L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Ven 1 Nov 2013 12:53 
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La vie à Cuilnen


Le soleil matinal jetait ses premiers rayons sur Cuilnen et le quartier où s'installaient les Humains résonnait déjà de vie. Les porteurs d'eau couraient en tout sens, les commerçants installaient leurs étales et criaient pour attirer les premiers clients. On discutait les prix, on s'offensait, on riait et les enfants, trop heureux de ce tumulte, hurlaient comme pour couvrir le tout. Les parfums d'herbes odorantes fraîchement coupées et de viandes cuites s'exhalaient et emplissaient l'air. Au premier étage d'une grande habitation, encore allongée sur son lit de sangle, Océma salivait à l'idée d'une grillade et se délectait comme si elle avait été réellement sous son nez. Elle finit par ouvrir les yeux et se redresser pour jeter un coup d'œil dehors.
La brume matinale n'était pas encore levée et formait une nappe au pied des immenses arbres de la cité. Le soleil encore rouge peinait à travers la Canope. Lorsque la lumière se ferait plus vive la jeune femme quitterait définitivement l'appartement. Cette pensée s'accompagnait d'une vague angoisse, sa décision était pourtant ferme, et elle s'en voulait d'avoir ce sentiment au moment de passer à l'acte. Elle avait encore le temps de s'y faire : le soleil était paresseux, il montait généralement plus lentement qu'il ne descendait ; c'est du moins ce qu'elle racontait aux enfants. Mais ce matin il fut prompt. Il avait largement commencé sa course au-dessus de Cuilnen quand Océma s'arracha du lit avec un gémissement.

Elle observa un moment la grande pièce nue. Les meubles avaient été vendus la semaine passée, il ne restait que le lit et un sac prêt de la porte. Ce n'était plus vraiment chez elle: il n'y avait plus rien que des murs blancs et froids, auxquels s'accrochait pourtant le souvenir des années de vie insouciante. Oh! Il serait facile d'aller voir le propriétaire, de reprendre les meubles, de poursuivre une existence oisive et simple, au lieu d'aller courir le monde et se jeter dans l'inconnu. La jeune femme ferma les yeux et retint son souffle jusqu'au vertige. Alors le joyeux brouhaha de la rue retrouva le chemin de ses tympans ; l'envie de voyage et de liberté s'imposa à nouveau comme une évidence. Elle relâcha l'air vicié et ne se laissa pas le temps de douter encore : elle fut dehors dans l'instant. La lourde porte de l'appartement se referma avec un claquement sec.


Elle dévala le grand escalier en ajustant sa robe froissée et jeta son sac sur l'épaule avant de sortir du bâtiment. Dans sa course elle ne vit pas la charrette venir. Le cheval prit peur et se cabra lorsqu'elle se précipita sur lui. Elle évita les sabots de justesse en se plaquant contre le mur.

Et alors ? Engeance de troll, t'es aveugle ? Dégage le passage ! _ J'm'en fout de tes excuses !

Le charretier, gros homme à la figure rouge gonflé d'alcool, fulminait du haut de son perchoir et les mots que balbutiait Océma hors d'haleine eurent peine à le calmer. Le véhicule finit néanmoins par s'éloigner, laissant la jeune femme en proie au curieux et aux enfants à qui la scène n'avait pas échappé. Friands de ce genre d'évènement et connaissant bien la protagoniste ils accouraient de toute part.

Océma, Océma! _ T'as eu peur ? _ Oh ! R'gade elle est toute pâle ! _ Ca va ? _ Dis t'as le temps pour une histoire ? _ Oui! Une histoire Océma! Une histoire!

La clameur se fit générale tandis que les adultes s'éloignaient. Ils avaient identifié la femme et se désintéressaient de son sort. Elle ne jouissait pas d'une notoriété avantageuse : c'était une débauchée, fille-mère de surcroit, et la qualité de ses histoires ne le ferait pas oublier. On écartait les enfants pour qu'il ne leur vienne pas de mauvaises influences. Cependant il en restait toujours assez qui trainaient dans les rues pour créer un groupe joyeux et vivant autour de la conteuse.

Ho-là! A peine le temps de me remettre de mes émotions et vous voilà... Sauvez-vous ! Je vous retrouverai plus tard à la fontaine, à l'heure ou les faeras s'éveillent. Ha ? Vous n'en avez donc jamais croisé ? Et bien, c'est à la tombée de la nuit quand le ciel est rouge qu'elles sortent. Je vois des incrédules autour de nous... Sachez qu'elles n'apparaissent qu'aux yeux de ceux qui y croient. Mais nous verrons cela ce soir. Allez ! Pfuit !

Le groupe se dispersa avec des cris et des rires. Océma épongea d'un revers de manche la sueur qui perlait sur son front et passa la main dans ses cheveux emmêlés. Son cœur reprenait peu à peu un rythme normal et ne menaçait plus de sortir de sa poitrine. Elle pouvait se mettre en route. Elle posa la main sur son sac et après un coup d'œil alentour elle se dirigea vers les passerelles.


La nervosité impose cette démarche particulière, courte et légèrement trop rapide, pour qui n'est pas habitué à le cacher. Et certains observateurs se sont fait une spécialité de détecter cette attitude. Un regard descendit jusqu'à la main crispée sur le pauvre sac de cuir : assurément il serait intéressant d'en connaître le contenu. La silhouette sortit de l'ombre un peu tôt, Océma eu le temps de croiser son regard et fit un pas de côté.
La société humaine de Cuilnen est restreinte et le mépris hautain des elfes à son égard en a fait une communauté soudée: mis à part les quelques aventuriers venant gouter au calme des forêts, chacun se connaissait. La jeune femme allongea le pas. Par chance son poursuivant était gourd et sot, quoique doté d'une force dépassant largement la sienne. On le mettait régulièrement hors de la ville mais il revenait toujours, l'idée d'aller voir ailleurs ne pouvait germer dans son esprit complètement infertile et retissant à toutes nouveauté, ainsi il recommençait inlassablement les mêmes erreurs.

Dès le moment où ils posèrent le pied sur les passerelles la course commença. L'homme prit quelques secondes de retard sur le départ et Océma bénéficia d'une avance confortable. Les longs ponts de bois s'étirant entre les arbres lui étaient familiers et elle savait s'y mouvoir. La démarche qu'il fallait adopter était étonnante : les jambes à demi-écartées, elle consistait à se lancer d'un côté à l'autre du pont en rythme avec les balancements pour ne pas être déstabilisé. Cela permettait de faire tanguer fortement la passerelle et perturbait le poursuivant.
Elle passa en riant devant un elfe au regard ulcéré qui s'agrippait à la main courante. Combien de fois avait-elle joué ainsi dans ses jeunes années ? Les regards des passant étaient toujours aussi drôle et elle aurait bien voulu pouvoir le faire encore souvent. L'occasion était belle, elle jeta un coup d'œil pour voir ou était son poursuivant et constata qu'il se trouvait en proie à une discussion avec l'elfe. La jeune femme fit la moue : le jeu était déjà terminé, son adversaire étant décidément trop maladroit. Elle poursuivit tranquillement son chemin, certaine de la bonne fin du voyage.


Plus on s'élevait plus l'ambiance était empli de solennité. Le brouhaha qui régnait au sol n'était plus qu'un écho et seuls le souffle du vent et le craquement du bois rompaient le calme des lieux. Ici habitaient les elfes, et leur nature posée contrastait avec celle des Humains. C'était le lieu idéal pour travailler au calme mais rares étaient les hommes capables d'avoir une habitation dans les hauteurs. À la limite du haut quartier Océma s'arrêta : plus loin nul espoir qu'un homme y installe sa famille. Elle prit une passerelle étroite menant vers une unique porte et entra sans hésiter. Il était temps de mettre un terme définitif à son ancienne vie.

>>La demeure familiale - 1ère partie

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Dernière édition par Ocema le Lun 24 Mar 2014 18:47, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Sam 2 Nov 2013 17:13 
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>>> Transaction II

Entretien avec une faera I


Et hop ! C’est reparti pour une petite excursion solitaire en forêt. Sauf que cette fois, je n’aurai pas à transgresser les ordres de mon supérieur m’interdisant de m’aventurer seul dans les bois. Même si j’imagine qu’il ne sera toujours pas ravi d’apprendre que je m’y rends seul. Je suis de toute façon sûr qu’il désapprouverait toute initiative de ma part. Et puis finalement, je ne suis pas seul de toute façon…

(Oui. Enfin ne compte pas sur moi pour t’aider si on croise des bandits. Je ne te serai d’aucune utilité.)

Bon, apparemment, je ne peux compter que sur moi, et mes maigres compétences en combat.

(Et oui !)

Les rues de Cuilnen sont toujours aussi calmes et désertes. Le soleil joue sur les façades des bâtiments et quelques oiseaux volètent de toit en toit. Une très belle journée d’été. Que rêver de mieux pour partir à l’aventure. Je marche assez rapidement, pressé de découvrir ce que la faera pourra m’enseigner dans un futur proche. Pas âme qui vive autour de moi. Tant mieux, cela va me permettre d’avancer sans vraiment regarder où je vais, j’ai tellement de questions de poser à Eilistraée.

(Ah ah ! Tu me veux quoi encore cette fois ?)
(Ça fait depuis longtemps que tu me suis ? Je veux dire, avant que tu te manifestes à moi hier.)
(Oui, je t’observe depuis pas mal de temps on va dire.)
(Du coup, pourquoi tu ne t’es montrée qu’à moi hier ?)
(Parce que tu n’as jamais eu besoin de mon aide auparavant. Tu as toujours vécu soit sous la protection de tes parents dans la demeure familiale, soit en temps qu’apprenti au temple de Gaïa.)
(Oui, mais tu aurais pu venir me tenir compagnie quand je devais lire des tonnes de livres complétement inutiles. Et je n'aurais pas été contre un peu d'aide…)
(Même pas en rêve ! Et puis tu n’avais pas réellement besoin de mon aide. Ce n’est pas ma faute si tu as choisi de faire ton apprentissage au temple et non pas chez les éclaireurs où tu aurais peut-être eu plus de poussées d’adrénaline.)
(Ouais... Mais on va dire qu’à ce niveau-là, je n’ai pas vraiment eu le choix. J’ai plus ou moins été poussé par mes parents… Apparemment, tous les membres de notre famille montrant une affinité avec la magie de la lumière sont envoyés là-bas... Tout le monde en fait, vu les antécédents familiaux...)
(C’est effectivement assez amusant que toute te famille présente cette affinité.)
(C’est pour ça que tu es venue m’espionner ? Parce que je suis issu d’une famille aux affinités magiques ?)
(Oui et non. Comme je te l’ai déjà dit, j’aime bien ton caractère. Tu es un peu impulsif comparé aux autres membres, beaucoup plus vieux. Et puis tu es surtout le plus jeune, je n’avais pas envie de rester en compagnie avec quelqu’un qui ne bougera jamais de cette ville. Tu m’as montré que tu étais capable de dépasser tes limites, à la fois géographiques et intellectuelles quand tu es parti chercher cet antipoison hier. Et quand je t’ai vu réussir ce sort dans la soirée, je me suis dit qu’il était peut-être temps de me montrer à toi.)
(Quand tu dis que tu ne voulais pas rester avec un sédentaire, cela veut dire que je suis amené à bouger de Cuilnen ?)
(On verra bien, si cela se confirme.)
(Tu peux voir dans le futur ?!)
(Oui et non. Le futur n’est pas tout tracé et il peut changer d’un moment à l’autre. Du coup, je peux avoir des images d’un futur possible, mais qui n’est pas forcement le futur qui se réalisera.)
(Parle-m’en !)
(Je n’en ai pas envie ! Je trouve que c’est toujours une mauvaise idée de parler de ça avec des mortels. Je préfère que ce soit toi qui le découvres avec tes propres moyens. Et puis une fois de plus, ce que je sais ne se passera sans doute jamais…)
(C’est pour cela que tu m’as dit que j’allais bientôt avoir besoin de ton aide ?)


