L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mer 11 Mar 2009 21:20 
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Le majordome vint lui ouvrir et le reconnut aussitôt.

« Monsieur de Graillasse! Que nous fait l'honneur de votre visite?
_Je viens présenter mes respects à votre maître ainsi que mes remerciements. Oubliez-vous tout si vite?
_Non bien sûr monsieur. Cependant je suis au regret de vous annoncer que monsieur Thal n'est pas ici. Il est au temple.
_Que diable, encore? Bien je l'attendrais.
_Ici monsieur? Mais... C'est qu'il ne rentrera sans doute pas avant un moment.
_Qu'importe, j'ai tout mon temps!
_Fort bien, si monsieur veux bien se donner la peine...
_Grand merci. »

Cantemort entra dans la propriété.

Une fois dans le hall, Cantemort se retourna pour faire face au majordome et demanda :

« Votre bonne n'est pas céans?
_Moi foi monsieur nous ne l'avons vu de la journée. Elle devra fournir une excuse valable je vous le garantis.
_Je comprends. Pourriez-vous je vous pris, me désigner un endroit où je puisse changer ces vêtements. »

Le majordome s'avisa que Cantemort portait toujours le même costume et guida celui-ci vers une petite salle sans fenêtres. Celui-ci entra et referma la porte derrière lui. Il entendit le majordome dire qu'il allait préparer du thé et sortit sa boite de maquillage. Une fois son travail habituel terminé, il ajouta une touche de son nouveau maquillage, dorant légèrement sa joue. Il ajusta son costume et son bicorne et sortit. Le majordome n'était pas revenu. Tant mieux.
Cantemort se dirigea vers la hall et monta l'escalier qui menait au corridor. Une fois en haut, il sortit cinq couteaux et s'accroupit dans l'ombre.

(((COMBAT CONTRE UN MAJORDOME FOR MUSCLE)))

Le majordome arriva dans le hall par l'une des portes avec un plateau sur lequel une théière trônait à côté d'une tasse. Un couteau arriva d'on ne sait où et interrompit leur douce quiétude. Le majordome laissa tomber son plateau et eut un mouvement de recul. Puis il leva la tête et vit Cantemort accroupi sur la rambarde du corridor qui riait joyeusement.

« Je t'ai bien eut! Poils au...
_Qui êtes vous?
_Gontran de Graillasse bien sûr! »

Et il repartit à rire. Un rire aigu, strident. Le majordome était effrayé mais ne le montrait pas. Il se déplaça lentement de côté pour atteindre un chandelier posé sur une étagère basse. Cantemort riait toujours. Le majordome tendit la main, il atteignait presque l'étagère, presque, plus que quelques centimètres. Un couteau lui entailla le bras et fit chuter le chandelier sur le sol. Il retira vivement son bras et ne bougea plus, Cantemort ne riait plus, il souriait. Un sourire propre à vous glacer le sang. Il se laissa tomber de son perchoir et atterrit par une roulade sur le sol. Le majordome profita des secondes ainsi gagnées pour se jeter sur le chandelier. Un couteau lui passa à quelques centimètres, suivit d'un juron de Cantemort.

(Il veut se défendre, on va bien s'y prendre, le pendre, pendu, dur! Rude pendaison en maison.)

Le majordome se jeta sur Cantemort avec son chandelier mais celui-ci se dégagea et grimpa sur une armoire. Il envoya un de ses couteaux qui se planta dans la jambe du majordome. Celui-ci poussa un cri de douleur et tomba à genoux. Il arracha le couteau d'un geste vif et se releva juste à temps pour qu'un autre couteau lui entaille l'épaule. Le serviteur saignait désormais beaucoup, surtout de la jambe. Cantemort dégaina un autre couteau et descendit de l'armoire.

« Toujours en garder un pour la suite. Tu sues beaucoup bois un coup! Coupons la corde et sautons. »

Le majordome se redressa complètement et le défia du regard. Il avait lâché son chandelier.

(Courageux le vieux. Pas trop peur, pas d'erreurs, belle rancœur.)

Cantemort courut vers son adversaire et obliqua au dernier moment en lui entaillant la hanche. Une fois derrière lui il sauta en arrière et tenta de revenir devant le serviteur, mais celui-ci lui attrapa le pied et le plaqua à terre. Cantemort se releva et fut accueillit par un coup de poing au visage qui le fit chanceler an arrière. Le majordome tenta d'accentuer son avantage par une nouvelle série de coups de poings mais Cantemort, la lèvre éclatée, parvint par une pirouette à revenir hors de portée.

« Eh! On ne touche pas au poète lors d'une représentation! Rustre. »

Le majordome avançait calmement sur lui et Cantemort reculait, reprenant la mesure de la situation. Il roula sur la gauche, se plaçant à droite de l'homme. Il lui planta son couteau entre les côtes, et tenta de reculer vivement mais la main de son adversaire s'écrasa sur sa joue. Le faisant chuter. Il s'écrasa sur le sol et ne bougea plus, son couteau à quelques mètres de lui.

(Gros idiot ordonné et réglé à s'éclater. Éclatons-nous dans ce cas, cassons des œufs, montons en neige.)

Le majordome, avança pour finir le travail. Il se plaça aux pieds de Cantemort et les adversaires s'observèrent. Le poète observait l'entaille entre les côtes de l'homme d'où suintait un liquide noirâtre. Le serviteur regardait les yeux exorbités de Cantemort, bleu comme une flamme trop chaude, comme l'eau glacée de l'océan. Ils étaient tous deux immobiles, se regardant, figés. Le majordome leva la main et les pieds de Cantemort percutèrent le ventre de l'homme, faisant jaillir un mélange putride de sang et de bile de la blessure de sa blessure. Il recula, chancelant. Cantemort se leva d'un bond et se jeta sur son couteau qu'il repris en main avant de le lancer sur le majordome. Celui-ci interposa son bras, protégeant sa tête. Cantemort repartit à rire, il s'amusait plus qu'il ne l'avait fait depuis longtemps.

(Ce balèze me lèse, il pèse mais m'apaise.)

Cantemort courut à l'autre bout du grand hall et ramassa un de ses couteaux tombé là. Le majordome profitait de chaque répit. Il avait arraché un pan de son costume et l'avait collé à sa blessure pour arrêter l'hémorragie. Les deux adversaire se faisaient à nouveau face. Cantemort tournait autour de l'homme, lentement, attendant. Le grand serviteur fatiguait, sa blessure le faisait souffrir et elle était sans aucun doute trop grave pour que le combat continuât longtemps. Cantemort, souriait encore. Il gagnait et il le savait.

(Mon grossier gros bonhomme, il est temps de faire dodo ré mi. Fa sol on s'en fiche. Si la aussi d'ailleurs. Mais eux c'est normal. D'ailleurs, si la aussi dodo Rémi, Fasol s'en fiche.)

Le majordome se préparait et il avança doucement sur Cantemort. Découvrant son cou. Cantemort le vit et partit sur la gauche, puis sauta de travers, le bras prêt à frapper.

(Adieu dodo et ré la si. Mortel mortification.)

Cantemort frappa... Et se retrouva au sol, son l'imposante masse du majordome.

(Ah l'enfoiré! Ré mi do alors? Et c'est qu'il est lourd comme une plume de plombs ce con!)

Le majordome s'était retourné face à Cantemort et, dans un ultime élan, avait bloqué le couteau avec son épaule, dont il dépassait.

« Espèce... de taré!, hurla-t-il. Maintenant crève! Plus de couteaux, plus d'armes. Crève! »

La rage déformait ses traits. Cantemort, les bras bloqués sous la masse de son adversaire, ne pouvait qu'encaisser la pluie de coups qui suivit. Les poings du majordomes frappaient à l'aveugle comme celui-ci croulait sous la fatigue. Cantemort tentait bien d'en esquiver une grande partie, néanmoins, chaque coup au but était comme une enclume. Il ne s'amusait plus du tout.

(Gros porc, si tu me lâche je te saigne et te pends. Ne lâche pas, pas encore porc, bientôt. C'est que ça cogne aujourd'hui. Maintenant.)

Cantemort frotta sa tête sur le sol. Soudain, un flash lumineux aveugla le majordome et il eut un mouvement de recul, libérant les bras de Cantemort. Celui-ci se dégagea de l'étreinte et se plaça derrière le géant à terre, lui chuchotant à l'oreille :

« Pourquoi plus de couteaux? Toujours un couteau. Salut le gros. »

Il sortit son dernier couteau de sous son bicorne et égorgea le grand majordome qui tomba tête la première sur le sol en retenant un cri qui ne serait de toute façon jamais sorti de sa bouche. Son visage figé n'exprimait que surprise, ce qui énerva Cantemort qui modifia ses traits pour une mimique effrayée.

(((fini!!! -1 dose de fond de teint)))

Il se leva, exténué. Il marcha jusqu'à une petite pièce où une bassine d'eau trônait sur une paillasse. Il se lava le visage et observa son reflet sur la surface trouble de l'eau. Il avait une pommette éclatée et la base du nez fêlée, en plus de sa lèvre coupée. Il nettoya le tout et appliqua un chiffon qui trainait sur les plaies pour stopper les saignements. Puis il jeta un œil par la fenêtre. L'après-midi finissait.

(Vite rangeons le désordre en odes, en joie, en joyeux bazar. Bazardons le superflu super qui aime le temps d'une javanaise.)

Il revint dans le hall, souleva le corps du majordome, lui prit ses clefs et l'emmena sur le corridor. Puis il s'en fut à la recherche d'une corde.

Une fois son travail terminé, chaque portes étaient fermées et les meubles de la salle étaient renversés. Cantemort avait ramassé plusieurs objets qu'il pensait de valeur et les avait mis à côté de la grande porte. Le corps du majordome pendait à une corde au dessus du corridor en se balançant doucement. La nuit venait de tomber et Cantemort, qui avait également fermé les volets, se cacha dans l'ombre, ses couteaux à nouveau sur lui.

(Je t'attends gros grossier gras du bide. Je t'attends et j'entends te tuer.)

Lorsque Gontran Thal entra dans sa demeure, il était rouge de colère.

« Personne pour m'accueillir et les volets qui sont... »

Il s'interrompit et devint livide. Il fit quelques pas en regardant le cadavre du majordome qui pendait. Cantemort en profita et referma la porte à clef. Le marchand se retourna mais Cantemort était à nouveau dans l'ombre.

« Que... Qui êtes... vous?, couina le gros homme.
_Je suis la vengeance qui pense et lance en cœur avec son âme noire. Comme le jour. Née de ta folie. »

La voie de Cantemort résonnait dans le silence oppressant du hall. Le marchand regardait autour de lui, affolé, sans voir la menace.

Soudain, un couteau lui perfora la jambe et il tomba à genoux. Il se mit à pleurer, implorant tous les dieux du panthéon de lui venir en aide. Un autre couteau lui effleura le bras. Un encore lui transperça l'épaule. Il pleurait et suppliait désormais Cantemort, lui proposant sa fortune en échange de sa vie.

« Ta fortune valait-elle que je fusse défiguré? Valait-elle mon spectacle? Valait-elle ton jardinier?
_Mais qui êtes vous? », implora Gontran Thal.

Cantemort sortit de l'ombre et s'avança vers le marchand. Quand il fut juste devant lui, le toisant de haut, ses yeux noirs de suie, et la figure blanche, et pleurant son éternelle larme noire, le marchand compris :

« Et nous ici là qui cirons
Faisans tous et mille cartons. »


Il mourut, une lame dans le cœur, l'autre dans l'œil.

(Petit crétin tin tin tintamarre marre marre marabout boue boue boulette)

Il avisa une cheminée et fit prendre un grand feu. Il y piocha ensuite une buche qui ne brulait que d'un côté. Il s'avança vers le marchand et jeta la buche sur ses riches vêtements de soie. Puis il ouvrit la porte et sortit, emportant les objets qu'il avait choisi, il remonta sur son toit et déposa l'ensemble avec le chapeau du jardinier.

la suite, la fin

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    "Aussi longtemps qu'il existe un endroit où il y a de l'air, du soleil et de l'herbe, on doit avoir regret de ne point y être. Surtout quand on est jeune." Boris Vian


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mer 25 Mar 2009 21:16 
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Cantemort arriva à la maison de la famille du milicien et enfonça la porte d'un coup de pied. La femme, qui était assise dans un fauteuil près d'une petite cheminée, se leva en hurlant, ce qui réveilla un bébé qui dormait dans un landau et qui se mit également à hurler. La maison était petite et peu meublée. Une unique pièce sombre la composait, séparée en différentes parties. Cantemort saisit la femme par les cheveux et l'assomma. Le jeune garçon que Cantemort avait vu jouer avec son père se jeta sur lui et le roua de coups de ses petites mains. Cantemort l'égorgea et se retourna vers le bambin, laissant le garçon tomber sur le plancher, mort.

