L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 22 Déc 2011 19:00 
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Poursuite à Cuilnen (Le commencement)

Un monstre dans la maison

Carméïa bascula à l’intérieur et elle se retrouva allongée face contre terre. Sonnée, elle ne se releva pas tout de suite. Se sentant mal à l’aise et observée, elle se remit debout d’un coup, sur ses gardes, en oubliant la porte et son balancement… Aussi, de façon prévisible, la porte lui rentra dans le dos et pour la deuxième fois en quelques secondes, Carméïa embrassa le sol. N’ayant ni envie de se faire attaquer, ni de se prendre encore une fois la porte, la jeune aldryde roula sur le côté et se redressa une fois suffisamment loin du battant.

Enfin debout elle observa les lieux. Elle était dans une pièce presque nue. D’un côté se trouvait une porte de géant accompagnée d’une armoire. L’armoire était aussi décrépie que les chaises et la table qui se situaient de l’autre côté de la pièce. Une large fissure dans l’armoire laissait entrevoir des assiettes bleues. La table était en bois, toute simple, de chaque côté on trouvait une chaise en bois, chacune semblait très vieille, leurs gravures en étaient presque effacées. (C’est vraiment pas engageant … Qui peut bien vivre ici ?) Enfin un escalier faisait face à la porte que Carméïa venait de franchir. Dans la faible lumière qui passait par la fenêtre derrière elle, Carméïa pu distinguer un panier en osier contenant un coussin entre l’armoire et l’escalier, mais il était trop petit pour que les grandes personnes puissent s’y asseoir …

C’est alors qu’elle le vit, un monstre recouvert de longs poils gris avec une queue démesurée se balançant au rythme de sa marche de prédateur. Il descendait de l’escalier avec grâce, mais ses yeux ne laissaient aucun doute sur ses intentions. La faim était visible dans son regard et l’étrange créature semblait trouver l’aldryde à son goût. L’être menaçant était presque aussi haut qu’elle et il semblait taillé pour la chasse. (Je crois que j’ai trouvé la réponse à ma question …) Epuisée par son long voyage jusqu’à la ville et la course dans les rues de Cuilnen, Carméïa ne se sentait pas de taille à l’affronter. Seulement elle n’avait pas le choix si elle retournait dehors elle risquait de retomber sur la bande de morveux aux jeux barbares.

Le monstre se rapprochait dangereusement. Ne voulant pas lui laisser le moindre avantage Carméïa décida de le prendre par surprise. Au lieu de s’enfuir comme son adversaire devait s’y attendre, elle lui fonça dessus.

La boule de poils surprise hésita un instant, cela permis à Carméïa de sauter par-dessus sa tête et elle se retrouva sur le dos de l’animal à l’abri de ses griffes et de ses dents. Le prédateur rua en poussant des cris féroces pour se débarrasser d’elle mais Carméïa enfonça ses mains dans les poils de la bête. Voyant que l’aldryde tenait bon son adversaire se roula sur le dos pour lui faire lâcher prise. Carméïa n’anticipa pas ce mouvement, aussi se retrouva-t-elle écrasée contre le sol et elle lâcha la bête.

Elle tenta de se relever mais son adversaire plus vif qu’elle était déjà au dessus d’elle prêt à la mordre. En désespoir de cause Carméïa lui bloqua les mâchoires à l’aide de ses mains qui se blessèrent au contact des dents de son ennemi. Ses bras se fatiguaient à maintenir la tête féroce loin de la sienne, elle allait finir par lâcher.
(C'est pas vrai ! Je fais quoi moi maintenant ? ) En prenant soins de maintenir les crocs du monstre à distance, elle se déhancha pour se faufiler sous son ventre. Dès qu’elle fut à l’abri, elle prit appuie sur les pattes de la bestiole et glissa derrière elle.

Elle se mit alors à courir aussi vite qu’elle pu. La boule de poils se retourna vivement et se précipita à sa suite. Elle tournait autour de la table en cherchant un moyen de se débarrasser de son poursuivant. ( Vite une idée ! Dépêche toi !) Une évidence s’imposa à elle, elle ne pouvait pas le combattre de front elle l’aurai donc par la ruse, aussi fonça-t-elle vers l’armoire.
Elle s’en rapprocha très vite mais son ennemi gagnait du terrain. Il était sur le point de l’attraper lorsqu’elle s’envola. Il allait tellement vite qu’il ne put s’arrêter avant de se cogner dans l’armoire. Carméïa qui s’était envolée jusqu’à la fissure de l’armoire se glissa dedans en se contorsionnant. Elle s’assit épuisée sur une pile d’assiettes et pu enfin souffler.

Au bout de quelques minutes elle se pencha au dessus de la fissure pour vérifier que le monstre était toujours assommé. Il était étendu au pied de l’armoire ses pattes étalées de chaque côté de son corps et du sang coulait sur son front. Voyant qu’il était neutralisé pour un temps, elle installa son sac dans un coin de l’armoire et elle s'endormi au moment où sa tête toucha son sac.

Quelqu'un dans la maison

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Dernière édition par Dosvidania le Ven 30 Déc 2011 23:52, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 30 Déc 2011 23:44 
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Un monstre dans la maison

Quelqu'un dans la maison

Quelques heures plus tard Carméïa fut réveillée par un bruit. Elle se leva difficilement en se tenant la tête. Elle mit un certain temps à comprendre ce qui se passait et où elle était. En regardant par la fissure elle vit ce qu’elle redoutait le plus en cet instant, son agresseur bien réveillé qui tentait de grimper à l’armoire en criant de frustration. Elle n’avait pas l’intention de rester éternellement dans cette armoire sans possibilités de trouver ni de la nourriture, ni eau, aussi cherchait elle un moyen de s’échapper quand la grande porte donnant sur la rue s’ouvrit avec fracas.

« Bonsoir Gripoil ! »

(Super le géant de la maison ! Il ne manquait plus que lui ! )

« Alors ta journée ? Hi hi ! Mais qu’est ce que tu fais ? Pourquoi tu grattes cette armoire ? Il n'y a rien à manger là dedans ! … Y a une souris c’est ça ? »

Carméïa l’entendit s’approcher de l’armoire, elle ne savait que faire, lui demander de l’aide ou se cacher ? En même temps il semblait connaître l’horrible bête. N’ayant pas beaucoup de temps elle décida de se cacher derrière une pile d’assiettes. ( On ne peut vraiment se cacher nulle part dans ce truc ! ) La porte de l’armoire s’ouvrit doucement comme si le géant voulait éviter d’effrayer sa souris. L’aldryde se recroquevilla derrière les assiettes. (Mince ! Mon sac ! ) En effet son sac était toujours dans le coin de l’armoire où elle avait dormi, bien visible. La porte était maintenant grande ouverte, Carméïa ne pouvait plus récupérer son sac. De grands yeux bleus clairs inspectèrent méticuleusement toutes les étagères.

« Mais ! Il n'y a rien. Pourquoi tu … Qu’est ce que c’est que ça ? »

Il venait de voir le sac et le pris, il paraissait si petit dans sa main. Il l’examina sous tous les angles, l’ouvrit et y trouva la dernière baie de byëller, la fronde improvisée, l’épine d’un papillon de sang et les quelques vêtements que Carméïa avait emporté dans sa fuite. Elle ne pouvait pas le laisser tout emporter, il ne lui restait que ça pour survivre. Étant donné qu’il avait étalé toutes ses affaires au creux de sa main, elle ne pouvait se permettre de prendre son sac et de fuir juste après. La seule chose qu’elle pouvait faire même si ça ne lui plaisait pas était de lui demander de lui rendre ses affaires en espérant qu’il accepte. Elle se releva et sauta sur la pile d’assiettes pour se placer au niveau des yeux de l’étrange personnage.

« - Hum hum ! Pourriez-vous me rendre mes affaires, s’il vous plait ?
- Oh oui, oui bien sûr ! Je … Hein ? »

Se rendant compte qu’il y avait quelqu’un dans sa maison il releva les yeux et aperçut dans son armoire debout sur une de ses piles d’assiettes un ange pas plus grand qu’une poupée. Il écarquilla tant les yeux qu’on aura put croire qu’ils allaient lui sortir de la tête. Il se mit à bafouiller des paroles incompréhensibles. (C’est bien ma veine ! Je suis tombée sur une grosse bête qui a peur des petites. )

« Mon sac s’il vous plait. »

Encore sous le choc le géant lui tendit son sac avec toutes ses affaires sans dessus dessous. Carméïa soupirant rangea ses affaires en grimaçant. Ses mains étaient encore meurtries et elle n’avait rien pour se soigner. Le propriétaire de la maison ne bougeait pas, il semblait pétrifié. Il ne réagit pas lorsque l’aldryde enfila son sac en bandoulière, ni lorsqu’elle sauta de l’armoire en déployant ses ailes. Il ne fit que la suivre des yeux.

Il ne se remit à bouger que lorsque le petit ange s’écrasa au sol en criant de douleur et que son chat se précipita dessus pour le dévoré. En se prenant des coups de griffes le maître de Gripoil l’enferma dans la cuisine derrière la porte à côté de l’armoire. Carméïa ne vit rien de tout cela, face contre terre une nouvelle fois, elle s’était évanouie. Pris de pitié pour le petit être, le grand personnage la pris dans ses mains et décida de s’occuper d’elle. Il l’allongea sur la table et l’examina, il vit ses mains et son visage ensanglantés, portant des marques de griffures ou de morsures. Une de ses ailes était dans un sale état et tout son corps couvert de bleus. Il alla chercher un bol d’eau et une serviette dans la cuisine en faisant attention à ce que Gripoil ne s’en échappe pas. Il nettoya les plaies de l’Aldryde, les désinfecta et les banda avec des morceaux de serviettes. Il confectionna un petit lit improvisé avec un coussin placé sur une des chaises de la salle à manger et déposa la blessée dessus avec milles précautions.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Sam 31 Déc 2011 00:18 
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(Ça sent bon ! J’ai si faim ! Qu’est-ce qui sent bon comme ça ? ) Elle tourna la tête vers la bonne odeur. Elle ne voyait rien. Au bout d’un certain temps elle comprit qu’elle avait les yeux fermés. Elle ne se souvenait pas s’être endormie pourtant. Elle se tourna un peu plus mais s’arrêta immédiatement une douleur fulgurante lui transperça le dos.

« - Put... de m.... de ..... de ..... de ..... !!!
- Ah ! Tu es réveillée. »

Surprise elle se redressa vivement et hurla de douleur.

« - Mais arrête donc de bouger ! J’ai jamais vu quelqu’un d’aussi amoché !
- C’est grâce à votre monstre ! » rétorqua Carméïa piquée par sa remarque.
« - Il a essayé de me dévorer dès que je suis entrée ici ! Pourquoi vous gardez un truc pareil ?
- Gripoil ?! Mais c’est mon chat, c’est un animal de compagnie.
- Un animal de compagnie ? C’est quoi ça ?
- Un animal qu’on garde chez soi pour avoir de la compagnie… Comment ce fait-il que tu ne sache pas ça ?
- Là d’où je viens on n'en a pas. » répliqua-t-elle véxée
« - C’est vrai ?! Tu viens d’où ?
- De la forêt très au nord a environ une semaine de vol. Je vivais dans le Lendora avec toute la communauté. »

Et Carméïa lui parla ainsi sa vie dans le Lendora entouré Byëllers. Elle lui raconta son départ et son arrivée dans la ville de Cuilnen comme il l’appelait. Enfin elle lui apprit de quelle façon elle c’était retrouvée dans sa maison et agressée par son chat. Lorsqu’elle eu fini son récit elle se sentie épuisée et son ventre se mis à gargouiller.

« - Mais tu as faim et moi qui mange juste devant toi ! Quel mauvais hôte je fais ! Viens t’asseoir sur la table. Non ! Attends je vais mettre le cousin sur la table.
- C’est gentil. Merci. Mais dites-moi, comment vous appelez vous ?
- Tu peux me tutoyer je m’appelle Kaâr et toi quel est ton nom ?
- Carméïa. Quel est vo… ton histoire ?
- Commence à manger, c’est de la soupe de légumes. Ensuite je te raconterai mon histoire.
- Dis-moi quand même de quelle espèce est tu. J’ai vu plein de géants dehors mais tous étaient tellement différents.
- Je suis un Taurion mais tu as du croiser aussi des Hinïons et peut être quelques humains. »

Pendant qu’il expliquait les différences entre les différentes races de Cuilnen, Carméïa mangea dans l’assiette de Kaâr à l’aide de la plus petite cuillère qu’il avait pu trouver. L’aldryde écouta avec attention le Taurion raconter son histoire. Il était né dans une maison de Cuilnen et y avait grandit. Il passait ses journées dans la boutique de livres de son père dont il avait pris la suite. Sa mère était morte quelques années auparavant des suites d’une longue maladie. Son père quant à lui vivait dans une maison proche d’ici. Kaâr lui rendait de temps en temps pour l’aider à entretenir son jardin ou à faire ses courses. C’était là-bas qu’il était avant de rentrer chez lui.

