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 Sujet du message: Le théâtre du Renouveau
MessagePosté: Sam 15 Aoû 2009 14:27 
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Le théâtre du Renouveau


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Le Théâtre du Renouveau jouit d'une forte popularité depuis que les premières œuvres du désormais célèbre Frabrizzio De la Fonte y ont été présentées, il y a de cela plus de deux ans.

Depuis, toutes ses nouvelles pièces y sont représentées, se partageant l'affiche avec les classiques des deux grands continents. On peut ainsi y voir le tragique "Roi de Pierre", ou le plus délicat "Andromeda".

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Ven 29 Oct 2010 16:58 
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Un brusque courrant d’air envola quelques papiers perdus entre les tentures pourpres et fit un instant frissonner, dans un murmure extatique, la salle vide du Théâtre du Renouveau. Une lueur dans un grincement rouillé, et puis, tout de suite, la nuit.

Le temps d’un battement de cils, on avait pu voir se profiler dans la douce lumière du soir les fauteuils de velours grenat de spectateurs fantômes, qui, cette nuit-là encore, seraient aux abonnés absents ; et puis, l’observateur avisé aura remarqué s’étager en hauteur les trois galeries aux balustrades dorées, dont les arabesques harmonieuses répondaient aux plafonniers, autrefois resplendissants et aujourd’hui endormis sous une torpeur poussiéreuse. Son regard se sera alors arrêté sur la rotonde du plafond, où des chérubins graciles et badins prenaient leur envol sans pudeur aucune. Pas un soupir sur la scène, noyée dans une ombre libertine et dans le sang des lourds rideaux tirés. Pas un éclat de métal dans l’orchestre, que les musiciens avaient fui en emportant instruments, archets et pupitres. Pas non plus de parfums fleuris ou musqués, ni même d’âcres fumées de cigares.

Rien.

Rien, ou presque : de discrets bruits de pas provenaient des alentours des grandes portes, et, prestes, ils révélaient la présence d’une ombre invisible dans la noirceur des lieux, une ombre qui se faufilait habilement entre les sièges pour parvenir à la scène.

- Ah, Galimatias ! s’exclama une voix rieuse alors qu’il abordait enfin les coulisses du théâtre.

Il avait ouvert une porte moulue, et avait accédé à un tout autre monde. Là étaient des stupres de lumière, des couleurs vives et des rires animés qui frappaient l’arrivant aux yeux, puis au cœur dans un tourbillon spectaculaire et une effervescence à nulle autre pareille.

Galimatias, un petit héraut de sept ans à boucles blondes, courait joyeusement dans un corridor donnant sur les loges, où des filles à demi nues vêtaient avec gaieté plumes, perles et dentelles, certaines embrassées par de vieux grigous qui déjà les entraînaient en des lieux inconnus. Les miroirs partout faisaient luire les étoffes aux mille éclats chamarrés, et les lustres abondants mouraient d’une débauche de cire fondue sur l’or plaqué qui craquait par endroit. Les parfums capiteux envoûtaient quiconque franchissait le seuil des coulisses, et, se mêlant aux bouquets amers de l’absinthe, le perdaient dans les miasmes infernaux de la volupté.

Mais Galimatias, lui, ne se laissait pas avoir par ces délices plus destructeurs qu’enchanteurs. Il suivait son chemin sans se retourner sur les visions charnelles qui défilaient sur les côtés, ne prêtant attention ni aux formes ondulantes habituellement dissimulées, ni aux voix claires qui chantaient les ébats. Il atteignit vite un escalier à circonvolution métallique, qui menait aux sous-sols du théâtre et, de fait, à sa destination originelle – c’est pourquoi il en dévala efficacement les marches gémissantes et se jeta sans plus y réfléchir dans un dédale de pièces de machinerie, de décors et de poulies sinistres, grande salle à nouveau sombre, sordide et pauvre, qui déboulait sur un hall plein de vie, quant à lui rompu de luxe et de luxure.

Ses petits pieds foulèrent agilement les dalles de marbre blanc veiné de noir, ou noir veiné de blanc, alternant sensiblement comme sur la table d’un damier. Les myriades de pampilles du lustre gigantesque rayonnaient et réfractaient des mouchetures cristallines et chatoyantes sur les murs lambrissés, auxquels pendait tantôt un portrait dans un médaillon patiné par le temps, tantôt de lourdes draperies de velours chaud s’étirant langoureusement comme des dais au-dessus de divans capitonnés. Après avoir parcouru de part en part quelques salons de musique ou de danse, tous flanqués de bergères et de chauffeuses aux assises moelleuses et se suivant en enfilade, Galimatias arriva enfin au Grand Salon et déclencha, à peine entré, une clameur joyeuse. Là étaient, dans l’ambiance tamisée d’appliques agonisantes, une dizaine de filles en bras de chemise, toutes plus belles les unes que les autres dans leurs légères robes de gaze transparente, nonchalamment étendues telles des princesses orientales sur un hémicycle de sofas et de fauteuils, tournés autour d’une table basse en merisier verni ; et au fond, un escalier à double révolution menait à l’étage par deux chemins parallèles de tapisserie rouge, vers les chambres réservées à la clientèle fortunée.

Essoufflé par sa course, la main sur la poitrine battue de coups effrénés, le petit essaya tant bien que mal d’annoncer sa nouvelle :

- Un navire de guerre vient d’amarrer !

La rumeur folle qui s’était tue pour écouter le héraut reprit aussitôt, pleine d’euphorie. Les filles auparavant alanguies et désœuvrées remuaient en tous sens, se dandinant avec entrain, sautant sur leurs pieds pour s’éparpiller en gloussant et en piaillant de joie. Bientôt, il n’y eut plus que Galimatias dans le Grand Salon, et il se laissa aller sur un canapé de velours vieux rose ; c’est là, emmitouflé dans un plaid bien chaud, qu’il s’endormit avec bonheur.


*


Rêve avait été de l’assemblée, et se précipitait désormais dans le labyrinthe de corridors que Galimatias venait de prendre à rebours. L’occasion était trop belle : des marins, quelle aubaine ! Pour peu qu’ils revinssent à Tulorim au cours de leurs pérégrinations maritimes, ils ne seraient que trop heureux de devenir des habitués de la Maison – et une clientèle aussi affamée ne se pouvait refuser, d’autant que, généralement, ils étaient bon payeurs. Et dire qu’aujourd’hui rien ne s’annonçait : pas un mot de ses clients, et même le Sieur de Montgallois qui avait annulé leur rendez-vous coutumier – à quinze heures, les mardis et les jeudis. Certes, des matelots ne valaient pas les aristocrates auxquelles Rêve se prêtait d’ordinaire, mais c’était bien ainsi, par un coup chanceux du hasard, que Satin avait fait d’un Amiral de la marine militaire un de ses fervents admirateurs.

Arrivée dans sa chambre, Rêve alluma rapidement les chandeliers disséminés çà et là, et glissa agilement devant une malle énorme, dégorgeant avec paresse des monceaux d’étoffes luxueuses. L’endroit était fort exigu, et se pouvait comparer à une foire de campagne tant le désordre y régnait : la porte à la peinture écaillée ne pouvait s’ouvrir sans grande peine, car le lit, bien qu’il ne fût possible qu’à une seule et petite personne d’y dormir, prenait toute la largeur de la pièce ; les draps de coton blanc n’étaient presque jamais tirés, mais se froissaient au contraire en méandres douillets, et le traversin s’affaissait là où reposait la tête de la jeune fille. En entrant, sur la gauche, on pouvait voir s’amasser quantité de chaussures en fatras, la plupart à petit talon, très peu de plates ; et au-dessus, sur une étagère dressée comme un autel, deux paires de chopines précieuses, les chaussures si coûteuses des vraies courtisanes, montées sur six pouces au moins de semelles en liège, complètement repassées de cuir fin et teinté – l’une en noir, l’autre en ocre et rose – garnies de gemmes et de dentelles. Dans le coin gauche, trois malles cloutées d’argent mouraient du surpoids des vêtures, craquaient dans d’affreux cris d’agonie en laissant s’échapper le taffetas et le satin, le brocart et la dentelle ; cela prenait environ les trois-quarts de l’espace, car c’était là le nécessaire indispensable au métier. A côté de la tête de lit, une coiffeuse tout en merisier gravé, dotée d’une grande psyché, disparaissait sous les flacons à poire, les boites de porcelaine, les grandes brosses douces et les peignes d’ivoire, les bijoux laissés à qui voulaient les voir et les éventails en plumes vaporeuses, et toutes ces choses qui font la fortune d’une courtisane digne de ce nom.