Fitz entra dans sa maison, le visage ruisselant de larmes. En voyant son fils étendu sur le sol, il s'agenouilla pour le prendre dans ses bras. Il leva le regard et vit sa fille. Un bébé d'à peine quatre mois qui se balançait en pleurant, la tête en bas, le pied dans la main de Cantemort. Celui-ci souriait à pleines dents en regardant le soldat, qui regarda autour de lui et vit sa femme, étendue derrière l'arlequin. Sa poitrine se soulevait à rythme régulier, elle était vivante. Fitz reporta à nouveau son regard sur Cantemort et celui-ci se mit à rire. La stridence du son résonna dans la pièce, emplissant le père de famille d'effroi. Cantemort lança d'un geste nonchalant le bébé en arrière et saisit les cheveux de la femme. Fitz hurla :

« Non! Mais pourquoi tu fais ça? »

Cantemort le regarda sans comprendre.

« Pourquoi? Je sais pas... »

Et il se remit à rire, plus fort, plus aigu. Fitz était abattu, il ne savait plus quoi faire. Sa vie entière venait d'être brisée, réduite à l'état de cadavres en quelques minutes. Quand Cantemort approcha sa dague de la gorge de sa femme, il n'eut pas même la force de regarder ailleurs. Le corps tomba au sol avec un bruit sourd. Fitz regardait tout ça sans le voir, il ne pouvait rien faire, il était comme mourant :

« Tue-moi. »

Sa voie n'était plus qu'un murmure tout juste audible. Cantemort s'avança vers lui et lui releva la tête.

« Tue-moi. »

La dague de Cantemort se leva.

« Tue-moi! » hurla Fitz.

La dague retomba, suivie par le corps de Théodore Fitz.

Cantemort sortit, il allait à la taverne.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 1 Mai 2009 18:07 
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Localisation: Couloir de prison, Quête 26
Je rentrais dans la chaumière alors que la nuit finissait de tomber sur Kendra-Kar. Je ne pensais pas à grand-chose. La joie ou la peur qui avait pu m’habiter suite aux choix que je venais de faire certes, assez rapidement, m’avait quitté. A la place, une détermination farouche me faisait avancer vers un conflit certain. Je n’avais qu’une seule chose en tête : Imposer à mes parents ma décision. Quelque soit leur réaction, cette fois, je décidais seul et je ne reculerais pas malgré leurs médisances. Je vivrais ma vie avec ou sans leur bénédiction, il fallait que je vive enfin ma propre vie.
Mes parents se trouvaient dans le salon et ma mère me salua de loin lorsqu’elle m’entendit rentrer. Je répondis évasivement que j’arrivais tout en grimpant rapidement dans ma chambre. Il fallait d’abord se préparer à toutes les éventualités. Arrivé dans mes modestes appartements, j’ouvris ma fenêtre et détacha une sorte de liane qui finit par pendre le long du mur et arriver dans la rue. C’était mon stratagème pour faire le mur, le plus discret, le plus malin et le plus infaillible. Si la soirée tournait mal, il me faudrait partir en vitesse et sans forcément avoir leur autorisation. Je devais penser à tous les scénarios. Ensuite, je me fis un paquetage de fortune avec mes rares affaires. Un petit livre de prières, une cape de dissimulation, ma bague, quelques rares vêtements et un petit chapeau. Après avoir bouclé mon sac, je le posais sur le rebord de la fenêtre juste au cas où puis, soufflant un grand coup, redescendit pour affronter mes parents.
Ma mère se leva pour m’embrasser comme chaque soir puis alla surveiller le repas dans la pièce d’à côté. Mon père, comme à son habitude, faisait le mort en ma présence. J’allai l’embrasser pour la forme puis convia ma mère à rester dans la pièce pour que je puisse leur parler. Cette petite remarque réveilla l’intérêt de mon père qui leva le regard pour écouter ce que j’avais à leur annoncer. Avant même, que je puisse commencer, mon père lâcha mesquinement :

« Et voilà ! Je te l’avais dis qu’il nous en mettrait une enceinte plus rapidement qu’il ne faut pour le dire. Je t’avais prévenue. »
Après l’avoir fusillé du regard et pris un air blasé qui correspondait très bien au sentiment que j’avais, je maudissais mon grand-père d’avoir léguer la perversité à mon propre père. Il avait bien essayé mais son action n’avait pas atteint mon esprit pur et innocent.
(Papa….. Franchement, tu me déçois de penser ça de moi…..)
Je repris mes esprits et calma les angoisses de ma maman puis je me lançai dans ma grande déclaration avec une grande inspiration :
« Non Papa, encore une fois, tu as tort à mon sujet. Je suis là devant ce soir pour vous parler de mon avenir. Je sais que depuis des années tu as décidé de ne pas me léguer ton commerce et j’ai accepté cette idée avec plus ou moins de difficultés. Quoi qu’il en soit, maintenant j’ai dépassé ce stade et j’ai pris une décision pour mon avenir. Comme vous le savez, j’ai fini mes études basiques au temple de Gaïa et j’ai la possibilité de devenir maintenant un vrai prêtre de Gaïa. Je n’en ai pas l’intention. La vie de rat de laboratoire ne m’attire pas et rester dans cette morne ville pas beaucoup plus. J’ai décidé de faire comme quelques rares fidèles de Gaïa et de partir à l’aventure dans le vaste monde. Cela me permettra de tester mes limites ainsi que celle de ma foi. Je pourrais prêcher la bonne parole et découvrir le monde. Je n’ai sans doute aucune expérience mais il faut bien commencer quelque part. J’ai décidé de m’en aller et je le ferais quelque soit votre vision de mon projet….. Je pars avec Darek ! Je pars demain dans un bateau vers je ne sais où. L’avenir le dira….. Je sais que vous allez sans doute m’en vouloir et me couvrir de honte, mais je ne peux plus vivre comme nous le faisons. Je m’ennuie trop et …… et c’est trop dur de t’affronter tous les jours papa. Je veux enfin que tu puisses être fier de moi et que moi, je sois fier de moi. Enfin voilà, je m’en vais. »
J’avais fini mon discours les larmes aux yeux. Ma tristesse plombait la pièce d’une odeur de rupture définitive. Ma mère après quelque secondes de stupéfaction, éclata :
« Non, mais ça va pas la tête ??? Tu es fou ! Tu n’iras nulle part. Quitte à ce que j’oppose mon corps.
_ Non, tu ne feras rien. Laisse le partir, coupa mon père. «
Je le regardai éberlué, complètement choqué de la tournure que prenaient les événements. Je m’attendais à bien des réactions mais pas vraiment à l’acceptation calme et sereine de ma décision.
« Il a fait son choix et je n’irais pas contre ses décisions. Mon fils, je te soutiens désormais et j’espère que tu trouveras ta voie. Ne t’inquiète pas pour mon côté mauvais père que je te montre depuis des années. Je suis extrêmement fier de toi. Va maintenant te préparer si tu en as la necessité. Tu n’as plus besoin de nous. Tu es libre…… Reviens quand même nous voir de temps en temps pour que nous puissions être fiers de toi ! Va mon fils, je t’aime. «
Il me sourit pour la première fois depuis des années et me pris dans ses bras. Je restais tétanisé sous cette étreinte tant le choc était rude. Mon père m’aimait et était fier de moi. En plus de cela, il me donnait sa bénédiction pour mes choix futurs. Même dans mes plus beaux rêves je n’aurais pas imaginé pareille situation. Ma mère elle par contre était en larmes. Elle me pardonnerait bien assez vite. J’étais un bon fils avec elle.
Lorsque mon père me lâcha, je failli tomber à la renverse tant l’émotion me tenaillait. Ma mère me prit dans ses bras elle aussi puis je la lâchai pour retourner dans ma chambre. Toutes ces émotions m’avaient coupés l’appétit. Autant aller dormir, je serais prêt pour le lendemain. Je montais donc dans ma chambre en état de choc. Je me glissais dans mes draps sentant bons la lavande et j’essayais d’atteindre le pays des rêves.

(Mais non …..Je suis déjà au pays des rêves….. Mon père m’aime et je pars à l’aventure….. Ce que j’ai toujours espéré se réalise enfin ! )
Sur ses bonnes pensées, je glissais dans un sommeil profond dans un lit moelleux qui serait le seul que je trouverais avant sans doute longtemps.

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Terminator des cours d'écoles ! Théurgiste en formation, prêt au combat ! Près de mourir !


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Sam 9 Mai 2009 08:56 
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Inscription: Jeu 27 Nov 2008 00:40
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<-- Les Rues de Kendra Kâr

Aussi peu sûr de moi que si j’avais pénétré dans l’antre d’une antique entité aux indicibles pouvoirs, je m’immobilise à quelques pas de l’entrée sans trop savoir quoi dire ou quoi faire : je ne suis pas chez moi, et avec l’obscurité presque totale uniquement troublée par la faible flamme de la bougie ainsi que par de lointains rayons lunaires, je crains de buter lourdement sur le premier objet venu qui pourrait traîner et de m’étaler dans un fracas qui aurait vite fait de m’attirer les foudres des autochtones. Cependant, alors que la femme se positionne à nouveau devant moi pour m’examiner muettement à la lumière de son ustensile d’éclairage, mon intelligence a un sursaut pataud qui me permet de me rappeler que Jébédiah avait quitté Oranan pour suivre une Kendrane qu’il aimait et par laquelle il était si je ne m’abuse aimé en retour, et que son nom était…

« Vous êtes Léa ? » Articulé-je d’une voix pâteuse en faisant de mon mieux pour clarifier l’image de celle qui est manifestement ma tante par des clignements de paupières désordonnés.

Sans piper mot ni d’ailleurs sembler réagir de quelque façon que ce soit, l’intéressée continue de me détailler de la tête au pied comme un tailleur professionnel, descendant avec circonspection jusqu’aux bottes avant de remonter sans aucune précipitation jusqu’à mes yeux sur lesquels son regard d’acier se rive. Elle ne semble s’être attardée sur aucun détail de ma physionomie ou de mon habillement en particulier, et pourtant, j’ai la troublante impression que rien n’a échappé à sa vision qui me paraît digne d’un aigle. La situation me met plutôt mal à l’aise, mais je n’ose en faire la remarque de peur de me montrer inconvenant face à celle qui sera vraisemblablement mon hôtesse, surtout que celle-ci a l’air d’être du genre dont il vaut mieux ne pas se faire un ennemi. De toute façon, je suis trop vanné pour être plus réactif que ça, et tout ce que je souhaite, c’est pouvoir bientôt me voir assigner un lit : les questions et les réponses devront attendre que je sois plus frais et dispos que ne l’est dans le cas présent cette loque à laquelle les épreuves d’aujourd’hui m’ont réduit.

« Oui. » Finit-elle par répondre laconiquement, laissant un instant planer un silence toujours aussi inconfortable avant de poursuivre en un constat : « Et tu es le neveu de Jébédiah, et tu as bien besoin de te reposer. Suis moi. »

Le ton avait une telle impériosité latente qui ne tenait pas uniquement au passage au tutoiement que même dans mon état normal, je ne pense pas que j’aurais osé lui désobéir : il se dégage de Léa comme une présence inébranlable de matrone, même si elle est loin d’en avoir les caractéristiques physiques, et j’ai comme l’étrange conviction que personne sous son toit n’oserait lui désobéir plus qu’à sa propre mère, aussi je lui emboîte le pas sans broncher, remarquant au passage à la faveur de la luminosité passagère de la bougie une grande table de bois qui doit approximativement occuper un bon tiers de la pièce, et sur laquelle est posé un matériel de tricot qui laisse apercevoir les prémices de ce qui me semble à première vue être un gilet de laine.
Occupé à regarder ailleurs, ce n’est que par miracle que je parviens à ne pas heurter brusquement la porteuse de bougie qui s’est soudainement arrêtée devant une autre porte, et se retourne pour me faire face, aussi impassible que depuis le début, bien que je croie discerner dans son regard comme une lueur d’amusement qui me laisse perplexe.

« Dépose tes affaires là et va donc te coucher. » Ordonne-t-elle en indiquant d’un geste de la main un large panier vide posé contre le mur. « Le lit est directement sur ta droite. Igawa dort sur le lit de gauche, et si tu le réveilles, je te tords le cou. » Termine-t-elle sans même hausser le ton d’une voix qui, pour être totalement dépourvue d’agressivité, ne m’en arrache pas moins un frisson d’appréhension à la pensée de devoir affronter le courroux de cette matriarche en puissance qui n’entend de toute évidence pas qu’un jeunot comme moi se permette de marche sur ses plates-bandes.