« - Vo... Tu dis que tu es marchand est ce qu’il t’arrive de voyager ?
- Oui bien sûr. De temps à autre j’ai des clients qui cherchent des volumes particuliers et que je dois aller chercher très loin. D’ailleurs je dois aller à Lùinwë dans quelques jours pour acheter un livre sur le … hum, sur la magie.
- Où c’est Lùinwë ?
- Au sud est d’ici à coté de la mer, c’est un port.
- La mer ? C’est quoi ?
- Une grande étendue d’eau salée qui sépare les différents continents de la planète. T’y connais rien sur rien !
- Ce n’est pas ma faute si j’ai passé ma vie dans la forêt loin de tout. C’est pour ça que je suis partie pour ne pas mourir idiote ! J’en avais marre de devoir vivre uniquement pour la survie de nôtre espèce ! Marre de passer mes journées à faire la même chose ! Marre de ne rien savoir sur le monde alentours ! Marre ! Marre ! Marre et marre ! »

Carméïa essoufflée et en colère avait balancée sa cuillère qui avait atterri quelque par au sol. Le chat effrayé par le couvert sauta sur les genoux de son maître. En tournant le dos à Kaâr, elle s’allongea sur son coussin cramoisi elle ne put retenir un gémissement à cause de ses blessures. Elle entendit Kaâr se lever et monter les escaliers. Carméïa continua à lui tourner le dos. Il avait emporté avec lui la chandelle de la pièce, Carméïa se retrouva donc dans le noir. Le chat alla aussi se coucher dans son panier. Carméïa était tellement épuisée que sa colère ne la maintient pas longtemps éveillée. En quelques minutes elle s’endormie dans une ville qu’elle ne connaissait pas, avec un félin qui voulait en faire son repas et un elfe très irritant.

Envie de partir

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Dernière édition par Dosvidania le Mar 24 Jan 2012 23:35, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Sam 14 Jan 2012 11:07 
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Envie de partir

Carméïa se réveilla avec le soleil qui entrait par la fenêtre. Elle s’assit prudemment sur le coussin, elle avait encore mal partout. Son aile gauche emmaillotée dans un morceau de serviette la faisait particulièrement souffrir. ( J’espère qu’elle guérira vite ... ) En soupirant elle inspecta toutes les blessures qu’elle pouvait voir. Ce n’était pas brillant mais au moins les plaies ne semblaient pas infectées. Pour son aile s’était plus inquiétant, trois plumes étaient tordues et elle avait du mal à la bouger. Carméïa savait que dans cet état elle ne pourrait pas voler. Elle devrait donc demander de l’aide à Kaâr, elle ne pouvait marcher dans la ville sans risquer de se faire écraser. Elle devait trouver à manger et peut être aussi des cailloux pour sa fronde. ( Si je retombe sur un autre chat ce serrai bien que je trouve aussi autre chose pour lui faire passer l’envie de me croquer. ) Pendant qu’elle réfléchissait à ce qu’elle devrait acheter, elle ne vit pas Gripoil se glisser hors de son panier et sauter sur la table, juste derrière elle. Elle ne s’en aperçut que lorsqu’il lui donna un coup de langue dans le dos.

« Beurk ! Mais qu’est ce que tu fais sale bête ?! Laisse moi tranquille ! Tu m’as suffisamment blessée comme ça ! Arrête j’ai mal partout à cause de toi ! »

Le chat s’était mis à ronronner et à se frotter contre elle, appuyant au passage sur tous ses bleus. Les tentatives de Carméïa pour éloigner Gripoil lui faisait plus mal qu’autre chose, elle s’arrêta donc bien vite. Au moins il n’essayait plus de la manger. A l’étage Carméïa entendit des bruits de pas et quelques instants plus tard Kaâr descendait l’escalier.

« - Bonjour ! Tu vas mieux ?
- Bof ... J’ai des courbatures dans tout le corps et mon aile ne me permet plus de voler. Je ne sais pas combien de temps elle mettra pour guérir, ça m’inquiète.
- Tu me laisse regarder ?
- Oui. Si tu arrive à te débarrasser du chat. Il n’arrête pas de me lécher et je suis pas sûre que ce soit bon signe.
- Ne t’inquiète pas ça veut dire qu’il t’aime bien.
- Ouai ... »

A peine rassurée, Carméïa jeta un regard en biais au chat qui sortait par la petite porte. Kaâr partit dans la cuisine et reviens avec le reste de la serviette de la veille et un nouveau bol d’eau. Il enleva tous les bandages de l’aldryde et nettoya à nouveau ses plaies pour enlever le sang séché de sa peau. Une fois cela fais il examina l’aile tordue et en essayant de ne pas lui faire mal. N’étant cependant pas médecin, il ne savait pas quoi faire. Il décida de lui faire une atèle pour qu’elle ne bouge pas son aile à défaut de pouvoir faire autre chose. Il alla chercher une petite cuillère pour maintenir l’aile droite et l’enveloppa avec un morceau de serviette.

« - Et voilà ! Maintenant il ne faut plus que tu bouges ton aile.
- C’est très désagréable. Enfin, j’imagine que c’est mieux que de ne plus pouvoir voler.
- Oui. Peut être que manger te ferais du bien. J’ai quelques fruits, je t’en donnerai un morceau.
- Merci mais j’ai de quoi manger dans mon sac. D’ailleurs il faudrait que je fasses des provisions il ne me reste plus grand-chose. Tu voudrais bien m’aider à trouver des baies dans la forêt ? Et des pierres aussi !
- Euh oui. Mais euh, tu comptes partir ? Dans cet état ?
- Et bien je crois que cette ville ne m’aime pas trop. Et puis je veux voir le monde, alors je dois me préparer.
- Alors tu pourrais venir avec moi, je t’ai dis que je partais pour Lùinwë. Je partirais là-bas demain, il faut que je prépare le voyage moi aussi. Durant le voyage, il dure environ trois jours, je t’apprendrais tout ce que tu veux savoir sur le monde.
- Vraiment ? Tu ferais ça pour moi ? Je ne voudrais pas te déranger dans tes affaires.
- Ne t’inquiète donc pas ! Tu ne me dérangera pas du tout. Si c’est décider allons préparer le voyage ! »

Kaâr remonta en flèche à l’étage et Carméïa l’entendis marcher frénétiquement au dessus d’elle. Elle en profita pour manger sa dernière baie, n’ayant pas grand-chose à préparer. Quelques minutes plus tard, l’elfe redescendit essoufflé avec un sac à la main.

« - Je suis prêt ! Allons chercher ce dont on a besoin.
- Il faudrait que tu me porte, je ne pourrais jamais marcher aussi vite que toi.
- Bien sûr ... Je ne pense pas que ce soit une bonne idée qu’on te voit en ville. Les gens sont beaucoup trop curieux...
- Entièrement d’accord ! » s’exclama Carméïa, au souvenir de la bande de morveux qui la prenait pour un jouet.

Ils décidèrent qu’elle ferait le trajet cachée dans le sac de Kaâr. Une fois bien installée, assise sur un livre sa tête dépassant du sac, ils sortirent dans la rue.

Sur le chemin

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Sam 14 Jan 2012 11:32 
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La boutique

La boutique était encore pire que la maison de Kaâr. La poussière formait un épais tapis sur les étagères encombrées de livres divers. La lumière déjà faible dehors ne passait presque plus par les fenêtres encrassées au-delà de l’imaginable. ( On se croirait en pleine nuit. ) Kaâr se dirigea vers un bureau où il alluma un bougie pour chasser l’ombre de cet endroit.

« - Pourquoi c’est aussi sale ici ? Tu ne fais jamais le ménage ?
- Non je ... Je n’ai pas le temps.
- Et tes clients ne s’en plaignent pas ?
- Non, ils viennent pour les livres, pas pour le décor.
- Si tu le dis. »

Kaâr ne semblant pas vouloir s’étendre sur le sujet, Carméïa n’insista pas. Kaâr la déposa sur le bureau et partit sélectionner des livres parmi les étagères. Cela ne lui pris pas beaucoup de temps, il semblait savoir ce qu’il voulait emporter. Carméïa le regarda s’agiter la bougie à la main, il ressemblait à un fantôme avec ses traits concentrés dans la faible lumière. Il revînt enfin vers elle, son sac considérablement alourdis. Il reposa la bougie sur le bureau, sortit un parchemin de son sac et l’étala sur le bureau.

« - Tu vois, ça c’est une carte du monde dans lequel on vit.
- Vraiment ? A quoi correspondent les couleurs ?
- En bleu c’est l’eau, en vert clair ceux sont les plaines, en vert foncé les forêts, en jaune les déserts et enfin en marron les montagnes.
- Où sommes nous dessus ?
- Juste ici. Tu vois le cercle avec écrit Cuilnen à côté ?
- En fait je ne sais pas lire. La transmission du savoir se fait oralement dans notre culture. Très peu d’entre nous savent lire et encore moins écrire.
- Ah bon. Donc nous sommes juste ici.
- Dans ce petit cercle ? Mais ! Le monde est si grand que ça ? Je ne pensais pas... Ça me donne encore plus envie de le découvrir !
- Tant mieux ! D’ailleurs il ne faut pas tarder, on a encore beaucoup de choses à faire. On va devoir trouver à manger, à boire et bah c’est tout en fait.
- D’accord, allons y. »

Kaâr rangea la carte dans son sac et aida Carméïa à y monter. Non sans difficultés à cause des livres venus s’ajouter dedans, elle réussit à s’allonger à plat ventre sur la tranche d’un livre en laissant toujours dépasser sa tête du sac. Kaâr éteignit la bougie et ressortit à la lumière du jour en la fermant à clé son magasin.


Préparation

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 23 Jan 2012 19:18 
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La cascade

Le monde

Ils mirent environ une heure pour rentrer, c’était déjà le milieu de l’après-midi. En ville Kaâr acheta quelques légumes ainsi que de la viande séché pour compléter ses propres provisions. De retour dans la maison de l’elfe vert, Gripoil les accueillit à grand renfort de ronronnements. Carméïa préféra être déposée sur la table plutôt qu’au sol, elle se méfiait toujours du chat. Elle s’installa confortablement sur son coussin tandis que Kaâr remontait à l’étage pour y déposer son sac. Lorsqu’il revint il n’avait plus qu’un parchemin dans les mains. L’aldryde reconnue alors la carte que son sauveur lui avait montré plus tôt dans la journée. Il s’installa sur une chaise face à son invitée.

« - Puisque nous avons du temps avant qu’il ne soit l’heure de manger, je me suis dis que nous pourrions étudier la carte plus en détail. C’est plus pratique de le faire maintenant que pendant le voyage.
- C’est gentil de t’occuper de moi comme ça. Je dois t’ennuyer moi qui n’y « connais rien sur rien ». Merci beaucoup. »

Gêné, Kaâr de tourna le regard et se concentra sur la meilleure façon d’empêcher le rouleau de s’enrouler tout seul. Après avoir mis une fourchette de chaque côté de la carte, il demanda à Carméïa ce qu’elle voulait savoir.

« - Tout ! Quels sont les noms des villes les plus proches ? Qui y vit ? Comment va-t-on d’une terre à l’autre ? Quelles sont les races qui ...
- Stop ! Une question à la fois ! Je peux pas répondre à tout en même temps.
- Pardon. J’ai toujours voulu savoir ce qui se passait en dehors de ma clairière et de la portion de forêt alentour. Maintenant que j’ai accès à cette connaissance, je veux l’acquérir.
- Alors classe tes questions. Que veux tu savoir d’abord ?
- Eh bien, quelles sont les différentes races qui peuplent notre monde ? Avant de venir ici je n’avais vu que la mienne et à peine entendu parler des autres. Seul les gardiennes savent ce qu’il se passe ailleurs.
- Tu connais déjà les Taurions, les humains et les Hinïons. Ils existes d’autres elfes, les noirs : les Shaakts, les bleus : les Earions et les Sindeldis : les gris. Les noirs vivent ... »

La discussion se prolongea jusqu’à l’heure du diner. Carméïa apprit donc à reconnaitre toutes les races et leurs lieux de vie principaux. Ensuite ils passèrent à la géographie. L’aldryde voulait tout connaitre du monde et bien que son souhait ne fut pas réalisé ce jour là, elle apprit beaucoup de choses. Notamment les noms de différents continents et villes de Yuimen, les principales institutions que l’on pouvait y trouver et les principaux chemins pour aller d’une ville à l’autre. Pour manger, Kaâr fit cuire des pommes de terre et Carméïa affamé par toutes ses aventures et ses blessures, en mangea une entière avec une des baies récoltées le matin même. Ils continuèrent à discuter un peu, Carméïa ayant beaucoup de questions encore sans réponses. Vint ensuite l’heure de se coucher, Carméïa s’allongea sur son coussin pourpre posé sur la table. Dans la nuit, elle se mit à trembler et Gripoil vint s’allonger contre elle. Carméïa s’arrêta de trembler.


Sur le départ

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Dernière édition par Dosvidania le Mar 24 Jan 2012 00:20, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 24 Jan 2012 00:19 
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Le monde

Sur le départ

Le soleil se leva timidement ce matin là. Carméïa avait mal dormi et avait encore quelques courbatures. Elle était cependant contente de voir ses bleus se résorber. Elle ne s’aperçut pas tout de suite que le chat gris était derrière elle, mais lorsqu’elle le vit elle se sentie réconforté, à son grand étonnement. Elle le caressa d’une main hésitante. Gripoil se réveilla à son tour et ronronna en s’étirant. Il se frotta contre Carméïa puis commença sa toilette. Le petit être soupira et s’étira pour tenter d’éliminer ses dernières courbatures, sans grand succès. A ce moment là, Kaâr descendit les escaliers. Son sac en bandoulière à l’épaule et une cape de voyage dans les mains, il vint s’installer à la table de la salle.

