L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Les Cachots - Mbando
MessagePosté: Ven 31 Oct 2008 21:53 
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Les cachots - Mbando


C'est ici que sont enfermés les Shaakts, Orques, Gobelins et autres persona non grata que trouvent les gardiens de Cuilnen en leur forêt. On y conduit également les voleurs et crapules qui nuisent à la Cité. Le lieu est sombre, situé sous terre, et le régime y est strict. Les Hauts-Elfes chargés de la sécurité se relaient et les prisonniers qui ne sortent jamais de leur cellule n'ont droit qu'à un repas par jour. Il est arrivé que le feu Roi, et maintenant la Reine, accordent la grâce à un prisonnier, mais seul le souverain de l'Anorfain y est habilité.

Vous pouvez une fois par jour rendre visite à une personne enfermée. Votre discussion ne sera pas surveillée, car les lieux sont sûrs et nul ne craint une évasion.

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 Sujet du message: Re: Les Cachots - Mbando
MessagePosté: Sam 21 Avr 2012 15:23 
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- Emprisonnée dans ma propre ville natale, par les miens et à cause des miens ...

Soupira Pénélope qui, apparemment stupéfaite parce qu'il venait de se passer, n'arrivait toujours pas à croire que Lorgar ait pu la trahir. C'était l'un de ses meilleurs amis, pourquoi aurait-il fait ça ? Quel intérêt y aurait-il trouvé à le faire ? Elle retournait la question dans son esprit mais ne parvenait pas à trouver une réponse logique.

Assise dans l'un des angles de sa cellule, sur la maigre planchette de bois qui lui servait de couchette, elle avait replié ses genoux et se tenait la tête avec sa main gauche. Quelle grave erreur avait-elle fait en allant lui parler de la véritable raison de sa venue. Mais en même temps, aurait-elle pu s'en douter ? Surement pas, parce qu'elle lui faisait confiance !

Elle avait froid et faim, mais elle n'avait rien pour se chauffer et le repas, bien qu'elle ne se fasse pas d'illusions à ce sujet, n'était pas encore servis. Pour couronner le tout, la pièce dans laquelle elle se trouvait était noire et humide, elle qui aimait le soleil pour sa lumière et sa chaleur. Incommodée, discréditée et trahie, on ne pouvait pas dire que son état psychologique était brillant. Elle était en colère et en premier contre elle-même pour la stupidité dont elle avait fait preuve.

Qu'allait-il se passer maintenant ? Qu'est-ce qu'il adviendrait d'elle et de Fear ? Et le médaillon ? Qu'était-il devenu lui aussi ? Où se trouvait-il ? Tout semblait désormais perdu et c'était de sa faute, ça, elle le savait. Cependant, ce qui la tourmentait le plus dans cette descente aux enfers, ce n'étaient ni le médaillon ni la trahison dont elle avait été victime, non, ce qui la tourmentait le plus, c'était l'inertie du guérisseur noir.

Ce dernier se trouvait dans la cellule juxtaposée à la sienne, et d'ailleurs, car possédant un mur en commun, il y avait une sorte d'ouverture entre les deux qui ressemblait à une fenêtre carrée, de petite taille, mais dépourvue de volets, ces derniers étant remplacés par des barreaux en fer.

Il était lui aussi assis sur sa couchette mais il avait adopté une posture bien différente de celle de l'Elfe. D'une part, il était assis au milieu de la planche, donnant dos au mur, et avait posé ses pieds au sol, et d'autre part, il avait le dos droit mais la tête cependant baissée. Les coudes appuyés sur le milieu de ses cuisses, il avait croisé ses mains en creux et les avait rapprochés de son visage, sans toutefois les coller. Par ailleurs, il semblait réciter quelque chose, mais le ton de sa voix était si faible qu'il fallait vraiment tendre l'oreille juste à côté de lui pour distinguer le charabia qu'il marmonnait.

Sa cellule était semblable à celle de Pénélope mais la différence était qu'il semblait bien plus à l'aise qu'elle en ces lieux si peu hospitaliers. En même temps, pour quelqu'un qui avait passé sa vie dans des sombres ruines, c'était compréhensible. Depuis qu'ils avaient été conduits ici, ils ne s'étaient pas adressés un seul mot. Et cela troublait l'Elfe blanche qui s'attendait à une réaction, ne serait que d'hostilité, de sa part, chose qui ne fut pas. Elle décida donc d'engager la conversation.

- Tu dois m'en vouloir ... En même temps, tu as toutes les raisons du monde pour ça. Mais je ne veux pas que tu te trompes, ce n'était pas voulu. Je n'avais pas l'intention de tout faire capoter ou de te trahir en allant raconter notre " histoire " à Lorgar. D'ailleurs, je n'avais pas du tout l'intention de la lui raconter. C'est juste que ... Que ... Que j'avais trop bu ... Et que, comme je m'en voulais de lui avoir mentis, j'ai tout balancé. Mais je pensais qu'il était digne de confiance ! C'était un de mes meilleurs amis ! Si j'avais su qu'il me trahirait, je l'aurai tué sur place !

Voilà qui lui faisait une belle jambe. Qu'est-ce qu'il pouvait bien en avoir à faire désormais ? Se cacher derrière des excuses aussi minables que celle-ci ne faisait que l'enfoncer.

- Et de toutes les façons, il s'est passé ce qu'il aurait dû se passer, ça ne pouvait pas arriver autrement. Peut-être que, quelque part, il ne fallait pas qu'on se lance dans ce périple. Peut-être fallait-il que le médaillon reste à sa place et que l'on fasse comme s'il n'existait pas ...

S'ils n'étaient pas partis le chercher, c'est le Comte qui s'en aurait chargé. Non, ce qu'il ne fallait pas, c'est que Fear accepte de la laisser l'accompagner. S'il s'en était chargé seul, comme il l'avait voulu au départ, rien de tout ceci ne serait jamais arrivé !

- Le voyage avait depuis le tout début mal commencé de toutes les façons. Rien que par la participation des deux poupées. Elles en ne nous ont rien apportés de bon et n'ont fait que nous mettre des bâtons dans les roues. Et puis ensuite, il y a le fait qu'on ne se soit jamais vraiment entendu ... Peut-être que si on avait été plus compréhensif l'un envers l'autre, on aurait pu éviter ça.

Elle marquait un point en effet. Mais la partie était loin d'être gagnée car c'était surtout elle qui avait refusé de comprendre le guérisseur noir, et pas l'inverse. Il se souvenait encore de ses dires et de la blessure, tant physique que mentale, qu'elle lui avait affligé. Bien qu'il ne lui reproche rien, il avait été bien plus compréhensif envers elle qu'elle n'aurait pu se l'imaginer. Et elle n'avait pas non plus chercher à comprendre le point de vue des deux Aniathys, ne faisant alors que lui compliquer la tâche avec ses sautes d'humeurs et son hostilité, bien que cela soit, au final, justifié.

- Je reconnais que j'ai une part de responsabilité là-dedans. Je n'ai peut-être pas forcément était très correcte avec toi mais ... C'est que je n'ai pas été très correcte avec moi-même depuis le début.

Que voulait-elle dire par là ? Voilà une phrase qui capta l'attention du Fear.

- On ne se connaissait pas avant que tu ne viennes me libérer. Je ne t'avais jamais vu et tu ne m'avais jamais vu. Mais mon Père m'avait beaucoup parlé de toi et de l'histoire de nos deux familles notamment. J'ai cru comprendre que t'étais un grand ami de Papa mais ce que j'ai mis du temps à comprendre, c'est pourquoi, malgré cette amitié, tu n'as pas voulu entretenir le contact.
- ...
- Ce que j'ai vécu après la mort de mon père m'a marqué, cela a été traumatisant pour moi. J'avais tout perdu du jour au lendemain et dans des conditions effroyables. Quand j'ai compris que tu avais fait tout le chemin de chez toi jusqu'à Lùinwë seulement pour me sortir du pétrin, je n'ai pas tout de suite pris conscience de la réalité. J'ai été plutôt ingrate et colérique sur le moment, mais c'était parce que la blessure était encore fraîche. Mais, si j'ai refusé de te laisser y aller seul, ce n'est pas que pour le motif que je t'ai énoncé.
- ...
- Je savais que si tu y allais, je ne te reverrais plus, parce que tu retournerais aussitôt de là d'où t'étais venu, une fois l'affaire réglée. Et cette idée m'était insupportable parce que ... Enfin, je sais que ça pourra te paraître stupide, mais c'est que sur le moment, je me suis dit que t'étais la dernière chose que mon Père m'avait légué ... Et je n'avais pas envie de te perdre. J'ai cru voir en toi ce qu'on m'avait ôté ... Tout comme, à mon avis, tu avais cru voir en Evangelina quelque chose de semblable.


Pertinent ... Ces dernières paroles surprenaient le guérisseur noir au plus haut point. Comment était-elle parvenue à comprendre ça ?

- Mon père était fier de te compter parmi ses proches et il le serait encore plus s'il voyait ce que tu as fait pour moi. Mais il est mort maintenant. Et en voyant tes réactions face à mes agissements, j'en suis arrivé à une conclusion qui m'a sur le coup sapé le moral. Tu as été très patient malgré tout ce que j'ai fait, je t'ai pas facilité la tâche et je t'ai même forcé à me suivre à plusieurs reprises, contre ton gré, mais dans le fond, si tu es encore là, c'est que tu tiens à moi.
- ...
- Mais ce qui m'a démoralisé, c'est que j'ai compris, cette nuit là, que ce n'était grâce à moi mais ... C'était pas égard à mon Père ... Je me trompe ?
- ...
- Et c'est ce qui explique que tu ne veux pas me parler. J'ai de la valeur pour toi grâce à Richard. Si tu as parlé à Evangelina, en revanche, c'est parce que l'affection que tu lui portais provenait directement de toi, pour ce qu'elle est elle et non pour ce qu'était quelqu'un d'autre. Et je pense que ça, toi-même tu as eu du mal à le comprendre parce que ... Ça te faisait peur. Tout comme reconnaître l'amitié qui t'unissait à Richard te faisait peur.


Fear ne savait pas Pénélope aussi psychologue que ça. Il était intrigué et troublé même par ses dires. Comment était-elle parvenu à le comprendre ?!

- Tu souffres, ça je le vois bien. Et c'est à cause de ça que tu n'as pas voulu être franc avec toi-même et reconnaître qu'il et elle représentaient quelque chose pour toi. Cette nuit-là, quand j'ai compris ça, j'avais l'impression que je ne sourirais plus jamais parce que dans l'histoire, je suis la seule qui, dans le fond, tu n'aimes pas réellement. C'est peut-être sincère pour toi mais ce n'est pas pareil pour moi, c'est comme une illusion ...
- ...
- Mais moi, j'avais vu en toi mon père et c'est pour ça que je me suis immédiatement attachée à toi. Tu lui ressembles bien plus que tu ne le penses. Et ... Je pense que tu dois te douter que si j'ai mal réagi lorsque j'ai appris que lorsque Evangelina allait venir avec nous, c'est parce que, dans le fond, j'étais jalouse. Jalouse d'elle et de la relation qu'elle avait avec toi. J'avais l'impression d'être délaissée, j'avais l'impression qu'elle me volait quelque chose, qu'elle me volait ... Mon père peut-être ? Où du moins son image.


Effarant ... Tout simplement effarant. Fear était vraiment surpris par ce qu'elle disait. Mais, il se doutait bien aussi de l'intelligence de cette Elfe et de comment elle pouvait s'en servir, aussi ne se réjouit-il pas plus que ça à l'entente de ces propos. Ils étaient certes véridiques mais ils n'excusaient en rien ce qu'elle avait fait. Il ne fallait pas confondre.

Mais, Pénélope se leva de se place et, attrapant les barreaux de l'ouverture de ses deux mains, elle rajouta ...

- Mais je pense que tout ceci n'a plus vraiment d'importance aujourd'hui. Peut-être que si je m'étais confiée plus tôt, les choses auraient pu se passer autrement. Ce que je veux que tu saches, c'est que ma souffrance a commencé depuis que ma Mère est morte et qu'à partir de ce moment, elle n'a cessé de grandir, même si je l'ai dissimulée. À nos heures, elle est insupportable mais je sais qu'elle n'a pas encore atteint son apogée.

Je ne sais pas quand est-il de la tienne mais je sais qu'elle doit être comme Enfer et Paradis par rapport à la mienne. T'es en colère contre moi, même si tu ne me le montres pas, et c'est ça qui me fait peur. Je comprends que tu m'en veuilles et que tu veuilles même te venger, qui sait, mais ce que je te demande, c'est de ne pas me rejeter pour ce que j'ai fais, parce que si tu venais à le faire, je pense que je trouverai plus de réconfort en la mort qu'en la vie ...


Fear n'eut aucune réaction. Il ne bougea pas de sa place et ne prononça pas un seul mot. Il savait ce qu'il allait se passer et ce qu'il lui restait à faire. D'ailleurs, les derniers propos de Pénélope expliquait en partie pourquoi il serait préférable qu'elle meure ...

Mais devant son inertie et sentant une brûlure la gagner, l'Elfe passa sa main droite au travers des barreaux, comme pour la tendre au guérisseur noir.

- S'il te plait Fear, ne m’abandonne pas ...

Dit-elle d'une voix assez chargée. Elle la lui tendu pendant un long moment mais ... Il n'en fut rien. La réponse de Farrell était très claire et elle l'avait compris. Elle retira alors sa main et, dépitée, retourna s'asseoir à sa place, se terrant à son tour dans le mutisme. Il eut un moment de silence après quoi Fear reprit ses prières, comme si de rien n'était. Cependant, et même si particulièrement concentré, il put l'entendre sangloter ...



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Dernière édition par Fear Farrell le Sam 15 Juin 2013 19:31, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Cachots - Mbando
MessagePosté: Ven 27 Avr 2012 15:37 
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Infamie [:attention:]

[:attention:] Ce post contient des descriptions gores. Âmes sensibles s'abstenir. [:attention:]

L'ambiance était totalement différente. L'atmosphère était plus lourde, plus chaude... Et il n'y avait pas un bruit. Evangelina entendait encore quelques cris venant de l'extérieur, mais rien ne venait des cachots, pas même un toussotement, ou la plainte d'un prisonnier.

L'Aniathy regarda autour d'elle. Tout était moins beau qu'à l'extérieur. Les murs étaient nus et sales, les flammes des lampes vacillaient sous un faible et constant courant d'air, projetant des ombres étranges sur les murs. Une petite table faisait face à la porte, abimée mais apparemment solide. Dessus, une bougie à l'agonie semblait attendre qu'on la change. Elle était accompagnée d'un gros livre ayant déjà vécu, ouvert à une page à moitié manuscrite.

Evangelina prit le livre et le retourna. Il s'agissait du registre des prisonniers. Elle regarda les noms, écrits d'une main ferme et rapide, qui figuraient en bas de la liste. Fear et Pénélope étaient donc bien ici. Il ne restait donc plus qu'à trouver les cachots 14 et 16.

L'Aniathy emprunta l'escalier aussi exiguë que déformé, plongeant dans les profondeurs, doucement, en essayant de faire le moins de bruits possible. Elle n'avait plus beaucoup de temps, elle le savait. Elle avait prit son temps pour savourer le sang du garde, et même si elle ne regrettait nullement les sensations qu'elle avait ressenties, elle devait maintenant ne plus se laisser distraire.

L'escalier était très long, et d'étranges rainures de quelques centimètres allaient du sol au plafond, à intervalle régulier, et des deux côtés. Evangelina fronça le sourcils. Il fallait qu'elle fasse attention. S'il y avait si peu de gardes pour la défense, c'est qu'ils ne craignaient pas une fuite. Et il devait y avoir une bonne raison à cela.

Elle avança donc prudemment, en faisant attention au moindre de ses mouvements. Mais il ne se passa rien, et elle arriva en bas de l'escalier sans encombre. Cet escalier aboutissait dans une grande salle, très grande salle, au murs et au sol nus et sales. A certains endroits des traces plus sombres laissaient présager quelques combats de prisonniers, ou pire. Il faisait assez sombre, les deux lampes ne permettant pas d'éclairer toute la pièce.

Mais Evangelina sourit faiblement. Tout le long des murs, à intervalles réguliers, des ouvertures étaient percées, fermées par des porte à barreaux permettant de voir dans les cellules sans que le prisonnier puisse s'enfuir. Il n'y avait aucun garde à l'horizon, et aucun bruit. Evangelina commença à regarder dans les cellules, une part une, mais il n'y avait aucune trace de Fear ou de Pénélope.

Elle fronça le sourcils et tourna les yeux vers la porte en bois qui faisait face l'escalier, sur le mur opposé à ce dernier. Y avait-il d'autres salles ? Elle n'en savait rien, mais cela expliquerait pourquoi il n'y avait que des clochards et des pocherons dans ces cellules... Evangelina s'approcha doucement de la porte, mais n'eut pas le temps de l'ouvrir. Ce fut un garde qui le fit pour elle, et elle se plaqua contre le mur, tout prêt de la porte, prête à frapper dès que le garde serait de dos.

