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 Sujet du message: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Mar 25 Aoû 2009 15:35 
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Le territoire autour du monastère


Tout autour du monastère où vivent en masse les Soeurs de Selhinae se trouve un grand territoire au climat assez chaud. Il n'y a pas de petit village ni de petite maison isolée, car les gardiennes du territoire patrouillent régulièrement pour chasser les intrus. Il y a pas mal de végétation, avec même une forêt au sud-ouest du territoire et, au nord-ouest, c'est la montagne qui s'étend. Toute la partie est est constituée de plaines et il y a un cours d'eau au sud -est, donnant directement sur le Delta où se trouve le monastère et ses deux collines. Il y a aussi les rives d'un grand lac au nord-est.

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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Sam 14 Nov 2009 22:26 
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La petite Liz te fixe quelques secondes, comme pour vérifier que tu es effectivement prête à affronter ce qui t'attend dehors, puis hoche la tête. Te faisant signe de la suivre, et de ne plus parler, elle passe finalement la porte et avance de quelques pas prudents en dehors du monastère. Son air figé témoigne de son intense concentration. Décidément, elle ne semble pas tenir à rencontrer quelques unes de tes anciennes petites amies! Soudain la voilà partie, vive et silencieuse. De légères enjambées la font longer le mur d'enceinte, avant de la faire pénétrer dans un petit bosquet, relativement à couvert.

Et vous continuez à vous éloigner du monastère ainsi, progressivement, par à-coups. Liz, bien que totalement absorbée par sa tâche, jette néanmoins des coups d'oeil dans ta direction de temps en temps pour voir si tu suis le mouvement. Le trajet semble se passer sans encombres, et vous avancez bon train, passant d'un bosquet à un autre, de cachette en cachette, d'ombre en ombre. Bientôt, le monastère ne sera pour toi qu'un vague mauvais souvenir. A plusieurs reprises, Liz se fige et t'oblige à t'accroupir avec elle, afin d'éviter de vous faire repérer par une patrouille. Au vu du nombre de Soeurs ainsi dispersées dans la campagne, tu peux deviner que le remue-ménage probablement provoqué par Liz et son fameux maître est terminé, et que tes ex-compagnes rentrent au bercail tout en sécurisant la zone. Cependant grâce à l'habileté de la petite fille, vous passez entre les mailles du filet à chaque fois.

Vous arrivez finalement à proximité d'un grand lac, une nouvelle fois dissimulées dans un petit bosquet. Et au loin, tu peux apercevoir un large sentier serpenter paresseusement. La route de Tulorim?

Tout semble gagné quand soudain, des bruissements retentissent autour de vous. Liz sursaute brusquement, et vient se coller contre toi. Elle te fourre une des dagues dans la main, qu'elle plaque ensuite contre sa propre gorge. Tendue à l'extrême, elle te souffle un presque inaudible "Mens! " juste avant que quatre Soeurs n'apparaissent tout autour de vous.

Bien évidemment, elles pointent sur vous deux diverses armes blanches avec un air pas très aimable, notamment un fléau à l'air meurtrier brandi par une soeur massive et rubiconde. La Soeur qui semble être la chef du groupe fait un pas vers toi, tout en plissant les yeux, une élégante rapière en main. Elle les écarquille soudain, signe qu'elle t'a reconnu, et te demande:

" Rosalinde? Mais que fais-tu ici? Tu n'es pas rentrée avec les autres? Et qui est cette gamine? "

L'exclamation de Liz résonne encore dans ton esprit. Vous voilà en bien fâcheuse posture. Pour la première fois, la petite Liz tremblotante dans tes bras ressemble à une vraie gamine apeurée.


