Maeglor siffla :
"Ne les laissez pas s'échapper !"Plusieurs hommes s'approchèrent. La femme-elfe fit jaillir un petit objet de sa manche et le lança sur eux. Ils s'arrêtèrent, indécis.
Une mûre.
Il éclatèrent de rire et refirent un pas. Un seul.
La mûre se transforma brusquement en ronces furieuses qui entreprirent de les déchiqueter. Aussitôt, le dénommé Maeglor rejeta sa cape, révélant sur sa tunique un symbole figurant un poignard dentelé et sanglant au dessus d'un crâne fendu. Il cria :
"C'était ta dernière erreur !"
Une onde noire se déploya depuis son corps et les végétaux se flétrissaient sur son passage. Il sortit un poignard et, d'un geste ample, le lança.
L'arme se ficha dans un de ses hommes.
Les yeux écarquillé, il souffla :
"Ce... ce n'était pas ce que je voulais..."Ses yeux s'enflammèrent de courroux :
"Sorcière ! Tu n'entreras pas deux fois dans mon esprit ! Et vous attrapez la fille ! Prenez le garçon en otage !"De sa main, jaillit un sombre nuage, semblant absorbé toute lumière. Touché de plein fouet, Faëlina tituba et adressa un regard à Faëlis et Célimène.
"Fuyez ! Maintenant !"Le jeune elfe, jusqu'alors paralysé, saisit le bras de sa compagne et l'emporta. Les bandits se jetèrent à leur suite et il ne voyait pas comment il pourrait leur échapper.
Derrière, Maeglor ricana, déclarant que toute résistance à la magie des ténèbres était vaine, mais la grande druidesse, maintenant furieuse, cracha :
"C'est toi qui te dresse en travers de mon chemin ! Misérable vermine de bas étage, je suis une gardienne de Cuilnen ! Voyons ce que tu as appris pour lutter contre ÇA !"Elle frappa de son pied nu sur le sol, ses bracelets tintèrent et il y eu une vive lumière verte. Un frisson parcourut les arbres. Mais Faëlis avait déjà quitté la clairière en trainant Célimène. Il la remit d'aplomb et cria :
"Ça ira ? Cours et ne me perd pas du vu ! Surtout ne me perd pas !"Ses sens d'elfe lui soufflaient quelque chose d'étrange dans l'air. Il fallait s'éloigner... et surtout échapper à leurs poursuivants !
Ils coururent à perdre haleine. Autour, Faëlis sentait les arbres s'agiter...
Une énorme brute tenta de leur barrer la route. Faëlis n'avait pas le temps de prendre son arc, il prépara ses poings.
Mais alors, une branche tomba littéralement du ciel. Elle faucha l'homme qui vola dans les airs où une autre branche l'intercepta avec un craquement sinistre. Et ce craquement ne venait pas du bois.
Faëlis et Célimène restèrent un instant stupéfait. Derrière eux, un cri : un arbre s'était soulevé et voilà qu'il saissait un bandit de ses racines pour l'attirer sous lui ! Il ferait sans doute un bon terreau...
Un autre fut attiré dans les airs et disparu dans le feuillage d'un arbre, et celui-ci s'agita avec des bruits sinistres...
Le jeune elfe reprit sa compagne par le bras et ils coururent.
Partout autour, retentissaient des cris. Faëlis savait que sa mère était une grande magicienne mais... ça dépassait son imagination. Il se sentit néanmoins rassuré : il était peu probable que ce Maeglor puisse lui faire du mal !
Autour, les plantes étaient folles. Il couraient, sautaient par dessus les buissons, évitant parfois une branche qui se trompait de cible... et il sortirent finalement de la zone.
Là, il resta un instant à reprendre son souffle... hélas, le répit fut de courte durée : quatre bandits les poursuivaient toujours !
"Vite, cours !"Il fallait trouver une solution ! Il chercha et le seul idée qui lui vint était presque irréalisable.
"Ne t'occupes pas de moi ! Je vais essayer de les ralentir. Quoiqu'il arrive, ne t'arrête pas !"Il se souvenait de son professeur se tire à l'arc qui avait montré une technique des archers professionnels pour se défendre face à plusieurs assaillants. Hélas, c'était très compliqué et personne n'avait réussi à l'imiter.
Il prit son arc et sortit deux flèches qu'il encocha. Le tire multiple... c'était leur seul espoir. Mais comment faire ?
Il les tint soigneusement contre la corde puis se retourna. Les bandits marquèrent un temps d'arrêt, inquiets quand à ce que ça signifiait.
Faëlis les visa... et relâcha la corde ! Hélas, les flèches s’emmêlèrent et tombèrent pitoyablement par terre.