Pas de réponse… En même temps, cela fait depuis déjà dix bonnes minutes qu’Eilistraée répond à toutes mes questions, il fallait s’y attendre. Malheureusement pour elle, je n’en ai pas fini…

(Tu as une affinité pour les utilisateurs de fluides de la lumière ?)
(Oui et non. Pourquoi ?)
(Arrête avec cette réponse ambiguë ! Si tu me suis depuis aussi longtemps que tu le dis, tu sais que ça va m’énerver et que je te poserai encore la même question jusqu’à ce que tu y répondes !)
(Un peu de respect jeune elfe ! Je ne suis pas forcé de répondre à toutes tes questions ! Mais on va dire que ça m’amuse ! Et puis je sais que tu es maladivement curieux, donc que je serai amené un jour à répondre à toutes tes interrogations, mais je pense qu’il est un temps pour tout, et que tu n’es pas encore prêt à tout savoir.)
(Ok… Mais je n’ai pas encore dit mon dernier mot…)
(Je m’en doute bien…)


Elle soupire.

(Je commencerai presque à regretter de m’être montré à toi…)
(Fallait y penser plus tôt !)


Je sens qu’étant tous les deux de fortes têtes de mules, nos discussions risquent d’être le plus souvent houleuses. Je considère que ce n’est pas grave. Eilistraée a du caractère et ça me plait. Et puis elle doit faire partie des personnes les plus intelligentes que j’ai rencontrées jusqu’à présent, avec qui je peux enfin parler sans avoir l’impression d’être en face d’un imbécile.

(Je te retourne le compliment !)
(Merci ! Ça veut dire que tu m’apprécies quand même un peu, toi aussi.)
(Je ne m’abaisserai pas à répondre à cette question empreinte de mièvrerie…)
(Ça n’était pas une question…)
(Dammit !)
(Quoi ?)
(Rien, oublie…)


Je commence à rigoler, seul, en plein milieu de la rue. Même si je ne la vois pas, j’imagine que la faera doit aussi être en train de sourire. Je me surprends soudain à apprécier ce moment. Rencontrer une nouvelle personne, apprendre plein de nouvelles choses, partir à l’aventure… Des événements que j’ai attendus bien trop longtemps à mon goût.

« Aïe ! »
(Quoi ?)


A force de trop me concentrer sur ce que je pense et pas assez sur où je marche, je viens de percuter quelqu’un de plein fouet. Le temps de reprendre plus ou moins conscience d’où je me trouve, que la personne qui m’ait rentré dedans est déjà partie. Je me retourne rapidement et aperçois au loin une silhouette encapuchonnée vêtue d’une longue cape noire. L’individu est relativement petit. Ce n’est donc sûrement pas un elfe, et vu les rares humains qui sont invités à passer du temps à Cuilnen, cela me surprend énormément.

(Mmmmm…)
(Quoi ?)
(Rien, j’ai dû me tromper…)
(Sur quoi ?)
(J’ai cru percevoir des fluides d’ombres… Mais j’ai dû me tromper, je n’étais pas très concentrée…)
(Tu peux sentir les fluides ?!)
(Au risque de me répéter, mais je suis moi-même constituée de fluides, donc oui, je peux ressentir les fluides ambiants…)

C’est intéressant… Malheureusement, je ne peux rien faire et nous n’avons même pas la confirmation de ce qu’Eilistraée vient de me dire. De toute façon, si c’est bien vrai, l’individu ne risque pas de survivre très longtemps dans la cité. Les manipulateurs de fluides obscurs sont assez mal perçus dans la cité blanche. Ce qui reste étonnant, et que cette personne ait réussi à entrer dans Cuilnen. Cela veut dire que quelqu’un lui en a ouvert les portes…

Je ne peux malheureusement rien faire pour le moment. J’ai décidé de consacrer cette journée à mon apprentissage et rien ne m’en empêchera ! J’en parlerai peut-être à mes supérieurs ce soir.

(Et tu leur diras quoi ?)
(Que j’ai croisé quelqu’un qui manipule potentiellement des fluides magiques obscurs.)
(Et comment tu le justifieras ?)
(Parce que tu me l’as dit…)
(C’était quoi la première règle que je t’ai donnée déjà ?)
(Euh…)
(Ne jamais, JAMAIS, révéler ma présence à des inconnus !!! Imbécile !)
(Ouais… Mais mes supérieurs ont sans doute besoin d’être au courant…)
(Laisse tomber ! Cette histoire te dépasse de toute façon…)
(Si tu le dis…)


Me voilà arrivé une fois de plus à la lisière de la forêt. Je m’y engage, assez peu rassuré par la récente rencontre…

(Poule mouillée !)


>>> Entretien avec une faera II

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Mer 4 Juin 2014 20:45 
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Elle prépare le minimum vital pour son voyage, les marchands en chemin compléteront aisément le superflu. Elle emporte donc dans son baluchon en tissu ocre renforcé d'un fond en cuir, une tenue de rechange composée d'une chemise en lin blanc, un pantalon ainsi qu'un capuchon en cuir, un bandage en lin, une corde fine en chanvre d'une dizaine de mètres et une longue vue en cuivre et fer, cadeau offert par son grand-père pour ses cinquante ans.
Sitôt ses affaires soigneusement et consciencieusement emballées, elle s'avance révérencieusement vers la chambre de Valyndra, désormais transformée en salle mortuaire. Le défunt, recouvert du linceul préparé quelques heures plus tôt par Arondâr, repose sur le lit, dorénavant caché aux yeux de tous.
Inès ne peut s'empêcher de revoir, en flash dérangeants voire blessants, les jambes putréfiées de son grand-père, de repenser à ses dernières paroles, à sa requête et de se questionner sur la mission confiée.

(Je ne sais pas dans quoi tu m'as embarquée, Valy, mais tu sais toujours ce que tu fais… faisais…)

Elle s'approche de lui avant de remarquer, au pied du lit, cinq urnes plus ou moins grandes, contenant les viscères. La jeune hiniönne serre les dents puis se pince les lèvres. Elle prend une profonde inspiration et rejoint alors le côté du lit, auprès duquel elle s'accroupit et murmure à Valyndra :

"Je pars sous peu… Père craint qu'il m'arrive le même sort qu'à toi et tes amis… Mais je ne renonce pas, je suis sûre que tu ne m'aurais pas confié cette mission sans croire en mes capacités."

Elle se relève enfin et s'incline respectueusement avant d'ajouter à mi-voix :

"Je finirai bien par comprendre les raisons de tout ceci et ce que tu attends de moi."

Elle est résolue, quoiqu'un peu nerveuse. La conversation avec ses parents lui a ouvert les yeux sur plusieurs éléments qui ne lui avaient même pas traversé l'esprit. Est-elle vraiment prête à traverser tout le continent ? Les routes ne sont pas des plus sûres et, malgré les entraînements quotidiens, elle n'a aucune certitude de pouvoir affronter les dangers potentiels. Mais, justement ! Ce sera l'occasion de prouver qu'elle est digne héritière de son père, de son grand-père… et de toutes les générations l'ayant précédée. Quoi qu'il lui en coûte, elle avancera, elle se battra, elle respectera la volonté et le nom de Valyndra.

Le coffre l'attend à l'entrée de la maison, recouvert d'une toile de jute, et elle va devoir le porter jusque chez Olwë, où elle doit retrouver les Sinaris, à l'entrée de la ville. Olwë est celui qui élève, dresse, équipe, bref qui s'occupe des montures à Cuilnen. Il n'est pas le seul, mais il est le meilleur, indubitablement.
Camellia et Hambout laissent toujours leurs poneys en pension chez lui ; la charrette ne peut parcourir l'ensemble des rues de Cuilnen. Toutes celles au sol ne posent aucun soucis, mais sitôt dans les hauteurs, cela devient impossible car bien trop dangereux. Aussi, les Sinaris ont pour habitude de s'installer en bordure de ville, dans la pension d'Olwë, puis de déambuler à travers Cuilnen pour informer les clients de leur arrivée.

Alors qu'elle se saisit du coffre, Arondâr et Îshimak s'avancent vers elle. La première s'efforce d'être souriante, tandis que le second garde un visage fermé, voire contracté.

"Prends cette bourse en plus, tu en donneras la moitié à Camellia. Envoie-nous un courrier dès que vous serez à Kendra Kâr. N'oublie pas de te montrer prudente et polie. Et aide-les tout au long du voyage. Et couvre-toi. Et pense aussi à prier Yuimen, que ton voyage soit béni. Et…"
"C'est bon. Elle n'est plus une enfant, elle l'a rappelé tout à l'heure…"
"Merci, mère. Je ne vous décevrai pas." Elle regarde tour à tour ses deux interlocuteurs en prononçant ces mots. "Il faut que j'y aille. Je serai de retour d'ici deux mois, si tout se passe bien."

Les adieux ne s'éternisent pas et Inès franchit la porte, le coffre collé contre ses hanches, la sacoche accrochée en bandoulière, le ceinturon chargé de ses bourses, de son couteau et du fourreau protégeant son épée.
Elle descend le chemin de planches qui enroule le tronc majestueux jusqu'à atteindre le niveau inférieur, qui est encore haut dans les airs. Là, elle contourne la demeure d'Ythan où la famille est aussi recueillie dans un deuil récent. Les tentures noires et blanches recouvrent la porte d'entrée, des lampions sont disposés de part et d'autre de l'ouverture, quelques personnes sont en pleine conversation sur le parvis de la maison.

"Bonjour mademoiselle Sannon… Si tant est que nous puissions utiliser ce mot. Nous avons appris, pour votre grand-père… Nous sommes navrés de cette perte. Si nous pouvons faire quoi que ce soit pour vous être agréable, n'hésitez pas à nous le faire savoir."

L'homme qui lui présente ses condoléances est grand, les cheveux d'un blanc des neiges éternelles, le visage étiré aux traits tirés par le manque de sommeil. Il porte une tenue noire et blanche dans un tissu soyeux. Inès ne sait absolument pas de qui il s'agit mais elle le remercie d'un léger mouvement de la tête. Elle semble un peu gênée, ne sachant pas vraiment quoi répondre. Enfin, elle finit par lui dire, la gorge serrée :

"Notre communauté perd de grands hommes ces jours-ci… Nous devons nous montrer dignes de l'héritage qu'ils nous laissent. Merci pour votre sollicitude. Je vous souhaite également de passer cette épreuve avec force."

Elle se tait enfin, se sent un peu idiote et reprend son chemin pour rejoindre enfin sa destination. La ville lui apparaît plus sombre et plus majestueuse que d'ordinaire. Les arbres millénaires lui rappellent à quel point sa civilisation est liée à l'éternel… Mais les évènements récents lui affirment que ce n'est malheureusement pas le cas des membres la composant.