Car à seize ans seulement, Rêve était un joyau de fille, si non la plus belle entre toutes, du moins la plus distinguée et la mieux faite, de corps et d’esprit. L’honneur de la beauté revenait à son amie et confidente Satin, celui de la douceur d’âme à celle qui était comme sa sœur, Neige ; mais ni l’une ni l’autre ne savait aussi bien concilier âme et corps dans une harmonie parfaite, mêlée également de discrétion, de modestie, et d’un don indéniable pour tous les arts. Cela s’expliquait avant tout par l’histoire même de la petite Rêve, qui, c’est un fait à noter, était la cadette de la Maison Rouge, bordel fameux de Tulorim. C’était à cinq ans seulement, disait-on, que la tenancière l’avait ramenée des rues infâmes et solitaires de la ville pour en faire une élève de choix, et vendre plus tard sa candeur et sa grâce inégalée au plus offrant. C’était aussi pour cela que sa dette était l’une des plus importantes de la Maison, car un apprentissage sur huit ans coûte cher, extrêmement cher, et de cinq à treize ans, elle n’avait rien rapporté.

A présent préparait-elle une nouvelle ambassade dans les abords portuaires de Tulorim, et, dans sa plus pure nudité qui révélait les courbes audacieuses d’un corps jeune et indompté, la gorge aux rondeurs de soie blanche, le galbe parfait des hanches, les fesses en pomme et le dos parcouru de frissons sous une crinière cendrée de lionne, tout cela, dans le clair-obscur de la pièce sans fenêtre et la lueur chaude des chandelles, lui donnait des airs de succube avertie.

D’abord, elle s’employa au maquillage, et ce fut dans la nimbe blanche des particules de poudre, où jouait l’éclat douteux des candélabres, que Neige apparut en claquant la porte contre le lit, son beau visage de bergère enflammé d’un optimisme sans nom :

- Aide-moi, dit-elle tout de suite avec grande joie, ses yeux d’un vert étourdissant étincelants d’impatience.

En effet, la jeune fille serrait contre sa poitrine un corset qu’elle ne pouvait attacher seule : elle était seulement vêtue d’un jupon de gaze sans couleur, et ses épaules à la courbe d’albâtre poli n’étaient pas encore enveloppées d’étoffes.

Leur semi ou totale nudité n’ennuyait aucune des deux amies, car il était de coutume de se côtoyer dans le plus simple appareil. Rêve ne tenta pas même de dissimuler son intimité alors qu’elle laçait le corset de Neige, tirant autant que faire se peut sur les rubans de satin. Neige émit un gémissement étouffé lorsque Rêve atteignit la limite que son corps menu pouvait endurer, et pourtant elle ne cessait de sourire. Elle joua un peu de ses muscles effilés et saillants, fruit délicat d’une enfance dans les Montagnes yarthissiennes où elle avait mené les troupeaux. Dès lors elle s’efforça de faire de même pour Rêve, qu’elle enferma elle aussi dans une prison de fer, de satin et de dentelles, puis elle repartit sans dire mot dans sa propre chambre.

Rêve examina un instant sa poitrine haussée en rondeurs généreuses, et ses yeux s’arrêtèrent sur le bijou enchâssé entre ses seins, le diamant noir logé dans sa chair qui lui posait tant de questions et de doutes ; mais sans plus tarder elle passa les tournures, structures métalliques qui faisaient d’elle une prisonnière, et enfin, par-dessus les jupons, elle enfila une robe de taffetas grenat sur lequel des dahlias apparaissait au gré de la lumière. Le décolleté laissait voir les épaules et se drapait sur la poitrine de manière à ce que le corset pourpre et noir transparût ; des nœuds de velours noir tenaient les draperies des basques et celles des manches, qui s’arrêtaient aux coudes par des falbalas de dentelles noires. Rêve releva sa chevelure de sable, et il ne lui fallut que quelques instants pour arborer une coiffure d’une distinction exquise, dans laquelle elle piqua un peigne de jais, et sur les anglaises qui tombaient divinement sur ses oreilles roulaient quelques fines perles noires. Elle finit de se parer en peignant sa bouche d’un émail écarlate et luisant, boutonna une redingote sombre sur sa robe et ajusta une étole de fourrure brune sur ses épaules. Grandie par des bottines noires, elle s’en fut après un dernier regard pour vérifier qu’il ne lui manquait rien.

Ses talons claquaient sur le marbre du hall, juste avant qu’elle n’arrivât dans la salle des machines du Théâtre, quand elle fut alpaguée par une voix sombre mais féminine, enrouée par trop de fumées :

- Ramènes-en un de bien, Rêve, que ça devienne un habitué.

C’était Calice, la tenancière de la maison close, qui, adossée avec nonchalance contre l’embrasure d’une porte, voyait ses filles partir l’une après l’autre dans les rues froides de Tulorim. Dans l’ombre, seuls ses yeux rougeoyants se remarquaient dans une furie de flammes crépusculaires, car toute de noir vêtue elle disparaissait dans l’obscurité de son cabinet.

Sans daigner répondre, Rêve reprit sa marche, pleine d’ardeur et de ferveur, à la rencontre des ténèbres envoûtantes de la nuit.

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Sam 30 Oct 2010 11:30 
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Arc I : Marin d'eau douce.



La mer, qu'est-elle ? Que signifie la mer pour nous, marins ? Une grande étendue d'eau, comme le dirait si bien le commun des mortels, une sorte de lac géant englobant le monde entier ? Non, aucun bon marin ne vous répondrait ça, la mer n'est pas qu'eau, non non non, vous vous méprenez, le mot "mer" ne désigne pas seulement l'eau, c'est bien plus vaste, bien plus profond, et cette riposte simpliste à une question banale vous semblera enfantine, injustifiée, ignorante. Que représente la mer pour un homme qui passe sa vie à l'arpenter ? Un chemin ? Un terrain de jeu ? Une demeure ?

Et là le capitaine du navire vous rira au nez, si fort que vous vous sentirez ridicule d'avoir fait une telle remarque, il vous répondra : "Qui dit mer, dit bateau.". Vous rougirez d'ignorance, la réponse vous choquera par sa simplicité tout d'abord, puis vous fera découvrir un monde bien différent du vôtre terrien. La véritable demeure d'un marin n'est pas en mer, mais bien sur le pont d'un navire. Il y mange, bois, dort, travaille, il y vit et ça le rend heureux car il ne peut plus envisager d'autre vie. La sentez-vous ? La mer... Vous sentez le vent marin qui vous caresse le visage ? Le chant des mouettes ? La fraîcheur de l'eau baignant vos pieds ? Voyez-vous la mer ? Que voyez-vous ? De l'eau à perte de vue, une simple marée sans fin ? Non, vous y voyez, comme moi, un nouveau monde, rempli d'embarcations aussi variées que les marin qui les arpentent. Pêcheurs, marchands, pirates, tous vivent sur un navire, et c'est le navire qui vit sur l'eau alors qu'eux vivent sur le navire. Un marin a des jambes, il peut marcher sur terre alors qu'un bateau ne peut se déplacer que dans l'eau. Un navire reste dans l'eau par nécessité, un marin, par choix.

C'est par choix que je veux quitter la terre ferme, et c'est par choix que, il y a longtemps, je me suis fait une place dans un bateau pour Tulorim, un bateau marchand. J'ai menti au capitaine en lui disant que je resterais auprès de ses voiles, j'avais utilisé son hospitalité pour aller dans un autre port, pour échapper à quelques unes de mes dettes. Je m'étais enfui en douce du dortoir, tard le soir, pour me fondre dans la masse de marins besogneux qui cherchaient à installer leur petite échoppe provisoire et à vendre leurs marchandises au port. Mais cela ne se passa comme prévu, ils furent abordés ( le terme me semble juste ) par une horde de courtisanes, oh non, pas qu'elles étaient en surnombre, mais leurs coupes de cheveux farfelues et leurs robes volumineuses leur donnait une impression d'ampleur assez... agressive. Elles se mirent en barrage devant le groupe et commencèrent à se mêler à eux, leur parlant avec des mots doux et les guidant jusqu'à un vieux théâtre en piteux état : le Théâtre du Renouveau.... un nom bien mal choisi. Au final, n'ayant rien de mieux à faire je suivis les catins dans un dédale de couloirs sombres jusqu'à une sorte de... bordel malfamé. La bière coulait à flot, les femmes aux poitrines dénudées fricotaient avec de vieux porcs bruyants et l'ivresse en emportait plus d'un dans sa danse insensée. La pauvre lumière émanant des rares petites torches disséminées inégalement sur les quatre murs de la pièce donnait une impression de saleté, de vice, d'ombre malsaine incitant au pêché charnel. Ce pêché d'ailleurs, vint à se présenter à mes yeux, une courtisane de fort belle facture mais pas bien commode m'accosta avec un petit air de garçon manqué.

- Hey, t'es un marin pas vrai ? Ça te dirait de boire un verre ensemble ? Le tavernier est trop bourré pour te faire débourser quoique ce soit !

