Le trajet pour rentrer sur Bouhen fut court et paisible. Il fallait maintenant retrouver la trace de cet alchimiste. Je me rappelai le bout de papier sur lequel était inscrite son adresse. Je le sorti de ma poche.
« 15 rue du chat sauvage »
Je levai la tête, prenant conscience que je marchais sans savoir où j’allais dans une petite ruelle déserte. Je revins sur mes pas.
(Je devrais trouver du monde sur l’artère principale… il faut que je demande mon chemin.)
Arrivé sur la grande rue, on m’indiqua facilement la rue du chat sauvage, qui n’était apparemment pas trop éloignée. En effet, j’y arrivai après 5 bonnes minutes. Les maisons étaient grandes et espacées. Cet apothicaire devait posséder une petite fortune pour se loger dans ces quartiers. Après avoir trouvé le numéro 15, je frappai. Un homme vint m’ouvrir, un domestique visiblement.
« Oui ? »
« …. J’ai ramené les feuilles de Gloam à Mr. Doneso. »
« Ah ! Très bien ! Rentrez ! Rentrez ! Ysas va être très content ! »
Il appelait son maitre par son prénom, ce qui me surprit. Il me pria de m’assoir sur un des deux canapés centraux du salon qui étaient séparés par une jolie table basse en acajou. Nous avions traversé un petit vestibule d’entrée où étaient pendus vestes, manteaux et autres vêtements pour arriver dans cette pièce. Le plafond assez haut portait un imposant lustre de verre et quatre chandelles étaient réparties dans les coins de la pièce carrée. Les murs, tapissés de pourpre, soutenaient de grands tableaux qui représentaient, tous sans exception, une scène naturelle. Montagne, vallée, forêt et plaine. Quand Doneso arriva, mon attention était tournée vers l’œuvre représentant la forêt. Cela représentait bien le genre de petit bois effrayant de l’extérieur, mais merveilleux de l’intérieur, que j’avais visité cet après midi.
« Belle œuvre n’est-ce pas ? »
Je me retournai, surpris :
« Euh… oui ! En effet…. »
Il sourit discrètement et s’assit en face de moi.
« Alors… ces fruits de Gloam, j’aimerai les examiner, si vous le voulez bien. »
« Bien sûr, tenez, ils sont à vous »
« Merci » Il ouvrit mon sac et en sortit les fruits, il les sentit. Après les avoir reposé délicatement sur la table, il déclara :
« Vous savez, la nature peut quelque fois engendrer la destruction, la souffrance et la mort… mais quand, par exemple, je sens ces fruits, je me dis qu’elle engendre aussi beaucoup de merveilles… »
(Hum… cet humain et peut-être plus intéressant qu’il en à l’air…) J’hochai la tête affirmativement.
Il se leva violemment.
« Bon, comme promis, je vais vous conduire à votre chambre, suivez-moi ! » Il me redonna mon sac, je pris mon arc posé contre le fauteuil et lui emboitai le pas. La maison était vaste. Un couloir nous mena à un escalier. L’étage comprenait les chambres, 4 en tout. Celle qu’il m’ouvrit était spacieuse, décorée du même style que le salon.
« Voila… j’espère que vous passerez une bonne nuit ici. Voulez-vous laver vos vêtements ? »
« Oui, avec plaisir »
« D’accord, vous trouverez des affaires de rechanges dans la commode. Descendez moi les vôtres au diner, à 20h00. Euh… pour finir, Ivan, mon domestique est en train de vous remplir un bac d’eau si vous voulez vous laver. A tout à l’heure ! » Il ferma la porte derrière lui. J’étais de nouveau seul. Je ne savais plus vraiment quoi penser de cet homme. Il était ignorant, sans aucun doute, mais sa phrase sur la nature qu’il avait prononcée dans le salon relevait d’une philosophie qui me plaisait. Aussitôt m’être lavé, il fallut me rendre au dîner.
La table était mise dans le salon, avec des couverts pour trois. (Ca alors, je n’ai pourtant pas vu de femme dans la maison, le domestique mangerait-il à la table du maitre ?) Doneso m’invita à m’assoir en face de lui et le domestique pénétra dans le salon avec plusieurs plats. Il les disposa soigneusement sur la table et s’assis à nos cotés.