Docilement, je me sépare donc de mes effets vestimentaires les plus encombrants, tout l’inventaire digne d’un armurier itinérant que je transporte se retrouvant progressivement transvasé dans le conteneur d’osier ; cela dans un premier temps sous le regard de Léa qui se décide après un moment à me laisser me déséquiper tranquille, retournant s’asseoir à la table pour continuer son œuvre en de petits cliquetis à peine perceptibles. De mon côté, je me retrouve assez rapidement vêtu uniquement de mes habits habituels pour dormir, ma chemise de lin et mon pantalon de soie, mais alors que je pose ma main sur la clenche pour ouvrir précautionneusement la porte, je ne peux m’empêcher d’adresser quelque mots à la tricoteuse :

« Je suis désolé de vous avoir dérangée… vous ne retournez pas vous coucher ? »

Celle-ci arbore l’expression étonnante sur son visage froid d’un petit sourire placide qui l’apparente à une douce madone, et me répond sans cesser de faire virevolter l’étoffe du bout de ses aiguilles pour lui donner forme, d’une voix toujours aussi posée, cette fois-ci teintée de quelque chose de bienveillant :

« Ne t’inquiète pas, tu ne m’as pas dérangée. Je n’ai pas sommeil pour le moment. » Elle se tourne alors vers moi, et toujours avec la même aménité, ne se départissant toutefois pas de son assurance, elle conclut. « Allez, va dormir. »

Ce que femme veut, Zewen le veut comme dit le sage, alors autant ne pas chercher à fourrer son nez dans les affaires des autres et regagner le royaume des songes, surtout que celui-ci m’appelle avec plus d’insistance que jamais ! Sur un « Bonne nuit. » chuchoté, je me glisse aussi discrètement que possible dans la chambre qui m’a été assignée et, cherchant à tâtons, je n’ai aucun mal à trouver la couche de tissu rembourré de paille montée sur bois sur laquelle je peux enfin me laisser aller avec un soupir d’intense soulagement à l’idée d’être enfin parvenu jusqu’à mon but. A côté de moi, j’entends la respiration légèrement ronflante de mon voisin de chambrée juvénile à en juger par son timbre aigu et, me souvenant des recommandations peu plaisantes de celle qui est sans grand doute possible sa mère, c’est précautionneusement que je me mets en position confortable. Étant habitué à être couché sur un futon, ce matelas a quelque chose d’un peu incommode pour moi, mais étant donné que je pourrais même me contenter d’une plaque de marbre pour literie, c’est véritablement volupté que de m’y allonger pour fermer les yeux et me plonger en un temps record dans les limbes du sommeil.

Une petite dizaine d’heures plus tard.

Émergeant lentement des brumes du sommeil, je peux constater que je suis dans une petite pièce dont la presque-totalité est occupée par deux lits qui cernent une porte dont parviennent quelques bruits indistincts atténués par l’épaisseur du panneau de bois. Un moment, je ne reconnais pas cet environnement, et c’est avec un grognement vaguement interrogatif que je me redresse en tailleur pour ramener mes cheveux à moitié défaits en arrière et retirer la cordelette qui les retient afin de me recoiffer machinalement au moyen de mes doigts tout en retraçant les évènements de la nuit dernière et en faisant le point sur ma situation qui m’apparaît dans le fond des plus confortable : je ressors tout juste d’éreintantes missions (même si, à la vérité, je ne suis pas bien sûr qu’on puisse appeler ça comme ça), et se retrouver dans un terrain un tant soit peu familier au sein de cette ville qui est une vraie jungle urbaine pour moi est un délice. D’ailleurs, après cette nuit de repos, je me sens véritablement frais comme un gardon, et après quelques étirements pour envoyer balader des restes d’engourdissement, je me sens fin prêt à venir à la rencontre de ma famille que je n’ai pas eu l’occasion de découvrir jusqu’à ce jour ; et c’est tant mieux car à en juger par le rai de lumière qui filtre par le bas de la porte, le soleil doit être haut dans le ciel, aussi il n’est que temps que je me remue un peu, surtout que la façon dont mon estomac me réclame quelque nourriture terrestre me fait craindre d’avoir exécuté un tour de cadran qui m’aurait propulsé jusqu’à l’heure du déjeuner !

Aussi alerte qu’un pinson, je bondis sur mes pieds, et après une bonne inspiration d’un air rendu moite par la chaleur des dormeurs que moi et mon voisin avons été, je prends position sur le seuil de la porte que j'ouvre avec un grand sourire aux lèvres. Aussitôt, dans la salle principale désormais brillamment éclaircie, les têtes de deux personnes assises face à face à la table se tournent dans ma direction : la première m’est familière, car c’est celle de Léa qui, si ce n’est pour ses habits désormais plus fournis et plus élégants, se trouve dans l’exacte posture dans laquelle je l’ai laissée, installée au même endroit qu’hier. La seconde m’est en revanche inconnue, même si l’âge et les traits de son propriétaire laissent peu de doute quant à son identité : une pétulante broussaille de cheveux bruns sombres montée sur un visage d’enfant encore un peu joufflu aux yeux gris-verts brillants de vivacité, avec un nez et un menton volontaires ainsi que des oreilles légèrement décollées, son faciès revendique son appartenance au peuple Kendran tout en laissant supposer sans grand doute possible que du sang d’Ynorien coule dans ses veines. Je devine sans peine que j’ai là affaire à Igawa, et c’est de bon cœur que j’adresse à ces membres de ma famille un chaleureux :

« Bonjour ! »

Aussitôt, le garçon bondit de sa chaise, délaissant les petits pois qu’il était en train d’écosser pour se planter face à moi, aussi raide qu’un soldat au garde-à-vous, puis s’incline un peu gauchement afin de me gratifier du traditionnel salut de mon pays natal :

« Konnichowa Léonid articule-t-il en achoppant au passage la prononciation de ce mot, erreur que je reçois avec un sourire indulgent et bienveillant alors que je lui réponds en lui rendant son geste que la force de l’habitude a rendu beaucoup plus souple.
- Konnichiwa Igawa. »

Pestant entre ses dents de s’être fourvoyé, le gamin ne reste cependant pas à se lamenter sur son échec, et s’en retourne sur le champ à ses décortications tandis que sa mère me gratifie d’un « Bonjour Léonid. » plus mesuré mais dépourvu de sécheresse, elle-même occupée à rouler avec une dextérité de ménagère des morceaux de fruit dans de la pâte, les doigts tartinés de cette substance à gâteaux poisseuse. Ne voulant pas rester stupidement à faire la grue en attendant qu’ils aient fini, je me propose de les aider, invitation qui se voit acceptée, et je me retrouve de cette manière aux côtés du cadet de notre assemblée pour l’assister dans sa tâche. Pendant la préparation du repas, les langues restent aussi peu oisives que les mains, et ma curiosité sur les Archevent de Kendra Kâr se voit comblée : pour commencer, Jébédiah est parti depuis quelques heures déjà remplir son office en tant que garde, et s’il a été bien entendu prévenu de mon arrivée, il a préféré me laisser en paix, s’étant montré toutefois impatient de me revoir dès son retour. J’apprends également que la famille locale forme un quartet, mais que son quatrième membre est absent pour une durée encore indéterminée : répondant au doux nom d’Emilie et étant âgée de quinze ans, elle a commencé à officier en tant que novice au temple de Gaïa de la métropole depuis quelques semaines déjà, et si ils sont autorisés à venir lui rendre visite, elle ne peut pour le moment quitter l’enceinte de son lieu d’entraînement.
Bref, je ne vais pas vous rendre par le menu tout le fruit de notre discussion qui tourne en réalité essentiellement autour de la pluie et du beau temps ; même lorsque l’heure du repas vient, nous poursuivons notre bavardage entre deux bouchées de petits pois et carottes accompagnés d’une mince tranche de jambon. J’avoue que ce repas me surprend par son goût peut-être un peu rude pour mon palais, mais il faut savoir s’ouvrir à de nouveaux horizons et ne pas dédaigner ces saveurs nouvelles qui n’ont absolument rien de répugnant, ayant au contraire leur caractère corsé qui se savoure autant que le raffinement de la cuisine Ynorienne. De toute façon, avec l’appétit d’ogre que j’ai, je ne vais pas dédaigner une pitance d’une telle qualité, et je ne démérite donc pas par rapport à Igawa qui, pour un bonhomme de son gabarit, a un sacré coup de fourchette, et est le premier à en redemander pour aussitôt se ruer à nouveau à l’assaut de son assiette en prenant le soin de se modérer lorsque sa terrible génitrice le fusille du regard.

Lorsque nous en sommes arrivés au dessert, consistant en des douillons tout frais sortis du four, la perspective de prendre la route pour me rendre à Likhranen me déprime presque en dépit de l’aventure fascinante qu’un tel parcours promet d’être, aussi, lorsque Léa propose que son fils me fasse visiter, invitation appuyée par le grand sourire de l’enfant de onze ans, je n’ai pas le cœur de refuser, et c’est après avoir aidé à ranger la vaisselle que je suis le mouvement de mon remuant cousin une fois que j’ai enfilé la tunique de Vilyo, ne voyant pas l’intérêt de m’armer alors qu’il fait grand jour et que la milice doit avoir l’œil au grain.

--> Les Rues de Kendra Kâr

_________________
Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 18 Juin 2009 17:19 
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~ Satire précédente : La ballade des gens heureux ? ~


Le foyer de la famille Desgour était une timide maisonnée au toit de tuiles rouges, comme craintivement nichée entre ces absurdes et massifs complexes de pierre qu’étaient les résidences de la noblesse de Kendra Kâr. Il était rare de trouver si modeste logis si près des quartiers aisés de la ville… la plupart d’entre eux étaient à l’origine construits par les plus riches dans le but de servir de remises. Stein imaginait sans mal quelles querelles familiales et revers de fortune avaient amené les ancêtres des Desgour à se séparer de leur opulent manoir pour simplement aménager leur petit entrepôt et y vivre. Le fils D’Expellion était au fait de ce genre d’histoires…

Le milicien s’essuya le front du revers de la main gauche. La chaleur ne lui donnait pas spécialement envie de traînasser. Il prit dans son sac un peu de son pain qu’il accommoda de pâté trop salé et déjeuna pendant qu’il examinait les alentours.
Tant qu’à faire, mieux valait se renseigner sur la configuration des lieux avant d’aller se présenter à cette effrayante bonne femme, une bonne volonté qu’il n’affichait que rarement à l’ouvrage mais…

…Steiner ne se leurrait pas. Le jeune homme savait parfaitement qu’il ne faisait que retarder au maximum sa rencontre avec la dame Desgour. D’ailleurs, loin d’en avoir honte et ayant fini son repérage, le milicien se creusa la cervelle en quête de prétextes… et après avoir réajusté son tabard, vérifié qu’il n’y avait pas de cailloux dans ses bottes, s’être assuré que son épée coulissait bien dans son fourreau et qu’il n’y avait finalement de personnes louches aux alentours, il alla, lentement, comme s’il se conduisait à son propre échafaud, sur le pas de la porte de la maison de sa cliente.


Trois coups retentissants furent posément frappés. Il n’eut malheureusement même pas le temps d’espérer qu’elle se soit absentée pour l’après-midi.
La porte s’ouvrit, sans précipitation aucune, découvrant graduellement une épaule fine recouverte de soieries vert feuillage, puis finalement une longue chevelure de la teinte du citron, attachée d’un anneau d’argent et passée devant l’épaule gauche. Une jeune femme aux yeux de l’acier bleui des Kendrans révéla son minois, sa bouche en cerise offrant un sourire poli.

Stein grimaça intérieurement. La gamine faisait sa taille, ce macho n’aimait pas ça. Plus le fait qu’on ne l’avait pas prévenu que dame Desgour avait une fille ou même une quelconque famille. L’andouille… il avait immédiatement pensé à une vieille veuve décrépite…

Enfin, le guerrier afficha ce qu’il nommait bien volontiers son « masque de milicien », décrispant ses traits pour à défaut d’adoucir son expression, la rendre la plus neutre possible. C’était déjà un gros effort que de ne pas crapahuter sur son visage cette mine condescendante qui avait l’air de dire « Et si tu rentrais chez toi dans ta campagne pour cultiver tes champs ? C’est là-bas qu’on a besoin de fumier.».

« Bonjour, vous êtes la fille de madame Desgour, je présume… » Lâcha Stein avec rhétorique, ne laissant qu’une courte seconde à son interlocutrice pour lui donner l’illusion d’un dialogue puis aller sans perdre de temps au vif du sujet. L’engrenage de son habituelle mécanique de conversation coinça cependant sur un détail inopiné, et ce, sous la forme de ce si simple et si fluet seul petit mot.

« Non.
Un sourire malicieux prit son envol sur le visage de la jouvencelle. Je suis dame Desgour. Elle le détailla de haut en bas, consciencieusement, comme on jaugerait un étalon avant de faire son achat. Une surprise qu’elle n’ait pas voulu voir ses dents.
Et vous êtes vraisemblablement de la milice, porte ouverte, elle l’invita de la main droite, entrez jeune homme. »

Stein ne bougea pas.
Terrassé par la surprise, son masque avait volé en éclat et, fixant interloqué le dos de la demoiselle, il sentit que sa bouche béait. Toutes les conclusions auxquelles il était parvenu sur le chemin étaient… si fausses ! Le fil logique de son raisonnement s’écroulait et écrasait lourdement les craintes stupides qu’il avait jusqu’alors exhumées. Le milicien se recomposa péniblement un visage neutre, chose difficile lorsque l’on souhaiterait s’étrangler de sa propre bave pour se punir d’avoir été si crétin.

