Dirigé de Julin :
Doucement tu pousses la porte, comme douce est l’ambiance à l’intérieur de ce qui s’avère avoir tout d’une auberge, le jeune elfe que tu es pénétrant dans le bâtiment sous le regard placide et indifférent d’un cheval occupé à brouter tranquillement son avoine.
Le lieu, agencé de manière assez simple, fait à la louche une quinzaine de mètres sur une douzaine, et est meublé par une bonne dizaine de tables de taille variable, sans oublier une grosse cheminée dans le mur qui te fait face, non loin du comptoir auquel on pouvait s’attendre dans un établissement de la sorte. Sans être bondé, il est tout de même rempli au point de laisser l’air ambiant bruire de la rumeur continue des murmures de conversations et des couverts qui s’entrechoquent, créant une ambiance à la fois tranquille et active.
Pour se pencher plus précisément sur la clientèle du moment, tu peux au premier abord reconnaître des frères de race en la présence d’un trio d’hiniöns assis à une table située relativement à l’écart des autres occupants, comme pour rester autant que possible entre eux. D’âges variables, celui qui est de toute évidence l’aîné d’après son apparence a tout l’air d’avoir la prééminence au niveau de la parole, et soit qu’ils viennent d’un milieu aisé, soit qu’ils veuillent se donner un genre, leurs habits sont de fort bonne facture, et la manière qu’ils ont de s’exprimer n’est pas dénuée de quelque chose de précieux, voire de fat, tout comme la façon qu’ils ont de dévisager de temps à autre ceux qui les entourent, toi y compris.
Vient ensuite une escouade d’une demi-douzaine d’humains qui sont, à en juger par leur physique bien râblé autant que par leurs cottes de maille et leurs épées, des hommes d’armes, d’un abord qui n’est certes guère charmant mais qui n’a, pour leur défense, rien de réellement braillard, désagréable ou mal grossier, même si coudes sur la tables et bruits de mastication sont évidemment au rendez-vous. Attablés autour d’une dinde quasiment réduite à l’état de carcasse et de chopes remplies d’un liquide qu’ils éclusent avec enthousiasme, ils ne font rien pour masquer la teneur de leur conversation qui n’a de toute façon rien de bien mystérieux ou même de passionnant, déplorant le manque d’opportunités à Kendra Kâr et échangeant diverses anecdotes plus ou moins vraies au sujet de Lúinwë, pas mal d’entre lesquelles tournent autour de la population féminine locale.
Trois autres personnes installées de concert se remarquent, les deux premières consistant en un couple de sinaris confortablement adultes vêtus sans chichis mais avec goût, monsieur arborant une bedaine fichtrement large et madame ayant le visage le plus joufflu que tu aies jamais vu. Entre eux deux est installé un être qui a la rondeur et l’aménité physique naturelle propre à la race dont font partie ses voisins, mais qui combine également à cela de manière étrange un corps bien charpenté, une mâchoire développée et surtout un teint de peau tirant vers une sorte de beige ; traits chez lesquels on saurait reconnaître une ascendance garzok. Ce dernier est silencieux, mangeant en silence et laissant les deux autres discuter à voix plutôt basse.
Enfin, derniers mais pas moindres, installés sur des tabourets au comptoir figurent un torkin et un taurion et, soit qu’ils se soient rencontrés sur place, soient qu’ils voyagent ensemble, ils discutent ensemble en toute cordialité, le premier de sa rude voix grave de montagnard, et le second de son timbre fluet mais bien audible d’être des forêts.
Arborant un plastron de beau métal, un caque sobre recouvrant une toison faciale et capillaire blonde abondante, et ayant à ses pieds un imposant marteau de guerre, le nain, comme en visière qui courent contre ceux de son peuple, est habillé de vêtements assez soignés qui, tout poussiéreux qu’ils soient, n’ont rien de crasseux ou de mal portés. Quant au vert, il porte arc en bandoulière, lance de bois travaillé à ses côtés, vêtements et armure de cuir couleur de verdure, a de longs cheveux noirs qui tombent en cascade sur ses épaules, et malgré l’amabilité dont il fait preuve, on peut le sentir quelque peu mal à l’aise en lieu clos.
Et bien évidemment, n’oublions pas le, ou plutôt la responsable des lieux ! Avenante eàrion peut-être un peu dodue pour une elfe mais à l’apparence néanmoins tout à fait charmante, sa peau est d’un doux cyan qui n’est pas sans rappeler celui de l’océan, sa chevelure rousse est ramenée en un joli chignon frisottant, et ses vêtements la parent avec une simple élégance, soulignant son allure avantageuse sans toutefois tomber dans l’aguicheur ou le vulgaire. Conversant de toute évidence avec le duo précédemment mentionné, elle laisse échapper un rire qui souligne la beauté naturelle de ses traits alors que le courtaud mais costaud gaillard achève de toute évidence un récit par un :
« Et ça n’a pas loupé ! On l’a retrouvé rond comme une queue de pelle à brailler dans la rue si fort qu’on aurait cru que Meno lui avait alimenté le coffre ! »Et c’est sur ces entrefaites que tu arrives, les occupants du comptoir se payant une pinte de bon sang avant de remarquer ton arrivée, les deux messieurs faisant alors aimablement silence et s’écartant pour laisser la dame s’adresser chaleureusement à toi :
« Bien le bonjour monsieur, et bienvenue au Pont d’azur. Que puis-je pour vous ? »