Elle avait beau parler, elle aussi était saoule , alors que moi je ne demandais qu'à me saouler en compagnie d'une jolie dame. Quelques instant plus tard, l'on vit un homme portant sa chemise à l'envers qui brandissait une choppe de bière tout en dansant au sommet d'une table, applaudi par les autres poivrots du bistrot, il se livrait à toutes les folies imaginables, il enfonça son sabre dons le plafond et jeta son sac et sa bourse à quelques hommes malhonnêtes peu enclins à lui rendre gentiment. L'ivrogne dansant sur la table était borgne, et il mouillait son cache-œil à chaque fois qu'il tentait d'engloutir une énième choppe de bière. Oui, vous l'avez deviné, cet homme, c'était moi, enivré par le plus mauvais alcool de l'Imiftil, j'en étais à ma huitième bière, que j'engouffrai d'ailleurs dans mon estomac avec un cul-sec monumental, qui lui valut les applaudissements de la foule. L'ivrogne appela l'ivrogne et un vieux gaillard à l'œil vitreux piailla bien distinctement au milieu de la cacophonie :

- Boooaah !!! C'mec est nul ! Moi j'aurais déjà englouti une vingtaine de gnôles avant lui ! HAHAHAHAAA !!!!

Noyé dans l'alcool, comme lui, je ne mesurais plus mes mots. Je pris ma compagnonne courtisane par le bras et la fit monter avec moi, l'enlaçant fort pour raviver ma fierté et hurlant à qui voulait l'entendre :

- Oh hé ! T-ta gueule ! Toi t'as... chuis sûr... t'as jamais pu choper une gonzesse de ta vie !

- BOOOOUUUUUHHHH !!!! répondit la foule, huant énergiquement le vieux loup de mer.

Ce dernier sentit la colère monter et frappa d'un coup sec sur la table, m'insultant de tous les mots, et pas les plus jolis... Hargneux, je répondis à mon adversaire en m'engageant dans sa joute verbale, des centaines d'injures flottèrent dans l'air avant que je ne rajoute :

- Mais abando- abandonne vieux con ! Allez ! Incline-toi devant.... devant.... devant le grand capitaine pirate Heartless ! Tu peux pas faire mieux qu'moi !

La foule moqueuse se mit à rire. Ravalant ma fierté, je répondis pas des schémas hasardeux, tentant d'expliquer mes dires avec des gestes flous.

- Hé mais c'est vrai ! J'vous jure ! Un jour j'aurais... voyez... un énoooorme navire pirate avec un énooorme équipage sanguinaire ! J'aurais conquis chaque parcelle de flotte de l'univers et vous ferez dans vos frocs quand vous entendrez mon putain d'nom ! Parole les gars !! Et pis ce vieux bon à rien retournera chialer dans les jupes de sa salope de mè....

La vulgarité était allée trop loin. Mon pied chavira, tiré énergiquement par le vieux gaillard qui me fit tomber de la table, laissant sombrer ma carcasse dans un bain de foule qu'il eut vite rejoint. A peine relevé, une énorme droite me fracassa le nez et je m'écroulais sur le bar en fracassant au passage quelqeus gnôles ici posées. J'étais un véritable comateux sur deux pattes, j'étais tellement groggy que je croyais nager parmi les bouteilles posées sur le bar. Je repris un peu mes esprits et me rendit compte de la situation, ce vieux con venait de me foutre une droite, et j'allais lui répondre à l'amiable. Une bagarre de poivrots allait commencer. Je me relevais lentement et avec peine et fit face au gros bagarreur, les yeux noyés dans les bulles du liquide divin.

Il ne fallut pas longtemps aux autres ivrognes pour entonner un champ joyeux annonçant un petit combat de taverne, leur divertissement préféré. Il y avait même deux ou trois flûtistes et guitaristes pour égayer tout cela.

Le premier coup de poing vola dans la face du vieux hiboux, mais celle-ci avait autant de force qu'un bout de coton mouillé, c'était vous dire, le choc fut bien plus fort quand le vieux se prêtait au jeu, je me repris une droite sur le visage qui me fit presque tomber. Mes deux jambes tremblaient comme les voiles d'un bateau pêcheur, je retentai ma chance avec la même tactique, mais l'adversaire n'eut pour réaction qu'un petit mouvement de la tête et riposta avec une énième droite au visage. Je fis un tour sur moi-même et tomba au sol comme un vulgaire sac de pommes de terres. Mais il n'en avait pas fini, il m'agrippa par le col et me fit remonter à son niveau, je lui crachai au visage, et cela le plongea dans une colère peu aimable. Il me chargea en enfonçant son épaule dans mon abdomen et m'écrasa de tout son poids contre le meuble où le tavernier stockait ses bouteilles à la vue de tous derrière une vitre de verre qui se brisa quand mon dos se heurta à celui-ci. Les bris de verres m'écorchèrent le visage en tombant, et le vieux grincheux m'étouffait contre le bois du meuble. J'avais le souffle coupé, je réagissait avec mes dernières forces en empoignant une bouteille d'alcool, pour l'écraser violemment sur le dos courbaturé de l'ours à la barbe blanche. Voyant l'inefficacité de ma tentative, je continuais en empoignant deux gnôles et les abattis conjointement sur le dos du vieillard qui commença à faiblir. J'en écrasai un autre et encore une autre avant de boire cul-sec dans une troisième, qui vint se loger dans le derrière de bagarreur. Il lâcha prise, je ne faiblis pas et continuai à lui jeter des bouteilles, et d'une, et une autre ! Il était sur le point de tomber, je me mis d'accord pour l'achever à coup de chaise, j'empoignai un tabouret près du bar et, après l'avoir soulevé et brandi au dessus de ma tête, frappa un grand coup en direction du loup de mer qui avait réuni ses vieux réflexes pour saisir le vieux pose-séant et le bloquer. Il hurla de rage un moment mais son cri fut coupé au moment où mon pied rejoignit ses vieux bijoux de famille. Le cri, qui ne peut encore être clairement défini, du gaillard brisa à même les flûtes de la musique alentour. Au final, il reçu un coup de tabouret bien senti sur la tête, qui se brisa en même temps que l'arme de bois. L'œil vitreux du vieux loup de mer se révulsa et son corps tomba comme une planche de bois. J'avais gagné cette petite guerre sans importance, tricherie oblige. Suivirent les applaudissements nauséabonds de toute la taverne, alors que quelques vauriens s'affairaient à dépouiller le vaincu de ses affaires. On m'appela un court moment et un parfait inconnu m'envoya mes possessions que j'avais négligemment envoyées dans la foule, alors que la courtisane qui m'avait amené ici tapota mon épaule avec mon sabre pour me le rendre. Y'a pas à dire, on est toujours gagnant dans une bataille de bistrot.

Je fêtais ma victoire avec d'autres âmes inconnues mais toutes aussi saoules, une muse sur mes genoux et une choppe de bière bien remplie en main, et continuais mes délires insensés de "capitaine pirate."

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Dernière édition par Heartless le Mer 22 Aoû 2012 11:55, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Lun 1 Nov 2010 18:12 
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L’atmosphère était chaude et étouffante, un mélange d’amour fallacieux et de débauche, la violence du désir et le piètre honneur qui rancit entre des mains dépravées. L’alcool et le sang embaumaient les loges du Théâtre de Tulorim, avec ce je-ne-sais-quoi de charnel : le musc des hommes et le plaisir des femmes, quant à elles démoniaques et vénales, fourbues par toutes les passes de la journée et pourtant ondulant encore lascivement, une ombre grivoise dans l’œil comme la promesse d’une illusion évanescente aux faveurs bien réelles.

Rien ne savait être plus opposé que le bordel malfamé de la Louison et la Maison de luxe de mademoiselle Calice, et pourtant rien n’avait plus de contiguïté, car le propriétaire du Théâtre louait à tous ceux qui en avaient les moyens les recoins les plus oubliés de son établissement afin qu’ils y menassent office. Ainsi la veuve Louison avait-elle investi les loges, mettant son frère derrière un comptoir branlant pour servir des ivrognes qui déboursaient sans réserve, peu regardant à la dépense si tant est qu’ils fussent pourvus en femmes et en bouteilles. Calice, elle, menait une affaire qui ciblait les belles gens, et faisait de ses filles des personnes de goût à l’apparence décente, que les clients souvent aimaient à conduire aux mondanités. La débauche chez Calice ne venait qu’après, alors que la Louison en faisait ostentation de jour comme de nuit en de scabreuses esclandres.

Rêve suspendit sa progression dans les dédales du Théâtre, attirée malgré elle par cet univers tourbillonnant et interdit qui n’avait jamais été le sien. Toutes ses compagnes avaient été de ces catins de bas étages qui se donnaient pour du pain et un toit, et c’était là que Calice les avait achetées, ne choisissant que les mieux faites et les plus habiles, celles qui maniaient le verbe aussi bien que l’amour. Rêve, elle, voyait ses souvenirs préluder dans le faste rayonnant de la Maison Rouge, et c’était, elle le savait, mieux ainsi. Mieux, plus sûr, plus glorieux aussi, et pourtant elle regardait avec un mélange étrange de dégoût et d’envie ces femmes se vendre sans vergogne, figures d’une luxure débridée aux accents de liberté.

