Douleur ![Attention [:attention:]](./images/smilies/attention.gif)
Ce post contient des descriptions gores. Âmes sensibles s'abstenir.
Quelque chose de lourd tomba sur sa conscience, du moins sur ce qu'il en restait. Elle était toujours en larmes, ses perles bleutées colorant la pluie dégoulinant de ses cheveux. Elle se retourna doucement, délaissant le corps inconscient du traitre et s'approchant de celui fumant de Larhe.
Il était méconnaissable, noirci et détruit par les flammes. Seule la forme générale de son corps était reconnaissable, ses bras recroquevillés sous lui, ses jambes pliées, presque détachées du corps...
Evangelina tomba à genoux, ses larmes s'intensifiant. Pourquoi devait-il mourir ? De quel droit lui enlevait-on ce qu'elle avait de plus précieux ? Elle sentait en elle un manque, un gouffre si profond qu'elle savait ne jamais pouvoir le remplir.
Et quelque chose s'était brisé, quelque chose qui avait fait d'elle ce qu'elle était, qui avait fait que Larhe l'aime... Son innocence sûrement. Mais elle n'était plus, cette chose qui la rendait heureuse. Il n'y avait plus rien, plus que le vide insondable d'un cœur fermé, et dont la seule clef venait d'être perdue à jamais...
Que pouvait-elle faire maintenant qu'elle souffrait tant, maintenant que son âme n'était que souffrance et errance, que son cœur déchiré libérait tout ce qu'elle avait en elle ? Elle se sentait mal, très mal. Elle n'avait plus rien, et pourtant était encore là. Il n'y avait qu'une solution pour se sentir bien : retrouver Larhe. Elle savait que c'était impossble, que rien ne pouvait le ramener. Mais elle passerait sa vie à chercher ce rien... Elle n'avait plus que ça à faire. Elle tourna le reste de la tête de Larhe et retira la pierre qui perçait sa nuque. Elle était bleutée, et ne brillait plus. Elle la serra dans la paume de sa main, puis la glissa dans son haut en cuir, entre ses seins, au plus prêt de son cœur magique.
Et remplir ce gouffre qui la faisait tant souffrir. Ce gouffre était né dans la souffrance et la mort de celui qu'elle aimait le plus au monde, et seul la souffrance et la mort des autres pouvaient le remplir. Elle le savait, et n'en avait cure. Elle se fichait du bien et du mal, elle se fichait de la vie et de la mort. Plus rien n'avait d'importance, si ce n'était Larhe.
Elle eut soudain un flash. Deux corps emmêlés, de puissantes sensations, le goûts du sang sur ces lèvres...
Pendant ce court instant elle se sentit bien.
"Tu n'as pas le choix..."De toute façon, elle n'avait plus envie de réfléchir sur les conséquences néfastes de ses actes. Elle n'en avait plus le besoin, et cela lui allait très bien. Elle regarda une dernière fois le corps calciné de Larhe, puis se releva et se dirigea vers le traitre. Il allait payer pour son crime. Il allait être l'initiation à sa quête de résurrection, à ce désir d'assouvissement. Il allait périr de sa main, mais elle voulait plus. La mort ne l'aiderait pas. La mort ne la soulagerait pas, ne remplirait pas ce gouffre qui l'occupait. Mais la souffrance, si. La douleur des autres, leurs souffrances, le goûts de leur sang... Elle voulait tout ça, et elle en avait besoin pour ne pas sombrer, ne pas sombrer dans cette folie qui la guettait...
Elle tira le corps du traitre et le hissa péniblement sur la table du salon, poussant préalablement ce qui y trainait, renversant tout au sol. Puis elle monta sur la table et l'enjamba, se mettant au niveau du torse qu'il ne puisse pas la renverser. Puis elle lui mit une puissante claque, puis deux, puis trois.
Le traitre gémit et ouvrit les yeux subitement. Il essaya de se relever mais l'Aniathy l'en empêcha. Il était bien, ce pouvoir que lui offrait sa magie. Cette magie était libre maintenant, elle la sentait en elle, partout, lui donnant la force et la puissance de réaliser son souhait.
"Laissez-moi partir !"Evangelina ne répondit pas. Elle lui remit une puissante claque, le faisant de nouveau gémir.
"Ce n'est pas ma faute ! Ils retiennent ma fille, ils ...""Tais-toi."Sa voix était monocorde, dure, mais avait cependant gardé cette douceur qui la caractérisait... Le traitre ce tut instantanément.
"Je m'en fiche que tu les ais envoyé en prison. Je voulais juste retrouver Fear. Mais tu l'as tué, tu as tué Larhe, et maintenant, c'est toi qui va mourir."Le visage du traitre se décomposa, et il commença à s'agiter. Ses yeux reflétaient la peur qu'il ressentait, mais elle resta impassible. Il ne souffrait pas, et il fallait qu'il parle, qu'il lui raconte tout.
