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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Jeu 23 Fév 2012 22:01 
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Finalement, le voyage avait débuté. Aënith avait fournis à Pénélope ce qu'elle lui avait demandé et Evangelina semblait s'être mise d'accord avec Larhe pour que ce dernier les accompagne également.

Fear n'accordait pas, et de loin, le même intérêt à la poupée mâle qu'à la poupée femelle. En réalité, et il le voyait bien, il n'était pas aussi sophistiqué qu'elle. Quelque part, c'était un peu triste pour lui car, peut-être, se sentait-il inférieur. Mais malheureusement, les choses sont faites ainsi. Et de toutes les façons, Evangelina ne semblait tenir compte de ce détail vu l'amour qu'elle semblait lui portait.

Ils prirent donc la route de Cuilnen, dans le calme et le silence. Farrell avançait en tête de file et à coté de lui se trouvait Pénélope. Derrière, il y avait les poupées. Fear ne connaissait pas la route à emprunter mais, l'Elfe blanche si et aussi la laissait-il donc les guider vers cette ville réputée sainte. Cependant, le guérisseur noir n'était pas dans son assiette. Non, cela n'avait rien à voir avec la fatigue, c'était bien plus psychologique et les propos récents de la Fille de Richard n'y étaient pas une cause étrangère.

Aussi chercha-t-elle à tenter une approche, après avoir conservé le silence pendant un certain moment.


- Cuilnen est à deux jours et demi de marche. Vu les récents évènements, tu ne penses pas que tu aurais du te reposer davantage ? Bon ok, la route est sure mais, ça ne veut pas dire qu'elle est facile.

Elle n'eut aucune réponse en retour et Fear ne semblait même pas l'avoir écouté car il n'avait réagis en rien à ses dires. En fait, il était tellement absorbé par ses pensées qu'il ne faisait même plus attention à ce qui l'entourait. Plongé entre prière et réflexion, il était en train de se demander pourquoi le père de Pénélope avait offert ce médaillon à sa mère, alors que ce dernier était potentiellement ... Malsaint.

S'il se souvenait bien de l'histoire, ce bijou contenait une sorte d'énergie négative particulièrement puissante. Et quiconque le portait était soumis à son influence. Madame Mirler aurait-elle résisté toute sa vie à cette influence justement ? Ce n'était pas impossible mais c'était tout de même improbable.

En soit, le médaillon n'était pas la plus grande menace. La plus grande menace, c'était que l'énergie qu'il contenait, alors comme plongé dans un profond sommeil, ne se réveille. Farrell connaissait cette vieille histoire mieux que quiconque et pourtant, ce n'était pas sa famille qui était à l'origine de sa création. Normalement, il ne devrait pas aller l'extraire de sa cachette car, sa lignée s'était assurée que cela ne se produirait jamais en éliminant celle qui en a été la forgeronne ainsi que celui qui était censé s'en servir.

Seulement, Fear avait un sérieux doute sur la dernière information. Car si le disciple de Pandore était bien mort, alors tout ceci n'aurait pas du avoir lieu. Mais, Farrell craignait que le Comte d'Oxymion, ne soit autre que ce même disciple. Ce qui l'étonnait d'ailleurs car son âge devrait dans ce cas être égal à ... deux ou trois milliers d'années. Pour un être Humain, c'est long ...

Il était donc en proie au doute. Car d'un coté, il sentait bien que quelque chose de très grave allait se produire s'il ne faisait rien, et d'un autre coté, rien n'aurait et ne devrait arriver. Une fois de plus, il était confronté à un combat entre son instinct et sa raison. Techniquement parlant, c'était impossible, mais les éléments laissaient bien supposer le contraire. Alors dans ce cas que faire ? Ça il le savait, récupérer le médaillon et le neutraliser avant que quiconque ne mette la main dessus. Au moins, tout danger serait alors écarté.


" Pandore ... "

Ce nom résonnait dans son esprit. Pandore n'était autre que le lointain ancêtre de Pénélope. Une Elfe blanche particulièrement maléfique. D'ailleurs, les rivalités entre les Farrells et les Mirlers avaient commencés lorsque leurs deux ancêtres respectifs, d'où découlaient leurs lignées, s'étaient confrontés. Pandore voulait le mal et Onyx voulait le bien, alors forcément, ça a fait quelques étincelles ... Des étincelles de la taille d'une étoile d'ailleurs. Leur combat fut si long et si dévastateur qu'il en avait profondément marqué les esprits, du moins, de leurs temps. Mais aux dernières nouvelles, c'était Onyx qui l'avait éliminé et qui avait également éliminé son disciple. Mais il n'était apparemment pas au courant que cette dernière s'était assurée une progéniture. Tout comme elle n'était pas au courant qu'il s'en était assuré une.

Et aujourd'hui, leurs descendances marchaient côte à côte, dans l'optique d'accomplir dé détruire ce que Onyx n'avait pas pu détruire ? Bizarre comme situation, mais pas impossible. Maintenant, cette longue et interminable histoire de famille expliquait en partie l'attitude récente de Fear quand à Pénélope. Lorsque cette dernière s'était mise à critiquer la poupée sur son inexistence et son infériorité, elle avait exprimé l'une des idées que Pandore avait exprimé il y a des siècles en arrière, ou du moins, le même fond d'idée. Rajoutons à cela un manque de respect total envers le seigneur, elle lui avait ressemblé comme deux gouttes d'eau, bien qu'en réalité, elle lui fut totalement opposée.

Mais bientôt Farrell fut extirpé à ses pensées par un cri fracassant. Surpris, il s'arrêta net dans sa marche et se retourna aussitôt. Que s'était-il passé ? Apparemment rien de bien grave si ce n'était que Evangelina était couchée au sol, inconsciente. Larhe était près d'elle en train d'essayer de la réveiller. Fear resta un moment immobile, à l'observer puis se décida finalement à aider la poupée mâle et aussi, chercha-t-il à son tour à la réveiller. Pénélope quand à elle, était restée à sa place et semblait même agacée.

Il lui mit quelques tapes sur les joues, sans être brute. Peut-être cela aurait-il suffit à lui faire retrouver ses esprits ? Apparemment oui car bientôt, elle rouvrit de nouveau les yeux.


- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as encore eu une vision ?
- Oui ...
- Pourquoi as-tu hurlé d'un coup ? Que s'est-il passé ?


Pas de réponse. Cependant, la poupée semblait songeuse.

- Evangelina ?
- Je t'ai vu ... Tu ... Tu brûlais, tu étais dans les flammes ! Elles te consumaient, tu mourrais !!


Farrell observa discrètement Larhe, détournant alors son regard de la poupée femelle. Elle avait eu une vision ? Depuis quand une poupée pouvait-elle avoir des visions ? Elle était bien plus poussée qu'il ne l'avait imaginé jusqu'à présent. Larhe quand à lui restait sans voix. En même temps, c'était compréhensible. Cependant, une certaine inquiétude était lisible dans son regard. Prenait-il vraiment au sérieux ce que Evangelina était en train de lui dire ? Ce n'était pas vraiment le cas pour Farrell. Ce n'est pas qu'il ne la croyait pas mais que ce qui pouvait arriver à Larhe ne l'importait que peu. Certes, il ne lui souhaitais pas la mort mais ne lui souhaitais pas non plus de vivre vieux. En fait, il ne lui souhaitais rien.

Cependant, Fear était intrigué et il comptait bien obtenir des réponses à ses questions. Mais, le moment n'était pas encore venu et aussi, se releva-t-il finalement. Larhe aida Evangelina à se relever et, malgré que cette dernière soit encore en pleurs, signe d'un certain choque, ils reprirent leur route. Ils marchèrent bien longtemps d'ailleurs, en silence ... Ou pas.

Pendant que les deux poupées étaient occupées à prendre soin l'une de l'autre, Pénélope était occupé à parler à Fear, d'une voix assez basse pour ne pas être comprise mais assez haute pour être entendue par les deux êtres de bois.


- Je ne sais pas si tu comprends ce que je suis en train de te dire mais, regardes par toi-même, elle commence déjà à menacer de mort son compagnon. Si elle n'hésitera pas à tuer celui qu'elle, soit-disant, chéris tant, elle hésitera encore moins à nous faire du tord. Si ça se trouve, elle veut s'emparer du médaillon et le garder pour elle, surement pour des mauvaises fins !
- ...
- Mais regardes-là un peu. Tu ne sens rien ? Sérieusement ? Elle dégage quelque chose de pas net !
- ...
- Tu veux que je te dise vraiment ? Elle est corrompue ! Et ça ne m'étonnerait pas qu'elle tente de se débarrasser de nous une fois qu'elle aura eu ce qu'elle voulait.


Mais elle n'obtint aucune réponse de la part du guérisseur noir. Quoi que ce dernier n'exprima pas non plus le moindre signe d'agacement. Peut-être avait-il désormais des doutes sur l'Aniathy ? Ou alors ignorait-il tout simplement Pénélope ? Voyant que cela ne la menait à rien, l'Elfe blanche finit par se taire.

Ils continuèrent leur chemin un moment supplémentaire, pénétrant alors la forêt et s'enfonçant dedans à une bonne longueur. Mais voila, la nuit tomba bien plus rapidement qu'ils ne l'avaient pensés et aussi devaient-ils désormais s'arrêter. L'endroit était sécurisé, certes, mais il ne fallait pas tenter le diable. Et de toutes les façons, L'Elfe blanche était tout aussi fatiguée que Fear.

Ils posèrent alors une sorte de rapide campement se résumant à un feu sur lequel cuisait un maigre repas. Pas de couches, pas de couvertures ni même d'abris. Le sol frais de la forêt serait idéal pour passer la nuit et le feu les empêcherait d'avoir trop froid. Pénélope venait tout juste de mettre le repas à cuire quand Farrell se leva, et s'en alla tout simplement. Étonnée, elle le rattrapa aussitôt et lui attrapa l'épaule droite pour l'interpeller.


- Mais qu'est-ce que tu fais ?

Il ne lui répondit pas.

- Tu vas où comme ça ?

Il la regarda alors, tournant sa tête sur le coté sans pour autant la fixer de face. Son regard se voulait rassurant. Qu'elle ne s'inquiète pas, il reviendrait bien vite. Mais Pénélope n'en était pas pour autant satisfaite.

- Tu vas pas me laisser seule avec ces deux êtres de bois ?! J'ai aucune confiance en eux !

Pas de réponse là non plus. Mais cependant, Fear attrapa la main de Pénélope, qui se trouvait sur son épaule, et, l'observant un moment, il reprit ensuite sa route et s'enfonçant dans la pénombre des bois, disparaissant alors à l'horizon.

Pénélope resta un moment là, sans trop comprendre ce qu'il allait faire, puis s'en retourna près du feu. Elle retira le maigre morceau de viande du foyer, lorsqu'il fut cuis, et sachant que les poupées ne mangeaient pas, le dégusta. Elle eut à cet instant une pensée pour Farrell, peut-être devrait-elle lui en laisser ? Mais, cela n'aurait servis à rien et au fond, elle le savait bien. Fear ne lui en voudrait pas, au contraire, il serait rassuré de savoir que son estomac était remplis.

Le repas se passa donc en silence bien que nombre de regards furtifs furent échangés entre les poupées et l'Elfe. Elle remua les bûches du feu, rajoutant même du bois de temps à autre, du bois qu'elle avait ramassé avant d'allumer le feu. Mais c'est alors que, tenant dans sa main une épais morceau de bois, à moitié déposé dans le lit du feu, elle décida de prendre la parole.


- Vous savez petite poupée que je ne vous apprécie guère, vous et votre être corrompu ? J'ai longuement réfléchis à ce problème que vous m'avez posé et j'en suis arrivé à une conclusion pour le moins ... Simple. Je ne pensais pas que Fear se ferait facilement manipuler par vous et à vrais dires même, je doute que vous y soyez arrivés par des moyens conventionnels.

Je ne sais pas quelle ruse ou quel tout de magie obscur vous avez employé pour gagner sa confiance mais sachez que ça fonctionne pas et que ça ne fonctionnera pas avec moi. Cette affaire est une histoire très personnelle qui ne concerne que Farrell et moi-même. Et je n'accepte pas que deux ... Déchets dans votre genre viennent y fourrer leurs gros nez. Avouez-le de suite, vous avez simplement une malsaine intention derrière la tête, tout comme votre petite taille et votre être hypocrite laissent le suggérer.

Je ne vous aime pas et je ne vous aimerai pas. Quand à Fear, il est de mon devoir de lui faire ouvrir les yeux. Je ne peux pas affirmer ce qu'il est partis faire mais j'ai déjà mon idée là dessus et elle ne laisse rien présager de bon pour vous. Alors, vu que votre petit manège ne tiendra plus longtemps la route, pourquoi ne pas régler ce problème comme des gens civilisés plutôt que de continuer à le faire perdurer ? Je vais tâcher d'être assez simple pour que vous puissiez me comprendre. Soit vous prenez le ramassis de bois pourris qui vous sert de compagnon, tant que vous ne l'avez pas encore tué je précise, et vous déguerpissez. Soit vous décidez de rester et de continuer à vous leurrez avec vos basses illusions et vos mesquines rêveries, et à ce moment là, ça risquera d'être un peu plus douloureux.


Dit-elle en remuant dans le feu, la bûche qu'elle tenait en main et dont l'extrémité était déjà enflammée.

- Parce que bon ... Le bois ça brûle et pas qu'un peu.

Rajouta Pénélope sur un ton quelque peu malicieux. Elle attendait maintenant la réponse des poupées et plus particulièrement de Evangelina.


_________________


Dernière édition par Fear Farrell le Sam 15 Juin 2013 19:23, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Ven 24 Fév 2012 14:33 
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Souffrance

Il ne fallait pas qu'il meurt. Il n'avait aucun droit de mourir, elle ne l'y autoriserait jamais. Il était à elle, et personne n'avait le droit de lui retirer ce qu'elle avait de plus cher au monde.
Evangelina ne se connaissait pas ainsi. Elle ne se savait pas capable de penser ainsi, mais il était vrai que cela lui arrivait de plus en plus souvent d'être... égoïste. Elle ne savait pas si cela était normal, mais au moins cela la rapprochait de son objectif : devenir humaine.

L'inconnu s'était relevé, et Larhe l'aida à en faire autant. Le groupe repartit sur la route, elle toujours en pleurs, lui inquiet de la vision de sa compagne, et leurs deux compagnons marchant devant. Evangelina n'arrivait pas à se remettre de cette vision. Elle tenait Larhe par la main et le serrait fort. Elle ne voulait pas qu'il parte. Elle ne voulait pas se retrouver seule. Et elle avait peur, peur de ne pouvoir empêcher que ça n'arrive, peur d'être confrontée au pire, peur de souffrir... Ses larmes mirent longtemps à se tarir. Seules les paroles réconfortantes de Larhe et ses caresses l'y aidèrent. Elles lui prouvaient qu'il était encore là, encore à ses côtés. Elles lui susurraient que ça durerait encore et encore, que ça ne s'arrêterait jamais.

Devant eux, l'elfe blanc parlait, apparemment en monologue. Ils étaient plusieurs mètres en arrière et donc ne parvenaient pas à comprendre ce qu'elle disait. Mais Evangelina en était sûre, c'était elle le sujet, et le monologue ne devait pas être en sa faveur. Pourquoi Pénélope la détestait-elle à ce point, elle qui n'avait rien fait, qui n'avait fait de mal à personne ? Quelle était la raison de cet étalage de violence psychologique ? Fatalement, Evangelina n'aimait pas Pénélope. Il ne pouvait en être autrement. Mais c'était étrange. C'était une sensation nouvelle pour elle. Elle n'avait jamais détesté quelqu'un, ce n'était pas le rôle d'une Aniathy. De plus tous ceux qu'elle avait côtoyé jusque là avaient été gentils avec elle. Même l'inconnu, qui pourtant ne semblait pas être quelqu'un de facile.

Mais Pénélope était différente. Elle avait quelque chose en elle, quelque chose qui faisait d'elle ce qu'elle était. Evangelina ne savait pas quoi, mais elle était persuadée que l'inconnu le savait. Il fallait qu'elle lui parle, et aussi qu'il lui réponde, car elle n'apprendrait que peu de choses d'un monologue. Mais ce n'était pas le moment, et surtout, pas l'endroit.

Ils s'étaient engouffrés dans la forêt et avaient même parcouru une distance raisonnable depuis, mais la fatigue commençait à se faire ressentir chez leurs compagnons. Ils établirent donc un petit camp sommaire composé uniquement d'un vigoureux feu de camp nourrit par l'elfe blanc qui avait gardé quelques morceaux de bois en réserve pour le maintenir durant la nuit. Un repas frugal mais nourrissant grillait délicieusement au dessus du feu. Mais l'inconnu ne patienta pas jusqu'à la fin de la cuisson. Il se leva et s'éloigna sans un mot. Pénélope le rattrapa au loin, laissant les deux Aniathys seuls près du feu.

Larhe ne semblait pas rassuré par la proximité de ce feu. Le fait que sa compagne l'ai vu en train de brûler semblait lui avoir fait un choc. Evangelina le serra contre elle. Elle n'avait pas peur du feu. Sa vision ne montrait pas l'avenir. Et même si c'était le cas, ce ne pouvait être ici, le décor ne lui rappelait aucune image de sa vision. Larhe ne craignait rien. Cela ne l'empêchait cependant pas d'être bouleversée par ces images qui défilaient encore dans se tête par moment.

Soudain Pénélope revint s'assoir près du feu. Evangelina la regardait discrètement, sans méchanceté, essayant plutôt de la comprendre. Mais elle n'y arrivait pas. L'elfe blanc avait prit ce qui était en train de griller, et le mangeait, n'en laissant pas pour l'inconnu. Evangelina se demanda qui pouvaient-ils bien être l'un pour l'autre. Frère et sœur ? Anciens amants ? Elle n'en avait aucune idée. Ils semblaient à la fois si proches et si éloignés, si semblables et si différents.

Soudain, Pénélope prit la parole.

"Vous savez petite poupée que je ne vous apprécie guère, vous et votre être corrompu ? J'ai longuement réfléchis à ce problème que vous m'avez posé et j'en suis arrivée à une conclusion pour le moins ... Simple. Je ne pensais pas que Fear se ferait facilement manipuler par vous et à vrai dire même, je doute que vous y soyez arrivée par des moyens conventionnels.

Je ne sais pas quelle ruse ou quel tour de magie obscur vous avez employé pour gagner sa confiance mais sachez que ça ne fonctionne pas et que ça ne fonctionnera pas avec moi. Cette affaire est une histoire très personnelle qui ne concerne que Farrell et moi-même. Et je n'accepte pas que deux ... Déchets dans votre genre viennent y fourrer leurs gros nez. Avouez-le de suite, vous avez simplement une malsaine intention derrière la tête, tout comme votre petite taille et votre être hypocrite le laisse suggérer.