« - Alors ? Bien dormi ?
- Ça peut aller
- Je vais préparer à manger tu as faim ?
- Oui ! une faim de loup ! Je pourrais manger une pomme entière !
- Je dois en avoir une. Tu la veux ?
- Euh je ... j’exagérai. Je pourrais jamais en manger une entière.
- Je la finirai, ne t’inquiète pas. Mange ce que tu peux, il faut des forces pour voyager. A ce propos comment va ton aile ?
- J’ai moins mal mais comme je peux pas la bouger je peux pas vraiment te dire.
- Je vais t’enlever ton bandage, comme ça tu pourras la bouger. »

Kaâr retira le plus doucement qu’il put l’atèle improvisée de l’aile de Carméïa. Elle la déploya en essayant de ne pas forcer. Son aile était engourdie de ne pas avoir bouger pendant une journée mais la mouvoir ne la faisait souffrir plus qu’un bleu. Kaâr en conclut donc que son os n’était que fêlé. Il conseilla à l’aldryde de ménager encore son aile au moins pour la journée. Il lui refit donc un bandage pour maintenir son aile en place. Cela n’enchantait pas Carméïa, mais elle devait s’y résoudre pour pouvoir à nouveau voler un jour. Une fois l’aldryde soignée, Kaâr alla chercher une pomme et se prépara une salade de fruits. Comme elle le pensait Carméïa ne réussi pas à finir la pomme, ce fut donc Kaâr qui la finit.

Ne s’étant pas lavée depuis quelques temps l’aldryde lui demanda un seau d’eau. L’elfe l’installa dans la cuisine dont il ferma la porte pour la laisser tranquille. Elle se déshabilla avec précautions, pour s’épargner des souffrances inutiles et plongea rapidement dans l’eau froide. Elle ne pris que cinq minutes pour se laver mais cela lui fit du bien. Une fois propre, elle se rhabilla, difficilement puis rappela Kaâr et ils partirent de la maison, accompagnés de Gripoil, pour commencer leur voyage vers Lùinwë.

Le premier jour

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mer 14 Mar 2012 19:35 
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" C'est ici ... "

Soupira Pénélope dans son propre esprit. Son visage semblait soudainement éclaircis et à vrais dires même, elle semblait heureuse de part le joyeux sourire qui habillait son visage. Elle était quelque peu excitée, elle tremblait un peu même mais semblait, cependant, hésitante.

Devant elle se trouvait une porte, et derrière cette porte, la maison d'un Elfe. Cet Elfe, elle le connaissait très bien car il avait été probablement le seul véritable ami qu'elle eut dans cette ville. Un ami d'enfance pour être plus précis. Il s'appelait Lorgar Dalmaran. Un Elfe blanc, plutôt sympathique, et assez bien portant, du moins, à ses tout derniers souvenirs.

Devait-elle ou non frapper à sa porte ? Elle hésitait un peu. Elle mourrait d'envie de profiter de son passage ici pour le revoir, ne serait qu'une heure, mais en même temps, ça faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas revus et peut-être ne la reconnaîtrait-il même pas. Et se connaissant un peu, elle serait capable de dire n'importe quoi sous l'effet débordant de la joie.

- Oh et puis tant pis ! Je tente le coup !

S'exclama-t-elle en s'approchant alors de la porte et y toquant rapidement afin de ne plus laisser place à l'hésitation. Un moment passa et il n'y eu aucune réaction. Pas une voix, pas un bruit. Quand à la porte, elle ne s'ouvrit pas. Pénélope esquiva maladroitement son sourire.

Elle toqua une fois de plus mais, il n'eut rien de plus. La déception commençait à prendre le pas sur sa joie. Fronçant alors les sourcils, elle s'écria :


- Il y a quelqu'un ???

Un petit moment de silence puis ...

- Mais qu'est-ce que vous faites ?

Surprise, l'Elfe se retourna brusquement. Un autre Elfe venait de l'interpeller. L'observant un instant, elle répondit :

- Je ... Mais il n'y a personne dans cette maison ?

L'Elfe mâle s'étonna.

- Bah ... Non. Enfin, c'est moi son propriétaire. Pourquoi ?
- Vous ?
- Bah oui ... Pourquoi ?
- Vous vous appelez Lorgar Dalmaran ?
- ... Oui, comment savez-vous ça ?
- Lorgar !!!


S'écria-t-elle soudainement avant de se jeter à son cou et de le serrer avec une certaine force.

- Mais ... Lâchez-moi !

Dit-il non sans une pointe d'étonnement avant de repousser gentillement l'Elfe.

- Et puis vous êtes qui d'abord ?
- Bah ... Tu ne me reconnais pas ?
- ... Parce que je suis censé vous connaitre en plus ?
- Mais c'est moi !
- ... Qui ça moi ?
- Pénélope !
- ... Mirler ?
- Oui !
- Non c'est pas vrai ?! Pénélope ?! Dans mes bras !!!


Et l'étreinte fut de nouveau à la différence cette fois-ci qu'il était bien réciproque. Cela dura un bon moment, en même temps, c'était compréhensible vu qu'ils ne s'étaient pas revus depuis pas mal de temps et qu'ils s'appréciaient bien.

Ils finirent néanmoins par se lâcher.


- Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Et pourquoi tu n'es pas venue me voir plus tôt ?
- Euh ...


Qu'est-ce qu'elle faisait ici, c'était une bonne question ça.

- Bah ... Je suis de ... Passage en fait. Je me rend à ... Oranan ... Et ... Et ... Je me suis dis que ... Bah que je pourrais faire un détour par Cuilnen ... Pour venir te voir.
- Vraiment ? Ah bah, c'est gentil ça ! Tu peux pas savoir comme tu m'as manqué ! Et comment que ça me fait plaisir de te revoir !


Pénélope sourit maladroitement. Hélas, elle avait mentis et elle le savait bien.

- Tu veux entrer ? Au moins, on sera plus à l'aise qu'ici.
- Oui, volontiers !


Il la fit donc pénétrer sa demeure. Elle n'était pas bien grande ni bien luxueuse. Disons qu'il y avait juste le stricte minimum pour vivre confortablement sans être dans l'excès. Une grande pièce circulaire faisait office de salon et il y avait une cheminée taillée et habillée avec de la pierre blanche, mais quelque peu noircie à sa base par les combustions répétées.

Il y avait aussi un grand tapis rond, au centre de la pièce, sur lequel trônait une table basse. Deux grands fauteuils étaient disposés face à face, autour de la table. Pénélope observa un instant la demeure puis, alla s'asseoir sur l'un des fauteuils. Ils étaient confortables et relativement larges, une assise idéale dans le fond.


- Tu veux boire quelque chose ?
- Oui, je te remercie. J'ai la gorge en flammes.
- Ça arrive.


Pendant que Lorgar descendait donc à sa cave pour chercher quelques boissons, l'Elfe blanche observait la demeure. Cela lui rappela beaucoup de souvenirs, dont son enfance. Cette architecture, ce style, ce mode de vie. La nostalgie la gagna peu à peu et bientôt, elle plongea même dans la mélancolie. Aujourd'hui, ses deux parents étaient morts et Fear, qui était alors un ami de son père même s'il refusait de le montrer, n'était pas vraiment une source d'apaisement pour elle.

Ce n'est pas qu'elle ne l'aimait pas mais qu'il était tellement froid avec tout le monde qu'il en était difficile pour elle de se sentir " aimée ". Bien qu'il lui avait à plusieurs reprises témoigné l'affection qu'il lui portait. Mais, ce n'était pas tellement une question de gestes mais plus de ressentis.

Finalement, Lorgar revint et, à la surprise de Pénélope, il avait les mains chargées d'une boisson assez étrange. Il posa deux verres sur la table basse et ouvrit une des deux bouteilles qu'il avait amené avec lui.


- Mais ... C'est quoi ?
- Ah ça, c'est une spécialité que j'ai ramené d'un des mes nombreux voyages. Tu m'en diras des nouvelles !
- Oui mais c'est quoi ?
- Tu le découvriras bien vite.


Dit-il en lui affichant un sourire et en lui remplissant son verre. Pénélope n'avait pas vraiment de raisons d'être méfiante. Elle le connaissait bien et elle savait qu'il n'irait pas lui faire de mauvais tours.

Il se servit ensuite et, attrapant le verre, elle le porta à sa bouche et en bu un peu. La boisson était bonne en effet et elle était par dessus tout très sucrée. Si sucrée qu'elle en donnait encore plus soif.


- C'est excellent.
- Tu vois je te l'avais dis ! C'est à base de fruits rouges.
- Oui, il y a une certaine acidité quand même.
- Ça relève la boisson.
- En effet.


Il eu alors un silence pendant lequel chacun de des deux dégustait le contenu de son propre verre. Puis finalement, ce fut Lorgar qui reprit la discussion.

- Racontes moi ce que tu es devenue depuis tout ce temps. Je vois que tu as pas mal changé, t'es devenue encore plus ravissante qu'avant, mais je suis curieux de savoir ce que tu as vécu, ce qu'il t'es arrivé et tout ça ...
- Eh bien ... On ne s'est plus revu depuis mon père avait déménagé à Lùinwë. Depuis ce temps, j'ai surtout fais mes études. D'ailleurs, j'ai obtenu rapidement ma mention. Et puis j'ai aussi appris à me servir de l'épée.
- ... Et c'est tout ?


Pénélope marqua un silence. Lorgar sentit que quelque chose n'allait pas.

- Tu tiens vraiment à savoir ce qu'il m'est arrivé de " peu commun " ?
- ... Oui.
- Lorsque mon père était venu me retrouver pour me ramener à la maison, vu que j'avais finis mes études, il s'est fait prendre dans une embuscade, sur le chemin du retour, et il en est mort. Quelqu'un lui a fracassé le crâne avec un marteau. J'ai été capturée, traînée dans les sous-sol de ma demeure et retenue captive pendant plusieurs mois.

Je me suis faites torturée, humiliée et outragée à plusieurs reprises. Je n'avais ni a mangé ni à boire et mes quatre ravisseurs voulaient obtenir de moi quelque chose que ... Que ...

- Que ?
- Que je ne savais même pas et que je ne sais d'ailleurs toujours pas.


Elle afficha ensuite une grise mine. Et, se resservant alors de la boisson fruitée, elle semblait même en proie à une soudaine tristesse. Lorgar essaya malgré tout de rattraper le coup.

- Je ... Je suis sincèrement désolé. Mais, comment tu t'en es sortie ? Et que sont devenus ces monstres ?
- Fe ... C'est Aënith, mon fiancé, qui est venu me libérer. Quand à mes ravisseurs, leur chef les a tous assassiné avant de ... Se donner la mort.
- C'est effroyable comme histoire ...
- Je te le fais pas dire ...
- Mais ... Aujourd'hui ?
- Ils m'ont laissés un souvenir indélébile tu sais. Ils m'ont pris mon père, je ne pourrais pas oublier ça ou faire comme si ça n'avait jamais existé.


Ce fut au tour de Lorgar de faire la grise mine.

- Mais je suis désolée, je voulais pas t'embêter avec ça. Tiens, parles-moi plutôt de toi.
- Pour être franc avec toi ... C'est pas franchement mieux pour moi.
- Comment ça ?
- Tu sais que je me suis marié et que j'ai eu un enfant ?
- Non, je n'étais pas au courant. Quand on s'est quitté, tu étais encore un célibataire.
- Et bien je me suis trouvé une Femme, avec laquelle j'ai eu une petite Fille. Mais, elle morte à l'accouchement, une maladie qu'elle avait attrapé je ne sais trop comment.
- Tu souffres ?
- Un peu moins maintenant que tu es là mais, ce n'est pas le pire.
- Comment ça ?
- Ma Fille, qui ne va pas tarder à fêter ses cinq ans, est ...


Il s'arrêta brusquement.

- Est ?
- Est partie avec sa tante. Je n'étais pas en mesure de l’élever correctement. C'est sur, ça me fait mal mais, je pense que c'est mieux comme ça. Elle a besoin d'une mère avant tout.
- Mais qu'est-ce qui t'empêche d'aller la voir ? Ou de la faire loger chez toi avec sa tante ?
- Sa tante ne veut pas justement. Et, ils sont assez loin de Cuilnen tu sais.
- On peut pas dire qu'il y en a un qui est plus chanceux que l'autre ...
- Au moins, on ne se sentira pas seuls.
- T'as pas tord.


Le temps s'écoula alors, lentement, et alors que les deux Elfes tenaient la conversation, les bouteilles se vidèrent peu à peu et d'autre arrivèrent bientôt. On les entendait parfois rire, parfois se taire, d'autre fois l'un parlait et l'autre écoutait puis on inversait les rôles.

L'après-midi passait et bientôt il ferait nuit. Mais le problème étant que Pénélope, surement sous l'effet de la tristesse ou de la culpabilité, n'avait pas cessé de boire. Chose qu'elle ignorait cependant, c'est que cette boisson était alcoolisée ... Et pas qu'un peu. Résultat elle était tout simplement ivre morte. Et, une Pénélope ivre morte, ça donne rien de bon ...