Et cela ne mit pas longtemps, le garde ne l'ayant apparemment ni vu ni entendu. Elle se concentra et sauta dans le dos du garde, enfonçant sa lame dans la faille que faisait son armure au niveau de la hanche. Le garde poussa un râle de douleur et tomba à genoux, les mains sur sa blessures, son arme rebondissant sur le sol dans un fort bruit de métal. Evangelina ne lui laissa pas le temps de crier, en lui enfonçant son couteau dans le menton. Puis elle le retira et s'accroupit instinctivement, laissant le corps mort s'effondrer sur le sol.

"Vous, que... ! Restez où vous êtes !"

Evangelina ferma les yeux, déçue d'elle même. Elle avait foncé sans réfléchir, et maintenant elle était dans de sales draps. Elle se releva et se retourna, prête à réagir au moindre mouvement du garde. Mais celui-ci ne bougea pas. D'ailleurs, aux vues de l'armure, ce n'était pas un garde mais une garde. Evangelina sentait le sang couler sur ses doigts, elle le porta donc à ses lèvres, ne voulant pas perdre l'occasion de ressentir ces sensations sans égales...

"Tu... Evangelina ?!"

L'Aniathy fronça les sourcils. Pourquoi connaissait-elle son nom ? D'ailleurs, sa voix résonnait encore dans sa tête. Une voix lointaine, oubliée, appartenant à ce passé qui avait disparu dans les flammes... Une voix douce...

Le garde, retira son casque, sans pour autant baisser sa garde...

"Arhya..."

La vois de l'Aniathy n'était pas pleine de compassion. C'était plutôt de l'agacement, de l'exaspération. Elle fut étonnée en la reconnaissant, mais cela ne lui fit aucun bien. Ce fut plutôt même le contraire.

"Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Pourquoi... tout ce sang ?""

Evangelina serra le couteau dans sa main et fronça encore les sourcils, prête à bondir.

"Tu ne devrais pas être ici. Tu n'aurais pas du venir. Ce qui se passe te dépasse complètement..."
"Mais... Pourquoi... Pourquoi l'as-tu tué ?"
"Il est mort, et son sang vit encore... en moi..."

Arhya fronça les sourcils.

"Que t'est-il arrivé ?"

Evangelina ne répondit pas. C'était assez douloureux et récent pour qu'elle le garde en elle. Ce n'était en en parlant que le gouffre disparaitrait, pensait-elle.

"Larhe, où est..."

Evangelina bondit en avant, sautant à la gorge d'Arhya qui ne parvint qu'à mettre ses bras devant elle pour se protéger. Elle n'avait pas à parler de Larhe, elle n'en avait pas le droit, et salissait son nom... Elle poussa un cri de douleur lorsque que le couteau lui transperça le poignet, et elle tomba en arrière. Evangelina suivit le mouvement et se retrouva sur elle, la plaquant au sol et poussant sur le couteau.

Elle n'avait pas réussi à la tuer d'un coup, et ne l'avait blessé qu'à la main. Un combat risquait d'être très difficile, Arhya étant plus forte qu'elle. D'ailleurs elle commençait à sentir le couteau reculer, et décida d'arrêter. Elle n'avait aucune chance de la vaincre de cette manière. Elle fit donc une roulade sur le côté, retirant on couteau de la main d'Arhya qui gémit, et se releva directement, regardant la pièce dans laquelle elle venait atterrir.

Il s'agissait de la même pièce que la précédente, sauf que la porte qui faisait face à l'Aniathy n'était plus en bois mais en fer.

Arhya s'était mise à genoux, et Evangelina regarda plus précisément autours d'elle, il y avait autant de cellules que dans la précédente et...

"Evangelina ?"

Un femme était agrippée aux barreaux d'une des cellule, à quelques mètres d'elle. Evangelina la reconnu immédiatement, malgré son visage fatigué et ses yeux rougis, sûrement par des larmes.

L'Aniathy s'approcha de la cellule.

"Il faut que tu nous libères ! On est innocents !"
"Je vous ai vu piller cette tombe. Je ne suis pas là pour vous libérer. Je suis là pour parler à Fear."
"Tu... Nous a suivit ?"

Evangelina ignora la question.

"Où est-il ?"
"Il.. Juste à côté. Mais il ne veut plus me parler, il... Maudit Torgar."
"Arin !"

Evangelina réagit très rapidement. Elle avait oublié Arhya qui venait de se relever. Elle ne chercha pas à savoir qui était Arin, elle se jeta sur Arhya et la plaqua contre le mur, la main contre sa gorge,.

Il y eut un gargouillement, et les yeux d'Arhya se révulsèrent brièvement. L'Aniathy sentit son liquide vital couler le long de sa main, et ses effluves remonter vers son nez. Elle ferma les yeux un moment mais se reprit. Elle n'avait plus le temps. Elle recula et laissa Arhya glisser contre le mur, doucement...

"Je suis morte hier, je ne vis que pour revivre..."

Elle se retourna et se dirigea vers la cellule de Fear. En passant devant celle de Pénélope elle reprit sa discussion.

"Ton ami est mort..."
"Que..."
"Qui a les clefs ?"
"Moi, et vous ne les aurez pas !"

EVangelina se retourna, et plongea tout de suite sur le côté, esquiva un coup de hache qui frappa le sol de plein fouet, passant à quelques centimètres d'elle. Elle se releva dès que possible et regarda celui qui avait parlé. Il devait s'agir d'Arin, et du chef des gardes aussi... Il est grand et fort, Evangelina n'avait aucune chance de s'en sortir sans tricher un peu. Elle commença à manipuler magie, à l'appeler en elle, discrètement, en essayant de ne pas fermer les yeux. Mais il ne la laissa pas faire et elle dû replonger sur le côté. Elle remarqua qu'il était plus lent qu'elle. C'est cette faiblesse qu'elle devait utiliser.

Elle fonça dans la salle d'où il venait, et se cacha derrière la porte, accroupie, serrant fortement son couteau contre elle. Le garde ne mit pas longtemps à arriver dans la pièce, et s'arrêta à l'entrée, la cherchant sûrement du regard. Elle n'osa pas bouger. Elle n'allait pas avoir d'autre chance. Et soudain elle entendit un craquement et sentit des débris lui tomber sur la tête. Elle leva les yeux et vit le bras de Arin tenant la hache qui venait de faire une entaille de plus d'un centimètres dans le mur.

Elle ne réfléchit pas plus longtemps, une grosse faille s'offrant à elle. Elle ne pensa pas la chance qu'elle avait eu d'être accroupie. Elle ne se dit pas qu'elle n'avait pas du tout anticipé le coup à l'aveugle du garde. Elle ne pensait qu'à une chose, l'aisselle du garde grande ouverte. Elle se leva d'un coup et y enfoncer le couteau aussi profondément qu'elle pouvait. Il y eut un hurlement de douleur, et un flot de sang s'écoula le long du bras de l'Aniathy. Elle attendit quelques secondes que la hache tombe au sol puis retira son couteau. Le garde tomba à genou. Elle lui attrapa le menton par derrière et lui trancha la carotide sans hésitation.

Elle était couverte de sang, et se lécha les doigts. Puis elle fit rouler le garde sur le sol, difficilement étant donné son poids, avant de le fouiller et de finalement trouver les clefs des cellules. Puis elle se releva, et s'immobilisa. Elle fixa le corps du garde, inerte, baignant dans son sang. Elle regarda sa main, elle aussi couverte de sang.

Elle ferma les yeux et oublia. De toute façon, ça ne posait pas de problème. Elle n'existait plus, et il était mort. Si il ne pouvait vivre, personne n'avait le droit de vivre.

Finalement elle rouvrit les yeux et se retourna pour aller voir Fear.

Le médaillon [:attention:]

_________________
Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...

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Merci à Itsvara

« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. »
Jean Ray



Dernière édition par Evangelina le Ven 13 Juil 2012 12:51, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Cachots - Mbando
MessagePosté: Ven 27 Avr 2012 21:16 
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Elle pleurait, gémissait et sanglotait. Elle ne s'arrêtait pas et ne semblait pas non plus se retenir. Ce n'était pas tant à cause de la réponse du guérisseur noir mais plutôt à cause de sa ruine car elle n'avait désormais plus rien. Ni argent, ni foyer et ni famille, ni amis, son dernier " soutient " venant de lui fausser compagnie.

Elle était maintenant seule, désarmée et désemparée. Livrée à ses ennemis, elle n'avait plus ni les moyens, ni la force de les combattre et c'est bien ça ce qui la faisait souffrir. Qu'est-ce la rattachait encore à ce bas monde ? Pourquoi devrait-elle continuer à vivre si ce n'était que pour souffrir et voir les autres souffrir ? Ses larmes exprimaient toute sa tristesse, toute sa douleur. Elle n'en pouvait plus et ne voulait plus de rien.

Plongée dans ses idées sombres et dans son désarrois, elle ne fut interrompue que par un cri retentissant. Elle ne comprit pas tout de suite ce qu'il se passait mais se doutait bien qu'il provenait de l'extérieur. Ses yeux encore rouges, elle se leva et se rendit près de la porte de sa cellule où elle put apercevoir Evangelina et une garde blessée au poignet.

Elle n'avait pas vraiment besoin qu'on lui fasse un dessin, Evangelina tenait une dague à sa main et elle était couverte de sang, elle comprenait clairement que c'était elle qui était responsable de la blessure de la garde et aussi l'interpella-t-elle, quelque peu surprise par sa présence.

La poupée se rapprocha des barreaux, l'Elfe lui demanda de la sortir d'ici, lui expliquant rapidement qu'ils étaient innocents. Mais l'Aniathy rétorqua qu'elle n'était pas venu les libérer et qu'elle les avait vu piller une tombe dans le cimetière. Pénélope était surprise, alors elle les avait suivis bien qu'elle lui avait demandé de rester à l'auberge ? Elle lui posa la question, peut-être espérait-elle se tromper mais la poupée l'ignora et lui demanda où se trouvait Fear. Il était juste à coté, et il était totalement absorbé par ses prières au point qu'il ne se soit même pas rendu compte, ou plutôt, qu'il n'est pas prêté d'importance au raffut provoqué par la poupée.

Cependant, il entendit L'Elfe informer la poupée à propos de ce qu'il faisait. Elle pensait qu'il était en train de maudire Lorgar. Quelle idée, il avait des choses bien plus importantes à demander que de perdre son temps à maudire ce traître.

Mais voilà que la jeune Fille, apparemment, qu'avait blessé Evangelina s'était relevée. Elle avait d'ailleurs crié un nom mais la poupée ne perdit pas plus de temps que ça et fonça sur elle, la plaquant contre le mur en la tenant à la gorge. Pénélope, tout comme Fear, put entendre un gargouillement et une masse lourde tomber lentement au sol. Était-elle morte ? Ils n'en savaient rien.

Pénélope était assez choquée par le comportement de la poupée. Elle était d'habitude si douce et si gentille. Qu'est-ce qu'il avait bien pu se produire pour qu'elle en arrive à assassiner sauvagement cette Femme ? D'ailleurs, était-elle la seule qu'elle eut tué ? Probablement pas, ce que Evangelina confirma d'ailleurs en annonçant à l'Elfe que Lorgar était mort.

Pénélope comprit tout de suite que c'était elle qui l'avait tué mais l'Aniathy ne lui laissa pas le temps de parler. Elle lui demanda où se trouvaient les clés. Mais la réponse ne vint pas de l'Elfe mais d'un Homme à la voix pour le moins tonitruante. Peut-être ce " Arin " que la garde avait appelé ? Quoi qu'il en soit, il s'en pris directement à la poupée de part sa lourde hache qu'il agitait avec une facilité déconcertante. Pénélope put l'entrevoir, il était grand et fort, imposant même, mais il était cependant lent ce qui représentait un gros point faible pour lui et un avantage de taille pour son adversaire petit et rapide.

Le combat fut rapide mais intense. Evangelina s'était enfui dans la pièce d'où venait l'Homme, de là, Pénélope ne put pas suivre la scène mais elle put comprendre ce qu'il s'était passé lorsqu'elle entendu le garde hurler et s'effondrer à son tour. Quelque peu terrifiée par ce qu'elle venait de voir, L'Elfe se demandait si cela n'aurait pas été préférable de rester enfermée plutôt que de devoir s'exposer à un danger aussi fourbe que cette poupée.

Mais cette dernière ne lui laissa pas le choix. Elle venait de récupérer les clés des cellules sur le garde mort. Elle se dirigea vers la cellule de Fear mais, bizarrement, elle ouvrit d'abord celle de Pénélope. Elle hésita à sortir mais la poupée ne rentra pas dedans. Peut-être ne lui voulait-elle pas de mal en fin de compte ? Quoi qu'il en soit, il était préférable de ne pas l'énerver et aussi sortit-elle de sa cellule. De toutes les façons, elle se disait que Fear aussi sortirait et que donc, elle ne serait pas toute seule avec elle ... Grossière erreur.

Evangelina ouvrit la cellule de Farrell sans s'attarder davantage sur l'Elfe qui gardait un silence pour le moins forcé. Elle ouvrit grand la porte et aperçu le guérisseur noir, effectivement assis dans sa cellule. Ce dernier n'avait pas changé de position et ne semblait pas faire attention à Evangelina, n'ayant nullement réagis lorsque cette dernière eut ouvert sa cellule.

L'Aniathy conserva le silence un moment, un court moment, mais prit finalement la parole, d'une voix qui surprit une fois de plus Pénélope. Une voix calme et plutôt cordiale.

- Ta liberté est juste derrière moi. Tu n'as juste qu'à répondre à ma question et je te la rendrais.

Elle attendait une réponse de sa part, elle aussi. Mais, et peut-être à sa plus grande déception, Fear ne lui répondit pas tout comme il n'avait pas répondu à Pénélope. Il ne bougea pas non plus d'un poil. C'était comme si elle n'existait pas. Il continuait de prier, en silence cette fois-ci, et ne prêtait pas attention à la poupée. Cette dernière d'ailleurs laissa un moment s'écouler, on ne savait jamais, mais elle fut bien forcée de constater qu'il n'avait pas l'intention de lui répondre. Elle décida tout de même de la lui poser, peut-être serait-ce diffèrent cette fois-ci.

- Pour quelle raison m'as-tu amené ici ?

Là aussi elle laissa un moment s'écouler mais elle n'eut aucun retour, pas le moindre geste et pas le moindre mot. Il n'eut réagis en rien, chose qui avait d’ailleurs comme effet d'énerver l'Aniathy qui rétorqua en haussant le ton.

- Mais répond moi !!!

Lui hurla-t-elle dessus en avançant d'un pas. La colère pouvait se lire sur son visage, tout autant que la haine et une certaine douleur. Ce visage si doux ... Quel dommage. Mais Farrell, nullement impressionné, ne lui répondit toujours pas.

- J'ai failli y laisser ma vie pour te retrouver !

Qu'est-ce que le guérisseur noir pouvait bien en avoir à faire qu'elle eut failli y laisser sa vie ? Lui avait-il demandé quelque chose ? Surement pas. Cela dit, quelque chose l'interpella discrètement, la voix de la poupée s'était soudainement chargée. Pas de haine mais plus de tristesse et ses yeux commençait déjà à briller. Il se rendit bien compte que quelque chose de grave pour elle s'était produit mais quoi ? Sans émettre le moindre signe, il constata que Larhe n'était pas avec elle, chose qui n'était pas normale.

Il ne mit pas bien longtemps pour comprendre qu'il lui était arrivé un malheur. Et, en combinant son observation aux fait que Evangelina est probablement tué Lorgar, il put déduire que ce dernier devait être la cause de sa disparition ou même, de sa mort. Mais tout ceci était secondaire pour lui et il ne réagit pas plus que les fois précédentes. Aussi la poupée, devant son inertie, se mit à s'approcher lentement de lui, levant doucement son bras dans les airs.

Elle tenait une dague dans sa main et Farrell savait pertinemment ce qu'elle avait l'intention de faire avec mais, aurait-elle le courage, ou plutôt, la stupidité de le faire ? Fear n'avait pas peur d'elle et il avait déjà terrassé des adversaires bien plus coriaces qu'une poupée quelque peu envahie par la haine. Il la désarmerait en moins de temps qu'il lui en faudrait pour la neutraliser. Mais, il ne fit rien. Immobile, il la laissa approcher, doucement. Il attendrait probablement le dernier moment pour réagir, le moment où elle s'attendrait le moins à une réaction défensive de sa part, le moment le plus opportun donc.

Cela dit, elle n'eut pas le temps d'y arriver car elle dut bien vite faire demi-tour car elle pouvait entendre la garde s’ébruiter de plus en plus près. Il ne fallait pas qu'elle reste ici où elle y passerait surement. Elle jeta un dernier regard au guérisseur noir et s'en alla aussi vite qu'elle était venue. Pénélope, hésitante d'abord, la suivi et finalement, elles quittèrent toutes les deux la pièce, laissant Fear seul à sa place, la porte cependant ouverte.