Je ne vous aime pas et je ne vous aimerai pas. Quand à Fear, il est de mon devoir de lui faire ouvrir les yeux. Je ne peux pas affirmer ce qu'il est parti faire mais j'ai déjà mon idée là dessus et elle ne laisse rien présager de bon pour vous. Alors, vu que votre petit manège ne tiendra plus longtemps la route, pourquoi ne pas régler ce problème comme des gens civilisés plutôt que de continuer à le faire perdurer ? Je vais tâcher d'être assez simple pour que vous puissiez me comprendre. Soit vous prenez le ramassis de bois pourris qui vous sert de compagnon, tant que vous ne l'avez pas encore tué je précise, et vous déguerpissez. Soit vous décidez de rester et de continuer à vous leurrez avec vos basses illusions et vos mesquines rêveries, et à ce moment là, ça risquera d'être un peu plus douloureux.

Parce que bon ... Le bois ça brûle et pas qu'un peu."


Les deux Aniathys n'avaient pas placés un seul mot de tout le monologue, mais Evangelina avait les pensées qui allaient à cent à l'heure du début à la fin.

(Évidement qu'on l'avait remarqué. Et pourquoi parle-t-elle de nous comme ça ? On ne lui a jamais rien fait ! Déjà elle réfléchit, ca m'étonne beaucoup... Fear ? L'inconnu s'appelle Fear ? Et bien, au moins cette discussion n'aura pas été inutile. Comment ça manipulé ? Comme s'il pouvait être manipulé ! Mais elle me surestime complètement, je n'ai aucune chance de le corrompre. Et pourquoi le ferais-je, déjà ? Et qu'entend-elle par moyen conventionnel ? Je ne lui ai fait ni charme physique, encore moins magique, et je ne l'ai pas envouté. Elle est complètement dingue cette fille qu'est-ce qu'il lui prend ?)

Déjà la magie qui l'habitait se réveillait. La colère montait en elle, mais doucement, car l'Aniathy était plutôt amusée que Pénélope puisse penser tout cela d'elle.

(Évidemment que ça ne va pas fonctionner avec elle vu que j'ai rien fait. Elle est complètement paranoïaque ! Et je m'en fou que ce soit une histoire personnelle. Je ne suis pas là pour leur histoire bizarre je suis simplement là pour Fear, et ce n'est pas elle qui va me faire changer d'avis ! Des... déchets ?!)

D'un coup sa colère augmenta. Comment pouvait-elle les traiter ainsi ? Qu'avaient-ils fait, ou que n'avaient-ils pas fait, pour mériter ça ? Elle ne pouvait être aussi méchante simplement pour des raisons aussi alambiquées et futiles ? Ou alors, elle était méchante de nature...

(Une malsaine intention ? Oui il est vrai qu'en ce moment j'en ai une, mais Fear n'a rien à voir là-dedans ! Comment ça hypocrite ? Mais comment peut-elle porter un jugement sur quelqu'un avec qui elle n'a jamais discuté, surtout en se basant sur des arguments aussi... puérils ?! Moi non plus je ne t'aime pas, sois sans crainte ! Elle croit quoi, que Fear est parti se transformer en loup garou mangeur d'Aniathy ? Je suis prête à parier qu'il prie. Et il ferait bien de prier pour cette garce parce que je sens qu'elle va en avoir besoin ! La prochaine fois que tu... Le tuer ? Mais pourquoi ferais-je une chose pareille ? Elle est complètement à côté de la plaque cette elfe là !!! Je l'aime je ne vais pas le tuer abrutie ! Mes basses illusions ? Je ne sais pas qui ne nous deux se fait le plus d'illusions mais si j'étais toi j'arrêterais de... Une menace ? A bah bravo, bonjours la sociabilité !! Qu'est-ce que c'est que cette elfe là ?!)

L'Aniathy n'en pouvait plus. La magie qui l'habitait était en ébullition et ses pensées ne se focalisaient que sur un seul sentiment, la colère. Evangelina n'aimait pas être méchante, mais Pénélope la poussait vraiment à bout, et il fallait qu'elle passe ses nerfs. Comment avait-elle pu oser dire des horreurs pareilles ? L'elfe blanc restait là, à jouer avec son bout de bois qui brulait doucement, un sourire satisfait sur le coin des lèvres. L'Aniathy n'en pouvait plus. Boostée par sa colère, elle se leva d'un bond et se retrouva en une demi seconde devant Pénélope qui n'avait pas eu le temps de bouger.

Elle lui donna un coup de pied en pleine figure. Elle sentait la douleur qui enivrait sa colère. Elle n'aurait jamais cru que ça pouvait faire autant de bien. Et elle aimait bien ça. Elle ne s'en rendit pas compte mais ses yeux avaient de nouveaux noircis. Pénélope s'effondra sur le sol sous le coup et la surprise et lâcha son bâton. L'Aniathy le ramassa et éteignit la flamme, sans pour autant le refroidir. Puis elle l'approcha du cou de son interlocutrice.

"Écoutes espèce de moins que rien. J'en ai vraiment rien à faire de votre histoire de tombe et de médaillon ! Je n'ai vraiment aucune raison de vous trahir, et je n'ai jamais eu de mauvaises intentions à votre égard ! Fear compte pour moi, et ce n'est pas une paranoïaque imbécile comme toi qui va me dicter ce que je dois faire et m'éloigner de lui. Ne parlons même pas de Larhe, que j'aime plus que tout au monde et que tu as insulté sans raison aucune !"

La pointe rougeoyante du bâton se rapprochait de plus en plus de la peau de l'elfe qui n'osait même plus déglutir.

"Je n'ai jamais eu aucune mauvaise intention, même si là j'ai furieusement envie de te faire souffrir. Mais je ne le ferais pas parce que Fear semble tenir à toi. Et la prochaine fois que tu veux jouer ta gamine plus forte que tout le monde, renseigne toi un minimum avant de débiter ta salade de bêtises et d'inepties complètement fausses et inutiles. On va vous suivre jusqu'à Cuilnen, et tu n'as pas intérêt à la rouvrir d'ici à ce qu'on soit arriver, sinon je te jure que même Fear ne m'arrêtera pas."

Et elle posa le bâton sur la gorge de Pénélope. Celle-ci poussa un hurlement de douleur alors que l'Aniathy faisait glisser le bâton doucement vers sa poitrine. Puis elle enleva le bâton et le jeta dans le feu. Elle retourna s'assoir près de son compagnon tétanisé par la surprise. Pénélope quant à elle s'était recroquevillée, essayant de combattre la douleur résiduelle de la brûlure. Les larmes aux yeux elle s'éloigna de l'Aniathy, allant s'appuyer contre un arbre.

Les Aniathys n'avait pas besoin de dormir, mais il ne parlèrent pas, et Larhe n'aborda pas le sujet de ce qu'il venait de se passer. Evangelina pensait que l'inconnu allait accourir pour voir ce qu'il se passait mais non. Il demeurait absent.

Elle ne se serait jamais cru capable de faire ça. Déjà parce qu'elle pensait ne pas en avoir la force, mais aussi parce qu'elle ne se savait pas si méchante. Elle avait apprécier sa colère, ce sentiment de toute puissance qu'elle apportait. Elle avait aimé sentir la souffrance de l'elfe, elle avait aimé l'odeur de chair brulée. Pourquoi avait-elle aimé tout cela ? Pourquoi pouvait-elle parler si durement ? Comment cela se faisait-il ?

Elle avait mal derrière la nuque, comme si ça pierre la brulait doucement. Elle la frotta et se rendit compte qu'elle était tiède. Mais au fur et à mesure que la nuit avançait elle retrouva son état normal. Par contre Larhe la regardait étrangement, avec un regard plutôt inquiet. Il regardait ses yeux. Qu'avaient-ils, pourquoi les regardait-il ainsi ?

Et soudain, Un craquement se fit entendre. Cela faisait plusieurs heures que Pénélope était endormie, et Fear, car c'était ainsi qu'il se nommait, réapparaissait.

Fear...

_________________
Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...

Image

Merci à Itsvara

« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. »
Jean Ray



Dernière édition par Evangelina le Ven 11 Mai 2012 12:48, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Ven 24 Fév 2012 21:38 
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Il était désormais seul au milieu de cette vaste forêt enténébrée par la noirceur du voile nocturne. C'était le silence total. En soit, c'était assez surprenant car en milieu forestier, il y avait toujours de la vie, et donc du bruit, aussi bien le jour que la nuit. Mais pas cette fois-ci. Il avançait en ligne droite, silencieux lui aussi, dans l'optique de couvrir une certaine distance. Il ne voulait pas être dérangé et ce piège forestier était parfait pour semer quiconque tenterait de le retrouver. Il voulait être seul et voulait s'en assurer.

Il faisait froid par ailleurs, ça il pouvait le remarquer tant par sa peau qui adoptait une texture " chair de poule " que tant par la vapeur qui semblait s’échapper de sa bouche à chaque respiration. L'air qu'il inspirait lui piquait les poumons tant il faisait froid, et l'humidité ambiante le faisait souffrir en silence.

Farrell allait mal et il ne savait pas pourquoi. Il avait l'impression d'avoir fait quelque chose qu'il n'aurait pas du faire et sentait une certaine tristesse, une certaine culpabilité le gagner d'heure en heure. Aussi, tenait-il à s'entretenir de nouveau avec dieu. Il était infiniment grand et Fear était infiniment petit. Il en avait besoin !

Il priait en même temps qu'il marchait et bizarrement, il n'avait pas peur de s'aventurer dans ces sombres bois et n'avait pas non plus peur de s'y perdre. En réalité, il y était plus à l'aise que sur un terrain dégagé. Cette Aniathy ... Pourquoi le captivait-elle tant ? Qu'avait-il bien pu trouver en elle pour y porter autant d'intérêt au point de prendre le possible risque de la laisser venir avec eux et de la confronter à quelque chose qui pourrait fortement la dépasser ?

Sa soif de savoir n'était pas une raison suffisante et ça, il le savait bien ! Peut-être alors lui portait-il un attachement qu'il essayait d'ignorer sans pour autant en amortir ses effets ? Il sentit une certaine brûlure le gagner. Il affectionnerait cette poupée ? Mais pourquoi ? Il n'en était pas amoureux et il ne le serait surement jamais, ça, il pouvait le certifier. Mais, tout comme pour Pénélope, cela ne semblait pas l'empêcher de l'apprécier.

Mais son coeur était aveugle et seule sa raison lui permettait de voir, grâce à dieu. Et, cet étrange mélange de tristesse et de culpabilité ne laissait rien présager de bon car théoriquement, il n'aurait pas lieu d'être ! Il priait, encore et encore, tout en réfléchissant à cela. Pénélope n'avait pas tord en même temps, peut-être lui avait-il accordé trop vite sa confiance ? Rien ne prouvait qu'elle n'était pas mauvaise mais rien ne prouvait non plus qu'elle l'était. En fait, Fear n'était pas plus avancé à son propos que lorsqu'il l'avait rencontré pour la première fois.

Mais alors ? Le seigneur avait bien placé sa réponse sur la bouche de cette poupée lorsqu'il lui eut posé sa question ! Pourquoi serait-ce dangereux de l'avoir autorisé à le suivre ? Ou alors, avait-il mal compris le message ? Mais voila que, bientôt, il se retrouva face à une étendue d'eau. Sa surface, immobile, reflétait la pâle lueur de la Lune et sa pureté cristalline laissait entrevoir le reflet du guérisseur noir.

De l'eau, rien de plus. Après tout, un bain froid ne lui ferait pas plus de mal que ça et aussi se déshabilla-t-il, accrochant ses affaires à une branche d'arbre assez basse, et pénétra-t-il, lentement, cette eau si pure. Elle était tout simplement glacée ! Mais, Farrell s'en contentait bien.

C'était plutôt profond d'ailleurs car en son centre, elle lui atteignait jusqu'aux deux tiers de son torse. Une chose était sure, il ne devrait pas rester très longtemps dedans s'il ne voulait pas succomber à une hypothermie. Mais il prenait néanmoins le temps de se nettoyer, calmement, et de profiter de la froideur de cette eau qui, malgré tout, semblait apaiser son être fatigué. C'était même revitalisant pour lui.

Il essuyait son visage, se mouillait les cheveux et nageait même un peu. Mais son esprit était toujours tourmenté. Il ne s'était pas un seul instant arrêté de prier et de demander à dieu d'éclairer son esprit ... Mais rien ne lui vint. Cela dit, Farrell était déterminé ! Et aussi, s'immobilisa-t-il au milieu de l'eau.


" Seigneur, cette eau froide me sera fatale si j'y reste trop longtemps. Et je n'en ressortirais pas tant que tu ne m'auras pas dis ce que je dois faire et tant que tu ne m'auras pas dis ce qui passera et ce qui devra se passer. "

Puis, son esprit devint aussi muet que sa parole. Les secondes, puis les minutes s'écoulèrent. Il sentait ses membres s'engourdirent, son corps se refroidir et ses forces se dissiper peu à peu. Mais, il ne bougea pas, même si une issue fatale et imminente se présentait au loin.

Cependant, il eu un début de réponse car il eut le soudain et ferme sentiment qu'il fallait qu'il laisse l'Aniathy l'accompagner. Soit, mais il n'était pas encore satisfait. Pourquoi devrait-il la laisser l'accompagner ? Il voulait le savoir et aussi, ne bougea-t-il pas plus. Un moment supplémentaire s'écoula encore et son esprit s'évaporait désormais. Bientôt, il sombra dans un profond étourdissement.

Cependant, et alors que sa vue se troublait, il entendit un cri lointain, puis des bruits et des gémissements. Il entendait le fer se croiser, il entendait comme deux personnes se battre. Il ne voyait rien mais bientôt, il ressentit une profonde douleur. Il sentait toute l'horreur de la scène. Il ressentait son environnement, une personne morte étalée au sol et une autre, qui la contemplait avec un air de défiance.

Elle lui arracha quelque chose des mains et semblait atteint d'une frénésie toute particulière à la vue de ce trophée. C'était pour cette chose là qu'elle l'avait tué. Elle la voulait et elle l'avait obtenu. Mais cette ... Femme ne s'arrêta pas là. Cette fois-ci, Farrell pu voir toute la scène, en plus de la ressentir. Elle se pencha sur la dépouille de son adversaire, mort, et se mit à la massacrer.

Elle la découpa, la déchira et la broya même ! Se servant de ses mains et ses dents pour y arriver ! Elle la réduit en morceaux, elle la dispersa dans toute la pièce, se parant de ses tripes avec un air de jouissance et se baignant dans son sang avec hilarité. Elle lui arracha le coeur et le mastiqua même, avant de le recracher. Farrell était tout simplement horrifié. Elle s’éternisa à la tâche, comme à un amusement et finalement, elle lui sectionna la tête et l'emporta avec elle en riant à gorge déployée. Un rire froid et sadique.

Fear ressentait de la haine, une haine viscérale, noire et particulièrement abjecte ! Mais, il ressentait aussi une sorte de plaisir fou, un jouissance extraordinaire ! Il ressentait ce que ressentait l'assassin à ce moment là. Ce n'était pas qu'un simple meurtre, elle avait tout simplement pris plaisir à déchiqueter l'enveloppe charnelle de cette Femme qu'elle venait de tuer.

Cette Femme d'ailleurs ... Tout devint sombre, tout s'obscurcit puis ... Tout revint. Il se voyait lui-même, dans cette même pièce. Il se voyait à genoux, les mains au sol. Il se voyait en train de pleurer, lui qui n'avait jamais versé une seule larme ! La jouissance se transforma en douleur et en tristesse. Une souffrance atroce, particulièrement dévastatrice. Mais la haine qu'il avait ressentis était toujours présente, à la différence qu'elle se dirigeait cette fois-ci vers ... Evangelina. La personne qu'elle venait de tuer n'était alors autre que Pénélope ! Mais qu'avait-il bien pu se produire pour qu'une telle horreur puisse avoir lieu ?! Elle lui avait volé quelque chose ... Le médaillon ? Pourquoi ?! Pourquoi en être arrivé là ?! La colère l'envahissait au point qu'il ne parvenait plus à se contenir.

Il fallait que ça cesse ! Il fallait que cette atroce cauchemar s'arrête ! S'en était trop pour lui ! Tout se brouilla soudainement, tout s'agita et bientôt, il revint à lui. Il était toujours au milieu de l'eau mais, il se sentait particulièrement affaiblis. Il eut de mal à reprendre ses esprits mais, il sortit bien vite de cette étendue, le coeur d'air !

Il se hissa difficilement en dehors et repensa immédiatement à ce qu'il venait de voir et de comprendre et, il en fit une effroyable constations. Le seigneur lui avait bien indiqué d’emmener la poupée avec lui ! Alors ... C'est ainsi que les choses devraient arriver ? Pénélope devrait mourir dans des conditions aussi atroces ?! C'était ça ce qu'il devrait se passer ? Finalement, si le seigneur avait refusé de lui montrer le futur avant, ce n'était pas vraiment pour rien. Fear aurait voulu ne jamais avoir eu connaissance de cela !

C'est lui-même qui devrait désormais l'accompagner à sa propre mort ? En n'éveillant aucun de ses soupçons ? Il était tout simplement effondré. Pourquoi ?! Pourquoi ça devrait se passer comme ça ? Qu'avait-elle fait pour mériter un pareil destin ?! Farrell aimait dieu et Pénélope après lui ! Pourquoi la lui arracherait-il ?! Puis, ses pensées dérivèrent vers Evangelina ... C'était donc ça son rôle ? Pénélope avait donc raison à son sujet ? Voila donc d'où provenait sa tristesse et sa culpabilité ...

Il était glacé mais suait abondement. Il ne pouvait pas s'y résigner ... Mais c'était la volonté du seigneur ! Il ne pouvait aller contre et devait se soumettre ! Il se releva bien vite, tremblant, et se rhabilla. Il était tout simplement au bord de la crise de nerf. C'était inconcevable pour lui, mais il n'avait pas le choix !

Il fit quelques pas maladroits puis s’effondra de nouveau, se plongeant alors dans un profond sommeil où il ne fit aucun rêve. Il se réveilla quelques heures plus tard, toujours aussi chamboulé par sa vision, et se releva bien vite. Son organisme était encore endoloris par le froid de l'eau mais sa température avait, étrangement, augmenté pour redevenir normale. Les premières lueurs du jour étaient par ailleurs apparues et il se décida alors à rejoindre le camps.


" Quelle nuit atroce ... "

Pensa-t-il. Il essaya coûte que coûte de se calmer afin de pouvoir se concentrer pour retrouver son chemin, mais il n'y parvint pas. C'était bien trop grave pour que ses forces le lui permettent. Il s'enfonça alors dans ses prières, implorant la toute clémence du seigneur à l'égard de l'Elfe et le suppliant de faire en sorte que ce qu'il avait vu n'arrive pas.

Il mit du temps mais il retrouva alors son calme et reprit sa route. Il mit à peu près une demi-heure pour rejoindre le camps, annonçant sa venue en faisant craquer involontairement une branche morte au sol. Il balaya rapidement l'endroit du regard. Bien qu'il paraissait de nouveau maître de lui, ce n'était qu'un camouflage car, à l'intérieur, il était tout simplement à genoux, si ce n'était à terre.

