrouva pris de court. En effet, que pouvait-on pour lui ? Maintenant sorti de Lùinwë, Julin ne pouvait guère plus interroger les commerçants avec sa coutumière candeur afin de savoir « comment faisaient les aventuriers ». Demander une « boisson de pèlerin » et un « repas du voyageur standard » serait probablement un peu embarrassant, même lui s’en rendait compte.
Avec un sourire qui combattait, tant timidement que vaillamment sa honte, l’Hiniön s’entendit répondre de son habituelle voix empreinte de douceur et d’indolence.

« Un peu de repos et de quoi se restaurer serait parfait. »

Il ne se mouillait pas. La dame remarquerait-elle qu’il n’avait pas la moindre idée de ce que pouvaient lui quémander d’autres voyageurs ? Probablement pas, à moins d’être particulièrement affûtée, pensa-t-il en rejetant en arrière une partie de sa longue chevelure soyeuse qui voilait le côté gauche de son visage, le geste ne s’effectuant pas sans susciter l’usuelle mélodie des pierres précieuses s’entrechoquant les unes aux autres.

Réajustant son sac contre son épaule, l’elfe blanc inclina légèrement la tête en dépassant l’aubergiste, puis chercha une table où il pourrait goûter à une relative solitude afin de s’installer. Bien que généralement à l’aise avec autrui, Julin ne se sentait pas suffisamment dans son élément pour s’installer aux côtés d’un groupe quelconque et faire nonchalamment leur connaissance.

Non, réellement, pour l’heure, un serein isolement lui conviendrait tout-à-fait.

_________________
Julin Lluliel Fëforava : Hiniön : Rôdeur


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mar 26 Jan 2010 18:31 
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« Dans ce cas, installez-vous, nous serons à vous tout de suite. » Te répond l’accorte femme en opinant gracieusement du chef, ne semblant pas se formaliser du peu de précision de ta requête.

Et la voilà partie, te laissant libre de choisir ta place ; et d’autant plus libre qu’il reste une bonne demi-douzaine de tables inoccupées, allant du petit meuble discret dans un coin de la pièce pour la tranquillité individuelle au large étal pouvant accueillir au bas mot une dizaine de personnes.
Tandis que tu prends tes aises, la paire torkin-taurion t’accorde un coup d’œil appuyé puis retourne à son plat et à sa discussion animée, tout comme c’est le cas du sinari, bien que le regard de celui-ci se fasse perceptiblement plus insistant avant qu’il ne reprenne son entretien avec sa vis-à-vis. Quant aux hiniöns et aux humains, c’est à peine s’ils paraissent avoir remarqué ton arrivée, confinant leur attention au cercle dont ils font partie sans avoir l’air d’avoir l’intention de se mêler des affaires des autres de quelque manière que ce soit.

En ce qui te concerne, l’eàrion s’est contentée de passer par une porte située derrière le comptoir, s’absentant à peine une minute avant de reparaître et de se remettre à son poste pour continuer de tailler une bavette avec l’étrange duo. Se passent ensuite cinq minutes durant lesquelles l’évènement le plus notable est la réclamation d’une nouvelle tournée par l’escouade armée ; puis ta commande arrive par la porte de service, portée non pas par la tenancière mais par un elfe blanc. Celui-ci, mince, pour ne pas dire maigre, porte dans une main un plateau de bois et dans l’autre une cruche de terre cuite, est vêtu à la même mode que sa collègue bien que plus sobrement, a de courts cheveux blonds presque blancs ramenés en arrière sur son crâne, et slalome avec une impressionnante agilité à travers les tables pour parvenir jusqu’à toi.

Lorsque le sire dépose devant toi ton repas, tu peux découvrir qu’il s’agit d’une large part de tourte dont émane une bonne odeur épicée de pâte feuilletée, de pommes de terre et de légumes cuits, entourée par une belle couronne de salade ponctuée de petites baies acidulées. La boisson, elle, est un frais mélange de fruits et d’herbes dont la franche saveur pourra avoir de quoi surprendre mais qui n’est pas dénué d’un certain effet tonique. Bien entendu, gobelet, assiette et couverts accompagnent dûment le tout.

« Bon appétit. »
Te souhaite ton serveur à voix posée bien que peut-être un peu monocorde avant de s’en retourner d’où il est venu.