Elle appuya l’épaule contre un mur, tapie dans l’ombre pour contempler le spectacle des illusions scandaleuses qui se jouait sur un fond de taverne insane. Elle passait fréquemment, s’arrêtant un instant pour frémir d'une excitation grisante, alors que ses compagnes préféraient fuir ce monde sans voile qu’elles n’avaient que trop côtoyé. Rêve, elle, laissait glisser son regard sur les corps dévêtus des filles pâmées, leurs formes pleines dégagées de toutes entrave la submergeant toujours d’étonnement. Ici, nul besoin de tissus précieux ni de pierres chamarrées, et moins encore de buscs métalliques, mais seulement des corsages de lin défaits sur des gorges offertes, des jupons courts sur le mollet, diaphanes et qui laissaient transparaître la silhouette des cuisses, parfois même remontés par une large main aventureuse. Les filles sur les genoux des hommes par trop soûls se laissaient caresser sans discernement, jusqu’à ce qu’ils ne pussent plus supporter ce simple contact et qu’elles les entraînassent vers des lieux plus ou moins intimes.

Mais ce soir-là, un individu en particulier attirait l’attention de Rêve, qui ne pouvait en détourner le regard : sa haute stature lui conférait quelque chose de noble, ce qui était encore affirmé par une musculature trop effilée pour faire de lui homme de labeur. D’apparence soignée, il arborait avec élégance un bouc taillé de frais et des cheveux châtains disciplinés, et sa vêture avait quelque chose de raffiné. A la ceinture, il portait une lame qu’on ne pouvait que remarquer, car, longue, elle lui battait la jambe à chaque mouvement. Néanmoins, malgré cette distinction patente il se conduisait de la manière des hommes moindres : perché sur une table, il buvait à ne plus marcher droit, engloutissant bière sur bière dans un chaos sans nom de pitreries cocasses et triviales, harangué par la foule des buveurs dans une cacophonie d’où rien ne se pouvait discerner. Il semblait hurler, mais de loin Rêve ne pouvait ouïr ses paroles. Soudain, surgissant d'entre les badauds, elle vit monter avec lui une petite qu’elle connaissait bien, Nérine, une intrépide, qu’il enlaça d’un geste imbibé d’alcool.

Ce fut dans ce tableau d'une apparente tendresse, sans que Rêve eût pu s'y attendre, qu'une rixe d’ivrognes s'engagea dans le plus grand désordre : un vieux marin avait saisi l’homme de qualité par la cheville et l’avait fait s'écrouler de la table dans un furieux fracas de bois et de verre, et désormais les coups pleuvaient. Les badauds perdus dans les vapeurs de l’alcool se massèrent autour des deux protagonistes, et Rêve ne distingua plus qu'un marasme infâme de hères enchevêtrés et braillants. Elle s'avança quelque peu, mais le tapage énorme qui lui parvenait du fond de la salle l'effrayait plus qu'il ne la distrayait, et elle préférait s'effacer.

Soudain un choc violent s’annonça par un concert de bris de verre, sans que Rêve sût qui en avait fait les frais. Il s’agissait là d’un combat d’une brutalité qu’elle avait rarement vue, et cela l’inquiétait. Comment donc ces hommes allaient-ils s'en tirer ? Bien qu’elle n’en connût aucun des deux, et sans raison sensible, l’angoisse la tenaillait de sa main de fer et elle ne voulait pas partir sans avoir assisté au terme de cette lutte, comme désireuse de connaître le sort réservé à l'homme qui avait su la captiver. Après un temps qui lui parut infini survint un heurt mat, rapidement suivi d’exclamations et d’applaudissements furieux, et la foule se dispersa en laissant voir le bel homme vainqueur.

Ce fut à cet instant précis que Rêve se mit en tête de le mener sur un autre terrain – son domaine, à elle. Car voir un homme de si noble allure s’enivrer avec de simples prostituées lui fendait le cœur. C’eût été aberrant, tout de même, qu’il se gâchât ainsi avec de hâves novices, tout cela par ignorance des vrais plaisirs – ceux de la Maison Rouge si dispendieuse et si généreuse en retour.

Rêve se fit belliqueuse pour marcher en conquérante. Son cœur se tut pour ne laisser parler que son corps, l’arme parmi toutes la plus dangereuse. Dans son ventre, elle laissa éclater une flamme, légère pour l’instant mais qui irait grandissante à mesure que les secondes s’égrèneraient, comme le métallurgiste chauffe une lame à blanc pour qu’elle devienne plus forte et plus souple ; et la flamme bientôt embraserait son regard d’une ardeur nouvelle. Elle ferma son esprit afin qu’il demeurât libre malgré les fers qui tiendraient ses bras une nuit encore, comme la gabardine fait obstacle aux armes qui s’y fracassent avec fureur, houle déchaînée et furieuse. Elle fit de son buste un écu, de son visage un heaume de fierté qui n’était pas sienne, et ses mains chargées d’une vénusté sans frein, elle les façonna en épines aiguës et aiguisées, capables de trancher des gorges et de faire couler le sang.

Quand alors verrait-on surgir la douce Rêve, la jeune fille aimante et aimée, l’humble enfant de seize ans à peine ? On ne la verrait pas. Elle ne surgirait pas, pas ce soir ni aucun autre soir, car là n’était pas sa place. Son esprit était un temple où demeureraient l’enfant et la femme en quête d’asile ; son corps seul deviendrait la chaussée que tant d’hommes fouleraient au pied.

Alors la machine de guerre se mit en branle pour servir ses desseins, assouvir la passion d’une vie par trop sienne désormais, une vie qui n’avait laissé place à aucune autre vie. Pour l’enfant de luxure, c’était plutôt un jeu auquel on s'adonne pour ne pas se perdre en d’épuisants ennuis, car après tout, elle ne savait faire que cela : l’illusion était son monde, et elle n’en connaissait aucun autre. Femme de théâtre avant toute chose, elle étira ses lèvres gourmandes et vermeilles en un sourire mystérieux qui creusait dans ses joues des fossettes délicieuses, et qui illuminait par la même occasion ses yeux pâles, devenant le ciel d’univers ignorés qu’on ne pouvait que désirer parcourir. Elle pouvait tout faire. Elle pouvait tout devenir. Elle était le désir, le fantasme, la destruction aussi pour ceux qui ne savaient prendre garde.

Sa robe ondoya en d’amoureux murmures lorsqu’elle s’approcha avec une lenteur savamment étudiée de l’homme qu’elle convoitait. Celui-là, quant à lui, se laissait choir avec délice sur un tabouret, noyé par l’orgueil de sa victoire, plaisamment entouré d’une faune largement abreuvée, de femmes et de victuailles. Nérine, la douce aux frisures rousses et à la peau lactée épanouie sur une musculature androgyne, siégeait en reine sur les genoux du valeureux héros embué de bière. De sa démarche féline, Rêve se glissa derrière eux, et l’un comme l’autre reçurent de sa main une caresse tendre, elle dans le cou et lui sur la joue. Elle s’arqua sur lui, pressant délicatement son corps contre le sien.

    - Bonsoir, dit-elle d’une voix chaude alors qu’il levait vers elle un œil vitreux.

Vitreux, et unique. Car Rêve n’avait pas su discerner, de loin, que son œil gauche s’aveuglait sous un bandeau noir. Tout de suite, elle hésita, ne sachant que penser à son propos : était-il donc du haut lignage dont elle aimait à l’imaginer fils, ou bien simple homme du commun ? Son indécision pourtant ne dura qu’une seconde, car légèrement elle déposa sur ses lèvres un baiser dont le charme était celui des offrandes que l’on fait à un dieu. Tant pis s’il s’avérait homme de peu de foi, car elle était piquée au jeu – à la guerre, comme en amour, la stratégie ne laissait guère de temps. Sa mise, de plus, était avenante, et son visage, malgré le détail inélégant de son œil absent, la charmait sans contrefaçon : il avait les traits de l’homme de poigne et le regard d’un bleu électrisant qui saisissait celui ou celle qui osait s'y plonger. Décidément, elle en ferait sa proie, car elle était conquise.

D’un regard appuyé mais qui conservait son aura de mystère, Rêve adjura Nérine de lui laisser ce client – la petite sauvageonne en verrait par ailleurs ses intérêts contentés, car il y avait parfois, entre les deux Maisons, des pactes peu licites et des bourses qui changeaient de main.

Alors Nérine s’en fut sans demander son reste – elle le ferait plus tard – et Rêve profita de ce départ pour saisir l’inconnu au col de sa chemise, nuançant le geste d’une fermeté provocatrice. La tête de l’homme dodelinait et son œil papillonnait : l’ivrognerie n’était là pas un masque. Il ne serait pas malaisé, dès lors, de le mener dans les chambres luxueuses de la Maison, de l’étendre sur un lit, de le dépouiller et puis de le satisfaire (ou bien peut-être ne serait-il même pas nécessaire d’en arriver là).

Et en effet, Rêve tira l’homme par le col avec des attitudes malicieuses et le conduisit ainsi, en alternant soigneusement marche et baisers très doux, jusque dans les méandres licencieux et somptueux de la Maison. En l’écoutant déblatérer des propos incohérents au sujet d’un navire prochainement sien, elle prit bien garde à ce qu’il ne chutât pas dans l’escalier à circonvolution métallique, qu’il ne se prît pas les pieds dans les machines du Théâtre, qu’il ne rencontrât pas de meubles ni de portes sur son chemin ; mais enfin, après une errance caustique, elle s’engouffra dans la Chambre des Damnées et l’entraîna à sa suite.