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Dim 19 Juil 2015 22:40 
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Comme à l'habitude, les rues de la ville étaient désertes ou presque et je ne croisai que quelques elfes qui vaquaient à leurs occupations. J'avais un peu de mal à comprendre ceux de ma race... On aurait dit qu'ils étaient blasés, que plus rien ne les émerveillait, alors que rien que la forêt qui nous entourait regorgeait de merveilles, ne serait-ce qu'au niveau de la diversité de plantes et d'arbres, de leurs couleurs innombrables, de leurs senteurs subtiles...

Il me tardait de faire ma promenade entre les arbres séculaires et c'est pourquoi je pressai le pas, passant des rues pavées aux ruelles semblable à de simples sentes de chasseur. A mesure que la forêt se rapprochait, les bâtiments étaient de moins en moins nombreux et les plantes commençaient à se développer avec plus de liberté que dans la cité en elle-même... l’allégresse commençait à s'emparer de moi...

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Dim 26 Juil 2015 19:36 
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Mon second passage par les rues de la ville fut on ne pouvait plus rapide et les gens que je croisais sur mon chemin n'hésitaient pas à se retourner en pestant contre moi ou en me regardant d'un air intrigué. Il est vrai que pour eux, la précipitation n'avait pas lieu d'être, puisque le temps avait une autre signification pour nous les elfes... Et pourtant, s'ils savaient ce qui me poussait à courir ainsi, peut-être que leur réaction serait bien différentes...

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Lun 27 Juil 2015 01:33 
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J’étais prise au piège, je quittais tout ce que j’avais toujours connu vers une destination qui m’était étrangère, avec un père qui n’était autre qu’un traître doublé d’un monstre… Le choc ne passait pas et j’avançais telle une machine dans les rues de la cité forestière. Mes pensées filaient sans que je ne puisse les contrôler, j’avais la nausée et je tremblais comme une feuille, de peur comme de rage contre cet être qui était censé être du même sang que le mien… Mon esprit glissa vers ma mère qui nous avait quitté et j’en vins à l’envier. Elle était morte sans connaître la félonie de son époux et c’était mieux ainsi… à moins que… la créature avait parlé d’un autre cobaye avant moi, qui n’avait pas supporté les expériences…

"Est-ce que c’est de ta faute si mère est morte ? C’était d’elle dont parlait ton ami dans la forêt?
-Ainsi tu étais dans la forêt, tu en sais donc plus que ce que je pensais… Ce n’est pas plus mal ! Et oui, c’est bien de ta mère que nous parlions… Mais pour le moment, silence, une patrouille approche…

En effet, une troupe de soldats revenait de la forêt. Les patrouilles étaient assez nombreuses et partaient à proximité de la lisière extérieur afin de dissuader les groupes de bandits et de reconduire les gens perdus vers l’extérieur des bois. De mon coté, avec l’annonce de mon père, ma peur et ma rage se transformèrent en détermination. Il fallait que je fasse quelque-chose, je ne pouvais pas rester à rien faire sans me battre et une idée me vint… Lorsque les hommes d’armes passèrent près de nous, je tendis la jambe discrètement pour faire un croc-en-jambe à l’un d’eux. Ce dernier manqua de tomber et se rattrapa à un de ses comparses dans un fracas de métal qui détourna l’attention de mon tortionnaire. Sentant la force qui me retenait en otage se dissiper, je me retournai vivement pour pousser ouvertement mon père dans le gros de la troupe puis je filai du plus vite que je pouvais sous le couvert des arbres. Les derniers mots que j’entendis furent "Rattrapez-la !

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Mer 13 Avr 2016 11:40 
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    « Les yeux de l’étranger voient plus clair. »


Fleurie était la ville de Cuilnen, en ce milieu de printemps. Le parfum du pollen naissant de ces nombreuses fleurs blanches enchantant la cité parvenait à mon odorat comme le plus divin des plaisirs. Jusqu’ici, cette enveloppe charnelle n’avait vécu que dans la puanteur rance des marécages, zone percluse d’odeurs de glaise et de végétation étouffée, humide et lourde. Ici, mon nez se souvenait enfin de la légèreté parfumée de ses anciennes amours. Le lys, la glycine, campanules et autres astragales formaient ce cocktail de senteurs florales épars qui rappelait l’essence même de cette majestueuse capitale, siège des arts et de la nature, cité blanche, or et verte. Fermant les yeux, je profitai de cette liberté retrouvée, et de mes sens à nouveaux à-mêmes de sentir. Lumière, chaleur, vie. Tellement de contraste avec l’ombre des cachots que je restai un instant immobile en sortant du Palais Royal Aratmen. La clarté du soleil printanier perlant entre les hauts feuillages de la canopée filtrait sur la peau sombre de mes paupières avec la douceur d’une caresse. Le subtil bruissement des branches agitant feuilles et fleurs me parvenait aux oreilles comme la plus douce des musiques. Au loin, les chants colorés des oiseaux accompagnaient le son d’une lyre nostalgique aux notes longues et distantes, claires et chargées d’émotion.

Je rouvris les yeux pour voir Almavendë avancer sans m’attendre, d’une foulée rapide profitant de mon absence momentanée pour filer. En quelques pas pressés, je la rattrapai.

« Où vas-tu ? N’as-tu pas entendu sa Majesté la Reine d’Anorfain ? Tu es sous ma responsabilité maintenant. Mon intervention au Palais t’a évité la potence, ne l’oublie pas. »

Elle se tourna vers moi pour me toiser d’un regard dédaigneux.

« Vous m’avez sortie de la prison où vous m’aviez mise. Je nous considère comme quittes, désormais. Qui que vous eussiez été dans une vie passée, vous n’êtes plus mon père dans celle-ci. Et quand bien même vous le seriez encore, je ne vous dois rien. Je suis arrivée seule où j’en suis aujourd’hui. »

À voler les siens pour nourrir des humains nécessiteux. Un geste d’une noblesse d’âme notable, mais passant par l’effronterie face aux lois de son propre peuple. Je ne fis pas l’erreur de la juger sur ses actes. Effectivement, je n’étais pas son père. Je ne l’étais plus, en tout cas. Par contre, elle avait tort quand elle disait ne plus rien me devoir. Je l’attrapai par le bras, sans forcer, mais suffisamment fermement pour qu’elle sente ma détermination.

« J’ai donné ma parole à celle qui vient de t’accorder sa clémence. Tu te trompes en disant ne rien me devoir, car tu dois encore te racheter à ses yeux, en m’accompagnant dans ma tâche. Tels étaient les termes de l’accord que j’ai passé avec elle. Tu étais présente alors, si tu n’étais pas d’accord, c’est alors qu’il fallait le signifier. »

Elle se dégagea de mon emprise et haussa le ton.

« Et me voir replacée au cachot pour effronterie ? Me prenez-vous pour plus bête que je ne suis ? »

Effrontée, elle l’était, c’était certain. Et j’en étais sans doute responsable, au moins indirectement. Aussi ne la confrontai-je pas avec virulence. Nous avions déjà assez attiré l’attention sur nous, et d’un coup d’œil je vis les regards des elfes badaudant autour du palais nous lorgner avec circonspection. Il n’était pas de bon ton de se vanter d’actes délétères au sein d’une nation de pureté. Je baissai la voix pour lui répondre.

« Ecoute. Nous sommes liés, ce n’est désormais plus de notre ressors. A vrai dire, je me fiche de ce que tu as pu faire et de ce que tu feras ensuite. Mais jusqu’à ce que je revienne ici en possession de mon journal d’alors, tu m’accompagneras et m’aideras dans cette tâche. »

Mon ton, bien que calme, était sans équivoque et ne souffrait pas de la moindre hésitation. Aucun marchandage ne serait possible, et elle s’en rendit compte très vite. Sévère, mon apparence avait dû jouer en ma faveur. Pour un être n’ayant connu qu’humains et elfes, je me savais impressionnant. Almavendë ne répondit rien, mais sa mine était loin d’être réjouie. Je savais néanmoins qu’elle le ferait. De mauvaise grâce, mais elle savait désormais ne plus avoir le choix. Je poursuivis à son attention, sur un ton plus léger, quoique toujours bas.

« Ne restons pas ici. Nous sommes officiellement tolérés à Cuilnen, mais les regards de tes concitoyens n’ont rien d’accueillant. Évitons de nous attarder trop longtemps au même endroit. »

Sentencieusement, non sans une froideur certaine, elle acquiesça et nous marchâmes de concert dans les rues de la cité. Je lui signifiai mon besoin d’acquérir, avant tout trajet, de la puissance magique supplémentaire, et elle me mena devant une boutique spécialisée en articles magiques. Je fus surpris qu’elle ne s’intéresse pas plus à mes pouvoirs, n’en demandant pas même la nature, ou l’élément. Cemastar était mon ancien nom. Fidèle à la terre. C’était pourtant la foudre que je maniais, désormais, bien que je sois encore novice dans sa maîtrise. Néanmoins, je savais devoir me pourvoir de nouveaux fluides pour poursuivre mon périple. Un instinct me le soufflait, comme un souvenir murmuré depuis les âges anciens. La glace m’appelait, comme un ancien indice de mon échec passé, murmure lointain d’une vie terminée. Une marque mentale que j’aurais moi-même imposée à mon âme, afin qu’elle s’en souvienne le moment opportun ? Peut-être. C’était dans mes cordes, après tout. Peut-être tenais-je là la toute dernière action de ma vie précédente, alors que mourant, je préparais le terrain pour l’actuelle. Imaginais-je alors devenir le bâtard mi-garzok mi-shaakt ?

Sans plus me poser de questions, nous approchâmes de la boutique censée me pourvoir en puissance arcanique, tel que me l’avait indiqué Almavendë.


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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Dim 29 Mai 2016 12:42 
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Dans les ruelles de Cuilnen, calmes et silencieuses, je ne me résignais pas à lâcher l’affaire. Que s’était-il passé ? Les êtres étaient faits de manière à ce qu’ils voulaient une réponse. Toujours expliquer les choses. Mais ils perdaient pied quand leur sacro-sainte logique ne pouvait expliquer ce qu’ils voyaient. Voilà pourquoi je n’aimais pas trop la logique. Elle se targuait de tout expliquer. Ça me répugne, de tout savoir. On me disait que le savoir est précieux, je suis d’accord. Mais la prétention de tout savoir est répugnante.
Tout raccrocher. Toutes les phrases. Relier l’inconnu au connu. Pour mieux comprendre. Comme le bébé qui se raccroche pour marcher. L’image me fit grimacer, je n’étais plus un enfant ! Une parole me revînt en tête : On reste toujours un enfant. C’est une part de nous, un essentiel, ça nous construit. Voilà pourquoi je restais immature. Il paraît que c’était une manière de se protéger. De quoi voulais-je me protéger ? Je ne courais pas de danger pourtant.