Il entra néanmoins, s’essuyant les pieds et claquant la porte au nez des anciennes pensées qui avaient parasité sa réflexion précédente. Il devait reconsidérer l’affaire d’un œil neuf et commença par se présenter lorsque se retourna vers lui la dame Desgour.

« Je suis la recrue Steiner D’Expellion, pour les deux jours que nous avons à passer ensemble, appelez-moi Stein. » Au ton qu’il avait employé, s’il souhaitait être nommé ainsi, ce n’était pas par désir de raccourcir la distance et de poser les bases d’une quelconque relation amicale… Non, c’était plus du : « Appelles-moi Stein et puis c’est tout. » …

« C’est d’accord, Stein. Dans ce cas, appelez-moi Stella quand vous vous adresserez à moi. »
Répondit-elle avec au moins autant d’autorité. Elle ne se laissait pas démonter… mieux que ça, elle avait du caractère. Il détestait ça chez une femme.

Quoiqu’il en soit, il devait maintenant procéder aux vérifications d’usage… mettant ses sentiments personnels de côté, il prit un ton parfaitement professionnel.
« Je souhaiterai confirmer les informations que j’ai de votre situation, si vous voulez bien que je vous pose quelques qu… »

« Bien sûr,
le coupa-t-elle, mais ne restons pas dans le vestibule, je viens de faire du thé, installons-nous dans la salle à manger. »
Sur ces brèves paroles, elle disparut par une porte entrebâillée que Stein, tétanisé, fusilla du regard. Elle… cette femelle venait de lui couper la parole… ? Mieux que ça, elle menait intégralement la conversation ! Les femmes de nos jours… ! Vraiment ! Elles ignoraient donc où se trouvait leur place… ? Ah, s’il en avait eu le loisir, il le lui aurait appris…
Rongeant son frein, le jeune homme, très hautement misogyne, parcourut le couloir sans un regard aux tableaux vieillots à la couleur délavée et au vase d’ornement horriblement rose fuchsia qui meublaient l’entrée.

« Hé bien, ne restez pas sur le seuil ! »
Héla-t-elle alors qu’il posait la main sur la poignée de la porte. Pour une raison qu’il comprit mal, Steiner ne put s’empêcher de pester intérieurement en la rejoignant.


Un examen plus attentif de Stella montrerait que la jeune femme, ne dépassant pas de beaucoup la vingtaine, était assez mignonne. Moins gracieuse que la plupart des filles de la noblesse mais, plus pétillante, pleine de vie, avec des formes qui à défaut d’être avantageuses n’avaient à souffrir d’une quelconque comparaison, et des traits bien dessinés composant une frimousse véritablement avenante.
Des qualités que Stein, dans son aversion, était bien incapable de percevoir. Dommage.


Le salon de dame Desgour était une petite pièce coquette, aux murs recouverts de papier-peint fleuri et au parquet impeccablement ciré. Il y avait de nombreux meubles bas où étaient présentés vases et sculptures discrètes, signes d’aisance mais non de faste, ainsi qu’une courte table circulaire où s’étalaient plusieurs napperons colorés. Un unique fauteuil à deux places, l’air incroyablement moelleux trônait non loin de là, étouffé de coussins soyeux et d’étoffes douillettes délicieusement brodées.
Pièce non négligeable, Stella ne tarda pas à s’ajouter au décor, apportant de ses mains menues deux tasses de porcelaine blanche et une théière fumante sur un plateau.

Charmant. Les lys peints sur les murs étaient parfaitement assortis aux fleurs blanches tissées sur la robe de son hôtesse, qu’il ne remarquait qu’à présent. La décoration même des lieux semblait habiller la jeune femme, ce qui avait dû être beaucoup d’efforts d'agencement et de décoration, pour un résultat certes, attrayant, mais aux yeux du milicien : inutile.
S’il s’était trompé sur l’âge de sa cliente, le portrait qu’il avait brossé d’elle n’était peut-être pas pour autant erroné… du moins cette éhontée coquetterie le portait à le croire.

Avec la légèreté d’un oisillon, Dame Desgour se posa délicatement sur un coussin, puis ne perdit pas de temps pour emplir les tasses de thé à l’arôme puissant. Un mélange d’herbes et de fruits, peut-être même d’une touche d’épice, Stein identifiait l’orange et la cannelle, mais Gaïa seule savait quoi d’autre il y avait là-dedans…

« Asseyez-vous, Stein. » Invita son hôtesse d’une voix douce.

Une idée qui ne le tentait que très moyennement… il ne tenait pas particulièrement à se coller à elle dans ce canapé si ridiculement étroit, de plus, depuis qu’elle s’était assise… le tissu de sa robe, coincé entre sa peau et la surface du fauteuil se voyait copieusement étiré et avait le don de mouler certaines choses que le milicien préférait taire.
La gorge soudainement sèche, non, aride, Stein se planta debout en face de la table, droit comme un « i ».

« Je préfère rester debout. » Grimaça le jeune homme, atrocement tenté par l’éclat d’ambre de cette tasse de thé effroyablement odorante qu’on lui avait mise sous le nez.

Toutefois, il devait rester fort.

« J’ai maintenant quelques questions à vous poser. »
La sueur perlait contre son échine alors que son esprit, battant la campagne, se perdait en mille conjectures sur les risques qu’il prenait à côtoyer deux jours entiers cette… cette espèce de succube !

« Je vous en prie… » Dit-elle, le breuvage humectant ses lèvres et doucement essuyé du bout de sa petite langue rosée. Un manège qui le fit frémir brutalement, mais ce n’était certes pas le moment de céder à cette moiteur languide qui envahissait l’atmosphère ! Il fallait se battre, remettre de l’ordre dans ses idées, arrêter de penser à toute cette chair tendrement rosée et voluptueuse qui s’étalait dans toute sa dépravation sur le canapé d’en face !
Diable, qu’il avait en horreur les femmes et leurs jeux tant stupides que lascifs…une dame convenable dissimulait ses appâts jusqu’au mariage, tenait sa langue et se faisait discrète quand il y avait un homme dans les parages ! Leurs devoirs étaient de procréer et d’élever le poupon, après cela elles n’avaient plus qu’à se laisser flétrir dans leur couche jusqu’à y passer !

« Stein ? »
L’appela-t-elle pour le sortir de sa torpeur.
Confus, le milicien redécouvrit le visage délicieux de son hôte, ainsi que les problèmes de taille de la charmante robe l’affublant. Tsssk ! Songeant à ce qu’était une saine épouse et femme de bonnes mœurs, il s’était laissé emporter par la dérive tumultueuse de ses pensées, mais c’était fini ! Il devait maintenant se calmer, apaiser son pouls qui furieux, lui tournait la tête et rendait tremblants sa gorge et poignets.

De son sac en toile, Stein ôta précautionneusement sa gourde, à laquelle il but une longue rasade. Juste pour se donner contenance et se laisser le temps de retrouver ce qu’il avait à dire.

« De qui devez-vous vous protéger ? » Attaqua sobrement le milicien. Quand on risquait de balbutier sur le moindre mot, on parlait court, et efficace ! Une stratégie de bon aloi pour remporter la guerre.

La poitrine comprimée de Stella se souleva dans un distingué soupir, peut-être un poil mélodramatique. La jeune femme reposa sa tasse sur un petit napperon et appliqua posément ses jolies mains contre ses cuisses, son regard bleu-gris, lui, virevoltait entre le thé fumant de Stein et sa gourde pleine d’une eau qui en comparaison se révélait proprement insipide.

« Vous ne buvez pas ? »
Minauda délicieusement la damoiselle. Une riposte intelligente, cependant, le milicien avait suffisamment d’expérience pour ne pas tomber dans un piège aussi grossier. Steiner se défendit d’un pesant silence, la fixant, acéré, jusqu’à ce qu’elle fasse suffisamment signe de son malaise pour passer l’une de ses jambes délicates par-dessus l’autre, révélant -Gaïa l’en protège !- beaucoup trop de cette peau dénudée qui était la sienne !

Tenace et patient, le jeune homme pianota de ses doigts gourds sur la coque de sa gourde. Bon sang, allait-elle se décider à parler ?!

« Je…
elle baissait les armes, la première victoire lui avait été péniblement accordée, je suis menacée par le seigneur Hugues-Desmond Tamaryan, d’un quelconque comté voisin, comme je l’ai annoncé lors de ma déposition. »

« D’un quelconque comté voisin ? Releva Stein, un poil surpris. Vous ignorez duquel il s’agit ? »

Stella lui fit part de son plus misérable sourire, incurvant sensuellement les lèvres de sa bouche en cerise. Par la Grâce… le milicien faillit reculer sous le choc, et s’étrangla à moitié de la lampée d’eau dont il s’humectait le gossier. Il toussa copieusement, mais lorsqu’il releva vers elle la tête -bien que ce fut imperceptible- son regard s’était métamorphosé.

« Je l’ignore, nous ne sommes aucunement intimes. Il s’est présenté à moi il y a environ deux semaines, lors de l’une de mes sorties en forêt coutumière.
La dame laissa échapper un nouveau soupir. Il m’y a recroisé à plusieurs reprises, comme s’il m’y attendait… et n’a fait que devenir plus entreprenant dès lors… »

Stein demeurait coi, lui laissant tout le temps nécessaire pour se fendre d’un maximum de détails.

« …il y a deux jours, je l’ai repoussé quelque peu violemment. Il m’a paru sur l’instant extrêmement offusqué, et j’ai pris peur. » Acheva-t-elle sur un doux sourire.

De marbre, le milicien considéra posément sa cliente, figeant éphémèrement son regard dans le sien, y lisant son ressenti, les émotions qui fugaces y défilaient et leur accordant infiniment plus d’importance que toute la vacuité de ses récentes paroles. Elle était sincère. Bien sûr, il n’y avait aucune certitude, mais confiant en son instinct, Stein misa sur sa sincérité.

Une décision qui… changea la donne. D’une manière que nul autre que lui n’aurait pu conjecturer.

« Bien.
Ponctua-t-il, déjà plus à l’aise. Il savait maintenant ce qu’il affrontait… J’ai une autre question à soulever, et nul doute qu’elle est au cœur du problème. » Le milicien marqua une courte pause pendant laquelle il étira paresseusement son dos meurtri, puis, sans aucune gêne, prit parti de se dégourdir les jambes.

Insensible à son manège, la jeune femme consommait sa boisson en silence, couvant son invité d’un œil attentif alors qu’il se débarrassait désormais de sa lourde cotte de mailles et de ces protections de cuir superflues qui l’alourdissaient pour ne conserver que son épée, au fourreau, tenue ferme dans son poing gauche.
Avec une expiration contentée, Steiner se laissa tomber sur le canapé, aux côtés de la demoiselle. Prenant ses aises, il la fixa quelques secondes avant de demander d’une voix taquine, caressée de morgue et d’insolence.

« Qu’allez-vous donc faire si régulièrement en forêt, madame Desgour ? »


Erudit, Steiner D’Expellion présageait déjà la réponse. On ne se retrouvait pas si jeune femme vivant solitaire et à l’abri du besoin dans ce genre de quartier sans une bonne raison… une raison que son expérience aristocratique lui permettait souvent d’élucider.

Les lèvres rosées et pincées, Stella perdit ce qu’il y avait d’amène sur son visage au profit d’une sévérité diamantine, brillant férocement dans ses yeux pâles. Il avait réussi à la vexer.

« Je visite la tombe de mon défunt mari. » Bingo, même si de toute évidence, elle n’avait pas apprécié la manière peu délicate dont il avait amené le sujet. Mais avec cette exquise… dinde, le milicien n’avait que faire de prendre des gants.

« C’est bien ce qu’il me semblait… » Siffla Stein dont les yeux mi-clos à cet instant, évoquaient les deux fines lames d’un poignard glacé. Avec la souplesse insidieuse du serpent, le milicien, enfoncé dans le gras du canapé, se redressa sur le genou pour jaillir brutalement devant sa cliente, lui occasionnant un vif sursaut d’effroi. Presque à califourchon sur la demoiselle, il l’entailla d’un regard où se lisait son mépris et sa vindicte pour le sexe faible. La voix sulfureuse, torse et visage presque collés aux siens, il lui releva doucement le menton du pommeau de son épée. L’arme confrontée à la chair tendre de sa gorge, Stein chuinta avec menace.

« Et qu’espérez-vous donc que je fasse de cette épée… Stella… ? » La caressa-t-il, le ton gonflé d’un étouffant velours.

« Laissez-moi… ! » Cria-t-elle faiblement, tant étranglée par la proximité de l’acier que par la peur. Bruyante malgré tout et risquant d’attirer une attention que le jeune homme ne désirait guère susciter, il lui tint closes ses jolies lèvres de la paume de sa main droite. Le geste, sans douceur, la fit craintivement hoqueter.

« Que j’éventre et vide sur le sol ce sac-à-bière qui veut vous lever le jupon ? »
Poursuivit-il, assassin.