- * Éclats de rire *
- Je crois que tu as bu un coup de trop ...
- Surement ! Mais je m'en fiche ! Ce soir, je cuve !
- Oui mais quand même, arrête avec ça ! C'est pas une bonne idée !
- Non ! Je veux boire à en crever !
- Allez, ça suffit ...


Dit-il en essayant de lui prendre le verre. Mais Pénélope le recula brusquement.

- Non, tu me prends pas mon verre !
- C'est pour ton bien !
- Non ! Et puis tu devrais pas te soucier de mon bien tiens !
- Pourquoi ?
- Parce que moi, je m'en fous du tiens !
- ... Comment ça ?
- Bah oui ! Si j'en avais quelque chose à carrer, je t'aurais pas mentis sur toute la ligne et je te mettrais pas en danger en restant avec toi !
- Mais qu'est-ce que tu racontes ?
- Je raconte que je suis une pute ! Voila ce que je raconte !
- Arrêtes ! T'es en train de délirer !
- NON !!!


Cria-t-elle soudainement et avec colère. Lorgar se tue alors.

- Si je suis venue ici, c'est pour récupérer le médaillon que mon père à offert à ma mère et qu'elle a emporté avec elle dans sa tombe ! Tout ça pour pas que celui qui est responsable de ma capture ne mette la main dessus !
- ... Quoi ?
- Parce que je savais ce qu'ils voulaient les ravisseurs mais j'ai pas parlé, c'est ... C'est trop dangereux.
- Et en quoi je serais en danger ?
- Ils ont tué mon père et ils sont surement à nos trousses, ils hésiteraient pas à se servir de toi pour nous entraver !


Lorgar ne répondit plus. Il blanchit brutalement et semblait même affolé.

- Et en plus on se coltine deux poupées de merde qui puent le vice à des kilomètres à la ronde juste parce que mônsieur Farrell veut qu'elles viennent avec nous. Un beau gros connard lui aussi ...
- Farrell ? C'est qui ?
- Le gars qui m'a extirpé du sous-sol, avec l'aide de ma tapette de fiancé !
- Mais je croyais qu'il n'y avait que lui ?
- Je t'ai mentis ... Putain mais t'es sourd ou tu le fais exprès ?
- C'est l'alcool ça, t'es pas sérieuse là ...
- Si que je suis sérieuse ! En plus il nous attend dehors le vieux con ! Parce que s'il rentrait dans la ville, il se ferait massacrer avec sa gueule de zombie !


Lorgar n'en croyait pas ses oreilles. Non, en soit, il n'y avait rien de bien choquant à ce qu'elle venait de dire mais, c'est ce qu'il venait de comprendre qui le mit dans un état pareil. Mais Pénélope se releva brutalement.

- Et maintenant je me casse ! J'ai pas envie de te faire honte plus longtemps !

Dit-elle de sa voix pâteuse. Elle ne tenait même pas en équilibre et avait manqué de tomber alors qu'elle s'était tout juste relevée.

- Mais tu vas où ?
- Dans ton cul !


Lui répondit-elle avant d'ouvrir la porte et de la claquer derrière-elle aussitôt. Lorgar hésitait à la suivre. Il l'entendit d'ailleurs s’effondrer lamentablement, puis se relever pour retomber quelques mètres plus loin ... Il n'en revenait tout simplement pas.

Pénélope quand à elle se mit alors à déambuler dans les allées, se ballottant tantôt à droite et tantôt à gauche. S'accoudant à un mur pour se rattraper d'une chute et buvant une lampée supplémentaire jusqu'à en vider la bouteille qu'elle avait emmené avec elle.


- Maudites poupées ... Tout ça c'est de votre faute ... Vous allez voir de quel bois je me chauffe.

Dit-elle avant d'éclater de rire en pleine rue.

Parlons un peu de Farrell maintenant. Le guérisseur noir, quand à lui, vit aussi la journée avancer et vit également la nuit tomber peu à peu. Il n'avait en réalité pas fais grand chose durant tout ce temps si ce n'était prier encore et encore. Il pensait avoir commis beaucoup d'erreurs, beaucoup de fautes de part sa propre volonté et cela depuis le début. Mais, quelque chose le tourmentait une fois de plus.

Pourquoi Pénélope devrait-elle mourir dans d'aussi atroces souffrances pour quelque chose qu'elle n'avait pas commis ? C'était lui le fautif alors pourquoi devait-elle payer pour ça ? C'était incompréhensible mais, il n'alla pas vraiment chercher plus loin.

Il avait déjà essayé de comprendre ce qu'il ne pouvait pas comprendre par le passé, et cela s'était retourné contre lui de la pire manière qu'il soit. Alors, autant tirer les leçons et ne pas recommencer. Il abandonna donc ses réflexions à ce sujet et retourna à l'exercice de son culte.

Il n'avait pas beaucoup bougé à vrais dires. Il s'était certes écarté de la cité mais, quand il eut trouvé un endroit tranquille, il ne l'eut plus quitté. Et personne ne vint d'ailleurs le troubler dans son adoration. Seulement, il se devait quand même de reconnaître qu'il avait très faim et très soif, car si sa gorge le brûlait, son estomac, lui, criait famine.

Mais hélas, il n'avait rien trouvé à boire et encore moins à manger. Et si cela ne venait pas à lui, il n'irait pas le chercher et aussi se contenta-t-il donc de prendre son mal en patience. Bien qu'il savait que ça pouvait être dangereux pour lui, il était bien trop absorbé par ses invocations et ne voulait les rompre sous aucun prétexte.

Une chose était vraiment sure cependant, la nuit allait être froide.



_________________


Dernière édition par Fear Farrell le Sam 15 Juin 2013 19:26, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 24 Avr 2012 14:27 
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Un soir de pluie...

La pluie tombait toujours avec autant d'ardeur, mais l'Aniathy n'en avait cure. Elle était trempée, ses somptueux cheveux détrempés collaient à son visage et à son dos. Ses vêtements étaient complètements imbibés. Mais elle ne pensait qu'à une chose : la clef. Elle ne savait pas où elle était mais elle savait qu'ici elle pourrait la retrouver. Elle s'approcha doucement de la porte, emplie de cette magie qui la rendait puissante, n'écoutant plus sa raison, seulement cette voix mystérieuse qui la guidait, et son ardent désir de retrouver la clef du savoir.

Elle leva le poing pour frapper mais le laissa en l'air, hésitante. Elle entendait du bruit, comme un murmure. Ce n'était pas la voix mystérieuse, ça venait plutôt de la maison. Evangelina baissa le poing et se concentra sur ce qu'elle entendait, essayant de faire abstraction de la pluie et du ruissellement de l'eau.

"Comment as-tu pu faire ça ?!"
"Il la retienne ! Je n'avais pas le choix !"
"Mais... Tu l'as vendue ! Ta meilleure amie d'enfance !"
"Que voulais-tu que je fasse ?"

Elle n'avait pas besoin d'en savoir d'avantage de cette conversation. Le traitre était là, dans cette maison, et il allait lui donner les réponses à ses question. L'Aniathy posa sa main sur la poignée de la porte et la fit basculer, ouvrant doucement et silencieusement la porte. Les voix s'intensifièrent, mais personne n'était visible. Ils devaient sûrement être dans le salon.

Evangelina avança silencieusement, ruinant le sol de l'eau d'eau de pluie. Elle traversa le couloir et jeta rapidement un œil dans le salon, discrètement. Liliana était là. Evangelina pouvait voir son visage, déçu et incompréhensif. Elle venait sûrement de se réveiller, ses cheveux étaient en bataille et elle ne portait qu'une fine robe de nuit en dentelle noire. Devant elle se tenait le traitre, de dos, nerveux, s'agitant de droite à gauche et parlant vite.

Liliana ne l'avait pas vu, elle recula donc d'un pas, réfléchissant un instant. Que devait-elle faire ?

"N'ais pas d'état d'âme ! Ils sont tous coupables !"

Evangelina fronça les sourcils. Elle ne pouvait pas foncer dans le tas comme ça, il lui fallait des réponses, et la force était moins apte à les apporter que la diplomatie, du moins le pensait-elle pour l'instant.

Elle s'avança donc doucement, et s'arrêta derrière le traitre, à la vue de Liliana qui écarquilla les yeux en la voyant.

"Que... ?"

Elle recula d'un pas. Apparemment, son apparence devait être plutôt impressionnante, ce qui n'avait rien d'étonnant : elle était en colère, et la pluie n'arrangeait rien.

Le traitre se retourna presque aussitôt et fronça les sourcils après avoir reculer au niveau de son interlocutrice.

"Evangelina ? Qu'est-ce que... Pourquoi es-tu là ?"

Elle ne répondit pas. Elle fixait le traitre qui ne semblait pas vraiment rassuré. Il avait peur, et avait honte. Cela se sentait de loin, se voyait sur son visage. Evangelina sentait la magie bouillonner en elle, et cette voix, douce et suave, qui la guidait. Cette voix qui ne semblait pas vouloir qu'elle emploie la manière douce. Mais elle se retint de l'attaquer. Elle n'avait rien à en tirer, si ce n'est la sensation enivrante de puissance et de pouvoir qu'elle avait ressentit en battant Pénélope. Cette sensation lui manquait de plus en plus, comme si la magie qui l'habitait y était liée, comme si ça colère en découlait simplement, comme si la voix y était pour quelque chose.

Avant elle avait peur de ce sentiment, de ces sensations enivrantes qui la faisaient devenir quelqu'un d'autre. Mais c'était révolu. Elle n'en avait plus peur. Elle avait prit conscience du pouvoir qu'ils apportaient, de la force qu'ils lui donnaient, de cette sensation d'accomplissement, d'assouvissement qu'ils procuraient. Ils étaient le premier pas vers cette sensation qu'elle voulait revivre, cette sensation intense qu'elle n'avait vécu qu'une fois, dans sa vision.

"Evangelina ?"
"Où sont-ils ?"

Liliana fronça les sourcils, et le traitre recula de nouveau d'un pas. Evangelina s'avança, pour être sûre qu'il ne puisse pas s'enfuir.

'Qui ça ?"
"Fear."

A la simple mention de ce nom les visages des deux interlocuteurs de l'Aniathy se décomposèrent.

"Que... Fear ?"
"Tu... tu connais Fear ?"
"Oui. Où est-il ?"

Il n'y eut pas de réponse tout de suite. Liliana ne semblait plus savoir quoi faire, et le traitre était en pleine réflexion, en plein dilemme.

"Pourquoi le cherches-tu ?"
"Il possède les réponses à mes questions."
"Il est en prison, tu ne pourras pas le revoir avant qu'il en sorte."
"Où sont ces prisons ?"

Il n'y eut pas réponse. Elle n'avait pas de temps à perdre. Elle se sentait changer, elle sentait que quelque chose en elle grandissait depuis son départ de Luinwë. C'est cette chose qui la rendait si sombre aujourd'hui. Elle n'arrivait pas à savoir ce que c'était mais elle le sentait. C'était ça qui lui faisait ressentir toutes ces sensations qui lui faisaient tant de bien...

"Larhe ?"

Le temps sembla s'arrêter d'un coup, devenir très lent. Evangelina tourna la tête sur le côté, apercevant subrepticement son compagnon, dégoulinant de pluie, juste derrière elle. Il y eut un éclair orangé devant elle, et elle retourna la tête pour voir ce que c'était. Mais elle n'en eut pas l'occasion.

Un choc au niveau des épaules la projeta au sol alors qu'elle entendait un cri. Sûrement Liliana au son de la voix. Elle se sentit tomber, comme au ralentit, comme si la gravité s'annulait presque, comme si elle ne pesait plus rien. Il y eut un nouvelle éclair, plus clair, plus prêt, et accompagné d'une vague de chaleur. Il y eut des craquement, un cri plus grave...

"Larhe !?"

Elle sentit son épaule frapper le sol, durement, et sa nuque choquer le parquet. Une sensation horrible, inconnue, envahit tout son corps, partant de sa nuque jusqu'au bout de ses membres. Elle se retrouva sonnée une seconde.

"Relèves-toi !!"

Evangelina secoua la tête, et s'appuya sur ses bras pour se remettre droite. Encore assise, elle regarda autours d'elle, et son regard s'arrêta sur une vision d'horreur. Elle eut des flash d'une vision précédente, une vision qui l'avait terrifié, une vision qu'elle avait oublié, une vision dont l'aboutissement semblait se réaliser.

"Larhe !!!"

Elle se releva d'un coup, mais ne put s'approcher de son compagnon. Il était sur le sol, il ne se débattait déjà plus, et les flammes dévoraient son corps comme une vulgaire forêt un soir d'été.

Evangelina n'en croyait pas ses yeux. Ce n'était pas possible ! Pourquoi cela se passait-il comme ça ? Pourquoi disparaissait-il comme ça, injustement ? Elle sentit quelque chose se briser en elle, quelque chose qui lui faisait mal, une douleur atroce, une douceur qui n'avait rien de physique. Elle n'aurait jamais cru qu'une telle douleur puisse se ressentir. Elle sentit des rivières de larmes noyer son visage, elle sentit sa magie affluer et briser les quelques barrières qu'elle n'avait même plus le courage de tenir. Elle sentit la voix mystérieuse s'éteindre. Elle sentit son cœur sombrer, son âme bruler dans les flammes qui dévoraient les restes de Larhe.