(C’est typiquement ce qu’un héros de roman dirait…Je dois avoir trop lu de livres. Et c’est moi qui reprochait à Lendwyrm d’être un rat de bibliothèque…)

Cette pensée me fit sourire. Le prince de Cuilnen, était comme mon grand frère, m’ayant appris pas mal de choses sur la magie. Il était si gentil que j’avais peur que son cœur se brise si on le tenait trop fort. C’était la principale raison pour laquelle j’avais peur qu’il se marie, étant surprotectrice même si j’avais neuf ans de moins que lui. Ce qui me rappela la prétendante au trône de Cuilnen, cette sotte qui ne connaissait que ce qu’on lui bien voulu lui apporter sur un plateau. Elle avait beau être « gentille », je ne la sentais pas. Je trouvais ça…répugnant, toute cette gentillesse malsaine et calculée. Cette qualité était appréciable, mais chez certaines personnes non. Enfin pour Lendwyrm c’était différent, lui c’était dans sa nature. Même son physique était accordé à sa personnalité.
Je passais devant le temple de Gaia quand l’idée me vint d’aller faire une offrande. Cependant, la Reine avait besoin de moi, donc je me jurai d’y passer après. Cela me rappela un des titres que l’on donnait à Gaia, la déesse de la connaissance. Elle savait sûrement tout, mais ne s’en vantait pas. Voilà un exemple à donner aux nobles de la cour, prétentieux et qui croyaient être les meilleurs. Ce n’était qu’une poignée de privilégiés qui ignore les autres peuples, à l’exception de certains nobles. En plus de tout cela, ils ne font que dénigrer les Shaakts. Ils n’avaient rien d’autre à faire. Les Shaakts sont un peuple évolué, mais que tout le monde ne respecte pas. J’étais juste dégoutée par le culte qu’ils vouaient à Valshabarath, ou Thimoros, mais sinon je faisais partie des rares Hinions à les respecter.

(C’était légèrement prétentieux, ça…)

Je venais d’entendre une voix dans ma tête. Curieux.

(Curieux ? Ce n’est pas toi qui vient de dénigrer la prétention de tout savoir et tu cherches à connaître la source de cette voix ? Tu t’avances sur le chemin glissant de l’arrogance mon amie !)

- « Qui me parle ? »

Une petite fée s’avança devant moi. C’était mon portrait craché, en plus petit et en plus…ténébreux…elle était brune, mais avait les yeux bleus et flottait dans les airs.

(Moi tête de pine !)

- « Qui es-tu ? Un esprit ou quelque chose du genre ? »

(Tu crois toujours aux esprits tête de pioche ? Je suis une Faera !)

- « J’en ai entendu parler, ce ne sont pas ces petites fées faites de fluides ? Que veux-tu ? »

(Te parler, tête d’œuf ! Plus sérieusement, tu sais que les Faeras se lient aux gens ? Je voudrais me lier avec toi !)

- « Sérieusement ? »

(Enfin, ça, c’est à voir. Je vois un truc en toi qui me plaît. Mais je ne vais pas me lier avec toi maintenant.)

Pourquoi elle me disait quelque chose puis elle me disait le contraire juste après ? Ça n’a aucun sens ! Je commençais à perdre patience.

(Pff…tu n’es vraiment pas patiente. En fait, actuellement, ou dans ton état actuel, tu ne m’intéresses pas. Je suis née des fluides, et je vois le futur, et le tien me plaît. Enfin, ne rêve pas trop quand même…je reviendrai te voir quand tu seras vraiment intéressante.)

- « Merci, ça fait toujours plaisir ! »

(Rah la la, toujours à râler…grognasse va !)

- « Hey ! »

(Bon jme casse, essaye d’avoir meilleur caractère la prochaine fois pouffiasse !)

Elle disparut dans un flash de lumière, on aurait dit un esprit ancien, sorti tout droit des légendes. Mon imagination s’emballa, me rappelant des anciennes légendes sorties des livres que me lisait Lendwyrm quand j’étais petite, ainsi que Siris et ses contes Sindeldis. L’imagination était puissante, et permettait d’aller là où tu le souhaitais. De faire ce qui te chantait de faire. Elle était magique. A la limite, la frontière des limbes, au-delà des nuées, l’imagination pouvait t’y conduire. Enchanteresse, et bien plus attractive que la logique. La logique était limitée, elle obstruait l’esprit quand elle n’était pas bien utilisée. C’était tout bête. Même ce que je disais était logique.
Les rues étaient toujours aussi calmes, et ce calme était appréciable, mais commençait à être oppressant. La peur me saisit, et je tentais misérablement de me calmer. Non. Je n’allais faire une crise de panique dans les rues tout de même ! Mes yeux me piquèrent, et tout autour devint sombre. Ma tête me fit mal, le pas léger des rares passants retentit dans ma tête. Je devais me dépêcher, je devais atteindre le palais.

- « Cette petite a vraiment besoin d’aide…scandaleux… »

- « Tu vas l’aider Siliesse ? »

- « Mouais…on va voir. Si elle souffre trop, oui. Cette peur lui
pèse dessus comme un poids.
»

- « Cette « peur » est tout sauf naturelle. Tu le sais aussi bien que moi. »

- « Et ? Je m’en fiche. Si ça peut m’aider dans mes projets… »

Dante désapprouvait ce genre de méthode. Cette petite était juste un jeu pour elle. Enfin ce n’était pas comme s’il avait le droit à donner son avis.

- « Tu n’auras pas à l’aider. Alto vient par ici. »

- « Magnifique. J’ai trop joué avec Phaitos et Zewen, il s’agit de ne
pas les froisser…
»

Les deux se retournèrent et regardèrent ce qui allait se passer.
Je m’appuyais contre le mur, tentant de reprendre ma respiration. Soudain, je vis devant moi une silhouette familière.

- « Yué ! Ça va ? Tu fais une crise, c’est ça ? Respire ! »

Alto était là. Soulagée, je tentais de lui répondre.

- « J’ai eu…peur…j’ai entendu…les pas… »

- « Calme toi…ça va aller… »

Je repris peu à peu ma respiration. Quand je puis respirer correctement, je me rendis compte que j’étais dans les bras d’Alto. Plutôt gênant, comme position. Il s’en rendit compte et rougit à une vitesse hallucinante. Je souris, il était adorable.

(Ce ne serait pas si mal d’être avec Alto…il est si mignon…)

Mais, je ne suis pas sûre qu’il m’aime. Enfin, ça ne faisait rien, j’aurais le temps d’en parler avec Siris plus tard. Il prit la parole, rougissant et bafouillant.

- « Je suppose que tu as paniqué, comme d’habitude. Tu devrais arrêter ça, j’en ai assez de m’inquiéter pour toi. »

- « Haha, désolée. Mais tu sais, tu n’as pas à t’inquiéter pour moi comme ça. »

- « Qui le fera sinon ? »

- « Ça va, j’ai compris. »

- « Bon, je dois aller chercher un truc. Tu crois pouvoir te débrouiller ? »

- « Je ne suis plus un enfant, Alto ! »

- « Oui, enfin, des fois on se demande. »

Il voulait se la jouer comme ça ? On allait voir qui pouvait être le plus moqueur de nous deux.

- « Tiens, je ne savais pas que tu savais faire de l’humour. »

- « J’oubliais que tu étais experte dans l’art de moucher les gens.
On t’a déjà dit que tu étais effrontée ?
»

- « Non, mais si tu le dis, toute la cour doit le penser ! Tu représentes l’opinion de toutes ces personnes emmerdantes à souhait. Par conséquent, tu es un emmerdeur ! »

Habitué à toutes ces joutes verbales, il répondit relativement vite.

- « Je suis le seul emmerdeur qui te supporte tout le temps depuis des années. Qui se ressemble s’assemble. »

- « Ça tombe bien, je ne t’ai jamais demandé de me supporter. »

- « J’abdique. Je te laisse, je dois y aller. »

- « Salut ! »

Il repartit aussi vite qu’il était venu m’aider. Ça faisait des années que je mouchais les gens ainsi. C’était là d’où venait « mon caractère de cochon » d’après Alto. Je repris la direction du château, confiante et de bonne humeur.
Le soleil éclairait la cité, et j’appréciais un temps aussi clément. Je n’aimais pas le mauvais temps. J’imaginais alors Cuilnen sous la pluie, battue par les vents. Y penser me fit froid dans le dos. Je vis une silhouette se profiler devant moi, celle d’une jeune fille aux cheveux noirs.
Je clignai des yeux, il n’y avait personne devant moi. J’avais dû avoir une hallucination.
La jeune fille que j’avais imaginé était plutôt jolie. Plus vieille que moi, c’est certain. Ses cheveux avaient des reflets verts, et ses oreilles étaient légèrement pointues. C’était une humaine, c’est sûr, mais elle avait des traits elfiques. Vu la couleur des reflets de ses cheveux, je dirais une demi-Taurionne. Siliesse m’en avait parlé, je crois. Cela voulait dire qu’il me serait donné de la rencontrer. Sympa. La logique me soufflait de ne pas y croire, qu’elle n’existait pas. Mais l’imagination me disait que ce ne pouvait être une coïncidence, que nous allions nous rencontrer. Je continuai ma promenade, et je vis enfin le palais devant moi, se dressant fièrement. A ce moment-là, une personne apparut devant moi, me percutant de plein fouet. Je me relevai, le derrière endolori.

- « Je crois que je ne devrais pas être ici… »

C’est un dialecte humain, ça. Mieux, un dialecte Kendran. Elle ne pourrait pas me comprendre si je ne lui parlais pas dans sa langue.

- « Fais attention la prochaine fois ! »

Je relevai les yeux et j’eus la confirmation de ce que je pensais.
La fille de tout à l’heure, ce n’était pas une hallucination. Elle était là sous mes yeux.
Après un léger silence, la fille me répond.
-
« Qui doit faire attention ? C'est toi qui a surgi devant moi ! D'où tu sors, en plus ? C'est quoi, ici ? »

- « Je pourrais dire le contraire, tu es arrivée en courant devant moi ! Comment peux-tu être ici et ignorer ou tu es ? Qui t'a fait entrer alors ? »

- « De quoi parles-tu ? Où on est ? Ce n'est pas Bouhen ici ! Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? »

- « On est à Cuilnen, la cité des Elfes Blancs, en Anorfain. Calme-toi, je ne suis pas ton ennemie. Je suis Yuélia. »

Pendant un instant, la fille parut interloquée, presque perdue ; cependant, un semblant d'une autre émotion se profila sur son visage à l'annonce de mon nom. Comme s’il lui était familier. Puis lentement, elle ouvrit la bouche, tenta de dire quelque chose...et disparut. Sans éclair, ni bruit de chaîne, ni nuage de fumée. En une seconde, la rue se retrouva de nouveau déserte.

Je l’avais imaginée. J’avais vu son visage avant qu’elle ne soit devant moi.
L’imagination était plus forte que la logique.

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Mar 21 Juin 2016 22:49 
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Oh mon dieu. Mon dieu mon dieu mon dieu. Gaia, dis-moi que ce n’est pas possible, par pitié. Dites-moi que j’étais en train de méditer. Que je vais me réveiller. Elle va m’accompagner ?! Mais elle n’a aucun rapport avec l’enquête ! C’est sur mes parents !

(« T’as pas entendu ou t’as bouchée ? Elle a parlé de parents. Sa mère a disparu avec tes parents, débile. ») singea une voix familière.

Oh non. Pas le retour de la grognasse, euh pardon, de la Faera !

(« Tu n’es toujours pas utile. Toujours pas, ne te fais pas d’idée. Mais je te prends en pitié. Tu ne peux pas tout savoir, et crois moi, tout savoir, ce n’est pas amusant. Je ne viens pas avec toi. Pour le moment. ») déclara-t-elle.

(« De toute façon, que tu ne viennes pas ça m’arrange aussi. Ta présence à deux balles, tu peux te la garder. ») répliqué-je.

