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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mar 2 Fév 2010 05:43 
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Dirigé de Julin :

Ta remarque pertinente ne laisse de toute évidence pas le bon Monsieur Tourte indifférent, celui-ci se grattant l’arête du nez en un tic réflexif alors que le solide équidé de trait entame sans broncher la route qui vous attend. Il semble qu’il ait omis de songer à un tel détail, mais cela ne lui fait pas perdre pour autant ses moyens puisqu’il finit par déclarer :

« C’est vrai qu’j’avais pas pensé à ça ! » Avoue-t-il avec un haussement d’épaules d’un fatalisme optimiste. « Mais j’suppose qu’on verra bien sur l’moment c’qui pourra s’faire… même si j’espère qu’y faudra pas faire l’tout à pattes. Non pas qu’on soit fainéants, mais on a pas mal d’affaires là à l’intérieur… » Poursuit-il avec un hochement de tête vers la roulotte juste derrière vous. « … et ce s’rait ben pratique si on pouvait em’ner l’tout avec nous ! »

Comme toujours, ce sinari est volubile, volontiers enclin à faire la causette, et cela se vérifie lors de la suite du voyage où il se montre positivement prêt à échanger mille et uns anecdotes, avis et remarques divers sur tel ou tel sujet, cela toujours avec bonne humeur et en ne médisant éventuellement à propos de l’une ou l’autre personne que pour l’intérêt d’une blague pas bien méchante. Ainsi, au fil de la route, par la bouche de ton transporteur qui n’a de toute façon pas à faire très attention au cheminement de son placide animal, tu peux apprendre –ou en tout cas entendre- bien des choses, que ce soit sur la vie à Shory, la cuisine, la jeunesse de François, la politique, les cultures étrangères, etc, tout cela dans le style coloré et débonnaire de ton interlocuteur… à moins bien sûr que tu ne te montres particulièrement récalcitrant à l’entendre parler littéralement sans cesse.

En tout cas, s’il en est un qui, au contraire, reste muet, c’est bien le troisième larron du trio que vous composez, l’étrange métis restant à sa place avec son air flegmatique et presque indolent de celui qui ne demande rien à personne, ne se laissant pas atteindre par les coups d’œil étonnés, méfiants, voire dégoûtés, qu’il reçoit occasionnellement des divers voyageurs. Pour une bonne partie du voyage, il reste fidèle au poste, jusqu’à ce qu’il quitte son siège pour aller rejoindre Oriah à l’intérieur du véhicule, n’ayant aucun mal à sauter à bas de la guimbarde pour gagner l’arrière de la roulotte étant donné l’allure lente bien que soutenue que vous observez.
A ce propos, en ce qui concerne Madame, elle ne montre pas le bout de son nez de tout le trajet, ce qui fait de son occupation un sujet à conjectures. Cependant, pas très longtemps après que Xavier soit allé la rejoindre, tu peux remarquer qu’une fumée se met à sortir d’une lucarne aménagée dans le plafond de la maisonnette mobile, fumée dont émane une odeur de viande épicée mêlée de légumes, indice plutôt clair sur leur activité.

Bref, c’est dans une tranquillité de bon aloi que se passe le voyage, la route de même que les heures défilant sans que rien de spécialement excitant, notable ou dangereux ne vienne pimenter votre trajet. Tout au plus, il peut se discerner de temps à autre une altercation plus ou moins houleuse entre diverses personnes, mais bien entendu, le paisible sinari qui vous mène prend soin de ne pas se mêler des affaires des autres par mesure de précaution, ce qui fait qu’en résumé, vous faites votre petit bonhomme de chemin en paix.
Le soleil, qui s’étire paresseusement dans le ciel, finit au bout d’un moment par décliner, rendant graduellement l’éclairage ambiant de moins en moins prononcé, jusqu’à ce que, alors que le soir commence à bien s'installer, vous soyez en vue de la lisière d’une grande forêt qui ne saurait être autre que celle de Cuilnen, première étape de votre cheminement. Non loin de vous est aussi à signaler un bâtiment sur le côté droit de la route, construction à mi-chemin entre un poste frontière et un relais que François avise justement en s’adressant à toi après avoir arrêté la marche de la jument.

« T’nez, ça vous dérang’rait d’aller donner un coup d’main à Oriah et Xavier pendant qu’j’vais m’renseigner ? » Te demande-t-il avec toujours ce même mélange de simplicité et de cordialité. « A moins que préfériez v’nir aussi bien sûr. »


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Sam 13 Fév 2010 01:33 
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Alors « voyager », ce pouvait être cela aussi ? Voilà qui laissait le jeune Julin songeur… mais peut-être aussi un peu mécontenté.
Où était donc passée la dimension héroïque ? Le côté aventureux de la chose ? Assis sur un banc à longueur de journée, la bise légère vous caressant les joues alors que confortablement emmitouflé vous contemplez avec indolence le paysage défilant lentement… Allons bon ! La seule âme qui fournissait un quelconque effort dans toute cette vaste mascarade, c’était la brave jument qui traînait poussivement cette maisonnette roulante ! Et encore, considérant l’allure, la bête n’avait pas l’air de se tuer à la tâche, assurément !

Cela était certainement bon pour une volée de hobbits grassouillets aux jambes courtes, mais si l’elfe blanc devait réitérer l’expérience, il était hors de question de considérer une nouvelle virée au moyen de ce véhicule aussi lent qu’ennuyeux qu’était la roulotte.
Acquiesçant à ses propres pensées, l’Hiniön promenait son regard à l’horizon, là où loin des routes au sol damé et dompté, la terre reprenait une configuration plus sauvage, s’ornait de collines et de vallons discrets, drapés d’un mantelet d’herbe claire et chapeautés de bosquets touffus. Ce devait être autre chose que de pérégriner par là-bas… Plus de voies toutes tracées à suivre, plus de troupeau de voyageurs dans lequel se fondre, pas de relais où reposer ses petons meurtris et pas de patrouilles, miliciens et autres bergers afin de veiller sur tout ce bétail paresseux.

Le monde avait certainement bien changé depuis le presque millénaire où sa mère l’arpentait encore. Jamais dans les histoires qu’elle lui avait contées il n’avait entendu parler de ces caravanes où l’on pouvait se mouvoir avec tout son petit confort et ses possessions terrestres. Etait-ce seulement voyager que de se déplacer ainsi ? Avec un tel mastodonte, on ne pouvait jamais aller que là où les voies étaient tracées, il n’y avait de place ni pour l’exploration ni pour la fantaisie. Sillonner les routes pour aller là où d’autres l’avait décidé ? Ne pas pouvoir choisir et modifier son cap à son gré ? Non, vraiment, l’elfe blanc ne pouvait pas accepter cela.

Quoiqu’il en soit, pour l’heure, il était trop tard. Ce n’était d’ailleurs pas plus mal, cela lui faisait une expérience, et il finirait donc ainsi son « voyage » vers Cuilnen.

Certes maussade, mais pas suffisamment pour que cela assombrisse son humeur, l’Hiniön dut pourtant reconnaître que le père Tourte était un compagnon de route assez plaisant. Bavard mais non réellement ennuyeux, le sinari changeait souvent de registre et renouvelait continuellement la conversation, de sorte qu’il ne parvenait jamais à tout à fait endormir l’elfe blanc. Le babil du hobbit ne demandait guère à ce que Julin lui prête toute son attention, aussi le relancer d’une réponse laconique de temps en temps suffisait à alimenter le feu du gaillard jusqu’à ce qu’il revienne sur un sujet un peu plus intéressant.

Puis vint finalement une heure où la luminosité décrut, le ciel se barbouillant amplement des couleurs changeantes du crépuscule avant de doucement ramener à son menton ses sombres couvertures nocturnes. La route, que les voyageurs avaient indolemment suivie tout le jour durant, s’achevait ici, son tracé au brun clair rencontrant et s'agenouillant devant la majestueuse lisière des bois de l’Anorfain.
Julin, qui tout au long du trajet semblait s’être réfugié dans une silencieuse et morne somnolence, parut soudainement se réveiller. Sans geste brusque, l’elfe blanc se redressa avec légèreté sur sa banquette, observant avec intérêt la forêt drapée par l’obscurité avant d’aventurer son regard auprès du bâtiment sur le bord du chemin. Il ne fallut guère qu’un instant pour que l’Hiniön ne saute à bas de la caravane une fois qu’elle se fut arrêtée, hautement désireux qu’il était de revenir à la terre ferme et de se délasser les jambes. L’esprit encore gourd après un voyage où il s’était préservé de l’ennui en se laissant gagner par la torpeur, Julin acquiesça lentement, le sens des mots du hobbit ne le pénétrant qu’après coup.

« Si vous pensez pouvoir vous débrouiller, François. » répondit-il d’une voix lente et ensommeillée, ainsi qu’avec une très probable négligence, allant même jusqu’à hausser doucement les épaules.

Manifestement, l’elfe blanc ne doutait pas que les occupants du relais auraient répondu plus volontiers aux questions d’un de leurs pairs, mais si le sinari jugeait qu’il s’informer convenablement seul, et bien… Julin n’y voyait guère d’inconvénients. Et puis, c’était là une bien bonne occasion de juger du savoir-faire hobbit en matière de cuisine. Donner un coup de main ne lui déplairait certainement pas.

Dans cet état persistant de lassitude un peu paresseuse qui l’avait gagné durant le voyage, l’Hiniön rejoignit nonchalamment l’arrière de la caravane.

_________________
Julin Lluliel Fëforava : Hiniön : Rôdeur


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Jeu 18 Fév 2010 13:52 
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Dirigé de Julin :

Ainsi donc, tandis que ton ainé se dirige vers le bâtiment solitaire de sa gaillarde démarche dodelinante, tu vas rejoindre tes deux autres compagnons de voyage à l'arrière de la maison-véhicule qui vous a servi de moyen de transport toute la journée. Évidemment, étant donné ta taille considérablement supérieure à celle d'un sinari, il te faut te courber pour passer la petite porte que tu empruntes, et même une fois dans les entrailles de la roulotte, il te faut prendre garde de ne pas trop te redresser sous peine de te cogner au plafond.
L'intérieur de l'habitacle offre véritablement un contraste des plus saisissant avec le paysage extérieur : l'éclairage ne provient plus des douces lueurs rosées crépusculaires, mais d'une grosse lanterne suspendue au plafond, et la température qui règne n'est plus celle d'une frisquette soirée, mais d'une maisonnée confortablement -voire un peu trop- chauffée. Rien d'étonnant, car occupant glorieusement tout un coin des lieux, un imposant poêle ronfle avec énergie, servant à chauffer une marmite qui fait bien la taille d'un torse d'enfant et dont émane l'odeur que tu as pu précédemment humer.
Meublés, les lieux le sont, par deux étagères tout en longueur accolées aux parois latérale de l'engin, ainsi que par une multitude d'étagères disposées ça et là de manière à tirer autant parti que possible de l'espace disponible, et sur lesquelles trônent bocaux, sacs, sachets, ballots, pots et autres récipients au contenu inconnu. Le tout donne étrangement l'impression d'être plus grand vu de dedans que de dehors, impression que contrarie en même temps le manque d'espace libre avec tout le bazar qui a été accumulé.