"Servez vous, Grande Personne, servez vous ! » Je m’exécutai. Il engagea la conversion :
« Alors, je ne vous ai même pas demandé votre nom ? »
« Ce…Amàndir »
(Que l’enfer tourmente ce rîte…)
« Parfait ! Eh bien, Amàndir… que faites vous en contrées humaines ? » Ce qui ce passait en mon fort intérieur était très étrange. Cet humain n’avait prononcé que trois phrases depuis le début du repas, et pourtant, une certaine confiance, une affection, grandissait en moi tel un bourgeon bien arrosé. Je lui racontai rapidement mes péripéties depuis mon réveil sur la plage. Il me regarda fixement et posa délicatement ses couverts sur la nappe :
« Êtes-vous sincère ? »
« Tout à fait, vous en doutez ? »
« Non, non, absolument pas ! Mais je dois dire que c’est… surprenant, pour moi, humain »
« Mais… ça l’est aussi pour moi, croyez le ! »
« Mais ça l’est sans doute plus pour moi. Vous savez, nous les humains, possédons très peu de coutumes, à part quelques commémorations qui, soit dit en passant, servent plus souvent à donner des jours de congé qu’a perpétuer un souvenir. Je trouve votre situation très intéressante, car elle en dit beaucoup sur votre peuple… » Il était animé d’une excitation fébrile, d’une passion, comme s’il ne faisait plus qu’un avec son discours, ses pensées, ses idées. Il continua, gagnant en assurance et me fixant droit dans les yeux.
« En effet, à première vue, un regard superficiel pourrai laisser entendre que les Elfes Gris ne sont pas soucieux de leurs confrères, qu’ils sont près à les laisser errer dans la nature, seuls, en proie à tous ses dangers… mais… mais en réfléchissant un peu plus en profondeur, ce « laisser aller » est en fait, sans doute, une méthode d’apprentissage. »
« … Quel apprentissage ? »
« La vie, mon ami, l’apprentissage de la vie ! »
C’était à mon tour de rester bouche bée. Et dire que j’avais méprisé cet humain, que je l’avais trouvé sans intérêt. J’avais honte de moi. Mon père avait tort, tous ceux qui pensaient comme lui avait tort. Les humains n’étaient pas dénués de réflexion, en tous cas, pas tous… et surtout pas celui qui se trouvait devant moi. J’avalai une bouchée du délicieux morceau de poulet qui se trouvait dans mon assiette.
« Je dois avouer que je n’avais pas réfléchi dans cette optique… »
« Vous savez, je pense que, lorsque qu’on réfléchi sur un sujet, cette réflexion peut être assimilée à une exploration, et vous savez, pour ne laisser aucun endroit inconnu, il faut marcher dans toutes les directions. »
Le repas passa vite, tandis je l’écoutai délibérer sur l’ensemble de la démarche scientifique des autres savants. Il m’expliqua notamment que la majorité courrait naturellement à la cause des faits sans s’inquiéter de leur vérité.
Je montai me coucher rapidement, car j’étais épuisé.
Le lendemain, alors que je pliai mes bagages, il rendit visite dans la chambre.
« Bonjour, voici les 70 yus » Je pris la bourse qu’il me tendit.
« Ou allez vous aller maintenant ? »
«… Je ne sais pas »
« La chose la plus difficile pour une personne comme moi, c’est de comprendre la magie. De comprendre ce qui la compose, son pourquoi, sa raison d’être. Que diriez-vous de vous diriger vers Shory ? »
« Vous avez encore une tache pour moi ? », répondis-je avec un ton ironique.
« Oui ! Suivez-moi en bas si vous le voulez bien. »
Sur la table du salon étaient posés 5 flèches et une armure de cuir.
((( C'est ce que j'ai gagné pour la correction de mon dernier RP )))
Il sortit une enveloppe de sa poche.
« Cette enveloppe contient une grande partie de mes recherches sur la magie. Je voudrais que vous l’apportiez à un collègue Hobbit, résidant à Shory » Je n’avais nulle part où aller, il allait sans doute mes faire cadeau des ces flèches et de cette armure. Je décidai d’accepter.
« C’est d’accord »
« Bien ! Prenez ça, ça vous sera plus utile qu’a moi » Comme prévu, il me fit signe de mettre l’armure de cuir. Elle était bien à ma taille et était déjà plus esthétique que ma vieille veste déchirée.
« Ces flèches ont été enchantées par un de mes amis, la douleur en est d'autant plus grande."
Je rangeai les flèches dans mon carquois.
« Eh bien ! Vous avez fière allure ! »
« Merci pour tout, vraiment. »
Le domestique apparut, avec mes bagages. Je pris mon sac et mon arc.
« Je vous souhaite bonne route mon ami, faites bien attention à cette lettre, j’ai passé jours et nuits sur ces recherches. » Je me dirigeai vers la sortie, pressé de me mettre en route. Je me retournai pour faire les derniers adieux :
« Encore une fois merci pour votre hospitalité. »
« Mais de rien, Grande Personne ! Au revoir ! »
« Au revoir ! », me lança aussi le domestique.
Je franchis le pas de la porte.
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Celatarion alias Amàndir, Elfe Gris, Archer
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