(« Hmm. Débile. Je reviendrai, tu m’intéresses ma vieille. Et de plus en plus. ») murmura sa voix, qui se termina dans un chuchotement imperceptible.

Je me reconnectais lentement mais sûrement avec la réalité quand je me rendis compte que les gens me regardaient. Je devais sortir de la salle. J’offris mon plus beau sourire, et tirai ma révérence en prononçant la formule d’usage.

« Qu’il en soit fait selon vos désirs, ma blanche Reine, et qu’il en soit ainsi fait au nom
de l’Anorfain.
» achevé-je.

Un sourire de contentement passa sur les lèvres de ma Reine, et l’approbation se lut dans ses yeux. Imperceptiblement, mais cela suffit à me donner du courage, et confiance en mon projet. Je quittai ainsi la salle, sourire jusqu’aux oreilles. Ce sourire n’allait pas rester longtemps plaqué sur mon visage, malheureusement. La jeune fille devait m’accompagner. Je m’approchai d’elle.

« Quel est ton nom ? » m’informai-je, curieuse de connaître son identité.

Elle m’ignora, comme si je n’étais qu’une moins que rien. Tant pis, je chercherais dans les dossiers de l’Anorfain qui était sa mère. Pourtant, j’avais la conviction de ne pas en avoir besoin. Je me souvins d’une Taurionne, assez jolie, qui me gardait avec Siris quand j’étais petite. Je ne vois pas la femme que j’ai connu ne pas avoir élevé son enfant. Elle élevait déjà l’enfant de ses amis. Alors pourquoi pas le sien ? Mes heures de cours sur les cultures des autres peuples ne me permettaient pas de comprendre le comportement de cette femme. Et son surnom me revient en tête. La femme qui accompagnait mes parents, leur assistante…son surnom était « Tori ». Oui, c’est ça. Tori.

« Tori. Le surnom. C’était Tori. N’est-ce pas ? » articulai-je en la regardant droit dans les yeux.

Elle sursauta. Me regarda. Je regardais ses yeux. Et soudain, je compris. Elle ne savait même pas. Sa mère ne lui avait rien laissé. Même pas un malheureux surnom. Je détournai alors les yeux.

« Alors comme ça, tu es la fille de Tori. Nos parents ont disparu ensemble. Tu le sais ? » demandai-je.

Ce fut à son tour de tourner la tête, afin de m’ignorer délibérément. Cette fois ci, je partis. Et trouvai Alto qui souriait, escorté de gardes.

« Votre garde personnelle est ici Princesse. » s’inclina-t-il, un sourire plaqué sur la bouche.

« La princesse aimerait n’avoir qu’Alto avec elle, cependant elle sera ravie d’avoir quatre gardes compétents avec elle. » déclaré-je, l’air faussement hautain et vaguement amusé.

Je me mis alors en route, suivie des gardes, d’Alto et de la fille. Ils commençaient à m’énerver. Je sentais qu’ils allaient me suivre partout. Et j’ai horreur d’être suivie. En plus, je ne pourrais pas aller fouiller dans les archives de l’Anorfain avec eux sur le dos.

« Bon, c’est gentil, mais vous allez me suivre partout longtemps ? » dis-je en me retournant.

« C’est un ordre de la Reine. Vous n’avez pas à le contester. » répondit un garde de sa voix bourrue.

« Si c’est un ordre de la Reine alors… » souris-je.

Je m’inclinai devant eux.

« La « Princesse » vous dit au revoir. » m’incliné-je.

Je courus dans les ruelles de Cuilnen, cherchant à échapper à mes poursuivants. J’avais passé ma vie dans cette ville, et ce fut un jeu d’enfant de les semer. Même des soldats entrainés ne pouvaient rien face à 70 ans de vie et de temps passés à arpenter Cuilnen la belle. Je me retrouvais seule, dans la rue, ou je ne me situai plus. J’avais l’impression d’être partie de Cuilnen. Soudain, j’entendis des voix dans mon dos.

« Tiens, en voici une belle Hiniönne. Sûr qu’on peut en tirer pas mal. » m’examina du regard un homme qui sortait de la pénombre.

« Pardon Monsieur ? Je ne suis pas sûre de vous entendre correctement. » déclaré-je d’une voix peu assurée.

« Très simple. Tu vas me rapporter pas mal de pognon. On peut tirer pas mal de Yus d’une jeunette comme toi. En plus, les Hiniönnes sont très appréciées en ce moment comme esclaves au marché noir. » expliqua-t-il d’un ton calme.

« Je ne suis pas un objet que vous pouvez prendre Monsieur. Je suis libre. » objecté-je.

« Tu ne le seras bientôt plus. Mais dis-moi, tu sais ce que je devine chez toi ? » demanda-t-il.

« Non. Que devinez-vous ? » murmuré-je.

« Je devine chez toi une chose très appréciée en ce moment. Je devine, avec ce regard que tu as, que tu es pure ma chère. » susurra-t-il.

Quelques heures plus tôt, vous m’auriez dit que des contrebandiers tenteraient de m’enlever, je vous aurais ri au nez. Je vous aurais dit que ce n’est qu’un stupide scénario catastrophe. Il y a deux problèmes à ce qu’il se passe. De un, je n’ai pas envie de rire. Et de deux…je n’ai pas envie de jouer ce scénario là. Le scénario de la jeune fille sans défense qui se fait enlever. Je commence doucement à reculer.

« Monsieur ? Eloignez-vous de moi. Maintenant. Sinon, vous le paierez cher. Je vous le jure. » m’exclamé-je.

« Oh que non. Tu vaux une fortune ma chère. Je peux tirer de toi plus de 10 000 Yus au minimum, et je t’aurai. Laisse toi faire sans rien dire, et je ferai en sorte que tu sois bien traitée. » répliqua-t-il.

C’était un homme élégant. Pas du tout le cliché du contrebandier obèse et gras. Ses mouvements étaient fluides. Ceux d’un combattant. Ceux d’un homme habitué à combattre. Je voulus faire apparaître une boule de feu, mais je n’y réussis pas. Je fus rapidement neutralisée.

« Ne t’inquiète pas. On s’occupera bien de toi. Très bien même. » me souffla-t-il.

Ma dernière pensée avant de sombrer fut que décidément, j’avais manqué de prudence. Même à Cuilnen, le danger était présent. Mais je pense que j’aurais dû faire attention. Le pire c‘est que je ne pourrais pas dire que j’avais :

Une coéquipière garde du corps, pas foutue de veiller sur moi.

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Mar 26 Juil 2016 20:46 
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Le matin tant attendu

Il ne me faut pas longtemps pour me préparer. Il fait chaud aujourd'hui, et ce malgré les faibles courants d'air effleurant ma peau. Je choisis donc de ne porter qu'une longue robe légère et fine. Son tissu, doux et agréable, ondule subtilement au gré des flux d'air et de mes mouvements. Elle est comme beaucoup de mes habits, simple et agréable à porter, sans fioritures, exceptées les deux fines chaines en argent lacées dans le dos et retombant en deux minuscules pendentifs fait d'une pierre dont je ne me rappelle jamais le nom, au niveau de mes hanches. Il m'arrive souvent de jouer avec, machinalement, leur apparente fraîcheur étant réconfortante.

Une fine ceinture me permet de toujours garder à portée de main une gourde, offerte au tout début de mon apprentissage par mon maître, comme cadeau d'acceptation. Aux dires de mes parents, le cuir qui la compose est travaillé d'une belle écriture reliant mon prénom à celui de Malun. Il ne s'agit nullement d'une simple gourde, mais d'un objet magique. Je ne l'ai encore jamais utilisée, n'osant y verser un quelconque liquide.

Pour compléter l'ensemble, de fines chaussures me rehaussant de quelques centimètres, pourvues de semelles pleines pour ne rien perdre de ce que peut m'apprendre ce sur quoi je marche, et une barrette elle aussi en argent, permettant de rabattre les quelques mèches de cheveux bouclés qui obscurcissent les sons environnants.

Me voici donc prête à partir, la main sur la poignée de la porte, et le regard de mes parents, que j'ose espérer fiers, sur mon dos.

Je n'aime pas beaucoup sortir de chez moi. La rue, même si elle reste calme près de chez moi, est un ensemble complexe de sensations et de ressentis qui donnent vite le tournis. Les informations y circulent par centaines et il m'est assez facile de m'y perdre. Depuis toute petite, je m’entraîne à les trier, à ne me concentrer que sur les plus importantes. Je suis capable de savoir ce qui m'entoure, aux bruits, aux sons ou aux mouvements qui trahissent tout et tout le monde. Mais la taille d'une ville comme Cuilnen, et les foules qui l'habitent composent un mélange hétéroclite et dissonant qui me donne rapidement mal au crâne. Heureusement pour moi, je sais aujourd'hui éviter ce genre de désagrément, en en évitant les sources potentielles...

J'avance sans m'arrêter, écoutant le moindre son qui parvient à mes oreilles, décryptant la moindre sensation à mes pieds, le moindre courant d'air sur ma peau. Tout cela me permet de me guider, même s'il me faut toujours un guide pour connaitre la direction de ma destination.

Mon Maître n'habite pas très loin de chez moi, et c'est donc après une dizaine de minutes que je me retrouve devant le portail de sa maison. Ici, les odeurs d'herbes taillées et d'arbres en fleurs sont prédominantes, et ce n'en est que plus agréable. J'aime beaucoup les odeurs que prodigue la nature. Je les trouve plus travaillées, plus assorties que les effluves humaines ou mécaniques. Elles sont presque comme les notes d'une symphonie harmonieuse, subtiles et presque indiscernables, mais indispensables à l'ensemble qu'elles forment.

De nombreux effluves magiques entourent cette maison, et c'est sans surprise que j'entends la voix de mon maître me permettre d'entrer, sans même lui avoir fait part de ma présence. Je pousse donc le portail de bois réchauffant ma paume de la chaleur du soleil, et avance sur le chemin de terre qui mènent à la bâtisse, dont la porte ouverte m'invite à entrer.

Malun ne m'a pas fait visiter sa maison, je n'en connais que l'entrée et la salle de magie, dans laquelle il m’entraîne. C'est une maison assez chaude, et j'imagine pourvue de nombreuses fenêtres. En effet, je sens quasiment en permanence les rayons du soleil sur mon visage.

"Bonjour Diana."
"Bonjour maître."
"Comment te sens-tu aujourd'hui ? J'ai quelques projets dont il me faut te faire part."
"Bien, merci. En rapport avec mon apprentissage ?"
"Oui. Suis moi, et assieds-toi si tu veux."

J'acquiesce et me dirige vers la pièce d'entrainement. C'est une grande pièce circulaire, presque vide, exceptés quelques meubles à l'opposé de l'entrée permettant de s’asseoir et, à l'occasion, de prendre un café ou un thé.

Le sol, de marbre froid, est une malédiction. Je n'y ressens quasiment rien, que ce soit des vibrations ou des fluctuations de surface, ce qui m'oblige à me concentrer presque uniquement dessus pour m'y retrouver. Malun m'a dit avoir préparé cette salle pour m'obliger à exprimer mon entier potentiel, et à en comprendre toutes les subtilités et toutes les ficelles.