Mais en parlant du mobilier, celui-ci est justement en phase d'être enrichi par le flegmatique Xavier qui achève à gestes précis d'installer une table de petite taille montée sur tréteaux, s'occupant ensuite de mettre en place les sièges sous forme de gros coussins. Mais cela, tu n'as pas vraiment le loisir de le contempler en spectateur, car à peine es-tu entré que la matriarche locale se tourne vers toi, les bras occupés par une pile de quatre assiettes en bois surmontée des couverts associés.

« Ah, c'est vous ! » S'exclame-t-elle d'une voix guillerette avec un sourire auquel les rides de la sinari ne peuvent ôter l'éclat. « Vous tombez bien. Tenez, mettez donc le couvert pendant que je finis de m'occuper du dîner. »

Et d'un geste catégorique comme seul celui d'une ménagère accomplie peut l'être, elle te fourre sa cargaison dans les mains avant de s'en retourner à son fourneau, soulevant le couvercle du gros ustensile de cuisine pour en goûter le contenu au moyen d'une cuillère en bois.
De cette façon, à vous trois, vous mettez dûment en place le repas à suivre, et lorsque tout est prêt, le contenant de fer fumant placé au centre du support de bois, il ne vous reste plus qu'à attendre François qui ne se fait guère attendre, pénétrant à son tour dans la roulotte avec l'air un brin maussade. Voyant que sa bonne humeur habituelle est entamée, ses proches font silence pendant quelques secondes, temps que met le bonhomme à prendre la parole pour expliquer d'un air déconfit :

« J'viens d'causer avec les gars du poste. Z'ont dit qu'pour les caravanes, charrettes, convois et aut' engins d'ce genre, fallait une autorisation qu'il faudrait des lustres pour obtenir. »

Une vague de déception parcourt l'assemblée, mais comme tout bon membre de son peuple, monsieur Tourte ne se laisse pas abattre, ayant manifestement déjà pris le parti d'un plan de rechange puisqu'il poursuit en se tournant vers toi :

« A c'compte là, j'crois qu'on va plutôt bifurquer vers Kendra Kâr. C'est bête, j'aurais bien voulu avoir droit à un aperçu de c'qui s'fait à Cuilnen... 'fin bon, c'est comme ça. » Les membres de sa famille présents semblent le suivre dans cet avis, troquant rapidement leur air dépité contre une sagace résolution alors que le bedonnant petit homme achève : « Et vous, ça vous dirait d'aller à Kendra Kâr ou vous continuez pour Cuilnen ? »


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Sam 24 Avr 2010 21:45 
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Félin et paresseux dans ses déplacements, Julin se glissa prudemment dans l’antre des hobbits. Penché sur le côté et la tête malgré tout bien proche d’un plafond qu’il observait avec curiosité, l’elfe blanc aux yeux mi-clos se laissait gagner par la chaleur ambiante. Il n’eut cependant guère le loisir de se caler discrètement dans un coin de la pièce pour s’abandonner à sa somnolence, car sitôt qu’il fut en vue de l’aimable matriarche sinari, on s’empressa de tirer profit de sa présence.
D’un acquiescement indolent, l’Hiniön accepta l’auguste tâche qui lui était assignée, à savoir : mettre le couvert. Les quatre gamelles ainsi que les couteaux et fourchettes assortis furent donc disposés sur la petite table, puis Julin se laissa tomber sur un large coussin en attendant la suite des évènements.
Son regard émeraude ayant allégrement l’occasion de visiter l’intérieur de la guimbarde, l’elfe blanc découvrait sans réelle stupeur un nouvel aspect du « Voyageur Sinari ». Non content de ne pas se déplacer sur ses propres jambes, l’ingénieuse mais paresseuse race des Petits-Hommes avait en voyage la fantaisie de traîner avec elle sa maisonnée. L’endroit était certes douillet, il était compréhensible que ses nouveaux compagnons de route rechignent à le quitter… cependant, où se cachait donc la dimension aventureuse du voyage dans toute cette vaste mascarade ? A quoi bon quitter son foyer pour se munir d’un parfait substitut monté sur roues… ? Ce saugrenu désir de confort réduisait les plaisirs du dépaysement et de la découverte à leur plus simple expression.

L’elfe blanc prit une courte inspiration résignée, en tout point semblable à un faible soupir. Le coude appuyé sur la table et la joue droite reposant au creux de sa main, Julin entreprit d’observer les hobbits en activité. Ceux-ci, ayant achevé cérémonieusement les préparatifs du souper, vinrent finalement s’installer à ses côtés, plaçant le robuste chaudron fumant au centre de la table.
Lorgnant l’épaisse marmite dont se dégageait l’alléchant fumet de légumes de saison cuits dans de la graisse de porc et assaisonnés d’une poignée d’épices exotiques de Shory, un Julin aux papilles émoustillées se demandait distraitement combien de temps le groupuscule de sinaris allait-il tenir avec une telle quantité de nourriture. La taille du récipient prise en considération, pouvait-il être dans leurs habitudes de cuisiner pour les dix prochains jours ?

Des pensées que ses lèvres claires ne formulèrent pas, son attention soudainement reportée sur les quelques brèves banalités qu’eurent le temps d’échanger à mi-voix Xavier et la cuisinière, avant que le patriarche ne fasse son entrée, l’ombre de la déception voilant la jovialité habituelle de son visage.
La voix chagrine et l’air maussade, François Tourte leur rapporta sa conversation avec les gardes frontaliers, et la déception scella les bouches de l’assemblée.

Comme s’en était douté Julin, il était plus délicat de mener le véhicule à Cuilnen que de simplement y accepter ses propriétaires. Une fois encore, l’elfe blanc songea à leur conseiller de laisser au poste tout leur attirail et de finir le voyage à pied, mais… il n’avait pas voix au chapitre, n’est-ce pas ? Après tout, que représentait-il pour eux sinon une brève rencontre au sein des aléas de l’existence ? En tant que tel, il ne lui appartenait certainement pas de décider de leur sort, ou même de seulement influencer leur jugement. Laisser les hobbits vivre selon leur volonté et leurs instincts, voilà qui s’inscrivait dans l’ordre des choses, et c’est dans le respect de cette philosophie particulière qui était la sienne que Julin tint ses lèvres closes et détailla pieusement le petit groupe jusqu’à ce qu’ils aient arrêté une décision.

Ainsi les hobbits jugèrent bon de poursuivre leur route jusqu’à Kendra Kâr, et que ces nouveaux horizons leurs soient favorables ou non, ils étaient seuls responsables de leur sort.

Acquiesçant silencieusement à l’écho de ses propres pensées, l’elfe blanc fit mine de se relever, mais fut coupé dans son élan par le père Tourte, dont l’aimable attention lui fit curieusement hausser le sourcil. Les hobbits et l’Hiniön se connaissaient depuis à peine quelques heures seulement, et pourtant, du fait de ce timbre affectueux qu’employait le patriarche en s’adressant à lui, Julin se sentait étreint du paisible et doux sentiment d’une joie inopinée. Malgré le peu de temps qu’ils avaient passé ensemble, il ressentait comme une impression de chaleur et de bienveillance, une fugace intuition d’appartenir en quelque sorte à la famille, lui-aussi. Une idée que l’on trouverait raisonnablement singulière, non ? L’elfe blanc avait encore tout à apprendre du peuple hobbit.

« J’apprécie votre proposition, Sinari. Une visite à ladite Cité Blanche serait assurément une expérience enrichissante, cependant, le moment n’est pas encore venu. » Répondit-il doucement après quelques secondes, un fugitif sourire dansant sur ses lèvres. Quoique ourlée de mystère, la raison de cette affirmation demeurait fort simple : puisqu’il ne faisait encore que ses premiers pas dans ce vaste monde, la prudence lui dictait de ne pas se risquer trop loin.
Le père Tourte dut alors pressentir son intention de prendre congé aussitôt, car à peine l’elfe blanc eut-il esquissé un simple mouvement qu’il s’exclama, bonne humeur et bonhomie intactes.

« J’vois… ‘fin bon, avant d’prendre vos cliques et vos claques, z’allez rester manger un bout, hein ? Qu’on ait pas fait la popote pour rien ! »

Bien que l’offre fût alléchante, Julin se trouva piqué d’un rien de réticence. La famille Tourte ayant changé de destination, sa première expérience en tant que guide connaissait une fin abrupte. En définitive, bien qu’ayant profité de leur véhicule et maintenant de leur hospitalité, il n’avait absolument rien fait pour eux. Simplement accepter une fois encore leur générosité procurait à l’elfe blanc un léger sentiment de malaise. Pouvait-il s’autoriser à prendre plus qu’il ne donnait ? Ce qui pourrait aisément s’apparenter à un zeste de fierté tendait à lui faire penser le contraire.
Néanmoins, devant la palpable hésitation de son convive, le père Tourte crut bon d’ajouter.

« Allez, ça vous changera du pain d’voyage ! Et pis, la potée paysanne d’Oriah, c’est kekchoz qu’y faut essayer au moins une fois dans sa vie ! » Lâcha-t-il encore en donnant comiquement une tape sur sa bedaine rebondie.

Il n’en fallu pas d’avantage pour abattre les dernières défenses du doux Julin. S’élevant de la marmite bouillonnante, le riche et vaporeux parfum qui lui caressait onctueusement l’odorat et aguichait ses papilles avait déjà miné une bonne partie de sa résistance, faire l’effort de volonté nécessaire pour ne pas succomber à son charme délicieux était bien au-dessus des forces de l’Hiniön salivant.
Vaincu, Julin chuta misérablement sur le douillet coussin, la tête basse et dissimulant derrière la cascade d’ébène de sa chevelure ses pommettes subtilement rosées.
« Si vous insistez ainsi… je vous remercie. » Souffla avec un semblant de timidité l’elfe blanc.
« Bah voilà ! » Triompha le petit homme ventru, saturant la gamelle de son invité d’une pleine et compacte louchée avant de faire connaître aux assiettes voisines le même sort.

Chou, lentilles et pommes de terre colorés et imprégnés d’épices de Shory qui donnaient aux légumes une teinte safranée et un goût qui titillait le palais furent goulument avalés, dégustés avec de belles tranches de pain de seigle saucées de jus de viande et de larges morceaux de lard coupé en dés, de porc tendre et charnu, ainsi que de saucisses épicées. En somme, l’incrédule estomac de l’ingénu elfe blanc fit bombance, et Julin se délecta du plein contenu de la large gamelle sans faillir, en dépit de son habituel appétit d’oiseau. Le copieux souper dura jusqu’à ce que le ciel se soit paré de son nocturne mantelet, le cuisinier Hiniön tâchant alors sans honte aucune de dérober ses secrets au couple, plus versé que lui-même dans les arts culinaires.
S’il tira de sa tentative quelques précieux conseils, il sembla de même éveiller l’innocente suspicion du père Tourte, car alors que son invité se résignait enfin à leur faire ses adieux, le cuistot vétéran lui fit cette remarque, l’œil brillant et le front légèrement plissé.

« Z’avez quand même l’air d’bien vous y connaître… »

Sur le départ, sa main poussant faiblement la porte de la caravane, l’elfe blanc se retourna une dernière fois avec un avenant sourire. De douces et fraîches rafales, qui pour la nuit dansaient, profitèrent de l’occasion pour s’engouffrer par l’ouverture, provoquant une agitation légère dans la chevelure sombre de l’Hiniön, ses longues mèches onctueuses se mouvant pour zébrer sur son torse le blanc de sa tunique, l’impulsion s’accompagnant des harmonieux tintinnabulements des pierreries émeraude ornementant sa coiffure.
Dos à la nuit et à ses pâles lumières, Julin s’exprima avec douceur, tirant sa révérence à l’aimable compagnie avant de se fondre dans l’obscurité, ses dernières paroles seulement soutenues par cette mélodie cliquetante que composaient les nombreux esthétiques bijoux et joyaux qu’il arborait.