Elle resta là, pendant une durée qui lui parut infinie. Une infinité de douleur, de pleurs et de déchirement. Une éternité de destruction et de torture. Et finalement, elle reprit ses esprits le regard plus sombre que jamais, les yeux froncés et les poings serrés. Elle tourna doucement la tête vers Liliana et le traitre, qui étaient immobiles.

Liliana était elle aussi en pleurs, tremblante, et le traitre semblait plutôt en désarroi, ne sachant plus quoi faire. Il était clair que c'était lui la cause de cette souffrance, la cause de ce meurtre ignoble, la cause de la disparition de son seul repère... Il devait payer, payer pour cette éternité de souffrance, payer pour tout... Elle n'avait plus de raison de faire attention, plus de raison de survivre, plus de raison de ne pas assouvir ce désir de puissance qui l'habitait...

Contrairement à ce qu'elle venait de vivre, la suite alla très rapidement. Elle s'élança d'un coup, toujours en pleurs, vers le traitre et lui enfonça son poing dans le ventre. Puis elle plaqua ses deux mains sur le ventre du traitre et libéra toute la magie qui bouillonnait en elle. Elle ne connaissait qu'une manière de l'utiliser et l'utilisa sans restriction. La vague noire s'échappa de ses mains directement dans le corps de l'elfe qui tressauta avant de s'effondrer. Il n'était pas mort, il ne pouvait mourir de cette manière, mais la déferlante de magie négative avait eu raison de sa conscience pour quelques instants.

Puis le regard d'Evangelina se tourna vers Liliana qui avait reculé contre le mur, tombée à genoux et en pleurs. Elle s'en approcha doucement, mais s'arrêta à quelques centimètres d'elle.

"Montes. Rejoins ta fille et ton fiancé là-haut, et surtout ne redescend pas avant demain. Je ne répondrais de rien si tu redescends."

Liliana ne répondit pas. Elle se leva très vite et s'éloigna le plus vite qu'elle put, trébuchant plusieurs fois avant de disparaitre dans la salle d'à côté. Evangelina se tourna ensuite vers le corps inconscient du traitre.

Il devait souffrir comme il l'avait fait souffrir. Elle n'imaginait pas qu'elle puisse lui infliger ça, mais elle allait en faire le plus possible. Il n'y avait plus de diplomatie qui allait, il n'y avait plus que la violence. Le sang et la douleur, tout ce dont elle avait besoin. Tout ce dont elle avait envie, tout ce qu'elle pouvait encore ressentir, tout ce qui pouvait encore atténuer la douleur en elle...

Le goût du sang [:attention:]

_________________
Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...

Image

Merci à Itsvara

« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. »
Jean Ray



Dernière édition par Evangelina le Mer 20 Juin 2012 16:50, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mer 25 Avr 2012 14:39 
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Douleur

[:attention:] Ce post contient des descriptions gores. Âmes sensibles s'abstenir. [:attention:]

Quelque chose de lourd tomba sur sa conscience, du moins sur ce qu'il en restait. Elle était toujours en larmes, ses perles bleutées colorant la pluie dégoulinant de ses cheveux. Elle se retourna doucement, délaissant le corps inconscient du traitre et s'approchant de celui fumant de Larhe.

Il était méconnaissable, noirci et détruit par les flammes. Seule la forme générale de son corps était reconnaissable, ses bras recroquevillés sous lui, ses jambes pliées, presque détachées du corps...

Evangelina tomba à genoux, ses larmes s'intensifiant. Pourquoi devait-il mourir ? De quel droit lui enlevait-on ce qu'elle avait de plus précieux ? Elle sentait en elle un manque, un gouffre si profond qu'elle savait ne jamais pouvoir le remplir.

Et quelque chose s'était brisé, quelque chose qui avait fait d'elle ce qu'elle était, qui avait fait que Larhe l'aime... Son innocence sûrement. Mais elle n'était plus, cette chose qui la rendait heureuse. Il n'y avait plus rien, plus que le vide insondable d'un cœur fermé, et dont la seule clef venait d'être perdue à jamais...

Que pouvait-elle faire maintenant qu'elle souffrait tant, maintenant que son âme n'était que souffrance et errance, que son cœur déchiré libérait tout ce qu'elle avait en elle ? Elle se sentait mal, très mal. Elle n'avait plus rien, et pourtant était encore là. Il n'y avait qu'une solution pour se sentir bien : retrouver Larhe. Elle savait que c'était impossble, que rien ne pouvait le ramener. Mais elle passerait sa vie à chercher ce rien... Elle n'avait plus que ça à faire. Elle tourna le reste de la tête de Larhe et retira la pierre qui perçait sa nuque. Elle était bleutée, et ne brillait plus. Elle la serra dans la paume de sa main, puis la glissa dans son haut en cuir, entre ses seins, au plus prêt de son cœur magique.

Et remplir ce gouffre qui la faisait tant souffrir. Ce gouffre était né dans la souffrance et la mort de celui qu'elle aimait le plus au monde, et seul la souffrance et la mort des autres pouvaient le remplir. Elle le savait, et n'en avait cure. Elle se fichait du bien et du mal, elle se fichait de la vie et de la mort. Plus rien n'avait d'importance, si ce n'était Larhe.

Elle eut soudain un flash. Deux corps emmêlés, de puissantes sensations, le goûts du sang sur ces lèvres...

Pendant ce court instant elle se sentit bien.

"Tu n'as pas le choix..."

De toute façon, elle n'avait plus envie de réfléchir sur les conséquences néfastes de ses actes. Elle n'en avait plus le besoin, et cela lui allait très bien. Elle regarda une dernière fois le corps calciné de Larhe, puis se releva et se dirigea vers le traitre. Il allait payer pour son crime. Il allait être l'initiation à sa quête de résurrection, à ce désir d'assouvissement. Il allait périr de sa main, mais elle voulait plus. La mort ne l'aiderait pas. La mort ne la soulagerait pas, ne remplirait pas ce gouffre qui l'occupait. Mais la souffrance, si. La douleur des autres, leurs souffrances, le goûts de leur sang... Elle voulait tout ça, et elle en avait besoin pour ne pas sombrer, ne pas sombrer dans cette folie qui la guettait...

Elle tira le corps du traitre et le hissa péniblement sur la table du salon, poussant préalablement ce qui y trainait, renversant tout au sol. Puis elle monta sur la table et l'enjamba, se mettant au niveau du torse qu'il ne puisse pas la renverser. Puis elle lui mit une puissante claque, puis deux, puis trois.

Le traitre gémit et ouvrit les yeux subitement. Il essaya de se relever mais l'Aniathy l'en empêcha. Il était bien, ce pouvoir que lui offrait sa magie. Cette magie était libre maintenant, elle la sentait en elle, partout, lui donnant la force et la puissance de réaliser son souhait.

"Laissez-moi partir !"

Evangelina ne répondit pas. Elle lui remit une puissante claque, le faisant de nouveau gémir.

"Ce n'est pas ma faute ! Ils retiennent ma fille, ils ..."
"Tais-toi."

Sa voix était monocorde, dure, mais avait cependant gardé cette douceur qui la caractérisait... Le traitre ce tut instantanément.

"Je m'en fiche que tu les ais envoyé en prison. Je voulais juste retrouver Fear. Mais tu l'as tué, tu as tué Larhe, et maintenant, c'est toi qui va mourir."

Le visage du traitre se décomposa, et il commença à s'agiter. Ses yeux reflétaient la peur qu'il ressentait, mais elle resta impassible. Il ne souffrait pas, et il fallait qu'il parle, qu'il lui raconte tout.

"Pourquoi l'as-tu tué ?"
"Je.. Ce n'est pas ma faute ! Ils retiennent ma fille et..."
"Qui ?"
"Je... Ils vont la tuer si je parle !"

Evangelina descendit de la table et lui donna un gros coup de poing dans le ventre. Puis elle alla dans la cuisine et ouvrit tous les placards, jetant violemment leur contenu au sol, jusqu'à ce qu'elle trouve ce qu'elle voulait : un couteau pointu, un épluche-pomme de terre, du sel...

Puis elle revint dans le salon. Le traitre était descendu de la table, une main sur le ventre, et tentait de s'enfuir. Elle fronça les sourcils et s'élança vers lui, le plaquant contre le mur, violemment.

"Écoutes espèce de pourriture, tu vas mourir ici, et tu vas souffrir avant ça.Tu ne reverras jamais ta fille, qui est sûrement déjà morte à l'heure qu'il est."

La peur qui se lisait dans ses yeux se transforma en terreur et il commença à se débattre mais il arrêta très rapidement, poussant un hurlement de douleur. Evangelina venait de lui planter le couteau dans la main, la clouant au mur. Du sang commença à s'écouler, rougissant le mur immaculé.

"Vous êtes folle !"
"Il se pourrait bien... Qui est fautif d'après vous !"

La voix d'Evangelina n'était plus douce, mais dure et pleine de haine. Elle appuya sur le couteau, puis le retira dans une gerbe de sang. Le traitre tomba à genoux à ses pieds, tenant sa main ensanglantée et pleurant un torrent de larmes.

"Ils... m'ont obligé ! Ils ont capturé ma fille ! Elle a 6 ans !"
"C'est jeune pour perdre son père."

L'Aniathy lui donna une nouvelle claque, puis écrasa sa main déjà blessée sur le sol. Il poussa un nouveau hurlement entrecoupé de sanglots, et Evangelina ferma les yeux. L'odeur du sang commençait à s'infiltrer en elle, et elle aimait ça. C'était un désir malsain, pervers et immoral, mais elle n'avait plus aucune raison d'être morale...

Elle s'accroupit prêt de lui, approchant ses lèvres aux plus près de l'oreille du traitre.

"Tu n'aurais pas dû le tuer ! On n'avait rien contre toi, mais là, tu t'es mis à dos quelqu'un qui n'a plus ni raison de vivre, ni raison de mourir. Tu viens de te trouver comme ennemi un être qui n'a plus de vie, et qui pourtant n'a pas de repos, quelqu'un qui n'a plus qu'un désir. Et pour cela tu vas mourir."

"Je... Je ne veux pas mourir.. J'ai fait... ça... pour elle !"
"Et elle te le revaudra. Comment s'appelle-t-elle ?"
"Elle... Saloma... Ne lui faite pas de mal, s'il vous plait ! Elle est innocente !"
"Je ne lui ferais rien. Je ne rien contre elle... C'est toi que je veux voir mourir, pas elle..."

Le traitre ne voulait pas mourir, et ça se voyait. Il essaya de se relever rapidement mais Evangelina le plaqua contre le mur et lui posa le couteau sous la gorge, entrainant l'apparition d'une perle rouge.

"Tu ne bouges pas."

Mais il n'obéit pas. Il attrapa le bras de l'Aniathy de sa main valide et tenta de la repousser. Mais elle réagit rapidement, lui bloquant le coude de son autre main, et lui tordant le bras, le forçant à se mettre à genoux. Puis elle donna un coup de genoux dans le coude tordu qui craqua horriblement. Le traitre hurla de nouveau et s'écroula, gémissant. Mais Evangelina n'en avait pas fini. Elle le retourna sur le dos et l'enjamba de nouveau, avant de déchirer sa tunique pour dévoiler son torse, qui s'agitait de manière saccadée.

"Tu ne peux pas t'enfuir. Tu vas mourir ici."
"Pourquoi... Pourquoi faites-vous ça ?"

Evangelina ne répondit pas mais posa son couteau sur le bas de la gorge du traitre. Elle hésitait. Il fallait qu'il souffre, qu'il expie sa faute autant qu'il le pouvait, car jamais sa souffrance ne réparerait son erreur.

Elle fit glisser la pointe du couteau sur son torse, puis sur son ventre. Et soudain, sans prévenir, elle l'enfonça profondément. Il y eut un hurlement, puis il fut étouffé dans un gargouillement sordide. Du sang gicla lorsqu'elle retira le couteau, et de la blessure s'écoulait un flux de ce liquide vital, jusqu'au sol, s'étalant peu à eu sous le traitre et autours de lui. Du sang avait giclé sur le ventre et les cuisses de l'Aniathy. Mais elle n'en avait cure. Il souffrait, c'était tout ce qui comptait.

Il avait du mal à respirer, la bouche remplie de sang qu'il crachait tant qu'il pouvait. Ce sang coulait sur ses joue et sa gorge, et Evangelina s'enivrait de ses flagrances si voluptueuses. Elle ferma les yeux, laissant ces odeurs s'infiltrer en elle, commencer à remplir ce gouffre qui l'habitait... Il lui en fallait plus, toujours plus.

"Tu as de la chance, ta souffrance ne semble pas m'apporter ce que je veux. Mais ton sang oui... Puis-je me servir ?"

Le traitre ne répondit pas. En fait il ne pouvait pas, ses cordes vocales étant noyées dans le sang. Evangelina posa ses mains sur sa poitrine, seule partie visible non ensanglantée, et approcha ses lèvres du visage du traitre.

"Ton sang... Il sent bon, et s'en va sans remords..."
"Vous... vous êtes... folle !"