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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Mer 16 Déc 2009 06:06 
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Inscription: Ven 24 Juil 2009 20:19
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Elle la regardait, ses yeux intenses, son regard inaltérable, la vision d’un être imprévisible s’était posée sur la ridicule Rosalinde. L’œillade avait duré un temps très bref, bref mais profond ; elle semblait vouloir inspecter quelque chose, jauger dans l’attitude de sa « suivante » une quelconque capacité à endurer le plus gros du travail, à avaler ce qu’il y a de terrible hors de ce monastère et, oserions-nous dire : la réalité. Il y avait un peu de tout cela dans les deux yeux de la petite, Liz ne cachait pas cela, elle ne l’avait jamais caché et si elle ne percevait même pas un instant que Rosalinde ne pouvait plus subir cela, elle l’abandonnera sans hésiter ; tout ça, l’ancienne sœur de le Sororité y croyait fermement, tout ça, elle ne voulait pas que cela arrive sinon sa mort était assurée.
Le verdict fut tout aussi rapide que la vue que Liz eut pour la fugitive : un hochement de tête aux airs positifs suivi d’une main l’indiquant de venir afin de continuer le périple. Ajoutons à cela sa petite main assassine ou plutôt un de ses doigts sur sa bouche informant clairement que Rosalinde ne devait ouvrir la sienne ; ainsi, Liz passa la première la grande porte et avança avec la plus grande des sécurités devenant encore plus alerte qu’au début. Dehors il semblait que la zone était vraiment dangereuse, un peu comme si on avait laissé le menu fretin dans le monastère et que ce qu’il y avait en dehors se relevait bien plus périlleux, même pour Liz !
Rosalinde dénota de son extrême focalisation sur l’instant présent et, pensa-t-elle qu’elle projeta même sur le futur, qu’elle visualisa un plan de sortie pratique. Tout ça, elle l’espérait, la jeune semi-elfe car elle non-plus, ne voulait pas croiser des gentilles petites dames de la Sororité !
Dès lors qu’elle observait cela chez Liz qu’elle, aussi silencieuse qu’un félin et aussi furtive qu’une voleuse était déjà assez long ; la vitesse et le silence de la petite fille semblait d’un terrible rude pour la demi-elfe, comparait à elle, tous ses pas ressemblaient plus à ceux d’un mammouth… et pourtant, elle avait une prémisse de furtivité, la Rosalinde.
Il fallait longer l’enceinte du monastère, longer pour ainsi éviter les nombreuses fenêtres et danger venant d’en haut qui ne les vit point en « faisant le mur ». L’attitude légère et sérieuse de Liz, la direction qu’elle engageait apparaissait comme juste à la vertu de la fugitive ; le positionnement des pas, l’inclinaison du mouvement, la rigueur du mouvement, l’intelligence dans la direction… et bien d’autres critères étaient présent pour éviter qu’on les entende ou voit pendant cette fuite. Rosalinde ne faisait qu’imiter avec très grande maladresse ce que la plus petite usait avec habilité, quand Liz plaçait un pied devant l’autre pour se maintenir en équilibre, elle le faisait, quand Liz se plaquait avec harmonie contre le mur en pierre grise du monastère, Rosalinde mimait le geste avec souvent beaucoup d’erreur où juste « l’intention » restait, intention qui suffit à l’ex-sœur pour le moment. Ce n’était qu’après avoir longer le mur d’enceinte est que les deux jeunes personnes arrivèrent vers une vaste étendue de verdure, alliant avec un secret bien connu de la Sororité, petit bosquet et plaine verte, en voyant cela, Rosalinde avait directement cette pensée en tête :


( Des plaines à pertes de vue ainsi que des petits bosquet très peu couvert, j’avais entendu parlé de cette « technique » pour pas que les sœurs ne s’échappent… normalement les bosquets sont tracés de manière à joindre les plaines, ce qui fait qu’il n’y a qu’une unique sortie en empruntant la couverture verte ce qui laisse à la garde le temps de venir vous chercher ! Cependant, là, elles sont assez occupés pour ne pas faire attention à cela…espérons-le.)