« J’avais le désir de vous être d’un plus grand secours, et je me navre que vous n’ayez pu goûter aux mets les plus raffinés de l’Anorfain. Toutefois, s’il vous vient à l’avenir de passer auprès de Luinwë et que la saveur de la gastronomie elfique manque toujours à votre palais, demandez le maître-queux Julin Lluliel Fëforava de la taverne des Limbes. Il est jeune et a certes encore beaucoup à apprendre, mais il se fera un plaisir de vous servir au mieux de ses capacités, j’en ai la certitude. Mes adieux jusqu’à ce jour, sinaris ! »

_________________
Julin Lluliel Fëforava : Hiniön : Rôdeur


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Sam 17 Juil 2010 16:49 
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>> Les habitations de Cuilnen

Il y a un mois, je trouvais ma famille assassinée, hier, je me mariais et rompais aussi mon voeu de silence. Pourtant, j'ai l'impression que tout s'est déroulé ce matin. D'après les notes d'Ume Sama, l'homme au tatouage a été vu sur la route menant à Lùinwë. Il ne sera certainement plus là quand j'y arriverai mais je m'en fiche, j'ai tout mon temps pour le retrouver, lui et ses collègues de sang. Je marche vers mon destin, c'en est presque poétique. Dans cette excursion dans la forêt, je promène avec moi un couple d'humains qui vont aussi à Lùinwë. Au début je n'étais pas trop pour les guider, sait-on jamais si cette guilde de malheurs me piste déjà ? Pourquoi ais-je pensé cela ? L'aurais-je forcé à se démasquer par la simple force de ma pensée ? Au milieu des fougères, silencieuse, elle se lève et se dévoile à nos yeux. Son masque est d'un blanc immaculé mais ses intentions sont moins nobles, elle est de la Rose Cardinale, j'en suis sure, et j'en deviens certaine lorsque je vois son médaillon.

"Restez bien derrière moi..."

Je refuse que la Rose et ses acolytes perpétuent d'autres crimes, je sais que c'est impossible néanmoins, je ferai tout pour les en empêcher. Cette tueuse masquée est venue pour moi mais je ne veux pas que ce couple en paie les frais annexes. Elle crie sa rage et son envie de m'occire, je me contente de prendre appui sur le sol. Toutes les années d'entraînement avec mon maître viennent solidifier mon port, je suis prête. Ma tueuse semble sure d'elle dans ses mouvements. Alors qu'elle arrive près de moi, prête à m'empaler vive avec son épée bâtarde, je lui réserve une surprise, la seule vraie technique de combat que je maîtrise aisément, une surprise éclair. Ses gestes sont soudainement désordonnés, elle se sent stupide, elle ne l'avait pas vue venir ceci dit, ni l'une ni l'autre n'arrivons à toucher l'adversaire. Elle fait un bond en arrière et se met sur sa garde, elle commence à comprendre qu'elle ne me tuera pas aussi simplement qu'elle ne le pensait.

Pour une tueuse, je trouve sa position plutôt imbécile, elle veut me tuer alors pourquoi me laisse-t-elle l'honneur de donner les premiers vrais coups ? Ceci dit, j'accepte volontiers cet honneur et nous échangeons, civiles, quelques coups pour nous jauger mutuellement. C'est une bretteuse, elle n'est pas très grande, elle est rousse et elle a tendance à mal se réceptionner avec sa jambe gauche. Je ne sais rien de son visage ni de ses émotions faciales, je m'en sens légèrement décontenancée. J'aime bien voir les expressions de mon assaillant, je jauge mieux et prévois mieux ses coups. Ici, je vais devoir me contenter de ses gestes pour envisager une tactique, bien que je la connaisse déjà. Je lui procure un certain plaisir, je m'arrange pour qu'elle pense qu'elle ait le dessus, bien que j'avoue que des fois, ses coups m'effleurent de peu sans que je les eus souhaités. Ce combat semble durer une éternité et je commence à fatiguer, elle aussi. Ses épaules vont et viennent, elle reprend son souffle, son dernier.

Je glisse habilement ma jambe vers l'arrière, je cambre mon dos, mon katana parcourt les airs avec douceur et je me concentre sur les battements de mon coeur, ils seront mon rythme. Pour elle, je vais danser la vie, elle applaudira par sa mort. Même avec son masque, je décèle qu'elle ne comprend pas et qu'elle n'a jamais vu un style pareil de toute sa vie. Ma chère inconnue, laisse moi te présenter dix années de pratique sous l'égide d'Ume Sama. C'est alors que, dans une valse rythmée par mon coeur, je m'avance vers mon assaillant et commence véritablement à lui montrer de quoi je suis capable. Elle pare, elle pare, mais elle n'a pas le temps de riposter, c'est dommage. Ils m'ont envoyé une recrue aussi vierge que son masque. J'en suis presque déçue et n'éprouve aucune satisfaction lorsque je signe ma supériorité technique par une lacération de son avant-bras, puis de sa cuisse. Ses gestes deviennent instinctifs, elle a perdu de sa prestance, et moi, je continue de faire valser littéralement mes coups. Je ne cherche plus à la jauger, je veux aller droit au but cette fois-ci...

Mon public est sous le charme, le couple d'humains applaudit mon style et m'encourage vivement à en finir avec elle. Je n'ai jamais tué personne et je ne le souhaite pas, cependant je suis résolue à faire une entorse à mon règlement intérieur s'il s'agit de la Rose Cardinale. Je plonge ma lame sur son cou, le sang coule de son artère, les larmes de mes yeux. Elle hurle de douleur mais mon dernier coup lui est fatal, directement placé dans son coeur. Elle tombe à terre, inerte, je fouette mon katana pour faire fuir le sang de ma lame puis je nettoie le reste avec sa jupe. Je la regarde, les yeux en larme, et j'enlève son masque. Elle était si jeune... Je ne suis pas triste de l'avoir tuée, je ne sais même pas pourquoi je pleure. Le couple revient vers moi, ils me félicitent de mes exploits, je me contente de les remercier et je demande à l'homme de m'aider, nous allons l'enterrer. Bien qu'elle fut une partisane de cette guilde immonde, elle mérite une sépulture. Celle-ci sera sylvestre...

Une heure plus tard, nous reprenons la route et je suis épatée par ce masque. Totalement blanc, aucun trou et pourtant, quand je le mets à mon visage, je vois tout comme si je ne portais rien. Et cela me donne une idée. Je range le masque dans mon sac et je regarde le médaillon de cette fille, il a l'air ordinaire mais quelque chose me dit qu'il est bien plus que cela...

>> Taverne Au Coeur de la Nuit

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Sam 14 Aoû 2010 13:53 
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Localisation: Eud Lille din'ch Nord, hin
>> Zone d'embarcation, Luinwë

"Vous allez voir ! On va bien vite arriver à Cuilnen !"

Depuis près de trois heures, Eucalyptus, Caramel et Séléné parcouraient la forêt d'Anorfain, au petit trot. Caramel avait fini par céder aux supplications du lutin et Séléné, lui, gambadait joyeusement dans les fourrés, s'éloignant de temps en temps quand il pensait avoir senti la piste d'une quelconque proie. Eucalyptus était content, posé sur la tête de son étalon, et indiquait la route à prendre. Il ne savait pas trop où aller mais il faisait confiance à son instinct sylvestre pour rejoindre la mystérieuse cité elfique. Il avait remarqué, depuis quelques temps, que certains arbres et certains buissons avaient des formes non naturelles et semblaient avoir été taillés avec soin et art. Il se doutait alors qu'il ne pouvait en être autrement, c'était forcément des genres de panneaux d'indication sur la route à prendre. En début de soirée, alors qu'il cherchait un endroit sympathique pour bivouaquer, il se fit rejoindre par un hiniön voyageur...

"Bonsoir monsieur !"
"Bonsoir jeune étranger !"
"Vous vous rendez à Cuilnen aussi ?"
"Exact, jeune homme ! Et vous-même ?"
"Oui, je dois aller rencontrer la jeune fille à l'oeil fixe, votre reine !"

(Hihihi... Non Eucalyptus... C'est Thelhenwen ! Je suis désolée, c'est ma faute...)
(Oui, la jeune fille à l'oeil fixe... Je l'ai mal dit ?)
(Hihihi, non ! Mais oui, c'est de l'elfique, c'est son nom ! Attends... Thelhenwen !)
(Ahhhhhh ! C'est plus joli en effet !)


"Vous voulez dire Thelhenwen, je présume ?"
"Oui voilà, Thelhenwen ! Excusez mon elfique, il est quelque peu rouillé !"
"Rassurez-vous, vous le parlez exquisément !"

Eucalyptus et le voyageur, qui s'appelait Fanya et non nuage blanc, discutèrent encore un peu avant que le lutin ne l'invite à passer la nuit ensemble. Ils bivouaquèrent donc non loin de là. Durant le repas, Eucalyptus posa beaucoup de questions à l'elfe sur différents sujets, bien que toutes étaient ciblées sur Cuilnen ou sur Thelhenwen. Tard dans la soirée, le lutin s'endormit heureux d'en savoir plus sur la cité et sa reine, rassuré de ne pas être tout seul. Le lendemain, au petit matin, les deux compagnons reprirent la route vers Cuilnen. Pour une fois, Eucalyptus n'eut aucun souci avec Caramel qui se contenta de suivre le cheval de Fanya. Pour tout vous dire, il s'agissait d'une jument très belle et Eucalyptus trouva ainsi un moyen imparable de se faire entendre par son étalon.

"Je crois que Caramel est amoureux de votre jument... Il est tout docile tout à coup..."

>> Le palais royal d'Aratmen

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Lun 23 Aoû 2010 18:16 
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>> La petite boutique de la forêt

Après avoir fait ses emplettes, Eucalyptus passa voir la famille Feng et fut chaleureusement accueilli. Il accepta leur invitation à passer la nuit chez eux puis le lendemain matin, Eucalyptus aida la mère d'Orontë et de Thelma à planter ses fraises. Il lui donna quelques conseils avisés puis fit ses adieux à la famille Feng en fin de matinée. Retrouvant son nouveau et fidèle Caramel, son étalon à l'indépendance quasi-farouche, il reprit la route vers Luinwë. Le lutin, le louveteau et l'étalon parcoururent ainsi la forêt d'Anorfain et se perdirent une bonne quinzaine de fois. Loin d'être désespéré, Eucalyptus en était au contraire amusé et alors qu'il décidait de bivouaquer près d'un bosquet, il fit une rencontre qu'il n'oublierait jamais...

"Par Moura, je ne trouverai jamais cette cité elfique... Oh ! Il y a quelqu'un ?"
"Oui M'dame ! Par ici !"
"Un lutin ! Me voilà sauvée !"
"Vous êtes en danger ?"
"Non juste perdue, je crains..."
"Ah ! Alors nous sommes deux ! Je dois aller à Luinwë prendre un cynore et rejoindre Kendra-Kâr !"
"Oh je vois ! Moi, je dois me rendre à Cuilnen demander de l'aide à la reine."
"Elle est très gentille ! Je le sais bien parce que justement je suis allé la voir aussi !"
"Cela fait déjà deux fois que je viens demander son aide. Je crains qu'elle refuse de m'aider cette fois-ci..."
"Mais que vous arrive-t-il ? Je peux peut-être vous aider ?"