Bon repas, donc, mais quelques minutes après que tu aies entamé celui-ci, tu peux voir quelqu’un s’approcher de toi ; arborant un air embarrassé qui ne va toutefois pas à l’encontre de la bonhomie qu’il dégage. Et pour cause, il s’agit du sinari à l’imposante bedaine, lequel ne fait pas tant montre de timidité que d’un certain embarras, l’objet de sa prise de contact avec toi paraissant l’embêter comme l’indique la façon dont il se racle la gorge pour entamer les propos suivant qu’il tient à ton égard de sa voix légèrement grave d’homme replet :

« Bien l’bonjour m’sieur. J’m’excuse de vous déranger en plein déjeuner, mais j’aurais voulu vous d’mander quelque chose… »
Il observe une pause polie, puis, voyant que tu ne l’envoies pas paître, poursuit. « Voilà. C’est qu’ma famille et moi, on avait prévu d’aller à Cuilnen. L’ennui, c’est qu’pour traverser la forêt qui y mène, comme vous l’savez, faut l’aide d’un elfe. » Laissant à nouveau une seconde s’écouler, comme pour s’excuser de paraître te chosifier ainsi, il reprend son souffle et paraît rassembler son courage pour demander. « Alors si vous allez là-bas, j’aurais voulu vous d’mander si vous auriez pas bien voulu nous guider, si c’est pas trop vous importuner. »


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mer 27 Jan 2010 17:02 
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Prenant son temps pour cela, Julin avait sélectionné une petite table dans un discret coin de la pièce, un lieu où il pourrait décemment goûter à un peu de paix et de repos. L’endroit était assez isolé, et avait été choisi de manière à esquiver les regards inopportuns qu’auraient pu lui envoyer les autres occupants de l’auberge.
Là, reposant son dos et ses jambes, l’Hiniön poussa un soupir de contentement. Plus que de la nourriture dont il avait fait commande, Julin avait faim de tranquillité, désirait se ressourcer sans que l’on ne vienne le troubler, et peut-être le maigre serveur qui ne tarda guère à se présenter l’avait-il compris, s’adressant à lui avec sobriété alors qu’il lui remettait son plat, puis se retirant sans perdre de temps.
Son esprit vide de pensées, blanc, l’elfe déjeuna lentement, avec son habituel appétit d’oiseau. La partie gastronome de sa personne ne put toutefois s’empêcher de constater les indéniables qualités gustatives des repas et boisson énergisante qui lui avaient été servi, mais mise à part une vague remarque intérieure acclamant le mariage des saveurs de la tourte et du breuvage fruité, l’Hiniön ne s’y attarda pas outre mesure.

Ce flegme, cette paresse même dans l’acte de penser se dissipa légèrement une fois la nourriture consommée. L’esprit un peu plus vigilant, délassé, l’elfe blanc parcourut une nouvelle fois du regard l’intérieur de l’auberge et se décida à ne plus tarder à reprendre la route. Bien qu’il ne fût guère pressé d’arriver à destination, Julin n’avait pas pour autant de réelles raisons de gaspiller son temps. Cette brève halte avait, après tout, largement de quoi le requinquer. Ses hommages au cuisinier, le repas l’avait parfaitement remis d’aplomb, peut-être irait-il même le remercier juste avant de partir.
C’est alors qu’il entendait se lever qu’une courte créature boudinée pénétra son champ de vision. Retenant un mouvement de recul dû à sa surprise, Julin s’immobilisa, contemplant le petit bout d’elfe à la large bedaine avec une expression comme… interloquée. Les sourcils haussés et le regard vert curieux, l’Hiniön examina le sinari alors que sans grande éloquence, celui-ci lui présentait ses problèmes.

Il venait d’être interpellé par un hobbit… qui sollicitait qu’il se mette à sa disposition qui plus était ! La condescendance n’avait jamais été un trait de caractère très (ou trop) développé chez Julin, néanmoins, il en avait un vif accès en regardant la petite chose lui quémander un service.
Fort heureusement, le petit gars boudiné semblait avoir conscience de son outrecuidance (tout de suite les grands mots…), ou du moins, du fait que l’elfe blanc n’était qu’un placide voyageur qui n’avait rien demandé à personne, et qui, peut-être, souhaitait de même qu’on lui accorde une certaine paix. La répartie de Julin en fut considérablement adoucie, baignée même d’une certaine bienveillance.

« Asseyez-vous. » Invita-t-il posément.

Quelques secondes passèrent durant lesquelles, l’elfe blanc contempla la dodue petite créature. Sa brusque irritation se calmait, s’atténuait à mesure qu’avançait son observation. Il y avait comme un certain embarras qui se dégageait de la personne du hobbit, une gêne presque palpable qui s’exsudait, et aucun doute à se faire, le bonhomme ne le mandait pas avec hardiesse en pensant acheter ses services contre une poignée de pièces. Non, il était la réserve même, et il avait donc certainement une bonne raison d’ainsi déroger aux conventions.