Si la supposition de Rosalinde était bonne, il n’avait plus qu’à suivre un sentier « unique » vers une sortie douteuse… mais bon, quoiqu’il en soit, elles devaient se rendre dans le premier bosquet et c’était ce que Liz fit sans dire un mot, sans faire un bruit ; elle foula avec rapidité la terre brunâtre, l’herbe légèrement jaune vers cette futaie. Celui-ci n’était pas grand mais richement garni en diverses plantes et feuillages car beaucoup d’arbustes séjournaient là avec une grâce et singularité simple et courtoise, les sœurs de la Sororité sont-elles de très bonne jardinière ? C’était à croire, oui avec le magnifique travail qu’elles avaient offert aux arbres et aux fourrés. Liz se cachait dans un petit buisson en boule plein de feuilles descendantes ressemblant plus à une tortue sans tête qu’à une végétation, Rosalinde, elle, quand vint son tour d’aller et de se cacher dans la masse de verdure, prit la peine de se mettre à genou en se recouvrant de manière à ne pas rompre l’équilibre de la nature puis attendit sagement les instructions de la pour bienveillante Liz.

Bienveillante, c’était le cas de le dire car Liz ne cessait d’inspecter et de jeter à mainte reprise ses yeux sur la fugitive, s’assurant certainement du bon déroulement de la fuite ; comme elle n’émettait aucun commentaire, il était fort possible que Rosalinde se débrouillait à peu près convenablement dans cette tâche dangereuse.
Le passage au second bosquet qui lui, était beaucoup moins bien entretenue mais bien plus grand, se fit sans problème aussi bien que Liz s’y attela d’un trait en levant la main vers Rosalinde pour lui demander de continuer la course. La fillette, elle ne faisait aucun bruit au contact des feuillages tandis que l’ancienne sœur laissait toujours un petit son, similaire a un coup de vent contre les feuilles ; elle en faisait souvent tomber aussi, signalons-le.
La jeune semi-elfe pensait que Liz allait emprunter les nombreux petit bois, filant de plus en plus vite et donc laissant des traces derrières eux. Elle pensait qu’elle allait continuer dans un chemin linéaire et aussi sûr que potentiellement risqué ; cependant, l’étrange petite semblait avoir analysé le terrain et avait une autre idée en tête, un plan de sortie plus audacieux, plus tangible même, plus résolu. En effet, Liz repéra de nombreuses anomalies sur le terrain, usant des reliefs, des zones d’ombres, des rochers et parfois des grandes herbes pour s’abaisser. Les deux sortirent donc du plan a grand buisson pour se réfugier vers une sorte de cache qui profitait du relief obtus incliné de manière à ce que les sœurs du monastère ne voit rien, la respiration de la jeune demi-taurion augmentait avec la fatigue qui augmentait doucement mais ô combien sûrement. La fuite se passait bien pour l’instant et continuait ainsi pendant dix bonne minutes, où la seconde usait du talent de la première pour se camoufler, attendre, dissiper, repartir, attendre, récupérer. Elle étudiait chacun de ses mouvements et appréciait avec jalousie les incroyables aptitudes de la toute petite gamine, ce n’était pas une jalousie banale, elle aspirait vers une certaine et avouée admiration envers Liz tout en se demandant si elle pourrait être capable de ça seule un jour, s’il n’était pas trop tard pour elle. Elle n’eût point le temps de prendre racine sur cette idée que la première patrouille de sœur pointait son nez alors que Liz et Rosalinde avançaient avec les grandes aptitudes que l’ont donne volontiers aux félins dans une charmille au parfum de rose dont seule les sœurs de la Sororité ont le secret. La patrouille marchait lentement dans leur direction et, Liz, aussi calme que droite, se tourna vers la fugitive en faisant des signes avec ces mains, des signes assez clair qui disaient de s’abaisser vers le renforcement floral de droite ; ainsi, Rosalinde s’exécuta toujours sans le moindre mot, redoublant d’application sans voir où la gamine était cachée. Son cœur ne battait pas très fort, elle se concentrait pour se fondre avec la nature quelques mots résonnaient en elle :


(C’est une sentinelle, je le vois au signe sur son armure, une croix avec une flèche… il ne faut pas croire que… qu’elle n’est pas très habile ou plutôt devrais-je dire que Liz est bien plus forte que celle-ci. Les deux derrières ne sont que des sœurs-soldats, cependant… quelque chose cloche. Leurs habits, les robes ne sont pas de cette couleur et puis cette épaulette sur la gauche. Cessons cela, le silence doit être aussi dans mon esprit.)