« Puisque vous ne pouvez pas le faire, femme, il faut bien que quelqu’un s’en charge… c’est cela non ? Lui susurra Stein à l’oreille, insensible au frêle combat que menait la demoiselle pour se libérer.
Veuve, en y repensant, c’est une situation alléchante, n’est-ce-pas ? Fins cristaux liquides, les larmes avaient l’éclat de perles sur les longs cils noirs et courbés de la demoiselle. La rente de votre défunt mari vous permet de vivre au-delà de vos moyens… la société vous laisse le champ-libre… La pauvre veuve, chuchote-t-on sur votre passage, laissons-donc la en paix, elle porte déjà trop de peine à pleurer son conjoint.
Les pleurs, plus vifs, tracèrent leur sillon sur le visage de la victime. Nullement ému, le milicien se contenta de raffermir sa prise.
Diantre, la voir gigoter ainsi, piteusement lutter sous lui dans toute sa folle impudeur lui donnait une puissance envie de vomir. Cette sensation, cette peau duveteuse frottant la sienne, l’eau salée de ses larmes gouttant sur sa main avivaient chez lui un écœurement tenace qui lui fouaillait les entrailles ! La Grâce et le Feu lui en soient témoins, il n’allait pourtant pas la tuer ! Sa présence même en ces murs signifiait qu’elle pouvait arrêter de craindre pour sa vie, alors, pourquoi se trémousser avec une telle panique !?

Acide et même corrosif, Steiner poursuivit sa diatribe.
Néanmoins, on vous laisse vivre, vivoter… alors vous vous ennuyez… Consciente de votre charme, vous portez vos tenues moulantes et trop courtes, vous mettez votre chair en valeur, mais parfois… le jeu de la séduction va un peu loin, et c’est avec bien trop d’ardeur qu’une braguette vous pourchasse.
Il n’était pas dit que c’était là, la véracité de cette affaire, néanmoins, le jeune homme ne doutait pas de piquer l’aiguillon de vérité non loin du cœur. Il jetait les mots, incisifs, ironiques, acrimonieux, avec plus de violence qu’il ne l’aurait rouée de coups, avec une haine qui –séculaire- s’était ancrée au plus profond de son être, avec un tranchant qui rivalisait avec le plus scintillant des poignards, une arme faite parole dont il l’éventrait avec une redoutable frénésie !
Dans ces cas là, sont-ils bien pratiques ces jeunes miliciens ! Naïfs et charmants, bredouillant à la vue de jambes trop longues… mais c’en est fini des minauderies et battements de cils, pour la courte période que nous allons devoir avoir à supporter tous les deux, nous allons jouer selon mes règles. »
Les yeux brouillés de plus de larmes qu’il n’en fallait pour rougir et désarmer son visage chagrin, Stella n’était plus en mesure de lutter contre le glacial acier du regard de son tortionnaire.

« Je vais maintenant retirer ma main, mais vous garderez fermée votre jolie bouche, n’est-ce-pas ? »
La susurre du milicien se voulait diablement enjouée, un sourire froid et hanté ayant éclos sur ses lèvres pincées.

« Dites oui. »
Lui murmura-t-il encore à l’oreille, avec la douceur d’un amant et un air… si furtivement terrible que le corps de la jeune femme s’agita d’un dernier sanglot.

« Oui… » Traça la « jolie bouche » de Stella lorsque se retira l’étau qu’était la main rude du milicien.

« Bien… Dit-il alors, de ce même ton dont on félicite les enfants sages. Nous avons seulement un jour et demi à passer ensemble, un peu de courage… »

Devant son angoissé silence, il répéta.
« Dites oui… »

Elle s’exécuta de nouveau. Sous lui, elle avait arrêté de se débattre, aussi inerte à présent qu’une poupée, dont livide, elle empruntait le teint de porcelaine.
Spectral et infâme marionnettiste, Stein lui releva durement le menton puis négligemment, lui tapota la joue.

« Vous êtes bien brave. Je vais maintenant vous lâcher… mais vous irez, toute gentille que vous êtes, pleurnicher dans votre chambre, vous ne ferez pas l’erreur de quitter la maison, hein Stella… ? »

La sulfureuse menace fit son effet. Stella, pantelante, en automate se releva, se couvrant le visage des mains pour endiguer et dissimuler son piteux état. Cruel, le milicien attendit néanmoins qu’elle ait acquiescée à ses dernières paroles pour lui libérer le menton qu’il maintenait toujours levé vers lui.

« Bonne fille… nous nous reverrons demain et nous règlerons votre petit problème… »

Pas aussi bien dressée qu’elle n’aurait dû l’être, elle ne répondit pas… Contrarié, Stein l’immobilisa dans sa course en la retenant sans ménagement par le bras. La jeune femme glapit, mais ne fit pas l’erreur d’essayer de se soustraire à son étreinte. Mieux valait pour elle, s’occuper d’elle commençait très sérieusement à l’agacer… peut-être l’avait-elle senti, d’où cette évidente docilité.

« Vous ferez ce que je dis… vous n’aimeriez pas que je vous donne la fessée, Stella… »

Leurs yeux se croisèrent, puis, déliée, elle fuit le salon et monta en courant les escaliers qui poursuivaient le vestibule.
La tension qu’il tirait de la situation s’amenuisant, Stein soupira lourdement.
Cette femme, Stella, son caractère, son apparence… quelque chose chez elle l’avait légèrement contrarié. Oh, il ne fallait pas se méprendre, les émotions dont il faisait acte et celles qui vivaient en lui étaient deux choses très différentes.

Mais diantre, il espérait avoir été suffisamment odieux ! C’aurait été un problème de taille que la veuve prenne goût à la jeune chair des recrues de la milice, et notamment, qu’ils prennent goût à la veuve ! Se retrouver soudainement à travailler avec une flopée de jeunes gars tout juste bons à penser avec leur pantalon, non merci ! Enfin, à ce niveau… il doutait ferme que la mangeuse d’hommes fasse une tentative de récidive, elle aurait certainement trop peur qu’on lui envoie de nouveau un rustre dans son genre…

Solitaire sur le profond canapé du salon, le jeune homme eut pour lui-même un sourire indulgent. Il avait pourtant essayé de se convaincre de ne pas remettre cette dinde à sa juste place, mais on dirait bien qu’il avait échoué… Incapable de se morigéner sérieusement, il se disait qu’elle l’avait amplement mérité. A le provoquer avec négligence, elle ne devait pas se douter du genre du fauve qu’elle réveillait…
Guettant un chien en chaleur, elle s’était retrouvée à tirer la queue d’un ours mal-léché…

Stein grimaça.
Il n’empêchait qu’il était peut-être allé trop loin, si cela se savait, il aurait de nouveaux des problèmes… mais ce n’était certainement pas la première mission qui lui échappait à cause de son mauvais caractère ! Il avait même contribué à remettre une jeune femme sur le droit chemin, et cela seul avait de quoi contenter ce justicier !

_________________
Steiner D'Expellion, sur le vif et plein de morgue.
Les satires de Stein sont toutes classifiées dans son Apologie, disponible sous sa fiche de personnage. Si le cœur vous en dit...?


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mer 24 Juin 2009 20:23 
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Les fesses profondément enfoncées dans le duveteux, moelleux, délicieux canapé, le temps devenu liquoreux filait pour le milicien Steiner D’Expellion à un rythme qu’il jugeait d’une incroyable indécence. Ce confort, ce fauteuil… cette manière avide dont cette soie grasse lui absorbait l’échine, dont elle lui gobait le séant… c’en était justement d’une malséance rare ! D’une indélicatesse prononcée ! Pis encore, se laissant aller à la saveur insolite - pour le milicien standardisé - du confort, le jeune homme, et ce bien malgré lui, se sentait se trémousser dans ce berceau de cuir tendre, miaulant presque d’un inconvenant plaisir.

Nul doute que le mobilier voisin, témoin silencieux d’une telle dépravation, en rosissait d’indignation.

Aaaaah… qu’il se fichait bien des miches de la dame Desgour ! Qu’était contingente la paie qu’il recevrait pour son dur labeur ! Argent, sens du devoir, les ponctuelles valeurs de la milice en cet instant se voyaient dépouillées de toute leur importance.
Non ! Car ce qui importait - révélation - c’était l’amour ! L’Amour ! Le grand, le bel, le beau ! Et Stein, cet infâme saligaud éprouvait une enflammée passion et d’immodérés sentiments pour… le canapé où il nichait son fessier.

Un râle dégoulinant de ravissement plus tard, Stein éclata de ce petit rire acide qui lui était coutumier et se leva d’un bond félin. C’était la rupture. Ca ne pouvait pas marcher après tout, la promise avait quatre solides jambes de bois, et le jeune homme avait une sainte horreur des infirmes, et des grosses aussi.

S’étirant langoureusement, le milicien, le regard bleu et lassé, réorienta sa pensée et arma de nouveau son esprit de praticité. Le flegme mis à part, il commençait à s’inquiéter, enfin, juste à moitié… mais c’était après tout une partie non-négligeable de son travail que de froncer les sourcils d'appréhension et de se forger une moue perplexe. Que de mimiques pour que le client se persuade que l’on s’intéressait à son problème !
Là en l’occurrence, il avait légèrement failli… En y réfléchissant plus posément, il avait été assez rude avec la demoiselle. Bon, il ne doutait pas qu’elle méritait amplement son traitement, mais les heures passant, les plaies qu’il avait dessinées de panique sur sa peau transie par l’effroi allaient cicatriser.
Le pesant hachoir qu’il avait trempé d’angoisse féroce en lui en fouaillant les entrailles perdait à chaque seconde de sa stature, s’allégeait et s’estompait jusqu’à ne plus être qu’une fine aiguille d'appréhension lui taquinant le sein. Une piqûre ridicule qui ne lui ferait bientôt plus ni chaud, ni froid, et qui n’était suffisante à conserver vivace l’ascendant qu’il avait pris sur elle.

Comme il serait embêtant qu’elle lui fausse compagnie pour se plaindre de la qualité de son service aux Quartiers de la milice, il fallait qu’il la maintienne sous pression… mais pas trop. Stein, confiant en son talent à louvoyer, ne s’inquiétait pas outre-mesure.

Masqué à la manière d’un milicien, le jeune homme s’harnacha de nouveau de tout son équipement, puis quitta le confortable salon pour monter à petits pas les escaliers du couloir. Il avait le devoir de se rappeler au bon souvenir de madame.

Contre la porte, bois d’orme épousé d’argent, Stein pressait l’oreille et entendait, discrets, les pleurs et autres sanglots planant tristement dans la chambre de Stella.
Diantre, elle chialait encore ? Trois heures que coulaient les grandes eaux ! Etait-ce physiquement possible… ? Non… elle avait dû faire des pauses pour se requinquer puis se remettre au boulot. Les femmes… que d’efforts de leur part pour paraître misérable…

Un sourire en lame de couteau s’étira sur le visage du milicien. Décidément, même sans la voir, elle lui tapait encore sur les nerfs. A quoi bon rimaient ces « Ouin… snif… bouhouhou… huk huk… sob et grouik-grouik » ?! La sale truie ! S’il s’écoutait, il enfoncerait derechef la porte pour lui botter le train et lui donner une bonne raison de se lamenter !

Raaah… il ne devait pas… Si elle était encore à ce point apeurée, il lui fallait la tranquilliser un peu. Les veuves, c’était après tout une espèce de femme un peu plus fragile que les autres.

Effaçant la vindicte qui transpirait naturellement sur son visage, Stein se modela une expression impassible et ne fit pas l’erreur de s’essayer à sourire… il n’avait à sa disposition que cette bonne vieille palette de rictus arrogants et/ou méprisants, à réserver à ceux qu’il ne pouvait pas voir en peinture... Ce qui n’était pas une bonne pioche en l’occurrence…

Le courage prit à deux mains et surmontant son dégoût, le jeune homme donna trois coups légers contre la porte, puis s’annonça, presque poliment.
« Désolé, j’entre. »

Il n’eut aucune réponse, sauf peut-être un sanglot un peu plus prononcé que ses semblables.

L’antre de la succube était plongé dans la pénombre, de minces filets de fin de jour filtraient d’une ample fenêtre tenue close, tissant une fine toile lumineuse esquissant tout juste les formes en présence. Ainsi s’avança-t-il à demi-aveugle, guidé par les pleurs qui, audibles, lui indiquaient la position de la jouvencelle en émoi, évitant chaises et rebords de table ou de lit qu’il ne distinguait qu’au dernier moment.

« Vous pleurez encore ? Eh, gardez-donc quelques larmes pour demain ! »

La silhouette d’ombre, recroquevillée dans l’obscurité fut secouée d’un puissant sanglot, presque physiquement bousculée par les paroles froides et railleuses du milicien qui n’endiguaient qu’à grand peine tout un flot du cynisme malade et de la bile corrosive qu’il souffrait d’avaler.
Merde ! Jura-t-il intérieurement, c’était sorti tout seul… raaah, quel balourd ! Et cette dinde qui perdait encore les eaux ! Ah, il fallait vite stopper l’hémorragie, tarir le torrent qui dégoulinait sur cette bouille rougie par le chagrin…

« Ce n’est pas ce que je voulais dire… » Avoua-t-il avec réticence, sans résultat probant.

