Un mouvement se fait enfin vers notre destination, ce qui n'empêche pas mon irritation de croître à chaque battement d'ailes. Je n'écoute que d'une spirale ce qui se dit sur le trajet, les géants chargés des lieux ayant décidé de creuser là où des oiseaux avaient l'habitude de s'arrêter. Et ils en ont dégagé une structure qui me fait froncer les sourcils. Froide, morte, faite de pierres gigantesques. À croire que ceux qui ont fait ça se sont amusés à dépecer une montagne pour y parvenir. Ma langue claque d'elle-même. Je pensais que les ruines allaient être de simples pierres et pans de murs bouffés par les éléments, mais non, évidemment ! Il faut que ce soit un truc qui ait résisté au passage du temps et encore avec un foutu toit ! J'ai horreur de ça. Je déteste ça. J'exècre l'idée même d'être encore bloqué entre six parois infranchissables ! Ou presque. Au moins, l'ombre ne manquera pas à l'intérieur.
Devant, un tas de bipèdes fait étalage de bibelots en tous genres, se permettant de les proposer... À la vente.
À la vente, par mes ailes ! Je n'ai peut-être aucun attachement aux yus que je trimballe depuis ma mésaventure dans ce bouquin maudit, mais ce n'est pas pour autant que j'irai en refiler à l'un d'entre eux ! Quel que soit le degré de ténèbres présent à l'intérieur, j'ai encore quelques torches avec moi. Et l'orbe doré aussi, en cas d'urgence.
J'ignore le campement, et ne suis pas le seul à le faire. Le rôti d'elfe gravit les marches vers les portes usées d'un pas rapide. Encore un bipède de grande taille dans mon champ de vision. Cela me donne la nausée. En plus, son odeur carbonisée dans cette structure fermée sera impossible à ignorer. Raison de plus pour me faire pousser un grondement.
"
Euhm... Nessandro ?", m'interpelle le Protecteur que je découvre un peu mal à l'aise et qui vole sur place en fixant les ruines. Il hésite. Je le vois ouvrir la bouche et la refermer plusieurs fois, jusqu'à ce qu'il finisse par avoir l'air frustré. "
Non, ce n'est rien."
Je hausse un sourcil, alternant entre regarder les lieux et l'aldryde. Franchement, je ne vois pas ce qui le tracasse d'un coup. On va juste
encore se retrouver obligés de faire équipe avec des abrutis immenses, à devoir coller le plafond pour être tranquilles, à faire attention où ces idiots tiendront leurs torches dans les possibles couloirs voire au cœur d'accès plongeant dans les prof...
"
Oh."
J'ai compris. Mon énervement était tel que j'avais oublié ce détail. J'ôte mon casque, fais face à Dae'ron, attrape sa nuque et accole mon front au sien. Il est nerveux. Très, même s'il le masque habilement.
"
Faut pas se fier aux apparences. L'intérieur est sans doute aussi stupidement gigantesque que le laisse imaginer l'ossature.", dis-je pour le distraire. "
Rappelle-toi Maison-Sekteg. On va faire la même."
Le brun acquiesce sobrement, mais il lui faut le temps de se mordiller les lèvres et d'inspirer profondément plusieurs fois avant de trouver le courage de surmonter son appréhension. Je pensais que sa frousse des espaces clos avait été guérie après notre aventure sous terre chez les elfes, mais il faut croire que non.
Mes ailes sombres me portent à sa vitesse vers l'entrée à laquelle j'adresse un regard mauvais. Saletés d'aurores. Saloperies de géants vivants. Foutues ruines que je trouvais déjà moches, mais qui m'apparaissent pires encore maintenant qu'elles sont à l'origine d'un trouble chez le Protecteur.
Tout cela a intérêt à en valoir la peine.
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