Parfait gentleman, Eucalyptus invita la jeune femme à se joindre à lui pour la nuit et commença par aller chercher des baies, des racines et des plantes comestibles pour préparer le repas. Susheela Shannenbaum, car tel était son nom, alla quant à elle chercher du bois pour faire un feu. Les deux personnes perdues dans la forêt dinèrent ensemble puis se racontèrent leurs aventures au coin du feu...

"Mais tu sais, Sushee, je crois que je peux vraiment t'aider, moi... Enfin pas moi spécialement mais ma guilde. Nous avons besoin d'un bateau et toi d'un financement. Mais bon si tu préfères demander à la reine..."
"Mon Goussinou travaillant pour une guilde tenue par un lutin... C'est séduisant !"

Eucalyptus et Susheela passèrent la fin de soirée à discuter affaires puis ils s'endormirent sagement. Au petit matin, les deux compagnons reprirent la route et il s'avéra que Caramel avait une très légère préférence quant à écouter les ordres de Susheela que ceux d'Eucalyptus. Vers midi, ils arrivèrent enfin en vue de Luinwë...

"Mon étalon n'aime que les filles, je crois..."

>> La Boîte à Merveilles, Luinwë

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Sam 14 Jan 2012 13:18 
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En route pour l'avenir

La route vers le temple de Yuimen n'était pas longue, enfin de 2 ou 3 heures tout de même, et n'était pas vraiment dangereuse, la région étant paisible. La villa des Kenilwär était assez proche de la ville de Lùïnwe, ce qui fit qu'Evangelina put rapidement admirer les magnifiques remparts fiers et hauts de la citée. Il s'agissait de remparts qui semblaient n'avoir jamais connus la guerre, comme s'ils étaient là pour délimiter les frontières de la ville et époustoufler les nouveaux arrivants.
Ces remparts étaient très hauts, fais de pierres blanches et percés de meurtrières à la fois fonctionnelles et gracieuses. Au sommet de ses remparts un chemin de ronde était parcourut par quelques gardes elfes concentrés sur leur travail de surveillance, ne faisant guère attention aux décorations qui brillaient à la lumière du soleil.
Il y avait pas mal de monde sur la route et les trois compagnons semblaient passer inaperçus dans la foule. Au début, Evangelina n'y faisait pas attention mais elle commença à remarquer que beaucoup des gens qu'elle croisait étaient plus ou moins estropiés. Le temps était superbe mais les visages étaient froids, tristes, lugubres. Elle voyait de riches personnes aider de pauvres gens qui semblaient avoir vécu le martyrs.
Aënith remarqua rapidement que l'Aniathy semblait incompréhensive devant ce qu'elle voyait. Il lui expliqua donc l'origine de toutes ces blessures.

"Ce ne sont pas des habitants d'ici. Ce sont des Sindels, des Elfes gris."
"Pourquoi sont-ils dans cet état ? Je croyais que les alentours de Lùïnwe étaient sûrs ?"
"Ils le sont. Ces Sindel viennent de loin à bord des Cynores, ils fuient la guerre qui ravage leur contrée."
"La guerre ?"
"Oui, et ici les habitants les recueillent et essais de les aider. Mais ce n'est pas facile, il en arrive de plus en plus chaque jours. Cette guerre est vraiment horrible."

Il était vrai que cette guerre semblait horrible. Tous les réfugiés qu'elle voyait étaient blessés, même les quelques enfants qui accompagnaient leurs parents. Certains n'avaient pas grand chose, juste un bras ou une jambe entouré de bandelettes pour soigner une hémorragie, mais d'autres avaient perdu un, voire deux membres, et d'autres étaient en fauteuil roulant. L'Aniathy vit même plusieurs civières portés par le peu de réfugiés capables de le faire. Les civières étaient recouvertes de draps pour cacher les corps qu'elles supportaient.
L'une d'elle commença à vaciller, l'homme qui la soutenait devant semblant vraiment mal. L'Aniathy interpella tout de suite Aënith qui se précipita pour l'aider. Doucement, se frayant un chemin à travers la foule, ils se dirigèrent vers le côté de la route pour l'aider à s'assoir et poser la civière par-terre.
Les deux réfugiés portant la civière étaient grands, très grands, surtout pour l'Aniathy, et semblaient exténués. Ils étaient maigres, creusés, légèrement sales et habillés de loques. Ils avaient les cheveux plutôt blonds, l'un vraiment court et l'autre mi-long. Celui qui avaient faillit s'écrouler s'allongea sur le sol, aidé par Aënith et rejoins tout de suite par son compagnon, inquiet.
Evangelina ne put empêcher de regarder les blessures qui parsemaient la peau des deux réfugiés. Ils en avaient partout, et l'un, celui au cheveux courts, avait un bandeau blanc couvert de sang sur l’œil droit. D'autres bandeaux recouvraient divers parties de leurs corps, tous couverts de sang, et apparemment ils n'avaient pas été changés depuis plusieurs jours. Le réfugié aux cheveux longs venait de s'évanouir dans l'herbe et son compagnon semblait vraiment inquiet. Aënith se releva et regarda aux alentours, scrutant la foule qui se mouvait doucement à côté d'eux. Il se retourna ensuite vers le réfugié encore éveillé.

"Avez-vous quelque part où aller ?"
"Non... Nous... Nous sommes venus juste pour fuir la guerre... Nous avons tout perdu..."

La voix du réfugié était faible et triste, et la tristesse envahit l'Aniathy qui réprima cette sensation étrange. Aënith semblait réfléchir. Au bout de quelques secondes, il se tourna vers le réfugié encore conscient.

"Je vais vous amener chez moi pour que vous vous reposiez. Vous pourrez aussi vous restaurez."
"On ne va plus au temple ?"
"Vous si, mais je ne vais pas les laisser là alors que ma maison n'est pas loin."
"Il a raison, ces gens sont plus à plaindre que nous."
"Oui oui je suis d'accord. Mais que doit-on faire là-bas ?"
"Il vous faut demander à un prêtre de rouvrir le souterrain. Dites que vous venez de ma part ce sera plus facile."
"D'accord. On repassera par chez toi en revenant."
"Merci."

Aënith leur expliqua comment finir le trajet jusqu'au temple puis se concentra sur l'état des réfugiés qu'il se proposait d'héberger. Les deux Aniathys reprirent leur route, restant sur le côté de la route pour ne pas se perdre dans la foule des réfugiés de guerre.

"Détruis-la"

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Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...

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Merci à Itsvara

« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. »
Jean Ray



Dernière édition par Evangelina le Sam 11 Fév 2012 21:03, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Jeu 19 Jan 2012 14:19 
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Les réfugiés

[:attention:] Ce post peut choquer les âmes sensibles aux vues de description de blessures gores [:attention:]

Les deux Aniathys marchaient sur le bord de la route, leurs tailles d'enfant ne leurs permettant pas d'affronter la foule de réfugiés qui arrivait à Cuilnen. Ils ne parlaient pas, l'atmosphère semblait trop lourde pour que le moindre mot puisse s'y déplacer. Le soleil brillait de milles feus, le ciel était d'un bleu éclatant, et pourtant, les visages étaient lugubres, quand ils n'étaient tous simplement défigurés par d'ignobles blessures.

Jamais Evangelina n'avait vu ça, jamais elle n'aurait pu imaginé une telle scène. Des hommes gisaient sur le bord de la route, sanguinolents alors que leurs blessures mal soignées s'étaient rouvertes. Des veuves en pleurs, couvertes du sang de leurs maris qu'elles serraient dans leurs bras. Des mères refusant de croire en la mort de leurs progénitures, restant là, prêt de leurs corps déchirés, attendant qu'ils se réveillent enfin.

Certains parvenaient à prendre le dessus sur leurs sentiments et aidaient les plus faibles à porter les blessés, les enfants à retrouver leurs parents et les orphelins à trouver leurs voix. Quelques médecins, magiciens ou non, essayaient d'apporter des soins aux blessés, même s'ils étaient débordés. Leurs vêtements étaient couverts de sang des personnes qu'ils tentaient de sauver, même si certaines n'avaient visiblement aucune chance.

Tous les réfugiés n'avaient plus rien, et allaient devoir recommencer une vie à Lùinwë. Mais certain n'avaient même plus cette chance. Leurs blessures, suppurantes, sanguinolentes allaient entrainer de tels séquelles qu'ils leurs sera impossible de vivre normalement, ni même de vivre décemment.

Soudain, Evangelina vit une petite fille, qui avait dû être jolie, mais qu'une atroce blessure au visage rendait laide. Malgré elle, son regard glissa sur le pansement, décollé et sale, et descendit le long de la joue, jusqu'à cette blessure apparente, laissant les dents et la mâchoire visibles, la chair ensanglantée et luisante, la douleur presque visible à l’œil nu. Cette vision en rappela une autre à l'Aniathy qui ne parvint pas à la retrouver tout de suite. Et soudain, elle eu un flash. Tout autours d'elle se mit à tanguer avant de disparaître, et des visions d'horreurs, de corps déchiquetés, de sang et de chair, de jouissance et de mort, de plaisir et de terreur. Elle se revit dans cette robe couverte de sang, les mains et les cheveux couvert de se liquide vital et si précieux. Elle avait le goût du sang dans la bouche, et elle trouvait ça bon. Et elle l'entendit, la voix qui lui parlait, cette voix qu'elle ne connaissait pas mais qui semblait la connaitre, cette voix qu'elle seule entendait...

"Crois-tu en cette guerre ? Crois-tu en ces blessures ?"
"Que... ? Comment ne pas y croire elles sont là !"
"En effet, et sais-tu pourquoi elles sont là ? Pourquoi de telle choses arrivent ?"
"Je... non ..."
"Je m'en doutait. Il te faudra trouver la cause, la trouver, et la détruire. Ce ne sera pas facile, mais si tu y parviens tu trouveras sûrement la clé de ton rêve."
"Je... Mais... Suis-je destinée à sauver ces gens, à sauver ce monde de la guerre ?"
"Tu n'es destinée à rien, tu fais ce que tu veux, mais tu m'écouteras car je suis la seule qui te guide. Et je n'ai jamais parlé de sauver qui que ce soit, j'ai simplement dis, détruire la cause de cette guerre."
"Mais... Je ne comprends pas..."
"Tu comprendras lorsque que tu connaitras la source. Je ne peux te le dire, les être comme moi savent mais ne peuvent dire. Trouve la, et détruit la..."
"Mais qui est-ce ? Et toi ?"
"Elle est celle qui est et qui sera, et moi, tu le sais déjà, je suis de celles qui choisissent leurs compagnons et qui restent fidèles."
"Mais... !"

Evangelina ne put terminer sa phrase, la vision avait disparue. Elle se retrouva à genoux, les yeux plein de larmes et Larhe la serrant dans ses bras.

"Ca va ? Que c'est-il passé ?"
"Une... Une vision..."
"Encore ?"

L'Aniathy ne répondit pas. Elle se serra contre son compagnon, essayant de chasser les images d'horreur qu'elle avait dans la tête et de comprendre pourquoi elle avait eu cette discussion.

Après quelques minutes, les deux Aniathys se relevèrent. D'un commun accord il se remirent en route vers le temple qu'ils atteignirent bientôt, après s'être dirigé vers Cuilnen et s'éloignant de la foule de réfugiés.