Il eut beaucoup de mal à dire ça, entre le sang dans sa gorge et la douleur dans ses membres.

"Oui... Et ton sang va me guérir..."

Elle était presque collée à lui, susurrant ces derniers mots comme un soupir, doucement, faisant claquer sa langue. Elle posa le couteau à côté d'elle et fit glisser ses doigts sur le visage couvert de sang du traitre, les yeux fermés, respirant les effluves de sang et de peur qui l'entourait. Puis elle glissa son doigt dans le sang du traitre, avant de s'en délecter délicatement.

Le goût était exquis, subtil, et beaucoup plus puissant que la simple odeur du fluide vital. Elle s'en délecta, puis glissa sa langue sur la joue du traitre. qui ne bougeait presque plus. C'était sublime, c'était tout ce qu'elle recherchait, ce désir pervers, intense qu'elle ressentait, ce sang l'assouvissait presque en totalité. Elle n'avait jamais rien ressentit d'aussi bon, d'aussi subtil...

"Mon dieu !"

Evangelina releva la tête tout de suite, et vit Liliana, tremblante et horrifiée, paralysée par la peur, se tenant en bas de l'escalier qu'elle n'était pas censée descendre. Le regard dEvangelina était sans équivoque. Et le sang qu'elle venait de boire avait occulté le peu d'humanité qui lui restait, le peu d'humanité qu'elle n'avait pas perdu avec Larhe...

Elle se leva d'un mouvement fluide et rapide, ramassant le couteau ensanglanté au passage, et fonça vers l'elfe qui ne put bouger, paralysée par la vision d'horreur qu'elle venait de voir. Elle ne poussa aucun cri, à peine un gémissement, lorsque le couteau s'enfonça dans sa hanche. Elle s'agrippa à l'Aniathy, essayant de se retenir, mais trop de sang s'écoulait de la blessure, imbibant sa nuisette et coulant sur sa jambe. Puis elle s'écroula sur le sol... Evangelina ne bougea pas pendant quelques instants, le regard sombre, puis se retourna et se dirigea vers le traitre. Elle s'accroupit à côté de lui. Son sang l'appelait, ses effluves l'enivraient, mais elle ne succomba pas. De tout façon, il avait trépassé, son torse ne bougeait plus, un flot de sang se déversait de ses blessures sans être saccadé.

Evangelina baissa les yeux et vit que du sang coulait sur sa cuisse et sur son ventre. C'était celui du traitre qu'elle avait récupéré en s'allongeant. Mais elle n'en avait cure. Il suffirait de se laver et cela ne se verrait plus. Elle se releva et regarda autours d'elle. Mais son regard fut attiré par quelque chose. La fille de Liliana était là, le visage en pleurs, les mains couvertes du sang de sa mère. Elle était à genoux à côté d'elle, serrant son corps dans ses petit bras frêles. Evangelina serra le couteau dans sa main et s'élança de nouveau, mais elle s'arrêta avant d'atteindre la petite fille.

Une once de conscience venait de faire son apparition, éphémère, brève mais présente. Elle vit ce qu'elle venait de faire, et se sentit mal. Ce n'était pas des remords c'était autre chose... Comme une enfance qui vient de disparaitre mais déjà ça commençait à s'estomper...

"Vas-t'en ! Profites, tu seras sûrement la dernière à voir ma pitié ! Fuis !"

La petite fille hésita, puis s'élança à travers le salon, frôlant l'Aniathy qui se contrôla. Elle entendit la porte s'ouvrir, puis claquer. Et le silence retomba. Un silence profond, imperturbable. L'Aniathy lâcha son couteau qui tomba sur le sol, brisant le silence de ce son d'après mort. Il fallait qu'elle parte. La petite fille n'allait pas rester sans rien faire. Il fallait qu'elle s'en aille. Elle pivota donc sur elle même et s'élança vers la porte. Elle l'ouvrit et s'enfonça dans les ruelles de Cuilnen, laissant derrière elle son présent et son futur, ne gardant que le passé qu'elle allait chercher à retrouver...

Infamie [:attention:]

_________________
Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...

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Merci à Itsvara

« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. »
Jean Ray



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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 8 Oct 2012 21:16 
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Prologue


Rien ne lui était plus agréable que de prendre de la vitesse, de sentir le vent sur son corps, de l’entendre siffler à ses oreilles. La pluie ne lui gâchait pas son bonheur, elle glissait le long de ses muscles toujours en action de manière souple et racée. Il ne lui tardait qu’une chose : rejoindre son havre de paix, ce gite si doux ou l’attendait nourriture et agréable compagnie.
Rien ne pouvait le faire dévier de sa route, il tenait son cap comme ses ancêtres. Il ne pouvait déroger à la règle inscrite au plus profond de son être. Il n’avait besoin que de peu de chose pour se diriger même sur cette si longue distance : rejoindre Cuilnen lui était une obligation, un devoir auquel il ne pouvait se soustraire.
Depuis son départ de Kendra Kar, il ne s’était accordé que peu de répit : juste le temps de boire parfois à la volée et de se nourrir frugalement. Il savait ce qu’il lui fallait pour que son voyage ne soit pas écourté. Bien sûr, il avait frémi en sentant sur lui la grande ombre, cette ombre mortelle qui ne voulait dire qu’une chose : plus vite. En la percevant, il avait plongé vers le sol pour ne pas être la proie. Son salut était venu d’une forêt qu’il avait traversée en évitant les arbres, tournant court, zigzagant, accélérant plus vite que son poursuivant plus lourd et moins mobile. Mais cela c’était du passé, il reconnaissait maintenant la forêt, son odeur, ses bruits. Il arrivait à son but, sa demeure, son nid douillet.
Lorsqu’il pénétra par l’une des portes de son logis, il prit un malin plaisir à faire tinter la clochette pour signaler son arrivée. Il savait ainsi que l’on allait s’occuper de lui et qu’il allait enfin pouvoir se reposer.
Il fit savoir à tous qu’il était de retour, ses frères et sœurs lui répondirent en cœur roucoulant de plaisir en l’entendant. Des pas lourds se firent entendre et il se sentit soulevé tendrement, caresser, bercer par des paroles qui n’avaient pas de sens pour lui. Il se laissa aller, laissant son corps se vider dans les mains qui le choyaient.

« Ah ben merci, pour ton retour tu ne trouves rien de mieux que de répandre ta fiente dans mes mains. Mais je comprends, mon ami, que tu as fait un long voyage. Ce cher Vilgror te renvoies vers moi, cela ne peut signifier qu’une chose, d’autant plus que tu ne portes pas de message. Il faut que je l’avertisse !
Ne t’inquiète pas, prend du repos, courtise toutes les femelles que tu veux. Ce n’est pas demain que tu repartiras ! »


Après un baiser sur le bec du pigeon, il le déposa sur un nid et descendit de son pigeonnier. Tranquillement, il traversa le couloir qui allait le mener à son atelier. Il prit le temps de remettre son tablier de cuir. Il huma l’air pour y trouver l’odeur de toutes les essences qu’il travaillait. D’un geste sûr, il rattacha ses longs cheveux noirs ébène puis sa longue silhouette élancée glissa sans un bruit en écrasant à peine les copeaux de bois vers son établi. De ses doigts longs d’une pâleur extrême il caressa la bille de bois qu’il avait devant lui. Il l’avait faites sécher durant plusieurs années naturellement, vérifiant son poids régulièrement jusqu’au jour où il n’y avait plus eu de changement.

En passant sa main sur le bois, de nombreuses images revinrent à son esprit. L’humain et le Woran qu’il avait croisé aux abords de la ville. Ce jour-là il s’était vraiment posé la question sur les raisons de leur venue mais il avait confiance en sa ville. Elle ne se livrait pas à tous, ce n’était pas une de ces catins qu’il suffisait d’aborder pour qu’elle vous offre ses secrets. Non, bien loin de là. Elle se gagnait, elle se méritait à l’image de ses héroïnes des légendes inaccessibles au commun des mortels. Le cœur de ceux qui désiraient la conquérir se devait d’être pur.
Ainsi il leur avait souri, les saluant en Commun afin qu’ils ne s’offusquent pas d’entendre une langue étrangère si mélodieuse qu’elle soit. En se présentant il leur avait proposé d’être leur guide à Cuilnen du moins s’ils le désiraient. De là était née une amitié indéfectible entre les trois individus, au-delà de leurs différences. Chacun s’était enrichi de l’autre.

Un trille mélodieux le fit sortir de ses pensées, un des oiseaux vivant à demeure en son jardin semblait ne pas vouloir cesser de montrer sa joie de vivre. Cela permit à l’Osgeri de reprendre contact avec la réalité et le travail qu’il lui restait à faire pour faire de cette bille un arc long. Il se mit donc à œuvrer, oubliant le temps qui passait allumant les lanternes quand le soleil ne donnait plus la lumière nécessaire. Ce savoir-faire, il l’avait partagé avec bon nombre d’apprenti au cours de sa vie mais Garwall, ce Woran Sombre étrange de par sa compulsion à connaître les autres et leur culture, était celui qui lui avait fait se poser le plus de question. Le facteur d’arc s’était mis à lui enseigner son art sans même s’en rendre compte tellement la curiosité du Woran était grande. Avant même de toucher les outils, ils avaient parcouru ensemble la forêt pour que le jeune apprenti connaisse les différentes essences utiles. Ces longues quêtes leur avait permis d’établir ce lien qui vivait encore à ce jour. C’est pour quoi il s’inquiéter de l’arrivée du messager de Vilgror. Il savait bien que le pigeon avait dû laisser sur place n’importe quel voyageur, mais cela ne faisait que retarder l’imminence des ennuis pour Garwall.
Qu’avait-il pu faire pour que quelqu’un le recherche ? Une personne qui s’était adressée à Vilgror qui lui aussi avait vécu avec le Woran durant de nombreuses années. A l’évidence la prochaine personne à devoir être interrogée se devait d’être lui, Lafyn. Si tant est que ces personnes pourraient arriver à Cuilnen qu’il n’avait jamais réellement quitté sauf pour se fournir en matière première au sein même de la forêt.

Alors qu’il travaillait à l’équilibrage de l’arc en if, il entendit des pas feutrés pénétrer dans son atelier en même temps qu’il sentit une infime odeur . S’il n’avait pas gardé de ses longs périples en forêt une grande vigilance, il aurait sûrement pu se faire surprendre. D’un geste vif, souple et élégant il se retourna menaçant de l’arc non achevé l’imprudent qui avait osé entrer dans son antre sans permission.
La poupée non encore polie vint se placer à moins d’un centimètre de la gorge de l’importun avant que celui-ci n’ait pu tenter un mouvement.
Cependant un sourire apparut sur le visage du Woran Sombre se trouvant prêt à se faire traverser le larynx.

« Est-ce comme cela qu’un maître accueille son élève ? »

D’un geste il écarta l’arme improvisée.

« Désolé, ce que j’ai tenté était stupide. Mais de là à perdre ma voix ou plus … »

« Idiot que tu es ! Tu pensais vraiment arriver à me surprendre. Je conviens que tu avais choisi le bon moment où toute mon attention était focalisée sur ce nouvel arc. Lais ton passage en forêt a laissé sur toi une odeur bien agréable mais légèrement différente de celle de la ville. »

Cela dit Lafyn posa délicatement l’arc et tendit sa main vers Garwall. Ils se saisirent les avant-bras à la manière des guerriers et tombèrent dans les bras l’un de l’autre.

« Mon jeune ami, un pigeon est arrivé »

« Oui comme souvent, tu connais tellement de monde sur ce continent. »

Lafyn secoua doucement la tête en signe de dénégation.

« Celui-ci ne m’était pas adressé. Il n’avait d’ailleurs pas de message à sa patte. Il venait de Kendra Kar, c’était un de ceux que j’avais confié à Vilgror. Tu te souviens de ce que nous avions convenu à son dernier départ. »

« Oui, si fait. Des questions trop pressantes sur un de nous trois, des ennuis en perspective et il devait envoyer un pigeon sans message. Lequel est revenu ? »

« Le tien. »

« Ah ! Mais qui peut bien s’intéresser à moi ? Pour quelles rais… ? »

Garwall se tut, son regard se perdit dans le vague quelques instants. Ses pupilles se rétrécirent puis il posa son regard sur son Maître.

« Je ne peux rester plus longtemps. Ce ne serait pas digne de notre amitié. »

Le Woran Sombre commença à se retourner pour repartir sur ses pas. Se faisant Lafyn pu l’observer tout à loisir. Garwall n’avait pas quitté ses vêtements de chasse comme il se plaisait à les appeler. Bottes de cuir souples, chausses de cuir marron sur lesquelles des lanières de cuir vert sombres formaient des entrelacs visant casser visuellement la silhouette. Une tunique de cuir de la même couleur et aux même ornements se serrait autour de sa large poitrine. Du dos du jeune Woran un arc débandé pointait ainsi que de nombreux empennages gris. Un large kukri à la lame si particulièrement recourbé avait trouvé place au creux des reins pour ne pas gêner les mouvements du Rôdeur. Une simple sacoche de cuir venait compléter son équipement.