Aussi, ce fut avec une gentillesse, un rien de douceur dans la voix que Julin reprit en fixant son regard émeraude dans les yeux du petit être.

« Votre démarche me laisse perplexe, Sinari. »

C’était peu dire, il avait été prêt à le foudroyer sur place. L’incongruité de la demande y était pour beaucoup. L’hiniön moyen avait, après tout, une certaine tendance à sauter sur d’impromptues conclusions, du fait d’une petite lacune dans ses capacités d’observation, peut-être, ou qu’il était tant imbibé par l’orgueil qu’il lui était inconcevable que ses interlocuteurs puissent ne pas patauger dans cette même piteuse mare d’arrogance…
Quoiqu’il en soit, Julin tenait la bride à sa répugnance et tâcha avec courtoisie d’amener le sinari à expliciter sa situation. Si ses propos n’étaient guère doux, le ton, lui, ne manquait pas d’une certaine cordialité, en était suffisamment imprégné en tous les cas pour que la pauvre petite chose n’ait pas l’impression d’être agressée par ses paroles.

« Pourquoi interpeller un voyageur qui, manifestement, un regard saurait suffire à s’en rendre compte, ne fait pas de sa spécialité l’exploration forestière, au lieu de requérir les services d’un guide de profession comme on pourrait en trouver mille à Lùinwë ? »

Le regard pénétrant, lame d’émeraude tenant en joue la petite créature, Julin poursuivit. L’elfe blanc ne comptait certes pas l’estoquer, néanmoins, certains détails méritaient d’être précisés, certains faits se devaient d’être clarifiés. Si Cuilnen ne pouvait être pénétrée par n’importe qui, ce n’était pas un « ennui », comme l’avait mentionné l’aimable joufflu, non, c’était une précaution qui avait lieu d’être.

« Vous comprenez sans doute que le royaume de l’Anorfain a ses raisons de réguler les intrusions dans sa capitale, aussi, pourquoi ne pas suivre la procédure telle qu’elle est établie et vous trouver un accompagnateur qui saura vous mener à bon port sans accroc ? »

« Un accompagnateur », donc pas lui, mais quelqu’un de plus qualifié en la matière. Quelle idée que de demander ainsi au premier venu ! Quoique pressentant que quelque chose clochait dans le comportement du hobbit, Julin n’avait pas refusé… bien que l’idée de traîner à sa suite une portée de sinari n’eut rien pour l’enchanter, il demeurait de trop bonne nature pour simplement envoyer paître son interlocuteur, quel qu’il fut.

« Méfiez-vous des étrangers. » Lui avait dit le brave soldat de la reine, aux portes de Lùinwë, mais quand bien même l’elfe blanc prenait à cœur ce conseil, il ne lui était réellement pas aisé que de l’appliquer.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mer 27 Jan 2010 19:34 
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Reprenant une certaine confiance, ou tout du moins une certaine aise, à ton invitation à prendre place à tes côtés, le sinari obtempère sans faire le difficile, calant son postérieur sur le meuble de bois qui fait face au tien, son large ventre s’appuyant contre le rebord de la table alors qu’il croise les mains devant lui, considérant tes remarques avec moins de gêne et plus de sérieux qu’au premier contact.
De plus près, tu peux voir qu’il a le visage mûr de quelqu’un qui commence à dépasser l’âge adulte pour s’acheminer tranquillement vers la vieillesse, et que malgré ses allures bonasses, il doit certainement avoir plus de plomb dans la cervelle que ne pourrait le laisser supposer son allant débonnaire. Ainsi, sans nullement se racrapoter ou se confondre en excuses confuses à la moindre de tes objections, il hoche posément la tête, semblant prendre dûment en note ce que tu lui dis pour finir par répondre avec toutes les apparences de la bonne foi :

« J’vois c’que vous voulez dire, et j’comprends qu’vous soyez méfiant. » Dit-il tout d’abord, toujours en ayant l’air de mâcher ses mots de cette façon si particulière. « Mais tout simpl’ment, tant qu’à faire, plutôt que d’faire tout l’chemin jusqu’à Lù’nwë pour ensuite faire d’mi tour pour aller à Cuilnen, j’préfère vous d’mander ici et maint’nant si par hasard vous auriez la bonté d’nous faire l’honneur d’vot compagnie. » Il se tient silencieux un instant, puis lève légèrement les mains pour tendre ses paumes devant lui en signe d’aménité. « Si vraiment ça vous dit rien, j’comprendrai, vous en faites pas. On s’débrouill’ra autr’ment. C’est juste que ça fait pas d’mal de d’mander, voilà tout. »

Ayant ainsi conclu sa plaidoirie, le bonhomme pose à nouveau ses pognes boudinées devant lui, te laissant y apporter ta réponse.