Le temple de Yuimen

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Dernière édition par Evangelina le Sam 11 Fév 2012 21:30, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mer 25 Jan 2012 22:25 
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Sur le départ

Le premier jour

Ils sortirent de Cuilnen par le Sud Ouest, la direction de Lùinwë. Il était encore tôt, la lumière du soleil semblait plutôt faible. Il devait jouer à cache-cache avec les nuages. Carméïa était confortablement installée sur le sac de Kaâr. Il marchait d’un bon pas, suivi de près par Gripoil. Les oiseaux s’envolaient à leur passage effrayés par le chat, un de leurs prédateurs. Ils mirent peu de temps à trouver le sentier menant à Lùinwë. Il était fait de terre aplatie par le passage des voyageurs et était ponctué de pierres et de racines que le chat gris contournait souplement. La forêt semblait vouloir avaler le chemin et empêcher les êtres de sortir de son sein. Cependant Kaâr ne semblait pas y prêter attention et continuait d’avancer plutôt vite. Carméïa elle dévorait tout des yeux. Elle s’ennuyait un peu quand même et pour se distraire, elle entreprit de reconnaitre les animaux qui croisaient leur chemin. (Une biche . Un moineau. Une pie. Tiens ! Un Sarnas ! Oh ! Un merenra ! Deux fois en aussi peu de temps ! J’ai de la chance !) Une heure s’écoula ainsi dans le silence des voyageurs et les bruits de la forêt. Les pensées de Carméïa l’emmenèrent à ce demander comment était Lùinwë, leur destination.

« - Kaâr ?
- Oui ?
- Dis moi, à quoi ressemble Lùinwë ?
- Eh bien ... C’est une ville portuaire, il y a donc un port. Il est divisé en trois partie : le port militaire, le marchand et celui de pêche. Il y a aussi les jardins de la reine Thelhenwen, ils sont sublimes et ouverts au public. C’est très agréable de s’y promener.
- Mais la reine Thelhenwen, c’est celle de Cuilnen, non ?
- Si, tu as raison. Ces deux villes sont celle du royaume d’Anorfain, sous la direction de la reine Thelhenwen. Les jardins ont été créés en son honneur.
- Ah ! D’accord.
- Lùinwë est une ville très commerçante et bien que plus petite que Cuilnen, elle est plus riche qu’elle. C’est pour ça que je fais régulièrement des voyages là-bas, il y a beaucoup de marchands et de fidèles clients. Je trouve beaucoup de livres rares ou venant de loin que je ne pourrais obtenir ailleurs. On trouve des gens originaires de tous les horizons et de toutes les races.
- Hum ... Je doute quand même que l’on y trouve des aldrydes. Nous ne sommes pas du genre à sortir de notre forêt. Enfin la plupart ... »

Carméïa repensa alors à la vie qu’elle avait quittée et le silence s’installa de nouveau. Totalement dans ses pensées, l’aldryde ne vit pas la forêt défilée sous ses yeux. Tout du moins, ce n’était pas cette partie de la forêt qu’elle voyait mais celle de son enfance. Sa communauté lui manquait. Bien qu’elle fut injuste envers les mâles aldrydes et que Carméïa détestait cette façon de les traiter, c’était toute sa vie qu’elle avait laissée derrière elle avec le Lendora. Elle se demandait ce qui l’attendait dans son exploration du monde. Quelles découvertes et rencontres ferait-elle ? Elle fut interrompue dans ses réflexions lorsque Kaâr s’arrêta sur le sentier et qu’elle ne fut plus secouée.

« On va faire une pause, il ne doit pas être loin de midi et j’ai faim. Il y a un rocher pas loin, on va s’assoir dessus pour manger tranquillement. »

A peine eut il le temps de finir sa phrase que leurs deux estomacs grondèrent à l’unisson. C’est en riant qu’ils s’assirent sur le gros rocher. A ce moment là Carméïa se rendit compte que Gripoil ne les suivait plus.

« Où est Gripoil ? » s’inquiéta l’aldryde
« - Oh ! Ca fait un moment qu’il n’est plus derrière nous, il a du partir chasser.
- Ah bon ?! Je ne l’avais pas remarqué.
- Il sait être discret quand il veut. Bon ! Maintenant mangeons que nous puissions repartir vite. La route est longue, mieux vaut ne pas trainer. »

Kaâr sortit donc de son sac une lanière de viande séchée et deux carottes qu’il mangea lentement. Carméïa quant à elle mangea une des baies de byëller qu’elle avait dans son sac et but un peu de miel. Une fois qu’ils eurent bien mangés ils repartirent, Carméïa de nouveau sur le sac de Kaâr. Quelques minutes plus tard Gripoil les rejoignit se léchant les babines encore pleines de sang. (Brrr ! Dire que ça aurait pu être mon sang... Je suis contente qu’il ne me considère plus comme un repas.) Le reste de l’après-midi se déroula sans anicroches.

Carméïa posa encore quelques questions à Kaâr sur Lùinwë. Elle apprit ainsi que la ville accueillait de nombreux marchés et que tout s’y achetait et s’y vendait. Kaâr avait aussi entendu parlé de réfugiés Sindels en provenance de Tahelta, une ville de l’archipel de Naora. Les réfugiés étaient nombreux et blessés et vivaient pour la plupart dans des camps mis à leur disposition en bordure de la ville. La guerre faisait rage chez eux, les troupes d’Oaxaca y faisaient des ravages obligeant tout un peuple à fuir son pays.

Carméïa ne comprenait pas le concept de la guerre, elle n’avait jamais entendu parlé de ce genre d’actions, son peuple déjà au bord de l’extinction n’avait pas besoin de s’entretuer. De plus les différentes communautés aldrydes n’entretenaient pas beaucoup de liens si ce n’est pour s’échanger des mâles et ainsi éviter la consanguinité. Le plus souvent ces communautés s’ignoraient et vivaient donc en bons termes.

La nuit tomba plutôt rapidement et ils leur fallut trouver une clairière pour y passer la nuit. Ils en trouvèrent une non loin du sentier qu’ils empruntaient. Kaâr s’assit au milieu de la clairière laissa Carméïa descendre de son sac et en sortit une couverture qu’il étala sur le sol. Carméïa s’assit dessus et entama une nouvelle baie. Kaâr, lui, mangea une autre carotte suivi d’un morceau de viande dont il donna un bout à Gripoil et d’une pomme. Il but un peu d’eau et en proposa à Carméïa qui en pris quelques gorgées. Une fois leur repas fini ils s’allongèrent tous sous la couverture en prenant leurs sacs comme oreiller. Le petit prédateur vint se blottir contre Carméïa, la séparant de Kaâr. Celui-ci, fatigué, s’endormi rapidement. Carméïa, elle, laissa ses pensées vagabonder et mis plus de temps à se laisser aller dans les mondes des songes.


Le deuxième jour

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Dernière édition par Dosvidania le Dim 29 Jan 2012 22:49, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Dim 29 Jan 2012 22:48 
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Le premier jour

Le deuxième jour

Après une nuit sans rêves, l’improbable troupe se réveilla au son du chant des oiseaux. La couverture sous laquelle ils avaient dormi, était scintillante de rosée. Carméïa sortit la première du lit improvisé et but de la rosée à même les feuilles d’un papillon de sang. L’eau fraîche finit de la réveiller. Elle se sentait bien au cœur de la forêt, dans son élément. Ses bleus ne lui faisaient plus mal et ses courbatures avaient presque toutes disparu. Son humeur grimpait en même temps que le soleil dans le ciel. Une fois la couverture essuyée et rangée, tous se mirent à manger. Carméïa mangea une autre de ses baies, Gripoil repartit chasser en prenant au passage le morceau de viande que Kaâr lui tendait. Kaâr lui se contenta d’une pomme. Une fois tout le monde rassasié, Carméïa se rassit sur le sac de Kaâr et ils partirent de la clairière.

Ils retrouvèrent rapidement le chemin de Lùinwë, mais Kaâr hésita quelques instants avant de prendre la bonne direction. Il repartit d’un pas alerte sur le sentier de terre. Pour passer le temps il se mit à siffloter au rythme du chant des oiseaux. Carméïa laissa cette discussion mélodieuse emplir ses oreilles et en marqua le tempo en tapant le sac lui servant de siège. La matinée s’écoula ainsi doucement. De plus en plus d’oiseaux se joignaient à la musique de la forêt au fur et à mesure que la lumière du soleil s’intensifiait. Aux environs de midi Gripoil réapparut sur le sentier au détour d’un virage et vint escorter Kaâr. Peu de temps après, ils s’arrêtèrent dans une clairière donnant sur le chemin de terre. Carméïa et Kaâr s’y installèrent pour manger tandis que le chat, repu, se roulait en boule sur l’herbe. L’elfe mangea encore de la viande séchée et sortit deux pommes pour l’accompagner. Carméïa comme à son habitude mangea une nouvelle baie de byëller puis bu les quelques gorgées de miel qu’il restait dans sa première gourde. Tout en mangeant elle entrepris de poser des questions à Kaâr.

« - Dans combien de temps arriverons nous ?
- Demain, en fin d’après midi je pense. Ce soir nous arriverons en vue des plaines.
- Des plaines ? Qu’est-ce que c’est ?
- Ce sont d’immenses étendues d’herbes, où l’on peut cultiver toutes sortes de plantes.
- Tu veux dire qu’il n’y a pas d’arbres ?!
- En effet, presque pas. On peut dire que ceux sont de grandes clairières.
- Ca doit être étrange...
- Pour toi qui n’as jamais quitté la forêt surement. On peut voir beaucoup plus loin qu’en forêt et on profite au maximum du soleil.
- Hum... »

Carméïa tenta de s’imaginer ces plaines mais elle avait beaucoup de mal. Elle finit par abandonner, c’était trop étrange pour elle. (De grands espaces sans arbres... Mais où dort-on ? Qu’y mange-t-on ? Comment s’y cache-t-on ?) Le moment de partir arriva. Des questions plein la tête, Carméïa se réinstalla sur le sac de Kaâr. Elle resta songeuse pendant un moment, avant de remarquer que Gripoil la regardait. Elle était intriguée par son regard qui n’était pas totalement animal. Cependant ses yeux la dérangeaient sans qu’elle puisse dire pourquoi et elle détourna les siens. S’allongeant sur le sac, elle se replongea dans ses réflexions en évitant de regarder le félin gris. Le balancement du sac contre la hanche de Kaâr berça lentement mais surement l’aldryde allongée dessus. Celle-ci s’endormit sans s’en rendre compte. Un rêve s’invita dans son sommeil.

Elle était dans une clairière, elle sentait qu’un danger la menaçait. Elle ne savait pas d’où il venait, mais elle était certaine que la forêt la protègerait. Seulement elle n’arrivait pas à s’approcher des arbres, chaque fois qu’elle pensait les atteindre, ils reculaient brusquement. La panique s’empara de l’aldryde qui se mit à courir. Soudain elle vit des yeux vert émeraude entre les arbres. Carméïa changea brusquement de direction pour aller dans celle opposée aux effrayants yeux vert. Elle courait à en perdre haleine et ses jambes commençaient à la lâcher. Elle entendait quelque chose courir derrière elle mais elle ne voulait pas se retourner, sinon elle mourrait elle en était persuadée. Soudain elle fut soulevée de terre, elle hurla et ferma les yeux.