Farrell laissa passer un moment puis, étrangement, tourna lentement sa tête vers la porte et il se mit à la fixer sans dire un mot. Certes, il était silencieux mais ce n'était pas le cas de son esprit. Il avait une certaine hantise concernant Pénélope, peut-être même une certaine culpabilité et cela depuis qu'il était arrivé ici. Certes il ne lui avait pas répondu et certes il lui avait fait comprendre qu'il s'était détachée d'elle mais ... Pourquoi ? Parce qu'il savait ce qu'il allait se passer et il savait qu'elle allait et devrait mourir ici.

Cependant, il n'avait cessé d'implorer la clémence du seigneur à son sujet de part sa longue et imperturbable prière et voila que désormais, la porte de sa cellule était grande ouverte. Maintenant, il ne fallait pas qu'il se précipite. Cela pouvait très bien dire que sa prière avait été entendue comme cela pouvait être un piège qui lui était tendu. Personne n'est à l'abris de la tentation ...

Réfléchissant en silence, il se demandait ce qu'il devait désormais faire. Sortir de sa prison et aller contrecarrer Evangelina ou rester à l'intérieur et se soumettre à la volonté divine ? Choix difficile pour lui car d'autant plus dangereux. Il hésitait et ne parvenait malheureusement pas à se décider. Aussi se résigna-t-il à la solution la plus simple.

" Que dois-je faire Seigneur ? "

La réponse ne se fit pas attendre. À peine eut-il terminé de poser sa question qu'un cri retentit. Il était lointain mais il était parvenu jusqu'à ces oreilles, ce qui renseignait clairement le guérisseur sur sa puissance et donc sur sa nature. Mais ce qui le décida, c'est qu'il reconnut la voix de Pénélope. À un moment il se dit que c'était insensé car sa vision était très nette mais pourtant, il n'avait pas le sentiment de faire fausse route. Maintenant, il s'était fait confiance plus d'une fois et cela lui avait déjà coûté très cher. Alors s'agissait-il de clémence ou se faisait-il une fois de plus une illusion ?

Il n'avait plus le temps d'y réfléchir et aussi prit-il l'initiative de sortir de sa cellule. Cela dit, le calme dont il faisait preuve était tout de même étonnant. En supposant que Pénélope soit aux prises avec Evangelina, la situation serait quand même très grave et urgente, pourtant Fear semblait prendre son temps. Quelque part, c'était un trait de caractère chez lui.

Il repoussa alors la porte et s'en extirpa totalement. Seulement, à peine fut-il sortis que son regard croisa celui de cette Femme que Evangelina avait neutralisé. Farrell pensait qu'elle était morte, mais apparemment non. Cela dit, il n'y avait pas une grande différence entre son état actuel et la mort, peut-être une histoire de virgules. Elle était assise d'une façon bizarre, dos contre le mur, et avait beaucoup de sang sur ses habits. Elle ne bougeait plus mais sa respiration, quoi que très faible et saccadée, était audible, du moins, pour les oreilles de Fear.

Elle le regardait, le fixait même. Elle ne parlait pas mais son regard était très expressif. Vitreux et instable, il ne semblait dire qu'une seule chose, aide moi ! Mais, elle ne devait surement pas savoir que Farrell était un guérisseur. Peut-être s'agissait-il là de désespoir, ce qui la pousserait à lui demander de l'aide sans même savoir s'il pourrait la lui fournir.

Quoi qu'il en soit, on pouvait dire qu'elle était chanceuse. Le guérisseur noir s'approcha alors d'elle et observa en premier lieu sa blessure. Elle était blessée à la gorge et avait beaucoup saigné. Cela dit, la blessure, bien que très grave, n'était pas assez profonde pour être mortelle. Agenouillé, il se mit dans un premier lieu à réciter une prière que l'Elfe, malgré son ouïe fine, ne comprit guère. Elle était longue, très longue même, mais la blessure était très grave ! S'il voulait la soigner de façon efficace, il devrait donner beaucoup.

Mais les cris lointains ne cessaient pas et bien au contraire, ils ne semblaient que s'amplifier, tant en puissance qu'en nombre, il lui fallait donc faire vite. Finalement, il souffla dans ses mains et cacha la vue de la garde de sa main gauche, alors que sa main droite se déposa sur sa blessure. Cette fois-ci, il ne la frotta pas avec vivacité mais se contenta de la " caresser fermement ". Il fit un seul passage, très lent et très minutieux. Mais le résultat était là, la plaie s'était refermée.

Cependant Fear sentit son être s'alourdir d'un seul trait. C'était le prix à payer mais heureusement, il avait eu le temps de se reposer en cellule. Il dévoila ensuite la vu du garde. Cette dernière l'observa un instant, presque choquée, puis toucha son cou et constata que sa blessure avait disparu.

Même si elle allait mieux, elle se sentait faible et son poignet était toujours invalide. Mais Fear ne préférait pas le soigner, il devait réserver des le plus gros de ses forces, car il en allait en avoir besoin sous peu. Elle se releva malgré tout et, le regardant, elle lui adressa ces quelques mots.

- Merci. Sans ... Sans vous j'y passais ...
- ...


Elle s'étonna de ne pas voir le guérisseur noir lui répondre. Mais un cri particulièrement assourdissant vint l'extirper de sa fascination sur le sombre personnage qu'était Fear.

- Il faut qu'on aille l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard ! Venez avec moi, je connais ces cachots mieux que quiconque !

Dit-elle en lui attrapant la manche et en le tirant pour l’entraîner dans sa course. Se servant de l'amplitude des cris pour s'orienter, elle lui fit néanmoins faire un détour par l'armurerie où elle put s'équiper d'une hallebarde " légère ". Par ailleurs, elle lui rendit son bâton que les gardes lui avaient confisqués ainsi que sa bague, pensant qu'elle pourrait peut-être lui servir, il fallait qu'elle mette le maximum de chance de leur coté !

Reprenant ensuite sa course, elle se rapprocha bien vite de leur source et put constater avec stupeur qu'ils provenaient du bureau de son supérieur. Mais il s'agissait là d'une voix de Femme ... Et par ailleurs, elle ne l'entendait pas non plus, lui serait-il arrivé malheur ?

Elle voulut entrer mais Fear la retint et lui fit signe de se taire. Elle s'était faite vaincre une fois, pourquoi pas deux ? Il se plaça en tête et bien qu'elle ne comprenait pas trop ce qu'il faisait elle ne chercha pas à lui opposer une résistance. Farrell se rapprocha lentement de la porte, sans faire le moindre bruit. Longeant le mur, il passa discrètement sa tête par la porte pour observer l'intérieur de la pièce ... Et ce qu'il vit lui arracha tout simplement le coeur.

Pénélope était allongée là, couverte de sang, d’hématome et de blessures toutes plus graves les unes que les autres. Elle avait beaucoup d'ouvertures, beaucoup de plaies béantes et ses articulations, en particuliers, semblaient dans un état lamentable. Son visage était couvert de fines et longues ouvertures et il semblait comme " épluché " par endroit. D'ailleurs, elle avait beaucoup de sang dans la bouche et ne bougeait presque plus.

Il désormais hors de question de faire marche arrière pour lui. Même si des doutes avaient subsistaient jusqu'à présent, ils s'étaient maintenant envolés. S'il fallait qu'il meurt en tentant de l'épargner, et bien soit ! Ça ne serait que justice rendue !

Mais, par chance, Evangelina tournait le dos à la porte. À califourchon sur l'Elfe, elle semblait être en train de lui affliger une autre blessure, vu le sang qui se déversait au sol. Farrell se positionna discrètement derrière elle et, levant son bâton, il se rapprocha minutieusement de la poupée, sans faire le moindre ni bruit ni le moindre faux pas. Elle était concentrée sur sa sale besogne et ne s'était pas rendue compte qu'une ombre grandissante était en train de la recouvrir. Tant mieux !

Le guérisseur noir, sous l'oeil inquiet de la garde, dirigea la pointe de son bâton vers le cou de la poupée et plus particulièrement, vers la pierre qui se trouvait dessus. Il ne savait pas pourquoi mais son instinct lui disait de frapper à cet endroit là. Etant une poupée, les coups et blessures ordinaires ne lui feraient rien, pour une fois que sa raison et son instinct étaient d'accord, il n'allait pas les décevoir !

Le coup devrait être rapide et précis afin d'être efficace. L'Aniathy venait de lever la dague dans les airs, apparemment, elle s'apprêtait à donner le coup de grâce à l'Elfe, mais Fear fut le plus rapide. En un coup sec, il frappa cette pierre de la pointe de sa canne et en son strict milieu. Elle ne se fissura pas et ne se raya pas, mais l'Aniathy lâcha subitement sa dague, en même temps qu'elle courbait son dos en arrière.

Fear réagit au quart de tour et donna un coup franc sur le flanc gauche de la poupée avec le manche de son bâton, ce qui la fit se dégager sur la droite. Pénélope désormais libérée de la poupée, il se saisit immédiatement de sa dague et adopta une posture défensive, prenant le soin de se positionner devant l'Elfe. Il la regarda droit dans les yeux, un court moment, certes, mais qui lui parut une éternité. C'était pire qu'un confrontation, c'était un règlement de compte.

- Ose.

Lui dit-il sur un ton froid, sec et menaçant, voir même oppressant. L'adrénaline fusait dans tout son être, ce n'est pas qu'il avait peur d'elle mais, se rendant compte de la présence du médaillon à son cou, il se méfiait grandement de sa fourberie ...



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Dernière édition par Fear Farrell le Sam 15 Juin 2013 19:32, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Cachots - Mbando
MessagePosté: Dim 29 Avr 2012 23:59 
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Arhya [:attention:]

[:attention:] Ce post contient des descriptions gores. Âmes sensibles s'abstenir. [:attention:]

Elle allait pouvoir poser ses questions. Elle allait enfin savoir pourquoi, comment... Elle retourna dans la salle des cellules, ne faisant pas attention à ce que contenait la salle dans laquelle reposait le garde.

En pénétrant dans la pièce, son regard se posa brièvement sur Arhya qui reposait au fond sa la pièce. Elle n'eut pas une once de remord, aucun regret, rien. En fait elle n'y pensa même pas. Elle y repenserait plus tard. Arhya faisait partie de son passé, de ce passé qu'elle venait de perdre et qu'elle devait retrouver, de ce passé pour lequel elle se battait...

Son regard se porta sur la cellule de Fear, mais elle décida de s'occuper d'abord de Pénélope. Elle n'était plus rien pour elle, ni ennemi, ni amie, rien... Elle pouvait la tuer n'importe quand, sur un coup de tête, et cela ne la gênerait pas. Mais elle n'en avait ni l'envie, ni la raison. Elle se sentait indifférente à son égard, et n'avait donc aucune raison de la laisser mourir. Du moins pour le moment... Elle était proche de Fear, et cela la rendait un peu supérieure au reste du monde.

Elle s'approcha donc de la porte et glissa la clef dans la serrure, avant d'ouvrir la porte, sans un mot. Puis elle se détourna sans faire plus attention à l'Elfe blanc. Elle se plaça devant la cellule de Fear et le regarda un instant. Il était immobile, et semblait prier. Du moins c'est ce qu'Evangelina pensait, n'ayant aucun moyen de savoir ce qu'il pensait.

Il devrait sûrement être heureux qu'elle vienne le libérer. Mais il ne bougeait pas. C'était étrange, c'est comme s'il n'avait pas remarqué ce qu'il se passait, comme s'il n'avait pas entendu les cris des gardes, les corps s'effondrer... L'Aniathy fronça les sourcils et ouvrit la porte. L'ignorait-il ?

Elle s'avança dans la cellule, serrant la dague dans sa main. Il se passait quelque chose. Elle savait qu'il ne l'aurait pas ignorer avant. Il n'aurait pas ignorer la mort d'homme devant lui. Il ne l'aurait pas ignorer elle. Elle devait compter à ses yeux, il devait sûrement ressentir quelque chose pour elle. Il ne pouvait lui parler comme il l'avait fait, lui laisser participer à sa prière et la protéger ainsi s'il n'avait pas pour elle un quelconque attrait. Mais pourquoi ne l'avait-il plus ? Que s'était-il passé dans cette forêt pour qu'il la rejette ainsi ?

Evangelina fronça un peu plus les sourcils. Elle se sentait triste. Non, pas triste, mais trahie... Pourquoi ? Qu'avait-elle espéré ? Qu'avait-elle vu en lui ? Elle n'en savait rien. En fait, elle ne s'en rappelait plus... C'était son passé, et il était mort avec Larhe...

"Ta liberté est juste derrière moi. Tu n'as juste qu'à répondre à ma question et je te la rendrai."

Il ne répondit pas. Il ne devait pas comprendre ce qu'il se passait, ce qu'elle était, ce qu'elle pouvait faire... Il ne fallait pas qu'il se trompe, il ne fallait pas qu'il la trahisse. Il ne serait plus rien pour elle, moins que Pénélope, même moins qu'Arhya. Et elle n'aurait aucun scrupule, aucun...

"Pour quelle raison m'as-tu amenée ici ?"

Il ne bougeait pas. Evangelina baissa les yeux. Elle ne s'était pas attendu à ça. Elle voulait savoir et il ne lui apprenait rien. Elle voulait comprendre et il ne lui expliquait rien. Il venait de dégringoler dans son cœur, de disparaitre de sa tête, de se séparer de son âme. Il la trahissait, et elle ne lui pardonnerait pas...

"Mais répond moi !!!"

Mais il ne répondait pas, ne bougeait pas, comme s'il n'était qu'un statue. Et cela énervait profondément l'Aniathy qui serra davantage encore la dague dans sa main. Il était intelligent et attentif, elle l'avait remarqué à maintes reprises. Il devait avoir compris ce qu'elle avait fait. Et il devait savoir qu'elle ne s'arrêterait pas pour lui, pas après ça...

Elle lui avait hurlé à la figure, évacuant cette tristesse qui l'habitait, cette haine et cette douleur qui la torturait. Elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Mais elle les refoula.

"J'ai failli y laisser ma vie pour te retrouver !"

Et cela ne semblait pas l'émouvoir. En fait, il l'ignorait complètement, comme s'il ne la voyait pas, comme si elle n'était pas là... Pourquoi faisait-il ça ? De quel droit se permettait-il de lui infliger ça, alors qu'elle venait le libérer ! Il fallait qu'elle lui montre, qu'il sache...

Elle s'approcha de lui doucement, consciente qu'il l'avait sûrement vu. Mais il pouvait rien lui faire. Elle n'avait plus rien à perdre, plus aucune raison de le voir vivre... Elle leva doucement la dague au dessus de sa tête, se préparant à frapper cet être indigne de vivre.

De quel droit vivait-il, ce traitre sans cœur et sans voix, cet être sombre, qui ne valait pas la moitié de Larhe. Pourquoi lui laissaient-ils le droit de vivre alors que Larhe ne l'avait plus ? Pourquoi ?!

Mais elle se retourna brusquement. Pénélope était là, inquiète, à la regarder sans oser réagir. Mais ce n'était pas ça qui l'avait surprise. C'était le vacarme qu'elle venait d'entendre, venant de la porte en haut de l'escalier, et n'engageant rien de bon.

Elle jeta un dernier regard à l'inconnu, un regard froid, plein de dédain, de mépris, puis s'élança dans la pièce dans laquelle reposait le corps d'Arin. Elle fut surprise de voir que Pénélope la suivait, mais n'en tint pas compte.

Les gardes arrivaient, ils n'étaient pas vraiment discrets avec leurs armures métalliques et leurs longues hallebardes. Mais ils devaient être nombreux. Ils avaient sûrement trouvé les corps de Liliana et du traitre. Et celui du garde à l'entrée n'avait fait qu'augmenter leur colère et leur méfiance.

Evangelina étudia rapidement la pièce dans laquelle elle se trouvait. Il n'y avait qu'une seule issue autre que celle d'où elle venait, elle n'avait donc pas vraiment le choix. Le reste n'était que meuble en bois, sans décoration, mais elle n'avait pas le temps de les fouiller. Elle s'engouffra donc par la porte qui faisait face à celle de la pièce aux cellules et s'arrêta. Il y avait deux couloirs, et elle n'avait aucune idée duquel prendre. Elle se retourna et regarda Pénélope.

"C'est moi qu'il cherche. Ça va peut être t'étonner mais à l'heure actuelle tu es la seule personne de qui je ne souhaite pas la mort. Donc fuis, je vais les attirer. Aller !"

Pénélope semblait surprise, il y avait de quoi. D'un autre côté elle avait été sincère, et elle ne voulait pas qu'elle meurt. C'était étrange, elle avait toujours besoin de quelqu'un, sur qui s'appuyer, quelqu'un qu'elle voulait protéger...

Mais sa réflexion fut très vite coupée par le vacarmes des gardes qui se rapprochaient. Evangelina intima du regard à Pénélope d'obéir, puis attendit quelques secondes, avant de s'élancer dans le couloir de droite. Elle s'avançait en trottinant, faisant à la fois attention ou elle marchait et où elle allait.

