Une belle âmeEvangelina se sentait mal. Larhe semblait à la fois inquiet pour elle et en colère contre l'inconnu qui l'avait abordé.
Ce dernier ne répondit pas à la question de Larhe, comme Evangelina s'y attendait. En fait, il l'ignora complétement, préférant ce concentrer sur le prêtre de Yuimen duquel il s'approcha.
Larhe fit mine de le suivre mais sa compagne le retint par le bras. Il ne devait pas y aller. Il devait le laisser seul, cet homme n'avait besoin de personne. Et surtout, il était capable de tuer qui il voulait. L'Aniathy lut tout cela dans le profond regard de sa compagne. Mais comment pouvait-elle le savoir ? Evangelina elle même ne le savait pas. Ce qu'elle savait, c'est que à l'approche du prêtre, la sombre magie qui l'habitait s'était éveillée, doucement, sans l'envahir. Mais sa présence était de plus en plus perceptible, et l'Aniathy ressentait de plus en plus de chose.
Elle percevait des choses chez cet inconnu qu'elle n'avait pas perçu avant. Elle sentait de la colère, de la peine aussi, et un désir de vengeance qui semblait guider l'inconnu. Elle sentait de l'arrogance autours du prêtre, et du mensonge. Elle sentait aussi quelque chose de plus fort, quelque chose qui semblait soutenir l'inconnu, quelque chose de très puissant qu'il devait sûrement ressentir, ou du moins connaitre son existence. L'Aniathy ne put mettre un nom sur cette chose, mais elle sentait que c'était important, très important dans la vie de l'inconnu.
Soudain, Le prêtre parla. Il semblait hautain, sûr de lui.
"Je peux vous aider ?"L'inconnu fit comme il faisait depuis qu'Evangelina lui avait adressé la parole, il attendit. L'atmosphère s'était alourdie, Larhe était sur ses gardes mais ne bougeait pas, la main d'Evangelina serrant toujours son poignet. La magie qui habitait l'Aniathy s'amplifiait lentement, et l'Aniathy se sentait imbattable, sans peur, sans adversaire à sa taille.
"Du sang et des larmes... Ainsi est-il né... Ainsi sauvera-t-il ton monde..."Il y eut une déferlante de magie dans son corps et Evangelina sentit la pierre de sa nuque commencer à chauffer. Elle perdu le contact avec se qui l'entourait, ne sentant plus que la poignet de Larhe. Un sentiment de puissance l'envahit et elle ferme les yeux. Puis elle les rouvrit. Tout avait changé, le monde qui l'entourait était mouvant, comme s'il était composé de fumée. Aux sensations qu'elle ressentait distinctement maintenant, elle compris qu'elle était toujours au même endroit. Cependant elle ne voyait plus ce qui l'entourait, seulement des volutes de différentes intensités, légèrement teintées. Puis tout disparu de nouveau, sans qu'elle est le temps de réfléchir à ce qu'il se passait. Elle se retrouva au même endroit qu'avant la vision, sauf qu'il semblait s'être passé quelque chose.
"Mais aidez-moi au lieu de ne rien faire vous !""Son sacrifice est utile, le sauver serait vain."L'inconnu tenait fermement le prêtre à la gorge. La colère qui émanait de lui frappait Evangelina de plein fouet. la magie qui l'habitait semblait réagir à cette assaut et s'amplifia. Mais L'Aniathy lutta contre elle pour qu'elle reste en place. Larhe s'élança vers le prêtre mais sa compagne le retint de nouveau.
"Son...sacrifice... Il faut... le laisser... faire."Larhe se retourna pour regarder Evangelina.
"Quoi ?""Laisse-le... mourir."Larhe ne semblait pas en revenir, mais l'Aniathy faisait dorénavant entièrement confiance en la voix qui la guidait, et lui obéit sans rechigner. Elle ne comprenait pas en quoi la mort de cet homme pouvait l'aider, mais peut-être aiderait-il l'inconnu qui l'aiderait elle.
"Il nous avait prévenu de votre visite en plus ... Bien à l'avance. Je ne sais pas comment il le savait mais il ne s'était pas trompé. Normalement, je n'aurais rien du vous dire, c'était convenu comme ça."L'inconnu n'était donc pas inconnu ici, ce qui signifiait que son apparition dans ce temple n'était pas due au hasard. Qui était-il donc ? Et que faisait-il ici ?
"Voila, vous êtes au courant maintenant ... C'est pas comme si je ne vous avais rien dis. J'avais pas le choix. Cette révélation vaut bien la preuve de ma sincérité ?""Tu dois le suivre. Il sera ton fourreau et tu seras la lame..."Evangelina fut suprise par la voix qu'elle était la seule à entendre. Pourquoi lui disait-elle tout cela ?
Et soudain, coupant l'Aniathy dans ses réflexions, l'inconnu attrapa le prêtre par le cou et commença à l'étrangler. Voyant que son compagnon voulait l'aider, Evangelina s'interposa.
"Il va... mourir. Ce sacrifice sera utile... pour moi.""Qu'est-ce qu'il t'arrive Evangelina ?""J'ai compris ce que veulent mes visions... Mon bonheur, ma puissance... Je dois l'écouter pour y arriver."Larhe la regarda avec un étonnement certain, alors que des bruits sourds se faisaient entendre à quelques pas, alors que le prêtre se débattait. L'Aniathy se sentait étrange, mais savait qu'elle devait suivre l'inconnu. Pourquoi elle ne le savait pas, mais la voix lui montrait le chemin, et lui montrait des choses qu'elle ignorait. Ou pouvait être le mal de ne vouloir que son bonheur.
"Viens avec moi, nous serons heureux, tous les deux..."Un bruit sourd plus fort que les autres se fit entendre, le corps du prêtre venant de tomber au sol, inerte. Larhe resta immobile quelques secondes avant de s'élancer vers le corps, alors que l'inconnu se retournait vers la grande route.
Evangelina hésita, regardant l'inconnu qui ne lui jeta pas un regard, puis se dirigea vers lui pour l'arrêter. Il ne bougea pas, ne tourna pas la tête, mais s'arrêta sans résister.
"Je... Je vais vous emmener voir Aënith... Il ... Il nous aidera"Devant son incontournable silence, l'Aniathy continua.
"Je... Je ne sais pas qui vous êtes, mais... vous... Je sais que... vous pouvez m'aider à accomplir... mon rêve..."Elle se tut, regardant sans ciller la capuche de l'inconnu...
imprévu
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Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...
Merci à Itsvara
« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. » Jean Ray