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Jeu 28 Jan 2010 02:06 
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La placide bonhomie du hobbit décrocha à Julin un petit sourire amusé. Aux yeux du candide elfe blanc, le comportement du sinari était comme révélateur d’une certaine… paresse, ce qui avait de quoi égayer son humeur. Si lui-même refusait de lui prêter son concours, comptait-il donc quémander les services de chaque elfe qu’il aurait le bonheur de croiser ? Valait-il mieux faire vite que faire bien ? C’était là un mode de pensée que l’Hiniön n’était pas en mesure de comprendre.

La procédure correcte, d’ailleurs synonyme de droiture et de sécurité, aurait été de trouver un réel guide, un elfe qui en avait fait sa profession et qui était habilité à introduire de nouvelles têtes à Cuilnen. Pourquoi prendre le risque de faire une triste rencontre en se fiant à la mauvaise personne, qu’aurait donc fait le brave hobbit si lui-même avait le goût du mal ? L’idéologie commune se révélait parfois trompeuse, quand bien même leur peau se colorait d’un blanc aussi pur que les premières neiges, les hiniöns cédaient autant à l’obscure séduction du malin que les autres…

Non, le jeu n’en valait pas la chandelle, même si, peut-être, le sinari était suffisamment perspicace pour ne pas réitérer sa demande devant chacun de ses semblables. Le petit-être l’avait d’ailleurs choisi pour cette première tentative, il ne s’était pas risqué à pénétrer le cercle que ses nobles pairs composaient, et n’avait non plus cherché à recourir au taurion et à son petit mais robuste compagnon, ce qui était l’éventuelle preuve de sa sagacité.

Bon… d’un autre côté, le brave patriarche avait peut-être déjà été voir ailleurs et avait écopé de réponses négatives. Julin ne pouvait guère le savoir.

L’elfe blanc reconsidéra son mûr interlocuteur avant de reposer sa joue contre la paume de sa main droite, sa longue chevelure ornée de pierreries cliquetant contre le rebord de la table.

« Avant de vous donner ma réponse, Sinari, j’aimerais que nous évoquions ensemble deux aspects de votre requête. »

Sa voix était douce, comme seule pouvait l’être celle d’un elfe, certes, mais jouissant de cette petite étincelle de tendre sincérité qui agrémentait immanquablement les paroles du chaleureux Julin. Pour autant, il n’y avait là aucune futile tentative de séduction, nul vain effort destiné à charmer son auditoire, l’Hiniön qui était simplement ainsi, expliqua la déclaration qu’il venait de faire avec une droiture manifeste et une exemplaire franchise.

« En premier lieu, bien que Cuilnen soit effectivement ma destination, il faut que vous sachiez que pour autant, je n’y suis jamais allé. Tout comme je préfère vous révéler immédiatement que je n’ai guère une grande expérience en matière de pérégrinations. Ceci étant posé, c’est à vous de décider si vous sollicitez toujours mon assistance. »

L’elfe blanc eut un petit sourire, comme légèrement empreint de malice. Avec son aide, la poignée d’heures que le sinari ne perdrait pas à dénicher un guide valable risquait toutefois d’être gaspillée en vaines errances et recherches infructueuses au cœur des bois. Il fallait qu’il soit bien conscient de cela, quand bien même disait-on qu’hiniöns et taurions retrouvaient d’instinct la belle Cuilnen, que le sang dans leurs veines et le murmure de la forêt de l’Anorfain les y mèneraient toujours.

Le deuxième point qu’il avait à énoncer était cependant plus difficile à formuler pour le bon Julin. Sans agressivité aucune, il exprima toutefois le fond de sa pensée, extériorisa posément les impératives conditions que devaient remplir le groupuscule de sinari afin qu’il accepte de les prendre sous son aile.

