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Je vois peu Isil durant les jours qui suivent, elle est happée par ses obligations diplomatiques auprès de Callirhoé et je n'ai rien à faire dans leurs pattes. Alessan m'ayant aperçu m'entraîner un matin, il me demande s'il peut s'exercer un peu contre moi, ce que j'accepte bien volontiers. Il se débrouille plutôt bien et c'est un être que j'apprécie de plus en plus, si bien que je ne tarde pas à lui enseigner quelques petites astuces pour lui permettre de progresser. Ces instants occupent agréablement mon temps, que je passe autrement à explorer Cuilnen et à bavarder avec ses habitants au gré des rencontres.
Vient enfin le jour du départ et les adieux de circonstances, plus déchirants pour Isil que pour moi bien sûr. Je salue sobrement tout un chacun après qu'elle les ait serré avec force contre elle et remercie Callirhoé de m'avoir invité au bal ainsi que ses parents pour m'avoir accordé l'hospitalité, puis nous nous remettons en route. Ma compagne n'est guère bavarde durant les premiers jours, le coeur lourd de quitter les siens sans doute, un mutisme que je ne cherche pas à troubler car je sais que de futiles bavardages ne feraient que l'agacer.
Après quelques jours de voyage tranquille, nous nous installons un beau soir devant un feu largement plus conséquent que strictement nécessaire pour partager un repas bien mérité. J'observe Isil sans ostentation, sentant qu'elle a quelque chose en tête et que le moment ne tardera plus où elle l'exprimera. Je ne la presse pas de questions, toutefois, attendant sans impatience qu'elle me dévoile ce qu'elle souhaitera de ses pensées.
Pour la première fois depuis que je l'ai rencontrée, elle sort pensivement sa lyre et commence à en tirer quelques notes, sans chercher à tisser une mélodie particulière pourtant. Après quelques instants pendant lesquels elle ne semble pas se décider à en jouer vraiment, je me décide à prendre la parole d'une voix douce:
"Ainsi tu es aussi musicienne...je me le demandais, j'avais vu ta lyre mais c'est la première fois que tu la sors. Que joues-tu d'habitude?"
Elle arrête de jouer, regardant pensivement ma lyre en me répondant:
"De tout, de rien, je raconte parfois des légendes aux gens. Mais c'était avant... Je ne l'ai refait qu'une fois, depuis."
Je plisse légèrement les yeux à cette réponse, je n'ai pas besoin qu'elle exprime avec des mots ce que signifie cet "avant" pour comprendre qu'il s'agit de ce qu'elle a vécu du côté de Khonfas. Elle fait de son mieux pour ne pas y penser, pour ne pas revenir dessus, mais je sais que c'est une ombre puissante en son âme, une blessure qui ne guérira qu'avec beaucoup de temps. En parler ne servirait à rien, mais il y a une chose que je crois pouvoir faire pour l'aider sur ce chemin, si peu que ce soit. Je lui souris avec tendresse et me lève pour passer derrière elle et l'entourer avec douceur de mes bras pour déposer un baiser léger dans son cou et murmurer à son oreille:
"Alors joue pour moi, ici et maintenant, veux-tu? J'aimerais t'entendre."
Je me détache d'elle d'une caresse et vais reprendre la place que j'occupais près du feu en ajoutant avec un indéfinissable sourire flottant sur mes lèvres:
"Si tu le souhaites, je te montrerai cette nuit de quoi t'inspirer une nouvelle légende, peut-être te redonnera-t'elle envie de partager ta musique avec les gens, qui sait?"
Elle penche la tête sur le côté, songeuse, avant d'acquiescer et de commencer à jouer une douce mélodie, emplie de cette mélancolie qui l'habite depuis que nous avons quitté Cuilnen. Je laisse la musique m'envahir, les yeux rivés aux flammes, écoutant sans bruit jusqu'à ce que la dernière note se soit envolée dans les airs. Ce n'est qu'alors que je murmure:
"C'était très beau...triste et beau..."