De la même manière, les courants de fluides y sont complètements pervertis, contrôlés par mon maître qui en fait ce qu'il souhaite pour me tester et m’entraîner. De fait, les entraînements sont relativement simples en pratique : Malun y place des objets, y lancent des sorts permanents ou s'y déplace de lui même, et me pose des questions sur tout ce qui m'entoure, sur ce que je ressens, et parfois me demande d'esquiver ou d'attraper un objet, magique ou non.

Quoiqu'il en soit, je n'ai encore jamais commencé un entrainement en m'asseyant. D'autant que je sens la chaleur de l'eau bouillante et des grains torréfiés près à être infusés. Je m'assoie donc et patiente. Mon maître reste agréable est gentil, mais la rigueur et l'obéissance font partie des qualités nécessaires à son apprentissage, d'une part car c'est ainsi qu'il est devenu le magicien qu'il est aujourd'hui, et d'autre part car il l'est depuis très longtemps.

"Prendras-tu du café ?"
"Volontiers."

Avant même que je ne réponde, l'eau s'était mise à couler, répandant sa chaleur autours de nous et cachant les effluves du café.

"Je te sens intriguée, mais ne t'inquiète pas, je pense que ça te plaira. "

Aucune réponse satisfaisante ne me vient à l'esprit, je reste donc silencieuse, attendant les explications quant à ce projet, qui ne tardent pas à venir.

J'écoute mon maître avec attention, sans prononcer un seul mot, et portant parfois la tasse de café qu'il m'a servie entre temps à mes lèvres. J'ai du mal à croire ce qu'il m'annonce : un voyage, en dehors de Cuilnen. Ne serait-ce que la perspective de sortir de ma ville natale me fait perdre mes moyens.

"Tu n'as pas à t’inquiéter, je serais constamment avec toi. De plus, la nature est une salle d'exercice bien plus complète que celle-ci..."

Un courant d'air, précis et bref, faisant à peine bouger le tissu de ma robe, me fait comprendre qu'il a montré la salle d'un geste de la main.

"... Sortir de Cuilnen ne peut que t'être bénéfique. Tu n'as aucune raison d'avoir peur."

Je n'en suis pas si convaincue. Cuilnen est une ville que je connais, et déjà je ne parviens pas à m'y retrouver complètement seule, alors je n'ose imaginer comment je serais si je sortais de ses murs. Même avec Malun, je ne serais pas capable de m'en sortir, j'en suis sûre.

"Impossible, comment voulez-vous que je parvienne à trouver ne serait-ce qu'un repère ?"
"Je me doutais que tu penserais ne pas en être capable. Je pense que tu ne te rends pas compte de ce que tu sais déjà faire. Il n'y a plus grand chose que je puisse t'apprendre en restant ici, alors que dehors, tu as tout à découvrir, et surtout, tu pourras t’entraîner plus efficacement."
"Je panique dès que je suis dans une foule, je n'arrive pas à me guider seule dans Cuilnen, et vous voudriez que je parvienne à vous suivre au dehors ?"
"Oui, tu as compris. Tu sais, beaucoup de gens ont peur dans la foule. L'absence de repère est valable pour tout le monde, et pourtant, cela n'empêche personne de s'en sortir au-delà des murs de Cuilnen. Tu possèdes des dons que la plupart des gens ne sont même pas capable de comprendre. Tu utilises tout ce que tu possèdes, tout ce qui t'entoure pour le comprendre et l'assimiler, alors que la plupart des gens ne font que croire ce qu'ils voient. Contrairement aux autres, tu en sais beaucoup plus sur le monde qui nous entoure. Tu sais sûrement beaucoup de choses que je ne suis pas à même d'imaginer."

Mon maître a toujours su me parler, me redonner confiance. Et je ne suis pas insensible aux compliments. Mais il semble quand même me surestimer. Je possède un sens en moins que tous mes semblables, un sens que je ne peux même pas imaginer ou comprendre. Comment puis-je être meilleure ?

"Vous dîtes ça pour me convaincre, je suis loin d'être aussi forte que vous le dîtes, et..."

Je n'ai pas l'occasion de finir ma phrase. Je sens autours de moi les fluides s'agiter, s'organiser. Je sens quelques vibrations dans le reste de mon café, et le tissu de ma robe glisse subtilement sur ma peau. Pas de vent ni de courant d'air, mais un mouvement, imperceptible, inodore, quelque chose d'à la fois très physique et sans consistance. La magie est difficile à décrire, mais il m'est facile de la sentir, surtout quand elle est lancée d'aussi près.

Et puis soudain, un craquement, bref, fin, inaudible. Un brusque courant d'air, un mouvement rapide et précis. Je sens l'air se comprimer devant le projectile, et la magie s'y engouffrer pour y attirer le projectile. Il ne me faut que quelques instants pour me jeter sur le côté, faisant par la même tomber ma tasse et la table basse dans un grand fracas inattendu. Le son envahit mes oreilles, brouillant pendant un temps qui me parait beaucoup trop long la perception de ce qui m'entoure. Puis tout disparaît, exceptées ma respiration haletante et la douleur éphémère causée par le marbre de la pièce.

"Je ne connais pas grand monde capable d'éviter un projectile sans le voir."

Je peine à me relever, me passant une main dans les cheveux et inspirant un bon coup. La douleur s'estompe doucement, et je glisse mes doigts le long de ma robe pour vérifier qu'elle n'est pas abîmée. Ce ne semble pas être le cas.

Pendant les secondes qui suivent, je me relève doucement, me remettant de mes émotions autant que je le peux, et maudissant intérieurement mon maître pour m'avoir prise en traître. Il est comme ça, Malun. Il sait comment prouver qu'il a raison, et il a très souvent raison. En fait, je ne l'ai jamais vu se tromper. Après une nouvelle inspiration, je me tourne vers lui. Je ne ressens rien de plus que d'habitude, il est calme, serein, sûr de lui.

"Entendu, vous m'avez convaincue. Mais je vous prierais de ne pas m'attaquer par surprise, je ne suis pas une grande magicienne comme vous."

Il ne répond pas de suite. Et sa réponse ne me surprend pas.

"Je sais bien, c'est pour ça que tu es là. Mais crois moi, ce n'est qu'une question de temps."

Le départ

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Dernière édition par Diana le Mar 18 Oct 2016 01:16, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Sam 8 Oct 2016 19:49 
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L'entrainement

La peur. Difficile de la décrire, quoique les symptômes soient assez évocateurs. Les sensations qu'elle entraîne me sont désagréables. Mon cœur qui s'emballe, le sang battant mes tempes et mes oreilles, rendant la compréhension du monde extérieur plus ardue, et cette impression de froid constant, alors même que je sens le soleil me baigner de ses rayons... Je n'aime pas avoir peur, mais malheureusement, je n'arrive pas encore à bien la contrôler.

J'inspire un grand coup, immobile, près de la grande porte menant vers l'inconnu. Mes parents se sont libérés pour m'accompagner, le voyage risquant de durer plusieurs jours tout au moins. Malun n'est pas encore là, ou, du moins, je n'ai pas senti sa présence. Pourtant, sa magie rayonne, intense et unique... Je ne sais pas à quoi ma magie ressemble. Je la connais, la maîtrise autant que je le peux, mais les sensations que je ressens quant à moi sont très différentes de ce que je ressens des autres. Il faudrait que je lui demande, si un jour j'en ai l'occasion.

Je serre mon sac contre moi, me repassant sans arrêt les conseils et paroles rassurantes de mes parents et de mon maître, pour essayer de me rassurer. Mais tout autour de moi, tout n'est que brouhaha, craquement et crissement, l'entrée de la ville étant très fréquentée.

Certains sont marchands, épuisés par le voyage et ravis d'être arrivés à destination. D'autres sont pêcheurs, bûcherons ou chasseurs, allant ou revenant d'une session de travail. Leurs odeurs sont vraiment différentes, trahissant leurs outils, le lieu où ils exercent, la fatigue qu'ils traînent avec eux... Quelques-uns partent eux aussi, bien plus réjouis que moi à l'idée de quitter Cuilnen.

Et puis je la sens, d'abord discrète, puis de plus en plus prononcée. Il y a plusieurs personnes aptes à la magie à Cuilnen, beaucoup même. Je suis l'une d'elles. Mais aucune ne possède cette aura, forte et calme à la fois, prête à bondir au moindre clin d’œil de mon maître. J'ai toujours été impressionnée par cette magie, et par l'aisance avec laquelle il la manipule. Il me dit que je serais aussi forte que lui quand mon apprentissage sera terminée, mais j'en doute.

"Désolé du retard, j'avais quelques petites choses à régler avant le départ."

Mes parents s'empressent de s'assurer que tout se passera bien, et je reste muette, écoutant vaguement leurs propos. Quelque chose d'autre a attiré mon attention, une odeur, forte mais peu présente, flottant dans l'air, et sur les vêtements de certains passants. Une odeur que j'ai déjà ressentie de nombreuses fois lors de mes excursions en ville, mais dont je n'ai jamais pu approcher la source.

"Maître ?"
"Oui Diana ?"
"Va-t-on monter à cheval ?"

Il a un instant sans parler, puis je sens sa main se poser sur mon épaule, délicatement.

"Et tu arrive encore à croire que tu es incompétente ? Personne ne peux sentir aussi précisément une odeur, dans cette foule."

Je ne sais que répondre. Je n'ai fait que capter l'odeur de ses animaux sur des tuniques, rien d'autre. En quoi cela est-il si impressionnant ?

"Je n'ai que..."
"Je sais ne t'inquiète pas. Non, nous ne monterons pas à cheval aujourd'hui, j'ai d'autres choses à te montrer avant."
"D'accord."

Je ne suis jamais montée à cheval, n'en ai même jamais touché un. Mais c'est un animal réputé, très utilisé à Cuilnen et très bien adapté aux voyages de moyenne et courte durée, d'après ce que m'a expliqué mon père.

Les au-revoir se font brefs. Je ne tarderai pas à revenir, et mes parents ont sûrement été prévenus bien avant moi du projet de Malun. C'est au bras de mon maître, et sous les encouragements de mes parents, que je quitte pour la première fois Cuilnen, dans le brouhaha indifférent de la foule qui m'entoure.

Mon maître ne dit pas un seul mot. Je sais qu'il me laisse m'adapter, comprendre, sans parasiter mon ouïe en parlant. Au début, peu de choses changent, le brouhaha et la foule s'étendant de l'autre côté des portes. Cependant, l'ait est plus tourmenté, la brise faisant onduler le tissu de ma robe et virevolter mes cheveux. Elle est différente du vent que l'on peut ressentir en ville, plus libre, plus joueuse.

Ma première réaction est de frissonner, la chair de poule m'envahissant brièvement. Mais plus je la ressens et plus je trouve cette brise agréable. Elle s'engouffre dans les replis de ma robe, caressant ma peau, faisant danser mes cheveux qui chatouillent mon visage. Le plus intriguant est l'ensemble d'odeurs qu'apportent ces mouvements d'air. Certaines me sont connues, comme celles des arbres et de l'herbe, mais elles sont mélangées à beaucoup d'autres odeurs que je n'arrive pas bien à différencier. C'est comme un plat sophistiqué et exotique, empli de saveurs inconnues et dont le résultat est très agréable.