"Pourquoi l'as-tu tué ?""Je.. Ce n'est pas ma faute ! Ils retiennent ma fille et...""Qui ?""Je... Ils vont la tuer si je parle !"Evangelina descendit de la table et lui donna un gros coup de poing dans le ventre. Puis elle alla dans la cuisine et ouvrit tous les placards, jetant violemment leur contenu au sol, jusqu'à ce qu'elle trouve ce qu'elle voulait : un couteau pointu, un épluche-pomme de terre, du sel...
Puis elle revint dans le salon. Le traitre était descendu de la table, une main sur le ventre, et tentait de s'enfuir. Elle fronça les sourcils et s'élança vers lui, le plaquant contre le mur, violemment.
"Écoutes espèce de pourriture, tu vas mourir ici, et tu vas souffrir avant ça.Tu ne reverras jamais ta fille, qui est sûrement déjà morte à l'heure qu'il est."La peur qui se lisait dans ses yeux se transforma en terreur et il commença à se débattre mais il arrêta très rapidement, poussant un hurlement de douleur. Evangelina venait de lui planter le couteau dans la main, la clouant au mur. Du sang commença à s'écouler, rougissant le mur immaculé.
"Vous êtes folle !""Il se pourrait bien... Qui est fautif d'après vous !"La voix d'Evangelina n'était plus douce, mais dure et pleine de haine. Elle appuya sur le couteau, puis le retira dans une gerbe de sang. Le traitre tomba à genoux à ses pieds, tenant sa main ensanglantée et pleurant un torrent de larmes.
"Ils... m'ont obligé ! Ils ont capturé ma fille ! Elle a 6 ans !""C'est jeune pour perdre son père."L'Aniathy lui donna une nouvelle claque, puis écrasa sa main déjà blessée sur le sol. Il poussa un nouveau hurlement entrecoupé de sanglots, et Evangelina ferma les yeux. L'odeur du sang commençait à s'infiltrer en elle, et elle aimait ça. C'était un désir malsain, pervers et immoral, mais elle n'avait plus aucune raison d'être morale...
Elle s'accroupit prêt de lui, approchant ses lèvres aux plus près de l'oreille du traitre.
"Tu n'aurais pas dû le tuer ! On n'avait rien contre toi, mais là, tu t'es mis à dos quelqu'un qui n'a plus ni raison de vivre, ni raison de mourir. Tu viens de te trouver comme ennemi un être qui n'a plus de vie, et qui pourtant n'a pas de repos, quelqu'un qui n'a plus qu'un désir. Et pour cela tu vas mourir.""Je... Je ne veux pas mourir.. J'ai fait... ça... pour elle !""Et elle te le revaudra. Comment s'appelle-t-elle ?""Elle... Saloma... Ne lui faite pas de mal, s'il vous plait ! Elle est innocente !""Je ne lui ferais rien. Je ne rien contre elle... C'est toi que je veux voir mourir, pas elle..."Le traitre ne voulait pas mourir, et ça se voyait. Il essaya de se relever rapidement mais Evangelina le plaqua contre le mur et lui posa le couteau sous la gorge, entrainant l'apparition d'une perle rouge.
"Tu ne bouges pas."Mais il n'obéit pas. Il attrapa le bras de l'Aniathy de sa main valide et tenta de la repousser. Mais elle réagit rapidement, lui bloquant le coude de son autre main, et lui tordant le bras, le forçant à se mettre à genoux. Puis elle donna un coup de genoux dans le coude tordu qui craqua horriblement. Le traitre hurla de nouveau et s'écroula, gémissant. Mais Evangelina n'en avait pas fini. Elle le retourna sur le dos et l'enjamba de nouveau, avant de déchirer sa tunique pour dévoiler son torse, qui s'agitait de manière saccadée.
"Tu ne peux pas t'enfuir. Tu vas mourir ici.""Pourquoi... Pourquoi faites-vous ça ?"Evangelina ne répondit pas mais posa son couteau sur le bas de la gorge du traitre. Elle hésitait. Il fallait qu'il souffre, qu'il expie sa faute autant qu'il le pouvait, car jamais sa souffrance ne réparerait son erreur.
Elle fit glisser la pointe du couteau sur son torse, puis sur son ventre. Et soudain, sans prévenir, elle l'enfonça profondément. Il y eut un hurlement, puis il fut étouffé dans un gargouillement sordide. Du sang gicla lorsqu'elle retira le couteau, et de la blessure s'écoulait un flux de ce liquide vital, jusqu'au sol, s'étalant peu à eu sous le traitre et autours de lui. Du sang avait giclé sur le ventre et les cuisses de l'Aniathy. Mais elle n'en avait cure. Il souffrait, c'était tout ce qui comptait.