En jurant, le garçon reprit sa course. Les flèches s'étaient touchées au niveau de l'empennage !
Tout en courant, il réfléchit au moyen d'y remédier. Il fallait bien écarté les flèches... le professeur avait dit à mi-voix qu'il mettait la corde en trois bandes...
Oui ! Il devait falloir maintenir une parti de la corde parallèle au bois pour que les flèches partent bien droite !
Il encocha deux nouvelles flèches et s'efforça de mettre la corde bien droite. Puis, il se retourna et tira. Les malandrins firent une pause moins marquée. Ils avaient raisons en cela, car les flèches partirent correctement mais, trop concentré pour penser à viser, Faëlis avait tiré n'importe comment !
En jurant de plus belle, slalomant entre les arbres, il sortit deux nouvelles flèches. Il n'aurait pas d'autres occasions que la prochaine, ils étaient trop proche de lui désormais...
Comble de tout, Célimène était devant lui ! Elle ne semblait pas courir bien vite, comme si elle rechignait à s'éloigner de lui.
"Cours !"Il se prépara à un nouveau tir, fit le vide dans son esprit. Il fallait qu'il se concentre... Qu'avait dit sa mère ? Que Gaïa et Yuia étaient avec lui ? Alors c'était le moment pour qu'elles se manifestent !
Il se retourna. Les brigands ne marquèrent même pas un temps d'arrêt, convaincu de son échec.
Et les flèches partirent ! Le tir était maladroit, imprécis, mais il les atteignit. L'un reçu une flèche dans la jambe et l'autre dans le flanc. Ce n'était pas des blessures mortelles, car le tir était trop mal exécuté, mais elles étaient suffisantes pour mettre les deux hommes hors de combat !
Le garçon se jeta alors contre un adversaire. Celui-ci portait un sabre elfique dont l'élégance jurait avec la grossièreté du personnage. Heureusement, il ne devait pas être très habille avec ce genre d'arme, plus destiné aux maîtres d'armes elfiques. Il fallait d'ailleurs mieux éviter de se demander comment il l'avait acquise...
Faëlis fondit sur lui. La lame jaillit et une vive douleur lui transperça le flanc. Il hurla mais renversa l'homme sur sa lancé. Au corps à corps, la lame était trop longue pour servir. Se concentrant sur son ennemis en espérant que l'autre tarde à lui tomber dessus.
Il saisit le bras et le frappa par terre jusqu'à lui faire lâcher. Il y parvint mais perçut un mouvement de l'autre main de l'humain. Il se jeta sur le côté juste à temps pour éviter le coup de poignard.
Il se redressa en ramassant le sabre. Cette arme était un peu trop raffiné pour ses compétences lacunaires, il avait juste commencé à apprendre le maniement de l'épée, mais c'était mieux que rien.
Ils se tournèrent autour. Du coin de l’œil, il vit que l'autre bandit était occupé par Célimène. Heureusement, il ne cherchait pas à la tuer, ce qui le gênait. Faëlis se concentra sur son adversaire. Il avait l'avantage de l'allonge et, de peu, de la force. Mais l'autre semblait plus habille avec son arme courte et il avait l'avantage de l'avoir blessé. Le garçon allait s'épuiser, le temps jouait en sa faveur... Il fallait donc attaquer maintenant !
Il bondit avec la souplesse et l'agilité propre aux elfes. Il n'y eu qu'un assaut. Une zébrure sur le biceps gauche du jeune homme mais le sabre laissa une balafre sur la poitrine de l'homme. Il cria et jura. Il était blessé lui aussi maintenant !
Les deux adversaires recommencèrent à se tourner autour. Le bandit, moins sûr de lui, tentait des petits mouvement provoquant, mais on sentait son manque d'assurance. Un poignard contre un sabre, c'était hélas une mauvaise donne pour lui !
Ils firent encore un tour, puis Faëlis se lança en avant, visant l'arme de son ennemi. Celui-ci évita le coup et tenta de profiter de l'ouverture pour bondir sur le garçon.
Mais celui-ci ne comptait pas se faire avoir par la même tactique qu'il venait de mettre en œuvre ! Il recula d'un bond de sorte qu'il garda l'avantage de l'allonge et frappa, blessant l'autre à l'épaule. S'en était trop pour le malandrin qui fit demi-tour et s'enfuit.
Faëlis rit de cette déconfiture, et il lui sembla que son cœur était plus léger. Il brandit ce sabre, dont il n'avait guère honoré la qualité de ses piètres talents mais qui se trouvait maintenant dans les mains d'un maître plus digne.
C'est alors qu'il se rappela de Célimène ! Pourquoi n'entendait-il plus de bruit de combat ? Il se retourna avec la crainte de se découvrir seul...
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