Je sens mon cœur s'accélérer, alors que le brouhaha s'éloigne à mesure que nous avançons. La nature. Même si je ne suis pas en mesure de discerner tout ce qui m'entoure, je suis consciente que tout ce que je ressens lui est propre. Le son aigüe et chantant des oiseaux s'amusant sous le soleil, le bruissement des feuilles des arbres entraînées par cette brise qui me caresse le visage, cette odeur douce mais complexe, pleine de nuance, comme autant d'effluves d'animaux et de plantes la composant. Et ce silence, qui malgré tout le bruit qui l'entoure est prenant, perturbant, presque apeurant.

"Maître ?"
"Oui Diana ?"
"Je ne reconnais pas ce qui m'entoure. Il y a... des arbres, des oiseaux, mais... Beaucoup de choses me sont inconnues. Pourrez-vous me les apprendre ?"
"C'est normal, il y a beaucoup d'animaux qui n'entrent jamais dans Cuilnen, et ici, la nature a tous les droits, et fait ce qu'elle désire. Pour certaines des créatures et plantes ici, je te les ferai découvrir, c'est une partie de ce que j'ai prévu de te faire faire durant le voyage. Mais je ne pourrai malheureusement pas tout te montrer, la nature est trop vaste, et peu de gens sont capable d'en connaitre tous les secrets. Il te faudra découvrir ce qui t’intéresse et nous aviserons par la suite."
"Entendu."

Ainsi, même les autres, ceux qui possède ce fameux sens qui me fait défaut, ne sont pas capables de discerner tout ce qui les entoure. Étrange. Pourtant, ils possèdent quelque chose qui me manque, alors pourquoi ne l'utilisent-ils pas ? J'ai de nombreuses fois essayer de comprendre ce que la vue procurait, se que ressentait les autres, ce qu'il me manquait pour être entière, mais je n'y suis jamais parvenu. Comme il m'est impossible de décrire ce que j'entends en n'utilisant que mon odorat, je ne parviens pas à mettre en forme ce que m'expliquaient mes parents étant plus jeune. Ces couleurs, sortes de repères pour le vue, comme l'odeur l'est pour l'odorat ou le son pour l'ouïe, me sont tout simplement inaccessibles, inimaginables. Et pourtant, elles ne suffisent pas à combler le manque qui me caractérise afin de comprendre ce qui m'entoure.

Je suis persuadée que ni mes parents ni Malun ne veulent m'effrayer, mais le simple fait de penser qu'avec 5 sens, le monde ne se découvre pas aisément me fait réfléchir à ma propre idée de ce qui m'entoure. Un instant, un bref instant, mon sang se glace, alors que la pensée d'une vision erronée de ce qui fait de mon monde ce qu'il est me traverse l'esprit, et je m'arrête, inquiète.

Mon maître ne force pas et s'immobilise lui aussi, avant de lâcher mon bras. Je le sens tout près, devant moi, sa magie rayonnant comme à son habitude, sa puissance couvrant tout ce qui est autour, et tranchant avec la douceur de ses gestes et de ses pensées. Alors que mes pensées peinent à se remettre en ordre, je sens ses doigts se poser sur ma joue, délicatement.

"Que t'arrive-t-il ? Tu n'as pas à être effrayée, rien ne peut t'arriver ici."
"Tout... Tout ça, est-il vrai ?"

Une hésitation, un léger soupire, il a comprit ce qu'aucun n'aurait envisager. Il est le seul qui puisse me comprendre à ce point. Je sens une larme couler sur ma joue, rapidement essuyée par son pouce frôlant à peine mon visage.

"Tu es jeune, trop jeune pour te poser cette question. Il est normal qu'elle t'effraie. La réponse est assez simple en réalité. Sens-tu ma main ?"
"Oui, sur... ma joue."
"Et maintenant ?"

Sa main se retire de ma joue, y glissant un instant avant que le contact ne soit rompu. Le froid envahit ma peau avant que le sang qui la parcourt n'en reprenne le contrôle. Ses vêtements bruissent, et un bref courant d'air fait onduler ma manche, alors que l'aura de Malun diffère légèrement.

"Elle est... le long de votre flanc ?"

Avant même de répondre, il me prend dans ses bras, me serrant doucement contre lui. Sa chaleur m'envahit, réconfortante, et ses lèvres, proches de mon oreille, ne font que murmurer la réponse.

"Tu n'as pas à avoir peur de ce qu'entoure. Quelqu'un d'autre que toi ne m'aurait pas répondu différemment, seulement, il n'aurait pas utiliser les même sens pour y arriver. Il aurait vu ma main, alors que tu l'as ressentie. Que l'on voit ou non, ce n'est jamais que nos sens qui nous disent ce qui nous entoure. Et crois moi, la vue n'est pas le moins trompeur d'entre eux."

Je ne répond pas. Que puis-je répondre ? Je profite de sa chaleur un instant encore, puis il recule d'un pas, avant de me reprendre le bras pour se remettre en marche. Je repense à ce qu'il m'a dit, y réfléchissant calmement. Mon cœur a ralenti, revenant à un rythme plus classique, et mes pensées sont plus disciplinées. Je n'ai jamais réfléchi à cela de cette manière. Pour moi, les sens étaient tout, la retranscription directe d'un monde établi, mais se dire que ce ne sont que des outils remet tout en perspective. La vue ne me permettrait finalement que d'avoir une autre manière de ressentir ce qui m'entoure, en espérant qu'elle soit cohérente avec les autres versions apportées par mes autres sens...

"Le sens qu'il te manque est le sens principal de nous autres. Nous n'utilisons que celui-là, du moins, principalement celui-là. N'y ayant pas accès, tu as su développer tous tes autres sens, et, de cette manière, tu détiens un pouvoir sur les autres qui est bien plus important que tu ne le penses. Penses à la nuit, si jamais tu doutes, et tu te rappelleras que n'avoir que 5 sens n'est pas un handicap."

La nuit. La fraîcheur, le silence... Il est vrai que mes parents m'ont déjà expliqué que sortir la nuit n'est pas facile, qu'ils n'ont aucune notion de ce qui les entourent, qu'ils n'y "voient" rien, alors que pour moi, il n'y a que peu de changement.

Encore une fois, Malun m'a redonné confiance, m'a rendu le sourire. Mais il me faut autre chose que le sourire. Il faut que j'apprenne, que je comprenne. Il faut que je n’imprègne de ce monde, que j'en connaisse les moindres secrets. Il faut que je sois capable de m'en sortir car, il me l'avait dit lui même, rien n'était éternel, pas même lui.

La forêt

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Jeu 8 Déc 2016 05:15 
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Nous étions arrivés à l'orée du bois quand notre guide décida, sans un mot, de nous quitter.

Sur le chemin, j'avais beaucoup repensé à ce que j'étais devenu depuis un mois. J'avais notamment découvert que mon esprit avait tendance à se concentrer sur les moments gênants, fort nombreux. C'est pas croyable à quel point ma timidité est puissante, d'où es-ce que ça peut bien venir ? Plus j'y réfléchissais, plus je me disais que ma vie n'avait peut être pas commencée dans cette forêt...après tout, je savais parler, je vénérais un dieu, j'avais ce collier en forme d'oiseau, et je ne me souviens absolument pas de la manière dont j'ai acquis tout ça. Il faudrait que je mène mon enquête...en attendant, j'avais décidé de me concentrer sur le présent, et étais venu à une résolution : Timidité, plus jamais ! J'étais une autre personne à présent !

Crowny m'adressa la parole alors que nous étions cachés par l'abondant feuillage d'un buisson qui, m'étant agenouillé, me dépassait bien d'une cinquantaine de centimètres.


Bon, voilà comment nous allons procéder: Nous méditerons, cachés, car comme je te l'ai expliqué, les elfes de cendre ne sont pas les bienvenus ici. Ensuite, nous partirons chacun de notre côté. J'irais, sous couvert de la nuit, me faufiler dans la bibliothèque afin de voir si je peux m'acquitter de quelques ouvrages utiles. Tu passeras de ton côté par la forge afin de te procurer une paire de bottes. Tu t'es targué d'être habitué à te balader pieds nus, mais nous avons quand même dû faire de nombreuses pauses pendant notre mois de marche, et cela du fait que tu n'étais pas habitué à marcher hors de la forêt.


Je devais bien avoué que je m'étais légèrement surestimé....
Continuant, il me tendit sa dague rouillée ainsi que 14 yus.


Pendant que tu seras à la forge, profites-en pour faire réparer ma dague, j'ai peur de devoir l'utiliser une fois les remparts de Cuilnen franchit, je veux qu'elle soit étincelante comme si elle était neuve, vierge de tout massacre, qu'elle puisse éblouir mon ennemi avant de se planter dans sa jugulaire et de lui trancher la gorge...Tu pourras par la suite librement te rendre à ton satané temple ou je ne sais où...Mais nous n'avons que trop peu de temps avant l'aurore, alors méditons mon frère.



Ellipse



J''ouvrai les yeux, devant moi, mon compagnon faisait de même. D'un regard entendu, nous nous relevâmes pour constater que la situation était pour le moins inattendue. Il était censé faire nuit, et pourtant les rues étaient éclairées de nuances de rouge et de bleu. De plus, nous nous attendions à voir les rues vides, comme elles l'étaient habituellement à Cuilnen, or, on pouvait voir une dizaine d'elfes vêtus de robes sombres à genoux, récitant des prières au nom de Gaïa, comme ils le prononçaient si fort, d'un air implorant pour certain, sain pour les autres. Et comme si cela n'était pas assez de complications pour l'escapade « discrète » de Crowny, il fallait en plus que les gens s'attroupent dans les rues, fixant le ciel.

Nous sortîmes tout de même de notre cachette, Crowny pointa du doigt le premier emplacement où je devais me rendre, et nous nous séparâmes.

Lorsque je sortis de la forêt, comme si de rien n'était, je décidai de regarder le ciel, et je vis comme des sortes...d'ondes colorées se mouvant harmonieusement dans la nuit. C'était la première fois que j'assistai à ce spectacle de la Nature, mais j'étais tout de même moins émotif que les gens qui se massaient pour y assister. Il faut dire que je n'ai jamais rien ressentis...enfin, je crois...et je me rendais compte que l’intérêt que j'avais soudain porté à Crowny n'était pas ce que l'on peut appeler de l'amitié, étant donné que nous ne nous connaissions pas...non, c'était comme si j'avais besoin de lui pour échapper à ce que j'étais, à ce que je ne voulais plus être...peut être...

Je fus soudain tiré de mes pensées par un groupe de trois personnes se dirigeant vers l'amas elfique que Crowny tentait tant bien que mal de traverser avec sa cape de discrétion, avant de disparaître de ma vue.

Je jetai un bref regard à ce groupe, composé d'un elfe aux cheveux noirs, de sa compagne, étant donné le fait qu'ils se tenaient par la main, les cheveux pareillement colorés, tout deux à peu près âgés de...je ne saurais pas dire, quelque peu plus vieux que moi sûrement, et, entre les deux se trouvait une fille, fraichement entrée dans l'âge adulte, un visage magnifique, pas dans le sens d'attirant, mais plutôt...je ne sais pas...c'était un sentiment étrange que m'évoquait son visage. Positif, mais étrange.

Je continuais donc mon chemin, longeant la lisière de la forêt, pour arriver à ma première destination, une forge éclairée de l'intérieur, présentée par un panneau où il était écrit « La Forge Cuthalion Tilion ». Je m'avançai et apercevai l'elfe...j'allais devoir parler avec lui...la vue de ses oreilles envahit mon être d'un mélange de haine et de stress, je n'avais vraiment pas envie d'y aller, mais je devais le faire.