Il avait du mal à respirer, la bouche remplie de sang qu'il crachait tant qu'il pouvait. Ce sang coulait sur ses joue et sa gorge, et Evangelina s'enivrait de ses flagrances si voluptueuses. Elle ferma les yeux, laissant ces odeurs s'infiltrer en elle, commencer à remplir ce gouffre qui l'habitait... Il lui en fallait plus, toujours plus.
"Tu as de la chance, ta souffrance ne semble pas m'apporter ce que je veux. Mais ton sang oui... Puis-je me servir ?"Le traitre ne répondit pas. En fait il ne pouvait pas, ses cordes vocales étant noyées dans le sang. Evangelina posa ses mains sur sa poitrine, seule partie visible non ensanglantée, et approcha ses lèvres du visage du traitre.
"Ton sang... Il sent bon, et s'en va sans remords...""Vous... vous êtes... folle !"Il eut beaucoup de mal à dire ça, entre le sang dans sa gorge et la douleur dans ses membres.
"Oui... Et ton sang va me guérir..."Elle était presque collée à lui, susurrant ces derniers mots comme un soupir, doucement, faisant claquer sa langue. Elle posa le couteau à côté d'elle et fit glisser ses doigts sur le visage couvert de sang du traitre, les yeux fermés, respirant les effluves de sang et de peur qui l'entourait. Puis elle glissa son doigt dans le sang du traitre, avant de s'en délecter délicatement.
Le goût était exquis, subtil, et beaucoup plus puissant que la simple odeur du fluide vital. Elle s'en délecta, puis glissa sa langue sur la joue du traitre. qui ne bougeait presque plus. C'était sublime, c'était tout ce qu'elle recherchait, ce désir pervers, intense qu'elle ressentait, ce sang l'assouvissait presque en totalité. Elle n'avait jamais rien ressentit d'aussi bon, d'aussi subtil...
"Mon dieu !"Evangelina releva la tête tout de suite, et vit Liliana, tremblante et horrifiée, paralysée par la peur, se tenant en bas de l'escalier qu'elle n'était pas censée descendre. Le regard dEvangelina était sans équivoque. Et le sang qu'elle venait de boire avait occulté le peu d'humanité qui lui restait, le peu d'humanité qu'elle n'avait pas perdu avec Larhe...
Elle se leva d'un mouvement fluide et rapide, ramassant le couteau ensanglanté au passage, et fonça vers l'elfe qui ne put bouger, paralysée par la vision d'horreur qu'elle venait de voir. Elle ne poussa aucun cri, à peine un gémissement, lorsque le couteau s'enfonça dans sa hanche. Elle s'agrippa à l'Aniathy, essayant de se retenir, mais trop de sang s'écoulait de la blessure, imbibant sa nuisette et coulant sur sa jambe. Puis elle s'écroula sur le sol... Evangelina ne bougea pas pendant quelques instants, le regard sombre, puis se retourna et se dirigea vers le traitre. Elle s'accroupit à côté de lui. Son sang l'appelait, ses effluves l'enivraient, mais elle ne succomba pas. De tout façon, il avait trépassé, son torse ne bougeait plus, un flot de sang se déversait de ses blessures sans être saccadé.
Evangelina baissa les yeux et vit que du sang coulait sur sa cuisse et sur son ventre. C'était celui du traitre qu'elle avait récupéré en s'allongeant. Mais elle n'en avait cure. Il suffirait de se laver et cela ne se verrait plus. Elle se releva et regarda autours d'elle. Mais son regard fut attiré par quelque chose. La fille de Liliana était là, le visage en pleurs, les mains couvertes du sang de sa mère. Elle était à genoux à côté d'elle, serrant son corps dans ses petit bras frêles. Evangelina serra le couteau dans sa main et s'élança de nouveau, mais elle s'arrêta avant d'atteindre la petite fille.
Une once de conscience venait de faire son apparition, éphémère, brève mais présente. Elle vit ce qu'elle venait de faire, et se sentit mal. Ce n'était pas des remords c'était autre chose... Comme une enfance qui vient de disparaitre mais déjà ça commençait à s'estomper...
"Vas-t'en ! Profites, tu seras sûrement la dernière à voir ma pitié ! Fuis !"La petite fille hésita, puis s'élança à travers le salon, frôlant l'Aniathy qui se contrôla. Elle entendit la porte s'ouvrir, puis claquer. Et le silence retomba. Un silence profond, imperturbable. L'Aniathy lâcha son couteau qui tomba sur le sol, brisant le silence de ce son d'après mort. Il fallait qu'elle parte. La petite fille n'allait pas rester sans rien faire. Il fallait qu'elle s'en aille. Elle pivota donc sur elle même et s'élança vers la porte. Elle l'ouvrit et s'enfonça dans les ruelles de Cuilnen, laissant derrière elle son présent et son futur, ne gardant que le passé qu'elle allait chercher à retrouver...
Infamie ![Attention [:attention:]](./images/smilies/attention.gif)