Il vit Evangelina en tout premier lieu et il remarqua par ailleurs que ses yeux avaient changés de couleur. Ils étaient devenus noirs, chargés de haine et de colère. Ce qui ne fit d'ailleurs que renforcer son démantèlement. Il vit aussi Larhe, qui affichait une grise mine, mais ne vit pas Pénélope. Où était-elle ?!

Il recommençait à s'affoler mais se calma bien vite. Ses nerfs d'Acier, réputés légendaires, ne parvenaient que difficilement à se maintenir face à ce qu'il venait d'apprendre et ils avaient beaucoup de mal à dompter sa raison, en proie à la folie ! Il observa alors les alentours du camps et la trouva finalement. Elle était endormie, accoudée contre un arbre, assez en retrait.

Il s'en approcha et s'agenouilla à son niveau. Il prit son pouls et vérifia sa respiration. Soulagé de constater qu'elle était encore en vie, il remarqua cependant qu'elle avait une brûlure à la gorge. Une brûlure très récente à en juger par son apparence et qui descendait jusqu'à sa poitrine. Il n'avait pas de doute quand celle qui était responsable de ça.

Il récita une prière à voix très basse, dans cette même et incompréhensible langue, et essuya la marque de ses mains tremblantes. Elle s'estompa bien rapidement et Fear pu sentir sa fatigue physique augmenter d'un cran.

(Utilisation du sort " Souffle de Gaïa ")


Mais, cela n'était que repos face à sa fatigue psychologique. Il entreprit ensuite de la réveiller, déployant alors une douceur et une délicatesse peu communes. Elle rouvrit alors les yeux et observa son environnement un moment, comme perdue. Puis sa mémoire lui revint et elle regarda automatiquement Fear, puis sa brûlure. Elle avait disparu.


- Fear ... Je t'en supplie, écoute-moi ...
- ...
- Si c'est toi qui m'a soigné, tu as du bien voir qu'elle n'a pas hésité à m'agresser pendant que tu avais le dos tourné ! Regardes ses yeux et tu comprendras tout ! Elle prétend vouloir ton bien. Mais je prétend qu'elle veut le contraire !
- ...
- Qui de elle ou de moi a le plus d'importance pour toi ?


Elle ne le savait peut-être pas mais elle n'avait fait que remuer le couteau dans la plaie. Il baissa la tête un moment, puis ... Se releva. Non, il ne pouvait pas faire marche arrière. Et même s'il le pouvait, il ne ferait pas car malheureusement, c'était ainsi que les choses devaient se passer.

- Fear ...

Il lui tourna alors le dos et s'écarta. Pénélope était tout simplement abasourdie. Cependant, elle avait mal interprété son geste. Elle pensait que la poupée avait plus d'importance qu'elle et sa vie, à ses yeux. C'était faux ! Mais que pouvait-il y faire ? Le sort en était décidé ainsi.

- Une seconde ! J'ai encore une chose à te dire !

Reprit-elle sur un ton plus élevé et plus sec. Farrell était au bord des larmes et il se retourna donc instinctivement. Mais, à peine eut-il le temps de regarder l'Elfe que cette dernière s'était relevée, avait dégainé son épée et lui avait affligé un coup en pleine poitrine. La douleur était puissante et la blessure, large, était sérieuse car assez profonde.

Fear tomba à genoux, se rattrapant avec sa main droite et compressant sa blessure avec sa main gauche. Pénélope observa le sang du guérisseur noir sur son épée et répliqua.


- Sale traître ! Comment peux-tu prétendre être un des miens alors que tu n'hésites pas à t'allier avec celle qui me veut du mal ?! Je te croyais plus haut que ça, mais apparemment, j'ai eu tord de te surestimer.

Je t'aurais bien tué moi-même pour avoir bafoué mon honneur, ma dignité et l'amitié que je te portais mais ... J'ai encore besoin de toi. Nous allons allez récupérer ce médaillon puis, nos routes se sépareront et cela à jamais. Si tu n'es pas mon ami, tu seras mon ennemi. En attendant, ne t'avises plus à t'approcher de moi où je te percerais aussitôt !

Que Dieu te maudisse !


Puis elle s'en alla, ramassa ses affaires et reprit la route sans attendre le reste de la troupe.

" ... Tu es certes plus sage que moi, mon Seigneur "

Pensa-t-il avec une certaine difficulté. Il resta un moment comme ça, puis, se releva bien péniblement. D'ailleurs, il ne prit pas la peine de se soigner. Une punition digne de ce nom, ça devait faire mal et ça devait durer et il pensait bien qu'il l'avait mérité.

Non, il ne se dévalorisait pas mais il reconnaissait son tord. Tout ceci était peut-être, après tout, du à son unique faute. Pourquoi s'être attardé sur cette poupée ? Il se retourna alors, expirant avec difficulté, puis observa les deux poupées et plus particulièrement, Evangelina. Un regard long et froid, dénudé de toute expression, lui qui était autrefois amical.

Puis, il se remit également en route, se plongeant dans une froideur et un silence peu communs. Seulement ... Était-il sur que sa vision n'avait pas était " faussée " par quelque chose ?



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Dernière édition par Fear Farrell le Sam 15 Juin 2013 19:23, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mar 28 Fév 2012 13:38 
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Colère

Il la regarda étrangement. Il semblait nerveux, lui qui d'habitude était si calme. Qu'avait-il fait dans cette forêt, que regardait-il ? Il détourna rapidement le regard, mais il était clair que quelque chose n'allait pas. Il cherchait quelque chose, sûrement Pénélope. Avait-il entendu son cri ? Il y avait de grande chance, mais alors pourquoi n'avait-il pas accouru plus tôt ?

Evangelina ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait, et elle ne comprenait pas pourquoi Pénélope, et maintenant Fear, réagissaient comme ça à son égard. Et surtout, elle ne comprenait pourquoi elle réagissait comme ça. Que lui arrivait-il ? La magie qui l'habitait s'insinuait-elle peu à peu en dans son esprit ? Elle n'aurait su le dire.

Fear trouva enfin Pénélope, assoupie contre un arbre un peu plus loin. Il s'approcha tout de suite d'elle et s'agenouilla à ses côtés, avant de vérifier qu'elle était encore en vie. Il avait donc bien entendu le cri de l'elfe blanc. Qu'avait-il donc fait ? Pourquoi n'était-il pas venu pour la sauver du danger qu'elle courait ?

Il vit rapidement la blessure, et fit comme elle l'avait déjà vu faire sur lui-même, avec ces paroles incompréhensibles et ces gestes simples. il la soigna. Puis il la réveilla doucement. Elle mit du temps à émerger du monde des rêves, mais y parvint finalement. Et elle sembla d'un coup en possession de tous ses moyens.

"Fear ... Je t'en supplie, écoutes-moi ..."

Il ne répondit pas comme à son habitude. Mais la voix de Pénélope étai différente, pleine de peur et d'incompréhension.

"Si c'est toi qui m'a soigné, tu as bien vu qu'elle n'a pas hésité à m'agresser pendant que tu avais le dos tourné ! Regardes ses yeux et tu comprendras tout ! Elle prétend vouloir ton bien. Mais je prétend qu'elle veut le contraire !"

Evangelina fronça les sourcils. Ce n'était pas elle qui avait commencé. Et ses yeux. Qu'est-ce qu'ils avaient ? L'Aniathy regarda Larhe qui lui rendit son regard. Il était amoureux, mais une pointe de peur transparaissait dans ce regard. Et Evangelina ne comprenait pas pourquoi.

"Qui de elle ou de moi a le plus d'importance pour toi ?"

Quelle question ! Evangelina, même si elle n'osait se l'avouer, aurait adoré que ce soit elle qu'il choisisse. Mais il était clair que Pénélope avait plus de place dans son cœur, si de la place il y avait. Mais à son grand étonnement, Fear ne répondit pas. La voix de Pénélope était suppliante, triste, mais il ne répondait pas. Evangelina ne comprenait pas. Avait-elle réellement autant de place que l'elfe blanc dans le cœur de Fear ? Ce dernier baissa la tête, comme s'il était désolé, comme s'il ne pouvait pas apporter à Pénélope ce qu'elle souhaitait. Puis il se releva, doucement, douloureusement.

Mais pourquoi ? Pourquoi réagissait-il ainsi ? Comment pouvait-il autant apprécier l'Aniathy ? Parce qu'elle l'avait sauvé ? Ce ne pouvait être ça, ce n'était pas une raison suffisante. Mais alors, qu'elle était cette raison ?

"Fear..."

Sa voix avait changé. Elle était pleine de déception et de tristesse, voire même de dégoût. Mais Fear ne fit rien pour la rassurer, pour la consoler. Pénélope était abasourdie, et Evangelina aussi. Que se passait-il ? Pourquoi cela se passait-il ? Que lui était-il arrivé dans cette forêt, durant cette nuit sombre où même Evangelina avait changé ?

Fear se retourna et s'écarta. L'Aniathy avait presque de la peine pour l'elfe blanc, même si cela ne dura pas longtemps. Cette dernière se leva soudainement, le regard sombre, le visage sec.

"Une seconde ! J'ai encore une chose à te dire !"

Fear se retourna, du moins tenta-t-il de se retourner. A peine eut-il fait la moitié du mouvement qu'un bruit métallique et un sifflement aiguë se firent entendre. Une gerbe de sang s'envola et Fear tomba à genoux, la main gauche serrée contre sa poitrine.

Evangelina était horrifiée. Pénélope venait d'attaquer Fear et sa poitrine était maintenant ruisselante de sang, et la blessure semblait grave. L'Aniathy ne savait que faire. Elle voulait aller l'aider mais elle avait compris depuis quelques temps qu'il n'était pas du genre à accepter de l'aide. Surtout que là il ne semblait pas vouloir réagir à cette attaque. Il semblait l'accepter. Mais pourquoi ?

"Sale traître ! Comment peux-tu prétendre être un des miens alors que tu n'hésites pas à t'allier avec celle qui me veut du mal ?! Je te croyais plus haut que ça, mais apparemment, j'ai eu tord de te surestimer.

Je t'aurais bien tué moi-même pour avoir bafoué mon honneur, ma dignité et l'amitié que je te portais mais ... J'ai encore besoin de toi. Nous allons allez récupérer ce médaillon puis, nos routes se sépareront et cela à jamais. Si tu n'es pas mon ami, tu seras mon ennemi. En attendant, ne t'avises plus de t'approcher de moi où je te percerais aussitôt !

Que Dieu te maudisse !"


Puis elle prit ses affaires et se remit en route sans attendre, en colère. Fear, lui, ne bougea pas tout de suite. Il semblait à bout, et il y avait de quoi le comprendre. Mais Evangelina ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer. Elle n'arrivait plus à cerner l'inconnu, et n'arrivait toujours pas à comprendre les motivations de Pénélope. Que s'était-il passé qu'elle n'avait pas vu, ou pas compris ? Pourquoi avaient-ils réagis ainsi ? Elle n'en savait rien. Larhe à côté d'elle venait de se lever mais ne bougeait pas. Elle fit de même, hésitant à aller l'aider. Mais il la regarda. Ses yeux étaient froids, inamicaux. Ils ne brillaient plus de cette lumière qu'Evangelina appréciait. Qu'avait-elle donc fait ? Pourquoi la regardait-il comme ça ? La tristesse envahit l'Aniathy. La tristesse et l'incompréhension.

Fear se mit lui aussi en marche, mais elle n'avait plus envie de l'aider. En fait, elle n'avait plus envie de rien. A part de rester là, avec Larhe. Mais celui-ci la tira de sa rêverie.

"Viens, il ne faut pas les laisser seuls..."

Evangelina acquiesça. Mais à quoi cela servait-il de les suivre maintenant ? Ils ne l'aimaient pas. Elle n'avait rien à faire avec eux.

"Larhe ?"
"Oui ?"
"Mes yeux... Qu'ont-ils ?"
"Ils sont... noirs."

Noirs ? Pourquoi étaient-ils noirs ? Plus le temps avançait et moins elle comprenait. Depuis le sauvetage de Pénélope tout ce qu'elle croyait solide était en train de s'effondrer. Et si ça continuait ce serait-elle qui allait sombrer. Il lui fallait des réponses, et le meilleur moyen de les avoir étaient de les demander.

Défi

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Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...

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Merci à Itsvara

« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. »
Jean Ray



Dernière édition par Evangelina le Ven 11 Mai 2012 12:53, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mar 28 Fév 2012 14:17 
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Fear...

Le petit groupe marchait dans la forêt dans un silence oppressant et électrique. Les deux Aniathys marchaient derrière, en pleine réflexion. Evangelina essayait de démêler ce qu'il se passait mais n'y parvenait pas. Il lui manquait des éléments, elle en était de plus en plus certaine. Elle fini donc par prendre son courage à deux mains et s'approcha de Fear. Il marchait douloureusement, sa respiration était forte et saccadée. Il ne réagit pas lorsqu'elle se mit à marcher à côté de lui, ni lorsqu'elle prit la parole.

"Fear..."

L'évocation de son nom avait-elle éveillé quelque chose lui ? Si c'était le cas il n'en montra rien.

"Je ne sais pas ce qu'il se passe, je ne comprends pas.

Elle parlait doucement, sans violence, sans rancune.

"Pourquoi m'as-tu choisis alors que je ne suis rien pour toi ? Pourquoi l'avoir trahit alors qu'il est clair que vous étiez très proches ? Je ne t'en aurais pas voulu."

Elle le savait, ses paroles feraient forcément réfléchir l'inconnu.

"Explique moi s'il te plait. Je ne veux pas être la cause de vos malheurs,je ne veux pas... te faire de mal."

Elle se sentait triste. Elle réalisait peu à peu que sans elle rien de tout cela ne serait arrivé. Mais aussi, se rappela-t-elle, sans elle, Fear serait mort... Ce dernier ne répondait toujours pas, mais Evangelina ne s'attendait pas vraiment à une réponse.

"Racontes moi. Dis moi qui tu es, qui tu étais. Expliques moi pourquoi vous êtes là, et pourquoi moi aussi. Quel est mon rôle à part détruire votre amitié ? Dis moi ! Dis moi pourquoi tu m'as parlé alors qu'aux autre non ! Dis moi pourquoi tu me préfère à elle, dis moi tout, expliques moi pourquoi tout ça arrive..."

Elle était complètement abattue. Ces questions ne trouvaient pas de réponses, et, en plus, ce qu'elle comprenait ne la rendait pas heureuse. Elle se sentait inutile, isolée.

"Il te faut la puissance !"

Evangelina sursauta en entendant cette voix mystérieuse. Elle se tourna vers Fear qui n'avait pas réagit.

"Une fois puissante, tu ne seras ni seule ni malaimée. Tu auras le monde à tes pieds !"

"Mais, comment... ? "

Elle n'avait pas la motivation de résister à cette voix. Elle était gentille avec elle et la guidait, pourquoi lui résisterait-elle. Les personnes qu'elle suivait la détestaient, alors à quoi bon.

"Ils te mèneront à la puissance, mais n'en seront que des pions..."

"Des pions ? Comment ..."

"Qu'est-ce que tu racontes, l'erreur !?! Éloignes toi tout de suite de lui !! Qui sont les pions ?!"

Evangelina réalisa qu'elle avait parlé à haute voix. Pénélope n'était qu'à un ou deux mètres devant elle, les mains sur les hanches, le regard coléreux, haineux au possible. Fear était sur le côté, entre elle deux, mais ne semblait pas vouloir réagir, simplement regarder.

"Si je te revois encore une fois psalmodié à côté de lui je te renvoie à ton créateur en morceau !"
"Mon créateur est mort ! Et je ne psalmodiait pas ! Alors avant de crier sur le monde et de la jouer princesse guerrière tu pourrais réfléchir deux secondes !"

Elle était en colère. Elle en avait marre de cette elfe blanc qui n'en faisait qu'à sa tête et qui la traitait comme une moins que rien. Elle ne lui laissa pas le temps de répliquer.

"Regarde dans quel état tu l'as mis ! Il peut à peine marché ! T'es-tu au moins demandé pourquoi il n'avait pas répondu ? T'es au moins dit qu'il ne voulait pas nous blesser toutes les deux ? As tu seulement réfléchis aux conséquences ?! Tu es complètement paranoïaque et tu me détestais avant même que l'on se croise ! Tu es raciste et en plus complètement irresponsable. Alors tu la boucles, parce que si tu continues je ne m'arrêterais pas à la poitrine !"

La tirade fut suivie d'un long et profond silence, pendant lequel Pénélope assimilait ce que l'Aniathy venait de lui jeter à la figure, et pendant lequel Evangelina s'étonnait de cette rage qu'elle ressentait, de cette violence qui l'habitait et qu'elle n'avait jamais ressentit. Était-ce lié à ses yeux ?

Soudain un bruit sourd se fit entendre. Pénélope venait de lâcher ses affaires et sortait doucement son épée.

"Tu veux te battre ?! Tu crois vraiment que tu peux me parler comme ça ?! Tu vas t'excuser tout de suite où cette lame viendra briser ton corps artificiel !"

Evanelina fronça les sourcils. Non pas d'incompréhension mais de défis. Elle regarda l'épée de l'elfe blanc, puis son regard remonta doucement. Il passa sur l'ancienne blessure que Fear avait correctement soigné, puis sur le visage déformé par la haine de Pénélope. Et finalement, leur regard se croisa.

L'Aniathy mit toute sa haine, sa colère, ainsi que le dégoût et la déception qui lui inspirait son interlocutrice, dans son regard. Elle la vit défaillir, oscillé, hésiter à continuer. Malgré tout, elle ne baissa pas sa garde. Larhe s'approcha de sa compagne qui le bloqua du bras.

"Surtout ne t'en mêle pas. Elle te tuerais sans hésiter."

Larhe resta donc en retrait, n'ayant pas la force de résister à Evangelina. Et Fear n'avait pas encore bouger.

Insoupçonnable

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Dernière édition par Evangelina le Ven 11 Mai 2012 13:02, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mar 28 Fév 2012 23:40 
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" Ah ça fait mal ... "

Pensait Farrell à propos de la douleur qui lui affligeait sa blessure. Il avait du mal avancer et encore plus de mal à suivre l'allure forcée qu'imposait Pénélope au reste du groupe de part sa démarche quelque peu pressée et nerveuse. Il ressentait donc cette douleur mais pourtant, il ne voulait pas soigner sa plaie. Car comme il le pensait, il l'avait bien mérité. Et puis, il n'était plus non plus en état de se servir de ses pouvoirs.

Mais, alors que son esprit était partagé en plusieurs morceaux, Evangelina se rapprocha de lui et se mit à son coté. Fear ne réagit pas vraiment car à vrais dires, il était bien trop distrait pour s'en rendre compte. Cela dit, le premier mot qu'elle prononça le réveilla brusquement.


- Fear ...

Elle connaissait son nom ? D'où le détenait-elle ? Et depuis combien de temps surtout ? Certes, cette interpellation l'étonna quelque peu mais, il ne lui répondit pas et ne fit pas un seul geste qui aurait pu dévoiler sa surprise. En fait, il ne fit rien de bien particuliers si ce n'était de continuer à avancer.