Elle ferma les yeux, attendant le passage des trois sœurs, espérant de pas être vue et, dès qu’elle les ouvrit à nouveau elle vit Liz devant elle, faisant de gros yeux puis se remit à avancer encore plus rapidement. La sécurité était bien plus grande ici, même si le monastère n’était plus à vue, les sœurs étaient en nombres ici, tous virevoltaient çà et là dans la campagne du domaine de la Sororité cherchant ou ne cherchant pas quelque chose car il y avait les patrouilles classiques qui se contentaient de rentrer tout en regardant s’il n’y avait plus rien dans les environs et les patrouilles dites « de recherche » qui elles, scrutaient, ratissaient le terrain en cherchant tout et n’importe quoi servant à identifier l’ennemi. Les première patrouilles n’étaient pas ou peu attentive et quand Liz préférait reculer vers un point où les deux étaient déjà passé pour marcher sur les pas de ces patrouilles-ci, Rosalinde ne le comprit que plus tard quand elle vit de ces propre yeux le second type de patrouille qui touchait et fouillait dans tout les feuillages de dans leur périmètre ; heureusement pour elle que les deux étaient assez loin pour ne pas tomber dans nez à nez avec eux. Les talents de la petite fille n’étaient plus à démontrer, elle était d’un génie fou et aussi d’un calme incroyable et d’une force de volonté hors du commun pour une fillette. Quand elle toucha la terre et regarda une feuille au branchage subtilement différent des autres qu’elles avaient pu voir jusque là, elle savait qu’elles étaient plus très loin de la route allant à Tulorim et donc, aux frontières du domaine de la Sororité.
Après un certain temps, elles débarquèrent à proximité d’une grande étendue d’eau et sans être experte, Rosalinde supposait apercevoir un lac. Rosalinde sentait la différence entre les feuilles sauvages de ce bosquet et les feuilles des arbres que la Sororité entretenaient, elle ne savait comment ni pourquoi mais elle captait la nette différence entre les plantes et usait de cette aptitude inconsciemment durant toute la fuite. Il y avait moult plantes empoisonnées, feuillages aux propriétés désagréable et Rosalinde sans conseil les avait évité sans prendre conscience de cela alors que Liz, elle, veillait en regardant bien si la jeune dame touchera à cette plante ou à une autre mais rien n’y fit de ce côté : chance ou connaissance, nous ne le savons pas. Dans tout les cas, l’ancienne sœur ressentait la différence et se réjouissait de cela, elle sentait la liberté mais ne se hâtait pas de la rejoindre car le danger était encore partout. Même si elle voyait le sentier, elle se disait que si les deux étaient encore camouflées ce n’était pas pour rien.
De la réjouissance, c’était ce que les deux pouvaient ressentir, plus la demi-elfe que l’enfant mais en tout cas, Liz avait soit relâché son attention, soit faisait affaire à bien plus forte qu’elle car la petite sursauta soudainement à l’entente de bruissement. Cela ne l’abattit pas pour autant car aussi douée pouvait elle être dans des arts de calcul, aussi douée elle était dans l’improvisation ; tout se passa à une vitesse terrible et Rosalinde n’eut conscience de cela qu’une ou deux secondes après la jeune fille. Cette jeune fille qui s’était plaqué, collé à Rosalinde en lui passant finement une de ses dagues magnifiquement ouvragée dans la main, la semi-elfe n’avait pas le temps de grand que Liz continua son action en levant ladite dague contre sa gorge ! Avec une rapide concentration et une sorte d’excitation et de crispation bizarre elle sortit un unique mot à Rosalinde, un seul après tout ce temps de silence, un :


« Mens ! »

Ce ‘mens’ presque sourd parut presque pas anormal aux yeux de l’ancienne sœur qui n’était pas si dupe que cela ; elle avait flairé d’une quelconque manière et sans être vraiment habile que cette machination était du au fait que des personnes approchaient. Mais là, elles n’approchaient plus, elles étaient là ! Quatre sœurs firent leur apparition autour des deux ; Liz était plus rapide que tout car son plan était vraiment réalisé à la dernière minute et surtout, joué à la fraction de seconde près.