Le silence, pesant et doucement ponctué de gémissements affligés, fit revoir au jeune homme ses techniques d’approche. Il avait beau faire quelques efforts pour renouer la conversation, cette ingrate y paraissait proprement insensible. Bon, il n’avait pas encore essayé de lui présenter des excuses. Pour quelle raison, il l’ignorait, mais son expérience passée le lui avait prouvé. Les femmes raffolaient des excuses, ça devait titiller leur complexe de supériorité d’avoir l’aval sur un mâle.

« J’ai… peut-être été un peu dur, commença Stein en véritable performance théâtrale. Montrer des remords, ce n’était pas si facile s’en rendait-il compte. Il fallait moduler le ton de sa voix, le rendre subtilement traînant, simuler le regret d’une voix gonflée de tendresse, de chaleur, et même d’un peu de velours. Bien, il était en bonne voie et motivé, les excuses, c’était à sa portée.
…je suis cependant là pour vous protéger… Un rappel qui ne lui ferait pas de mal, la rassurerait peut-être un peu aussi. Pour faire bonne mesure, Stein restait de miel… doux et sucré à s’en écœurer lui-même, roulant des yeux fous dans l’heureuse obscurité, sidéré par les simagrées dont il devait se fendre.
…et non pas pour vous juger. »
Le milicien souffla doucement. C’était une réussite, ça sonnait bien, presque sincère à sa propre oreille, alors si elle ne lui répondait pas sur le champ, il lui collerait une taloche dont elle se souviendrait !

Une, puis deux, Stein comptait les secondes en lui laissant le temps de ravaler sa morve et de s’exprimer.

C’est tout un torrent, une vague peinée, noyée, gonflée de gerbes d’embruns et d’une écume s’étant faite violence au sein de toute cette tristesse qui déferla.
« Vous de savez rien de moi…! » S’explosa-t-elle contre le récif gelé, cœur de milicien glacé. Les larmes jaillies de la confrontation retombaient avec froideur sur la scène.
« Comment pouvez-vous… pourriez-vous comprendre… Tout n’est plus que solitude depuis qu’il m’a laissé, qu’il n’a laissé derrière lui qu’une pierre à son nom…
Vous ne savez rien… Partez… partez… !
»


Invincible monolithe, Stein de bronchait guère. Le pitoyable reflux, à défaut de fragiliser ses fondations, ne rendait sa terre que plus meuble, ses racines de pierre s’y enfonçant avec d’autant plus de son vandale désir d’irréductibilité.

De nature comme d’humeur peu vulnérable, le jeune homme grimaça, le visage transformé par la répugnance. Se le serait-il permis, il l’aurait frappé du poing afin de savoir si la demoiselle avait le pouvoir de se rendre encore plus pitoyable. Oh… il ne doutait pas que oui… et donc ? Devait-il tourner talons, le cœur bouffi jusqu’à l’envie de vomir de la misère qui se transpirait ici ? Pauvre petite fille riche, veuve d’une vingtaine d’années et charmante à se damner ! Pareil destin était à pleurer, vraiment ! En aurait-il eu loisir, il l’aurait traînée jusqu’aux bouges minables de ces bouseux de Tulorim, aurait goinfré de malheur cette oie blanche jusqu’à ce que se rende compte son esprit talé d’à quel point il se complaisait dans sa propre pourriture !

Mais il n’avait pas de temps pour cela, ni même d’intérêt. Alors quoi ? Qu’attendait-il pour réconforter la dinde ?

Stein se laissa choir sur le lit, la rancœur puissante dans son regard voilé par l’obscurité.
« Vous avez raison, dit-il, sentant chaque mot lui mordre les lèvres. Je me navre de mes actes et paroles irréfléchies. » Il leva doucement la main, et la souilla en touchant le déchet à l’épaule dans une vague attitude de réconfort.

« Je ne suis qu’un imbécile. » Récita-t-il, la langue anesthésiée par la difformité hideuse et puante de toute la merde qu’il régurgitait.
« Je me dois cependant d’assurer votre protection… mais cela me sera difficile si vous me détestez… Puis-je faire quelque chose pour changer cela ? »
Sa bouche lui paraissait fétide, purulente des vestiges apocryphes qu’il venait d’éructer… il fallait qu’il crache, mais le faire sur elle qui se redressait ruinerait sans aucun doute ses chances de restaurer le crédit que lui accordait son statut de milicien. Stein l’observa se rapprocher de lui, l’œil méprisant et réduit à une discrète fente où se logeait son regard insolent.
La robe débraillée par le combat qu’elle avait mené contre le chagrin, Stella considérait sa sincérité, lèvres entrouvertes et corps plantureux lui maculant négligemment l’uniforme. La cotte de maille remplissait son office, il ne ressentait contre lui rien de plus que du poids…

« Vous vous êtes calmée… ? » Demanda-t-il en abandonnant la dernière de ses mains sur l’immondice qu’était l’autre épaule nue de la demoiselle. Un geste qui à défaut d’être dégradant, avait l'intérêt de lui permettre d'immobiliser la jouvencelle dans son entrain à se comprimer contre ses protections.
« Oui… » Répondit la veuve entre deux sanglots facultatifs, la chair à découvert dans cette feinte pénombre et quelques éventuels morceaux de soie verte enrobant à peu près ce qu’il y avait à dissimuler. Toute cette viande moite à portée de main devait donner de bons résultats sur le commun de la gent masculine, le milicien ne doutait plus le moins du monde au talent de Stella à se faire consommer… mais à ses repas, Stein laissait généralement le gras de côté.

« Heureux de l’entendre ! Eclata le jeune homme avec un entrain tout à fait candide et parfaitement simulé. Je craignais que vous ne me pardonniez pas ! Ouf ! C’aurait vraiment été hooorrible, hein ?
Il commence néanmoins à se faire tard, alors préparez-vous vite à manger et retournez vous coucher pour être prête pour demain !
Faudrait pas sauter le bifteck, vous perdriez du sein.

Bonne nuit ! »

Prompt. Vif. Agile. Avec une diligence exacerbée, Stein tint écartée la dinde de son patrimoine corporel afin de profiter du moment où elle retombait sur son dodu fessier pour s’écarter avec vélocité. Il s’expédia sur ses deux pieds et hors de la couche de la veuve avec une rapidité avérée, de trois enjambées pétillantes, il fulgura alors hors de la chambre, terminant sa phrase à travers la porte entrebâillée et la refermant par la suite comme s’il y scellait un quelconque mal d’une civilisation éteinte et enterrée.

Crachant finalement sur le parquet, Stein dégringola les escaliers avec la ferme intention de trouver un point d’eau où se laver les mains. Le son éthéré et discret que produisit un mince bouton de bois arraché à sa tunique pour percuter une marche l’immobilisa et le fit se retourner.




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Délirium nocturne et fantasque de son excellence Steiner D’Expellion, vivant témoin des troubles psychosomatiques engendrés par le noctambulisme et brevet apothéotique des séquelles de l’ennui sur l’équilibre mental salubre de tout être humain à la propension au cynisme.

Jusqu’hier encore, Spouic le bouton de chemise avait de nombreuses perspectives d’avenir.
Il avait été élevé dans le besoin, avait souffert pour trouver coutures à ses trous. C’est avec une hargne digne d’éloge qu’il s’était pourtant élevé au-dessus de sa condition, qu’il avait avec brio quitté l’étal de la lavandière pour parcourir le monde de sa propre veste !
Après des années d’errance, à rouler de pantalons serrés aux culs de chemises mal boutonnées, il avait finalement trouvé refuge en cet endroit béni, où Hommes et Boutons vivaient ventre à ventre, en quasi-parfaite harmonie, accordés l’un l’autre à la même tunique.

Celle de l’uniforme de la Milice de Kendra Kâr !

Mais hier, jour fatal, avait marqué le final clivage entre ces années de tendresse et de prévention qui l’avait lié de la ficelle blanche de l’amitié au pan de tissu qui était sien.
Sans panache aucun, d’autres que lui étaient pourtant tombés autrement, lors de vaillants combats, de brillantes altercations, finissant atrocement mutilés leurs petites existences de bouton (qu’ils furent noir ou blanc, de chemises ou de pantalons, sans racisme aucun !). Mais lui, lui, Spouic ! Etait tombé le jour passé, agrippé un peu trop sévèrement par les serres avides d’une dinde cacochyme à qui son vêtement si serré donnait l’air d’être une saucisse boudinée dont la charpie s’échapperait d’un bout et de l’autre.

Ô malheur, ô tristesse et douleur, et à présent…

« …il roulait doucement entre les doigts agiles de son maître, bien embêté de ne pouvoir se boutonner la tunique jusqu’au pantalon.
Merci pour tes honorables états de service, Spouic, puisses-tu être heureux dans ta prochaine existence.
»


Récitait à mi-voix un Steiner D’Expellion indolent, éprouvé d’une nuit sans sommeil passée dans un couloir à l’atroce décoration fuchsia afin de garder sauves les miches de la peau de vache sommeillant lourdement à l’étage. Avachi sur sa chaise et ayant exploré toutes les possibilités narratives qu’offraient Spouic, le milicien rangea le bouton de tunique dans l’une des amples poches de ses braies, auprès de l’ordre de mission chiffonné et de ces sempiternelles miettes de biscuit.

Epuisé et littéralement vrillé par l’ennui, le jeune homme prit la ferme décision de se décoller le derrière de son pose-fesses et considéra l’éventualité d’une courte ronde pré-matinale.


L’azur se voyait barbouillé du dansant rougeoiement de lumières vespérales, cette aube un peu grise avivée par l’éclat solaire, vitupérant sur le monde à ses pieds dans de majestueux flots de chaleur éblouissante, attisant le coloris figé de tout ce marbre parfaitement blanc pour que valsent ses nuances ! De ces jaune et or dont se gorgeaient l’orbe coruscant qui cavalcadait dans le haut bleu miroitèrent sur les façades immaculées, scintillèrent contre les vitres cristallines et nappèrent finalement d’un miel enchanteur le dallage au blanc cassé ! Stein n’était-il pas un grand poète ?! Son lyrisme au firmament et son verbe auguste ?! De quoi n’était-il pas capable de référer dans son cerveau malade pour dire que le soleil… se levait et qu’il faisait… beau !

« Qu’il jette donc l’uniforme pour porter la bure chez Gaïa, à si bien savoir discourir des éclairages indigènes, il ne ferait probablement pas contraste auprès des illuminés… » Murmurèrent les lèvres du fin versificateur.

A cette heure matutinale, n’y avait pas âme qui vive dans les ruelles du quartier de la noblesse de Kendra Kâr, les riches paresseux étouffés dans leurs couvertures grasses et dormant du sommeil du juste pendant que leurs serviteurs aux yeux cernés pétrissaient énergiquement le pain de leurs maîtres. La fraîcheur du matin soufflant avec douceur sur son visage et commençant à lui gagner les doigts, Stein pressa le pas, parcourant les ruelles alentours avec une relative vigilance.

Il n’y avait techniquement rien à craindre. Le vilain de l’histoire, Hugues-Desmond Tamaryan de son nom pêché des vers, n’attaquerait, selon les dires de la belle, que lors de sa ballade en forêt. Il reviendrait alors à Stein de le punir, au nom de la lune !
Comme tout bon milicien, le jeune homme se sentait confortable dans le rôle du justicier. Il estoquerait le rustre et sauverait la belle ! Ho ho ho !

Ou quelque chose du style… c’était ce que faisaient les héros en règle générale…

Lassé, tant par sa ronde que par ses pensées, Steiner D’Expellion regagna la demeure de la dame Desgour. Il y réveillerait la dinde, lui donnerait la becquetée, puis lui ferait faire sa petite promenade digestive… ne traitait-il pas bien les animaux ?

_________________
Steiner D'Expellion, sur le vif et plein de morgue.
Les satires de Stein sont toutes classifiées dans son Apologie, disponible sous sa fiche de personnage. Si le cœur vous en dit...?


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 3 Juil 2009 13:57 
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(((suite des rues - et avant du marché...)))

La main sur le cœur, Selsynn s'était stoppée, en pleine rue, devant la porte assez robuste et quelque peu vieille qui était la porte de chez elle... Sa porte. Son chez soi...
Chez soi qu'elle avait espoir d'abandonner à tout jamais bientôt...
Une pincée de peur irrationnelle vint accélérer les battements de son cœur, et la jeune rôdeuse se rappela les conseils de son maître.
Laisse ton esprit planer au dessus des doutes. Force ton esprit à prendre de la hauteur, et les éléments qui te contrarient disparaîtront, comme l'animal se terre quand sa journée est finie...
Une fois son cœur apaisé, Selsynn ouvrit la porte et fit face aux occupants. Très vite, car elle était assez affamée, elle fuit le regard de son père et partit chercher sa mère près du poêle. Une soupe, au fumet appétissant était devant cette dernière...