Elle arriva finalement dans une grande salle circulaire. Elle ne mit pas longtemps à comprendre que c'était la salle de torture. Des machines en bois et en métal, couvertes de sang, de nombreuses étagères recelant d'outils plus ou moins insolites et aiguisés, des tâches sombres sur le sol, même sur les murs.

Il n'y avait personne, et surtout, la pièce était pleine de piliers. Il y avait 6 piliers, symétriquement placés en cercle autours de la salle. Evangelina ne s'attarda sur aucun éléments de la pièce. Elle s'était détachée de tout. Une seule chose l'intéressait : les piliers qui occupaient la pièce. Ils étaient sa porte de sortie, son issue de secours...

Elle regarda derrière elle, puis elle traversa la pièce pour se mettre dos au pilier opposé de l'entrée de la pièce. Elle s'agenouilla et serra sa dague contre sa poitrine. Puis elle attendit. Il n'y avait qu'une seule solution, et si elle passait à côté, elle n'aurait pas d'autre chance. Et elle espérait qu'ils ne soit pas beaucoup.

Elle ferma les yeux. Elle n'avait plus rien à perdre, au pire, si elle disparaissait aujourd'hui, elle rejoindrait Larhe. Il devait être quelque part, à l'attendre. Et elle l'y retrouvera bientôt, que ce soit par la mort ou la résurrection.

Elle se concentra. Enfin, ce n'était pas vraiment ça. Elle fit le vide en elle, arrêtant de penser, arrêtant même de réfléchir. Elle laissa son corps s'imprégner de sa magie. Elle sentait cette puissance qui l'habitait prendre le contrôle de chacun de ses membres. Pour s'en sortir, elle devait mettre toutes les chances de son côté, quitte à en souffrir après.

Puis elle s'immobilisa et attendit. Elle n'attendit pas longtemps, du moins ce fut son impression. Il y un cliquetis d'armure, des bruits de pas, puis :

"Elle est sûrement là ! Il faut l'attraper !"

Evangelina ouvrit les yeux, prête à réagir aux moindres signes de faiblesses. Quelque chose allait finir dans ces cachots, que ce soit sa vie, les restes de son passé, ou même son esprit, qui peut-être allait sombrer dans ce désir de sang et de souffrance... mais à tout cela elle ne pensait pas. Tout son être était focalisé sur les bruits de pas qui se faisaient entendre.

Ils ne devaient pas être plus de trois, mais étaient prudent, et surtout, stratégiques. Deux d'entre eux contournaient le cercle de pilier, l'un par la droite et l'autre par la gauche. Le troisième passait par le centre, aux aguets.

Elle écouta les bruits qui l'entouraient, essayant de déterminer lequel des gardes arriverait le premier. Idéalement, elle savait comment cela devait se passer. Et elle espérait profondément que cela se passerait comme prévu. Et soudain, ce fut le moment.

Le garde du milieu venait d'arriver à hauteur de son pilier. Elle n'avait pas le nuit pour agir, et il ne fallait pas qu'elle se rate. L'effet de surprise était son seul avantage. Si elle se ratait, elle était morte. Et même si elle réussissait, elle n'était pas sûre de survivre aux deux autres gardes.

Elle pivota donc sur son pied, se mettant face au garde, puis se propulsa en avant pour arriver au niveau du garde qui recula d'un pas, plus par surprise qu'autre chose. Evangelina se releva, attrapant le bras du garde et lui enfonça la dague dans l'aisselle, profondément.

Le garde hurla et lâcha son arme qui tomba sur le sol dans un bruit assourdissant. Evangelina retira sa lame et pivota sur elle même pour faucher la garde qui tomba sur le sol. Finalement elle s'agenouilla en enfonçant son arme dans la nuque de sa victime qui arrêta de gémir. Evangelina resta un instant immobile, obnubilée par l'odeur du sang qui enivrait son esprit de plus en plus corrompu. Mais les autres gardes n'étaient pas restés immobiles face à ce qu'il venait de se passer, même si la surprise et une pointe de peur éclairaient leurs visages.

Evangelina vit la suite au ralentit. Elle était agenouillée, couverte de sang à côté du corps d'un garde qui n'avait rien vu venir, dont la vie avait disparu avant même qu'il ait pu réagir. Les deux autre lui fonçaient dessus, l'arme prête à frappé, le regard plein de colère fasse à la mort de leur camarade. Et il fallait qu'elle réagisse, vite.

Elle se jeta en avant, vers le pilier qui l'avait dissimulé jusque là. Puis elle se cacha derrière, agenouillée. Elle savait qu'elle n'avait pas disparue, mais cela avait fonctionné pour Arin, peut être qu'elle aurait de nouveau de la chance.

Elle n'avait encore trouvé que deux failles dans leurs armures : l'aisselle et la gorge. Et elle n'allait pas pouvoir tuer les deux gardes de cette manière. Et elle n'avait pas le temps de réfléchir. Par contre, elle avait sa magie. Et cela pouvait grandement l'aider. Elle prépara cette puissance qui l'habitait, qu'elle ne savait pas encore maitriser mais qui pouvait la sauver, et ouvrit les yeux.

Elle se jeta en avant et se retourna aussi vite qu'elle le put. Ils étaient là, chacun d'un côté du pilier. Leurs armes étaient levées, prêtes à être abattues sur l'Aniathy. Leur visages étaient plein de haine, de désir de vengeance.

Evangelina se concentra et étendit ses bras devant elle, mettant chacune de ses mains en face d'un des gardes. Elle canalisa sa magie, fermant les yeux pour se concentrer. Et elle libéra cette magie qui l'habitait. Elle sentit sa magie se diriger vers ses épaules, puis dans ses bras, jusqu'à aller dans ses doigts. Puis deux vagues d'ombre s'échappèrent de ses doigts et s'élancèrent vers les gardes qui les reçurent de plein fouet.

Leurs armes s'abaissèrent doucement, comme s'ils étaient pris de fatigue, et leurs visages assombrirent. Evangelina n'allait pas rater l'occasion et s'élança en avant, frappant dans les failles des armures. Sa dague volait dans les airs, ensanglantée, et donna la mort sans hésitation. Les deux corps s'écroulèrent, et Evangelina resta là, immobile, ses pieds baignant dans le sang encore frais des gardes. Puis elle s'accroupit et porta une main hésitante sur la gorge de l'un deux, plongeant ses doigts dans le sang qui s'en écoulait. Et elle se lécha les doigts.

C'était si doux, si exquis, ce goût de vie perdue, de peur et de douleur. Elle adorait cette sensation, ce goût qui lui faisait sentir qu'elle revivait, qu'elle pouvait encore vivre. Cette sensation sans laquelle elle n'était qu'une ombre, sans pensée ni réflexion.

Elle se releva doucement. Il fallait qu'elle sorte d'ici, c'était devenu trop dangereux. Il fallait qu'elle fuit cette ville et qu'elle n'y revienne jamais. Et pour cela, il fallait qu'elle sorte des cachots.

Elle se retourna et sortit de la salle de torture par une petite porte en bois. Elle s'engouffra dans un petit couloir aux murs nus. Mais très vite elle s'arrêta. Elle venait d'arriver dans un couloir un peu plus grand que le précédent, et percé d'une porte en métal, légèrement ouverte, d'où perçait une lumière vacillante.

L'Aniathy s'approcha silencieusement, intriguée par cette pièce. Elle approcha doucement son œil et poussa légèrement la porte pour voir ce qu'elle contenait. Elle ne voyait pas la totalité de la pièce, mais un bureau, couvert de dossiers, et un homme, plutôt bien coiffé, assez corpulent, et complètement absorbé par son travail. Mais quelque chose attira le regard de l'Aniathy. Un médaillon, sans grand attrait visible, mais qui semblait briller d'une lueur intérieure.

Evangelina fronça les sourcils. Elle devait voir ce médaillon de plus près. Elle poussa la porte, petit à petit, sans faire de bruit, sans que l'homme ne la remarque. il ne portait pas d'armure, il ne semblait pas être garde. Ce devait être un bureaucrate. Elle ne devrait avoir aucun problème pour se saisir du médaillon.

Mais il releva soudain la tête. Il y eu un moment de flottement, pendant laquelle ni lui ni l'Aniathy ne bougèrent. Mais cette dernière fut la première à réagir. Elle se leva et s'élança vers le bureau, sur lequel elle sauta. Son adversaire tenta de se lever mais elle lui sauta dessus, le faisant tomber en arrière. Il y eut craquement alors que sa nuque se brisait sur le dossier, mais Evangelina n'eut eu cure. Elle saisit le médaillon et le tira sèchement, brisant le lien qui le maintenait au cou de la victime.

Evangelina ne parvenait pas à en détacher le regard. Elle devait le garder, il était important, très important. Elle avait besoin de lui, elle ne devait pas le perdre...

Evangelina le serra dans sa main. C'était étrange, pourquoi se sentait-elle obligé de le garder ? Elle n'en savait rien, mais c'était comme ça, elle ne pouvait rien y changer. Et personne n'avait le droit de lui prendre, personne...

"Evangelina ? Qu'est-ce... C'est quoi ça ?"

Evangelina se retourna. Pénélope venait d'entrer dans la pièce. Et apparemment, elle avait vu le médaillon. L'Aniathy fronça les sourcils, et mis sa dague en évidence. Seul le médaillon comptait, elle ne l'aurait jamais, quoi qu'elle fasse.

"Que veux-tu ?"
"Ce médaillon, tu dois me le donner. Il faut le détruire !"
"Pourquoi veux-tu me le prendre ?"
"Il est dangereux."

Pénélope s'avança, et Evangelina réagit au quart de tour. Elle lui attrapa le bras et lui planta la dague dans le coude. L'elfe blanc hurla, mais Evangelina l'ignora. Elle l'obliga à se mettre à genoux et retira la dague de la blessure.

"Tu ne me le prendras pas !"

Evangelina s'agenouilla derrière elle et lui attrapa les cheveux.

"Tu m'as prit Fear, tu m'as prit Larhe, tu ne me prendras pas ça !"

Elle lui planta la dague dan l'épaule, la faisant crier de nouveau. Elle pleurait, mais cela faisait du bien à l'Aniathy. C'était assez étrange, elle avait besoin de cette souffrance, plus que tout à l'heure, comme si d'un coup cette faim était apparue.

Elle retira sa dague et lâcha Pénélope qui s'écroula sur le sol. Puis elle la retourna sur le dos et l'enjamba, s'agenouillant par dessus elle. Elle approcha ses lèvres de son oreille, bloquant d'une main son bras encore valide.

"Je vais te faire payer, pour ce que tu m'as fait."

Elle approcha sa lame du ventre de Pénélope, puis l'enfonça brusquement dans ce corps mou. Pénélope hurla un instant, mais s'arrêta vite alors qu'Evangelina posait ses lèvres sur les siennes.

"Tu es bien celle que je pensais. Dommage que tu ne sois pas ce que j'attendais..."

Pourquoi avait-elle dit ça ? Elle n'en savait rien, c'était comme si elle devait le dire... Elle n'y pensa pas longtemps, l'oubliant rapidement.

"Désolé, mais tu vas mourir."

Evangelina retira la dague du ventre de Pénélope et l'approcha de sa gorge. Mais elle ne pu pas mettre un terme à sa vie. Une sensation étrange, intense, comme une explosion, apparut subitement au niveau de sa nuque. Elle rejeta la tête en arrière, cette sensation très douloureuse se répandant rapidement dans tout son corps. Un choc sur le côté la fit basculer. Elle secoua la tête, mettant quelques secondes à se remettre du choc, puis releva la tête, prête à se battre.

Elle écarquilla les yeux. C'était Fear, en position de combat, qui l'avait empêché de tuer Pénélope. Il l'avait donc trahit pour de bon.

"Ose."

Elle ne bougea pas, elle ne savait que faire. Elle attendit que Fear réagisse. Allait-il vraiment oser l'affronter ? Elle ne pensait qu'il avait ce courage. Mais il était entre elle et la porte, et il fallait qu'elle sorte...

Séparation

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Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...

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« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. »
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 Sujet du message: Re: Les Cachots - Mbando
MessagePosté: Lun 30 Avr 2012 19:12 
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Qu'allait-elle faire et qu'avait-elle fais ? Ces deux questions résumaient assez bien ce à quoi Fear pensait à ce moment. Il continuait de la fixer, même si elle ne pouvait le voir, et se maintenait en état d'alerte, le plus que possible, ne relâchant pas sa garde d'une seule seconde. Cette poupée, autrefois innocente, était surement devenue un monstre pour en arriver à infliger de pareils supplices à un être vivant ! Et la présence du médaillon à son cou ne faisait qu'aggraver les choses.

Fear resserrait son arme dans ses mains. Il avait coincé la dague de la poupée entre sa main droite et son arme. Il s'attendait à une réaction de sa part et son cerveau était en train d'examiner toutes les issues possibles pour en préparer les ripostes à l'avance. Il était cependant sur d'une chose, même désarmée, elle restait dangereuse. Le moment était très bref mais pourtant, ce qu'il put lui paraître long ! Il avait l'impression qu'il s'éternisait et qu'il ne finirait jamais, mais pourtant il ne s'agissait que de quelques secondes, le court laps de temps qu'était un temps de réaction.

La poupée, alors au sol, se releva finalement, dans un geste qui suggérait clairement son humeur. Elle était en colère, c'était sur, mais elle semblait aussi étonnée, voir déçue. Mais, déçue de quoi ? Cela interpella bien le guérisseur noir mais il rejeta cette interrogation, ce n'était pas le moment d'être distrait ! Elle l'observa elle aussi, un court instant, le défiant du regard, puis, soudainement, elle s'élança vers lui.

Elle fut rapide, très rapide même, à tel point que son bond pouvait être comparable à celui d'un félin mais cela n'était pas suffisant et le retour ne se fit pas attendre. Fear fit voler son bâton à l'horizontale, lui donnant alors un coup en pleine joue et la faisant, par la même occasion, dévier de sa trajectoire. L'être de bois partit s'échouer contre le mur pour finalement retomber au sol.

Farrell se mit aussitôt de face, s'il y avait bien une chose qui ne devrait pas arriver, c'est qu'elle puisse l'attaquer autrement que de devant. Elle se releva bien vite, secouant un peu la tête, puis fixa de nouveau le guérisseur noir. Elle se mit alors à faire quelques pas sur sa gauche, décrivant une ligne circulaire puis, faisant semblant de s'immobiliser, elle s'élança de nouveau ne visant pas le front cette fois-ci mais le flanc gauche.

Fear tenta de la bloquer en plaçant son bâton de sorte qu'il lui fasse barrage sur sa hauteur, mais d'un coup pieds habile sur le sol, elle put modifier sa trajectoire au dernier moment, occasionnant ainsi un second rebond, et passer au travers du barrage en se serrant sur la gauche encore plus.

Désormais derrière-lui, elle se redressa bien vite fit un nouveau saut mais plus en hauteur cette fois-ci. Elle visait le dos de Fear mais ce dernier s'était retourné et finalement, elle s’agrippa à sa nuque. Rapide, elle lui mordu cette dernière essayant tant bien que mal d'enfoncer ses dents dans sa chair. Farrell, sous l'effet soudain de la douleur, relâcha d’abord son arme puis attrapa la tête de la poupée, glissant une main sur son visage et une autre sur son menton.

Forçant sur l'articulation, il tenta d'ouvrir la mâchoire d'Evangelina afin de la faire lâcher prise. Se retenant par la même occasion d'hurler, la poupée put néanmoins le voir serrer les dents, tant par son gémissement étouffé que par la contraction de ses muscles. Il mit tout de même un moment avant de trouver la bonne accroche mais une fois cette dernière acquise, défaire l'entrave de l'être de bois ne lui fut pas bien difficile.

Une fois cette dernière détachée, il la repoussa de sa nuque et tenta de la détacher complètement. Mais, solidement agrippée, il ne parvint pas à la faire chuter mais juste à la faire balancer en arrière en forçant sur le haut de son torse. Finalement, il serra son poing droit et donna un coup supplémentaire sur sa tête, à la joue gauche cette fois-ci. La poupée, sous la force du choque, tourna la tête vers la droite mais ce lâcha pas prise. Il fit alors revenir son coude en arrière et percuta encore une fois l'Aniathy en pleine figure.

Peut-être était-elle sonnée, car il sentait bien que son accroche se faisait de plus en plus molle, mais cela n'était toujours pas suffisant pour la faire descendre. D'autant plus que sa main et son coude lui faisaient, désormais, horriblement mal. Mais, et à sa grande surprise, la poupée réagit et en geste pour le moins furtif, elle passa ses deux jambes autour de son cou, en s'aidant de ses mains pour les redresser, formant ainsi une constriction.

Farrell avait la respiration tout simplement coupée et étant en phase d'expiration au moment où la strangulation débuta, il n'avait que quelques secondes pour se sortir de là. Il lâcha donc la poupée et attrapa ses deux chevilles, coincées entre elles derrière sa nuque, et tenta de les écarter afin de se libérer. Cependant, Evangelina profita de cette occasion pour se redresser et marteler son visage avec ses poings.