(Quatre… formant une sorte de carré, quoi de plus logique. Je peux même dire qu’il y a deux sœurs-soldat vu les épées de fonction qu’elle possède. La troisième, celle avec le fléau… certainement plus enclin à la guerre, conditionnée pour même, ce n’est pas une sœur-soldat mais une sœur de bataille… tandis que la dernière… La dernière je l’ai déjà vu quelque part… Oh, hum… non ! Pas de doute, c’est…)


Elle ne finit pas sa pensée, légèrement sous le choc de la situation, tentant de garder un contrôle sur elle. Mais ces quatre sœurs qui pointaient leurs armes sur elles n’aidaient en rien. Rosalinde tenait le poignet gauche de Liz d’une manière à faire croire qu’elle était contrôlée et ne présentant aucun danger, la lame sur sa gorge était si proche qu’à moins d’un centimètre, elle couperait le petit cou de la jolie fillette. La dernière des sœurs avait reconnu Rosalinde et ne se priva pas de lui demander :

« Rosalinde ? Mais que fais-tu ici ? Tu n’es pas rentrée avec les autres ? Et qui est cette gamine ? »

Les yeux de la petite Liz étaient devenue tout autre chose : plein de peur, remplie d’angoisse. La jeune fille prenait une attitude normale face à la situation et même pire, avait des airs d’enfant ; Rosalinde voyant se visage ne put vraiment garder son calme face à un si grand talent d’acteur, mais cependant, elle se redressa tout de suite tout en gardant bien de ne pas changer de position et d’être toujours en état de veiller sur la lame et sur Liz, puis elle dit :

« Ô vénérable Sœur-Lieutenant ! Sœur-disciple Rosalinde, c’est cela ! C’est un honneur de savoir que mon visage et mon nom soient connus de votre personne ! Pardonnez-moi de ne pas vous saluez mais comme vous le voyez, j’ai attrapé une belle prise et je soupçonne cet enfant d’être la cause de nombreux troubles dans l’enceinte du monastère. »

Elle s’arrêta un instant, ayant un sourire tout à fait satisfait devant la sœur-lieutenant qui avait toujours la rapière en direction d’elle. Elle continua avec encore plus de ferveur son discours :

« Vénérable, j’ai vu cette petite enfant tuer une de mes sœurs sous mes yeux… ce fut une chose horrible mais cependant, elle ne m’avait pas vu. Non, elle ne m’avait pas vu, elle. Alors j’ai suivi cette truande avec le plus de précaution, elle se faufilait dans le monastère avec une grande dextérité, cherchant peut-être quelque chose. Mais elle partit et commettant de nouveau un crime. Je ne pouvais rien contre elle à ce moment car j’étais venue trop tard. La fuite était son but maintenant et je me mis donc à la tracer de nouveau, ce fut un travail de longue haleine mais j’ai réussie à l’approcher uniquement quand elle voulut s’abreuver au lac certainement et puis vous voilà, vous vénérable sœur. Maintenant, j’attends vos ordres mais croyez-moi… cette fillette est bizarre, elle avait l’air si différente quand je l’ai vu mais là, elle ressemble à une banale jeune fille… je me demande si je ne me suis pas trompée de cible maintenant… je ne l’avais jamais vraiment vu son visage… Que dois-je faire, ô vénérable ? Quels sont vos instructions ? »


Rosalinde passait de la ferveur au doute, elle regardait la petite Liz avec une certaine complicité inexplicable puis remettait son regard à nouveau vers la sœur-lieutenant avec une rigidité terrible la pensée toute ailleurs.

(Le pire des mensonges Liz, c’est la vérité car on lui fait dire ce que l'on veut… et même c’est assez extrême pour ne pas être cru. Maintenant, croisons les doigts, encore une fois… j’espère avoir fait le bon choix mais la situation ne me permettait pas de dire autre chose, l’accumulation d’émulation certainement. Je n’ai pas d’excuse.)

Les yeux se retournèrent vers Liz se plongeant vers elle, cherchant sa future réaction, des yeux à la fois sérieux et concentré tout comme le reste du corps de Rosalinde mais avec une lueur de tristesse et de désolation qui n’arrivait pas à se déloger de son regard. Le destin nous pousse à choix bizarre non ?