- Je ne sais pas ce qu'il se passe, je ne comprends pas.

Qu'elle ne comprenait pas quoi ? C'était une question bien disperse.

- Pourquoi m'as-tu choisis alors que je ne suis rien pour toi ? Pourquoi l'avoir trahit alors qu'il est clair que vous étiez très proches ? Je ne t'en aurais pas voulu.

L'avoir trahis ? Elle n'avait pas tord en même temps, c'était de la trahison. Fear voyait désormais une nouvelle douleur mentale s'ajouter à celles qu'il ressentait déjà.

- Explique moi s'il te plait. Je ne veux pas être la cause de vos malheurs, je ne veux pas ... Te faire de mal.

Certes, elle ne voulait pas lui faire de mal et il ne l'avait jamais accusé de vouloir le lui en faire. Mais s'en prendre à Pénélope revenait à s'en prendre directement à lui, ne l'avait-elle pas comprit ?

- Raconte moi. Dis moi qui tu es, qui tu étais. Explique moi pourquoi vous êtes là, et pourquoi moi aussi. Quel est mon rôle à part détruire votre amitié ? Dis moi ! Dis moi pourquoi tu m'as parlé alors qu'aux autre non ! Dis moi pourquoi tu me préfères à elle, dis moi tout, explique moi pourquoi tout ça arrive ...
" Si je le savais ... "

Ce fut la seule pensée qu'il eut à propos des dires de la poupée. Dans le fond, il ne savait même pas qui il était. Oui, il savait d'où il venait, comment il s’appelait et il connaissait assez bien sa lignée. Mais, lui, se connaissait-il vraiment ? À vrais dires, non. Et il avait bien eu l'occasion de s'en rendre compte auparavant. Alors, que pouvait-il bien lui répondre ?

Cependant, l'Aniathy semblait aussi s’interroger au sujet d'elle-même mais aussi, au fait qu'il lui ait adressé la parole. Son rôle dans toute cette histoire ? Malheureusement, il ne pouvait pas le lui divulguer car n'étant même pas sur de bien le connaitre. Quand au fait qu'il lui ait parlé à plusieurs reprises, il s'en étonnait encore. Qu'avait-il bien pu voir en elle pour réagir de cette façon ? Il le savait bien, quelque chose en cet être le fascinait au point qu'il en oublie tout, mais cette chose, il ne savait pas ce que c'était. Cependant, elle semblait avoir eu suffisamment d'effet sur lui pour le faire parler.

Qu'était-ce ? Était-ce une chose bénéfique ou au contraire, quelque chose de dangereux ? Était-il déjà vraiment sur de la nature de la vie de cet être de bois ? Était-elle d'origine divine ou artificielle ? Et avait-elle une influence sur sa propre personne ? Fear était un Homme sombre mais pourtant, son âme n'était que lumière. Dans le fond, c'est peut-être ça qui le captivait. Cette poupée était si pure et si innocente ... Peut-être n'était-elle pas coupable, mais victime ? Victime de quelque chose qu'elle n'aurait pas choisis ? Victime d'elle-même ?

Il se rendait compte à quel point les paroles de la poupée étaient en train de le troubler au point qu'il concentre ses facultés logiques sur sa personne. Il essayait d'être franc avec lui-même mais malheureusement, il n'y parvenait pas car, malgré ce qu'il avait vu dans ses visions, haïssait-il Evangelina ? Non, et cela le poussait à se leurrer lui-même car il devait lui en vouloir, il devait la détester au plus haut point.

Il avait mal et il souffrait d'une maladie dont il ne connaissait pas le remède. Avait-il pitié d'elle ? Ne voulait-il que lui éviter un funeste avenir ? Ou alors était-il aveuglé par son attachement ? Et Pénélope dans toute cette affaire ? Que devenait-elle ? Une victime à son tour ? Pourquoi devait-elle mourir et pourquoi Evangelina devait-elle la tuer ? De toutes les évidences, il y avait quelque chose qui lui échappait et dont il n'arrivait pas à prendre connaissance malgré ses nombreux efforts, mais quoi donc ? Finalement, peut-être que la poupée pourrait-elle aussi lui apporter des réponses ?

Mais voila que, peut-être sous le mutisme de Fear, elle se mit à parler seule.


- Mais, comment... ?

Quoi mais comment ? De quoi parlait-elle ?

- Des pions ? Comment ...

... Des pions ?

- Qu'est-ce que tu racontes, l'erreur !?! Eloigne toi tout de suite de lui !! Qui sont les pions ?!

Et voila, maintenant c'était Pénélope qui s'en mêlait ... Quoi que, c'était pas plus mal car elle venait de dire à haute voix ce que pensait discrètement Farrell.

- Si je te revois encore une fois psalmodier à côté de lui je te renvoie à ton créateur en morceaux !

Pourquoi l'Elfe blanche tenait à ce qu'elle reste loin de lui ? Après tout, n'avait-elle pas dit qu'elle ne le considérait désormais plus que comme un ennemi ?

- Mon créateur est mort ! Et je ne psalmodiais pas ! Alors avant de crier sur le monde et de la jouer princesse guerrière tu pourrais réfléchir deux secondes !

Puis elle rajouta ensuite :

- Regarde dans quel état tu l'as mis ! Il peut à peine marcher ! T'es tu au moins demandé pourquoi il n'avait pas répondu ? T'es au moins dit qu'il ne voulait pas nous blesser toutes les deux ? As tu seulement réfléchis aux conséquences ?! Tu es complètement paranoïaque et tu me détestais avant même que l'on se croise ! Tu es raciste et en plus complètement irresponsable. Alors tu la boucles, parce que si tu continues je ne m'arrêterais pas à la poitrine !

Les hostilités reprenaient de nouveau. Fear était tout simplement fatigué. Ses nerfs, durement éprouvés, avaient bien du mal à se maintenir en place et il fallait maintenant que ces deux femelles éméchées en rajoutent une couche ... Il soupira, alors qu'il ne savait même plus quoi penser ni quoi ressentir, comme en signe d'exaspération. Il s'était arrêté mais il observait désormais l'Elfe blanche. Certes, les provocations de la poupée ne lui plaisaient guère mais en même temps, il ne savait pas s'il devait s'en mêler ou pas ...

- Tu veux te battre ?! Tu crois vraiment que tu peux me parler comme ça ?! tu vas t'excuser tout de suite où cette lame viendra briser ton corps artificiel !

Rétorqua sèchement Pénélope en dégainant son épée. La tension venait de monter d'un cran et alors que Fear espérait qu'elle ne cède pas à la provocation, elle venait de foncer tête baissée. Larhe, cependant, essaya bien de dissuader sa compagne.

- Surtout ne t'en mêles pas. Elle te tuerais sans hésiter.

Mais malheureusement, cela ne semblait pas produire d'effet, pas beaucoup en tous cas. Les deux ... Filles se regardaient droit dans les yeux, la rage au regard, alors que Fear et Larhe semblaient se tenir à distance. Et maintenant ? Qu'allait-il se passer ?

En fait, tout alla très vite, bien trop vite même pour en donner un descriptif précis. Elle se ruèrent l'une vers l'autre et la bagarre éclata aussi simplement sous les yeux quelque peu ébahis des deux Hommes. Au début, c'était bien, ça cognait comme il se doit et c'était assez technique, mais après ça vira petit à petit au " crêpage de chignon ".

Les coups se transformèrent en gifles, en tirage de cheveux et en arrachage de vêtements, les " roulades et autres acrobaties " se transformèrent en chutes maladroites et en bains de boue, enfin, les provocations verbales tournèrent à l'insulte ouverte et quelque peu puérile.

Farrell regardait ce spectacle d'un oeil en même temps surpris et intrigué. Qu'étaient-elles en train de faire au juste ? Régler un compte ou se battre comme des chats en furies ? Il observait leur dispute, figé sur place, à ne pas comprendre le sens et la stratégie de leurs coups portés.

En quoi tirer les cheveux de son adversaire ou lui arracher ses vêtements pouvait régler un conflit ? En parlant d'arrachage d'habits, on pouvait dire qu'elles rivalisaient bien dans ce domaine. Autant la magnifique tenue de Pénélope ressemblait plus, désormais, à un vieux morceau de textile bon marché froissé et usé, en plus d'être troué, et autant la sublime robe de la poupée ressemblait plus à ... La robe d'une servante de bas étage ?

Mais le plus important n'était même pas là, autant elles étaient couvertes de boue, autant elles avaient les cheveux défaits, autant elles semblaient gémir bizarrement sous le ... Feu de l'action ? Et autant, en fait, elles semblaient faire exprès d'arracher le textile qui cachait leurs parties intimes ... Farrell était, si l'on puis dire, sur le cul.

C'est quoi cette façon bizarre de se battre ? Une nouvelle mode ? Une nouvelle méthodologie ? Ça vient de sortir ? En tous cas, ça ne paraissait pas vraiment sérieux. D'ailleurs, qu'est-ce que faisait Larhe ? Fear se le demanda bien mais il n'alla cependant pas trouver la réponse. Peut-être était-il aussi étonné que lui ?

Mine de rien, en les voyant se battre de cette façon, le guérisseur noir avait des idées ... Étranges qui lui venaient subitement à l'esprit et qu'il chassa d'ailleurs bien vite.


" Hum ... "

De toutes les façons, cette mascarade avait assez duré. Il n'avait pas de temps à perdre à les regarder se chamailler et il fallait rejoindre Cuilnen au plus vite ! Aussi, reprit-il sa marche et les dépassa-t-il sans leur prêter plus d'attention. Elles continuèrent un instant puis finalement, c'est Evangelina qui se retira la première. Chouette, mais Fear était repartis dans ses réflexions et il ne s'en rendit pas tellement compte.

Mais, il dut bien vite émerger car bientôt, la dispute reprit de nouveau ! Et cette fois-ci, c'était Pénélope qui l'avait rallongé en coupant maladroitement la chevelure de la poupée par un coup hasardeux d'épée alors que cette dernière avait le dos tourné. Farrell continua sa route, sans se retourner. Seulement, c'était diffèrent cette fois-ci car, le ton semblait avoir monté d'un cran et la dispute semblait d'un coup, beaucoup plus sérieuse.

Il ne savait pas précisément ce qu'il était en train de se passer et hésitait à faire demi-tour. Mais après tout, elles finiraient bien par se calmer, enfin, se le dit-il. Ce qu'il ne savait pas, c'est que l'Elfe était en train de perdre du terrain et désormais, elle était plus en train de recevoir les coups que d'en donner. D'ailleurs, un cri particulièrement fort le fit presque sursauter. Il sentait déjà la colère le gagner peu à peu et dans son état, il aurait bien du mal à la contenir.

Il se retourna alors, à moitié, et pu voir Larhe en train de tenir Evangelina dans ses bras. Mais pas comme pour la réconforter mais plus comme pour la maîtriser. Il était loin et avait du mal à tout distinguer mais Pénélope semblait se tenir le genoux gauche et, au vu de ses larmes et de ses cries, elle semblait avoir très mal ... Que s'était-il encore passé ? Oui, là, Fear était bien exaspéré.

Seulement, il vit Larhe lâcher la poupée et, alors que cette dernière, nerveuse, restait à distance de l'Elfe, la poupée mâle courut assez vite vers le guérisseur noir.


" Qu'est-ce qu'il me veut l'être de bois ? "

Quand ce dernier fut enfin à portée, il prit la parole.

- Il y a un petit problème ...

Et Farrell se doutait bien de ce que ça pouvait être ... Maintenant, il se demandait bien comment est-ce qu'une poupée aussi frêle que Evangelina avait bien put parvenir à le faire. Il revint alors sur ses pas, dépassé par les évènements, et, une fois revenu, s'approcha de l'Elfe. Cette dernière, encore en train de sangloter, le regarda avec colère mais ne prononça pas un seul mot au vu de ses plaintes répétées et des insultes qu'elle proférait envers la poupée. Evangelina quand à elle, était au retrait et semblait aussi nerveuse ...

- * Sanglot * C'est mon genoux ...

Elle retira ses mains et effectivement, il n'était pas du tout en bon état. Il y avait une blessure large juste en dessous de la rotule et elle saignait beaucoup. Farrell ne comprit d'abord pas comment la poupée avait fais pour lui causer une pareille plaie puis, il chercha l'épée de l'Elfe du regard. Elle n'était pas très loin mais se trouvait négligemment cachée dans un buisson.

Pas besoin d'aller l'examiner pour comprendre. Pénélope quand à elle semblait attendre que Farrell fasse quelque chose pour la soigner. Mais malheureusement, Fear était harassé, tant par ses souffrances physiques que mentales et il n'avait plus la capacité de prodiguer des soins, ou du moins, de les prodiguer sans risquer sa propre santé.

Pénélope cependant, devant l'inactivité de Fear, le comprit bien vite. Mais, un peu à son habitude, elle interpréta ça d'une autre façon pensant cette fois-ci qu'il ne voulait volontairement pas lui faire profiter de ses capacités de soigneur.


- * Sanglot * J'ai pas besoin de ton aide !

Dit-elle alors en lui criant dessus tout en pleurant et en le poussant brutalement, certainement pour ne pas perdre la face. Fear était à bout de nerf ... Il avait déjà raclé le fond du tiroir et voila que Pénélope le blessait une fois de plus ! Décidément, ce voyage vers Cuilnen tournait peu à peu au désastre ... S'il n'en était déjà pas un.

Mais cependant, son esprit s'attendrissait devant le malheur qui frappé l'Elfe et aussi, ne fit-il pas le moindre geste qui aurait put la contrarier d'avantage.



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Dernière édition par Fear Farrell le Sam 15 Juin 2013 19:24, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mer 29 Fév 2012 01:17 
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- * Sanglots * J'ai mal !!! Comment je vais faire pour reprendre la route maintenant ? Tout ça c'est de ta faute ! Tas de particules de bois pourris compactées ! Espèce de vieux meuble miteux ! Combustible pour cheminée de basse classe !

Pénélope pleurait abondement et sa douleur ne semblait pas se calmer. D'ailleurs, ses insultes étaient assez saccadées. Mais apparemment, elle asseyait d'oublier son mal en se défoulant sur Evangelina.

- * Sanglots * Poupée d'merde ! Regardez là avec ses yeux pleins de malices et son air de dévergondée ! t'es fière de toi, garce ?!

Elle marqua un silence " verbale " puis repris :

- * Sanglots * ... Salope !
- ...


C'est pas pour dire mais Farrell avait bien du mal à croire que des mots aussi vils puissent sortir de la bouche d'une Elfe, théoriquement, aussi gentille ... Bien que pour le moment, ça ne semblait pas être le cas.

De toutes les évidences, rester ici n'était pas une solution et ils leur fallait avancer ! Mais vu que Pénélope était incapable de marcher et que Fear était incapable de la soigner, il ne restait plus qu'une seule solution. Aussi, se releva-t-il et la prit-il dans ses bras, à sa plus grande surprise.

Elle s'agita alors, insurgeant au guérisseur de la poser à terre, chose qu'il ne fit pas, puis finalement, elle lui mit un coup de poing dans sa blessure. Fear se retint de hurler mais son gémissement et ses dents serrées laissaient clairement comprendre qu'il avait mal. D'ailleurs, il s'était un peu penché mais n'était pas tombé.


- Lâche-moi je te dis !

Mais il ne le fit pas, elle et il n'avaient pas le choix ! Il observa alors l'épée ainsi que les affaires prises pour le voyage et demanda à Larhe, d'un signe de tête, d'aller les ramasser. Ce n'était pas un ordre, il ne fallait pas s'y méprendre, mais plus une demande " cordiale ". Fear était tout simplement épuisé et porter l'Elfe, dont le poids raisonnable était tout de même conséquent, lui réclamait pas mal d'efforts d'autant plus qu'il était blessé au torse. Mais il ne pouvait pas la laisser ici, car, par ailleurs, la journée avançait rapidement.

Pénélope se débattit bien mais, la douleur à son genoux la calma rapidement. Si elle continuait de s'agiter, elle ne ferait qu'augmenter alors autant se laisser aller. Se calmant, elle conservant cependant quelques larmes. Elle avait beau être ce qu'elle était, elle n'en était pas moins un être délicat et fragile.

Chose interpellant cependant, Fear n'avait pas accordé une attention particulière à la poupée, ne serait-ce qu'un simple regard. Certes, il était plus qu'en colère contre elle pour ce qu'elle venait de faire mais son état psychologique était tel qu'il n'arrivait plus à maintenir une quelconque émotion. Il était devenu tout simplement froid.

Aussitôt que l'Elfe eut plus ou moins pris ses aises dans ses bras, il reprit son chemin et, grâce à l'indication plus ou moins précise de Pénélope, il parvenait à s'orienter afin de se rapprocher de Cuilnen. Le silence, durant le voyage, était total. L'Elfe blanche s'était finalement endormie, quelque peu bercée par les vibrations qu'occasionnait la marche du guérisseur noir, et les deux poupées les suivaient également, mais, du moins à ce qu'il avait pu constater, elles étaient tout simplement muettes.


" Il y a quelque chose que je n'ai pas du comprendre ... Ou quelque chose que je n'aurais volontairement pas voulu comprendre ? "

Farrell était songeur. Pourquoi tout ceci devait-il se produire et pourquoi se produisait-il ? Pourquoi n'auraient-ils simplement pas pu accomplir leur objectif dans l'entente ? Pourquoi fallait-il qu'Evangelina semble s'assombrir de jour en jour et pourquoi Pénélope était-elle aussi dure avec elle ? Peut-être s'étaient-ils connus dans une vie antérieure ?

- ... Coureuse de remparts ...

Farrell fut presque choqué à l'entente de cette insulte. Il observa Pénélope, elle était bien train de dormir. Parlait-elle en dormant ?! Si c'était le cas, Fear ne voulait pas imaginer à quoi elle était en train de rêver.

La nuit tomba finalement et, bien qu'ils eurent couvrit un bon bout de chemin, il fallait désormais s'arrêter et se reposer. Le guérisseur noir déposa l'Elfe blanche au sol, délicatement, et l'adossa contre le tronc d'un arbre. Seulement, quand il voulut retirer ses bras, Pénélope, alors encore endormie, agrippa ses vêtements et essaya même de s'enrouler dedans.


- Hummmmmm ...

Peut-être était-ce parce que le sol était froid et que Fear lui procurait une certaine chaleur lorsqu'il la portait ? Ou alors était-elle en train de rêver de quelque chose qui aurait pu justifier ça ? Peut-être même ne dormait-elle plus. Quoi que non, si elle ne dormait pas, sa blessure la ferait souffrir et ça se verrait.

En parlant de ça, il la regarda avec un air de désolation, le coeur en miettes si l'on pouvait dire même. Et le fait qu'il ne puisse rien faire pour le moment ne l'aidait pas non plus. Il resta donc un très long moment, accroupie à coté d'elle, alors qu'elle semblait s'accrocher à lui, sans tenter de se libérer de son accroche.

Finalement, elle se détacha. Il en profita alors pour se relever et alla de suite chercher de quoi la couvrir. Mais ne trouvant malheureusement rien, dans les affaires emportées, il se pressa alors d'allumer un feu à proximité d'elle afin de la réchauffer rapidement. Ceci fait, il s'adossa à son tour contre un arbre, et se relâcha tout simplement.