"Mmmh ! Mère cela sent vraiment bon ! "

Et avant que cette dernière ne put répondre, Selsynn attrapa sa petite sœur dans ses bras, avant que Mya ne provoque une catastrophe... Et alla affronter le regard de son père...

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 3 Juil 2009 19:07 
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Inébranlable et muet, ton père t'a justement fixée sans sourciller depuis ton entrée dans la demeure familiale, se tenant les bras croisés à côté de la table, comme si tout le le tumulte alentours lui était indifférent et qu'il ne se focalisait que sur toi. Pendant quelques secondes, il ne pipe pas un mot, imité par tout le reste de la famille au sein de laquelle la tension est perceptible, et se contente de te détailler de bas en haut, remarquant au passage que les peaux de renard qu'il t'avait confiées ont désormais disparu.
Interprète-t-il cela comme un signe favorable ou défavorable ? Impossible à dire, puisque son expression est aussi indéchiffrable qu'un parchemin vierge, et même lorsqu'il se décide à déserrer les dents, il ne laisse rien percer dans sa voix, optant pour un simple mot :

« Alors ? »

Sa question laconique est ponctué par un soudain pétillement du feu, lequel jette momentanément des reflets fugaces sur le visage impassible de l'homme qui n'a pas bougé d'un pouce dans l'attente de ta réponse. Pas de menace, d'impatience ou même d'espoir dans son ton ; simplement une attente.


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 6 Juil 2009 17:40 
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Selsynn tint sa sœur un peu trop serrée. Celle-ci commença à faire la grimace...
"Alors ?"

Il avait dit ça simplement, sans faire montre d'une quelconque émotion. Selsynn respira lentement quelques fois. Inspiration... expiration.
Quand elle fut certaine que sa voix ne la trahirait pas, elle posa sa soeur, et fouilla dans sa bourse les yus :
"Soixante-cinq yus... les voilà."

Disant cela, elle tendit la main, le compte juste dans sa paume. Elle ajouta ensuite après un petit instant de silence :

"Et si je puis me permettre, Père, elle se serait mieux vendue dans une autre ville... Enfin, je pense.

J'en ai donc eu un peu plus de 16 yus par peaux... En moins d'une journée ! "


Selsynn s'arrêta brusquement avisant au dernier moment que ce qu'elle comptait dire n'était peut être pas à son avantage...

(Et sans payer d'étal au marché... Et en moins de temps que ce qu'il pourrait penser... Mais peut être n'est il pas nécessaire de rentrer dans les détails ? J'ai bien peur que ce ne soit pas à mon avantage...)

Selsynn regarda son père tentant de déchiffrer son expression : surprise ?(peut être ?) Colère ?(j'espère pas !) Admiration ?(peu de chance) Indifférence ? (mais que cache donc cette indifférence ? Trouve t'il que je me suis bien débrouillée, ou au contraire très mal ?)

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mer 8 Juil 2009 16:07 
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De la surprise, en effet, il en passe subrepticement dans le regard de ton père lorsque tu lui tends la somme susmentionnée… à moins que ce ne soit simplement un autre reflet du feu qui joue dans son regard. Quoi qu’il en soit, c’est sans dire un mot qu’il réceptionne la confortable somme et se met à les compter avec habileté, finissant par prendre la parole sur un sujet qui n’a peut-être rien de très intéressant pour toi mais qu’il ne laisse en tout cas pas échapper au passage :

« Oui, à Bouhen, par exemple, ce serait sûrement mieux, mais en prenant en compte le coup du transport et les risques du trajet, les bénéfices potentiels ne vaudraient pas le coup. »

Sur cette petite leçon de commerce improvisée, il reprend tous les yus dans le creux de sa paume et les glisse dans une bourse à sa ceinture avant de reporter son regard sur toi. Peut-être serait-ce là un effet de ton imagination mû par l’espoir d’avoir bien fait, mais il n’est pas impossible que tu puisses discerner dans ses traits une marque de contentement sincère alors qu’il poursuit :

« Soixante-cinq yus. C’est très bien. Mangeons maintenant, nous reparlerons de ça après le dîner. »

Joignant le geste à la parole, il prend une chaise pour s’installer à la table garnie de couvert sur laquelle vient bientôt trôner le plat principal de ce soir, très vite imité par le reste de la famille.

Je te laisse bien entendu rp le dîner à ta convenance. Si tu as des questions sur l’attitude ou les réactions de ton père, communique-les moi par mp !


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 16 Juil 2009 12:45 
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Selsynn prit sa place entre sa mère et Mya. Son père était en face, à coté de son frère, Aryn. L'atmosphère était un peu tendue et la jeune rôdeuse n'osait pas regarder son père en face. Elle avait les yeux sur Aryn qui parlait, parlait.

Il était amusant de voir comment chaque membre de la famille réagissait à l'ambiance lourde. Esmeria, sa mère s'assurait que chacun est son assiette bien remplie, mais ne disait rien. Mya était plus ou moins silencieuse... Elle était agitée de mouvement brusques et semblait vraiment ne pas être à l'aise... elle bougeait son arrêt, se tortillant sur sa chaise. Aryn, lui, petit garçon d'une douzaine d'année essayait d'alléger l'atmosphère en racontant sa journée avec Père. Il était gentil, souriant, et Selsynn sourit en se disant qu'il ferait un très bon marchand si il ne se laisse pas marcher dessus...
Père... Père lui semblait muet. Il ne dit pas un mot du repas. Sa fille ainée était bien incapable de savoir à quoi il pensait...

Et elle ? Selsynn, comment réagissait elle ? Elle était silencieuse, perdue dans sa contemplation de la famille. Elle fut soudain sorti de sa transe quand son frère prononça un nom...
Ronan, fils de Charliot,... Selsynn avala sa bouchée de travers. Qu'est ce qu'il avait encore celui-là, pour l'embêter, toujours, tout le temps !
Aryn sembla remarquer que sa sœur s'étouffait alors il reprit :

"Oui, Ronan est passé à la boutique, c'est moi qui l'est servi... Il a demandé quand c'est qu'il apercevrait Sels. parce qu'il avait envie de lui montrer un truc, je sais pas moi..."

(Quoi ? Il a osé ! je... Mais vraiment pour qui il se prend ce ... moins que rien.)
"Attends, Aryn, tu lui as dit que mes conditions pour discuter avec lui était toujours valable, à savoir : avoir fait trois pas en dehors de la ville, seul !"

(Bien sûr qu'Aryn ne lui a pas dit. Aryn est incapable de faire du mal à un insecte. Ce sera à moi de lui faire comprendre que j'ai rien à faire d'un homme qui est un peureux et un citadin. Bon... j'aurais donc à m'occuper de ça... Comme si je manquais d'occupation...)


Les pensées de Selsynn dérivèrent à nouveau et se posèrent autour de la plume plus sombre que la nuit qu'elle portait dans son sac.
(Promis, je m'occupe de toi aussi... plume mystérieuse...)

Quand Esmeria s'apprêta à se lever, Selsynn fut plus rapide et put l'aider dans les travaux domestiques.
Après la soupe vint un copieux plateaux de fromage, avec une tranche épaisse de pain noir. Le goût fondant de différents fromages avaient manqué à la jeune voyageuse...
Puis la famille entière débarrassa la table et le repas fut déclaré fini.

Selsynn respira calmement et regarda Père.
(Il avait dit qu'on reparlait de mon affaire après le diner...)

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 20 Juil 2009 17:24 
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Comme par enchantement, tout le reste de ta famille a disparu dans des pièces auxiliaires presque aussitôt le repas terminé, comme si chacun avait obéi à un signe muet de la part de ton père qui en ce moment même plie, replie et déplie un mouchoir en coton de grande taille posé devant lui, les mouvements du morceau d'étoffe accompagnant ceux de son esprit comme l'indique sa mine légèrement distante.
Finalement, la pièce de tissu se retrouve en quelques mouvements automatiques réduite à l'état d'un petit carré proprement rabattu sur lui-même qui disparaît bientôt dans une des poches du pantalon de ton géniteur avant que celui-ci ne pose ses mains jointes sur la table pour te fixer d'un air toujours aussi indéchiffrable que d'habitude (le géniteur, pas le pantalon).

« Qu'est-ce que tu as prévu pour la suite ? »
Demande-t-il sans ambages au bout de quelques secondes de silence uniquement troublées par le grincement du feu mourant mordant les morceaux de bûches restants.

Apparemment, le voilà d'un tempérament toujours aussi marchand que bien souvent, ne faisant guère de cérémonies pour entrer dans le vif du sujet lorsqu'il s'agit d'une affaire importante et passer à une autre préoccupation sitôt qu'une n'a plus lieu d'être. Toutefois, quelques signes très subtils et évasifs peuvent permettre de discerner que son attitude n'est pas aussi maîtrisée que bien souvent, ses yeux glissant fugacement à côté de toi, son pied gauche tressautant l'espace d'un instant, et ses mains s'agitant très légèrement de temps à autre. Bien sûr, tous ces indices de nervosité sont très subreptices, et rien ne permet d'ailleurs au fond de dire s'ils existent véritablement où ne sont dus qu'à un jeu de lumière tant ils disparaissent sitôt que tu portes ton attention sur eux, mais tu peux tout de même en retirer l'impression qu'un soupçon de nervosité agite ton parent.


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 7 Sep 2009 19:22 
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Suite du Port de Kendra Kâr

-Maître nain! Chuchota Argotik.

Aucune reponse.

-Maître nain! Répéta-t-il plus fort en secouant Orik.

Toujours aucunes réactions.

-Orik! parla-t-il en le secouant vigoureusement.

Le nain ouvrit les yeux. De suite, il savait ce qu'il avait à faire: Tuer Braeb, récupérer la récompense, tuer Urgak. Il se frotta les yeux en se redressant, sous le regard de son hôte visiblement prêt à partir. Il emergea d'un rêve ou il avait vu Argotik armé d'un arc qui tiraient dans le cou des clients, tous des elfes.

-Il est tard? demanda-t-il d'une voix pateuse.

-Non. Dépéchez-vous Maître nain, ordonna-t-il en se retournant pour aller dans la cuisine.

Argotik le marchand habitait dans une demeure à quatres pièces: deux chambres, une cuisine, une salle pour la toilette. Lorsque Orik se leva, il enfila directement son armue qui parut lui peser une tonne. Armé de sa hache, il pénétra dans la cuisine. Argotik portait une vieille cape noire à capuche. A sa taille était accroché une rapière. Fine, mais apparement très solide. Cela ne valait pas une bonne hache pensa Orik, mais il garda sa réplique pour lui.

-Mangez ça, lanca Argotik en lui tendant comme un gros gateaux.

-Qu'est-ce? Demanda le nain en croquant un morçeau du gateau, très sec, mais avec une fine saveur vanillée.

-Oh! De simples gateaux de ma tante, répondit-il en riant. Elle habite pas loin alors, quand je viens, j'y ai droit! Mais elle est très triste depuis que mon frêre est mort.

-Délicieux! Dit Orik préciptament pour conclure la discussion. Alors, hum... quel est le plan?

-On arrive, on tue, on repart, répondit le marchand en souriant. Non, bien sur ce ne sera pas aussi simple, mais c'est l'idée.

-Il faudra être sur nos gardes si des squelettes rôdent autour de lui.

-N'ayez crainte. Ils ne craignent aucunes douleurs, mais un simple coup de poing bien placé les réduits en poussière. Seulement, ils sont coriaces et plus rapides qu'il n'en n'ont l'air, explica Argotik soupçonneux.

-Moui, ajouta Orik peut convaincu.

Il rengaina sa hache sur son dos, et attendis qu'Argotik prenne la parole. Celui-çi éteignit les bougies.

-Vous êtes prêts Maître nain? Chuchota-t-il.

-Au poil! Répondit-il.

Argotik ouvrit la porte. La fine brise gonfla sa cape et laissa apparaître, en plus de la rapière, un long poignard en argent qui scintilla dans l'obscurité. Laissant passer le nain devant lui, le marchand ferma la porte.

-C'est par là, fit-il en regardant aux alentours.

La rue était déserte et le noir de la nuit aurait pu sembler palpable pour Orik. Heureusement, les yeux que Méno et Valyus avaient légués à sa race lui permirent de voir comme en plein jour. Malgré cela, Orik se sentait oppréssé, comme observé...

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Dernière édition par Orik le Lun 21 Déc 2009 20:26, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Dim 13 Sep 2009 12:23 
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Suite du Temple de Phaitos

-C'est ouvert Maître nain! s'exclama l'elfe les main prises.

Orik ouvra la porte en grand pour laisser passer l'elfe qui tenait Argotik.

-Je vais le poser sur le lit.

Orik referma la porte et se dirigea dans la chambre. Argotik était mal en point, il respirait fort, comme si il venait de faire un effort considérable. Le nain s'approcha du marchand, l'elfe, lui, était parti checher quelque chose.

-Orik... Orik... murmura le marchand.

-Tiens bon mon ami, répondit celui-ci.