« En second, si vous vous refusez à me révéler ce que vous comptez faire à Cuilnen, il me sera impossible de vous accompagner. Je répugne à le dire, mais l’apparence de votre compagnon de voyage n’est pas de nature à inspirer la confiance. Sans être convaincu du bien-fondé de votre visite et certain de votre inoffensivité pour les miens, je ne pourrai pas vous prêter mon concours. »

Même formulées par les lèvres les plus aimables, les paroles amères demeuraient pénibles, tant à prononcer qu’à entendre.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Jeu 28 Jan 2010 03:08 
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Plus votre discussion se poursuit, et plus le petit humanoïde ventru paraît être à l’aise ; non pas comme s’il était certain de voir sa requête acceptée, mais comme s’il appréciait de pouvoir tenir en tout cas une conversation digne de ce nom, sans se faire envoyer promener sans raison. T’écoutant sans t’interrompre, sans paraître ennuyé ou agacé de la formalité avec laquelle tu t’exprimes, il hoche la tête avec courtoisie lorsque tu mentionnes organiser ta réponse en deux temps, puis une fois encore, de manière plus appuyée quand tu dis être un néophyte des routes, sans pour autant avoir l’air le moins du monde pris au dépourvu par une telle information, cette révélation n’ayant guère l’air de le surprendre.

En revanche, alors que tu en viens à mentionner ton deuxième point, tu peux le sentir se tendre un moment à la mention de son « compagnon de voyage » en direction duquel il jette un coup d’œil à la fois peiné et légèrement inquiet. Celui-ci, soit qu’il n’ait pas entendu, soit qu’il n’ait pas fait attention, en reste à ce à quoi il était occupé, c'est-à-dire discuter avec sa voisine de table. Toutefois, cela n’empêche pas ton interlocuteur de conserver son air un peu attristé tandis qu’après un soupir, il répond :

« J’sais bien qu’le p’tit encourage pas à lui donner Gaïa sans confession ; tout l’monde le r’garde de traviole. » Hochant la tête en se frottant doucement les mains, comme pour chasser de déplaisantes pensées, il enchaîne. « Mais croyez moi quand j’vous dis qu’il est aussi mauvais que j’suis maigre ! »

A ce trait d’humour sur son physique assez peu gracieux qui n’a vraiment pas l’air de le préoccuper, il se laisse aller à un sourire faisant renaître un peu de jovialité dans son allure, jovialité qui s’avère vraie puisque c’est avec entrain qu’il poursuit sur un sujet qui a l’air de lui tenir bien à cœur :

« Quant à savoir pourquoi on voudrait aller à Cuilnen, c’est pour la cuisine ! »

Ce mot résonne en sortant de sa bouche avec quelque chose qui tient presque de la ferveur, ponctué par un exubérant geste des bras pour souligner le haut sens qu’il semble donner à cette activité. Cependant, il reprend bien rapidement son calme pour s’expliquer plus clairement et plus posément.

« Vous voyez, j’suis cuisinier à Shory, et d’puis longtemps maint’nant. Et un beau jour, j’me suis dit qu’il était temps d’élargir mes horizons, si vous voyez c’que j’veux dire. Alors après avoir réuni suffisamment d’yus pour ça, on est partis tous les trois pour faire l’tour de Nirtim et voir un peu c’qui s’fait ailleurs… à commencer par Cuilnen. »


N’approfondissant pas davantage ce sujet sur lequel il aurait pourtant bien l’air de pouvoir continuer longtemps, il croise les bras sur le gros coussin en lequel consiste son confortable bedon, avec une expression un peu rêveuse toujours aux lèvres, et reste ainsi quelques secondes avant de se rendre compte qu’il a oublié en chemin une partie de ce que tu as mentionné :

« Pour c’qu’est d’vot’ inexpérience, y’a pas d’souci. Franch’ment, même si on doit piétiner un peu en ch’min, ça m’dérange pas. On est pas particulièrement pressés, alors si vous êtes d’accord, ce s’ra un plaisir d’vous compter parmi nous ! »


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Jeu 28 Jan 2010 15:57 
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Admettre que le hobbit à la disgracieuse ascendance garzok n’avait guère un mauvais fond, que son apparence n’était pas révélatrice de sa nature… Julin ne le pouvait tout simplement pas, pas si aisément, pas alors qu’il baignait depuis toujours dans cette culture de la beauté et de l’élégance qui était propre à l’ethnie hiniön. Néanmoins, l’elfe blanc n’était pas suffisamment obtus, n’avait pas l’esprit assez étroit pour rejeter la requête du sinari pour cette seule et simple raison.
Le demi-orque n’était pas sûr, était potentiellement dangereux, mais pas nécessairement plus que n’importe quel Humain qui pénétrerait Cuilnen. Le cas échéant, les soldats de la reine s’assureraient très certainement de le jauger et de le tenir à l’œil.

La présence du « petit », comme l’appelait le sinari, n’était donc pas un motif valable pour que Julin lui refuse son concours. Il restait à savoir ce qu’entendait faire l’insolite trio une fois au cœur du royaume de l’Anorfain. Certes, quand bien même nourrissaient-ils de noirs desseins, ils ne le lui auraient certainement pas avoué ! Mais c’était malgré tout une précaution à prendre, l’Hiniön pouvait toujours tâcher de juger du bien-fondé de leurs motivations et estimer la justesse de celles-ci.