« Je repasserai lorsque j’aurai réglé ce petit problème. Cela risque de me prendre un peu de temps. Si tu le permets, je laisse mes affaires ici. Je repasserai les prendre. »

« Ta chambre t’attendra ainsi que tes affaires, bien que je doute que qui que ce soit aille vérifier les arbres du jardin. » Dit Lafyn avec un sourire.
« Que Yuimen t’accompagne et te garde. »

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Dim 13 Oct 2013 17:58 
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>>>Désirs de liberté

Le diagnostic


Après une très rapide excursion dans les rues de la cité blanche, je suis enfin arrivé à ma destination : les quartiers des gardes de Cuilnen. Le bâtiment devant lequel je me trouve ressemble à toutes les autres habitations de la ville : une grande baraque de bois blanc, décorée de frises et reliefs animaux et végétaux. La fontaine entrecroisée de deux flèches, symbole d’une des confréries d’éclaireurs de Cuilnen, est gravée au-dessus de la porte d’entrée. Les deux étages permettent d’accueillir un grand nombre de recrues. Le jardin, quant à lui a été entièrement reconverti en terrain d’entrainement au sein duquel sont entreposés des cibles et des arcs pour les apprentis.

Le capitaine de la garde me reçoit et me fait monter à l’étage. La décoration intérieure est sobre. Des lits sont installés le long des murs pour permettre aux soldats de se reposer entre deux missions. Au fond de la pièce un petit attroupement de soldats entoure l’un des lits sur lequel je devine une silhouette allongée.

(Sûrement le blessé dont m’a parlé Holïmion…)

« Que s’est-il passé ? »

« Hier, lors de notre patrouille matinale dans la forêt aux abords de Cuilnen, nous sommes tombés nez à nez avec une escarmouche d’elfes noirs provenant du Royaume d’Atha Ust. Ils étaient peu nombreux et nous avons pu les prendre par surprise. Cependant, au cours de leur fuite, Naïlo s’est pris une flèche perdue au niveau de l’épaule. Nous l’avons rapporté en hâte au quartier général, où nous avons retiré la flèche et appliqué sur la blessure un baume de soin. Il ne s’est pas réveillé ce matin et j’ai l’impression que l’état de la blessure s’est empiré depuis hier matin. C’est à ce moment que nous avons pris contact avec le Temple de Gaïa pour nous faire parvenir un guérisseur dans les plus brefs délais. Naïlo est un bon guerrier et sa perte serait difficile pour ses proches comme pour nous… »

Apparemment, certains ont eu des matinées bien pires que les miennes. Finalement, la théorie sur la tonte des moutaries au début de l’été me semble bien plus agréable à passer maintenant. Je m’avance vers le lit où repose le blessé. Son armure et sa tunique ont été enlevées et une plaie béante est bien visible au niveau de son épaule droite. Malgré la taille de la blessure, le dénommé Naïlo semble se reposer du sommeil du juste, un sourire paisible affiché sur la figure.

Je m’approche de lui et penche mon regard vers la plaie. Ça n’est vraiment pas beau à voir. La flèche responsable de cette blessure a été déposée sur la table de chevet. La tige noire est surmontée d’une pointe barbelée toute aussi noire, une spécialité shaakt, ce qui oblige à lacérer les chairs du blessé lors de l’extraction du projectile. Je ne me mouillerais sûrement pas si j’avançais que cette flèche a été enduite de poison, ce qui expliquerait l’état du blessé. Les shaakts ne s’abaissent devant rien lorsqu’il s’agit de torturer leurs adversaires. Maintenant, reste à savoir quel poison a pu être utilisé, ce qui est une autre paire de manche.

L’elfe blessé est étonnement calme pour quelqu’un qui a été infecté plus d’un jour auparavant. Son sourire serein m’inquiète d’autant plus. Je me concentre sur la lésion. La chair a commencé à prendre une légère teinte bleutée au sein de la blessure. Ça ne ressemble pas à une nécrose classique que pourrait entrainer une plaie non soignée. De légers filaments de couleurs bleutés, à peine perceptibles à vue d’œil commencent à se former dans la coupure. Mauvais signe, très mauvais signe…

Je reporte mon attention sur la pointe de la flèche responsable de cette complication. En faisant jouer la lame avec les rayons du soleil, on remarque aussi de très légers reflets bleutés. Pour une première mission, j’ai été gâté, moi qui pensais me retrouver face à une blessure classique. Un frisson me parcourt l’échine, et je sens mes fluides s’agiter nerveusement en moi. Je repose précipitamment la flèche sur la table. J’ai comme un très mauvais pressentiment… En espérant que mon intuition ne se confirme pas.

A propos d’intuition, et sans trop réfléchir, je me penche sur la tête du blessé et ouvre ses paupières closes. C’est avec surprise que je constate que ceux-ci sont devenus entièrement bleu. Un très beau bleu d’ailleurs. Trop beau pour un simple empoisonnement. Bleu comme le ciel un beau jour d’hiver. C’est exactement ça, beau mais froid, comme la déesse Yuia. Certes très beau, mais Je n’aime vraiment pas ça. Je sais que mes yeux deviennent opalescents lorsque j’utilise mes fluides de lumière, mais de là à ce qu’un poison transforme les yeux de sa victime en sphères bleutées ne me dis rien qui vaille.

De l’agitation commence à se sentir autour de moi. Je sens que les gardes sont aussi surpris que moi, mais leurs chuchotements m’empêchent de réellement me concentrer. Yeux bleus, chair bleue, reflets bleus... Yeux bleus, chair bleue, reflets bleus... Et quand bien même je trouverais le poison, je ne maitrise encore aucun sort de contrepoison, les dernières requêtes d’Holïmion m’ayant empêché de me concentrer sur mes apprentissages magiques.

Yeux bleus, chair bleue, reflets bleus... Les chuchotements des autres gardes me font vraiment perdre tout le peu de concentration qu’il me reste et le fait d’avoir pensé à Holïmion ne m’aide vraiment pas. Si seulement je pouvais arriver à être aussi calme et serein que le garde qui semble être plongé dans un sommeil artificiel, cela serait sûrement plus facile. Serein ? Sommeil artificiel ? Couleur bleue ? Mais oui, bien sûr, j’y suis ! Compendium de la Flore du monde de Yuimen, tome III : la Douce Féérie. Le pollen de cette fleur d’une rare beauté entraine des complications au niveau du système nerveux et cause des hallucinations et un sommeil artificiel. Les symptômes sont là. Heureusement qu’il a fait parti de mes lectures de la semaine passée. J’imagine qu’en distillant le pollen, il est possible d’en faire un élixir applicable sur une arme. Les shaakts peuvent se montrer très inventifs quand il faut.

En revanche, je n’ai aucun souvenir du contrepoison. Une visite à la bibliothèque s’impose. Et le temps risque de manquer. Je suis pourtant déjà content d’avoir retrouvé le nom de cette satanée plante, la flore de Yuimen n’étant vraiment pas ma grande spécialité.

« Votre ami a été empoisonné par la fleur de la Douce Féérie. Je ne connais pas de sort de contrepoison, et je doute que le temple ait une potion en réserve permettant de soigner ce genre de blessure. Je vais devoir aller me renseigner pour trouver un traitement approprié. J’espère pouvoir résoudre ce problème d’ici ce soir. En attendant, je vais essayer de stabiliser son état et refermer sa plaie pour éviter une surinfection. C’est tout ce que je peux vous apporter pour le moment… »

Je m’agenouille auprès du dénommé Naïlo et place mes mains sur son ventre. Je ferme mes yeux et me concentre. Je sens mes fluides magiques commencer à danser à l’intérieur de moi. Un léger picotement commence à monter le long de ma colonne vertébrale. Ce picotement commence à se transformer en douce chaleur et se propage à travers mon corps. Peu à peu, je ressens une grande sérénité. J’ai toujours aimé ce sentiment lors de l’utilisation de mes fluides de lumière. Je me demande bien quels effets peuvent avoir l’utilisation d’autres fluides. Je concentre cette chaleur au niveau de la paume de mes mains et commence à transmettre mes fluides au corps inanimé. Je vise à soigner sa blessure et je focalise pendant quelques minutes mes fluides au niveau de son épaule. Sous l’action de mes fluides, je sens les chairs qui se referment. Malheureusement, la présence noire du poison par rapport à mes fluides d’un blanc laiteux se fait encore ressentir, et j’ai du mal à réaliser une véritable guérison. Une présence bien trop noire et malsaine pour un simple poison d’origine végétale, présence au contact de laquelle mes fluides crépitent et s’agitent. Une fois la blessure refermée, je rappelle mes fluides à moi et la chaleur que j’avais ressentie quelques instants plus tôt m’envahit à nouveau, puis s’estompe progressivement.

Je rouvre les yeux. L’elfe allongé a repris des couleurs et ressemble beaucoup moins à un cadavre. La blessure est refermée, ce qui était l’effet escompté. En revanche, une vilaine tâche bleuâtre reste visible à l’endroit où se trouvait la plaie. Je me relève, salue respectueusement les éclaireurs et me dirige vers la sortie en m'adressant au capitaine :

« Je ferai au plus vite, comptez sur moi ! »


>>> Faire marcher sa mémoire

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 24 Oct 2013 13:09 
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>>> Le retour vers la ville

Fabrication de l’antidote


De retour au quartier des gardes de Cuilnen, je rentre directement dans l’habitat des éclaireurs, monte les marches quatre par quatre et me retrouve à nouveau dans le dortoir. La population entourant le lit du blessé s’est clairsemée. Seuls quelques guerriers restent à proximité du lit, jetant de temps des regards tristes et impuissants.

Je m’approche du lit et réexamine le corps de Naïlo. Ce dernier est toujours plongé dans un état de transe profonde que rien ne semble perturber. La blessure a bien disparu après mon usage de la magie plus tôt et aucune vilaine cicatrice ne restera. En revanche, j’ai l’impression que la tache bleuâtre a doublé de volume, recouvrant quasiment l’ensemble de son épaule droite.

(Aïe ! Il était grand temps que j’intervienne !)

Je demande à un des éclaireurs présents un récipient rempli d’eau claire. Le temps qu’il me l’apporte, je m’approche de l’âtre présent au centre de la pièce dans l’intention de faire démarrer un feu. Un petit tas de bois de réserve est posé dans un coin de la pièce. Je prends quelques bûchettes et les place sur le foyer. Un silex et de l’amadou présents à côté du bois me permettent d’allumer le feu après plusieurs tentatives infructueuses.

Quelques étincelles tombent sur les branches. Je souffle dessus pour attiser les flammes qui commencent à lécher les bûches placées sur le foyer. Le feu prend réellement au bout de quelques minutes. Je suis sûr qu’il doit exister des sorts permettant d’accélérer ce processus, mais je n’en connais aucun et mes fluides étant de nature lumineuse, je doute qu’ils me permettent de réaliser ce genre d’exploit.

Le garde revient avec l’objet de ma requête. Je place le récipient sur une grille métallique pour le protéger des flammes. Il ne me reste plus qu’à attendre que l’eau bouille. Je m’assois en tailleur à côté du feu, retire la sacoche de derrière mon dos, l’ouvre et en sors les branches de Cheveux de Gaïa fraîchement récoltées. Je commence à détacher les longues feuilles dorées des branches et en forme un petit tas à côté de moi. Les feuilles commencent déjà à sécher. De la fumée commence à s’élever et la surface de l’eau est en train de s’agiter. Il est temps de rajouter les feuilles dedans.

Je rajoute une grosse poignée de feuilles dans l’eau frémissante et commence à mélanger le liquide et les feuilles. Je n’ai absolument aucune idée du temps d’infusion de cette préparation. Tant pis, ça sera au talent. Mais je pense qu’une petite dizaine de minutes comme une infusion « classique » devrait suffire. Autour de moi les gardes se sont arrêtés de parler et me fixent tous de leurs yeux clairs. La tension est palpable. Il ne faut que cela me déconcentre une fois de plus.

L’eau commence à changer de couleur et j’ai aussi l’impression qu’elle devient de moins en moins fluide. Je retire le récipient du feu avec un linge pour éviter de me brûler et vais le poser sur la table à côté du blessé, où je pousse la flèche shaakte pour faire un peu de place. Le temps que le mélange refroidisse et je pourrai l’administrer à Naïlo. Je demande un verre à l’un des gardes encore présent, qui me l’apporte en un rien de temps. J’essaye tant bien que mal de verser le liquide épais dans le verre sans en renverser partout, ce qui n’est pas une mince affaire. L’eau est devenue presque opalescente et a pris la couleur du tronc des Cheveux de Gaïa, ce qui, je l’espère, est bon signe.

Aidé d’un des éclaireurs, je redresse l’elfe blessé sur son lit pour qu’il soit en position assise. Cela permettra d’éviter au moins qu’il s’étouffe avec la préparation si celle-ci venait à se montrer inefficace. Je prends le verre et l’approche de ses lèvres.

(C’est l’instant de vérité… En espérant que Gaïa m’aide pour cette tâche…)

Faire avaler un liquide, qui de plus est assez épais, à une personne endormie n’est vraiment pas une mince affaire. Je dois m’y reprendre à plusieurs fois, après avoir renversé une bonne partie du liquide sur le menton de l’elfe. C’est finalement après quelques ratés que j’ai compris comment m’y prendre. En penchant sa tête légèrement en arrière, les lèvres s’ouvrent naturellement et il ne reste plus qu’à faire glisser la préparation dans la bouche. En espérant qu’il ne s’étouffe pas avec… Mais apparemment le réflexe de déglutition est toujours présent. Après s’être assuré que l’infusion a bien été avalée, nous replaçons le corps en position allongée.