Elle hausse les épaules avant de m'expliquer:
"J'ai appris à jouer à Hidirain. C'est là-bas, à l'auberge du Neligo, que j'ai appris mes premières légendes et que je suis devenue barde. Ce fut, pendant très longtemps, un prétexte pour me garder sur les routes."
Je hausse un sourcil surpris à cette révélation qui me dévoile soudainement tout un pan d'elle que j'ignorais totalement:
"Tu es barde?! Non que cela m'étonne vraiment dans le fond, mais... je ne m'en étais jamais douté. Je connais bien l'auberge du Neligo, j'y ai passé plusieurs nuits lorsque je suis arrivé à Hidirain, c'est là que j'ai entendu la légende de l'épée ardente que j'ai été récupérer dans les entrailles du Rock Armath."
Je la dévisage songeusement un instant avant de reprendre:
"Cette soirée au Néligo a changé ma vie...tout ce qui a suivi a découlé de cette légende que m'a racontée Ildaryn...c'est elle qui m'a amené à rencontrer Llyann puis à rejoindre l'ordre de l'Opale..."
Elle esquisse un sourire amusé:
"Vous avez retrouvé l'épée qui tua Galael ? La légende était donc vraie ? C'est moi qui l'ai contée pour la première fois à Ildaryn, elle l'avait laissé tout songeur, à tel point que je me suis demandé s'il n'allait pas partir à sa recherche séance tenante."
J'en reste sans voix durant quelques secondes, incrédule, avant de lâcher d'un ton abasourdi:
"C'est toi qui lui a conté cette légende?!"
Ébranlé, je lève les yeux vers l'astre nocturne en murmurant pour moi-même:
"Je crois que je comprends le sentier que tu m'as éclairé, maintenant..."
Lentement, je ramène les yeux dans ceux d'Isil et désigne mon arc d'une main légèrement tremblante après l'avoir dégagé pour qu'elle puisse bien le voir:
"Cet arc, c'est celui de Galael. Il m'a été offert par un Sylphe qui gardait sa dernière demeure. Quand j'ai entendu cette légende de l'épée ardente, j'ai pensé qui serait juste que ces deux reliques soient enfin réunies, c'était à mes yeux une manière d'honorer ce passé, de l'apaiser quelque part."
Je détache l'ardente de ma ceinture et la sort à moitié de son fourreau enchanté afin qu'Isil puisse voir de près cette lame légendaire qu'elle a évoquée dans sa légende, celle-là même qui a si totalement infléchi mon destin. Puis je reprends doucement, un sourire songeur sur le visage:
"Quant à cette perle qui orne votre front, elle faisait partie du trésor enterré avec Eswann, si elle m'a été offerte c'est parce que c'était aussi un Sylphe qui gardait son tombeau et qu'il savait ce qui s'était passé dans le sanctuaire de Galaël. Elle devait vous revenir, tout est juste..."
Les doigts de l'Elfe se portent à son diadème et à la perle qui s'y trouve sertie, puis elle finit par me répondre avec un sourire amusé:
"Je ne suis en rien liée à Eswann, si ce n'est pas de vagues légendes que j'ai entendues au cours de mes périples."
Je secoue lentement la tête en la regardant droit dans les yeux:
"Ce n'est pas de ça dont je parle. Vous avez raconté une légende qui a changé mon existence, nous nous sommes rencontrés par hasard et ces armes ont peut-être en partie changé la vôtre, d'existence. Des mois plus tard nous nous recroisons, toujours par hasard et, sans trop bien savoir trop pourquoi ni comment nous décidons de faire un bout de chemin ensemble. Après quoi je vous offre cette perle, remise par un Sylphe à cause d'un passé lié à cette même légende qui impliquait un autre Sylphe. Et je le fais de manière à ce que nul n'ignore que vous êtes sous la protection de ces mêmes armes que j'ai en partie retrouvées parce que vous avez conté un jour une légende dans une auberge, sans savoir qu'elle provenait de vous. C'est amusant, non, toutes ces...coïncidences?"
Elle secoue la tête, semblant soudain gênée:
"Des coïncidences amusantes, oui, mais rien de plus que des coïncidences."