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Rosalinde Von Anhalten, voleuse Semi-elfe qui n'est pas à votre service.

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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Mar 22 Déc 2009 17:08 
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La soeur à la rapière t'écoute débiter ta semi-vérité, les sourcils froncés, la pointe de son arme légèrement abaissée, mais toujours menaçante. Les trois autres guerrières, elles, ne bougent pas d'un pouce, sur leurs gardes. Lorsqu'elle t'entend mentionner l'un des meurtres de Liz, ta supérieure hausse carrément les sourcils d'étonnement, probablement ayant du mal à croire qu'une petite chose comme ta compagne puisse être capable d'ôter la vie de qui que ce soit.

Un lourd silence s'installe dans le bosquet, et personne ne bouge plus. Seule la respiration heurtée de la petite Liz (simulée ou non) le trouble. La soeur à la rapière semble réellement perplexe, se demandant probablement si ce que tu lui racontes est du lard ou du cochon. D'un côté, pourquoi une disciple lui mentirait-elle? Mais d'un autre côté, cette histoire que tu lui as servie (et qui est pourtant en partie vraie!) paraît folle. D'autant plus folle lorsqu'on ne voit en Liz qu'une petite fille aux yeux apeurés qui tremblote dans tes bras, et non plus la froide tueuse qui t'a aidé à te tailler un passage hors du monastère. Et justement, en parlant du monastère, la supérieure prend la parole :

" Des troubles au monastère dis-tu? J'étais pourtant persuadée que nous avions réussi à contenir l'ennemi loin de nos locaux... Es-tu bien sure de toi Rosalinde? Et un meurtre? Cette petite fille? Mais cela semble fou! "

Soudain l'un des soeurs toussote. Tu peux voir du coin de l'oeil qu'elle est armée d'une paire de griffes en acier, et elle affiche une froide assurance qui ne dit rien qui vaille. Elle parle doucement, doucereusement même:

" Puis-je parler, Shany? "
La soeur à la rapière acquiesce sèchement, et l'autre continue:
" Je crois que cette petite fille que nous voyons n'en est pas vraiment une... Je sens que des fluides très puissants la parcourent, et... C'est étrange, mais elle ne semble pas... vivante, comme nous. Je ne connais pas ce prodige, mais je suis sure que c'est une créature magique bien plus dangereuse qu'elle ne semble l'être. "

Et elle se tourne vers toi avec un sourire carnassier:

" En tous cas, bien trop dangereuse pour se faire attrapper par une vulgaire disciple! Shany, quelque chose cloche dans cette histoire! "

Et elle avance tranquillement vers toi, ses griffes pointées clairement sur ta gorge. C'est bien votre veine d'être tombées sur une magicienne (ou c'est le fait d'un GM démoniaque). Liz, quant à elle, s'est pétrifiée, et toute trace de peur sur son visage s'est envolée. La situation est problématique, et son esprit vif travaille déjà à trouver une solution. Une chose est certaine: si tu ne réagis pas maintenant de manière convaincante, vous serez découvertes, et tu pourras dire adieu à la liberté!


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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Mar 22 Déc 2009 20:09 
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(Vulgaire ! Misérable, vous avez de la chance que… non, elle a raison en ce point. Je ne peux rien d’autre que vous rouler tendrement !)

Rosalinde, durant ses trop nombreuses années au monastère, avait lu tout ce qui pouvait lui passer sous la main, de traités magique auquel elle ne comprenait rien aux histoires et légendes du monde extérieur. Elle en avait lu des contes et des histoires parlant de dragons, d’elfes et de gobelins, sans jamais en douter ; Liz relevait de ce genre de créature et Rosalinde n’y avait presque pas pensé avant que la magicienne ne l’évoque. Encore une information à traiter avec le plus grand intérêt cependant, elle n’avait pas le temps ! Les pointes de griffes de la sœur sous la gorge, Rosalinde dans un sentiment de « panique » savamment calculé, lâcha sa dague de manière discrète et floue dans l’espoir que Liz l’intercepte. Eh oui, la sœur-mage était si proche que Liz semblait entre deux grands piquets de bois, l’un menaçant et l’autre… menacé. Rosalinde semblait avoir déjà imaginé cette action, sa réaction aussi car elle savait, elle savait intuitivement qu’une des quatre allait se douter de quelque chose. Dans les lectures de la semi-elfe, les traités de comportements y figuraient et, elle n’était pas maitresse de son corps, de ses armes ou de ses capacités corporelles mais Rosalinde avait étudié le comportement des sœurs en général. La demoiselle connaissait les failles et les ouvertures de certaines personnalités et avec une vitesse forcée et obligatoire, Rosalinde s’adonna de peintre le portrait de la menaçante sœur.