Fear étouffait, il sentait ses muscles s'engourdir à une vitesse incroyable, ce qui n'était pas une bonne chose vu qu'il avait besoin de pas mal de force pour se défaire de son emprise. Et son visage, exposé, le faisait ainsi souffrir, il n'arrivait plus à se concentrer sur son objectif.

Cela dit, il n'était pas du genre à abandonner aussi vite et aussi, essaya-t-il de concentrer ses forces sur l'étreinte. Il passa ses mains entre les chevilles d'Envagelina et, dans un dernier élan, força dessus pour les éloigner. Cela ne fut pas suffisant pour les défaire mais, cela fut suffisant pour défaire de peu l'étreinte et ainsi, le laisser respirer, bien que difficilement.

Reprenant alors son souffle aussi rapidement qu'il le pouvait, ses bras se mirent à picoter mais ils retrouvèrent leurs forces et il put ainsi, et finalement, défaire la poupée. Cependant, il ne se contenta pas de la repousser cette fois-ci. Gardant son emprise sur ses chevilles, il la souleva tout bonnement dans les airs, lui mettant alors la tête en bas et les pieds en haut.

Écartant ses deux jambes, il posa sa botte droite au milieu et, en même temps qu'il tirait vers le haut, appuya vers le bas afin de rompre les articulations. La poupée gesticulait mais des craquements pouvaient clairement se faire entendre. Farrell fut d'ailleurs surpris par la solidité de ses attaches, il était en train de forcer dessus autant qu'il le pouvait et pourtant, elle ne cédait que difficilement.

Mais l'Aniathy n'avait apparemment pas l'envie de se laisser faire aussi facilement et aussi se mit-elle à se balancer vers l'avant. Elle dut faire deux ou trois mouvements de balançoire pour finalement arriver à une distance suffisante. Levant son bras vers l'avant, elle enfonça son poing entre les deux testicules de Fear, le faisant ainsi lâcher prise en même temps qu'il s'effondrait au sol, se tenant la bourse de ses deux mains.

Il ne hurla pas, certes, mais sa gestuelle laissait clairement entendre qu'il avait très mal. L'être de bois, quoi qu'un peu sonnée, se releva malgré tout. Cependant, un bruit bizarre se faisait entendre lorsqu'elle faisait un pas et elle semblait être instable sur ses deux jambes. Tant mieux mais cela n'allait pas la décourager pour autant.

Voyant sa dague au sol, elle s'empressa de la récupérer et, une fois cette dernière dans sa main, elle s'élança vers Fear qui peinait à se relever. Appuyé contre un mur, elle la lui enfonça d'abord dans le creux de son genou droit, faisant ainsi plier ce dernier dans une certaine effusion de sang, pour au final le frapper à la hanche.

Une main et un genou au sol, Farrell sentait la situation lui échapper peu à peu. Evangelina leva finalement sa lame dans les airs afin de la poignarder à la nuque. C'était là une erreur de sa part que le guérisseur noir ne manqua pas d'exploiter. Il fit aussi soudainement que brutalement voler son poing gauche, celui avec lequel il était accoudé au mur, dans le visage de la poupée, pile au milieu, c'est-à-dire, sur son nez. Déstabilisée, elle tomba en arrière et lâcha son arme, ratant par la même occasion son coup.

Fear secoua sa main, le coup avait était violent et il avait entendu quelque chose craquer. Sauf qu'à y regarder de plus près, et au vu de la douleur occasionnée, ce n'était pas le visage de l'Aniathy mais bien ses propres os. À 4 pattes, il se saisit de son bâton et, en s'appuyant dessus, il parvint à se relever malgré sa blessure.

Son regard percuta un moment sur Pénélope, elle était dans un état plus que critique et sa vie pourrait s'arrêter d'une seconde à l'autre. Il s'en rendit bien compte, le combat ne devait se dénouer immédiatement. Il observa alors la poupée, elle était couchée au sol mais s'était retournée sur le ventre pour récupérer sa dague.

Fear s'avança donc, certes en titubant, mais parvint à poser son pied sur le dos de l'Aniathy avant que cette dernière ne se retourne. Plaquée au sol, elle se débattit bien mais ne parvint pas à s'extirper. Cependant, ses doigts n'était qu'à quelques centimètres de la dague et aussi donna-t-il un coup sur la lame afin de la faire reculer.

Que pouvait-elle bien faire désormais ? Farrell ne se posa pas vraiment la question et ce fut sans une seule hésitation qu'il visa de nouveau la pierre qui se trouvait sur la nuque de la poupée. Il l'avait remarqué, frapper à cet endroit semblait l'étourdir. Il la frappa donc à plusieurs reprises sans être aussi précis que la première fois mais en y mettant tout autant de force.

Evangelina finit, finalement, par s'immobiliser. Le guérisseur noir cessa alors et, attendant un instant, relâcha son emprise. Il l'observa un moment de plus mais elle ne semblait plus réagir. S'écartant alors de ce corps de bois, il se rapprocha de Pénélope, non sans savoir qu'il était imprudent de relâcher sa garde. Mais il n'avait pas le choix, l'était de l'Elfe était plus qu'urgent et il lui fallait agir, coûte que coûte.

S'agenouillant, il la vit détourner son regard maladroitement vers lui. Sa bouche était pleine de sang et tout son être ainsi que le sol en était généreusement imprégnés au vu de ses nombreuses blessures. Elle tremblait et semblait hoqueter. Mais le plus atroce était bien l'état de son visage qui était semblable à une orange mal épluchée.

Fear déposa son bâton sur le sol et, sous le regard assez apeuré de la garde qui l'avait accompagné, il se mit à réciter quelque chose, là aussi à voix très basse, mais à une vitesse bien plus accélérée. D'ailleurs, cette dernière reconnaissait en certains points le charabia qu'il avait marmonné lorsqu'il l'eut soigné.

La méthode opératoire fut la même et, sous le regard stupéfait de la garde, l'était de l'Elfe s'améliora petit à petit. Son visage retrouva d'abord son aspect naturel, puis ses blessures se refermèrent peu à peu. Cependant, le processus était particulièrement lent et coûteux en énergie pour Farrell à tel point qu'il n'eut même pas finis de soigner le premier tiers de ses plaies qu'il sentait déjà l'inconscience le gagner.

Cela n'avait qu'une seule signification, ses blessures " cachées ", c'est-à-dire, les effets secondaires que ses plaies lui avaient affligés étaient bien plus graves que leurs sources. Ce qui expliquait donc la consommation excessive d'énergie et la lenteur toute particulière du procédé.

Finalement, il dut s'arrêter. Le Femme ne comprenait pas pourquoi mais la réalité était là, il ne pouvait pas aller plus loin au risque de mettre sa propre vie en danger. Mais cependant, l'était de l'Elfe s'était assez amélioré pour la sauvegarder, ou du moins, pour lui éviter une mort imminente.

Le guérisseur noir avait la respiration haletante et il oscillait beaucoup. Apparemment, même assis, il avait du mal à conserver son équilibre. Mais il était satisfait. Pénélope avait retrouvé quelques couleurs et sa respiration avait repris du poil de la bête.

Maintenant, il semblait avoir oublié quelque chose car Evangelina se releva bien. Et malgré que Arhya ait tenté de le prévenir, elle était parvenue à reprendre sa dague. S'approchant maintenant du guérisseur noir, lentement mais surement, elle ne semblait qu'avoir une seule idée en tête, le tuer.

La garde hésitait à intervenir. En réalité, si elle intervenait, elle ne ferait que contrarier le guérisseur noir. Déjà qu'il n'aimait pas qu'on l'aide, cette fois-ci, c'était une affaire personnelle. Il la sentait approcher dans son dos mais il ne parvenait pas à réagir, se contentant de rester à sa place, sans même prendre garde.

Cependant, un hurlement retentissait dans son esprit, celui de sa raison mais aussi de son instinct. Ils lui disaient de ressaisir avant qu'il ne soit trop tard. Mais en avait-il encore la force ? Il avait l'impression de ne pas avoir dormis pendant plus d'une semaine et ses muscles lui faisaient si mal qu'il avait les plus grandes difficultés à se maintenir droit !

Ses facultés logiques semblaient être devenues totalement folles car ses idées s'emmêlaient en suivant un fil totalement irrationnel. Il se surprenait à penser à des choses qui n'avaient strictement aucun rapport avec la situation ou à réfléchir à propos de sujets totalement stupides !

Que pouvait-il bien faire ? Rien ! Ou du moins, pour le moment. En effet, quelque chose vient le réveiller brutalement, quelque chose qui eut l'effet d'un électrochoc pour lui, quelque chose qui stimula son encéphale suffisamment longtemps et avec suffisamment de force pour le faire revenir à lui-même le temps d'une dizaine de secondes.

Evangelina venait de lui enfoncer sa dague dans le trapèze. Apparemment, elle avait visé la nuque mais vu la déchirure verticale de son muscle, elle avait glissé sur quelque chose. Peut-être le sang de Pénélope ? Quoi qu'il en soit, elle se releva bien vite et tenta de le poignarder au bon endroit cette fois-ci ... Mais ! Au moment où elle voulut l'atteindre, Farrell se retourna brutalement et attrapa le bras de cette dernière.

Le bloquant dans son avancé, il bascula en arrière et, tirant la poupée avec lui, il se retourna au sol et coinça l'épaule droite d'Evangelina sous son genou gauche. Il l'observa un moment, comme atteint d'une frénésie, puis plia le bras de cette dernière avant de le faire tourner sur lui-même. Il eu lourd craquement puis il le relâcha. Elle tenait encore la dague dans sa main mais hélas, son bras était mollement échoué au sol et ne semblait pas vouloir se relever. Se dégageant, il put constater que l'épaule coincée était tout simplement en miettes.

Lui reprenant la dague, il finit par s'effondrer au sol, sombrant alors dans une profonde inconscience. Evangelina quant à elle, finit par se relever. Mais, et alors qu'elle voulut se remparer de la lame, Arhya, qui s'était décidée à pénétrer la pièce, abaissa la pointe de son Hallebarde sur elle ...



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Dernière édition par Fear Farrell le Sam 15 Juin 2013 19:32, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Cachots - Mbando
MessagePosté: Jeu 3 Mai 2012 14:08 
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Le médaillon [:attention:]

Elle se réveilla. Enfin, elle reprenait conscience. C'était étrange comme sensation, comme ressenti. Elle avait mal au bras, et la magie qui l'habitait était en pleine ébullition. Mais il y avait autre chose. Elle avait mal à la tête. Pourtant sa nature artificielle devait lui éviter ce genre de désagrément.

C'était comme si quelque chose avait prit place dans sa tête, comme si la place n'était plus seulement à elle. C'était étrange, et c'était vraiment désagréable. Evangelina mit du temps à reprendre ses esprits. Un choc et une sensation de douleur venait de la ramener à elle, mais elle n'arrivait pas à savoir où elle était, ni pourquoi. La seule chose dont elle se souvenait c'était ce bureaucrate, et ce médaillon.

Evangelina fronça les sourcils. Elle ouvrit les yeux et regarda autours d'elle. Et ce qu'elle vit l'effraya. Elle était allongée sur le sol, son bras droit complètement inutilisable. L'odeur de sang emplissait l'air autours d'elle, mais elle ne s'en occupa guère. Ce qui occupa principalement son attention était cet éclat brillant à un mètre au dessus de sa tête, cette lame qui n'attendait qu'un ordre pour s'abattre sur elle.

L'Aniathy ne prit pas le temps de regarder ce qui l'entourait. Dès que l'éclat de lumière changea, que la lame bougea, commença sa chute, elle roula sur le côté. Elle sentit la lame la frôler, et s'enfoncer dans le sol sans grande résistance.

Evangelina ne demanda pas son reste. Elle se releva et poussa sur ses pieds pour bousculer le porteur de la hallebarde qui lâcha sa lame et fut propulsée contre le mur. Puis Evangelina recula et regarda rapidement autours d'elle, d'un seul regard.

Elle écarquilla les yeux. Que s'était-il passé ? Elle ? Était-elle vraiment capable de faire ça ? Elle vit le corps de Pénélope et de Fear sur le sol, ensanglantés et apparemment très mal en point. Surtout Pénélope d'ailleurs. Étrangement, cela ne lui fit aucune sensation d'aucune sorte. Enfin, si, une légère satisfaction, et un goût sur les lèvres, un goût qu'elle n'oublierait pas, un goût qu'elle aimerait bien ressentir de nouveau.

Mais elle n'avait pas le temps. Elle remarqua aussi avec stupeur que la garde qu'elle avait repoussée était Arhya. Ainsi elle avait survécu ? Cela ne signifiait qu'une seule chose : Fear l'avait soigné. Son état ne la peinait donc pas, il l'avait trahit et avait mérité ce qu'il lui arrivé. Par contre, elle devait s'enfuir. Elle était couverte de sang, et elle ne pourrait s'en sortir si elle se faisait attraper par les gardes. Elle ne mit pas longtemps à savoir ce qu'elle allait faire. Elle jeta un dernier coup d’œil à Arhya qui se relevait doucement, reprenant sa respiration, puis s'élança dans le couloir.

Il n'y avait aucun bruit, elle ne savait pas si elle devait revenir sur ses pas ou non. Finalement, elle décida que c'était la meilleure chose à faire, connaissant un temps soit peu le chemine et, surtout, ne sachant pas s'il y avait d'autre moyen de sortie que l'entrée qu'elle avait utilisée.

Elle se mit donc à courir comme elle pouvait, son bras droit pendant mollement, sans qu'elle puisse rien en faire. A chaque coin, détours et porte, elle faisait attention à ce qu'il se passait, à ce qu'elle entendait. Mais, heureusement, elle ne croisa personne. Enfin, personne de vivant. Les corps des gardes qu'elle avait tué n'avaient pas bougé, mais aucun n'était encore vivant. Elle le ignora, même si l'odeur de sang était forte. Il fallait qu'elle sorte, elle n'avait plus le choix. Si elle se faisait attraper, ils n'auraient aucune pitié, elle avait fait trop de mort.

Elle n'avait plus ni morale ni notion de bien et de mal, mais elle avait encore un instinct de survie, et il était à son maximum à cet instant. Finalement elle arriva dans la pièce des cellules. Il n'y avait toujours personne, excepté les quelques prisonniers qui y étaient enfermés et qui n'osèrent rien dire.

A ce moment là il y eut des bruits métalliques, un brouhaha et des bruits de pas. Evangelina s'arrêta et jura, cherchant un échappatoire. Il n'y avait rien dans la pièce qui pouvait la cacher. Les gardes étaient sûrement alertés, ils devaient savoir ce qu'il s'était passé au fond des cachots. Et ils y allaient sûrement. Et autours d'elle, il n'y avait que des cellules.

Evangelina eut soudain une idée. C'était sa seule solution, mais c'était très risqué. Elle s'élança dans une la cellule de Pénélope et ferma la grille derrière elle avant de cacher les clef. Puis elle se mit dans un coin, dans l'ombre, recroquevillée et faisant semblant de dormir. S'ils ne faisaient pas attention ils ne la verraient pas. Mais pour être sûre elle mit par dessus elle sa cape elfique. Puis elle s'immobilisa et attendit, écoutant les bruits qui l'entouraient.

Elle avait bien fait de se cacher. Une trentaine de secondes après qu'elle ait enfilé la cape, une petite dizaine de gardes déboulèrent dans la pièce. Ils avaient l'air pressés, et tous n'étaient pas des gardes. Deux d'entre eux semblaient médecins. Evangelina sourit. Elle ne leur avait pas laisser beaucoup de travail.

Ils ne s'attardèrent pas dans la pièce, c'était plutôt une bonne nouvelle. Evangelina attendit sagement qu'ils sortent, espérant pouvoir en profiter dès qu'ils seraient partis. Malheureusement, une voix brisa son espoir.

"Vous deux, restez là ! On ne sait jamais elle pourrait essayer de s'enfuir."

Evangelina fronça les sourcils. Deux gardes réapparurent et s'installèrent dans la pièce, aux aguets, sans baisser leurs gardes.

L'Aniathy ferma les yeux. Elle ne pouvait pas bouger, sinon les gardes la détecterait sûrement. De plus elle ne pouvait pas les affronter dans son état actuel. Elle devait trouver quelqu'un pour la réparer. Mais pour cela, elle devait sortir d'ici, et c'était actuellement impossible.

Elle attendit donc, pestant silencieusement et espérant que bientôt les gardes s'en iraient. Du moins pendant ce temps là, elle put réfléchir. Il fallait qu'elle retourne chez Aënith, il pourrait la réparer comme il avait réparer Larhe. A la pensée de son compagnon son visage s'assombrie et son humeur aussi. Sa colère et ses désirs de sang, de souffrance et de vengeance réapparurent. Mais elle continua cependant à réfléchir.