La pièce, contrairement à la chambre où dormait Rêve, était vaste. Les murs se couvraient d’une tapisserie ocre et dorée, et le lit était tendu de draps de soie, brun et champagne ; à sa tête se massaient tant d’oreillers et de coussins disparates qu’il semblait impossible d'y prendre place. En entrant, à main gauche, on pouvait voir un paravent en acajou tapissé de jaune dissimuler un coin sombre. C'était là le seul endroit plongé dans les ténèbres, car, la voyant certainement jouer avec son client dans les couloirs, Nars avait dû faire allumer l’âtre. En arrivant, Rêve fut ravie par la lueur des flammes qui léchait tout ce qui se profilait devant elle. Nars, la gouvernante de la Maison, s’occupait très bien de ce genre de détails, tandis que Calice aboyait, mordait, et percevait les rentes. Par ailleurs, elle avait également fait remplir d'eau brûlante un broc de porcelaine, afin que l'homme pût se laver avant et après avoir profité à son gré de la chambre, et de l'hôtesse qui le cajôlait.

Avec la plus grande douceur, Rêve étendit son homme sur le lit, d’une légère pression de son corps sur le sien. Elle demeura quelques instants à ses côtés, la joue contre son torse, et tâcha de l’écouter répéter ses paroles décousues : navire immense, équipage assoiffé de sang, pirates… Les mêmes mots revenaient sans cesse. Pourtant, c’était le charme des courtisanes d’aimer leurs clients comme des amants véritables, afin qu’ils les aimassent comme leurs maîtresses et leur offrissent les plus belles choses ; et l’oreille attentive était le fardeau de chacune. Elle abandonnait tout de même ses doigts à des caresses tendres et aventureuses, car s’il fallait se distinguer des catins, il n’en fallait pas devenir une épouse bigote.

Elle l'observa un long moment, comme elle ne l'avait fait qu'avec de rares clients. Celui-là avait quelque chose que n'avaient pas les autres.

    - Quel est donc votre nom, bel Ange ?

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Dim 7 Nov 2010 16:07 
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A la charmante question de la jeune hôtesse, dont la douce voix rivalisait avec celle des sirènes, je répondis par....

... un ronflement. L'alcool avait tellement imbibé mon esprit, le sommeil m'avait déjà cueilli alors que mon dos se reposait sur le lit de mon hôtesse. Devant une si jolie demoiselle, c'était presque une offense, innocente certes, mais c'en était d'une impolitesse déconcertante. Je me réveillai une journée plus tard, difficilement, je mis une heure entière à rassembler mes forces pour ouvrir les yeux, sous le regard attentif de l'indignée Calice et de l'amusée Neige, ainsi que de Rose la surprise, qui se posèrent un festival de questions à la vue de cet homme qui avait un bandeau sur l'œil et la chemise à l'envers, que l'ont n'eut jamais à l'idée de lui ôter, de peur de découvrir quelques cicatrices embarrassantes... je n'inspirais guère confiance. Les commentaires fusèrent, en premier ceux de Calice, de loin les plus déplaisants :

- Et bien, voici donc la prise de Rêve, quelle déception. Écoutez-moi ça, ses ronflements sont insupportables, je n'ai pas dormi de la nuit !

- Un véritable animal, se moqua Neige, ne connait-il autre liqueur que la bière ? Regardez, sa chemise est retournée et tâchée d'on-ne-sait-quoi !

- Oh Dieu ! Quelle est cette odeur ? On a tué quelqu'un ici ? C'est un cadavre ? Comment est-il arrivé là ?


- Rêve !! s'exclamèrent-elles toutes en chœur.

- Nan ! Heartless !

Les trois femmes se retournèrent, surprises par ma soudaine exclamation. J'avais remarqué que l'on parlait de moi mais, comme toute gueule de bois qui se respecte, mon réveil m'avait désorienté et j'avais perdu toute logique ainsi que tout souvenir de la journée passée, je me croyais encore dans ma chambre à l'auberge du Pied Levé, où je passais la plupart de mes nuits sans jamais payer l'ardoise. Je me relevais avec la vivacité d'une baleine échouée sur la côte et ouvrit une porte imaginaire avant de m'arrêter net devant Calice. Je lui serrai la main en lui montrant mes dents :

- Comment ça va, vieux renard de Talic ? La forme ? Au fait, dis-moi... où sont passés les escaliers ?

Je venais de me rendre compte de l'absence des marches qui se tenaient entre l'étage des chambres et le comptoir du gérant, Talic, un jeune-vieux rouquin à la barbe mal rasée avec une jambe boiteuse, la comparaison avec Calice était aussi impensable que vexante, rajoutez-cela à l'haleine infecte que l'alcool m'avait prêté pour la journée et vous avez une femme comblée. Contenant son indignement, la maîtresse des lieux ne dit mot. Je fis encore quelque pas un peu plus loin et tentai de m'assoir à ma table favorite, sans succès, la chute fut dure pour mon arrière train, la douleur providentielle me rendit mes yeux et me laissa contempler la scène coquasse dans laquelle je jouais le rôle principal. Vous ne pouviez imaginer ma stupeur, nous restions muets une bonne minute avant que je ne dise un mot.

- Euh... où suis-je ?

Elle ne me répondirent pas, offusquées par mon ignoble prestation, je n'avais rien fait après mon réveil qui soit digne d'un gentleman. J'avais encore la nausée et mes pensés se livraient une véritable bataille navale dans ma tête, je me demandais ce que j'avais fait pour arriver là et je vins à faire une conclusion aussi débile que tout le reste :

- C'est pas possible, je me suis farci autant de catins en une nuit ? Je vous dois combien ?

"Catins". Un mot qu'il ne fallait surtout pas prononcer en la présence des trois ravissantes demoiselles qui s'exclamèrent à l'unisson, avec un ton peint et repeint d'indignation :

- DEHORS !

- Mais enfin mesdemoiselles, vous aurais-je causé quelque tort ? Non ? Et bien faisons la paix, je ne me fais jamais d'ennemis !

- C'est ça, et moi j'suis l'neuveu d'Moura !

Une voix méconnaissable avait surgi de derrière un rideau de lit rosé, une silhouette volumineuse et fortement imposante apparut en ombre chinoise comme la source de cette puissante exclamation. Une lame rouillée découpa le rideau et je vis un gras homme en veste bleue qui m'interpella :

- Heartless c'est ça ? Le nabot qui se prend pour un vrai marin ?

Je mis un petit instant à le reconnaître : c'était lui, le bagarreur du bordel que j'avais déloyalement vaincu dans l'ivresse. Il avait une bosse proéminente sur le front, provoquée par le tabouret qui avait été le coup final. Sa barbe grisâtre empestait le tonneau renfermé à dix mètre à la ronde et ses yeux me dévisageaient tout en prenant une teinte rouge enragée. Je devinais aisément ses intentions, sûrement parce qu'il serrait avec nerf le manche de son gros sabre pointé vers moi, assis devant des courtisanes affolées.

- Euh... oui... oui c'est moi. Je vous connais ?

- T'as pas besoin d'connaître mon nom, tafiole, tu l'apprendras en enfer !

- Je peux vous appeler comme je veux alors ? Gorilla ?

- J'AI L'AIR D'UN GORILLE ?!
s'emporta-t-il brusquement, passant du calme à la fureur.

Le vieux loup de mer, ou plutôt Monsieur Gorilla, plutôt susceptible, n'hésita pas à lancer son sabre vers moi avec un hurlement de colère ponctué d'insultes flatteuses. Je pus éviter de justesse la lame de l'épée qui se planta dans le mur, au niveau de ma tête. J'avais eu un frisson en voyant mon reflet dans cette lame émoussée, sans un peu plus de réflexes, j'aurais été tué dans un coup de sang avant même de le savoir. Rien que de penser à ça, j'avais des sueurs froides, frôler la mort, même moi ça me fait pas rire. Dans un élan de fierté, le grand marin s'approcha et retira son arme du mur tout en me lançant avec un ton théâtral presque pittoresque dans la voix :

- Va prendre ton arme, marin d'eau douce, que je te taillade à la loyale !

Après un instant d'hésitation, je me relevai et me rendit auprès du lit et trouvai mon sac. Je pris l'épée qui était laissée à côté, un petit sabre d'escrime, dont la lame tout en longueur semblait ridicule en face de l'outil meurtrier de cet aîné têtu. Je me relevai lentement, et pointai mon arme vers lui, pour qu'il se mette en garde. Il battit deux fois l'air de son épée, créant deux bourrasques aussi inutiles qu'intimidantes avant de se reculer d'un pas pour bien caler son corps, ses deux pieds prenaient un appui presque rocheux sur le sol, ses deux talons étaient enfoncés dans le parquet, signe que, loin d'être un virtuose en la matière, c'était le genre d'hommes qui savait où et comment frapper. Il la tenait fermement dans sa main droite...

- Fausse patte ?