Tant de fatigue ... Il avait bien besoin de se reposer. Mais une nuit de sommeil suffirait-elle ? Pas vraiment en fait. Ce n'était pas tant physique que mental, mais, il avait quelque part l'impression d'avoir fait quelque chose qu'il n'aurait pas du faire, cette même incompréhension ... Ce même point noir dont il pensait avoir trouvé réponse mais alors que non.

Il observa rapidement Pénélope, elle dormait plus ou moins paisiblement car son visage était tout de même crispé. La douleur sans doute. Puis il observa Larhe, il semblait tout aussi perdu que lui. Quand à Evangelina, il ne la comprenait plus. Tout comme elle ne semblait plus le comprendre.


" J'espère être en mesure de te guérir rapidement, Pénélope. "

Il sentait le sommeil le gagner peu à peu. Mais bizarrement, il ne voulait pas dormir. Il y avait tant de choses à faire, il ne pouvait pas se le permettre. A moitié inconscient, son regard se posa sur Evangelina. Elle avait des questions, il avait des réponses. Et il avait des questions, et elle détenait des réponses.

Aussi, se releva-t-il péniblement. Sa blessure était toujours là et elle lui faisait mal. Il n'avait même pas pris le temps de la stériliser. Il respirait bruyamment, et la vapeur qui sortait de sa bouche indiquait bien la froideur de la nuit. Il s’avança lentement vers la poupée et, lui prenant la main comme on la prendrait à un enfant, il l’entraîna avec lui au loin du camps de fortune, c'est à dire, dans les bois sombres.

Il ne savait pas si elle avait résisté ou pas mais ce qu'il savait, c'est qu'elle avait mis un moment à accepter. Au loin, seuls, au milieu de nul part. La teinte bleutée de l'atmosphère et la froideur de l'environnement donnaient un aspect lugubre et angoissant à l'endroit. Mais Farrell s'y plaisait et s'y retrouvait bien.

Ils durent parcourir cent ou deux cents mètres dans le silence le plus total. Mais finalement, ils s'arrêtèrent. Farrell resta immobile un long moment, puis finalement, il prit la parole.


- J'ai froid, mais je n'ai rien pour me réchauffer. J'ai soif mais je n'ai rien à boire. J'ai faim mais je n'ai rien à manger. Je suis fatigué mais je ne trouve pas le repos.

Il marqua un silence, observant alors l'horizon obstrué par les arbres.

- Suis-je un Homme maudit ? Ais-je égaré mon âme sans m'en rendre compte ? Ais-je volontairement perdu ma foi ? Suis-je à l'épreuve de ma sincérité ?

Puis il redevint de nouveau silencieux.

- Suis-je accompagné par un Démon ou par un Ange ? Ne veut-elle que ma perte ou que ma réussite ? Et ne veut-elle que sa perte ou sa propre réussite ?

Puis, un blanc s'instaura une fois de plus.

- Qui êtes-vous et que me voulez-vous, Evangelina ?

Il tourna alors sa tête vers elle.

- Comblez mes attentes et je comblerais les votres.


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Dernière édition par Fear Farrell le Sam 15 Juin 2013 19:24, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mer 29 Fév 2012 14:45 
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La tension était à son comble, personne ne bougeait, et Evangelina était énervée. Très énervée. Mais elle ne bougeait. D'une part parce que même elle savait que ce serait stupide d'attaquer une personne avec une épée, et d'autre part car elle pensait que Fear allait les arrêter d'un instant à l'autre. Mais il n'en fit rien. Et Pénélope s'élança vers elle, épée en avant.

Evangelina ne courait que peu de risque, et la colère de Pénélope l'aveuglait complètement. En effet, elle était moins forte et sûrement moins agile que l'elfe blanc, mais elle était en grande partie composée de bois, une matière qui craignait peu les coups d'épée. Surtout que celle de Pénélope n'était pas très grande, et ressemblait plus à un grand fleuret qu'autre chose. L'Aniathy campa donc sur ses positions quelques dixièmes de secondes avant de s'élancer à son tour vers son adversaire. Tout allait très vite autours d'elle, et elle y allait plus à l'instinct qu'autre chose. C'était la première fois qu'elle se battait, mais la colère qui l'habitait la guidait et la rendait plus forte.

Arrivée au contact, Pénélope voulut frapper son adversaire de son épée, directement. Mais Evangelina ne se laissa pas faire. Elle pivota sur son pied, sentant la lame effleurer sa joue, et leva son coude pour l'enfoncer dans le ventre de Pénélope. Cette derrière se plia en deux et lâcha son épée. Et Evangelina recula.

"Arrêtes. Je peux te tuer. Mais toi tu n'as aucune chance. C'est déjà fini. Tu as perdu."

Sa voix était dure, méchante, sûre. Jamais elle ne serait cru capable de dire ça, de parler ainsi. Mais elle aimait ça. Aussi étrange que cela puisse paraitre, elle aimait ça, la victoire, la douleur de l'autre, se sentir forte et puissante.

Mais Pénélope ne voyait pas ça comme ça et se jeta sur Evangelina, la plaquant au sol. S'ensuivit une lutte sur le sol, où les coups pleuvaient. Evangelina se retrouva plusieurs fois à terre. Plusieurs fois elle plaqua Pénélope contre le sol avant de lui asséner des coups au visage et dans les côtes. Elle ne ressentait pas la douleur. Pire, Pénélope devait se faire mal en la frappant. Elle saignait de plusieurs blessures ouvertes par les coups de l'Aniathy, mais n'abandonnait pas.

Evangelina tirait les cheveux de Pénélope pour la faire abdiquer, en vain. A force de s'empoigner sur le sol, leurs vêtements commençaient à se transformer en lambeaux. Pénélope, dont la tenue était fine et moulante, avait plusieurs parties de son corps découvertes aux regards. L'Aniathy s'en fichait, elle était une poupée et ne s'habillait que pour être belle. Elle n'avait rien à cacher, pas de partie intime, une poitrine artificielle faites de bois et de matières plus souples pour accentuer le réalisme, des articulations mécaniques et des membres en bois.

Pénélope avait de plus en plus de mal à riposter, à se défendre. Son corps partiellement découvert était couvert d'hématomes et de blessures ouverte. Son visages commençait à se boursoufler. Evangelina le savait, elle le sentait et le voyait, l'elfe blanc souffrait et fatiguait. Il était temps d'en finir avec cette lutte inutile et ridicule.

Evangelina était au dessus de Pénélope, agenouillée par dessus elle, et lui maintenait les bras au sol. Elle s'arrêta un instant.

"Tu as ton compte ? Je n'ai aucun intérêt à te martyriser. Fear ne semble pas vouloir nous arrêter, alors soit on s'arrête, soit je te laisse agoniser dans cette forêt sans te tuer, pour que tu ais le temps de comprendre tes erreurs et que tu les expies."

Elle n'était plus elle-même. Quelque chose avait changé en elle, quelque chose s'était réveillé. Et cela grâce à Pénélope. Elle n'aura donc pas été complètement inutile. L'Aniathy aimait cette nouvelle chose qui s'était réveillée en elle, même si elle lui faisait un peu peur. Était-ce liée à la magie sombre qui l'habitait, à cette chose qui s'était réveillé chez Aënith ? Elle n'en savait rien. Mais elle en profitait.

"Tu bruleras comme l'erreur qui te sert de compagnon !"

Elle ne tenta même pas de se retenir. Elle envoya son poing dans la joue de l'elfe blanc qui gémit. Un craquement sordide accompagna le choc, et Pénélope cracha du sang. Sûrement une dent qui s'était brisé sous le choc. Ou la mâchoire...

Evangelina se releva et s'épousseta. Sa robe était complètement en lambeaux. Elle devrait en changer une fois arrivée à Cuilnen. Sa chevelure était dans un désordre pas possible mais le serre tête était toujours là, quoique déplacé. Elle le remit en place, puis regarda autours d'elle. Fear marchait, sans se soucier de ce qu'il se passait derrière lui. Et Larhe était debout et attendait, le regard inquiet. Evangelina se dirigea vers lui pour le rassurer. Mais elle n'eut pas le temps.

"Attention ! Derrière... !"

Elle sentit quelque chose frapper son épaule et glisser le long de son omoplates. C'était une sensation étrange, désagréable. Physiquement elle avait rien, si ce n'était une trace d'épée dans le bois de son corps, mais mentalement elle sentit la haine l'envahir. Elle fit volte-face, et regarda Pénélope qui tenait son épée, apparemment surprise de son inutilité. Elle venait de l'attaquer par surprise, dans le dos.

Apparemment elle devait avoir un regard particulièrement haineux car Pénélope ne resta pas longtemps dans une posture attaquante et se rétracta vite.

"Tu es vraiment pathétique. Que croyais-tu ? Que ton aiguille à tricoter pouvait venir à bout d'une Aniathy ? Je pensais que tu m'en voulais pour une histoire passée avec un Aniathy, mais je dois m'être tromper. Tu n'as jamais vu d'Aniathy avant moi. Serais-tu seulement jalouse ? Ce serait pathétique, que tu m'en veuilles et que tu abandonnes Fear par jalousie. Je..."
"Tais-toi !! Tu n'as aucun droit à la parole. Tu es une hérésie, une erreur de la nature. Tu ne devrais pas exister. Et tu ne peux pas être à la hauteur. Tu n'as ni âme ni esprit ! Tu n'es qu'une poupée !"

Evangelina n'écouta pas la suite. Elle bougea aussi vite qu'elle le pouvait, et apparemment, plus vite que Pénélope ne pouvait s'y attendre. Elle attrapa le poignet de l'elfe blanc, celui dont la main tenait l'épée, pivota sur son pied et donna un coup de coude dans la hanche de son adversaire. Cette dernière poussa un cri et lâcha l'épée une nouvelle fois. Evangelina la ramassa doucement et la pointa vers Pénélope.

"Je te l'ais déjà dit, renseigne toi avant d'agir. Réfléchis, et peut être alors tu seras à la "hauteur" comme tu dis."

Sa voix était froide, son regard aussi sombre qu'il le pouvait, emplit de haine et de colère. Elle allait la tuer. Elle le savait. Et ça ne la dérangeait pas. C'était même plutôt le contraire. Pénélope venait de se relever. Elle tenait debout péniblement, et semblait exténuée. Mais son regard vibrait encore de haine et d'envie de victoire.

"Pour qui te prends-tu, déchet !?"

Tout alla très vite. Pénélope se jeta sur Evangelina qui fit basculer son bras pour la frapper en pleine poitrine. L'elfe blanc ne pouvait plus s'arrêter, mais quelque chose vint frapper le bras de l'Aniathy, baissant son bras et donc l'épée. Pénélope poussa un cri de douleur et s'effondra. Evangelina se dégagea pour voir ce qui l'avait arrêté. C'était Larhe.

"Calmes-toi ! Je t'en pris ! Tu vas la tuer !"
"C'est bien mon intention."

Elle se retourna mais Larhe la retint. Elle ne voulait pas lui résister, ni lui faire de mal. Il lui prit l'épée et la lança loin de l'action. Evangelina le regarda sans ciller, sans rien faire, le visage toujours aussi sombre.

"Qu'est-ce qu'il te prends ?"
"Elle va payer."
"Non ! C'est bon, c'est fini."

Larhe la retint. Pendant plusieurs secondes, rien ne bougea. Puis il la lâcha. Mais elle ne bougea pas. Elle ne voulait pas le blesser. Elle ne voulait lui faire aucun mal, même psychologique. Elle resta donc là, à regarder sa victime qui gémissait sur le sol, le visage baigné de larmes, le corps couvert de blessures et le genoux ensanglanté. C'est là que l'épée avait frappé, à cause de Larhe. Elle n'allait pas en mourir. Elle avait eu de la chance.

Larhe revint avec Fear qui s'approcha de Pénélope. Il ne lui lança pas un regard, et Evangelina se sentit triste. Pourquoi, que s'était-il passé cette nuit dans la forêt ? Elle n'en savait rien, mais comptais bien le découvrir.

Pénélope commença à se plaindre à Fear, à lui demander de la soigner. Mais il n'avait pas à le faire. Il n'avait pas à l'aider alors qu'elle était irresponsable depuis le début.

En effet il ne l'aida pas. Evangelina s'en réjouit, même si elle se doutait que ce n'était pas simplement par caprice. Il semblait vraiment très fatigué, et la blessure causé par l'elfe blanc ne devait rien arranger à son état. Et évidemment, Pénélope le prit de nouveau mal.

Le voyage avait mal commencé, et Evangelina avait de plus en plus de question. Elle n'attendait qu'une seule chose : les réponses .

Monologue dans la forêt

_________________
Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...

Image

Merci à Itsvara

« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. »
Jean Ray



Dernière édition par Evangelina le Ven 11 Mai 2012 13:12, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Ven 2 Mar 2012 22:25 
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Insoupçonnable

"J'ai mal !!! Comment je vais faire pour reprendre la route maintenant ? Tout ça c'est de ta faute ! Tas de particules de bois pourris compactées ! Espèce de vieux meuble miteux ! Combustible pour cheminée de basse classe !"

Comme si c'était de sa faute si cette folle l'avait défié. Elle n'avait qu'à pas l'attaquer et rien de tout cela ne serait arrivé. Les faibles n'attaquent pas les forts de face, toute action à l'encontre de cette règles ne peut que se finir mal pour le faible...

Pénélope était en pleurs et cela ne semblait pas près de s'arrêter. Sa jambe était en sang et son corps couvert d'hématomes, elle devait donc bien souffrir, ce qui expliquait ses larmes. Ça expliquait aussi qu'elle débite autant d'insulte envers l'Aniathy. Mais cette dernière n'en avais cure. Fear était juste à côté d'elle, et Larhe aussi. Elle était donc hors de danger, provisoirement. Mais elle n'avait aucun intérêt à recommencer, car elle la tuerait.

"Poupée d'merde ! Regardez là avec ses yeux pleins de malices et son air de dévergondée ! T'es fière de toi, garce ?!"

Non, elle n'était pas fière d'elle. Elle ne l'avait pas tué quand elle en avait eu l'occasion.
L'esprit de l'Aniathy était en ébullition. Elle ne jugeait plus que par se colère et sa haine. C'était assez étrange. Jamais elle ne se serait cru capable de telles choses, de ressentir de tels sentiments... Mais elle aimait ça, et malgré le fait que ça ne pouvait pas être une bonne chose, elle n'avait aucune envie de le repousser. Elle se sentait puissante, importante... C'était des sensations égoïstes, mais tellement agréables... et humaines.

"... Salope !"

Salope ? L'Aniathy ne savait pas ce qu'était une telle personne, elle ne comprit donc pas l'insulte. Elle ne réagit donc pas plus que précédemment.

Finalement Fear la prit dans ses bras. Evangelina sentit une pointe de déception. Elle l'aurait bien laissé la, seule, agoniser dans cette forêt. Mais pourquoi se disait-elle ça ? Pourquoi avait-elle des pensées aussi horribles ? Elle n'en savait rien, mais ne faisait rien pour les repousser.

L'elfe blanc se débattit comme elle le pouvait, et cria sur l'inconnu qui ne broncha pas. Il devait souffrir pourtant, à la fois de part sa fatigue et de part sa blessure. Il fallait qu'il se repose, sinon il allait craquer. Et elle ne voulait pas qu'il craque. Elle voulait qu'il reste avec elle, au moins tant qu'elle n'avait pas les réponses à ses questions. Après, il pourrait s'en aller. Il pourrait même mourir... Non, il ne fallait pas qu'il meurt...

Le groupe se remit en marche, guidé par Fear qui suivait les directives de Pénélope. Ils marchèrent jusqu'à la nuit tombée, dans le silence le plus profond. Larhe tenait la main de sa compagne qui marchait à ses côtés. Elle l'avait embrassé avant de repartir, un baiser long, langoureux et remplie d'amour. Mais ça ne lui avait pas fait oublier la violence et la rage qui avait habité Evangelina pendant le duel. Et cela se voyait à son regard.

L'Aniathy en était consciente, mais qu'y pouvait-elle ? C'était trop tard, mais elle ferait tout pour le garder. Il était sa vie, il était son amour, il était tout pour elle. Et jamais elle ne voulait le perdre.

La nuit étant tombée, ils s'arrêtèrent pour se reposer. Il était clair que Fear en avait bien besoin, d'ailleurs dès qu'il put il s'appuya contre un arbre., après être resté un certain temps près de l'elfe blanc.

Les deux Aniathys, quant à eux, s'étaient assis un peu plus loin, sur un lit de mousse. Evangelina se glissa dans les bras de son compagnon et le serra fort contre elle, la tête dans son cou.

"Je t'aime."

Larhe ne répondit pas mais lui posa un baiser sur la tête en la serrant un peu plus fort. Malheureusement, ils ne purent rester ensemble bien longtemps. Fear s'était relevé et venait de prendre la main de l'Aniathy, délicatement, mais avec un force qui montrait qu'il ne voulait pas attendre.

Evangelina ne voulait pas se séparer de Larhe, mais celui-ci ne la retint pas. Il devait avoir à la fois confiance en elle et se dire que Fear n'allait pas lui faire de mal, et que ce dernier était peut-être assez fort pour la raisonner. Mais elle ne pouvait pas être raisonnée, elle le savait. Elle avait toujours toute sa raison, toutes ses facultés. Elle était toujours elle même. Elle résista un peu puis se laissa aller. De toute façon, quoi qu'il arrive, il ne lui ferait rien. Et peut être allait-il lui donner quelques réponses ?

Ils l'emmena assez loin, à une ou deux centaines de mètres, puis il s'arrêta. Il lui tournait le dos mais ne lui avait pas encore lâché la main.

"J'ai froid, mais je n'ai rien pour me réchauffer. J'ai soif mais je n'ai rien à boire. J'ai faim mais je n'ai rien à manger. Je suis fatigué mais je ne trouve pas le repos."

Evangelina ne dit rien. En fait, elle n'avait rien à dire, rien à répondre à cela. Sa voix était triste ces paroles encore plus. Mais ils étaient plein de sens, un sens particulier, et elle n'était pas vraiment prête à l'entendre. Son cœur, ou son âme, n'allait pas bien, et c'était à cause d'elle...

"Suis-je un Homme maudit ? Ais-je égaré mon âme sans m'en rendre compte ? Ais-je volontairement perdu ma foi ? Suis-je à l'épreuve de ma sincérité ?"

Comment aurait-elle put le savoir ? Si lui même ne le savait pas, elle ne pouvait le savoir. Il ne pensait tout de même pas qu'elle soit capable de le comprendre à ce point ? De toute façon, elle même n'y croyait plus depuis la nuit dernière, depuis qu'elle avait blessé Pénélope.

"Suis-je accompagné par un Démon ou par un Ange ? Ne veut-elle que ma perte ou que ma réussite ? Et ne veut-elle que sa perte ou sa propre réussite ?"