Orik fourra la main dans sa poche. Il en sortit la bille d'ambre et la glissa dans la main du marchand.
Celui-ci étira ses lèvre en un sourire. Il leva son autre bras, le fourra dans une poche intérieure, et en sortit une petite boite. Orik s'en saisit et la posa sur la table de chevet.

-Nous verrrons cela plus tard, chuchota le nain.

Lorsque l'elfe revint, il tenait en main divers flacons, du fil et une aiguille.

-Je vais devoir recoudre la plaie, fit l'elfe en voyant le regard interrogateur d'Orik. Ce flacon, (il désigna un tout petit flacon orange) est un puissant antidote, je l'utilise rarement. Celui-ci, (un flacon un peu plus gros) est un annésthésiant.

Il ne dit pas ce que contenait le dernier, mais Orik ne posa pas de question. Il aida l'elfe à retourner Argotik sur le dos.

-Je vais vous laisser, fit Orik qui avait soudainement envie de vomir.

Il se dirigea vers la pièce d'entrée, la cuisine, ôta la hache de son dos, prit une chaise, s'assit, et s'affala sur la table. Il pensa à ce qu'Argotik lui avait donné. Cette petite boite. Que contenait-elle? Un tout petit objet.
Puis le sommeil vint prendre Orik et le libéra pendant quelques heures de ses malheurs.

Quand il rouvrit les yeux, il fesait nuit. une lueur orangée provenait de la pièce d'à coté. Il se leva et se dirigea vers la chambre. L'elfe semblait fatigué. Assis sur une chaise à coté d'Argotik qui dormait profondément.

-Bonsoir Maitre nain.

Il parlait à voix haute.

-Est-ce que... commeça Orik en regardant Argotik. Il va bien?

L'elfe ne répondit pas. Il soupira avant de reprendre.

-Il est au plus mal, répondit-il. Je... dois être franc, j'ai tout tenté.

Orik savait ce qu'allait dire l'elfe. Il aurait voulut le supplier de se taire, qu'il lui dise le contraire.

-Argotik... reprit l'elfe avec difficulté. Argotik est condamné.

"Condamné". Ce mot résonna comme un glas dans la tête d'Orik.

-Le poison est très puissant, reprit-il. Je n'est jamais eut à faire à cela dans le passé.

-Combien de temps... reste-t-il à Argotik avant qu'il...

Il n'osait pas penser à cela. L'elfe anticipa le mot et répondit:

-Eh bien... Une minute, comme une éternité... Mes antidotes sont les meilleurs mais elles sont inéfficaces.
Le problème est que d'içi son trépas, les souffrances... seront terribles,
conclut-il avec difficultés.

Orik imaginait Argotik agonisant sur son lit de mort.

-Ce sommeil est artificiel, dit l'elfe. Je lui évite de souffrir, en dormant. Mais, il faudra qu'il se reveille. Je suis désolé Maître nain... dit-il exaspéré.

-Orik. Appelez-moi Orik mon ami, je vous dois tant...

-Et moi Nagaanor, répondit l'elfe.

-Nagaanor. Merci infiniment. fit Orik d'une voix faible.

Nagaanor se leva, et quitta la pièce. Orik veilla sur Argotik toute la nuit. La petite boite sur la table avait disparu. Orik pensait et re-pensait à toute cette histoire. Urgak. Il l'avait complètement oublier. A présent, il traquait et il était traqué. La Langue Noire en aurait après lui.
Argotik ouvrit les yeux.

-Mon ami...

Le marchand tourna les yeux vers le nain.

-Mon frêre... est enfin... vengé, fit-il avec difficultés.

-Oui mais... Tu...

Il hésitait. Comment lui expliquer.

-Je vais mourir et je le sais. L'elfe me l'a dit avant de m'endormir.

-Il te l'a dit...

-Parce que je lui est demandé.

Argotik fit une grimace.

-Oh mon ami, fit le marchand. J'ai si mal.

Orik aurait voulu lui dire "Tiens bon!". Mais tenir bon pourquoi? Pour mourir plus tard? La mort... était la seule issue de sa vie. Comme si le marchand avait lu ses pensées, Argotik s'exclama:

-Je ne suis voué qu'à la mort à présent. Mais on l'a eut cette crapule de Braeb! fit-il en souriant.

Orik lui rendit son sourire, mais sans aucun bonheur derrière.

-Orik? Demanda le marchand. Je... Voudrais-tu m'aider une dernière fois?

-Que veux-tu mon ami?

-Eh bien... Je n'aurais jamais imaginé te demander cela un jour, mais je voudrais... Hésita-t-il. Orik! Par ton Dieu Méno. Par ton Dieu Valyus! Jures-tu de pouvoir me donner ce que je demande?

(Ce doit être si important si Argotik me demande de jurer. Ce regard si suppliant. L'ultime requête d'un ami mourrant. Je ne peux refuser)

-Je jure, Argotik mon ami, d'advenir à ta requête, fit-il solennelement.

-Orik. Je veux que tu me donnes... La mort.

Orik sentit son coeur tomber dans sa poitrinne.

-Je t'en supplie mon ami. Je souffre tant. La mort est ma seule issue. Aide-moi Orik, Maître nain.

-Que...

Orik ne savait plus ce qu'il fesait, ce qu'il pensait.

-Je ne...

-Tu as juré! S'exclama le marchand.

-Je... Très bien. Argotik, je...

Il n'arrivait pas à parler. Son intention l'empêcherai de faire un tel acte. Mais il avait juré.
Il était pris comme dans un piège. Il n'y avait pas d'issus.

-Argotik, répéta-t-il. Je tiendrai parole et... Je te tuerai.

-Merci, répondit le marchand après un silence. Je suis conscient qu'il est plus difficile de tuer un ami, que de mourir de la main d'un ami.

Orik s'aperçut que Nagaanor écoutait au seuil de la porte. il s'avança, posa une main sur l'épaule du nain

-Mon ami. La mort est un chemin de la vie qu'il nous faut tous prendre un jour.

Une larme roula sur la joue d'Orik, et s'écrasa dans sa brabe.

-Je le ferai, conclut le nain. Il te faut dormir Argotik.

Nagaanor approuva. Ils laissairent le marchand seul et allèrent se poser sur les chaises dans la cuisine.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Dim 13 Sep 2009 16:55 
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-Je dois parler à Argotik avant qu'il ne s'endorme, fit Nagaanor.

L'elfe retourna dans la pièce. Orik était anéantit. C'était comme si on lui avait demandé de s'enfoncer une lame en plein coeur. Comment s'y prendrait-il? Par quel courage aurait-il la force d'accomplir un tel acte?
Il maudissait Braeb. Mais ce pauvre enfant n'obéissait qu'aux ordres de son maître. Un maître au coeur si noir.
Nagaanor revint quelques minutes plus tard.

-Orik. J'ai donné un hydromel pour accélérer le sommeil d'Argotik. Il n'aurait jamais pu s'endormir en sachant qu'il ne se reveillerai pas.

-Comment ça? Je dois le tuer dans son sommeil? S'exclama Orik indigné par cette idée.

-Vous voulez qu'il souffre? répondit l'elfe qui n'avait pas perdu son calme. Dans le monde des rêves, la réalité et toutes ses douleurs n'a pas sa place. Argotik a approuvé cette décision, il accepte son destin. Il accepte que vous, son ami, le sauve de tout cela dans son sommeil.

Nagaanor porta la main à sa ceinture et dégaina un lame elfique. Légèrement courbée, l'arme ne fesait pas plus de trente cinq centimètres pommeau inclus. Un visage d'elfe était sculpté dans l'acier de la lame. Un visage si magnifique fut-il, qu'Orik aurait pu imaginer la personne en vrai.

-Cest le visage de la Déesse Yuia. Ce sont principalement les elfes blancs qui la portent dans leurs coeurs, mais je fait exeption, dit-il dans un sourire. Ce 'est pas la représentation exacte des son visage, mais c'est ainsi que je le perçoit: pur et sincère.

-Elle est magnifique, répondit le nain.

-Je l'ai proposée à Argotik comme... hum...

-N'allez pas plus loin, coupa Orik.

-C'est ma façon de l'aider... à traverser le voile qui sépare la vie de son opposée, explica-t-il.

-Hum... lâcha Orik pour clore la discussion.

-Il ne dort pas encore.

Le nain s'empara de la lame. Il l'examina de plus près, la tourna et retourna entre ses doigts. Légère... Vraiment sublime...

Orik se leva, repoussant la chaise en bois.

-Je... m'en vais à mon tour lui faire mes... adieux. Sa voix se brisa.

Marchant d'un pas lourd, il pénétra dans la chambre, s'asseya au bord du lit.

-Elle est... magnifique n'est-ce pas? Demanda Argotik d'une voix faible en montrant la lame de son regard.

Orik ne répondit pas. Il n'avait plus les paroles en ces circonstances.

-Ne pleures pas mon ami. Soit prêt, simplement. Car moi, je le suis.

Orik acquiesa. Il voyait trouble, les larmes lui brouillaient la vue puis s'écrasaient plus bas dans les poils de sa magnifique barbe rousse.

-Adieu... mon ami. Réussit-il à articuler en voyant les yeux du marchand se refermer.

-A... Adieu, Orik, Maître nain. Et merci. Ce fut un plaisir... répondit Argotik dans un sourire avant de ne plus bouger.

Il respirait paisiblement. Son sourire ne s'était pas encore éffacé. Orik attendit un long moment. Une heure. Deux peut-être. Nagaanor était passé le voir. Il n'avaient échangé aucun mot, aucun regard. La main de l'elfe s'était juste posée sur l'épaule de nain, puis il était repartit dans l'autre piece.

Enfin Orik se décida. Ce n'était plus lui qui agissait mais la volontée d'Argotik. Oui c'était cela. Argotik agissait à travers lui. Le nain se leva. Il serrait l'arme à s'en blanchir les phalanges. Il leva la lame elfique au plus haut. L'action sembla durer une étèrnité. Il abaissait l'arme de toute ses forces.
Mais que fesait-il?
La lame s'abaissait encore.
Il tuait un ami!
La lame avait presque atteint sa cible.
Non! C'était par amour!
La lame s'enfoncait au niveau du coeur.
Il libérait un ami!
La lame s'enfonca jusqu'au plus profond.
Argotik était libre...

Une tâche vermeille fit son apparition au coeur, autour de l'arme. Orik la retira; ce fut aussi dur que de l'enfoncée. C'était comme tuer un ami une deuxième fois, c'était comme... si Orik s'était tué une deuxième fois...
Il s'écroula sur le cadavre d'Argotik et pleura jusqu'à l'aube, aube qu'il n'aurait jamais voulut voir.

Nagaanor attendait dans la cuisine.

-Son âme est en paix.

-Valyus et Méno le gardent à présent, fit Orik dans un sanglot.

Il n'avait pas pleuré autant depuis la mort de son père. Il y avait tant de choses qui se bousculaient dans sa tête. Urgak. Nagaanor qui l'aiderai. La Langue Noire. Argotik combattant le squelette à ses côtés. Sa vengence...

-Nous ne pouvons le laisser içi, fit Orik. Je... Nagaanor elfe gris, demanda le nain. Croyez-vous que...


-Je m'en occupe, répondit l'elfe, ce qui soulagea Orik. Vous pourrez prier l'ame d'Argotik en paix..

Après un silence pendant lequel Orik versa quelques larmes, Nagaanor reprit.

-Orik. Il y a tant de choses dont nous devons parler. Je vous propose de vous assoir et d'en discuter, avant de porter la dépouille du marchand.

-Que.. Que contenait cette petite boite? Demanda alors Orik.

-Cela fait partit des choses dont je dois vous parler, mon ami, répondit l'elfe gris. De plus, nous devons programmer ce pourquoi nous sommes là...

(Urgak!)

-Il faut que nous partions au plus tôt, repris Nagaanor.

-Pourquoi voulez-vous la mort d'Urgak? Demanda indiscrètement Orik. Comment ce fait-il que vous nous soyez venu en aide?

Avant que Nagaanor réponde, Orik s'exclama.

-Vous n'avez pas fait un tour au port le jour ou vous m'avez proposer d'aller voir le marchand? Vous n'auriez pas malencontrueusement fait tomber une quelquonce chose dans l'eau? Demanda Orik.

-Perspicace Maître nain, fit Nagaanor en souriant. En effet, j'avais peur que ça tourne mal, alors je vous aie suivit. Puis j'ai fait de même le matin, mais j'ai eu un petit contre-temps. J'ai du abattre un gobelin qui disait avoir suivit la scène quand vous avez tué l'orque et un gobelin. Il m'avait vu vous porter main forte, et a voulut se venger. Ainsi j'ai perdu votre trace, et je suis arrivé trop tard...
A présent, parlons d'Urgak.


-Hum, coupa Orik. Avant cela, puis-je savoir ce qu'Argotik vous a remis?

Il méritait de savoir cela.
Nagaanor hésita, soupira, et se décida à révéler à Orik ce secret.

Suite par Gm4

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Dernière édition par Orik le Mar 22 Déc 2009 02:49, édité 2 fois.

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