(Pragmatique, impulsive, donnant quelques attitudes d’analyse. Peut-être un soupçon intuitif. Je n’ai pas le temps de trouver les failles, enfin, les vrais failles, jouons avec ce que nous avons là)


Toujours dans un semblant de panique, Rosalinde répondit à la sœur avec véhémence, force et passion :

« Que connaissez-vous des sentinelles ma sœur ? Ce n’est pas votre garnison, je crois et, avec tout mon respect si c’est cette petite fille est si forte que vous le pensez pourquoi pointer vos griffes sur ma personne ? Nous pouvons vous suivre sans même savoir que nous sommes derrière vous alors ne doutez pas mes capacités. J’ai accompli ma tâche de disciple, je l’ai suivi jusqu’à ce lac et ne serai-ce qu’un moment elle m’a parut différente, faible. Ces défenses n’étaient plus, c’est par chance que je l’ai attrapé, je vous l’admets mais ne doutez plus des autres capacités d’une sœur et surtout pas devant une vénérable, je vous en prie ! »

Rosalinde joua sur l’emportement et sur la dévotion pour s’en sortir et, après tout, elle a toujours montré cela envers la Sororité. Rosalinde voulait ajouter un détail, un petit détail mais celui-ci risquait d’être de trop dans ce qu’elle avait déjà narré. Elle ne le fit par sécurité ; elle qui espérait que Liz l’aiderait dans cette mauvaise impasse… la chance ou la mort ou… Liz, la petite fillette bien mystérieuse qui avait l’air de se concentrer et de se focaliser sur une solution. Le visage de Rosalinde dégoulinait de sueurs, elle transpirait vivement en soufflant doucement, ses yeux se plissaient sa bouche se fermait fermement pour s’ouvrir une dernière fois :

« Croyez-moi ou non… mais au prix du sang… c'est inutile.»

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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Dim 27 Déc 2009 18:12 
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Jet de persuasion : 43, échec


Malgré toute la fougue et la conviction que tu peux afficher, la magicienne ne semble pas le moins du monde changer d'avis. La seule évolution dans son expression consiste au plissement de plus en plus marqué de son front. Elle attend que tu aies fini ton petit discours, pour siffler:

" Petite impertinente! Shany... "

Elle est soudain interrompue par la femme à la rapière:

" Il suffit! Toujours est-il que désormais, cette créature est entre nos mains. Rosalinde, reculez, les trois Soeurs vont prendre le relais. "

Tu es contrainte de faire un pas en arrière, et de laisser pendre à ton côté la dague de Liz. Cette dernière, juste avant que tu t'écartes, te souffle : "Bientôt. Diversion.".Les trois autres soeurs, dont la magicienne, convergent alors vers Liz pour l'entourer, et veiller à ce qu'elle ne tente rien. Le petit groupe s'organise: Shany prend la tête, rapière bien en main, suivie à quelques pas derrière par Liz, encadrée à droite et à gauche par la Soeur au fléau, et à droite par une Soeur apparemment désarmée. La mage aux griffes, elle, suit de près Liz, l'une de ses mains posé sur son épaule. Enfin on t'a assigné l'arrière garde, tu suis donc la troupe à quelques pas. Signe de confiance ou alors on te considère comme quantité négligeable?

Cependant, tu sembles coincée: te voilà en route pour retourner à la case départ.