Evangelina fronça les sourcils. Elle en était presque sûre, il parlait d'elle. Elle commençait à avoir l'habitude de son langage détourné. Mais pourquoi parlait-il d'elle de cette manière ? Et puis, elle ne lui voulait aucun mal, comment pouvait-il penser cela ? Quant à sa perte ou sa propre réussite...

"Qui êtes-vous et que me voulez-vous, Evangelina ?"

Fear tourna la tête vers elle.

"Comblez mes attentes et je comblerais les vôtres."

Ses attentes ? Lui aussi voulait des réponses ? Alors cela signifiait qu'il était aussi perdu qu'elle. Alors peut être même que son attitude de la journée n'était due qu'à cela et non à un sentiment de colère ou de mépris.

L'Aniathy se sentit soudain plus légère. Mais il voulait des réponses, pouvait-elle lui en donner ? Elle baissa les yeux. Elle réfléchissait. Elle soupira et s'assit contre un arbre couvert en grande partie de mousse.

"Je ne sais pas... Enfin, comment répondre, par quoi commencer..."

Evangelina leva les yeux vers Fear qui la regardait toujours. Il n'y avait dans ses yeux aucun aprioris. Il était ouvert à toute réponse, mais il les attendaient avec impatience. Elle allait donc lui donner, du moins essayer.

"Je vais essayer de répondre à tes questions. Premièrement je tiens à mettre les choses au clair... Je ne veux pas qu'il y ai d'apriori. Je ne te veux aucun mal. Je ne sais pas d'où tu sors ça mais ce n'est pas vrai. Quand on s'est rencontré je ne pensais pas m'attacher autant à toi. Pour être franche... Je ne te suivait que parce que je pensai que tu pouvais m'aider à atteindre mon rêve."

Evangelina baissa les yeux. Devait-il tout savoir, lui avouait-elle tout ? Elle avait confiance en lui mais en valait-il la peine ? Elle réfléchit quelques secondes, avant de décider que oui.

"Je... Je veux devenir humaine... Bref. J'entends une voix, une voix qui me guide. C'est elle qui m'a dit de te suivre. C'est elle que j'entends dans mes visions... C'est elle qui me parlait tout à l'heure... Mais... Je pensais que c'était toi, ta manière de parler, de contourner ton mutisme... Mais non. Je suis peut-être folle, après tout."

Elle ne réfléchissait plus vraiment sur ce qu'elle disait, elle parlait, tout simplement, comme en discussion, mais seule.

"C'est peut être à cause de cette magie sombre qui m'habite. Cette magie corrompue qui ne devrait pas être là. Mais je ne peux pas vraiment la blâmer, c'est grâce à elle que je suis si... vivante, si humaine. Et c'est grâce à elle que je peux aimer Larhe autant que je l'aime. D'ailleurs il a reçu un peu de ma magie quand... quand je l'ai embrasser. Mais il n'est pas comme moi, il est moins magique... Mais je l'aime, je ne veux pas le perdre. Et ce n'est pas Pénélope qui me l'enlèvera.
Sais-tu pourquoi elle est si méchante avec nous ? On ne lui a rien fait, on ne la connaissait pas... Je sais que tu l'apprécies, que vous semblez être assez proches. Mais je ne l'aime pas. Elle est vraiment horrible avec nous sans raison. Et elle a insulter à plusieurs reprises Larhe. Je ne veux pas te blesser, mais elle n'a pas intérêt à nous attaquer de nouveau.
Enfin je ne suis pas sûre de répondre à toutes tes questions. Depuis le temple nous avons fait du chemin ensemble et j'ai appris à t'apprécier. Je ne veux pas te perdre non plus. Je ne suis pas amoureuse, mais je tiens à toi. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je le sais, c'est tout. J'espère que tu m'apprécies aussi.
J'aimerais bien que notre relation, amicale, se fasse dans des conditions plus normales. Mais je ne pense pas que ça se fera. Tu sembles quelqu'un de solitaire et tu repartiras sûrement quand tout seras finis. J'espère au moins que je te laisserais un bon souvenir.
En ce qui me concerne, aujourd'hui je te suis plus pour rester avec toi que pour accomplir mon rêve. Je pense que la clef de mon rêve se trouve chez les Vermis, pas du tout vers où nous allons. Mais j'ai peur d'affronter la vérité sur mon existence. Peut être connais-tu ça aussi.
je n'ai pas grand chose d'autre à te dire. J'espère simplement que tu es rassuré..."


Et elle se tut. Ça lui avait fait du bien de parler. Elle avait parlé longtemps et la nuit était maintenant pleine mais Fear n'avait pas bouger. Enfin Evangelina ne l'avait pas vu bouger. Il semblait réfléchir. Allait-il lui donner les réponses qu'elle attendait ? Était-il satisfait de ses propres réponses ? Elle l'espérait vraiment, car elle avait été sincère...

Un avenir sombre

_________________
Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...

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Merci à Itsvara

« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. »
Jean Ray



Dernière édition par Evangelina le Ven 11 Mai 2012 13:23, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Sam 3 Mar 2012 16:47 
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- Je ne sais pas ... Enfin, comment répondre, par quoi commencer ...

Bonne question. Mais de toutes les façons, Fear n'était pas pressé et aussi, aurait-elle tout le temps qu'il lui faudrait.

- Je vais essayer de répondre à tes questions. Premièrement je tiens à mettre les choses au clair ... Je ne veux pas qu'il y ai d'aprioris. Je ne te veux aucun mal. Je ne sais pas d'où tu sors ça mais ce n'est pas vrai. Quand on s'est rencontré je ne pensais pas m'attacher autant à toi. Pour être franche ... Je ne te suivait que parce que je pensais que tu pouvais m'aider a atteindre mon rêve.

Fear resta muet et immobile. Il n'exprima pas non plus le moindre sentiment et ne fit rien qui aurait déjà pu lui fournir un élément de réponse. Non, pour le moment, il tenait à ce qu'elle s'exprime en toute franchise et c'était pour cette raison qu'il s’efforçait de l'écouter et de la comprendre sans pour autant analyser ses dires.

- Je ... Je veux devenir humaine ... Bref. J'entends une voix, une voix qui me guide. C'est elle qui m'a dit de te suivre. C'est elle que j'entends dans mes visions ... C'est elle qui me parlait tout à l'heure ... Mais ... Je pensais que c'était toi, ta manière de parler, de contourner ton mutisme ... Mais non. Je suis peut-être folle, après tout.

Une voix ? Elle était directement influencée par une voix qu'elle suivait sans même chercher à déterminer sa nature, sa source et son origine ? Peut-être était-ce logique pour elle mais ça ne l'était pas pour le guérisseur noir. Cependant il ne lui répondit toujours pas.

- C'est peut être à cause de cette magie sombre qui m'habite. Cette magie corrompue qui ne devrait pas être là. Mais je ne peux pas vraiment la blâmer, c'est grâce à elle que je suis si ... vivante, si humaine. Et c'est grâce à elle que je peux aimer Larhe autant que je l'aime. D'ailleurs il a reçu un peu de ma magie quand ... quand je l'ai embrassé. Mais il n'est pas comme moi, il est moins magique ... Mais je l'aime, je ne veux pas le perdre. Et ce n'est pas Pénélope qui me l'enlèvera. Sais-tu pourquoi elle est si méchante avec nous ? On ne lui a rien fait, on ne la connaissait pas ... Je sais que tu l'apprécies, que vous semblez être assez proches. Mais je ne l'aime pas. Elle est vraiment horrible avec nous sans raison. Et elle a insulté à plusieurs reprises Larhe. Je ne veux pas te blesser, mais elle n'a pas intérêt à nous attaquer de nouveau. Enfin je ne suis pas sûre de répondre à toutes tes questions. Depuis le temple nous avons fait du chemin ensemble et j'ai appris à t'apprécier. Je ne veux pas te perdre non plus. Je ne suis pas amoureuse, mais je tiens à toi. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je le sais, c'est tout. J'espère que tu m'apprécie aussi. J'aimerais bien que notre relation, amicale, se fasse dans des conditions plus normales. Mais je ne pense pas que ça se fera. Tu sembles quelqu'un de solitaire et tu repartiras sûrement quand tout seras finis. J'espère au moins que je te laisserais un bon souvenir. En ce qui me concerne, aujourd'hui je te suis plus pour rester avec toi que pour accomplir mon rêve. Je pense que la clef de mon rêve se trouve chez les Vermis, pas du tout vers où nous allons. Mais j'ai peur d'affronter la vérité sur mon existence. Peut être connais-tu ça aussi. je n'ai pas grand chose d'autre à te dire. J'espère simplement que tu es rassuré ...

Elle s'était accoudée contre un arbre durant ce long, mais pour le moins riche, monologue. Elle semblait s'être exprimée sincèrement, sans chercher à lui cacher quoi que ce soit. Enfin, c'est l'impression qu'elle avait donné au guérisseur noir, il restait désormais à savoir si ce n'était pas une parfaite comédie. Mais quoi qu'il en soit, sa réponse ne l'avait pas rassuré, si c'est cela qu'elle voulait savoir.

Fear resta silencieux. Il avait détourné son regard et observait désormais le vide. Il était figé, inexpressif et froid. En réalité, la réponse de l'Aniathy l'avait tout simplement détruit. Certes, ce n'était pas au sens propre mais il s'était bien rendu compte, et à son plus grand malheur, qu'il avait commis une très grave erreur et qu'il était désormais impossible pour lui de faire marche arrière.

Un long moment s'était écoulé, mais il prit finalement la parole, bien que sa voix, alors si sure d'elle, semblait s'être affaiblie.


- S'il y a un Homme plus stupide que moi sur cette terre, je demande à le rencontrer. Mais, je sais d'avance que je ne le verrais jamais car il n'est pas né et il ne le sera jamais.

Il marqua un silence.

- Si je vous ais adressé la parole, Evangelina, c'est parce que je pensais avoir trouvé en vous ce que j'avais perdu il y a longtemps. Mais hélas, je me rend compte que je me suis volontairement leurré et que je n'ai pas su, ou plutôt, que je n'ai pas voulu écouter et comprendre les avertissements qui m'étaient destinés.

J'ai cru ce que je n'aurais pas du croire, je me suis pris pour ce que je n'aurais pas du me prendre et j'ai fais ce que je n'aurais pas du faire. Beaucoup de choses que je pensais avoir acquis sont, aujourd'hui, à remettre en question. Voila ce qui arrive lorsqu'on prétend sans pouvoir prétendre. Voyez comme cela me sera douloureux et tirez-en bonne leçon.


Le silence revint une fois de plus mais dura bien plus longtemps que le précédent.

- Pénélope ne vous aime pas pour la même raison que je ne devrais pas vous aimer. La seule différence ait qu'elle a réussi là où j'ai échoué. Je me suis attaché à ce que je n'aurai pas du m'attaché, et cela malgré des avertissements pourtant très clairs. Croyez-vous aujourd'hui que je puisse revenir en arrière ? Non, car il est, hélas, bien trop tard.

Je ne sais pas s'il s'agit d'une punition ou s'il s'agit d'une épreuve, mais je n'ais autre choix que de m'y soumettre. Ma douleur, lorsqu'elle s’acquittera de ma dette, sera aussi puissante que celle qu'occasionnera votre perte car malgré tout, je n'arrive pas à me défaire ce que j'ai fais.

Comment malgré tout, puis-je encore vous porter attachement ? Est-ce là mon ultime châtiment ? Bientôt vous tacherez vos mains de son sang, bientôt vous me haïrez tout autant que je vous haïrez et vous me souhaiterez tourments et malheurs tout autant que je vous les souhaiterez !

Vous me voudrez mort et je vous voudrez morte ! Mais malheureusement, vous n'aurez que unique et plein gain de cause parce que vous n'êtes qu'une victime ! Je suis le seul et véritable coupable et j'assume cette responsabilité, même si elle doit me coûter ce que j'ai de plus cher.

Regardez comment l'aveuglement peut ruiner un Homme. Si je pouvais donner ma vie pour réparer mon erreur, je le ferais volontiers. Mais, je ne le peux car il ne le veut. Une punition digne de ce nom doit faire souffrir et doit durer longtemps ... Trop longtemps. Devrais-je porter mon crime toute ma vie ? Assurément oui.


Fear redevint silencieux une fois de plus. Il se rendait compte qu'il était en train d'être aussi franc avec cette poupée qu'avec lui-même. Lui qui pensait ne plus pouvoir être soumis à ce genre de piège, il était tombé droit dedans. Sa douleur, alors inimaginable, n'était encore qu'un paradis comparée à la colère qui l'animait intérieurement. Il se haïssait lui-même, comment avait-il pu être aussi aveugle ?

- Mais ne vous y méprenez pas, Cuilnen ne vous sera pas aussi étranger que vous pouvez le penser. Vous y trouverez là-bas ce que vous étiez réellement venu chercher, et alors que le lui arracherez de ses mains froides et vous l'emporterez avec vous, abandonnant au passage ce que vous aviez de plus cher.

Vous ne reconnaîtrez plus ni ami ni famille et vous sombrerez dans les ténèbres, sans que plus un jour, la lumière ne puisse vous éclairer. Tel est votre rôle et tel le sera-t-il. Je ne vous empêcherait pas de l'accomplir, car c'est ma punition, et je ne vous demanderai pas non plus grâce, car ce n'est pas à vous que je dois la demander.


Fear gémit rapidement. Sa blessure le faisait mal et elle le démangeait en plus. Apparemment, elle s'était infectée. S'il ne voulait pas que cela ne devienne plus grave que ça ne l'était déjà, il devait rapidement la soigner. Mais il n'en avait pas encore la force, il avait besoin de repos avant.

- Et maintenant, je vous demande de retourner au camps et de me laisser seul. Maudissez-moi comme bon vous semblera, mais n'en veuillez pas à Pénélope car elle aurait pu vous être d'un bien meilleur conseil que moi, si vous l'aviez pris en alliée plutôt qu'en ennemie.

... Puisse votre âme être prise en clémence, Evangelina.


Puis, le guérisseur noir se tut ... Définitivement. Une chose était bien sure, il ne lui parlerait désormais plus. Il laissa passer un moment, où il resta immobile, et voyant qu'elle ne bougeait pas, il pointa la direction du camps de son index gauche. La poupée ne réagit d'abord pas puis, finalement, elle s'en alla.

Il resta néanmoins figé jusqu'à ce que cette dernière disparaisse dans l'obscurité. Après quoi, il baissa finalement son bras. Fear se sentait très mal et ses genoux se mirent peu à peu à trembler. Finalement, il tomba à genoux, ne pouvant plus se maintenir debout, puis s’effondra sur son coté droit.


" Pardonne-moi ... "

Telle fut sa dernière pensée avant qu'un sommeil des plus forts ne l'envahisse et le conquêt finalement. Son épuisement psychologique était si puissant qu'il en était parvenu à le faire sombrer dans l'inconscience. Les choses s'étaient succédées les unes après et les autres et tout était allé bien trop vite.

Pénélope allait mourir à cause de lui, Evangelina allait se retourner de la pire manière qu'il soit, le médaillon serait subtilisé et enfin, sa désobéissance envers dieu était telle qu'il l'avait aveuglé sans même que Fear ne s'en rend compte. Lui qui avait passé sa vie à lutter contre le mal, et souvent par le mal, se voyait désormais punis et humilié de la pire façon qu'il puisse être.

Il savait pertinemment qu'il passerait le reste de ses jours à brûler intérieurement, d'un feu ardent et insatiable ... Pour payer ses délits. Il s'était pris pour grande chose alors qu'il n'était rien. Mais dans le fond, il n'avait voulu que bien faire ... Était-ce vraiment si impardonnable que ça ? Pour un Homme qui se voulait être soumis et dévoué, c'était grave oui car cela prouvait qu'il n'était pas aussi sincère qu'il voulait bien l'entendre.

Mais, ce que Farrell ne savait pas, c'est qu'il y avait autre chose qu'il n'avait pas bien compris. Sa vision, entre autre, avait été faussée par ses propres craintes mais aussi par un cri. Le cri de Pénélope lorsque cette dernière s'était faite brûler. Elle avait hurlé au moment même où Fear s'était étourdis et avait par conséquent altéré sa vision car, dans son inconscient, cela n'avait fait que réveiller sa peur.

Lui qui pensait désormais bien faire, il était une fois de plus dans l'erreur. Mais, si le seigneur ne l'éclairait pas encore, ce n'était que par clémence, car à ce moment là, Farrell n'en serait que plus accablé. Cependant, et chose qu'il ne savait pas encore, les évènements ne se passeraient pas tout à fait comme il l'avait vu, car il ne se passerait que ce dieu voudrait qu'il se passe.

Il dormait donc, reprenant lentement ses forces. Il ne rêvait cependant pas. C'était le noir total, le silence et peut-être même, l'apaisement. Au moins, lorsqu'il se reposait, il ne souvenait de rien et ne pensait plus à rien. Mais, ce fut tout de même de courte durée car il se réveilla bien vite.

La lueur matinale du soleil était apparue lorsqu'il rouvrit les yeux. Il ne comprit pas tout de suite ce qu'il faisait ici mais, lorsque sa mémoire lui revint, il se souvint de tout. Il se redressa alors et, constatant que son état physique s'était amélioré, il soigna sa blessure, récitant alors cette prière qu'il avait, à force, finit par apprendre par coeur.

(Souffle de gaïa.)


Il sentit les démangeaisons s'en aller et la douleur s’évaporer. Mais il sentit aussi un retour de fatigue. Sur cette terre, l'on a rien sans rien et l'échange doit toujours être équivalent. Bien que de la fatigue n'était pas grand chose comparé à la guérison. Mais lorsque l'on traite avec dieu, les taux, de part sa générosité, ne sont plus les mêmes.

Il se releva ensuite, enlevant les feuilles mortes et la terre de ses habits noirs, puis, revint aussitôt au camps. La marche ne fut ni bien longue ni bien difficile et il le rejoignit bientôt. Arrivé, il constata dans un premier lieu que le feu s'était éteint. Si cela était arrivé pendant la nuit, cela pouvait être relativement problématique vu qu'il était là pour réchauffer Pénélope.

Il observa alors, discrètement, Larhe ainsi que Evangelina et se demanda bien pourquoi ils ne l'avaient pas entretenu. La peur du feu est une chose, mais si l'ont sait bien le manipuler, les risques sont quand même réduits. S’intéressant désormais à l'Elfe, il put constater qu'elle était réveillée elle aussi. Mais, elle affichait une bien grise mine et ne semblait même pas prêter attention aux deux êtres de bois.

Farrell était intrigué, qu'est-ce qui pouvait bien la mettre dans un état pareil ? Il se rapprocha alors d'elle, sans qu'elle ne semble faire attention à lui également, et s'agenouilla à son coté. Adossée contre un arbre, la tête accoudée sur son genoux intact qu'elle avait relevé et resserré avec ses bras. Le regard perdu dans le vide, elle semblait même être en train de déprimer. Elle resta un moment silencieuse, puis prit la parole.


- ... Salut.

Fear était presque ébahis. Déjà, elle ne se crispait plus, son genoux ne la ferait-il plus souffrir ? En parlant de ça, le guérisseur noir l'examina. La blessure était toujours là et semblait infectée elle aussi. Désormais en possession de ses moyens, il la guérit à son tour, en procédant de la même façon que pour guérir sa propre plaie.

