Ema me répond aimablement, mais ce qu'elle me révèle me déçoit : elle n'a aucune idée de ce qui se passe dans cette maison et ne souhaite pas me révéler ce qu'elle sait sur son ancêtre. Quant à son nom complet ou ses dates, elles les ignore. Au final, je ne pourrais rien apprendre d'elle, et son héritage semble n'être que du vent : je commence à envier ceux qui sont déjà passés par la fenêtre, mais si les gardes n'ont pas l'air des plus tendres.
Pendant la réponse d'Ema, le gobelin revient sans sa victime flottante. Ne souhaitant pas contrarier mon hôte en sa présence, j'accède à sa demande, et commence à manger. Si poison il y a, il n'est tout du moins pas foudroyant ; même si cette pensée ne me rassure pas vraiment. Mais la qualité des plats présents balaye plus efficacement mes doutes : à une telle heure, mon estomac semble prendre le dessus sur ma raison. Et cette tome de chèvre est parfaite, se mariant fort bien avec la crème à l'ail et aux figues qui se trouve dans le pot à ma gauche. Le pain est de bonne qualité, allégeant agréablement le goût du bleue de Bouhen qui traîne non loin de moi ; et rapidement, mon appétit ne se satisfait plus de grignotages, et je me sers une côte porc avec une sauce au poivre, délicieusement onctueuse. Un rôti de bœuf au figues attirent mon attention, mais avant de ne pouvoir m'en saisir, c'est au tour de Dame Ema de provoquer un esclandre : les allusions pleine de reproches de Selen et la méfiance de la dernière venue, Milyah, ajoutés à l'agressivité générale ont finie par user sa patience. Après ses cris, elle se contente de refermer les fenêtre de deux claquement de mains, pour se protéger du froid. Moi, je vois avec crainte une sortie, la seule viable peut-être, qui disparaît. Ema tente ensuite de se lever, mais s'effondre soudainement. La stupéfaction me cloue à ma chaise : si Ema ne semblait pas des plus jeunes, je ne m'attendait certes pas à cela. Et la situation m'inquiète : le gobelin ne m'inspire que bien peu confiance, et la mort de notre hôte le laisse seul maître.
Mais avant que je n'ai le temps de réagir, le gobelin est auprès de la gisante, et le guerrier Shaakt, étrangement entouré par deux reflets, deux ombres de lui-même, le menace, lui intimant de nous laisser sortir. Je retiens mon souffle, alors que le majordome évalue la situation ; mais finalement, il se saisit des mains d'Ema, et les faisant claquer une fois, rouvre les fenêtres, et semble se résigner à notre départ.
Sans attendre un instant de plus, je me lève et me dirige vers les fenêtres ; au moment de les franchir, je me retourne pourtant, contemple un instant le cadavre de la dame, puis je dirige mon attention vers le gobelin. Quelques paroles me viennent aux lèvres, d'autres questions ; mais je les retiens : l'heure n'est plus à la curiosité, mais bien à la fuite.
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Angèlique, Repentie. [lvl 8]
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