Il fallait qu'elle retourne chez Aënith puis qu'elle aille dans ce souterrain qu'elle aurait du explorer depuis longtemps. il y avait sûrement un début de réponse là-bas, et, de toute façon, elle devait y aller.

C'était assez étrange. Elle se sentait presque obligée d'y aller.

Soudain, un bruit la ramena à la réalité, l'extirpant de sa réflexion. Les gardes qui avaient continués leurs chemins revenaient, plus lentement qu'à l'aller, et, d'après leurs visages, encore plus haineux. Ils avaient sûrement vu les corps de leurs camarades baignant dans leur propre sang. L'un d'eux portait Pénélope, qui semblait avoir reçus des soins rapides et ainsi échappé à la mort. C'était tant mieux, ainsi elle pourrait de nouveau goûter son sang.

Deux autres gardes portaient Fear qui lui semblait dans un meilleur état, même s'il avait reçus lui aussi pas mal de soin. Ils l'apportèrent dans sa cellule et refermèrent la porte en sortant.

Evangelina fronça les sourcils. Mais heureusement, l'état de Pénélope semblait trop grave pour que les gardes la remettent directement dans la cellule.

"Vous l'avez trouvé ?"
"Non. Elle n'est pas passée par ici ?"
"Merde... Elle a déjà dû sortir"

Evangelina sourit doucement. Mais elle resta silencieuse, il ne fallait pas qu'elle se fasse attraper.

"Il faut se dépêcher son état est critique !"

Les gardes acquiescèrent et se dépêchèrent de sortir. Il n'y avait plus personne dans la prison. Evangelina ôta sa cape et la rangea avant de se lever doucement, silencieusement. Elle s'approcha de la porte de sa cellule et l'ouvrit, avant de s'avancer vers la sortie. Elle remonta l'escalier, et s'arrêta devant la porte.

Si tous les gardes étaient sortis, c'était sûrement qu'ils pensaient qu'elle n'était plus là. Mais ils n'allaient sûrement pas la laisser partir sans rien dire : les recherches dans la ville allaient être lancées de suites et ne seraient sûrement pas des plus faibles. Evangelina appuya doucement sur la porte, pour l'ouvrir sans bruit...

Elixir

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Dernière édition par Evangelina le Mer 9 Mai 2012 14:37, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Cachots - Mbando
MessagePosté: Sam 5 Mai 2012 00:45 
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" Qu'est-ce qui m'a pris ? "

Telle fut la toute première pensée de Fear lorsque ce dernier eut rouvert ses yeux. Il avait été plus que rapide pour comprendre, en observant le plafond, qu'il était de retour en cellule, mais il était cependant moins rapide à comprendre ce qui l'avait poussé à réagir de cette façon.

Il était à moitié conscient, ses sens étaient comme étourdis et ses muscles étaient mous. Cependant, il ressentait une douleur, quoi qu'elle aussi somnolente, mais pourtant bien existante. Elle provenait de son épaule droite en plus grande partie mais aussi de sa hanche et de son genou droits.

Il avait du mal à se souvenir des récents évènements. Allongé sur ce qui semblait être une planche de bois, il se forçait à reprendre ses esprits bien que la tâche ne soit pas aisée. Il dut bien mettre plus d'un quart d'heure avant de finalement, retrouver sa mémoire. Alors il était intervenu et il avait empêché la poupée de tuer Pénélope ? Bizarrement, il ne se serait jamais cru capable de transgresser ce qui lui avait été indiqué. Maintenant, rien ne disait aussi qu'il avait bien compris ce qu'on lui avait demandé.

Mais le sentiment d'avoir encore commis une grave erreur le hantait sans vraiment qu'il ne comprenne pourquoi. Mais était-il réellement fautif ? Qui aurait pu rester de marbre face à ce qu'il lui serait surement arrivé ? Probablement lui ... Mais apparemment, il n'était pas à la hauteur, peut-être s'était-il surestimé ? C'était fort possible. Mais, on ne cesse jamais d'apprendre, aussi expérimenté soit-on.

Se redressant non sans difficultés, il constata que quelque serrait ses blessures sous ses habits. Ces derniers d'ailleurs étaient bons pour êtres jetés tant par les nombreuses déchirures dans le textile que le sang qui les tâchait en abondance. Observant donc ses plaies, il constata qu'elles avaient été bandées sans pour autant être totalement soignées.

Visiblement, quelqu'un s'en était occupé. Et si quelqu'un s'en était occupé, c'est qu'il s'était aussi occupé de Pénélope. D'ailleurs, où était cette dernière ? C'était là toute la question car elle n'était pas dans la cellule. Peut-être dans la sienne alors ? Fear se leva et alla vérifier cela aussitôt mais, il constata bien vite qu'il n'y était pas non plus.

Peut-être ses blessures étaient-elles trop grave pour qu'elle puisse rester en prison ? En tout cas, elle n'était surement pas morte puisque Fear l'avait en partie soigné ... Au détriment de son propre être d'ailleurs. Se rasseyant, il défit le bandage de son genou. Ce dernier le faisait beaucoup souffrir lorsqu'il se mettait debout et semblait avoir du mal à le supporter, le muscle étant trop endommagé.

Il était certes épuisé mais il avait besoin de ses deux jambes et c'est pour cette raison qu'il soigna cette plaie handicapante. Certes, son bras droit était inutilisable aussi mais c'était moins gênant et moins urgent que son genou. Sentant sa fatigue monter d'un cran supplémentaire, il s'adossa alors contre le mur, relâchant tous ses muscles et expirant un grand coup.

Dans quel pétrin s'était-il encore fourré ? Tout semblait partir en vrille et la situation n'était désormais plus sous son contrôle. Où était Evangelina ? Et le médaillon ? Pourquoi l'avait-elle pris et l'avait-elle emmené avec elle ? Et si c'était le cas, pourquoi faire ? Et pour aller où ? Est-ce qu'elle les avait vraiment trahis ou ce n'était qu'un concours de circonstances fâcheuses ?

Il n'en savait rien et n'avait plus la force d'y réfléchir. D'ailleurs, même s'il voulait y réfléchir, il ne le pourrait pas car la porte de sa cellule s'ouvrit bientôt. Trois Elfes entrèrent dans la pièce, il s'agissait de deux gardes, armés assez lourdement, et d'un autre Homme, plus petit et bien moins bâtit qu'eux. Cet Elfe d'ailleurs s'approcha du guérisseur noir sous le regard attentif de son escorte.

- Bien, on dirait que vous allez mieux. C'est plutôt une bonne nouvelle.

Le guérisseur le regardait dans les yeux, le visage caché sous l'ombre de son habit, mais il ne réagit pas plus que ça, comme à son habitude.

- Vous allez pouvoir m'expliquer votre version des faits. Que s'est-il passé au juste ?

Mais Farrell ne lui répondit pas. Ce n'était pas assez évident ce qu'il s'était passé ? Il se fichait de lui ? Mais devant le silence imperturbable de Fear, l'Homme rajouta une phrase.

- Je ne vous cache pas que votre position est très critique. Les gardes interrogés jusqu'à présent nous ont racontés un récit qui, à première vue, vous accable et les éléments retrouvés sur place ne font que confirmer leurs dires.
- ...
- La dague dans votre main, l'Elfe gravement blessée, le chef de ces lieux sauvagement égorgé et les nombreux morts retrouvés aussi ...
- ...
- Par ailleurs, nous avons un peu enquêté et nous avons aussi découvert que vous ne seriez pas à votre premier meurtre. Vous avez déjà froidement assassiné un prêtre de Yuimen, à Lùinwë, vous vous souvenez ?
- ...
- Vous me direz que vous ne serez pas jugé pour ça ici mais tout de même ...
- ...
- Et je dois rajouter aussi que vous aviez une complice dans toute cette affaire. Une Aniathy dont nous ignorons encore le nom mais que nous recherchons activement.
- ...
- Visiblement vous n'êtes pas décidé à me fournir une explication.
- ...
- Vous vous rendez bien compte que si vous ne nous donnez aucun éléments pour votre défense, vous serez jugé coupable sans même avoir l'occasion de passer devant un tribunal ?
- ...
- Vous encourrez la peine capitale.
- ...
- Est-ce que vous comprenez ce que je vous dis au moins ?
- ...


Il eut alors un long moment de silence durant lequel ni l'un ni l'autre ne détourna le regard. Néanmoins, les dires de cet Elfe laissaient Fear songeur. La peine capitale ? Voilà qui ne l'enchantait guère. Il n'avait pas peur de la mort mais c'était qu'il n'avait pas envie de mourir maintenant, ce n'était pas vraiment le moment adéquat. Par ailleurs, pourquoi la garde qu'il avait soignée n'avait pas témoignée ? Elle avait pourtant tout vu et savait qu'il était innocent ! Ou alors avait-elle peur de quelque chose ?

" Traîtresse. "

C'est tout ce que l'Elfe avait réussi à produire comme effet sur le guérisseur noir qui n'était pas, de toutes les façons, décidé à lui adresser la parole.

- Bon ... Vous ne pourrez pas accuser la justice de ne pas vous avoir laissé votre chance. À dans trois jours.

Rajouta-t-il en sortant de la cellule, prenant alors le soin de bien refermer derrière lui et de laisser les deux gardes devant la porte au cas où il tenterait une nouvelle évasion. Mais de toutes les façons, Farrell n'avait pas l'intention de s'enfuir, même s'il en aurait encore l'occasion.

La journée s'écoula, et alors la lumière du soleil se faisait de plus en plus basse au travers de la fenêtre à barreaux de la cellule, le guérisseur noir, lui, n'avait pas bougé de sa place. Son inertie physique était une réalité, mais elle cachait en fait une forte ébullition mentale. Il avait beaucoup réfléchi et continuait encore, tant à propos de tout ce qu'il s'était passé qu'à propos de lui-même.

La fin de sa vie semblait désormais imminente et inévitable, c'était l'heure de faire ses comptes mais, bizarrement, le résultat ne l'enchantait guère. Certes, il avait passé sa vie à combattre pour les valeurs qui lui semblaient juste, mais à quel prix ? Et sur quelle note terminerait-il son existence ? Sur une série d'erreurs, de leurres et de désobéissances qui ne lui auront que ruiné sa vie et coûté celle des autres ? Toutes ces personnes qu'avait assassiné Evangelina ... N'était-ce pas en réalité de sa faute ?

S'il avait écouté, rien de tout ceci ne serait jamais arrivé. Mais en parlant de cette poupée, n'avait-il pas non plus anéantis son existence ? Larhe était mort et Evangelina avait perdu ce dont à quoi il s'était attaché, devant alors un monstre sanguinaire et insatiable ! Là aussi, s'il l'avait laissé continuer sa route sans chercher à la détourner, elle n'aurait jamais sombré ...

Et Pénélope ? N'avait-il pas été injuste avec elle ? N'avait-il pas oublié ses priorités et ses devoirs envers elle ? Ne l'avait-il pas ... Trahis ? Il n'avait que la faire souffrir gratuitement depuis qu'il l'eut libéré ! Et s'il n'avait pas écouté son coeur, elle serait morte elle aussi. Quoi que, entre son état actuel et la mort, il n'y avait qu'un pas. Finalement, peut-être que son sort n'était pas si injuste que ça, il devait payer ...

Mais pour l'heure, il devait prier. Prier autant que ses forces le lui permettraient, alors peut-être serait-il excusé, une fois la barrière franchie. S'allongeant alors sur la maigre planche de bois qui lui servait de couchette, sa voix se fit lentement entendre, à mesure que ses lèvres remuaient. Certes, elle était presque inaudible, mais elle parlait pourtant.



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 Sujet du message: Re: Les Cachots - Mbando
MessagePosté: Mer 4 Nov 2015 22:22 
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    « Le temps est la seule prison de laquelle on ne peut s’échapper. »



Deux semaines. Deux semaines que je n’avais plus vu la couleur du ciel, ou la lumière du soleil. Etait-ce réellement le temps réel qui était passé ? Je ne pouvais en avoir de certitude. Plongé dans l’ombre souterraine des geôles de ce que j’avais conclu être Cuilnen, il m’était difficile de compter les heures, les minutes, les secondes. Je savais que l’enfermement pouvait voir le temps s’allonger pour qui est privé de sa liberté. Les grains du sablier imaginaire que j’avais dessiné, de mes doigts, à l’encre noire sur les murs de ma cellule sans fenêtre, s’écoulaient lentement dans mon esprit, alors que je le regardai fixement. Je l’avais dessiné vide, afin que seul mes pensées le remplisse, et le laisse s’égrener. Assis, dos contre le mur, j’avais fini par me créer un petit rituel. Je l’avais basé sur la seule ouverture au monde de l’extérieur que j’avais à portée : les repas. Je n’en avais droit qu’à un par jour, constitué d’une bouillie végétale et de pain elfique. Suffisamment pour ne pas mourir de faim, mais trop peu pour satisfaire réellement un estomac d’adulte. Les Hinions ne mangeaient guère des tonnes de nourriture, et savaient pertinemment que les besoins de leurs prisonniers étaient tout autres. Leur servir moins qu’ils ne consommaient eux aurait été inconvenant. Mais torturer par la faim les rebuts enfermés dans l’obscurité était une cause tout à fait acceptable. Telles étaient les valeurs des elfes blancs : Sois mon frère si tu me ressembles. Et si tu ne l’es pas, souffre.

Cette faim qui m’accablait chaque jour était un moyen de me rendre compte de ce temps qui passait. De ce rituel instauré pour ne pas perdre la raison, ou la notion du temps. J’avais vite remarqué que cet unique repas quotidien était servi à heure régulière. Le geôlier ouvrait une petite trappe au bas de l’épaisse porte de bois ferré, et y glissait un plateau garni de ces victuailles, et d’un pichet d’eau. Le sablier commençait à s’égrener. Je mangeai lentement, afin de laisser la faim se tarir en un éphémère moment de satiété.

« Une heure. » 

La satiété avait cet avantage de rendre somnolent. Dormir, l’une des meilleures activités lorsqu’on est en prison. Le seul moyen de fuir, par l’onirisme, l’ennui. Mais je n’étais pas sans ignorer qu’il s’agissait aussi d’un piège, pour qui voulait garder la notion du temps. Je profitai de cette somnolence pour m’endormir, à même le sol, qui par chance était constitué de terre et, par endroit, de tressages de longues feuilles séchées. Une paillasse inespérée pour trouver le repos. Afin de garder une mesure de mon sommeil, j’avais basé celui-ci sur ma digestion. Je mangeais la même chose chaque jour, et chaque jour cela me prenait le même temps, avant que je n’ai de nouveau faim. J’estimai ce temps un peu plus long qu’une nuit raisonnable de sommeil, au vu de la richesse calorique des biscuits elfiques.

« Dix heures. »

Je prenais le temps de m’éveiller, et de rester immobile, allongé, à fixer le mur et le sablier, après m’être sommairement rafraichi d’un peu d’eau du pichet, et bu le reste. Ce processus ne me prenait guère de temps, et était ponctué de la seconde visite de la journée. Rouvrant la trappe, il récupérait le plateau vidé de tout contenu et s’en allait. J’imaginais assez bien ce qui se passait si un prisonnier ne rendait pas son plateau. Il était sans doute privé un jour complet de nourriture, jusqu’à le rendre enfin. Je n’avais pas eu envie de tester l’hypothèse. Ces denrées alimentaires étaient pour moi le meilleur moyen de ne pas perdre la raison.

« Une heure. »

Douze heures de la journée étaient alors passées. Le sablier se retournait, le bas devenait le haut, et vice-versa. Et le sable pouvait recommencer à s’écouler. C’étaient alors les plus longues heures qui commençaient. Les heures d’éveil, où je devais me forcer à ne pas céder à la tentation de dormir plus. J’avais plus ou moins estimé le temps que mettait ma langue à réclamer une nouvelle lampée d’eau. Cet instant où la respiration assèche la gorge, et où la salive ne suffit plus à humecter le palais ou les lèvres. Pendant ce temps, je restai immobile, assis sur la paillasse à regarder le sablier.

« Quatre heures. »

J’avais pris cette décision de déclamer tout haut les heures qui passaient, les périodes de la journée, afin que ma voix ne soit jamais trop éteinte ou éraillée. Je ne devais pas trop en dire, non plus, pour ne pas inutilement souffrir de la soif. C’était généralement à ce moment que je sortais de mon sac le matériel d’écriture, qu’ils m’avaient gracieusement laissé à mon enfermement, contrairement à mon couteau. Le geôlier devait tenir à ses mains. Ou tenaient-ils à garder en vie leurs pensionnaires, évitant qu’ils pensent trop facilement à mettre fin à leurs jours, évitant ainsi de nettoyer trop souvent les cellules au sol jonché de sang. S’ils prenaient cette peine. Chez les shaakts, il était de coutume d’ajouter au sol des cellules le sang des prisonniers torturés, afin que l’odeur d’infection, et l’infection elle même, se propagent dans le corps et l’esprit des prisonniers. Ici, c’était bien différent. A côté, j’étais servi comme un roi, finalement. Ainsi donc, je profitai de ces nombreuses heures pour indiquer sur le vélin de mon ouvrage vierge la date, mes ressentis du jour, les nouveautés éventuelles, et trop rares, que m’apportaient ces mornes journées. J’en profitai aussi, ayant plus que le temps de le faire, pour relire mes notes des jours passés, et y repenser, méditant longuement sur mes ressentis d’alors. On pouvait observer une résignation tranquille s’installer, jour après jour, remplaçant petit à petit la colère sourde des premières heures, ce sentiment irrépressible d’injustice, au delà de toute raison. Car ma position ici, entre ces murs, était raisonnée. J’avais voulu jouer, et j’avais échoué. Mais cette résignation, je le lus et l’analysai dans le choix de mes termes, était toujours bercée d’un espoir sous-entendu. Celui d’une libération prochaine. Un espoir vain, un espoir de fou… Mais il ne me restait que ça pour m’accrocher.