(Souffle de Gaïa.)


Son articulation était désormais saine. Mais, elle n'avait pas plus réagis que précédemment. Quoi que ...


- ... Merci.

... Et ... Et c'est tout ? Merci sans rien de plus ? Même pas un sarcasme, même pas une provocation, rien ?! Farrell était inquiet, qu'est-ce qui n'allait pas ? Elle ne bougea pas plus qu'il ne bougeait lui.

Fear resta surpris un moment puis tenta de la faire réagir. Il mit sa main sur son épaule droite, comme pour la rassurer tout en lui demandant, sans parler, ce qui n'allait pas. Mais elle ne fit rien, enfin, presque rien.


- ... C'est moche.

Qu'est-ce qui était moche ? Le guérisseur noir avait déjà bien une idée mais, après ce qu'il avait vécu, il semblait ne plus vouloir se faire confiance. Il resta un moment là, à ne pas vraiment savoir quoi faire, puis se releva finalement, invitant l'Elfe à en faire de même.

Elle ne fit rien dans l'immédiat mais se releva finalement, toujours aussi maussade. Fear l'observa, elle soupira un instant puis alla fouiller dans un des sacs qu'elle avait emporté. Elle en ressortit une sorte de tenue de rechange et s’écarta un peu de camps, se cachant alors dans la végétation, pour se changer.

Il était ... Comment dire ... En même temps étonné, surpris même et pas plus intrigué que ça. Il semblait la comprendre sans la comprendre. Même si elle était rarement de bonne humeur, il n'aurait jamais cru qu'elle soit capable de déprimer. Et puis, pourquoi au juste ? Pour tout ce qui s'était passé ? Parce que Fear avait trahis son amitié ? Parce qu'elle se faisait à chaque fois défaire par la poupée ? Parce qu'elle était loin d'Aënith et parce que personne ne semblait vouloir l'écouter ?

Peut-être, le tableau était quand même bien chargé ... Finalement, elle revint, ramassa une fois de plus ses affaires, et se remit en route sans plus de cérémonie. Néanmoins sa démarche et sa gestuelle étaient cette fois-ci plus assouplies. Elle n'était plus en colère mais elle semblait profondément attristée ...

Cette brûlure ... Elle était déjà si vivante qu'elle en était insupportable. Et la vue de Pénélope sous son jour gris ne faisait qu'augmenter sa voracité. Farrell n'osait même pas imaginer ce que serait sa douleur une fois l'Elfe ... Morte.

Mais, il n'avait pas le temps de réfléchir davantage et aussi se remit-il à son tour en route, la suivant de près. Les deux Aniathys en firent tout autant. Le reste du trajet se déroulant sans encombres, sans éclats de voix et sans disputes, sans pour autant que la joie soit au rendez-vous ... Non, l'atmosphère était tout simplement froide et morne.

Mais, voila que bientôt, Cuilnen la magnifique se dressaient devant eux et avec elle, l'accomplissement de leur quête, à savoir, le médaillon.



_________________


Dernière édition par Fear Farrell le Sam 15 Juin 2013 19:25, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mar 6 Mar 2012 18:28 
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Monologue dans la forêt

Fear ne répondit pas tout de suite. En fait, il mit un temps non négligeable à répondre. Il semblait réfléchir, le regard baissé, immobile. Que se disait-il ? A quoi pensait-il ? Comment prenait-il les paroles de l'Aniathy ? Cette dernière ne savait pas, et espérait qu'il ne les prendrait pas mal. Alors qu'il ne bougeait pas, elle attendait. Il allait sûrement lui parler, il n'allait sûrement pas manquer à sa parole. Mais que lui dirait-il ? Elle l'appréhendait grandement. Et finalement, Fear prit la parole. Sa voix était fatiguée, affaiblie...

"S'il y a un Homme plus stupide que moi sur cette terre, je demande à le rencontrer. Mais, je sais d'avance que je ne le verrais jamais car il n'est pas né et il ne le sera jamais."

Evangelina fronça les sourcils. Pourquoi disait-il cela ? Elle ne comprenait pas vraiment ses paroles.

"Si je vous ai adressé la parole, Evangelina, c'est parce que je pensais avoir trouvé en vous ce que j'avais perdu il y a longtemps. Mais hélas, je me rend compte que je me suis volontairement leurré et que je n'ai pas su, ou plutôt, que je n'ai pas voulu écouter et comprendre les avertissements qui m'étaient destinés."

Mais pourquoi disait-il cela ? De quels avertissements parlait-il ? Evangelina se doutait bien que le passé de l'inconnu n'était pas rose et qu'il avait dû vivre des choses dures. Et le fait qu'il ai vu en elle un soutient, quelqu'un qui lui soulageait de son fardeau lui faisait extrêmement plaisir. Mais ce qu'il venait de dire l'inquiétait. Avait-il aussi des visions ? Une voix qui lui parlait ? Qui l'avertissait ?

"J'ai cru ce que je n'aurais pas du croire, je me suis pris pour ce que je n'aurais pas du me prendre et j'ai fais ce que je n'aurais pas du faire. Beaucoup de choses que je pensais avoir acquises sont, aujourd'hui, à remettre en question. Voila ce qui arrive lorsqu'on prétend sans pouvoir prétendre. Voyez comme cela me sera douloureux et tirez-en bonne leçon."

Que lui arrivait-il ? Pourquoi était-il aussi défaitiste ? Pourquoi devait-il souffrir ? Elle ne voulait pas qu'il souffre, elle voulait qu'il soit heureux... Mais pouvait-il réellement être heureux ? Il semblait de plus en plus clair pour l'Aniathy que Fear ne serait jamais heureux, qu'il vivrait toujours dans la recherche de quelque chose d'insaisissable. Mais qu'était-ce ? Elle aurait bien aimé le savoir...

Evangelina ne répondit pas, malgré le silence qui durait. Il l'avait laissé parler alors elle faisait de même.

"Pénélope ne vous aime pas pour la même raison que je ne devrais pas vous aimer. La seule différence est qu'elle a réussi là où j'ai échoué. Je me suis attaché à ce que je n'aurai pas du m'attacher, et cela malgré des avertissements pourtant très clairs. Croyez-vous aujourd'hui que je puisse revenir en arrière ? Non, car il est, hélas, bien trop tard."

Il s'était attaché à elle ? Mais où était le problème alors ? Était-ce le fait que Pénélope ne l'aime pas ? Elle était sûre que ce n'était pas ça, qu'il y avait autre chose. Mais qu'était-ce donc... ?

"Je ne sais pas s'il s'agit d'une punition ou s'il s'agit d'une épreuve, mais je n'ai autre choix que de m'y soumettre. Ma douleur, lorsqu'elle s'acquittera de ma dette, sera aussi puissante que celle qu'occasionnera votre perte car malgré tout, je n'arrive pas à me défaire ce que j'ai fais."

Une épreuve ? Mais pour quelle raison serait-il mit à l'épreuve, où même puni ? Evangelina ne comprenait pas vraiment ce que disait l'inconnu, même si elle voyait très bien qu'elle était liée à sa douleur, par un lien qu'elle ne voyait cependant pas.

Et sa perte lui ferait mal. Il tenait donc beaucoup à elle, ce qui lui fit très plaisir. Cependant lui semblait voir ça comme un problème. Était-ce cela qu'il appelait punition ? L'apprécier lui faisait donc plus de mal que de bien ? Evangelina ne voyait pas pourquoi, mais si ce qu'il disait était vrai... Son problème semblait en effet très insoluble.

"Comment malgré tout, puis-je encore vous porter attachement ? Est-ce là mon ultime châtiment ? Bientôt vous tacherez vos mains de son sang, bientôt vous me haïrez tout autant que je vous haïrai et vous me souhaiterez tourments et malheurs tout autant que je vous les souhaiterai !

Vous me voudrez mort et je vous voudrai morte ! Mais malheureusement, vous n'aurez que unique et plein gain de cause parce que vous n'êtes qu'une victime ! Je suis le seul et véritable coupable et j'assume cette responsabilité, même si elle doit me coûter ce que j'ai de plus cher."


Evangelina écarquilla les yeux. Ce que venait de dire l'inconnu ne pouvait être vrai, ne pouvait se réaliser. D'une part par ce qu'il ne pouvait voir l'avenir, Aënith l'avait expliqué, et d'autre part parce que c'était invraisemblable ! Il n'y avait aucune raison qu'elle veuille la mort de Fear, et encore moins qu'elle se salisse les mains du sang de quelqu'un ! Quoi que... Evangelina repensa à Pénélope, à l'envie de la tuer qu'elle avait ressentie lors de leur duel... Et du plaisir qu'elle avait ressentit en la frappant, en se sentant puissante... Il n'avait peut être pas tort. Peut-être allait-elle réellement se salir les mains... Mais même si cela arrivait, Fear l'avait lui aussi fait, et ce n'était en aucun cas une raison pour qu'elle le haïsse et qu'elle veuille sa mort.

Sa réflexion l'avait déconnectée du monologue de l'inconnu qui lui avait continué à parler.

"...pas, Cuilnen ne vous sera pas aussi étranger que vous pouvez le penser. Vous y trouverez là-bas ce que vous étiez réellement venu chercher, et alors vous l'arracherez de ses mains froides et vous l'emporterez avec vous, abandonnant au passage ce que vous aviez de plus cher."

C'était de pire en pire. Il semblait savoir ce qu'elle allait faire. Mais comment était-ce possible ? De quoi parlait-il ? Qu'était-elle venu chercher ? Et à qui le volait-elle ? A Pénélope ? C'était possible mais... pourquoi, comment ? Et Larhe était ce qu'elle avait de plus cher. Elle ne pourrait jamais l'abandonner, pour rien au monde. Pas même la promesse de devenir humaine. Elle l'aimait, et rien n'était plus important que ça...

"Vous ne reconnaîtrez plus ni ami ni famille et vous sombrerez dans les ténèbres, sans que plus un jour, la lumière ne puisse vous éclairer. Tel est votre rôle et tel le sera-t-il. Je ne vous empêcherai pas de l'accomplir, car c'est ma punition, et je ne vous demanderai pas non plus grâce, car ce n'est pas à vous que je dois la demander."

Que racontait-il ? Plus il parlait, et moins elle comprenait. Elle avait peur, peur de ce qu'il disait, peur de ce qu'elle allait faire, peur d'elle et peur de lui. Qu'allait-il se passer ? Que s'était-il déjà passé ? Cela pouvait-il changer ? Elle n'en savait pas grand chose, mais elle espérait que les paroles de Fear n'étaient que divagations. Mais elle savait aussi qu'il n'était pas comme ça, et qu'il ne parlait jamais pour rien dire, quand il parlait...

Elle baissa la tête, torturée parce qu'elle venait d'entendre. Elle qui croyait avoir des réponses n'avait que plus de questions encore...

"Et maintenant, je vous demande de retourner au camps et de me laisser seul. Maudissez-moi comme bon vous semblera, mais n'en veuillez pas à Pénélope car elle aurait pu vous être d'un bien meilleur conseil que moi, si vous l'aviez pris en alliée plutôt qu'en ennemie.

... Puisse votre âme être prise en clémence, Evangelina."


Evangelina ne dit mot. Il se fourvoyait complètement. Elle n'avait aucune envie de le maudire, aucune raison de le faire, et aucune foi en ce genre de chose. Et ce n'est pas elle qui avait choisi d'être l'ennemi de Pénélope, mais cette dernière qui ne lui avait guère laisser le choix. Et il était trop tard pour revenir en arrière. Le mal était fait.

Fear voulait rester seul, et elle respectait cette décision. Cependant elle était complètement perdue, ne sachant plus que penser... L'inconnu pointa son doigt vers le camps, mais Evangelina ne réagit pas tout de suite. Elle était trop choquée, trop... perdue.

Finalement elle se leva et se dirigea vers le camps, plus par instinct qu'autre chose, perdue dans ses pensées...

Campement

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Sam 10 Mar 2012 23:36 
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Un avenir sombre

Lorsqu'elle arriva au camp, tout était silencieux. Larhe était prêt du feu, perdu dans ses pensées, et Pénélope dormait profondément là où Fear l'avait déposé. Evangelina la regarda quelques secondes, les idées confuses. Elle n'arrivait pas encore à tout mettre en ordre dans sa tête, et les paroles de Fear restaient étranges et pour certaines incompréhensive. Elle pensa en parler à Larhe mais abandonna l'idée rapidement. Il ne comprendrait pas, et elle ne voulait l'ennuyer avec ça. Elle s'assoir donc à côté de lui, et se lova dans ses bras, pensive. Il ne dit mot, ne chercha pas à savoir ce qu'il s'était passé avec Fear. Il la serra simplement contre lui, et lui caressa tendrement les cheveux. Mais Evangelina réfléchissait toujours. Elle n'arrivait pas à comprendre le sens de ce que lui avait dit Fear...

L'Aniathy réfléchit longtemps ainsi, perdue dans ses pensées, et ne voyant pas le temps passer. Peu à peu l'idée d'en parler à Pénélope était apparue et elle y succomba rapidement. Elle pourrait peut-être l'éclairer. Peut-être parviendraient-elles à avoir une discussion civilisée. Evangelina releva donc la tête et regarda l'elfe blanc, qui avait roulée et s'était rapprochée du feu. Avait-elle froid ? Cela était fort possible, surtout que le feu était plus faible que quand elle était revenu d'avec Fear. Elle regarda autours d'elle et ne vit aucune réserve de bois. Il était vrai qu'ils n'avaient pas prit le temps d'en faire une. Et Evangelina n'avait aucune idée des bois à utiliser pour entretenir un feu...

Elle soupira, puis se leva.

"Où vas-tu ?"
"Il faut... Je dois lui parler."

Larhe ne répondit pas mais fronça les sourcils. Elle le regarda mais ne lui expliqua pas. Il n'y avait rien à expliquer. Elle voulait comprendre Fear, tout simplement. Elle se dirigea doucement vers Pénélope, mais Larhe la retint.

"Laisse la dormir. Elle a besoin de repos, elle est blessée."
"Mais..."

C'était vrai que leur duel avait été cruel pour l'elfe blanc qui n'en était pas sortie indemne. Mais n'avait-elle pas suffisamment dormi ? L'Aniathy écouta Larhe et se rassit près de lui.

"De quoi avez-vous parlé ?"
"Avec Fear ?"
"Oui."
"De nous, de qui nous étions, de ce que nous voulions... C'est pour ça que je dois lui parler, pour qu'elle... m'explique Fear."
"Comment ça ?"
"Il m'a dit... Je ne sais pas, je ne comprend pas ce qu'il veut, ce qu'il dit... Il est... énigmatique..."
"Toi aussi, Evangelina."

L'Aniathy plongea son regard dans celui de son compagnon.

"C'est à dire ?"
"Tu as changé depuis qu'on est partis. Tu n'es plus la même, je ne comprends plus ce que tu fais, et surtout pourquoi tu le fais."
"Je... C'est vrai ?"
"Oui... Tu fais des choix étranges, tu es devenue violente... Je ne sais pas vers où tu te diriges... Ça me fait peur."

Evangelina ne répondit pas. Que pouvait-elle répondre ? Il avait raison. Mais était-ce de sa faute ? Elle suivait la voix qui la guidait depuis leur départ. Mais il était vrai qu'elle même ne savait pas vraiment ce qu'elle cherchait. Atteindre son rêve, évidemment, mais dans un plus court terme elle n'en avait aucune idée... Suivre Fear ? Leur relation se dégradait de jour en jour, ça ne semblait plus possible. Trouver l'origine de sa magie ? Pourquoi n'y avait-elle pas encore été, qu'est-ce qui l'en empêchait ? Elle n'en savait rien. Plus rien ne la retenait à Fear, Pénélope ne serait pas triste de son départ et Larhe serait même rassuré. Et elle connaitrait enfin la vérité sur la magie qui l'habitait.

"Je... suis désolée."

C'était la seule chose qu'elle trouvait à dire. Elle aurait sûrement des réponses à lui donner un jour, mais à cet instant, aucune ne lui était accessible.

Les deux Aniathys se replongèrent dans leurs pensées et s'y perdirent de nouveau, laissant libre cours au temps de défiler aussi vite qu'il le souhaitait.

Ce fut un craquement qui sortit Evangelina de ses pensées. Elle releva la tête et vit Pénélope, près du feu presque mort, qui venait de se lever. Elle regardait autours d'elle et commençait à tourner les talons quand l'Aniathy l'interpella.

"Pé... Pénélope ?"
"Où est Fear ?"

Evangelina fronça les sourcils. Il était vrai qu'elle n'en avait aucune idée. Elle l'avait laissé seul dans la forêt, suivant sa demande.

"Dans la forêt. Il doit prier..."

Pénélope fronça les sourcils elle aussi mais ne dit rien.

"Pénélope ?! On a parlé, avec Fear... On a parlé... longtemps."

L'elfe blanc ne bougeait plus, et semblait prête à sauter sur l'Aniathy à la moindre erreur de cette dernière.

"Vous avez... parlé ? Fear te parle ?!?"
"Je... Oui. Du moins m'a-t-il déjà parlé..."
"C'est la meilleure. Que lui as-tu fais pour qu'il en arrive là ?!"

Evangelina sentait la colère de Pénélope remonter et sa discussion civilisée s'en-aller à grand pas.

"Rien... Je ne lui ai rien fait. Je l'ai juste... suivi. Et je lui ai sauvé la vie... une fois."
"Tu lui as sauvé la vie ? Toi ?"
"Oui..."

Evangelina resta calme. Elle voulait discuter, et ce n'était pas en répondant à toutes les piques de l'elfe blanc que la discussion allait être constructive.

"J'en reviens pas... Qu'un être comme toi puisse sauver la vie à Fear... Et qu'il te parle ! C'est... pfff."
"Il ne t'a jamais parlé ?"

Pénélope baissa la tête. Evangelina ne parvint pas à traduire sa réaction, elle ne put dire si Fear lui avait déjà parlé ou non. L'elfe blanc s'assit là où elle était.

"Je ne comprends pas. Pourquoi te parle-t-il ? C'est tellement... rare."
"Je ne sais pas. Mais il le fait. Malgré tout je ne le comprend pas, et..."

Pénélope pouffa.

"Tu ne peux pas le comprendre. Tu ne pourras jamais le comprendre. Déjà que nous avons du mal, alors comment un être comme toi le pourrait-il ?"
"En lui apportant ce qui lui manque..."

Il y eut un long silence, profond et lourd.

"Que... Que t'a-t-il dit ?"
"Plein de chose. Mais je n'ai pas tout compris. Il a dit des choses impossibles..."

Pénélope semblait réfléchir, ou se rappeler un moment passé.

"Il est sage, du moins, il l'était, parce que là il ne doit plus l'être s'il te considère assez pour te parler."
"Pourquoi ?"
"Je n'en sais rien..."

Pénélope semblait soudain plus sombre, plus calme...

"Pourquoi m'en veux-tu ? Serais-tu... jalouse ?"