Lorsqu’elle les rouvrit, elle était en sueur allongée sur le sac de Kaâr toujours en train de marcher sur le sentier vers Lùinwë. Peu à peu sa respiration se calma et elle se redressa. La lumière avait beaucoup diminuée depuis qu’elle s’était endormi, elle estima que l’heure du repas était proche. Elle se rendit aussi compte que les arbres étaient plus éparses et plus petits qu’au cœur de la forêt. Après le rêve qu’elle venait de faire l’aldryde n’était plus très sûre de vouloir quitter l’abri des arbres. Kaâr voyant qu’elle était réveillée lui dit qu’ils approchaient de l’orée de la forêt. Il avait prévu qu’ils dorment dans une clairière pour être à l’abri du vent pour la nuit. Ils arrivèrent bientôt en vue d’une clairière et s’y installèrent. L’air étant déjà frais ils mangèrent blotti les uns contre les autres sous la couverture de Kaâr. Une nouvelle fois Carméïa mangea une baie de byëller, elle commençait à s’en lasser. (J’aurai du prendre autre chose...) Gripoil se jeta sur le morceau de viande que Kaâr lui destinait. Celui-ci en pris un autre morceau pour lui et y ajouta une carotte et quelques radis qui trainaient au fond de son sac. Etant tous fatigués ils ne tardèrent pas à se coucher et comme la nuit précédente Gripoil s’enroula autour de l’Aldryde.


Le troisième jour

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Lun 30 Jan 2012 21:46 
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meurtre

Il venait de tourner la tête. C'était un mouvement discret, qui ne lui permettait toujours pas de voir son visage, mais c'était beaucoup plus que ce qu'il avait fait jusque là. Prenait-il confiance en elle peu à peu ? Evangelina n'en savait rien, mais ce simple geste la rassura. Elle n'était pas la seule pour se battre contre cette menace qu'elle devait détruire. Elle n'était pas la seule à devoir se battre pour son rêve.

Puis l'inconnu fit un signe de la main, que l'Aniathy prit plus pour une invitation que pour un ordre. Une invitation à le guider vers l'homme qui pouvait les aider, vers Aënith. Evangelina sourit légèrement, puis se tourna vers Larhe. Et à sa grande surprise, il était en train de fouiller le corps du prêtres. Il semblait chercher quelque chose qu'il trouva finalement, puis se releva et se dirigea vers sa compagne.

Larhe lui tendit ce qu'il venait de trouver. Un parchemin, scellé des des côtés et apparemment ayant déjà vu passer devant lui quelques hivers. Evangelina regarda le parchemin puis les yeux de son compagnon.

"Il s'agit de la clef pour ouvrir les souterrains. Le prêtre a dit qu'il l'avait toujours sur lui et qu'il était l'unique moyen d'ouvrir ces souterrains."
"Oh, merci Larhe."
"Ecoutes... Je t'aime Evangelina. Je ne sais pas où tu vas, ni quel chemin tu empruntes, mais je te suivrais partout. Cependant... Fais attention, certaines choses sont vraiment dangereuses, et certaines actions le sont tout aussi."

Larhe avait parlé doucement, mais sans volonté de cacher ses dires à l'inconnu. Celui-ci ne bougeait pas, comme à son habitude.

"Je t'aime aussi Larhe. Et ne t'inquiètes pas, tout ira bien."

Evangelina ferma les yeux et posa ses lèvres sur celles de son compagnon. Plusieurs secondes s'écoulèrent, pleines de sensations sublimes et de sentiments, puis l'Aniathy se retira.

"Allons-y, le soir commence à arriver."

Les deux Aniathys se mirent donc en route, s'éloignant du temple de Yuimen sans se rendre compte des yeux apeurés mais témoins qui se cachaient derrières une des statues. L'inconnu les suivit sans bruit, si bien même qu'ils se retournaient parfois pour être sûrs qu'il les suivait toujours. Le voyage se passa bien, pendant près d'une demi-heure.

Les trois voyageurs marchaient le long de l'orée de la forêt, suivant la route qui menait vers Lùinwë. Il commençait à faire sombre et les Aniathys étaient de moins en moins rassurés. Ils n'entendaient toujours pas l'inconnu qui les accompagnait mais savaient qu'il était toujours là. Cependant, ce qu'il ne savaient pas, c'est qu'il n'était pas seuls, et que des yeux les regardaient à travers les arbres. Et ses yeux s'approchaient silencieusement...

Evangelina ne les vit pas, mais elle sentait au fond d'elle que quelque chose était différent. C'était comme dans le temple, elle sentait ce qui l'entourait, faiblement, sans parvenir à discerner quoi que ce soit. C'était sûrement la magie qui l'habitait qui lui faisait ressentir tout ça, et cela la fatiguait plus qu'autre chose.

Ce fut Larhe qui les aperçut en premier, alors que leur propriétaire sortait en courant de la forêt. Il poussa Evangelina sur le côté pour la protéger et l'animal le percuta de plein fouet, le faisant tomber au sol, retenant de toutes ses forces la mâchoire de la créature. Evangelina poussa un cri alors qu'elle voyait la créature se débattre pour toucher sa cible. Elle essaya de se reprendre alors que la magie qui l'habitait se mettait à bouillonner.

Et soudain, il y eut un craquement. Larhe n'avait pas réussi à contenir la créature qui venait de refermer ses mâchoires sur son bras.

"Larhe !!!!"

Ne pouvant ressentir de douleur, Larhe n'hurla pas, cependant la créature, elle, fut particulièrement surprise. En effet, ni chair fraiche, ni sang, ni muscle tendu ne s'offrit à sa langue. Seulement du bois, principalement. Et apparemment elle ne s'y attendait pas. Elle sauta en arrière eu feulant bruyamment, plus fortement qu'un chat ordinaire. Son museau huma l'air qui l'entourait, ses yeux reflétant la faim de sang qui semblait l'animer. Puis elle se tourna vers l'inconnu, tous les muscles tendus, prêt à se lancer.

Soudain, Evangelina se reprit, et repensa à ce que lui avait dit le père d'Aënith. Il fallait qu'elle se concentre, qu'elle apprenne à utiliser la magie qui était en elle. Elle ferma les yeux, se concentrant de toutes ses forces sur cette puissance qui tournoyait en elle. C'était difficile, car elle était vraiment incontrôlable. Mais au bout de quelques secondes, elle parvint à en maitriser une infime partit, qu'elle focalisa tout de suite vers son serre-tête. Ainsi elle parvint à la contrôler et tout changea. Tout semblait se calmer, l'Aniathy se sentait plus forte, plus puissante.

Elle rouvrit les yeux. Pendant un instant, tout semblait arrêté, et elle put étudier la créature. C'était une sorte de grand rat blanc, plus poilu et plus beau, avec de long poils drus sur le cou. Mais surtout, ses lèvres relevées laissaient apparaitre deux rangées de dents fines et aiguisées. Et ses yeux étaient rivés sur l'inconnu. Au moment où la créature détendit ses muscles, Evangelina libéra l'infime partie de magie qu'elle contrôlait. Cette magie, elle ne pouvait en faire qu'une seule chose, le seul pouvoir qu'elle ait jamais utilisé.

Une ombre noire s'élança vers la créature et l'enveloppa avant de disparaitre. La créature s'affala sur le sol, comme ayant raté son saut. Puis elle se releva. Elle semblait tout d'un coup fatiguée, déprimée.

Malheureusement, elle avait toujours faim, et ce n'est pas sa perte de force et de vigueur qui allait l'empêcher de manger. Elle s'élança donc de nouveau vers l'inconnu, même si ses capacités étaient amoindries.

Et Evangelina n'avait plus le temps de maitriser sa magie...

Ceux qui sont seuls

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Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...

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« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. »
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Dernière édition par Evangelina le Sam 11 Fév 2012 23:19, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mar 31 Jan 2012 00:57 
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L'Aniathy avait accepté de le guider et prenait désormais la route. Voila déjà une bonne chose de faite. Il ne restait désormais plus qu'à arriver à bon port, ce qui en soit, n'était pas des plus aisé. Quoi que, cette région-ci était moins dangereuse que celle d'où venait Farrell, mais les apparences sont bien souvent trompeuses, aussi valait-il mieux rester sur ses gardes et ne pas se relâcher trop vite.

En parlant de prudence, Fear pu constater que la deuxième poupée, du nom de Larhe à ce qu'il avait compris, avait fouillé le corps du prêtre mort et trouvé une sorte de parchemin scellé sur ses cotés. Intéressant. Et à en juger par les dires de l'être de bois mâle, il s'agissait d'une clé qui devrait permettre l'ouverture d'un souterrain. Il se demanda bien un instant de quel souterrain il pouvait s'agir quand il se réprima soudainement. Après tout, il ne devait savoir que ce dont il avait besoin de savoir, et ce souterrain n'en faisait pas parti.

Cependant, il constata qu'une de ses précédentes réflexions était correcte car ces deux êtres semblaient s'aimer, profondément. L'art d'aimer et d'être aimé ... Pour Fear, c'était une science à part entière avec laquelle il ne semblait pas beaucoup s'entendre. Cela dit, il ne la réprimandait pas. Aussi, si ces deux êtres étaient heureux ainsi, tant mieux pour eux, se disait-il.

Finalement, les deux Aniathys se mirent en route suivit d'assez près par le guérisseur noir. Ce dernier les suivait calmement et en silence, sans faire le moindre mouvement, le moindre bruit qui aurait pu perturber sa froideur naturelle. Il les suivait, le long de l'orée de la forêt, tout simplement, l'esprit absorbé par ses prières. Il avait encore mal au nez et il avait de nombreux hématomes, certes dissimulés par ses habits, mais bien douloureux. Cependant, il ne prit pas la peine de se servir de ses capacités pour se rétablir. Son corps était capable de se soigner tout seul, il ne fallait pas l'habituer à la solution de facilité.

En réalité, il était tellement absorbé par ses prières qu'il n'avait pas remarqué cette présence étrangère et peu commode qui pesait sur les trois voyageurs depuis le départ du temple et il ne la remarqua d'ailleurs que lorsque qu'elle se manifesta clairement en tentant d'attaquer Evengelina. Mais Larhe semblait avoir été plus rapide et c'était substitué à sa compagne en la poussant sur le coté. Manque de chance, c'est lui qui fut attaqué et mordu au bras par cette sorte de gros rat blanc.

Fear emmargea alors de ses pensées, en s'immobilisant sans plus d'étonnement. Le Rat s'était cependant retiré de sa proie, après lui avoir cassé son bras, peut-être ne l'avait-il pas trouvé à son gout mais, chose dont il ne pouvait se permettre de passer outre, cette créature s’intéressait désormais à lui. Farrell ne bougea pas plus que précédemment. Il resta immobile, accoudé à son appuis.

L'Aniathy femelle réagit et, comme pu le constater le guérisseur noir, cette dernière se servit d'une magie peu commune pour fabriquer une ombre qui vint submerger l'animal avant de se dissiper. Elle semblait l'avoir affaiblis. Fear semblait cependant indifférent à tout ce qu'il était en train de se passer alors qu'il était directement menacé. Les deux êtres de bois semblaient se débattre comme ils le pouvaient pour repousser cet agresseur mais, Farrell ne faisait rien ... Ou du moins, pas tout à fait rien car en réalité, il était en train d'observer le gros Rat. Il avait déjà vu une illustration de cet animal dans un des livres de l'ancienne bibliothèque du temple et il avait également vu à quel point ce Ratissa pouvait être fragile et dangereux en même temps ... L'important était de ne pas tomber entre ses dents aiguisées.