Je laisse mon regard errer dans les profondeurs étoilées de la nuit et réponds à mi-voix:
"Parmi l'infinité de chemins que nous pouvons suivre, il en est un qui sonne plus juste avec la grande harmonie du tout, qui permet de nous révéler pleinement, certains l'appellent le fil d'or. Je pense que lorsqu'on s'en approche les coïncidences se multiplient, d'une manière qui rend les choses plus simples, plus positives."
Elle secoue la tête, le regard soudain plus dur:
"Cela se rapproche bien trop d'une quelconque notion de destin à laquelle je ne crois pas et n'ai pas la moindre envie de croire. Mes actions m'ont menées jusqu'ici, face à toi, mais elles ne sont que le fruit de mes décisions."
Je hausse un sourcil et ramène les yeux dans les siens:
"Ai-je dit le contraire? La plupart des êtres voient le destin comme une route figée, unique, un chemin dont on ne peut sortir. C'est absurde, notre vie est ce que nous en faisons, ni plus ni moins. Sais-tu quelle est la devise fondatrice des Danseurs d'Opale? C'est par ma seule volonté que mes lames se meuvent."
Elle me fixe quelques instants avant de me demander ce que je vois dans notre rencontre et dans les coïncidences que j'ai évoquées, ce à quoi je lui réponds en souriant avec douceur:
"Eh bien, comme je suis plus heureux depuis que je t'ai rencontrée que je ne l'ai été depuis des décennies, j'y vois la preuve que mes choix étaient bons et que je me suis rapproché de mon fil d'or."
Elle se contente de hausser les épaules et d'attiser le feu à l'aide d'un bâton, préférant ne pas répondre visiblement. Je pourrais lui parler de ce que j'ai appris sur le destin, avec Syndalywë d'abord puis lorsque j'ai reçu mon don de vision, mais à quoi bon puisqu'elle ne souhaite pas l'entendre? Je n'ai pas la moindre envie ou intention d'essayer de l'amener à partager ma vision des choses, elle a la sienne, différente et tout aussi juste, si bien que je change de sujet:
"En parlant de passé, je pensais que nous pourrions tenter de percer un peu plus avant les mystères du tien, si tu le désires."
Elle hésite un bref instant, me jetant un regard d'incertitude avant de lancer un coup d'oeil à Lhyrr. Et par Sithi je comprends son hésitation compte tenu de ce qui s'est révélé la première fois que nous avons plongé dans ce passé, j'en frémis encore. Tendue, elle me refait face pour répondre laconiquement:
"Oui, merci."
Elle s'installe pour s'endormir tandis que je prends place en tailleur, dos aux flammes et non loin d'elle. Un moment plus tard, je focalise ma volonté pour percer les brumes du temps, me concentrant intensément sur l'ancienne forme Ermansi d'Isil. cette fois mon but de découvrir un instant pouvant nous éclairer sur la nature de son ancien lien avec le Sindel qu'était alors Lhyrr, cela n'aura sans doute rien d'aisé mais qui ne tente rien n'a rien.
A nouveau, le monde présent devient gris, immatériel, de plus en plus indiscernable. Quelques instants passent durant lesquels j'use de ma volonté comme d'une flèche visant une cible minuscule, quelques secondes perdues dans l'éternité.
Peu à peu, une caverne se dessine sous mes yeux, imprécise, trop pour que je puisse définir si elle est naturelle ou si elle a été creusée pas des êtres. Il y a une cage, du genre de celles que l'on utilise pour contenir des fauves avec, à l'intérieur, une forme lupine qui semble faire les cent pas. D'un effort de volonté je tourne ma vision sur cette forme, découvrant un grand loup, une louve plus exactement, à la fourrure étrangement cuivrée. Une autre forme, humanoïde celle-ci, passe soudain devant la cage. Bien que je discerne pas précisément ses traits, je la reconnais à son allure, ce n'est autre que Lhyrr, ou Eï'Lhiyr de son ancien nom, le Sindel que j'ai déjà vu auprès de l'Ermansi enchaînée à un autel de ma précédente vision. A peine arrive-t'il devant la cage que la louve bondit sur lui en montrant les crocs, poussant sans doute un grondement que je ne puis entendre. Elle se heurte à la grille et je remarque alors un détail qui me stupéfie: ses yeux...ses yeux d'un profond bleu-nuit...ce sont les mêmes que ceux d'Isil, ce sont les siens, j'en suis certain!
