- II -

Un archéologue lui répondit qu’ils n’étaient pas sensé entrer avant que les aventuriers aient exploré les lieux, ou sans qu’ils ne leurs demandent. Il s’inquiétait d’ailleurs car ils commençaient à tarder. Meraxès manifesta sa compréhension d’un hochement de tête, tout en avisant l’entrée ménagée entre les décombres. Les archéologues ne prenaient décidément aucun risque et préféraient laisser à d’autres le loisir de s’exposer. Cette attitude était lâche et ne lui plaisait guère.
L’homme ajouta qu’un aventurier avait pris du charbon pour tracer son passage, et cela fut plus agréable à l’hinïon. Il lui suffisait ainsi de suivre les flèches pour rejoindre le groupe dans le dédale, si labyrinthe il y avait effectivement. Cela suffisait. S’il voulait en découvrir suffisamment, il devait d’abord s’entretenir avec les premiers concernés.

« Très bien… savoir qu’une signalisation a été faite me rassure. »

On tenta tout même de lui vendre une boussole pour une cinquantaine de yus au profit du chantier de fouille. Meraxès refusa la babiole d’un geste de main, mais cela lui donna une idée incontestablement mauvaise.

« Je ne saurais pas me servir d’une boussole. Je vais me reposer sur mes sens et ma mémoire, je suppose... Pour le reste, je suis assez navré d’avoir à entrer seul. Je m’attendais à plus de fougue provenant d’aventuriers comme vous. N’êtes vous pas curieux de découvrir quelles histoires se tapissent au fond de ces vestiges ? Avez-vous tant à craindre des pierres immobiles et inchangées depuis des siècles ? »

Il darda un regard sévère sur les archéologues. La contrariété ne lui réussissait pas et il se faisait un plaisir de souligner les faiblesses de ses contemporains.

« Je ne compte pas m’enfoncer profondément dans ce souterrain, simplement trouver les homme qui s’y sont introduit pour leur poser quelques questions. Ce ne sera qu’un simple aller-retour. Vous comprenez ? Je dois m’y rendre dans l’instant, je n’ai pas de temps à perdre ; et je suppose que ces ruines sont le témoignage d’un passé opulent et il doit y avoir long à en dire. Alors si vous pouvez m’accompagner et m’éclairer sur ce qui nous entoure… »

Et puis on n’était jamais assez prudent. Si des bêtes sauvages se dissimulaient là dedans…

« Un simple aller-retour, comme je vous l’ai dit. Vous n’avez rien à craindre. Je suis un prêtre de Gaïa et jamais l’obscurité ne sera une entrave pour mes comparses. Vous ne serez pas inquiété pour avoir accompagné de manière précoce un dignitaire démuni et ignorant de ces choses… mais qu’en sera-t-il lorsque les donateurs de Tulorim apprendront que vous avez abandonné un membre du clergé dans ces ruines inexplorées ? »

Il se dit aussi qu’un peu de chantage ne faisait jamais de mal. Ce que les promesses ne pouvaient pas acheter, les contraintes s’en chargeaient sans difficulté. C’était presque un jeu d’enfant. La présence de ces archéologues était optionnelle, mais il se faisait un plaisir à les attirer en contrebas.

« Vous devez savoir comme les donations des dignitaires de la cité des confluences vous sont éminemment profitable. Un véritable attrait pour les mystères de se désert existe et ces même riches marchands apprécient beaucoup les services de notre ordre. Vous imaginez qu’un récit aventureux et enjoliveur attribué par mes soins, en soulignant évidemment votre formidable travail et votre inclinaison absolument désintéressée à me rendre service, fera un grand effet. Je peux vous assurer qu’il se répercutera jusque dans vos bourses. »

Il leur servit un sourire d’une grande douceur et fit quelques pas dans le sable, avant de s’appuyer sur son bâton.

« Allons. Prenez ce que vous avez à prendre et suivez moi. »

Puis il s’introduisit dans l’ombre du temple, où il attendit tranquillement la venue des archéologues.

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- IV -