Julin releva doucement la tête lorsque le sinari explicita son ambition d’étendre le panel de ses connaissances culinaires par un grand voyage autour de Nirtim. Ses yeux s’écarquillèrent perceptiblement sous l’effet de la surprise, alors que contemplant la petite bouille sérieuse du cuisinier, animée et transfigurée par la ferveur, l’elfe blanc sentit un doux sourire étirer ses lèvres.

Le carillon argentin de son rire retentit tout à coup, sous l’impulsion duquel, l’Hiniön rejeta en arrière la cascade ébène de sa chevelure. Ce fut un joyeux trille, suffisamment épanoui pour emplir l’auberge de gaieté et éclipser le murmure des conversations. Il dura une longue poignée de secondes enchanteresses où la bonne humeur eut tant adouci le visage de Julin qu’il en parut purement, fragilement juvénile, son expression radieuse comme sculptée dans un cristal éphémère, trop délicat et précieux pour éternellement demeurer entier, immuable et immaculé.
Le charme se rompit aussi soudainement qu’il était apparu, laissant sur les traits de l’elfe blanc quelques charmantes traces de son précédent éclat. Se levant d’un bond leste, l’Hiniön tendit sa main gracile au petit-cuistot et la lui serra chaleureusement avant de quitter le discret coin où il s’était installé pour faire quelques pas vers la table des hobbits.

« Venez. » Invita-t-il doucement en se retournant vers l’aimable patriarche. La conversation ne devait se poursuivre qu’avec la famille au complet.

Debout face aux sinari, les mains posées à plat sur la table, Julin entama les présentations, la gaieté donnant à sa voix une tonalité légèrement chantante et mélodieuse.

« Je suis Julin Lluliel Fëforava. Avec votre permission, Sinaris, je tâcherai de vous accompagner jusqu’à Cuilnen. »

Un sourire affable ornait ses lèvres claires et il se trouvait être d’une humeur excellente. Bien qu’il n’ait guère explicité les raisons de ce revirement soudain, passant d’une perplexe circonspection à cet enjouement manifeste, comment aurait-il pu refuser de secourir un confrère cuisinier ?
Parcourir le continent en quête de nouveaux horizons gastronomiques, voilà qui collait tout-à-fait avec l’image que l’elfe blanc ragaillardi se faisait des sinari !

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Ven 29 Jan 2010 21:04 
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Ton rire peu discret ne passe effectivement pas inaperçu dans la taverne, les trois occupants du comptoir se tournant vers toi avec un air interloqué peint sur le visage avant d’en revenir poliment à leur conversation, à l’opposé des hiniöns qui semblent avoir trouvé quelque chose sur lequel médire puisqu’ils jettent des coups d’œil narquois dans ta direction tout en discutant. Seuls les soldats ne paraissent pas faire grand cas de ce bruit soudain et incongru, s’intéressant manifestement davantage à ce qu’ils ont à se dire qu’à ce qui se passe autour d’eux.
Quant à ton interlocuteur, il a l’air franchement surpris que quelqu’un d’aussi flegmatique que toi s’affiche soudainement aussi jovial, mais ne t’en emboîte pas moins le pas avec un sourire comblé sur le visage. Pour ce qui est des attablés, la dame lève les yeux dans ta direction, mais le grand garçon, bien qu’il ait de toute évidence remarqué ton approche, ne te regarde pas aussi franchement dans les yeux, apparemment plus par une sorte de manque d’assurance que par défiance ou par hostilité, l’épais personnage dégageant au contraire quelque chose de doux et de paisible.

A tes mots, la mûre sinari laisse également se former sur son visage une demi-lune de dents certes accompagnée de pattes d’oies à la commissure de ses lèvres mais qui n’en reste pas moins ourlée d’une certaine élégance de même que la révérence qu’elle exécute en descendant de sa chaise, se présentant à son tour :

« Oriah Tourte. Ce sera un plaisir de vous avoir avec nous pour le reste du voyage, monsieur Fëforava. » Dit-elle modestement, se montrant plus distincte et soutenue dans le langage dont elle fait usage que son compère.