Le Sindel s'approche des barreaux et s'y agrippe, prenant soin de ne pas se mettre à portée des dangereux crocs découverts. Je vois vaguement ses lèvres bouger par intermittence, comme s'il parlait avec quelqu'un, il me semble calme et neutre contrairement à la louve. Pour une raison qui m'échappe il recule soudain avec, sur le visage qui se précise brièvement, une expression de surprise mêlée de colère. Il semble à nouveau prononcer quelques mots qui font bondir le fauve, Isil, sur lui, sans pouvoir l'atteindre évidemment. Le Sindel chancelle légèrement, incompréhensiblement, aurait-il subi une attaque magique? Je ne peux le déterminer déjà il s'éloigne d'un pas vif, comme la scène qui s'estompe dans la foulée alors que les brumes du temps se referment à mes perceptions. Lentement, très lentement, je reviens au présent, l'esprit un peu confus, ébranlé par cette scène à laquelle je viens d'assister.
Je suis assis en tailleur près des dernière braises du feu que j'ai presque laissé s'éteindre, dos à elles, le regard tourné vers l'astre nocturne, lorsqu'Isil s'éveille en sursaut. Je perçois du coin de l'oeil qu'elle se redresse doucement et tourne à cet instant la tête vers elle, la dévisageant pensivement et remarquant qu'elle fronce les sourcils d'un air d'incompréhension. Je ne sais pas exactement ce qu'elle a perçu de ma vision, la transmission via un rêve étant souvent plus floue encore que l'originale. A mi-voix, je remarque de mon ton le plus neutre:
"Elle avait vos yeux. La louve. C'était vous."
Elle me jette un regard interloqué puis se tourne lentement vers son Loykarme qui l'observe fixement et hoche la tête, faisant froncer les sourcils à Isil:
"La seule signification que je vois à ceci, est que j'étais une shaman."
J'incline lentement le visage en admettant:
"Ce sont les seuls à pourvoir se transformer en animaux, d'après le peu que j'en sais. Je ne sais pas de quoi vous parliez, mais c'était houleux. Avez-vous vu l'expression du Sindel, de Lhyrr, lorsqu'il a subitement reculé? Il était surpris et en colère... je me demande pourquoi il a chancelé ensuite, c'est comme si vous l'aviez attaqué magiquement..."
"Tu as vu quelque chose, une autre présence ?"
"Non, il n'y avait que vous deux, j'en suis aussi certain qu'on peut l'être avec ce genre de vision."
Je me déplie souplement pour remettre du bois dans le feu afin de donner un peu de lumière, sachant qu'Isil n'est pas nyctalope, puis je reprends place sur le tronc couché qui m'a servi de siège en début de soirée, réfléchissant à ce que je viens de voir et cherchant à discerner des détails qui m'auraient échappé. Au bout d'un moment, Isil esquisse un demi-sourire de dérision et remarque:
"J'ai l'impression de me retrouver avec trois nouvelles questions pour chaque réponses que l'on a eu dans cette vision."
Je relève les yeux du feu pour les plonger dans les siens, réalisant à cet instant qu'elle est probablement passablement secouée par cette nouvelle image de son passé, emplie de la même violence que la première entre elle-même et Lhyrr, l'être le plus proche d'elle aujourd'hui. Je ne peux qu'imaginer à quel point cela doit être dur à vivre, déstabilisant et effrayant, mais dans l'immédiat je sais que l'approcher pour la réconforter serait une erreur, si bien que je me contente de murmurer:
"Vous avez appris que vous étiez Shaman et que votre totem était une louve, ce n'est pas si mal. Les autres réponses viendront, comme je vous l'avais dit cette méthode nécessite du temps."
Elle hoche la tête, son sourire se muant lentement en un autre, plus doux:
"Tu as sans doute raison."