Qu'attendait-il alors ? Que le Ratissa attaque en premier ? En fait, il n'avait même pas eu besoin de le lui demander car ce dernier, après un moment d'inertie, fonça à vive allure sur lui, la mâchoire bien ouverte et les griffes bien sorties. Fear ne réagit pas plus qu'avant, ou du moins, il attendit la dernière seconde pour se défendre.

Lorsque le Rat lui sauta dessus comme pour le mordre, il se servit de son bâton pour repousser l'animal en le lui faisant mordre dans sa longueur. Le Ratissa remua, secoua sa tête et essaya même de faire perdre prise à Farrell mais en vain. Il eut donc pour réaction de relâcher le bois avant de recharger une fois de plus. Mais le guérisseur le l'accompagna dans son envol par un coup de bâton, assez précis pour viser ses côtes, et assez fort pour le faire dévier.

L'animal retomba sur le coté mais ne tarda pas à se relever à revenir une fois de plus et cette fois-ci, Fear n'eut pas le temps de parer son attaque. Il tomba au sol, sur le dos, mais parvint de justesse à glisser son appuis entre les mâchoires du Rat et ainsi, de le tenir hors d'atteinte. Mais, cet animal était doté d'une certaine force et Farrell, déjà épuisé, avait du mal à lutter contre lui. Le Ratissa, furieux de ne pouvoir le mordre, le griffa au thorax, déchirant son habit par une longue ouverture et perforant sa chair en assez bonne profondeur.

Fear gémit discrètement sous la douleur, mais se retint de hurler. Il n'en était pas question. Finalement, il lui glissa un coup de poing à la tête pour le déloger et l'envoya sur le coté. Désormais libéré de son emprise, Farrell tenta de se relever mais au moment où il contracta ses muscles, il se souvint de la récente blessure que venait de lui affliger l'animal ... Et aussi de la douleur que provoquait cette dernière.

Retenant un hurlement, il s'aida de son appuis pour se relever et il eu tout juste le temps d'esquiver une nouvelle attaque. Le ratissa se réceptionna cependant bien et fit un demi-tour sec, bondissant de nouveau sur lui. Mais Fear fut plus rapide et il lui glissa un coup de manche sous le menton, stoppant son avancée et le faisant même revenir en arrière.

L'animal retomba sur son dos mais ne semblait pas pour autant épuisé. Il se releva encore et fonça de nouveau. Cette Aniathy ne l'aurait-elle pas par hasard enragé ? Peut-être, mais la situation ne prêtait guère à ce genre de réflexion, il fallait agir et vite. Mais cette simple question fut erreur monumentale ! Le Ratissa s'agrippa au guérisseur en plantant une fois de plus ses griffes dans la chair de son abdomen, déchirant cette dernière, puis lui mordu violemment l'épaule droite, provoquant dans une effusion de sang, une profonde déchirure du muscle.

Farrell avait du mal à résister à la douleur mais il se contint. L'animal agitait sa tête et ses dents dans la plaie, lacérant la chair du guérisseur plus qu'elle ne l'était. Fear, cependant et peut-être par réflexe, imita l'animal et, du fait de sa proximité avec sa mâchoire, le mordu jusqu’au sang. Le Ratissa rugit mais lâcha prise rapidement, retombant alors au sol tout en ayant eu le réflexe de le griffer au visage. Farrell était blessé à l'épaule et n'était plus en mesure de s'en servir, il en était désormais de même pour l'animal qui était lui aussi privé d'une de ses pattes.

Il eu un moment de face à face où l'Homme et la bête semblaient se défier du regard mais finalement, le Ratissa chargea de nouveau. Qu'avait-il à s'obstiner contre lui ? Fear n'en savait pour le moment rien. Il savait juste que l'un d'entre eux ne survivrait pas et il n'avait pas du tout l'intention de mourir maintenant. Le Rat fit un bond, mais cette fois-ci, il s'accrocha à la jambe droite de Farrell, en y plantant ses griffes en profondeur, et le mordu au bas de la cuisse.

Fear n'était pas parvenu à esquiver son attaque ... Il posa un genoux à terre, mais eut cependant une idée assez inventive. En un geste d'une rapidité exemplaire, il coinça l'extrémité de sa maigre canne sous son talon et, par pression, cassa le bas du bois qui se fendu en une sorte de lame plutôt aiguisée. Rapidement, et sous la pression de la douleur, il se saisit de la queue du Ratissa et l'éleva dans les airs. On pouvait clairement constater la chair s'étirer à mesure que le guérisseur noir " tendait " l'animal. Fear avait mal, très mal. Mais alors que le Rat était sur le point de déchirer un morceau de son muscle afin de le déguster, Farrell planta son bâton dans le dos du Rat blanc, le faisant ressortir de l'autre coté, c'est à dire, par son ventre.

Il venait tout juste de le transpercer et il espérait bien que cela allait suffire. L'animal hurla, si l'on puis dire, s'agita frénétiquement, arrachant au passage un morceau de chair, certes de petite taille mais tout aussi meurtris et ensanglanté, avant de finalement se relâcher et de se taire ... Définitivement.

Le silence était revenu et l'on pouvait désormais entendre la respiration bruyante et serrée du guérisseur noir, qui à ce moment, se contenait pour encaisser sa douleur sans l'exprimer. Il serrait les dents, il avait des plaies sérieuses mais aussi, il perdait dangereusement son sang. Il laissa passer un moment, avant de jeter sa canne fendue au loin, avec l'animal empalé dessus. À ce moment, il tournait le dos aux deux poupées et il constata tout juste qu'avec sa jambe blessée, il allait avoir du mal à progresser. D'autant plus que son appuis était désormais inutilisable !

Que faire ? Se soigner ? Impossible ! Il était bien trop fatigué et affaiblis pour ça ! Il tenta alors de se relever mais à peine eut-il forcé sur sa blessure qu'il retomba immédiatement à genoux. Il observait le sol et pouvait voir que son sang faisait tâche à de nombreux endroit et en quantité non négligeable. Ses habits étaient eux aussi tâchés, trempés même, en plus d'être déchirés à de nombreux endroits. Cela dit, malgré les ouvertures, son corps n'en était pas plus exposé.


" Ce rat n'est pas l'oeuvre du hasard ... "

Pensa-t-il à cet instant, se souvenant alors du patronyme d'Oxymion. Il était donc là, agenouillé et immobile, à reprendre son souffle sans vraiment le reprendre et à perdre son sang goutte par goutte. Il fallait qu'il se soigne, même s'il n'en avait plus la force, il le fallait !

Courbé par la douleur, le bras droit pendant, il se redressa péniblement et réunis ses forces dans un grand effort. Il se mit à incanter, ou plutôt à prier, dans une langue tout aussi incompréhensible et à voix particulièrement basse. Il semblait répéter plusieurs fois la même chose, peut-être une prière. Mais à mesure qu'il la répétait, à mesure qu'il semblait s'affaiblir davantage. Finalement, et avec difficulté, il prononça les derniers mots puis souffla sur sa main gauche avant d'essuyer son visage et ses plaies.

(Utilisation du sort " Souffle de Gaïa ".)


Il put sentir sa propre énergie curatrice circuler en lui, mais, il ne sentit cependant pas tout ses plaies se refermer. Seules son épaule et sa cuisse guérirent, bien trop lentement cependant ... Il était à bout de force et cela se ressentait bien sur sa magie. Il sentit maintenant sa fatigue, déjà grande, s'intensifier d'une manière brutale et soudaine. C'était comme s'il n'avait pas dormis pendant toute une semaine, et qu'il l'avait passé à courir et à se battre sans boire ni manger. Il n'en pouvait plus.

Il sentait alors ses esprits le quitter peu à peu, sa raison s'en aller en même que ses sens s'endormaient. Il allait perdre connaissance et commençait même à chavirer quand il emmargea brutalement de ce long et lent sommeil.


" Ce n'est pas encore le moment ! "

Semblait-il s'insurger dans son esprit embrumé. Il revint malgré tout à lui-même, combattant son propre être, et, dans un dernier effort, se releva, certes péniblement. Il sentait cependant bien encore la vivace douleur que les plaies de son torse lui affligeaient, comme une punition pour avoir voulu rester debout. Son visage aussi le torturait et plus particulièrement, les griffures sur sa joue et sa tempe gauches. Il perdait encore du sang mais c'était déjà bien moins que précédemment.

Désormais debout, il se retourna alors vers les deux poupées. Certes, l'on ne voyait pas son visage mais on pouvait voir le sang rouge qui avait généreusement imprégné ses habits noirs. Il fit quelques pas vers eux, avant de s'arrêter un moment à leur niveau, puis de reprendre la route. Ils n'avaient pas de temps à perdre !



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Dernière édition par Fear Farrell le Sam 15 Juin 2013 19:15, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mar 31 Jan 2012 23:19 
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imprévu

Il ne bougeait pas. L'inconnu restait là, sans bouger, devant la créature qu'Evangelina ne connaissait pas. Pourquoi ne bougeait-il pas ? La créature était affaiblie et vulnérable. Il était vrai que lui aussi semblait fatigué, mais était-il vulnérable ? L'Aniaty n'eut pas vraiment le temps d'argumenter, la créature venant de s'élancer vers sa nouvelle cible, qui ne bougeait toujours pas, appuyé sur son bâton.

Evangelina ne pouvait pas le laisser comme ça se faire attaquer par la créature de 70 cm qui courrait vers l'inconnu. Elle s'élança elle aussi, mais s'arrêta rapidement en voyant la rapidité et l'aisance avec laquelle l'inconnu réagit. Il fit un pas sur le côté et plaça son bâton sur la trajectoire de la créature. Celle-ci mordit à pleine dents dedans et, pour la seconde fois en peu de temps, dû être déçue.

Voyant que l'inconnu semblait de taille à affronter la créature, l'Aniathy se retourna vers Larhe qui était assis sur le sol, tenant son bras brisé.

"Larhe, ça va ?!", demanda-t-elle en s'agenouillant à côté de lui.
"Bah ça va, mais il est cassé..."

Evangelina regarda de plus près le bras de son compagnon. La manche était réduite en lambeaux et le membre était salement amoché. il n'était pas complétement cassé mais Larhe ne pourrait visiblement pas s'en servir tant qu'il ne serait pas réparer. Le bois était déchiqueté et des échardes pointaient dans tous les sens. Evangelina réfléchie quelques instant.

"Tu as mal ?"
"Non. Je ne le sens pas vraiment. Ça fait plus comme un manque... Et je peux plus le bouger..."
"Ah... Il faut que tu le garde contre toi le temps qu'on arrive chez Aënith."
"Oui, je vais éviter de trop le faire se balancer. Il..."

L'Aniathy n'eut pas l'occasion de finir sa phrase. Un bruit sourd et un choc bref se firent entendre derrière Evangelina, qui se retourna, prête à se relever au moindre danger.
La créature venait de rouler sur le sol, et l'inconnu était au sol, tentant difficilement de se relever. Son thorax ruisselait de sang frais et ses vêtements avaient vraiment souffert. Lorsqu'il se releva, il était clair que sa blessure le faisait souffrir, même s'il n'émit aucun bruit, aucun gémissement. La créature, elle était prête à renouveler son assaut et Evangelina ne savait pas quoi faire. Elle se releva et décida de tenter de nouveau d'utiliser sa magie.