Le troisième larron à la peau brune se lève également du haut de son mètre cinquante, se fendant d’une timide inclinaison du buste pour prendre la parole plus laconiquement, d’une voix grave aux accents gutturaux à peine audibles :

« Xavier. Ce sera pas de refus. »


Et c’est au tour du bon homme de conclure, celui-ci se montrant définitivement de tempérament gai et facilement ouvert puisqu’il s’exclame :

« Merveilleux ! Moi, c’est François. François Tourte. Un signe, hein ? » Il a un petit éclat de rire avant de déjà donner les dispositions pour votre départ imminent : « Riri, va régler la note pendant qu’moi et l’petit on va s’charger d’préparer la guimbarde ! »

Ainsi se fait, le groupe se scindant en deux, l’une au comptoir et les autres à la caravane pour mettre tout en place afin de reprendre la route.


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Ven 29 Jan 2010 23:48 
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Des regards telles les pointes acérées des lances du mépris, de la médisance et de la curiosité se dardaient sur sa personne, mais peu importait la qualité de leur acier : une solide cuirasse de nonchalance, renforcée d’un égocentrisme aussi pur que le mithril protégeait l’indolent Hiniön. Drapé d’une insouciance ciselée de maître-argent, inconscient de l’attention soudaine qu’on pouvait bien lui accorder, l’elfe blanc considérait le trio de petits gastronomes avec un sourire tant affable que diverti.
Elevé dans l’amour d’une courtoisie soignée, Julin Lluliel Fëforava inclina la tête à l’attention de chacun des membres de l’équipée lorsqu’ils se présentèrent, bien qu’il ne put s’empêcher de sourciller lorsque l’on s’adressa à lui par le tierce de ses noms.
« Monsieur Fëforava », voilà qui sonnait de façon fort discordante à son oreille. Si son premier patronyme était le prénom usuel que lui avait conjointement choisi sa parenté, il tenait le second de son père, et, le troisième… octroyé par le druide qui tirait les runes, n’avait pas pour destination d’être employé. Une explication dont ne pouvait pas être au fait un hobbit de passage ; les mœurs et traditions elfiques étaient bien trop complexes et fluctuantes pour être appréhendées d’un unique regard.

Pour autant, l’elfe blanc ne corrigea pas l’épouse. Après tout, la manière dont ils le nommaient avait-elle une quelconque importance ? Acquiesçant à ses propres pensées, il observa, immobile, le trio s’activer et se préparer à repartir, puis ne leur accorda guère plus d’attention.

La famille « Tourte », songeait-il en se dirigeant vers la table qu’il occupait précédemment pour récupérer son sac-à-dos au cuir noir et lustré. Sa mère faisait-elle de telles rencontres lors de ses propres pérégrinations ? Tout d’abord, un larron masqué à l’exquise politesse, puis une petite cohorte de miliciens aux humeurs disparates, et finalement un cuisinier hobbit, son épouse, ainsi qu’un probable rejeton de sang-mêlé qu’ils avaient adopté.
De l’avis de Julin, le patriarche faisait montre d’un certain courage. Prendre sous son aile une engeance disgracieusement garzok et vivre à ses côtés requérait une authentique vaillance, tout comme beaucoup de cœur. Que Rana emporte les belles paroles et nobles pensées, le jeune Xavier était un monstre, un effrayant objet de curiosité, pas plus sinari qu’orque, une créature qui n’aurait jamais dû naître. Si son existence était de nature à rendre méfiant le doux Hiniön, il se découvrait néanmoins une certaine compassion à son égard à mesure qu’il réfléchissait à son cas.
Faire preuve de mansuétude et de miséricorde, oui, Julin décida que c’était là la correcte attitude à adopter. Après tout, personne ne lui demandait d’aimer le demi-orque, ni même de seulement l’apprécier, mais on avait le droit parfaitement légitime d’attendre de lui qu’il ne laisse pas la répulsion ternir l’émeraude de son regard lorsque leurs yeux se rencontraient.

Satisfait de la conclusion à laquelle il était parvenu, confiant quant à l’honorabilité de sa démarche cognitive, Julin acquiesça de nouveau, discret et pensif alors qu’il rejoignait le comptoir.

Lui tout absorbé par sa méditative réflexion, la mère Tourte avait eu le temps de régler son ardoise et de rejoindre son époux et son affreux rejeton. Julin se tint donc à l’exact endroit où la mûre hobbit avait pris place pour payer et fit un léger signe de la main à l’avenante tenancière, lui signifiant poliment qu’il réclamait son attention.
« Combien vous dois-je ? » Dit-il en se saisissant de son escarcelle, déposant devant lui une poignée de yus une fois qu’on lui eut répondu.