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Sam 10 Déc 2016 15:19 
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Ma transaction terminée, je me dirigeai vers le temple de Yuimen...le temple de Yuimen...Crowny ne m'avait en rien indiqué où il se trouvait ! Nous devions partir avant l'aube ou son visage serait exposé, je n'avais donc pas le temps de visiter toute la ville...

Je parcourais les rues de pierre blanche éclairées par les ondes célestes, ma chevelure m'arrivant dans le bas du dos, claquant telle une cape agitée par le vent nocturne.
L'esprit occupé à la recherche du temple, tournant la tête dans toutes les directions, je ne pus voir cette petite fille que je renversai et qui se mit à pleurer. Ne sachant absolument pas quoi faire, je restais là, cherchant le regard des quelques passants qui arpentaient les rues, d'un air suppliant.


Sibiel ! Fit une femme, courant vers sa fille. Ce n'est pas grave monsieur, en souriant, aller, lève toi, on va voir les aurores boréales.


Heu...pardon...où est le temple ?


Ah, vous n'êtes pas d'ici ? En remarquant les cheveux qui garnissaient mes épaules. Eh bien, il y a plusieurs temples, lequel cherchez vous ?


Heu, celui de Yuimen. En baissant la tête.


Par là en montrant la direction du doigt, et, prenant sa fille, partit aussitôt.


Je me dirigeai aussitôt dans cette direction.

Marchant d'un pas plus tranquille, mais tout de même déterminé, je me précipitai soudain derrière une caisse en bois qui trainait là quand je vis deux elfes bardés de fer décoré d'un emblème représentant une fontaine sur fond blanc et vert. Si le forgeron n'avait rien eu à dire sur mes épaulières, sûrement que les représentants de l'ordre ne tolèreraient pas cet équipement atypique.

Lorsqu'ils furent passés, je repris ma marche encore quelques minutes et vis enfin, devant moi, la ville se rompre pour laisser place à un grand temple de style antique, celui qui était dédié à mon dieu.

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Jeu 22 Déc 2016 06:43 
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(Bien, j'ai accomplis ma prière, seule raison pour laquelle je suis venu à Cuilnen. Enfin, il est vrai que j'ai ressentis une certaine familiarité en entendant ce nom...puis en entrant dans la forêt...et dans la ville. Peut être pourrais-je retrouver mon passé en restant un peu ici...d'ailleurs, j'avais l'impression de connaître quelques unes des personnes que j'avais pu observer. Pour commencer, ce forgeron. Même son nom me parait familier...Cuthalion Tilion...et puis les trois elfes que j'avais croisés...en particulier les deux qui se tenaient la main, peut être les connaissais-je...peut être étaient-ils des voisins avec qui je ne m'entendais pas ? Je peux littéralement tout imaginer. Foutue mémoire qui ne revient pas !

Le plus lointain souvenir que j'ai, c'est...je ne sais pas...ça peut aussi bien remonter à y'a un an que 10...je...non. De toute façon, vous savez ce que je faisais dans cette forêt, pas la peine de le préciser. Mais...ça avait comme...débloqué quelque chose en moi...faisant ressurgir ma conscience à travers ma bestialité...comme si on me disait "non, arrête, surtout pas ça !". Une petite impression dérangeante. Comme quand, à cheval, vous discutez avec quelqu'un et qu'il se trompe de route. Vous êtes pris dans la conversation, et vous ne lui faites pas remarquer qu'il s'est trompé, mais vous ressentez une petite gêne au fond de vous. Oui, Crowny et moi avions eux des chevaux, durant une journée entière. Avant qu'il ne me demande de les attacher très serré avant que nous ne méditions...on les a pas revu depuis.

Au fait ! Si moi j'étais venu pour prier, Crowny, qu'était-il venu faire ici ? Il n'a pas d'amis ici, c'est sûr. Peut être voler quelque chose ? Etant donné qu'il fait ça tout le temps, sûrement, même si je n'aime pas l'idée de voler...Je suis très compliqué. Mon caractère...en l'analysant, je ne ressemble à personne que j'ai rencontré. J'ai détesté chaque personne que j'ai vu, enfin, presque. Cela ne me place t-il pas comme un méchant ? Pourtant, depuis mon arrivé dans la civilisation, je répugne à tuer, alors que l'autre moi l'a fait tant de fois. Je déteste voler...faire du mal aux gens...pourtant, que je les déteste ! J'ai l'impression d'être scellé de l'intérieur, comme si ma manière de penser était entravée par une autre, qui ne me colle pas. A savoir laquelle des deux est la mauvaise...comment étais-je avant ? J'avais l'impression de ne pas toujours avoir été timide...)


Je fus tiré de mes pensées quand, passant près d'une maison de pierres blanches, je vis un couple s'embrasser sous les lumières colorés du ciel. J'avais un étrange sentiment de déjà vu. Ils avaient l'air de ne pas vouloir être vu, sinon pourquoi cet elfe jetait-il des coups d'oeil dans tout les sens ? Et sa compagne...peut être était-ce les lumières, mais j'avais l'impression qu'elle lui arrivait au niveau du menton, alors pourquoi passer au niveau de ses pectoraux à présent ? Et puis, ses oreilles. Ils retenaient sa chevelure lisse et noir quelques instants plus tôt, mais à présent ils ne parvenaient même plus à contenir la belle crinière châtaine bouclée qui lui cerclaient le visage, se rabattant sur sa clavicule...

Je me mis à cligner des yeux répétitivement, déstabilisé par tous ces jeux de lumières, et me rendis compte finalement que, tout au contraire, la femme était bien au niveau du menton de son amant, que ses cheveux étaient bien lisse et noir, et que le couple était loin de vouloir être discret. Bizarre....néanmoins je continuai mon chemin, peut être Crowny m'attendait-il déjà à la sortie du village. Je suivis donc la route que j'avais emprunté plus tôt, pressé de faire part de mes résolutions à celui qui serait désormais mon guide, et me retrouvai devant la même assemblée à l'orée des bois. Je guettais l'arrivée de Crowny, mais tout ce que je vis arrivé fut, sortant des bois, des personnes aux tenues sombres et visiblement armées suivies d'un elfe vert tout à fait quelconque. L'un des deux hommes (qui, je le réalisais, avait les oreilles courtes) marcha d'un pas lourd vers une prêtresse agenouillée avant de dégainer une épée courbe et de la lui coller sous la gorge pendant que, effrayés, les autres villageois s’enfuyaient vers les rues.

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 Sujet du message: Re: Les Rues et Passerelles
MessagePosté: Mar 10 Jan 2017 15:26 
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Alors que les premiers signes de civilisation se montrèrent enfin à nous, le Taurion nous quitta subitement comme il nous avait rejoint, sans le moindre mot, mais qu'à cela ne tienne, nous savions où nous allions et ce que nous avions à faire désormais.

Certes, nous étions arrivé à notre but, mais je n'oubliais pas que je n'étais point le bienvenu ici, alors dès le Taurion remercié, je me cachai dans un buisson et Zenos me suivit, je guettai ensuite la zone (chose futile, mon compagnon dépassant largement le buisson)

(Ce n'est pas gagné) , me dis-je quelque peu découragé.

Mais je me ressaisis, et après m'être raclé la gorge, expliqua la marche à suivre à Zenos:

"Bon, voilà comment nous allons procéder: Nous méditerons, cachés, car comme je te l'ai expliqué, les elfes de cendre ne sont pas les bienvenus ici. Ensuite, nous partirons chacun de notre côté. J'irais, sous couvert de la nuit, me faufiler dans la bibliothèque afin de voir si je peux m'acquitter de quelques ouvrages utiles. Tu passeras de ton côté par la forge afin de te procurer une paire de bottes. Tu t'es targué d'être habitué à te balader pieds nus, mais nous avons quand même dû faire de nombreuses pauses pendant notre mois de marche, et cela du fait que tu n'étais pas habitué à marcher hors de la forêt."

Je lui tendis alors ma vielle dague ainsi que quelques yus:

"Pendant que tu seras à la forge, profites-en pour faire réparer ma dague, j'ai peur de devoir l'utiliser une fois les remparts de Cuilnen franchit, je veux qu'elle soit étincelante comme si elle était neuve, vierge de tout massacre, qu'elle puisse éblouir mon ennemi avant de se planter dans sa jugulaire et de lui trancher la gorge...Tu pourras par la suite librement te rendre à ton satané temple ou je ne sais où..."

Je ne tenais vraiment pas à venir avec lui dans ce temple, son dieu et sa drôle de "vertu" semblant lui ordonner de tuer n'auront pas l'honneur de ma visite.

"...Mais nous n'avons que trop peu de temps avant l'aurore, alors méditons mon frère."

Et nous nous mirent alors à méditer en chœur.

(...Tuer sans même dépouiller sa victime, sans la moindre entreprise pécuniaire, tout cela ne serait-il pas moins le fruit d'une parole divine que d'un quelconque traumatisme psychologique, si seulement je pouvais librement me mouvoir à Nõlwëmen, je pourrais me documenter sur son trouble...)


Quelques temps plus tard


Méditer n'est chose aisée quand une interrogation vous taraude l'esprit, ce n'était donc guère reposé que je sortis de mon état de gnose lorsque nous aperçûmes un groupe d'elfes aux robes assorties à la pénombre environnante priant à genoux Gaïa, la situation ne m'inquiéta d'abord peu ayant l'habitude d'être n'importe où sauf à ma place, je m'extirpai donc de ma cachette et, avant de mettre ma capuche, pointai de l'index ce qui semblait, de l'odeur de métal et des martèlements frénétiques, être une forge. Zenos partis donc dans cette direction et moi dans celle opposée.

Mais un sentiment étrange m'envahis soudainement pendant que je marchais au beau milieu de la place centrale, ils étaient tous si proches, ils ne savaient pas qui j'étais, mais ils me détestaient.

Je commençai à me sentir de plus en plus mal quand j'eus réellement rallié le centre de la ville, je me mis à courir, plus vite que la brise marine, celle qui me balayait les cheveux aux aurores des longues nuits de beuveries de Khonfas, les voies et les bruits des marteaux de la forge étaient lointaines désormais mais ils encraient de plus en plus ma tête, je divaguai maintenant dans une petite ruelle parsemée de mille venelles, je ne savais pas où j'allais, j'hallucinais, des images subliminales de Koraxôn et des autres bousculaient mon esprit, je vis de loin un groupe de robes noires qui marchait, je tournai donc vers une autre ruelle, ces gens me détestaient alors qu'ils ne me connaissaient pas, ils détestaient Koraxôn alors qu'ils ne le connaissaient pas.

Je courais obstinément, la vie n'en n'avait pas encore fini avec cette pauvre âme dépravée, je courais comme quand nous nous échappions de la prison, j'étais trop extatique pour ne serait ce que me retourner, Koraxôn était peut-être derrière moi, une mauvaise chope de bière entre les pognes, qui sait.

Je continuais à me perdre dans cet amas de ruelle, il me semblait avoir un point de côté mais à peine je m'en m’aperçus que je m’arrêtai avec terreur: j'étais face à une impasse...que faire...mes paupières me semblèrent lourdes...une vague sembla se jeter subitement sur moi...pourquoi avais-je de nouveau mal à la joue ?...pourquoi m'était mis-je à courir au juste ?

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Crowny, l'enfant errant


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