- Hein ? Mais non je l'ai en main droite ! Qu'est-ce que tu me racontes ?


Il me montra son arme avec un geste du poignet, accompagné d'un mouvement de tête, ses yeux étaient fixés sur sa lame. Quel idiot, avant qu'il ne s'en rende compte j'avais déjà porté un coup au visage.... mais raté, dommage. Son nez était égratigné et il saignait à petites gouttes, ma distraction n'avait pas été assez efficace, il avait eu le temps d'éviter que je touche ses yeux. Surpris, il s'indigna de ma lâcheté :

- Ordure ! Un coup si bas !

Il me désarma d'un mouvement du poignet, il avait frappé au niveau de la poignée du sabre et je l'avais lâché à cause de la douleur et de la surprise, je n'avais rien fait pour contrer cela, une erreur de débutant, non pire que ça... Il me l'avoua dans un rictus moqueur.

- Mais... T'es nul au sabre pas vrai ? HA ! Un nul ! Une lopette !

Il éclata de rire tout en me gardant en joue, pour éviter un coup en traître si bienvenue à ce moment-ci. J'étais en défaveur, je m'étais fait battre en un seul coup, mon petit doigt me dit soudain qu'il n'allait sûrement pas en rester là...

- Assieds-toi là, bon à rien.

Sous la menace d'un estoc fatal, je n'eus d'autre choix que d'élire séant la petite chaise qu'il avait désigné, il me somma de m'y tenir d'une manière stricte, comme un maître d'école qui gronderait un mauvais élève, il voulait "s'expliquer" avec moi. Il posa ses fesses sur la table en face du siège tout en gardant son attention éveillée sur ma mise en joue. Il allait me faire passer un sale quart d'heure.

- Comment tu t'appelles déjà ?

- Heartless, pourquoi ?

- Pour rien.... Tu te souviens de ce que tu m'as fait au bordel ?

- Ah oui, je t'ai étalé sec !


Gifle violente, joue rougissante.

- J'étais plus saoul que toi, petit con ! Et encore ça, ça passe.. Un coquard, des bris de verre sur mon manteau et une belle bosse sur le haut du crâne. Je vais pas te tuer pour ça je suis habitué mais....

- Mais ?

- Je ne pardonne à personne d'insulter mon paternel, t'entends, le mioche ?

- Ton paternel ?

- Oui, tu l'as insulté pas vrai ? Dis-le franchement et je t'épargnerais un très mauvais moment en ma compagnie !

- C'était pas ton père, vieillard, c'est ta mère que j'ai insulté.

- Ah.... ça change tout...


Coup de poing du droit, Sirius Heartless à plat.

Il devait tenir sa mère en bien plus grande estime que son père, la baffe qu'il m'avait collé était bien plus violente que celles de la précédente bagarre, je tombai raide mort sur le coup, complètement sonné. Ce vieillard était un vrai dur, la seule raison pour laquelle il ne m'avait pas embroché directement avec son sabre c'était pour éviter les ennuis avec la milice locale, il préféra prendre ma carcasse sur son épaule et la traîner jusqu'à l'extérieur. Dans une ruelle sombre bordée de macchabées victimes d'agression violentes, il m'abandonna. C'était une ruelle dangereuse, le terrain de chasse de plusieurs malades psychopathes, une poubelle à ennuis, il s'attendait sûrement à ce que ces abrutis me tuent à sa place puis me volent tous mes biens. Sans savoir à quoi m'attendre, je rouvrais les yeux au beau milieu de cette ruelle mortelle...

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Dernière édition par Heartless le Dim 28 Nov 2010 22:51, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Dim 21 Nov 2010 23:12 
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Je déboulais à ma grande surprise juste devant le Théâtre du Renouveau, qui semblait accueillir de nouveau client plus intéressés par le bordel en sous-sol que par la prochaine représentation. La grande place devant le bâtiment était éclairée par le soleil de l'après-midi et bondée de personnes inconnues mais qui n'étaient pas du genre à nous poursuivre couteau à la main. N'ayant nulle part où aller, je hâtais le nain étourdi jusque dans le théâtre dans lequel se déroulait une pièce parmi tant d'autres, avec un peu plus de spectateurs qu'à l'accoutumée. Nous prîmes place furtivement dans l'une des rangées et tentai du coude Thunar, mon compagnon de peine.

- Hé, réveille-toi, gros tas !
C'était inutile, le balourd avait reçu un énorme coup à la tête et ce n'était pas une simple poussée qui allait le réveiller. J'insistai en le secouant, en l'appelant, rien à faire, je ne faisais que m'attirer les foudres de la rangée derrière moi, des bourgeois simplets qui me regardaient de haut. La grosse femme appela son gros mari, qui était lui aussi un peu sonné par cette ennuyeuse pièce de théâtre qui se jouait en même temps.

- Réveillez-vous très cher, ne pouvez-vous pas m'aider contre ce barbare ? Regardez-le, il a sa chemise à l'envers, sentez-le, il pue le rat, écoutez-le, il a tout d'un gredin !

- Mh... quoi ? Mais laissez-le ce jeune homme, il ne doit pas être si ignoble si il se déplace pour voir ce numéro de cirque...

- C'est du théâtre ! Du Théâtre !
riposta-t-elle, en toute puriste qu'elle était.

- Hé ! Je pue ?

Je n'avais rien trouvé d'autre pour leur adresser la parole, après tout je faisais partie de la basse classe. Je n'aime pas les riches orgueilleux qui se prennent pour une élite, ces aristos bons à rien qui n'ont jamais su faire un nœud de leur vie, qui ne s'habillent jamais eux-mêmes. Je reniflai mon aisselle en face de la truie dégoûtée.

- Je sens rien moi ! Et vous dites que ma chemise est à l'envers ?

Dans un faux souci d'apparence, j'ôtai d'une traite ma chemise blanche - enfin, elle était censée l'être - et la retournai au niveau des épaules, ce qui indigna la mégère pudique qui prenait cela comme une offense.

- Arrêtez ! Vous êtes ignobles ! Aux gardes ! Des péquenauds, des couards, des barbares !

Elle hurlait comme cela au beau milieu du théâtre, en gênant au passage tous les spectateurs ainsi que les acteurs de la pièce qui arrêtèrent de jouer leur comédie un instant.

- Holà ! Calmez-vous m'dame, vous n'êtes pas ingrate au point d'interrompre cette magnifique pièce comique ?

- Au monstre ! Ce n'est pas une comédie, c'est une tragédie ! Voleur abruti !


Elle commençait sérieusement à ressembler à une truie. Son visage devenait rouge sang et son maquillage mal posé se rependait partout entre ses paupières et ses grasses lèvres devant son mari apparemment amusé, riant dans sa barbe comme un lutin. Quant à moi je laissai s'échapper des éclats de rire sonores, tout comme une partie des spectateurs qui regardaient amusés la bourgeoise mal élevée en train de gueuler, à défaut de trouver la pièce ennuyeuse à mourir. Après tout elle n'avait pas à faire sa privilégiée devant autant de bas peuple qui avait payé une petite ration de leur économie pour s'instruire aux beaux arts, l'entrée au théâtre était peu coûteuse et même les basses classes pouvaient y assister si elles n'étaient pas contre le fait de se retrouver dans une rangée médiocre. Ce petit spectacle qui prenait place dans le brouhaha de notre rangée me lassa peu à peu et je décidai de laisser le nain sur son siège pour me diriger vers le bordel en-dessous du théâtre. Je m'étais rendu compte que ce vieux malabar qui m'avait cogné la tête avait emporté mon sac avec lui, mes armes, mes changes, ma bourse... je n'allais pas laisser passer cela. Je n'avais pour seule piste que le bordel du Renouveau, et c'était avec un plaisir dissimulé que je m'y rendit pour retrouver mes biens.

Quelques minutes plus tard, je me retrouve assis, sobre, à une table déserte au milieu de la cacophonie quotidienne de cette taverne improvisée, au milieu des putes et des imbéciles heureux même pas fichus de s'en payer une. J'avais attendu près d'une heure, seul, à cette table, attendant d'apercevoir le maudit boucanier pendant sa tournée habituelle. Je cachais tant bien que mal mon visage en me retournant et en faisant confiance au maigre reflet laissé par un verre de bière que j'avais emprunté au tavernier ivre. Enfin, je vis la silhouette du vieux hiboux, Gorilla. Il ne m'avait pas remarqué, il s'assit à une table pleine, occupée par de vieux joueurs de cartes, apparemment il aimait bien faire une partie avec eux de temps en temps. Je devais trouver un moyen de le faire parler sans engager de combat au possible, mais c'était tâche ardue. J'observai plus en détail le reflet du verre plein de mauvaise liqueur, cherchant attentivement la première occasion qui se présenterait à moi.

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Mar 30 Nov 2010 21:51 
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La chevauchée chevaleresque du nomade épuisé et de son ami le voleur des rues et des places dura peu de temps, mais tout de même assez pour offrir à Pygmalion une petite sieste réparatrice qui eut pour effet de lui remettre les idées, le souffle et les hématomes en place, si bien qu'il put descendre seul du cheval, glissant sur le côté pour finalement entrer en ville sans attendre Qassim qui une fois de plus s'occupait de la sécurité de sa monture.