Evangelina ne reçu aucune réponse. Et elle n'eut pas la force que continuer la conversation. Pénélope semblait plus sombre que jamais, mais moins colérique. Et soudain, un craquement se fit entendre.

Cuilnen

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Dernière édition par Evangelina le Ven 11 Mai 2012 13:38, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Dim 11 Mar 2012 22:40 
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C'était Fear qui revenait de sa nuit de solitude. Son arrivée sortit Evangelina de ses pensées et elle regarda autours d'elle. L'inconnu était immobile, songeur. Il semblait être encore fatigué, malgré la nuit passée. Pénélope n'avait pas vraiment bougé de sa place mais semblait détachée, dans son monde, loin d'eux.

Evangelina repensa à leur discussion qui n'avait rien apporté. Mais déjà elle n'avait pas fini dans le sang ce qui était une grande avancée en soi. Fear ne sembla pas faire attention à elle, ni à Larhe, et se dirigea vers l'elfe blanc qui ne réagit pas à son approche. Pourquoi réagissait-il ainsi, qu'avait-il contre elle ? Elle n'en savait rien, et elle ne comprenait plus rien. Ce qu'il lui avait dit durant la nuit l'avait plus perdue qu'autre chose, et elle ne parvenait pas à comprendre le sens de ses dires alarmistes sur son avenir. D'ailleurs, comment pourrait-il connaitre son avenir ? Aënith avait dit que c'était impossible...

"... Salut."

Elle semblait complètement déprimée. Elle était recroquevillée sur elle même et ne bougeait pas, même alors que Fear s'approchait. Elle ne semblait plus avoir mal à son genou meurtri, elle ne semblait pas aller bien. Elle ne semblait pas en vouloir à Fear, ni lui avoir pardonné. Elle ne semblait plus rien, simplement perdue dans son monde, les yeux sombres, le regard perdu...

Fear s'approcha doucement et soigna son genou. Pourquoi ne le faisait-il que maintenant ? Était-ce par pitié, ou simplement qu'il était trop fatigué ? Evangelina ne pouvait pas donner de réponse, elle comprenait plus l'inconnu, ni ses réactions.

"... Merci."

Evangelina fronça les sourcils. La veille elle avait faillit le tuer, et aujourd'hui tout semblait être effacé. Que se passait-il, que leurs arrivait-il ? Pourquoi changeaient-ils tous ? Il n'y avait que Larhe qui n'avait pas changé...

Fear semblait qu'en a lui ébahi. Sûrement par l'attitude de Pénélope qui, il était vrai, étonnait aussi l'Aniathy. Il posa d'ailleurs sa main sur son épaule, comme pour lui montrer qu'il s'inquiétait pour elle. Mais elle ne réagit pas, ne bougea pas, ne tourna même pas la tête. Et cela semblait inquiéter l'inconnu.

"... C'est moche."

Qu'est-ce qui était moche ? Regrettait-elle sa réaction de la veille, trop impulsive ? Ou au contraire, de ne pas l'avoir tuer sur le coup ? Il y avait plus de chance qu'elle fasse référence à sa discussion avec l'Aniathy. Elle devait en vouloir à Fear pour s'être livré à elle. Elle était sûrement jalouse. Evangelina se surpris à ressentir une certaine jouissance devant le malheur de Pénélope, mais elle n'en montra aucun signe, et regarda simplement.

Fear semblait songeur, incompréhensif, voire déçu. Il se leva doucement, puis attendit. Pénélope mit quelques secondes à réagir, puis se leva elle aussi, mais sans la vigueur et la vitalité qui la caractérisait auparavant, la veille encore. Elle semblait molle, sans aucun but, aucune motivation. Ca ne pouvait pas être seulement leur discussion qui avait mené à ça. Ou si c'était le cas, elle était encore plus faible que l'Aniathy le pensait.

Cependant elle ne dit rien, et se leva à son tour pour suivre le groupe. Elle ne savait pas vraiment si elle devait les suivre mais ils ne dirent rien et ne l'empêchèrent pas, elle en déduit qu'elle était encore acceptée. Lors du trajet il n'y eu aucun mot de prononcé, chacun étant perdu dans ses pensées. Evangelina n'arrêtait pas de repasser sa discussion avec Fear dans sa tête, cherchant les clefs pour la comprendre, mais en vain. Finalement elle se reporta sur Pénélope mais se rendit rapidement compte qu'elle ne la comprenait pas non plus. Il devait lui manquer quelque chose, un indice, une raison, un souvenir, juste la clef de voûte qui pourrait tout expliquer.

Et finalement, ils parvinrent à destination. Ils ne le surent que grâce à Pénélope qui s'arrêta et se retourna.

"Nous arrivons. Je vais les distraire, il vous faudra passer en douce."

Il n'y eu pas d'autre explication, et elle reprit sa route comme si de rien n'était. Evangelina la suivit, Fear fit de même. Mais au bout de quelques minutes il lui posa la main sur l'épaule, fermement, pour l'arrêter. L'Aniathy se retourna brusquement et le regarda en fronçant les sourcils. Que voulait-il ?

Mais il ne dit rien et la lâcha, puis s'écarta du chemin que prenait l'elfe blanc. Evangelina remarqua que les arbres étaient plus espacés et que le chemin était plus lumineux. Sûrement à cause de la proximité avec la ville elfe. Mais pourquoi Fear l'avait-il arrêté ? Parce qu'ils devaient passer en douce ? Elle ne voyait pas trop pourquoi mais, malgré le fait qu'elle ne l'aimait pas, elle était obligé d'admettre que Pénélope connaissait beaucoup mieux Cuilnen qu'elle. Elle suivit donc l'inconnu.

Et finalement, ils arrivèrent à l'orée du bois. Fear s'y arrêta, juste avant d'être visible, et Evangelina s'arrêta à côté de lui. Devant eux se dressait la magnifique citée elfe, invisible quelques mètres plus loin, parfaitement dissimulée par les arbres, et parfaitement en accord avec eux. L'entrée était toute proche, et un garde avait déjà été accosté par Pénélope qui discutait avec lui. D'où elle était elle ne pouvait entendre ce qu'ils disaient, mais la discussion s'éternisait comme il fallait.

"Il faut qu'on y aille."

Fear ne répondit pas, attendant, comme à son habitude, un moment plus ou moins propice pour s'élancer. Mais elle n'avait pas envie d'attendre, et, même si cette impulsivité l'étonnait, elle s'élança silencieusement vers l'entrée de la ville. Elle faisait attention à ne pas faire de bruit, à ne marcher sur aucune branche morte et aucune racine dissimulée. Et elle y parvint suffisamment bien pour ne pas être entendue. Malheureusement, Larhe, qui l'avait suivit, n'eut pas cette chance et une branche craqua sous son pied à deux mètres de l'entrée, alors qu'Evangelina était déjà rentrée.

Larhe se retourna d'un coup, mais le garde aussi. Il y eut un instant de flottement pendant lequel personne n'osait bouger, puis le garde réagit.

"Vous ! Qui êtes-vous ?"

Larhe ne répondit pas, complètement paniqué. Evangelina réfléchit aussi vite qu'elle le pouvait. Il fallait le sortir de ce mauvais pas, surtout que Fear ne semblait pas pressé de réagir. Et soudain, elle eut une idée. Elle recula de plusieurs mètres dans la citée, puis s'élança vers l'entrée en courant.

"Larhe ! Larhe, viens là !!"

Elle s'approcha de Larhe et le prit par la main pour le tirer vers la citée.

"Excusez le il est un peu... simplet, et n'a qu'une envie c'est visiter cette forêt pour y trouver... je ne sais quelles créatures bizarres. Encore désolée !"

Et elle s'engouffra dans la citée pour disparaitre du champs de vision du garde.

"Merci, et désolé."
"Pas grave ne t'inquiète pas !"

Elle sourit, puis posa ses lèvres sur celles de son compagnon, pour un long et langoureux baiser auquel elle prit grand plaisir. Ce furent seulement les bruits de pas de Pénélope qui les firent se séparer...

Désirs inassouvis

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mer 19 Juin 2013 18:40 
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Blessés, fatigués, endoloris, affamés et assoiffés, décidément, Fear et Pénélope n'étaient vraiment pas disposés à accomplir le chemin du retour ! Malheureusement, ils n'avaient pas le choix, Cuilnen était interdite à Farrel et Pénélope se voyait mal se reposer en ville pendant que le guérisseur noir restait aux alentours de la ville à supporter les sautes d'humeurs du climat et la froideur de la nuit, une question de solidarité en somme. En plus, ils ne pouvaient pas avancer à bonne allure car l'Elfe avait besoin d'aider pour marcher et elle devait constamment s'appuyer sur Fear. Ce dernier, en retour, devait supporter une partie de son poids et, dans l'état auquel il était, ce n'était pas une chose facile. Mais, il lui devait bien ça, non ? Aussi ne laissa-t-il rien transparaître et se contenta-t-il de l'aider et de souffrir en silence, tant physiquement que mentalement d'ailleurs.

Il repensait à tout ce qu'il s'était passé et constaté avec amertume qu'il n'y avait d'autres fautifs que lui-même. C'est lui qui avait insisté pour que l'Aniathy vienne avec eux, c'est lui qui avait laissé les tensions naître entre Pénélope et Evangelina, c'est lui qui s'était leurré depuis le début, c'est lui qui avait trahis la poupée ... Tout cela à cause du facteur sentimental. Il pensait être en mesure de faire la part des choses, de distinguer le bon du mauvais mais, il s'était surestimé, trompé sur lui-même avant de se tromper sur les autres. Entre raison et instinct, il n'avait pas su prendre les bonnes décisions ni distinguer la vérité du mensonge. Il avait énormément de choses à apprendre, encore, et il compter bien tirer des leçons de ses échecs. Su dès le début il avait écouté sa raison, Pénélope ne serait pas venue avec lui, pas plus que l'Aniathy et rien de tout ceci ne serait arrivé. Quelle amère déception ! Il se raidit un moment, sentant la colère monter en lui et, Pénélope le sentit bien.

- Quelque chose ne va pas, Fear ?

Il ne lui répondit pas mais, se détendu. Là encore, il s'agissait d'émotion plutôt que de calcul, il avait vraiment un grand travail à faire sur lui-même s'il voulait progresser davantage. De toutes les façons, cela valait aussi bien pour lui-même que pour la foi qu'il avait en son dieu, qui avait d'ailleurs toujours été là pour lui mais, qu'une fois encore, il n'avait pas su écouter.

Le chemin se fit dans le silence et sans trop de problème. Il ne rencontrèrent personne, si ce n'était un voyageur qui venait en sens inverse et qui les salua tout en passant son chemin. l'Elfe tenta à plusieurs reprises d'engager la conversation mais Farrell ne lui répondait jamais. Ils firent quelques pauses, s'abreuvèrent lorsqu'ils trouvaient une source d'eau et ramassèrent quelques baies et parfois mêmes, des fruits. Quand la nuit fut tombée, ils se posèrent en forêt, dans un coin assez éloigné de la route afin de rester discret. Le repas ne fut pas copieux et plutôt frugale. Ils n'avaient pas la force d'allumer un feu et pourtant, il faisait froid. Cela ne dérangeait en rien le guérisseur noir qui était habitué à ce genre de conditions mais, pour Pénélope, c'était différent. Des branches d'arbre en guise de toi et la terre en guise de lit n'avait rien de bien facile pour elle, surtout dans son état. Pire encore, Farrell entreprit de se retirer pour aller se recueillir, les nuit où il dormait était très rares. L'Elfe l'interpella.

- Hey ! Tu ne vas pas me laisser passer la nuit toute seule ici, espèce de goujat ?

Debout à quelques mètres d'elle, il lui tournait le dos. Prier était très important pour lui et au delà du devoir, c'était un véritable plaisir. Maintenant, il était forcé d'admettre que laisser Pénélope seule ici n'était pas une excellente idée, surtout après les derniers événements, elle ne devait pas avoir envie de se séparer de lui aussi vite. Pour sa part, c'était à contrecœur mais, il ne pouvait pas rester là. Il fit quelques pas de plus avant de se faire interrompre de nouveau.

- Reviens ici ! J'ai froid, j'ai mal, je suis fatiguée et je ne suis pas rassurée ! C'est quoi cette manie que tu as de t'isoler pour ruminer avec je ne sais qui à propos de je ne sais quoi ? Tu peux très bien faire ton affaire ici !

Mais il avait passé la plus grande partie de sa vie dans la solitude, la compagnie ne lui plaisait pas, aussi bonne soit-elle ! Seul et isolé de tout, il était plus que jamais dévoué à son dieu ! La solitude était vitale pour lui et pour la profondeur de son culte. Simplement, le comprenait-elle, ça ? Pas vraiment. Elle insista davantage, le plongeant dans l'hésitation et il se décida finalement à céder à sa demande, après tout, ce n'était l'affaire que d'une nuit ou deux. Il revint donc s'asseoir contre l'arbre, s'adossant contre le tronc. Pénélope, voyant qu'il n'avait pas comprit ce qu'elle lui demandait, vint se caler contre ses deux jambes et s'adossant contre son torse. Elle prit part ailleurs ses bras les passa autour d'elle, avant de reposer sa tête sur son épaule. De cette façon, elle était chaud et sa couche s'en retrouvait améliorée.

- Si tu bouges, je te casse un bras.

Dit-elle sur le ton de la provocation avant de fermer les yeux. Fear resta un moment sans rien faire puis, il la serra davantage contre lui et ferma les yeux à son tour. Il redoutait plus que jamais son retour à Lùinwë ...



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Dernière édition par Fear Farrell le Dim 23 Juin 2013 01:38, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Dim 23 Juin 2013 01:37 
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Fear avait vu le soleil se coucher, il l'avait également vu se lever. Les yeux rouges, les paupières tombantes, il était très fatigué et il voulait dormir mais, il ne le pouvait. Malgré son épuisement, le sommeil ne venait pas et il n'avait pas mit longtemps à comprendre pourquoi. Demain, à la nuit tombée, ils seraient aux portes de Lùinwë et cela ne signifiait qu'une chose, il se séparerait de l'Elfe. Le problème, ce n'était pas lui mais, elle. Pénélope n'accepterait jamais de le laisser repartir, surtout qu'elle se douterait bien que ce ne serait pas pour rentrer chez lui mais, pour retrouver l'Aniathy et le médaillon. Elle estimait avoir sa place à ses côtés et avoir un rôle à jouer dans toute cette histoire et, elle n'avait pas tord.

Seulement voilà, le guérisseur noir ne l'entendait plus de cette oreille. Elle avait enduré beaucoup de choses à cause de lui et avait manqué de se faire sauvagement assassiner, toujours par sa faute. Pour comprendre le problème et trouver sa solution, il fallait revenir à la base. Il avait accepté de la laisser venir, il n'aurait pas dû. C'était une erreur grave qu'il avait commis et il entendait bien la réparer mais, le comprendrait-elle ? Certainement pas et c'est bien ça qui le tourmentait. Il la trahirait une seconde fois, c'est comme ça qu'elle le prendrait et c'est aussi comme ça qu'il verrait les choses. Certes, ça serait pour son bien cette fois-ci mais, le mal serait quand même fait et c'était bien la dernière chose qu'il avait envie de faire. Seulement, il n'avait pas le choix.

Beaucoup de mal en somme, une véritable torture psychologique, voilà pourquoi il n'arrivait pas à fermer l'oeil. Les premières lueurs du jour apparurent et, bientôt, l'Elfe se réveilla. Son premier réflexe fut d'ailleurs de s'étirer et, plus particulièrement de s'étirer les bras. Elle les balança dans les airs et frappa le guérisseur noir au nez, sans même s'être souvenue qu'il était derrière elle. Ce-dernier laissa échapper un gémissement de douleur puis s'attrapa le milieu du visage. Un coup au nez faisait toujours très mal, bien que cette fois-ci, la frappe ne fut pas assez forte pour l'endommager.

- Oh pardon ! Je ne t'avais pas vu ! Ça va ?

À quoi bon lui poser la question alors qu'elle savait qu'il ne lui répondrait pas ? Fear se frotta le museau avec force, pour dissiper la douleur puis, il se releva bien que difficilement. l'Elfe en fit de même, s'appuyant sur le tronc de l'arbre, et continua sa séance d’étirement.

- J'ai bien dormi !

... C'était toujours ça. Pour le guérisseur noir, ça n'avait vraiment pas été le cas et Pénélope ne semblait pas s'en rendre compte. Tant mieux, il n'aurait pas aimé qu'elle le sache. La jeune Elfe le regarda ensuite.

- Qu'est-ce qu'on mange ?

Farrell baissa la tête et soupira. Elle ne pensait donc qu'à ça ? Le médaillon était perdu entre les mains d'une poupée folle à lier elle-même perdue quelque part ! Le danger sur pattes et il se devait de les retrouver tous les deux, elle et le réceptacle avant qu'il ne soit trop tard et, ce à quoi pensait Pénélope à cet instant, c'était de manger ? Fear ne lui répondit pas. Il passa le bras de cette dernière sur ses épaule et emboîta le pas, la forçant à se remettre en route. Un départ précipité sur lequel elle chicana pendant longtemps ... Très longtemps. Elle avait faim, elle avait soif, elle voulait se soulager, elle voulait s'arrêter, le guérisseur noir allait trop vite pour elle, elle ne comprenait pas pourquoi l'ambiance était aussi froide, ses jambes lui faisaient mal, elle était déjà fatiguée et bien d'autres choses encore ... Ça pour mettre la patience du guérisseur noir à l'épreuve, c'était réussi ! Farrell, après de longues heures de marche, s'arrêta au milieu de la route.

- Pourquoi tu t'arrêtes ?

En guise de réponse, il se contenta de placer sa main sur la bouche de l'Elfe, avec calme, il le fallait bien. Il n'eut pas besoin de plus pour qu'elle comprenne qu'il voulait qu'elle se taise. Il n'était pas un sur-homme non plus et comme tout le monde, sa patience avait des limites ! Si ce n'était qu'il se sentait redevable envers elle, il l'aurait depuis longtemps abandonné sur le bord de la route au lieu de faire autant d'efforts pour rester calme et cela, malgré sa condition déplorable.

Ils reprirent le chemin peu de temps après et il se déroula dans un parfait silence ... Un trop parfait silence. Pénélope était vexée et il l'entendait bien, si l'on pouvait dire. Elle ne lui facilitait décidément pas la tâche. Il restait une vingtaine de kilomètres à parcourir avant d'atteindre Lùinwë mais, visiblement, ça n'allait pas être pour cette nuit. Il s'arrêta bien plus tôt que prévu, laissant Pénélope se reposer, et s'en alla même chercher de quoi manger dans la forêt. Il ne faisait pas encore noir mais le soleil se couchait et la température diminuait lentement. S'il voulait se rattraper, il devrait faire plus d'efforts et être rapide cette fois-ci. Chasser, ramasser du bois, allumer un feu et cuisiner le repas n'allait pas être simple, vraiment vraiment pas simple.



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Dernière édition par Fear Farrell le Lun 15 Juil 2013 18:54, édité 1 fois.

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