Dirigé de Rurik :
Avant d’ouvrir la porte plus avant, le prêtre pose une main refermée ferme et bienveillante contre la tienne, et alors qu’il desserre les doigts, tu peux sentir un petit objet tomber dans le creux de ta paume, laissant l’espace d’un instant un frisson familier te courir le long du corps. En regardant de plus près ce qu’il t’a offert, tu peux voir qu’il s’agit d’une sorte de talisman à porter en collier, mais tu n’as guère le temps de t’attarder sur les détails, car déjà, ton guide te transmet ses dernières paroles alors qu’il termine de tirer le lourd pan d’acier, seul obstacle entre toi et la poursuite de ta quête :
« Puissiez-vous être digne de Yuia Rurik. »Sur ce, ce que masquait l’imposant panneau de métal décoré se dévoile, et tu es soudainement comme attiré à l’intérieur de la pièce par une force supérieure à toi pour te retrouver plongé dans un environnement qui pourrait laisser croire que tu es tout à coup retourné à Nosvéria. Autour de toi, des rafales hivernales mugissantes soufflent, charriant leur lot de flocons qui viennent se déposer sur toi de toutes parts et font voler tes cheveux, et au lieu de fouler le sol lisse et couvert d’un petit liseré de neige propre du temple, tes pieds se retrouver à s’enfoncer littéralement jusqu’à mi-mollet dans une poudreuse épaisse qui n’est pas sans être désagréable et handicapante, même pour un habitué de ce genre de terrain tel que toi.
A perte de vue, il n’y a que des tourbillons de neige, et en te retournant, tu peux voir qu’au lieu de la porte que tu avais auparavant franchie, il n’y a qu’un rectangle vaguement lumineux qui se détache à peine du paysage digne des régions de Nosvéris les plus sauvages et les plus dénudées. A part le hululement du vent glacé, aucun son n’est audible, que ce soit celui d’un arbre qui chute ou d’un animal qui crie… mais soudain, un son presque incongru vient troubler cette atmosphère : un hurlement de rire dément qui se prolonge durant quelques secondes avant que les paroles suivantes ne résonnent au loin, devant toi :
« Ensemble ! Pour toujours ! Personne ne me l’enlèvera ! Personne ! »