Alors que le soleil lui asséchait la gorge, le voleur des dunes s'approcha, la langue mi-pendante de la première taverne qu'il trouva avant qu'une dame ne le prenne par l'épaule, et d'un mouvement sensuel le retourna pour le laisser admirer son teint pâle, ses joues fines, ses lèvres délicates, mais aussi -et surtout- sa poitrine voluptueuse et bien faite, ses courbes que les dieux mêmes semblaient avoir travaillées, ses jambes maigres et frêles, bref, toutes les caractéristiques d'une véritable beauté du désert :


Dis moi, grand méchant nomade, cela ne te dirait pas de venir boire un verre au théâtre ?

Je n'aime pas le théâtre.

C'est pas ce qu'elle insinuait, l'ami !

Dans un sursaut, Pygmalion se tourna brutalement vers Qassim, sans pour autant faire d'amples gestes de défenses dignes des pires comédies caricaturales, se tournant simplement en frémissant, observant avec les yeux écarquillés son compagnon encapuchonné donner une légère claque au fessier de la prostituée qui prit une mine faussement choquée, émettant simplement un grognement sexy.

Sans avoir réellement beaucoup de temps de réflexion, le nomade sentait déjà le bras de son ami s'enrouler autour de son cou pour le traîner dans la grande bâtisse avec la mine réjouie de quelqu'un qui n'allait pas chaumer aujourd'hui, sa main d'ailleurs toujours sur les fesses rebondies de leur invitée.

Après une succession de couloirs et d'escaliers que Qassim ne semblait que trop bien connaître, ils débouchèrent sur une salle enfumée que le voleur encapuchonné traversa avec sa dame, laissant Pygmalion seul, comme un idiot, au milieu de la populace mouvante.

Commandant une bonne bière au bar, il posa sa choppe à la première table qu'il trouva, la salle étant si enfumée que le peu de champs de vision dont il disposé était réduit et le faisait tousser, battant faiblement les bras pour écarter le brouillard des torches et des drogues en tout genre qui circulaient dans les airs, troublés par les passages des ivrognes ou des putes à moitié nues, recherchant des clients sous le bruit des bières, des chants de taverne et des "plaisirs" qu'offrait la maison.

Sa nuque douloureuse à force de garder la tête baissée, l'homme du désert leva la tête, surpris par la présence d'un type en chemise, borgne, le regardant visiblement..ah non, simplement le truc noir sur sa trogne donnant l'air qu'il le fixait.


*Kof* Navré de vous déranger, vraiment, cela vous dérange si je reste ? *Keuf*

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Pygmalion, Voleur des Dunes, niveau 3, Quelque part dans le désert...


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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Mar 30 Nov 2010 22:19 
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La chance m'avait sourit au bon moment, ce petit gars au large manteau me regardait avec gêne. Il devait se sentir gêné de s'imposer à ma table de cette manière, si brusquement, en frappant quasiment la table avec sa choppe de bière lorsqu'il s'affaissait. A voir son visage bronzé et ses cheveux noirs jais, j'en conclus qu'il venait du Pays des Dunes, après tout, pour garder son turban dans une salle aussi chaude et électrisante, ne fallait-il pas être soit complètement fou, soit ligoté par ses traditions ? Le peuple des Dunes n'avait pas la meilleure des réputations dans le coin, beaucoup de gens les prenaient pour des voleurs, des escrocs, des assassins même dans les cas les plus extrêmes. C'était mon homme, je devais prendre un air sympathique avec lui, sans quoi ma chance s'envolerait aussi vite qu'une mouette qui avait fini de poser sa fiente sur le pont d'une embarcation de pêcheurs, si je peux user de mes grands mots.

- Nan, ça m'gène pas du tout, mon vieux, au contraire j'aime pas me sentir seul pour consommer.

J'écartai la fumée épaisse qui traînaillait entre nous deux d'un revers de la main. Je pus voir ses yeux bleus, écarquillés dans le néant, comme si il se sentait perdu devant tant de bruit, d'agitation, de jolies catins. A en voir les cestus à ses mains, ce n'était pas le genre de personne à se laisser marcher sur les pieds, il devait même être du genre à s'attirer des tas d'ennuis, il volait, c'en était absurde de simplicité. Malgré tout, je perçus une onde d'innocence et de pur dans son regard, il avait des principes, ironique pour un voleur, mais après tout, le monde n'était-il pas alors fait de principes ? Je restai silencieux un moment, mon œil bifurqua entre la table de jeu de M. Gorilla et le turban de ce jeune garçon. Il n'avait rien à dire à un étranger comme moi, nous restâmes muets une bonne minute avant que je n'inspire à fond et me décide à vraiment lui causer, feignant la curiosité.

- Dis-moi, comment tu t'appelles, turban ? lui demandai-je en portant le verre alcoolisé à mes lèvres.

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Mar 30 Nov 2010 22:39 
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A nos lecteurs qui se demandent encore comment Pygmalion peut boire sans ôter son turban, je leur répondrai, et même leur dévoilerait qu'il existe une légère "faille" au niveau de la bouche lui permettant d'entrouvrir assez pour boire sans avoir à baisser complètement la partie inférieur de son couvre chef, la même faille servant à être compris même avec un peu de mal à articuler.

C'est ainsi que l'homme du désert acheva de boire sa bière cul-sec, lui faisant légèrement tourner la tête, déjà bien embrumée par l’atmosphère ambiante, enfumée mais très relâchée, trop pour lui qui préférait de loin les tavernes classiques.

Lâchant un léger soupir de satisfaction, le nomade ne se risqua tout de même pas à un sourire sous son turban, simplement lui répondre d'un ton le plus chaleureux possible, reposant tranquillement sa choppe devant lui avant de remettre correctement ses cestus.


Je m'appelle Pygmalion, pas turban.
Vous attendez quelqu'un ? Moi oui..enfin, il est "occupé", voyez ?


Conformément aux coutumes locales, le voyageur se risqua à tendre la main vers son interlocuteur qui ne s'était du coup pas présenté, lui.

Mais à l'honneur de qui ai-je ? Enfin, je crois que c'est comme cela que vous dites...

Pam, un pirate. Rien n'échappe au regard infaillible de super turban qui avait déjà repéré une bourse à la ceinture d'un ivrogne, juste à côté d'un couteau planté dans une table dont il pourrait se servir s'il voulait s'emparer du sac que tenait fermement un... un vieillard.

Il est clair que cela changeait du désert, bien plus grand et non pas vide mais plus...espacé...

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Mar 30 Nov 2010 22:54 
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Je crois bien qu'à ce moment là, il avait compris ce que je voulais de lui, ou peut-être pas, j'en sais rien. En tout cas, le turban, Prygmalion avait un œil de lynx c'était indéniable, ainsi qu'une culture telle qu'il savait déjà parler comme un pirate, alors que moi....

- C'est pas plutôt "A qui ai-je l'honneur ?"

Ambiance plombée, défoncée, pulvérisée, c'était même pas une blague en plus. J'avais l'air malin à faire mon intelligent. Tiens, encore une ironie, à croire que j'avais vraiment une veine d'enfer ces temps-ci. En tout cas, Prygmalion en avait dans le ciboulot, et il ne s'en cachait pas, un allié de poids pour ce que je me préparais à faire. Avec un regard complice, je lui fis signe de rapprocher son visage.

- Prygmalion, c'est ça ? Tu as envie de te faire un peu d'argent en aidant un pauvre marin perdu, pas vrai ? Rapproche-toi, regarde par là. Tu vois ça ? C'est mon sac, mon sac à moi, le sac qui était à moi il y a à peine une journée, le sac de moi à moi ! Je voudrais le récupérer des mains du gorille là bas, avec le manteau bleu, c'est lui qui l'a. On fait un marché : tu m'aides à récupérer mon sac, je te récompense avec ton dû. Tu me suis ?

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Mar 30 Nov 2010 23:09 
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L'enturbanné se cala dans sa chaise et acquiesça vaguement à la correction du marin, s'amusant de la situation dans laquelle il se trouvait, passant pour un sauvage, probablement.

Observant tranquillement chaque mouvements du pirate, Pygmalion regarda clairement la manière dont celui ci se mouvait, à la fois stressé et pressé, visiblement, il était dans la détresse et cela l'aiderait grandement, il pourrait probablement en tirer parti, tant et si bien qu'il ne réagit même pas à la manière dont le capitaine poivrot écorchait son nom, et se concentra plus sur le gorille à poils blancs qui buvait tranquillement au milieu d'une partie de carte, qu'il n'analysa pas spécialement.

Le sac était là, sa lanière pendante sur le bord, en cuir, plutôt résistant, visiblement, même si c'était une manière qui s'échauffait vite et qu'il n'utilisait que très peu, de ce fait, néanmoins, il y avait eu recours à de nombreuses reprises, et ses cestus étaient eux-mêmes en cuir, recouverts d'une simple lamelle de tissu.