Lhyrr se redresse et bondit vers les cieux, sans doute lui aussi troublé par cette vision. Isil l'observe s'en aller, une expression inquiète sur le visage, avant de me lancer soudain un regard amusé:
"Te voilà soudain revenu au vouvoiement, je faisais si peur ?"
Je secoue négativement la tête sans répondre immédiatement et détourne un instant les yeux vers les ombres de la forêt avant de revenir les river aux siens:
"Je sais que ces visions t'ébranlent et te font mal. Je déteste t'infliger cela, c'est tout le contraire de ce que je souhaite t'offrir. Pendant ces moments tu es...différente, inaccessible, alors j'établis une distance, c'est une manière pour moi de me protéger et d'éviter d'avoir des gestes impulsifs maladroits."
Ma réponse semble la laisser sans voix, elle se recroqueville d'un air gêné en entourant ses jambes de ses bras et finit par murmurer:
"Désolée."
Je hausse les épaules en soupirant doucement:
"Ne sois pas désolée, tu n'y es strictement pour rien. J'ai vu trop d'êtres mourir pour pouvoir encore laisser libre cours à mon empathie, c'est tout."
Je chasse la question d'un petit geste de la main, les yeux dans le vague en repensant à la seule fois de mon existence où je n'ai su brider mes sentiments et me suis attaché véritablement à une personne. Mon visage se pare d'une dureté minérale, cela n'arrivera plus, pas à ce point, plus jamais.
Elle semble sur le point de dire quelque chose mais se ravise subitement et hoche sèchement la tête pour répondre froidement en attrapant son épée:
"Merci pour cette vision. Dormez bien."
Elle s'éloigne ensuite du campement en tâtonnant dans la nuit, s'arrêtant peu après être sortie de la zone éclairée par le feu. Je la suis des yeux, la gorge serrée, me maudissant d'avoir laissé une fois de plus mes hantises du passé s'exprimer. Mon premier réflexe serait de me murer dans l'indifférence et de m'installer pour la nuit sans plus me poser de questions mais, je ne sais trop pourquoi, ce soir cette seule idée m'écoeure. Je dois néanmoins prendre durement sur moi pour me lever et la rejoindre dans les ténèbres en prenant soin de ne pas la surprendre. Une fois proche d'elle, je force mes lèvres à s’entrouvrir pour murmurer:
"C'est moi qui suis désolé, Isil. Certains de mes souvenirs ne sont pas...agréables, ça n'a rien à voir avec toi. C'est juste que... je suis terrifié..."
Je prends une ample inspiration avant d'esquisser le geste de la prendre dans mes bras pour la serrer contre moi, le ventre noué à l'idée qu'elle refuse. Mais elle franchit sans attendre la distance qui nous sépare et enroule impulsivement ses bras autour de mon torse en posant sa joue contre ma poitrine:
"Je suis désolée, Tanaëth."
Je l'enlace avec une tendresse farouche, sentant mon coeur bondir d'allégresse et de soulagement dans ma poitrine, puis incline le visage pour appuyer mes lèvres contre sa chevelure et y déposer de légers baisers avant de souffler:
"Ce n'est rien, douce amie, tu ne pouvais pas savoir."
Je la serre avec force contre moi, profitant simplement de sa présence entre mes bras en silence durant quelques instants, puis je murmure doucement:
"Viens, allons faire plus ample connaissance près du feu, la nuit est encore jeune..."
Une caresse sensuelle souligne la manière dont j'entends occuper le reste de la nuit et chasser les quelques ombres qui nous ont survolés. Elle attire mon visage pour m'embrasser avant d'acquiescer, un baiser qui me fait légèrement frémir alors que je sens un raz de marée de désir m'envahir. Je l'entraîne doucement vers le foyer, m'étonnant de cet effet incendiaire que sa présence fait naître en moi et qui ne semble pas devoir s'assouvir de sitôt. Ensorcelé, embarqué dans une ronde des fées, je n'ai pas la moindre chance, ni envie d'ailleurs, de m'en échapper.
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