(Maintenant, il ne reste plus que ma partie préférée : l’attente !)

Nous attendons facilement une heure sans le moindre changement visible. Au dehors, la lune commence à atteindre son zénith. A l’intérieur, je fais les cent pas dans le dortoir sous le regard plus ou moins amusé des gardes. La patience n’est définitivement pas ma première qualité. J’essaie de revoir toutes les étapes que j’aurais pues esquinter, mais je n’ai pas l’impression d’en avoir raté une. Du moins, en théorie... C’est quand même la première fois que je réalise ce genre de guérison, et je ne suis vraiment sûr de rien…

La tâche n’a toujours pas diminué et aucun signe de réveil chez l’elfe endormi…


>>> La guérison par les fluides

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Dernière édition par Elrath le Jeu 24 Oct 2013 13:20, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 24 Oct 2013 13:19 
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La guérison par les fluides


(Oooh et puis tant pis !)

Je retourne près du corps de l’endormi, m’agenouille à côté de lui et replace mes mains, non pas sur son ventre cette fois, mais directement sur son épaule droite. Quitte à devoir attendre, autant tenter l’impossible et essayer d’évaluer la progression de mes talents magiques. Je sais déjà soigner les blessures, j’imagine qu’éliminer un poison ne doit pas être si différent.

Mes fluides parcourent à nouveau mon corps de manière uniforme et je ne ressens plus de contrecoup de mon utilisation matinale. Tant mieux je vais avoir besoin de toutes mes forces pour essayer d’accomplir cet exploit. Je ferme les yeux et essaie de me déconnecter au maximum de ce qu’il se passe dans la pièce. J’aurais besoin de toute ma concentration en ce moment et je n’ai absolument aucune envie que l’on me dérange.

Je sens mes fluides qui recommencent à s’agiter. Je canalise cette énergie magique et essaie de la faire remonter entièrement au niveau de la paume de mes mains. La magie remonte le long de mon dos et de mes bras, laissant sur son parcours la douce chaleur qui m’est chère. Une fois de plus j’atteins un état de tranquillité extrêmement agréable. Je vois la magie affluer dans mes veines sous la forme de volutes dorées et rayonnantes qui dansent à l’intérieur de moi. L’utilisation de la magie m’émerveillera toujours !

Je concentre toute cette énergie lumineuse au niveau de mes mains. En rouvrant les yeux, je constate que la paume de mes mains commence petit à petit à briller, les fluides se concentrant à ce niveau-là. Je n’ai vraiment pas lésiné sur la quantité de fluides cette fois. Je pense que j’aurai besoin de toute l’énergie dont je dispose. La magie commence à tracer de subtils motifs luminescents dans l’air autour de mes mains. Il est temps de passer à l’action. Je referme mes yeux et me concentre à nouveau.

Je transmets l’ensemble de mes fluides dans le corps du blessé, en essayant de les rendre les plus doux et chaleureux possible, le but étant de le soigner et non pas de le blesser sous l’affluence de magie. Je les sens qui coulent doucement à travers les tissus en formant des arabesques, illuminant le corps au passage. Soudain, une présence noire commence à se faire ressentir. Comme ce matin, mes fluides commencent à s’énerver et à crépiter à son approche.

Le blanc doré de mes fluides s’oppose une fois de plus à cette masse noire compacte. J’essaie d’entourer ce qui me semble être le noyau de cet agglomérat malsain. A son contact mes fluides et cette marque se vaporisent comme s’ils s’annulaient entre eux. On dirait…

(Des fluides d’ombre ?!)

Ma concentration s’évapore en un instant. Je sens que je commence à perdre le contrôle de mes fluides et essaie tant bien que mal de reprendre le dessus. Des fluides d’ombres mélangés au poison… Voilà qui pourrait expliquer pourquoi j’ai eu un mauvais pressentiment ce matin en touchant la flèche responsable de l’infection. Par contre, cela veut dire que ma guérison est vouée à l’échec. Autant je sais qu’il est possible de soigner un quelconque poison avec des fluides de lumière, autant ils vont petit à petit s’annuler au contact du fluide obscur, ce qui rendra la tâche inutile. Je me suis vraiment mis dans le pétrin… Je n’y arriverai jamais…

(Ressaisis toi ! Les fluides n’ont été qu’utilisés pour permettre la transmission du poison par voie sanguine. Ils ne t’empêchent en rien pour guérir le poison responsable de l’infection. Je sais que leur contact n’est pas des plus agréables, mais tu peux y arriver.)

Encore cette voix…

(Mais comment ? Je n’ai jamais utilisé de sort de contrepoison. Je ne suis même pas sûr de réussir.)

(Tu es sur la bonne voie ! Il faut juste que tu t’y mettes sérieusement et tu y arriveras. Je sais que tu peux le faire, j’ai confiance en toi !)

(Si tu le dis…)

Je focalise mon esprit sur mes fluides qui ont commencé à s’affaiblir du fait de mon manque de concentration. J’essaie de les renforcer au maximum et repart à l’assaut de l’ombre. Une fois de plus le blanc contre le noir s’affrontent et grésillent en un millier d’étincelles grisâtres. Je redouble d’effort, encouragé par cette voix mystérieuse.

(Si tu as du mal au début, tu peux essayer de concentrer l’antipoison contenu dans les feuilles au niveau de l’infection, mais sache que ta magie est bien plus puissante.)

J’envoie une partie de mes fluides parcourir les vaisseaux sanguins à la recherche de l’antidote que j’ai administré un plus tôt. Mes fluides affaiblis par leur utilisation intempestive aujourd’hui auront besoin de tous les renforts nécessaires. Je le trouve sous la forme de petites perles dorées parcourant doucement les artères. J’essaie de les concentrer au niveau de la tache noire, ce qui n’est pas facile.

Armé de mes fluides et de l’antidote, la bataille fait rage dans le corps de Naïlo. La masse d’ombre diminue de moitié au contact du contrepoison et mes fluides continuent à anéantir les taches noires qui persistent. Mes fluides dorés s’accumulent au niveau des particules de poison et les phagocytent pour les faire disparaître, une à une. Le travail est rendu plus ardu par la présence de quelques corpuscules de fluide d’obscurité, mais effectivement ce n’est pas insurmontable, juste bien plus épuisant.

Je ne sais pas du tout combien de temps cela prend. Une demi-heure ? Une heure ? Plus ? Je n’en ai vraiment aucune idée. Le poison commence à être entièrement éradiqué. Je sens que de la sueur commence à perler sur mon front sous le coup de l’effort. Mes bras et mes mains tremblent à force de rester tendus. Mon corps s’est entièrement vidé de sa magie.

Après m’être assuré qu’il ne restait plus rien, je retire le peu de fluide restant du corps du blessé et les réabsorbe avec difficulté. Je n’ai plus aucune force. La légère vague de chaleur qui m’envahit ne parvient pas à me faire oublier l’effort intense que je viens de fournir. Je rouvre les yeux et tente de me lever. Ma tête tourne. Ma vision se trouble. Je suis pris de vertiges. J’ai tout juste le temps de repérer une sorte de boule de lumière flottant à mes côtés avant de m’évanouir lourdement sur le sol…

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 1 Nov 2013 17:42 
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La demeure familiale - partie I


Océma s'écarta et laissa passer le commis de son frère qui sortait, probablement chargé de directives pour les entrepôts, puis elle referma la porte de la demeure familiale. Elle trouvait absurde d'avoir son cabinet de travail perché dans un arbre, mais elle avait cessé d'exprimer cette opinion depuis longtemps. Elle était partie s'installer sur la terre ferme et regardait avec ironie les employés de l'entreprise de négoce courir sur les passerelles pour conforter les rêves de grandeur de sa famille. Ils étaient, ou plutôt son frère, un des plus gros négociants de Cuilnen. Il approvisionnait la ville en tout ce qui ne se trouvait pas sur place : minerais, céréales, draperie d'origine lointaine... Tout ce qui pouvait rapporter. L'entreprise était ancienne, les elfes devaient bien savoir quand elle avait ouvert mais jamais elle n'avait pris la peine de poser la question. Toujours est-il que leur réputation ne cessait d'augmenter et qu'une part de cette renommée retombait sur elle. En contre-partie les habitants jugeaient l'entreprise à travers la famille et ceci posait plus de problèmes, dû à ses écarts "impardonnable" comme les qualifait sa mère.
La jeune femme traversa le hall pour entrer dans une pièce lumineuse où trônait une immense table en bois ornée de motifs elfiques. Droit et fier sur une chaise, portant un costume impeccable à la mode de la ville, son frère dictait une lettre, n'ayant jamais prit la peine d'apprendre à écrire.

Tu as toujours eu le choix de me demander d'écrire le courrier de la famille Nalil.

Et tu l'aurais fait sœurette?

Probablement pas. Mais nous vivons un jour particulier.

Elle s'avança jusqu'à la table et congédia le scribe sous l'œil interrogateur de son frère. Ils s'étaient toujours bien entendus malgré leurs façons opposées de voir la vie. Longtemps ils s'étaient amusés ensemble, jusqu'à ce que les obligations d'adultes les séparent : lui y adhérant, elle les rejetant. Néanmoins ils avaient toujours eu du respect l'un envers l'autre. Elle l'estimait pour sa réussite sociale et son sens des affaires, et lui, il enviait cette liberté inconditionnelle que procurait la situation de sa sœur.
Cette dernière avait pris la plume et attendait les directives avec un air étrangement docile. La dictée fut courte, c'était une missive commerciale destinée à un négociant en céréales, rien d'intéressant aux yeux d'Océma. Elle écrivit avec application, signa et tendit le résultat à son frère l'air de dire "ma signature vaut autant que la tienne". Il hocha la tête en souriant et cacheta l'enveloppe.

Bien, je suppose que tu n'es pas venue pour écrire des lettres ?

Te rends-tu comptes ? La maison vient de conclure une affaire avec ma signature en bas de page.

Nalil prit un air résigné. Toujours sa sœur s'attachait à des choses futiles, infantiles. Elle aurait pu être la fierté de la famille. Elle était instruite, bien plus que lui, elle savait parler, captiver son auditoire et elle débordait d'une énergie plaisante à voir. Mais... Il l'observa : sa robe sale et froissée, ses cheveux en broussaille, ses yeux trop actifs et cet air qui semblait dire "rien ne m'importe". Une enfant dans un corps de jeune femme. Il soupira en regardant passivement le contenu du pauvre sac de cuir se déverser sur la table : des milliers de Yus.

Ha oui ! Pfff ! Tu n'as pas de temps à perdre avec mes sottises... Mooonsieur a des affaires. Bon... Puisque nous devons être sérieux voici la raison de ma venue: l'argent des meubles et ce qui reste de l'avance sur héritage. Je te les donne. Je m'en vais. N'est-ce pas une affaire que cette visite inopinée ?

Je... Je ne comprends pas. Où vas-tu ? As-tu bien réfléchie au moins ? Tes meubles dis-tu ? Mais... Pourquoi? Pourquoi n'es-tu pas venu m'en parler ?

Oui j'ai réfléchi. Longtemps, six longues années, mais aujourd'hui c'en est fini de cette réflexion. J'agis, j'avance. Tu conclus tes affaires sans rien me demander, laisse-moi faire les miennes. Je veux seulement voir Inilia avant de partir. Et... Je garde ça : mon héritage, le reste est à toi.

Elle saisit une poignée de grosses pièces, c'était encore une fortune qu'elle tenait en main. Nalil c'était levé, il marchait de long en large en s'absorbant dans les motifs compliqués et excessifs du tapis de sol. Il avait bien vu le regard de sa soeur, rien ne l'arrêterait et pourtant c'était folie. Il finit par lever les yeux, elle était immobile, bien droite et fière dans sa décision. Cette conviction farouche qu'elle pouvait avoir en toute circonstance l'étonnait toujours. Il eut un vague geste d'impuissance accompagné d'un sourire forcé.

Va te laver et change de robe. Mère ne te laissera pas voir la petite dans cet état.

Océma ne s'attendait pas à si peu de résistances. Elle s'était préparée à une dispute, à claquer la porte. Et que son adversaire rende les armes si vite la déstabilisa un instant. Mais après tout, il n'avait aucun droit sur elle. Et même, peut-être était-ce mieux pour la famille qu'elle disparaisse : on l'oublierait, la tâche qu'elle représentait sur la façade de l'entreprise florissante s'effacerait. Tant mieux.
Elle fit demi-tour, ouvrit la porte, hésita.

Je ne pourrai pas quitter la ville avant quelques jours. Et... Qui sait ? Cuilnen sera bien sur ma route... Que Yuimen te garde en attendant, il fera bien ça pour ta petite sœur.

Elle entendit grommeler quelque chose, elle ne sut jamais quoi. Elle s'effaça pour laisser entrer un commis essoufflé et se dirigea vers le jardin. L'eau claire des bassins l'attendait.

>>La demeure familiale - partie II

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Dernière édition par Ocema le Ven 1 Nov 2013 22:43, édité 2 fois.

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