Tu sais, je n'y gagne pas forcément grand chose, pirate, et, une bagarre générale pour un simple sac, tu devrait comprendre que cela ne m'intéresse pas plus que cela.

Vois-tu, je reviens d'un entraînement, et j'y ai dépensé un certain nombre de pièces, ce qui est fort problématique pour m'acheter un nouveau turban, tu comprends ?
C'est pourquoi une généreuse donation de ta part en gage de contrat serait primordiale pour entretenir une bonne relation et ne pas me faire partir par mégarde avec le sac, vois-tu ?


Pygmalion se concentra de nouveau sur le marin déchu, se préparant à alourdir sa bourse de suffisamment de piécettes...

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Mar 30 Nov 2010 23:48 
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En fait si, Turban était un idiot. Il n'avait quasiment rien compris à la situation. Monsieur Gorilla ne jouait pas seul à cette table, il était entouré par d'autres accros aux jeux d'argents, encore, ce détail ne me dérangeait guère, mais je n'étais plus vraiment rassuré à la vue des sabres à leurs ceintures, ils étaient peut-être ses acolytes. Déjà que cette baleine bleue était redoutable au combat, mieux valait éviter toute confrontation avec ses sbires. Je le familiarisa à ma manière de voir les choses.

- Non, pas ça, Parthénon, moi ce que je veux c'est juste mon sac, pas la bagarre.

Tout en disant ces mots, je réalisai que je débutai mal ma carrière de terreur des mers. J'y réfléchis un petit instant, est-ce que ça aurait pu le faire si j'en étais resté à une défaite, étais-je du genre à me laisser abattre par ce vieil imbécile ? Je m'en suis convaincu, en vérité j'étais venu pour lui faire payer mon humiliation, et récupérer ma bourse au passage.Turban semblait prêt à m'apporter son aide en échange d'une bonne portion de Yus pour sa pomme, je lui exposai mon plan.

- Marché conclu, Tartempion ! Voilà le topo...

"Gorilla détient mon sac et joue actuellement à une table avec deux de ses caniches. La table de jeu a six places et mon sac est accroché à sa cheville pour éviter toute tentative de vol furtif, c'est un vicieux malin. Ils viennent de commencer le jeu et leurs mises ne sont pas vraiment élevées. Je veux lui piquer tout le contenu du sac devant ses yeux, je veux le rendre vert de rage, compris ? Le plan sera organisé en trois étapes.

Primo : On s'invite à sa table, l'un après l'autre, il ne doit pas penser que nous sommes complices. Tu vas en premier et tu commences avec de toutes petites mises, tu joues la prudence, tu leurs dit que c'est la première fois que tu joues ici.

Secundo : Je rentre en scène incognito et je m'invite à votre table. C'est là que le jeu commence vraiment. On suit le rythme, on augmente la mise proportionnellement à leurs montées de confiance, on leur fait croire qu'ils mènent le jeu. L'objectif c'est de tenir le coup pendant suffisamment longtemps pour permettre au plan de fonctionner.

Tertio : On quitte le jeu par n'importe quel moyen possible. Pour épargner ta bourse, on a intérêt à gagner la partie, où à trouver une excuse pour partir en beauté avant que tes poches ne se vident trop de leur oseille. On emporte le sac, et on prend la poudre d'escampette.

Al final : On attire M. Gorilla dans les coulisses du théâtre et on se charge de lui à deux contre un, en même temps. Ton salaire est dans ses poches, et crois-moi elles sont pleines à craquer. Pour terminer, on se mêle à la foule qui part du théâtre et on disparait ni vu ni connu. Capiche ?"



- On aura besoin d'une ficelle et d'un truc coupant. Pour ça pas de problèmes.

Je défis un lacet de ma manche et le retirai pour le poser sur la table, c'était la ficelle. Pour le bout coupant, je fracassai mon verre contre le sol et cachai ma tête dans mes bras pour ne pas être reconnu du petit groupe de malfrats. Discrètement, je me saisis du bout de verre le plus utile et le joignit au lacet. Il ne me restait plus qu'un item pour parfaire le tout, il était essentiel au déroulement de la deuxième partie du plan. Je pris mon courage à deux mains et demanda l'impossible au jeune voleur des Dunes...

- Dis... tu peux me passer ton turban ?

Aïe aïe aïe...

- D'accord, j'ai compris... un bout de tissu ?

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Mer 1 Déc 2010 21:58 
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Le regard de Pygmalion envers le borgne avait nettement changé, passant de l'amical à l'animosité profonde à l'évocation de son turban et d'un bout de tissu, insinué comme provenant de sa tenue, dans un but qu'il ne comprenait pas.

Fronçant les sourcils, marmonnant dans sa barbe comme pour filtrer les insultes et les menaces, le nomade acquiesce d'un signe de tête :


Ton plan me paraît marcher. Mais inutile de gagner si de toute façon son argent se retrouve en fin de compte dans nos poches...
Ne me prends pas pour un idiot, tout ce qui est bon pour mon profit est nécessaire, alors avant toute chose il te faudra plus qu'un plan bien élaboré pour venir à bout de mes questions.

Il serait plus aisé de me donner, disons, 20 yus en gage de contrat ! Oui, 20 yus pour un type tel que toi, pas dur à trouver !


Cette partie ayant au final été clairement expliquée, il ne prit pas plus de gants et poursuivit d'une traite, d'une voix toujours aussi irritée :

Mon turban, c'est mon visage. Clair ?
Ma tenue, c'est ma peau, clair ?
Alors si tu ne veux pas une belle hémorragie nasale complétée de quelques pièces en moins ainsi qu'une venue de Gorilla après lui avoir clairement expliqué tes intentions, contente toi de ta chemise et de ma paye.

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Mer 1 Déc 2010 23:05 
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Chiant, c'était tout ce qui me venait à l'esprit en le regardant. Pygmalion m'agaçait, clair, tout le monde avait sa fierté, son égo, mais de là à s'obstiner comme un abruti. Je décidai de laisser pisser, mais tout ça compliquait beaucoup le plan, il le compliquait à l'extrême plutôt.

- Pff... Comme tu veux, Turban, mais te plains pas si t'es mal payé après ça.

Je me retournai avec un air dégoûté, si il avait pas décidé de jouer les fiers, tout se serait passé comme sur des roulettes. Mais il l'avait voulu, je n'ai jamais été le genre d'homme qui se laisse faire facilement. Amorçant un pivot de 180° sur ma chaise, je grognai un juron. Emmerdeur, faire chier les gens comme ça.... Crac ! Je rompis ma chemise au niveau du bras gauche. Crac, le bras droit ! Mes mains prirent les deux bouts de tissus et, dans une multitude de mouvements vifs et minutieux, je me créai un vêtement pour le visage, mais pas un turban, car d'une, deux enturbannés à la même table, c'est louche, et deux, j'avais pas assez de tissu pour ça. Mes mains cessèrent de bouger, j'avais terminé, je me retrouvai avec une chemise sans manches, heureusement qu'il faisait chaud par ici.. Brusquement, je fis volte-face et fixai Pygmalion droit dans les yeux. Enfin.... pas vraiment....

- Et voilà, Turban ! Je suis....

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Là, il m'avait clairement pris pour un fou. Certes, c'était pas banal... mais le temps jouait déjà contre nous, je n'avais pas le temps pour les petits détails, comme les trous pour les yeux ou quoi que ce soit. C'était le minimum strict pour mener le plan à bien, et j'y étais très attaché, même si pour ça je devais passer pour un attardé mental.

- Allez, on n'a pas le temps, ils commencent à jouer une autre partie. Vas-y, Turban ! T'inquiète pas pour ton salaire.

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 Sujet du message: Re: Le Théâtre du Renouveau
MessagePosté: Jeu 2 Déc 2010 21:35 
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Le nomade observa longuement le malade mental qu'il était sensé aider. Une vraie tête à claque, ce type, qui en plus ne comprenait pas un traître mot des rectifications que Pygmalion faisait lorsqu'il écorchait horriblement son nom.

Dans la précipitation, il n'eut pourtant pas le temps de lui en coller une et opta donc plutôt pour la partie de carte, se mêlant au flux et au reflux des clients, prenant une mine faussement intéressée pour les joueurs s'appliquant à trier correctement leur cartes via divers gestes tous aussi experts les uns que les autres.

Tirant une chaise à lui, le voleur entreprend de trier à son tour, se libérant ainsi d'une demande maladroite pour intégrer la table, gardant de ce fait un air déjà plus mystérieux.
Seulement la réalité fit surface : il ne savait pas jouer aux cartes.
Reposant donc la tas après l'avoir coupé du mieux qu'il put, en imitant au mieux son voisin de gauche, l'enturbanné plaque le paquet sur la table, laissant sa cible commencer à distribuer les cartes à chaque joueurs.

Retenant son geste d'une main sur l'épaule, Pygmalion s'adresse d'une voix tranquille au gorille à poil blanc :


Holà, pas si vite, peut-être quelqu'un voudrait-il encore se joindre à nous ? Attendez un peu et préparez votre mise, enfin...

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