Deux semaines. Mes poignets et chevilles se remettaient à peine des frottements des cordes avec lesquelles ils m’avaient attachés, pendant mon évanouissement. Transbahuté comme un porc que l’on destine au feu pour une cuisson lente, à la broche, j’avais été attaché, pieds et poignets, à une robuste branche que deux cavaliers s’affairaient à charrier en trottant d’un pas cadencé. La tête en bas, je m’étais éveillé ainsi, secoué, le crâne douloureux du choc et du sang qui y stagnait de par ma position renversée. Impossible de placer le moindre mot dans ces conditions, j’avais attendu patiemment le soir, alors que la compagnie d’éclaireurs prenait une pause dans un hameau Taurion, composé de quelques cabanes éphémères posées à même les arbres, dans le plus pur respect de la nature, et de la faune et flore locale. Je n’avais pas dit mot non plus lorsqu’ils m’avaient arrimé à un arbre au sein de leur campement. Encore une délicatesse de leur part que je devais leur concéder : ils auraient alors pu me laisser lier, et pleurer, le matin venu, qu’une bête sauvage soit venue me ronger les extrémités. Le lendemain, la reprise de la marche, à jeun, ne se fit pas sans mal. Ils avaient placé sur mon visage, sur mes yeux, un bandeau délicat m’empêchant d’y voir goutte. Transbahuté sur mon mat comme la veille, j’avais la vue en moins pour me trouver des repères, et les à-coups du cheval m’avaient vite fait perdre à nouveau connaissance. J’étais faible, fatigué, et le moindre choc me donnait des haut-le-cœur. L’inconscience valait mieux pour moi que de me décorer le visage de bile vierge et acide. J’avais beau complimenter la bonté de mes geôliers, ils ne m’auraient alors pas aidé, me laissant m’étouffer et m’écoeurer moi-même des rebuts de mon corps.

Je ne m’étais éveillé qu’une fois déposé dans cette cellule où je croupissais toujours. Dans l’obscurité. Après quelques jours de détention, un petit grattement m’était parvenu, depuis le mur de droite. J’y avais distingué, en m’approchant curieusement, une petite crevasse laissant filtrer un léger courant d’air de la cellule voisine. Je m’étais étonné de m’entendre dire :

« Il y a quelqu’un ? »

Il fallut quelques secondes à la personne de l’autre côté du mur pour me répondre, d’un murmure. A moins que les murmures précédents n’aient tout simplement pas été audibles.

« Ouais. Pourquoi t’es là ? »

L’acoustique n’était pas idéale, et les mots ne me parvenaient que confus. Elle, car j’avais conclu qu’il s’agissait d’une femme, n’avait déjà plus de force pour parler. Son enfermement devait être ancien, déjà. A sa question, toutefois, je ne savais pas vraiment que répondre. J’étais là, oui. Enfermé parce que j’avais parcouru leur forêt sacrée dans l’objectif d’atteindre Cuilnen, leur capitale mythique, siège du Royaume d’Anorfain et de sa Reine, Thelhenwen. Aussi choisis-je de ne rien répondre, rompant la politesse la plus élémentaire, et renvoyant sa question à ma mystérieuse interlocutrice.

« Et toi ? »

J’usai du tutoiement, imitant son propre usage familier. Nous n’étions pas dans un milieu où il fallait réellement s’encombrer de telles considérations. Ou en tout cas tous les peuples ne s’en encombreraient pas, ce qui me fit conclure qu’elle n’était sans doute pas Hinione. Peut-être même pas elfe. Une humaine, une semi-elfe, une taurion… Telles étaient les solutions les plus logiques, même si aucune certitude ne m’était permise. Je ne l’imaginais pas Shaakt. Ils ne faisaient pas de vieux os, dans les cachots de Cuilnen. J’attendis sa réponse. Plusieurs longues seconde, encore une fois. Mais cette fois, j’y vis de l’hésitation plus qu’un souci d’acoustique. On ne confiait pas facilement ses crimes à un parfait inconnu, fut-il voisin de cellule. Je laissai ce silence s’installer sans la presser, ne m’attendant pas à une réponse. Pourtant, elle vint.

« Meurtre. »

La révélation était brutale. Et le ton de sa voix, à la fois meurtris et absent de tout espoir, terriblement violent à mes oreilles. Une fois de plus, je laissai retomber le silence pudique entre nous. Et ce silence dura entre l’inconnue et moi pendant plusieurs jours. Jusqu’à ce qu’à nouveau, j’entendis le grattement sur le mur. Je m’en approchai, et elle dut comprendre que j’étais là, derrière cette paroi. Sans doute à cause des jeux de lumière. De la lumière, en vérité, il n’y en avait guère, mais mes yeux s’étaient habitués à tout voir en nuances de gris. Mes ascendances shaakt et garzok devaient y être pour quelque chose. L’encre noire sur le vélin pâle. La nourriture, sombre sur l’assiette de bois clair. Le sablier, d’ombre, sur un mur certes foncé, mais moins que l’encre utilisée. Alors, dans cet environnement, la moindre petite perturbation de lumière, ou déplacement d’ombre, plutôt, se percevait bien plus facilement. Et elle sut que j’écoutais.

« C’était un chasseur isolé. Taurion. Du moins j’croyais. Il devait traquer une cible quand il m’a vue. Et à sa tronche, il ne s’attendait pas me voir là. J’avais pas le choix. Si j’le laissais s’enfuir, il allait m’balancer et les troupes frontalières allaient soit m’arrêter, soit m’ramener aux Duchés. J’pouvais pas l’laisser faire. »

Le silence tomba, mais je restai attentif. L’histoire n’était pas finie, elle semblait juste remettre ses idées en place. Se souvenir d’une situation déjà ancienne. Non pas qu’elle fut si lointaine, dans le temps, mais entre les murs d’une cellule, une minute est comme un an. Interminable. L’image que j’avais d’elle se précisait, dans mon esprit. Je l’imaginais humaine, assez jeune malgré sa voix fatiguée, trainante. Ce n’était pas une voix de personne âgée. Juste la voix d’une personne qui ne croit plus en rien, qui est fatigué de la vie avant l’heure. Elle disait venir des duchés. Dans le massif de montagnes formant le centre de Nirtim. Qu’importent les raisons qui l’avaient poussée à passer la frontière elfe, elle devait être soit désespérée, soit aventureuse. Et avait sans doute le physique qui allait avec. Assez mince, plutôt fluette pour avoir eu l’espoir de passer inaperçue dans les bois d’Anorfain. Mais aux muscles suffisamment travaillés pour la marche de longue haleine, et, apparemment, le meurtre. Le fantasme de son apparence la laissait m’apparaitre brune, aux cheveux tombant sur ses épaules, longs, en de complexes boucles travaillées juste assez pour qu’on ne les dise pas sans soin, mais suffisamment sauvages pour qu’on ne la traite pas de sophistiquée superficielle. Des yeux noisette, ou à peine plus foncés, selon la lumière. Les pommettes saillantes du nord kendran, issues d’une lointaine origine Fenris, aujourd’hui oubliée de beaucoup. Je savais, bien sûr, être dans l’imaginaire le plus absolu. Rien ne me permettait d’affirmer cette image avec certitude d’après le peu que je connaissais d’elle, mais ça me rassurait de percevoir son visage, fut-il erroné. Cela humanisait sa présence. Cela me permettait de me dire que je n’étais pas seul. Et ses lèvres, que j’imaginais fines, à la carnation juste suffisante pour paraitre féminine malgré tout, s’agitèrent de nouveau pour conter la suite de l’histoire.

« J’avais jamais tué. Des bêtes, pour la chasse, juste. Mais pas… Il allait fuir. Mais je l’ai rattrapé, et il est tombé quand je lui ai sauté dessus. Tout était confus, j’ai… je l’ai frappé de mon coutelas. Plusieurs fois. Je ne savais pas… »

Sa voix tremblait, hoquetait. Elle pleurait en se remémorant ce souvenir. Pudiquement, je la laissai poursuivre.

« Quand j’ai arrêté, il bougeait plus. Son visage n’était plus qu’une bouillie rouge… Ce… ce visage. »

Inutile qu’elle finisse sa phrase, ce qu’elle ne fit pas par ailleurs, pour que je sache que ces traits déformés par la lame de son couteau resteraient gravés au fer rouge dans son esprit jusqu’à la fin de ses jours. Qu’ils la hanteraient. J’en savais assez sur elle pour comprendre la suite. Le chasseur n’était pas seul, et elle n’avait plus eu la force de résister à ses alliés. Et c’est ainsi qu’elle atterrit ici, victime et coupable à la fois. Punie d’avoir voulu survivre. Mais elle avait tué, et aux yeux des elfes, c’était un crime impardonnable. Je laissai le silence retomber. Elle s’était confiée, et j’avais presque honte de ne pouvoir lui apporter aucun réconfort, aucun soutien dans sa peine. Honte d’avoir commis un crime bien moindre. Honte que ça n’en ait même pas été un. Je n’avais aucune promesse à lui faire… Et mes yeux s’étaient perdus sur le sablier. J’étais seul. Elle était seule. Et nous étions côte à côte.

Je ne l’entendis plus jamais gratter au mur, ou tenter d’entrer en contact. Elle devait me trouver rustre, d’avoir ainsi repoussé le dialogue.

Aujourd’hui encore, je ne pouvais dire si elle était même encore en vie, ou même présente dans la cellule voisine. Les seuls contacts que j’avais maintenus étaient ceux, immuables, que j’avais avec le gardien qui m’apportait mes repas. Assez vite, une petite rengaine s’était installée entre nous. Quand j’avais pris conscience d’être à Cuilnen. Ça ne s’était pas fait tout de suite. Mais… l’immuabilité de ma situation m’avait fait conclure de l’emplacement de ma geôle. Un air familier à respirer, comme un écho des temps anciens. Une ambiance, une aura, même au fond d’une prison. J’étais persuadé d’être à Cuilnen. Et l’inlassable ritournelle qui s’était installée tenait en un court échange, qui ne changeait pas d’un poil d’un jour à l’autre:

« Faites-venir le capitaine en charge de mon arrestation, j’ai des choses à lui dire qui m’innocenteraient. »

Et la réponse était toujours la même :

« Il ne viendra pas. »

C’était presque devenu un jeu, à force. Un jeu qui jouait sur la patience de qui craquerait en premier, entre le geôlier et moi, et cesserait ce refrain. Hors aucun de nous ne craqua, et j’y vis une sorte de compassion de la part de ce tortionnaire qui, me tenant enfermé ici, ne faisait que son travail. Je ne pouvais lui en tenir rigueur, ni attenter quoique ce soit à son égard. Ainsi le jeu avait continué. Au début, j’ignorais même ce que je pourrais dire à cet hypothétique capitaine pour me sortir de là. Puis, à mesure que l’ambiance de Cuilnen se reformait à moi, libérant ma mémoire de mes vies antérieures avec la certitude d’une vie récente en ces murs immaculés. J’en avais le doute, alors que je stagnais encore dans le Narshass. Maintenant, j’en avais la certitude. J’avais été hinion. Ou taurion, je l’ignorais encore. Mais je vivais ici. Et des noms avaient fini par se rappeler à moi. Des visages, des situations. Enilthiel, mon épouse, à la peau aussi pâle que l’albâtre. Aux cheveux blancs comme la neige des hauts sommets, et au port altier, froid de la noblesse elfe. Et ma fille. Son nom ne me revenait plus, pour l’instant, mais… son visage était clair en ma mémoire. Des cheveux foncés, des yeux pâles, pétillants. Une bouche plus pulpeuse que sa mère, un air plus sauvage, aussi. Je devais être taurion, alors. Un mélange qui n’avait pas dû plaire aux puristes blancs de la noblesse dont mon épouse devait faire partie. Mais avait-ce encore un sens de les considérer toutes deux comme épouse et fille, moi qui n’avait plus aucun lien de sang, ni sacré, avec elles ? C’était pourtant la seule porte de sortie que j’apercevais. La seule fenêtre qui me laissait voir l’horizon d’une vie hors de ces murs.

Un espoir de fou.

Et lorsque l’heure du repas frappa à la porte, j’entonnai la ritournelle.

« Faites-venir le capitaine en charge de mon arrestation, j’ai des choses à lui dire qui m’innocenteraient. »

La réponse, cette fois, ne fut pas la même.

« Il est là. Je le fais entrer. Ne tentez rien de stupide. »

J’en restai coi. J’aurais été bien incapable de faire quoique ce soit. De stupide ou non. Les bras m’en tombaient. La porte, celle qui était restée fermée si longtemps, s’ouvrit sur un être dont je n’avais même jamais vu le visage, mais dont je reconnaissais la cotte de maille, épinglée d’émeraudes et de saphirs. Il m’apparut comme un esprit salvateur, tout auréolé de lumière. Il ne l’était certes pas, mais la blancheur de perle de sa peau, et l’éclat naturel du métal sur ses équipements était bien plus lumineux que n’importe quelle couleur qui m’entourait dans cette ombre constante. Je devais paraître bien morne et épuisé, tout sombre que j’étais, recroquevillé sur mon tressage, au fond de ma cellule. Je ressemblais à un prisonnier. Plus que ça, en vérité : j’en étais un.

Nous nous regardâmes un instant, sans savoir lequel de nous devait prendre la parole le premier. Contrairement à lui, je m’étais présenté, lors de notre première rencontre. Mais je doutai qu’il le fasse davantage aujourd’hui qu’alors. Je pouvais donc aisément me passer de cette ligne de dialogue. J’avais moi-même demandé sa venue ici. Peut-être son silence était-il là pour s’éviter des banalités du genre « Vous m’avez demandé ? ». Je comprenais ça sans peine. Et c’était une marque de reconnaissance de mon intelligence, de sa part. Si d’aventure je ne me trompais pas sur ses intentions. Il avait beau être elfe, il était avant tout soldat. Et hors de la pure stratégie militaire, ce corps de métier n’était connu chez aucun peuple pour son intellect développé, ni pour la justesse de ses finesses sociales. Décidant de couper court à l’expectative, je me lançai :

« Je vous ai fait mander, sieur, pour vous demander de revoir la sanction d’enfermement à mon égard, à l’appuis de preuve que je pourrai fournir en présence d’une tierce personne, qui me connait, ici à Cuilnen. »

C’était à moitié du bluff, en vérité. Rien n’indiquait que je sois reconnu par ma femme ou ma fille d’une vie passée. C’était même peu probable. Mais si j’avais baragouiné alors sur mes théories du Sang Ancien, elles seraient peut-être toutes deux à même de trouver une logique certaine dans ma démarche. Ça serait complexe : je ne me souvenais même pas de mon propre nom d’alors. Le capitaine fronça les sourcils, suspicieux. Ma demande ne devait pas foisonner, parmi les bandits et autres curieux qui venaient fourrer leur nez en Anorfain.

« Et à qui donc faites-vous allusion ? »

Il lui fallait des noms, bien sûr. Sa voix claire était assurée. Un être qui avait l’habitude de commander. Je répondis sans le faire attendre.

« Je pourrais vous en dire davantage si Dame Enilthiel et sa fille étaient présentes. Je vous saurais gré de les mener à moi. »

Les sourcils restèrent froncés. Pas de lueur amicale surprise dans le regard signifiant qu’il savait de qui je parlais. Pourtant, tout le monde se connaissait, au moins de nom, dans les communautés elfes. Ils vivaient tellement longtemps qu’il leur était loisible d’entendre parler au moins une fois de tout un chacun au long de leur existence. Mais… cela ne valait que pour les temps présents. J’avais omis ce détail : mes souvenirs étaient peut-être ceux d’une vie très ancienne, millénaires. Que subsisterait-il alors de leur existence, après tant d’années ? Je voyais cette porte se fermer quand il déclara :

« Voyez-vous ça. Vous aurez le déplaisir d’apprendre, alors que Dame Enilthiel nous a quittés depuis plusieurs décennies. »

Plusieurs décennies. C’était donc assez récent. J’avais encore mes chances, même si l’annonce de son trépas n’était pas pour arranger les choses. Je tentai de la jouer finement, mimant la stupeur attristée. Sur mon visage disgracieux, ça devait donner une expression un peu tordue, grimaçante. Pas forcément significative, pour un elfe… mais bon.