Inclinant la tête en un dernier salut, ses yeux voletant brièvement vers le torkin et son compagnon, l’elfe blanc quitta l’auberge en lâchant derrière-lui un aimable et négligent : « Mes compliments au chef ! ».
Regagnant l’air frais, l’Hiniön s’en remplit les poumons avant de pousser un long soupir délassé, puis dirigea son pas vers les écuries jouxtant la porte d’entrée. Une note de curiosité composait la partition complexe de son visage lorsque cherchant les trois petits hobbits parmi les larges équidés, Julin s’interrogeait innocemment. Quel genre d’animal pouvait bien être « une guimbarde » ?

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Sam 30 Jan 2010 00:28 
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Pour la culture générale du jeune hiniön que tu es, une guimbarde désigne une sorte de long chariot couvert à quatre roues servant de coche ou de fourgon, véhicule fort utile s’il en est puisqu’il permet de transporter diverses affaires sans grande crainte qu’elles puissent être abîmées ou chapardées en chemin ou lors de haltes. Ainsi, c’est sans surprise qu’alors que tu refermes derrière toi la porte du lieu qui t’a abrité le temps d’un repas, tu pourras découvrir que la famille sinari voyage à l’aide d’une roulotte dont la partie habitable se gagne par une porte située à l’arrière tandis que l’avant présente le siège du conducteur puis la fort robuste jument chargée de traîner la construction de bois.
Il est visible que le tout ne respire pas la première jeunesse, bien qu’un bon coup de peinture semble y avoir été apporté il y a peu, mais cela n’empêche pas ce moyen de transport hippomobile à bord duquel tu seras pour les deux jours à venir d’avoir l’air à tout moins fiable.

A son avant, les rênes en main, tu peux voir que François est assis en position de cocher, avec à ses côtés Xavier qui, les mains tranquillement posées sur les cuisses, attend paisiblement le départ. La présence féminine de l’équipée n’est pas visible, mais doit certainement être à l’intérieur de la maison miniature mobile, car le bedonnant sire, en te voyant sortir du bâtiment, te hèle avec entrain :

« On attend plus qu’vous ! »


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Dim 31 Jan 2010 19:22 
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Avec la même discrète fluidité que les douces rafales qui balayaient la route poussiéreuse, Julin, le trot diligent, fila auprès de la large monture, sur le dos de laquelle il s’appuya d’une main gracile. D’une élégante impulsion directement inspirée par son expérience équestre, l’elfe blanc pris son essor dans un voyage aérien d’une courte demi-seconde, se propulsant de son élan, à la force du bras et d’un souple mouvement de balancier sur le banc du conducteur de la petite carriole. Si le leste bond eut pu rivaliser avec la digne grâce de l’envol du saint Merenra, l’atterrissage et le déséquilibre qui s’ensuivirent et qui lui firent battre des bras à la manière d’un canard malade afin de ne pas chuter eurent de quoi désacraliser très nettement le caractère grandiose de l’action.

Finalement retenu au niveau du genou par la main boudinée de François, l’Hiniön se remit de son exercice de haute-voltige et poussa un discret soupir de soulagement. Son manque de pratique ces dernières années lui avait coûté en agilité, Julin n’avait pas une seule seconde pensé que ses capacités avaient pu décroître depuis qu’il avait quitté le haras de Lúinwë. C’était là une petite désillusion qu’il accepta néanmoins sans mal. Un sourire aimable et reconnaissant sur le visage, l’elfe blanc se fendit d’un « Merci bien. » guilleret avant de se dégager de son sac-à-dos et de s’asseoir à côté de l’aubergiste.
Alors que les rennes claquaient sur les flancs robustes de la lourde jument de trait, l’elfe blanc se permit de formuler la remarque qui lui était venue à l’esprit aussitôt après avoir aperçu le véhicule.

« Un moyen de transport bien confortable que vous avez là, cependant, il vous faudra prendre vos dispositions pour le faire garder par le propriétaire du relais le plus proche de la forêt de l’Anorfain. La… guimbarde, et le mot paraissait bien incongru sur la langue de Julin, comme prononcé avec un soin, une élocution qu’il ne méritait guère, est bien trop large pour suivre les fines pistes sylvestres qui nous mèneront à Cuilnen. Ou du moins, s’il existe un passage qu’il lui serait possible de parcourir, je ne le connais pas encore. Vous avez de petites jambes mais j’espère qu’à votre rythme, vous n’aurez rien contre un peu de marche à pied. »

Le tout énoncé sans animosité aucune, car il n’y avait guère de raillerie dans la voix de Julin alors qu’il évoquait la petitesse des membres inférieurs hobbit. N’était-ce pas, après tout, simplement réaliste que de reconnaître qu’ils étaient courts-sur-pattes ?

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