Elle se concentra de nouveau, fermant les yeux pour ne pas être perturbée par ce qui se déroulait devant elle. Elle rechercha en elle la magie qui l'habitait, facile à discerner, puis s'en approcha pour essayer de la contrôler. Mais il se passa quelque chose auquel elle ne s'attendait pas. La voix lui parla, cette voix qui la guidait, cette voix dont elle ignorait la source.

"C'est son combat... Il doit s'en sortir seul..."

Cette soudaine phrase la surprit et brisa complètement sa concentration. La magie qui l'habitait, qui se défendait contre son contrôle, s'éveilla et la repoussa violemment. L'Aniathy tomba à genoux et s'écorcha légèrement la main, sans gravité. Elle secoua la tête.

"Pourquoi ?"

Elle releva la tête et vit l'inconnu en mauvaise posture, encore plus blessé qu'auparavant. Il était à genoux, ruisselant de sang, les dents de la créature plantées dans la cuisse. Malgré l'agitation du combat, son visage demeurait invisible. Cependant, le sang qui s'en écoulait ne l'était pas, et son état de fatigue non plus.

"Pourquoi... seul ?"

"Certains ne vive que dans un but, et sont les seuls qui peuvent l'accomplir. Aide le et tu ruineras son rêve, sa vie, ses sacrifices..."

La voix avait à peine fini sa réponse que l'inconnu réagissait de nouveau et puisait des forces là où lui seul les voyait. Il parvint à surmonter la douleur, à briser son bâton et à empaler la créature dessus. Du sang salit le pelage blanc de la victime qui se débattit quelques secondes avant de succomber. Du sang beaucoup plus abondant maculait les vêtements de l'inconnu qui semblait vraiment en mauvais état. Il donnait vraiment l'impression qu'il allait s'effondrer, mais n'en fit rien.

Evangelina se leva doucement, sans quitter l'inconnu des yeux. Son compagnon s'était lui aussi relevé, et se tenait le bras pour qu'il ne bouge pas trop. L'inconnu lui semblait essayer de résister contre le sommeil. Apparemment il y parvint, et prononça un murmure que les deux Aniathys ne purent discerner plus que comme un simple bruit. Puis il passa sa main sur ses blessures les plus importantes. Cela semblait lui faire du bien, mais en même temps le fatiguer encore plus.

Soudain, il jeta son bâton au loin, puis se dirigea vers les Aniathys. Il eut un court arrêt près d'eux, puis repartit comme si de rien n'était, doucement, claudiquant mais résigné.

Les deux Aniathys se regardèrent puis se mirent en marche eux aussi, repassant vite devant leur mystérieux invité mais restant près de lui, simplement au cas où il se sentirait plus mal qu'il ne l'était déjà.

La suite du voyage se passa sans encombres. La nuit commençait à venir et les alentours de la ville de Lùinwë étaient plutôt vide. La foule de réfugiés avait en grande partie disparue, même si la route avait gardé trace de leur passage. L'inconnu ne semblait pas se demander ce qu'il se passait ici, peut-être le savait-il déjà, peut-être n'en avait-il cure. Ou peut-être se le demandait-il, mais ne le montrait pas. Les deux Aniathys ne parlèrent pas, préférant garder le silence pour ne pas se faire surprendre une seconde fois. Puis ils arrivèrent enfin à destination. Le manoir des Kenilwär.

Pénéloppe

_________________
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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Dim 12 Fév 2012 16:19 
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Le deuxième jour

Le troisième jour

Carméïa fut réveillée par le froid humide du brouillard matinal. Des gouttes d’eau s’accrochaient à ces cheveux et à ses vêtements. Elle commença par se serrer un peu plus contre Gripoil puis sentant qu’elle ne réussirait pas à se rendormir, elle s’extirpa de la couverture. Elle se dégourdit les jambes en faisant quelques pas dans l’herbe. Elle ne voyait pas très loin dans l’humidité ambiante. Cela la mettait un peu mal à l’aise. Elle voulut danser pour se rassurer mais ce n’était pas pareil sans son aile. Elle ne pourrait pas donner la pleine mesure d’elle-même malgré la guérison de ses bleus et courbatures mais elle s’en contenta.

Elle trouva un coin dégagé et ferma les yeux pour se concentrer. Elle cherchait un rythme dans les bruits de la forêt pour guider sa dance. La première chose quelle perçut fut la respiration endormie de Kaâr. Un rythme lent régulier. (Ca peut aller.) Droite, elle inspira profondément, expira et commença à bouger lentement. Ses bras remontèrent en douceur jusqu’à l’horizontale. Se laissant porter par le souffle de Kaâr, elle écarta sa jambe droite et fléchit la gauche. Son bras gauche s’arqua jusqu’à ce que sa main soit à l’aplomb de sa tête. Elle bascula son poids sur sa jambe droite et se mis sur la pointe du pied. Elle voulait déployer ses ailes, mais la gauche protesta et Carméïa renonça à s’envoler. Elle continua cependant à se mouvoir au rythme lent imposé par Kaâr. Elle était à la limite de la transe et ne sentit pas le temps passer. Elle n’arrêta de danser que lorsque la respiration de l’elfe se modifia, annonçant son réveil. Elle ouvrit les yeux et découvrit que la brume c’était dispersée. Le soleil faisait scintiller les gouttes de rosée posées sur les plantes de la clairière. Carméïa se sentait plus calme et détendue. La danse lui avait fait du bien, elle était prête à affronter la journée.

Kaâr bougea sous la couverture en dérangeant Gripoil qui feula de mécontentement. Le chat s’ébroua et s’en alla en direction des plaines. L’elfe se leva, les yeux ensommeillés. Il replia maladroitement la couverture et entama une pomme. Carméïa s’assis à côté de lui et mangea une fois de plus une baie de Byëller. Ils mangèrent en silence, écoutant le chant des oiseaux qui s’éveillaient. Une fois fini leur repas, ils se remirent en route.

« - Alors prête à découvrir les grands espaces ?
- Je ne suis pas sûre... ça me fait peur.
- Pourquoi ?
- Je... Comment s’y cache-t-on ? Qu’y mange-t-on ? Qu’est qu’il y a comme créatures dedans ?
- Ne t’inquiète pas. Tu n’as rien à craindre. L’herbe doit être assez haute pour te cacher et les bêtes ne sont pas plus dangereuse qu’en forêt. Et puis c’est magnifique. On y arrive, regarde.
- Woua ! »

Derrière le rideau des arbres Carméïa put voir une immense étendue d’herbes dorées illuminées par le soleil levant. Rien n’arrêtait son regard, elle n’avait jamais pu voir le ciel dans son ensemble. Son immensité l’effrayait autant qu’elle la fascinait. Elle n’avait jamais eu un champ de vision aussi dégagé. Elle n’arrivait pas à embrasser toute la scène du regard. Elle ne pensait pas que l’herbe pouvait prendre de telles couleurs, du rouge au doré en passant par toute une palette de verts chatoyants. Elle était subjuguée par le paysage qui s’offrait à elle. Rien de ce qu’elle avait vu jusqu’à présent ne rivalisait avec cette vue. Quelques collines cassaient la ligne de la plaine.

« - Alors ? Qu’en penses tu ?
- C’est ... c’est immense ! Je ... c’est impressionnant ! On voit jusqu’où ? Je vois pas de ville. Qu’est ce qui bouge dans l’herbe là-bas ?
- Je crois que c’est un lapin qui s’enfuit. On ne verra la ville qu’en début d’après midi et on devrait l’atteindre avant la tombé de la nuit.
- Je savait que le monde était grand mais le voir, c’est autre chose...
- C’est vrai que tu n’as jamais quitté la forêt. On continue ?
- Oui allons y. J’ai hâte de voir Lùinwë et la mer. Surtout si c’est aussi beau que les plaines. »

Kaâr sourit et repris la route, Gripoil à ses côtés. Celui-ci disparu quelques instants plus tard dans les hautes herbes. Cependant Carméïa ne s’en aperçut pas, elle était trop occupée à dévorer le paysage des yeux. Elle se rendait compte au fur et à mesure de leur progression que la plaine était aussi riche de vie que la forêt. La seule différence était que la vie aérienne était moins visible et que les petits animaux creusaient la terre pour se cacher, au lieu de creuser les arbres. Elle reconnut aussi quelques animaux de la forêt : des sarnas, quelques moineaux et pies, des lapins aussi et des renards. Cela la rassura, elle n’aimait pas ne pas savoir quels animaux vivaient dans ce milieu. Elle voulait savoir à quels risques elle s’exposait. Carméïa s’abîmait tant dans ses réflexions et dans le paysage qu’elle s’étonna de sentir Kaâr s’arrêter.

Il était déjà l’heure de manger et l’elfe vert avait repéré un coin d’herbes plus basses où il commença à s’asseoir. Carméïa sauta à terre et s’assit à côté de lui. Il entama une carotte et sortit deux morceaux de viande séchée. L’aldryde sortit une fois de plus une baie de son sac et bu quelques gorgées de miel. Gripoil vint se joindre à eux avec une souris dans la gueule. Il la dévora avec appétit sous l’œil horrifié de Carméïa, qui s’éloigna de lui le plus possible. (Comment peut-il manger ça ?) Une fois que tous eurent fini de manger, ils se remirent en marche. Au bout d’une heure Carméïa aperçut une large bande bleue à l’horizon. Kaâr lui appris que c’était la mer. Il lui désigna également la tache sombre à la limite de la terre et de l’océan et l’informa que c’était Lùinwë.

A partir de ce moment là, Carméïa regarda la tache sombre de Lùinwë s’agrandir. Au début elle ne distingua pas grand-chose. Puis au fur et à mesure qu’ils se rapprochèrent, elle commença à voir les différents bâtiments de la ville. Elle aperçut d’abord les hauts murs de pierre entourant la cité. Sur un des côtés, elle remarqua un endroit d’où s’envolait de drôles de choses. Des gens semblaient entrer et sortir de ces étranges objets. De son point de vue, elle ne pouvait voir les autres bâtiments dans la ville, seulement les parties qui dépassaient des murs d’enceinte. En se rapprochant plus, elle réussit à distinguer plusieurs portes qui permettaient d’entrer dans la ville. Elle continua à détailler cette étrange ville de pierre. Soudain Kaâr se figea et demanda à Carméïa de se cacher dans son sac.

Une personne s’approchait, un elfe bleu, en venant de la ville. L’aldryde se dépêcha de rentrer dans sa cachette. Kaâr l’avait prévenue lors du repas de midi que les marchands seraient très intéressé par elle. Il pensait qu’ils n’hésiteraient pas à la vendre cher car il était rare de rencontrer une aldryde et beaucoup de monde ne les considérait que comme une légende. Alors une en chaire et en os se vendrait à pris d’or ou pourrait être montrer dans un cirque. Carméïa était horrifiée à cette idée et avait accepté de ce cacher dans la ville. Elle ne réussit pas à trouver de position confortable dans le fouillis du sac. Elle finit par se mettre à genoux en laissant sa tête dépasser du sac. L’elfe s’arrêta pour discuter avec Kaâr. Il se rendait au temple de Yuimen pour prier. Kaâr lui dit que lui était marchand et qu’il se rendait à Lùinwë pour vendre des livres. Ils se séparèrent rapidement et Kaâr repartit vers la ville. Il prévint Carméïa qu’il leur restait encore une demi heure avant d’atteindre Lùinwë. Cette demi heure passa rapidement. Carméïa la passa à regarder les murs se rapprocher et les habitants entrer et sortir de la ville.


L'horreur de la guerre

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