« Oh, quelle tragédie. Laisseriez-vous un vieil ami se recueillir dans la forêt qui a vu son âme quitter ce monde ? »

Ses sourcils ne se relevèrent pas, et il me dévisagea encore plus étrangement, avant de comprendre la méprise.

« Vous m’avez mal compris, je le crains. Dame Enilthiel est juste partie vivre ailleurs, suite à la disparition de son époux. »

Moi. Des décennies ? Plus de dix décennies, alors, vu mon âge. Mais je peux comprendre qu’il n’ait la date exacte en tête. Quand on vit plus de mille ans, même si cet exemplaire-ci ne devait pas en avoir plus de trois-cent, le temps est une notion particulièrement abstraite. Une chose était sûre, cependant : j’avais eu la réincarnation rapide, cette fois. Je me surprenais de ne pas me souvenir davantage de ma vie précédente. C’était intéressant à noter, pour ma théorie. Le temps entre les vies ne semblait pas favoriser, en bien ou en mal, les souvenirs des anciennes. Ou en tout cas rien ne permettait de l’affirmer, pour l’heure. Je me promis de le noter sur mon livre, lorsque l’entrevue serait finie.

« Vous m’en voyez soulagé. Sa fille réside-t-elle toujours ici ? »

Il sembla réfléchir un instant, comme s’il avait la réponse sur le bout de la langue, sans qu’elle ne revienne. Puis, il lâcha, fier de son effort de mémoire :

« Almavendë ne vit pas à Cuilnen même, mais séjourne parmi une communauté taurion assez proche, dans la forêt. Je la ferai mander, et alors vous serez confronté. »

J’acquiesçai, l’air sûr de moi, et il partit. D’assuré, je n’en avais hélas que l’air. Car en mes traits, quelle elfe reconnaitrait un père ? Au moins avais-je appris quelque chose sur elle. Son nom : Almavendë.



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 Sujet du message: Re: Les Cachots - Mbando
MessagePosté: Mar 19 Jan 2016 17:05 
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    « Quand le père est absent, se libèrent les forces du désordre. »


Le noir tout autour semblait tourner sur lui-même, sans qu’aucun point d’accroche ne soit réellement fixe. Que j’ouvre ou que je ferme les yeux n’y changeait rien, le vertige était permanent. La visite de ce Capitaine hinïon m’avait fait perdre le compte des heures, et avec lui, toute notion de réalité, de temps qui passe. J’avais bien tenté de reprendre mon observation du sablier, quand le geôlier m’avait apporté mon repas, le lendemain, mais je n’y parvins pas. Mes pensées étaient trop obstruées de nouveautés et d’incertitudes. Tout en haut de cette frénésie interrogative flottait un nom sans visage, celui de ma fille : Almavendë. Et la question ressassée qui revenait le plus souvent n’était autre que celle remettant en cause sa qualité de fille. Car elle ne l’était pas. Pas vraiment. Cette elfe n’était pas la chair de ma chair, qui qu’elle soit. Elle était juste… liée à mon âme, par le lien de filiation qu’elle avait avec l’hôte précédent de celle-ci.

Des considérations complexes qui tournaient, tournaient sans trouver de réponse définitive. Qui n’en trouvaient pas, d’ailleurs, même temporaire. Je me demandais qui elle était, à quoi elle ressemblait, ce qu’elle avait gardé de ce père que j’avais été voici une vie sans plus m’en souvenir aujourd’hui. Et durant ces heures sombres sans voir la lumière de l’extérieur, j’avais tenté de me rappeler, en vain, de cette vie antérieure. Elfe, j’étais sûrement, mais de quelle ethnie ? Hinïon, peut-être. J’avais un lien particulier avec ce peuple depuis mes débuts sur ce monde. Ma première incarnation était un elfe blanc. Un des bâtisseurs de l’antique Essayn, première cité elfe de ce qui allait devenir le continent de Nirtim, et garde d’honneur de la première des reines hïnionnes : Nestyr Tawarist. Si de cette vie si éloignée, datant d’au moins deux dizaines de milliers d’années, pourquoi ne parvenais-je pas à me rappeler de celle d’il y a à peine plus d’un siècle ?

Frustration, colère et impatience se mêlaient dans mon esprit qui commençait à douter. Il avait dit qu’il irait la chercher, mais n’était-ce pas qu’un mensonge lâche, afin de couper court à la discussion ? Et même s’il la cherchait, la trouverait-il ? En combien de temps ? Retrouver un objet pouvait s’avérer être une quête à la fois longue et remplie de danger, pouvant mener bien loin de son point de départ, mais alors une personne ! Si elle se mouvait aussi, et s’il n’avait d’autre indice sur elle que son nom, et une direction aléatoire, ça pouvait prendre des mois. Je me molestai mentalement de n’avoir pu trouver d’autre solution pour me tirer de cette mauvaise passe. Je sentais poindre, à côté de cette auto-flagellation, de ce sentiment d’impuissance, un désespoir profond qui se mêlait à l’amertume de mes pensées pessimistes. Allais-je finir ici, comme tous les Oubliés des geôles de Cuilnen, à périr dans l’une de ces sombres cellules en me laissant m’abandonner à la mort. Quel gâchis ça serait ! Cent onze ans de maturation pour en arriver là. Sans compter les années que ça prendrait pour réintégrer un corps, et à son tour le porter à maturation. Je ne pouvais le permettre, je ne pouvais l’admettre. Mais du fond de mon trou, j’étais bien impuissant.

La hargne finit par partir, au bout de plusieurs jours, pour n’être plus que maladie. Je ne touchais plus qu’à peine aux nourritures qu’on me donnait, et passais mon temps à méditer, à tenter de ne pas penser à ces considérations bien hors de ma portée. Attendre et voir, c’est tout ce qui me restait comme choix. Les heures se ressemblaient toutes. Si bien que mon sommeil s’en trouvait perturbé, et de mauvaise qualité. En quelques jours, à peine. Une semaine, peut-être, je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Un manque de résilience que je notai, lors de mes heures de conscience raisonnées, pour le déplorer longuement. Mais comment y pallier, lorsque l’émotion prend le pas sur la raison ?

Le changement, inattendu finalement, survint pourtant. Pas exactement de la manière escomptée, mais il vint, et ne me déçut pas.

Alors que l’espoir rompait en moi, le cliquetis des clés qui tournaient dans la serrure elfique me sortit de mon agonie encéphalographique. Il était tôt, trop tôt pour que ce soit déjà le repas. J’avais beau ne plus avoir notion de l’heure ou du temps qui passe, il me restait un brin de logique. Mon ventre gargouillait encore de la digestion de mon précédent repas, et je n’avais même pas terminé la petite cruche d’eau fraiche. Non, c’était autre chose. Et je ne tardai pas à le savoir. La lumière pénétra la cellule, et je la regardai avec trop de curiosité frénétique. Elle m’aveugla temporairement, et je ne vis que de floues silhouettes se présenter à moi, alors que mes mains cherchaient à retrouver l’ombre qui seyait tant à mes yeux. Une voix, celle du capitaine elfe, tonna comme un éclair dans la cellule.

« Votre demande aura été utile au peuple de Cuilnen, étranger. Celle que vous recherchiez était responsable d’un trafic de marchandises de Lùinwë destinées à Cuilnen, au profit de clans humains frontaliers de l’Anorfain. »

Il semblait fier de lui. Fier de sa capture, fier de son effet. Je ne répondis rien. De mon côté, sa nouvelle n’avait fait qu’une chose, qu’il cita dès lors sans une once de pitié : mon avenir était en train de s’effondrer sous mes yeux. Jamais je ne sortirais d’ici. Il n’y avait plus aucune chance, si celle que j’avais élevé dans une vie antérieure s’était fait prendre en flagrant délit.

« Vous aurez tout le temps de rattraper le temps perdu, à croupir à deux ici. »

Il ne croyait pas en ma théorie. Il s’en moquait sans gêne. La porte claqua, et nous nous retrouvâmes dans le noir. Je pus rouvrir les yeux, poings serrés et mâchoires crispées face à la cruelle ironie de la situation. Celle qui était censée me sauver venait de me condamner à une éternité d’enfermement dans ces geôles du désespoir. Je sentais mon esprit défaillir, lorsque mes yeux d’ombre croisèrent le corps chétif de la jeune elfe effondrée là sur le sol de ma cellule. Sauvage, elle s’était racrapotée sur le mur opposé de l’endroit où j’étais, bras entourant ses genoux. Ses yeux me fixaient avec une colère certaine, un dégout prononcé. De mon côté, son apparition me révéla surtout beaucoup de choses sur mon passé. Si j’avais cru avoir été un elfe blanc, je m’étais lourdement trompé. La jeune elfe en face de moi n’avait rien d’une pure. Elle avait certes la peau pâle de celle qui avait été confirmée comme sa mère, mais son ascendance hiniöne s’arrêtait là, sans l’ombre d’un doute. Ses yeux de la couleur des noisettes en attestaient autant que sa chevelure, longue et lisse, mais d’une indescriptible couleur assez proche de celle de certains lychens poussant à l’entrée des grottes forestières, entre le noir et le vert sombre. Épaules dénudées, elle portait un corset à large échancrure maintenue par une boucle de bronze, un pantalon de cuir fauve, et de hauts gants de cuir, attestant une activité plus active que les artisanats esthétiques de Cuilnen. Et pourtant, son apparence elfique était indéniable. Elle n’était pas le fruit d’une union entre une elfe et un humain, de ces bâtards que les hiniöns regardent comme des monstres. Ainsi, je dus conclure que ma propre ascendance spirituelle était sans doute bien un elfe. Un taurion, selon toute vraisemblance, comme je l’avais imaginé. Je fouillai mon esprit pour me remémorer des bribes de souvenirs de ma vie passée, en vain. Je tentai de mettre bout à bout les pièces de puzzle que j’avais jusqu’ici récoltées, mais rien n’y faisait. J’avais espéré que sa vision m’aide à m’en souvenir mais… sa jeunesse était évidente, même pour une elfe dotée d’une longue vie. Elle ne devait être qu’une enfant lorsque jadis, je l’abandonnais pour partir pour ma quête.

Rien ne venait. Une heure passa sans qu’un mot ne fut prononcé. Alors, je sus qu’il fallait que je tente de nouer le contact avec. Pour ma mémoire, pour ma liberté. Et pour cela, je ne vis pas meilleure occasion que de lui citer son nom. D’une voix rendue rauque par le silence prolongé, je l’apostrophai :

« Almavendë ? »

Tout en citant les syllabes que j’avais apprises de la bouche du capitaine des patrouilleurs, je m’approchai doucement, mais sensiblement, de la jeune femme. Sa réaction fut vive, et peut-être excessive. Elle feula et se campa sur ses appuis comme un animal pris au piège. Le moment n’était pas venu. Sauvage, elle n’était pas prête au dialogue. Je me rassis dans mon coin, retournant au silence. Je passai les heures suivantes à me proposer des hypothèses de cette vive réaction. Et mes conclusions n’étaient guère positives. Elle m’en voulait, c’était certain. Qu’importe ce que les patrouilleurs avaient pu lui dire de moi, les paroles du capitaine lorsqu’il la plaça ici avec moi étaient sans équivoque : j’étais, au moins indirectement, responsable de son sort. Sans mon intervention, elle n’aurait peut-être jamais été détectée dans son activité de contrebande. Peut-être, aussi, était-il de renommée que deux prisonniers enfermés ensemble pour une longue période dans des conditions spartiates finissaient par se sauter dessus pour arracher à l’autre la vie à laquelle il s’accroche. Dispute pour de la nourriture, énervement pur et dur, perte de toute notion de sociabilité. Elle devait se méfier de moi. Mon apparence sombre ne jouait guère en ma faveur. Les elfes n’appréciaient pas les deux peuples dont j’étais issu, ni shaakts, ni garzoks. Alors un bâtard incertain de ces deux races ? Qui s’y fierait ?

Vint l’heure du repas. Le geôlier, silencieux, apporta le plateau et le cruchon. Je les laissai intégralement à l’elfe, qui ne daigna s’en approcher qu’avant un temps assez long. J’attendais, dans l’ombre, sans commettre ni geste ni parole. Elle mangea, et fit son premier geste vers moi. Elle poussa du bout de sa botte le plateau vers moi. L’occasion était trop bonne, je ne pouvais la gâcher par de la maladresse. Je tirai à moi la pitance, ne la gratifiant pas plus que d’un simple :

« Merci. »

Il ne fallait plus l’effrayer. Il fallait lui montrer que malgré l’enfermement, j’étais toujours civilisé. Je mangeai avec discernement, sans la regarder. Si bien que lorsque j’eus fini, c’est elle qui m’adressa la parole.

« Pourquoi t’es là ? Pourquoi t’as demandé à me voir ? »

L’amabilité était totalement absente de ses mots. Mais c’était mieux que rien. Bien mieux que rien. Je tâchai de ne point trop en révéler.

« J’ai tenté de partir à la recherche de mon passé. Telle a été ma faute. Et à cause de cela, toi aussi tu es là. »

Elle grimaça, rétorquant agressivement.

« Je vendais des denrées à des humains qui en avaient besoin. C’est pour ça que je suis là. Pas pour toi. »

Je laissai le silence retomber. Un instant, du moins, avant de poursuivre :

« Almavendë. Oui. Fleur virginale. Un beau prénom. Te souviens-tu de ceux qui te l’ont donné ? »

Elle me dévisagea sans répondre. Sa curiosité était piquée au vif. Elle tenait ça de son père. Un trait qui avait toujours coulé dans mon sang, quel qu’il fut. Elle posa cependant une question finaude, décalée par rapport à la mienne.

« Où avez-vous appris à manier l’antique langue des Hiniöns ? »

Je notai le passage au vouvoiement, là où précédemment elle m’avait tutoyé sans réserve. Une notion de respect s’instaurait. Elle me voyait désormais comme un être pensant, un être digne d’être abordé. Je rentrai dans son jeu en donnant moi-même la réponse à sa question.

« Enilthiel. Il n’était plus belle elfe à Cuilnen. Une beauté dont elle t’a fait don. Mais c’est de ton père que te vient cet amour de l’aventure. Ce mépris des règles établies, n’est-ce pas ? »

Elle grimaça, fronça les sourcils, et rétorqua, fâchée :

« Je ne l’ai pas connu. Il nous a abandonnées, ma mère et moi, alors que je n’étais qu’une enfant. »

« Et pourtant, ta mère t’en a longuement parlé. Un fort amour les liait. Nul doute que s’il vivait encore aujourd’hui, il serait revenu auprès de toi. Que sais-tu de lui ? »

Je bluffais. Je n’avais aucune certitude de cela, mais ça pouvait être une évidence, pour deux membres d’une union peu appréciée par leurs pairs. Une blanche et un vert. Elle mordit à l’hameçon, et commença à me raconter. Elle s’assit en tailleur pour s’exprimer, s’ouvrant à moi tout en ne s’approchant pas.

« C’était un aventurier, et un rêveur. Il a voué sa vie à tenter de prouver une théorie farfelue qui parlait de réincarnation des âmes. Ma mère éprouvait pour ses recherches une certaine tendresse, même si elle n’y a jamais cru. Elles lui auront coûté sa vie… Il appelait ça sa théorie du… du… »

« Le sang ancien. »

Elle me reluqua, incrédule. Ces mots faisaient écho en elle. Je ne la laissai pas partir dans de futile hypothèses. Je lui demandai :

« Quel était le nom de ton père, Almavendë ? Quel était mon nom ? »

Comme en réflexe, il s’échappa en un murmure de ses lèvres, sans qu’elle eut à choisir ou non de le dire.

« Cemastar… »

Je répétai le nom, dans un souffle :

« Cemastar. Fidèle à la terre. »

Et tout me revint. Ma vie antérieure, les recherches que j’avais alors en cours, la déchirure lorsque je dus partir à la recherche d’artefacts anciens, devant choisir le Sang Ancien plutôt que l’amour d’une femme et d’une fille. Je me souvins de mon aisance à l’arc, et des rires partagés avec ma famille. Je me souvins de tout, et ces souvenirs percutèrent mon âme avec tellement de violence qu’ils arrachèrent des larmes à mes yeux. L’émotion était forte, intense, et ma fille me regardait sans rien dire, sans oser interrompre ce curieux spectacle. J’aurais voulu m’excuser, lui demander pardon mais… mais je n’étais plus cet elfe. Il était trop tard, désormais. Lorsque je rouvris les yeux, elle était à mon côté, à genoux, le visage fermé et inquiet. Les mots qui sortirent de sa bouche furent comme une libération.

« Ainsi, c’était vrai ? »

J’acquiesçai, et nous parlâmes alors longuement de nos souvenirs communs. De nos traits de caractère passés. Nous parlâmes des heures durant, jusqu’à ce que le sommeil finisse par nous rattraper. Alors, nous dormîmes. Nous dormîmes le cœur léger. Nous étions toujours enfermés, mais nous nous étions retrouvés.


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