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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Mer 30 Déc 2009 20:14 
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(Je crois que quelqu’un disait « nous sommes automates pour les trois quarts de nos actions. » Mais Liz, elle, est-elle une automate à part entière ? )

Rosalinde y pensait, soigneusement, fermement dans son esprit torturé d’un ‘retour au point de départ’. Sa feinte n’avait pas fonctionné mais au moins, elles étaient encore en vie ; comment diable pouvait-elle savoir qu’une magicienne assez apte pour repérer les bizarreries était présente ? Aucune, ce n’était pas entièrement de sa faute… Liz devait lui en vouloir à présent. (Mais Liz possède-t-elle des émotions ?) se demanda-t-elle aussi ?
Doutant sur son ‘amie’, Rosalinde marchait à pas lourd derrière le cortège que les sœurs avaient formé autour de la petite et étrange créature-fille, silencieuse et plus acide que jamais elle se mit à cogiter sur les mots de la jeune demoiselle.

(Diversion ? Comment cela peut-il être possible ? En tout cas, moi j’ai ma propre idée pour sortir de là ! )

En effet, la semi-elfe gardait encore un tour dans son sac. Elle ne promettait pas la réussite de celui-ci mais en tout cas, cela permettrait de faire douter encore un temps ces ex-sœurs qui se dirigeaient vers le monastère. Regardant derrière elle de temps à autre, elle décida de prendre la parole calmement :

« Permettez-moi de l’ouvrir encore une fois, mes sœurs mais je pense… que nous ne sommes pas seules. En tout cas, je ne l’étais pas durant ma traque ; je pouvais sentir les ombres lorgnant dans ma direction si avidement que j’ai eu l’envie de reculer et de faire marche arrière plus d’une fois. Pardonnez cette faiblesse, pardonnez ma parole ici. »

Une fois ses mots appliqués, Rosalinde s’arrêta comme paralysée par une chose ; elle semblait se concentrer sur quelque chose, sur une action, sur un bruit, sur une intuition ; ses yeux se rivèrent vers le sol puis ouvrit légèrement sa bouche pour remuer quelques mots :

« Je…je…suis…désolée. »

Une vie qui peut sembler douce-amère allait s’effacer. Habituée à coucher tout les soirs au même endroit, dans sa petite cellule, à manger sans la fortune du pauvre mais avec l’assurance de la vie monastique, à être au chaud sous des vêtements faits pour elle, à pouvoir marcher tout le jour, la tête pleine de savoir accumulé, elle pensa, regardant le sol, la terre nue, les arbres, qu’en s’excusant ainsi, on faisait allusion à son erreur d’avoir essayé de capturer seule une personne bien trop habile pour elle. Cependant, il n’en était rien, elle s’excusait pour ce qu’elle allait faire, elle demandait plutôt pardon à la petite Liz pour ce qu’elle allait faire.
Rosalinde changea sa parésie en sinistre sourire, un sourire calme, un sourire posé, présent ; elle dégaina avec agilité sa dague et se rua vers un buisson. Un buisson au air franchement banal mais la phrase que Rosalinde argumentait face à au tas de feuillages était…bizarre :

« Là ! J’en ai vu un qui bougeait, il va tenter de s’enfuir, vite ! »

(Je ne sais pas si c’était maintenant ce « Bientôt » mais en tout cas, tu as intérêt de sortir de là, Liz l’étrange !)

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Rosalinde Von Anhalten, voleuse Semi-elfe qui n'est pas à votre service.

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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Dim 10 Jan 2010 00:04 
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Dirigé de Rosalinde


A ta première intervention, les Soeurs te regardent furtivement, sans trop réagir. Sans doute flairent-elles une entourloupe quelque part. Cependant tu peux remarquer dans leur posture vigilante, et grâce à leurs fréquents coups d'oeil en arrière, que tu as implanté dans leur cervelle le germe du doute.

Vous continuez votre route, cheminez à travers la forêt, quelques minutes encore. Shany et ses compagnes surveillent toujours étroitement la petite Liz, qui ne peut donc plus communiquer avec toi. Puis soudain, tu te jettes sur ce buisson, dague à la main, et déstabilise toutes les Soeurs. Elles se retournent brusquement vers toi. La magicienne désagréable commet alors l'erreur de lâcher Liz et de faire un pas dans ta direction.

Exactement la diversion que Liz attendait. Une sphère de glace apparaît subitement dans ses petites paumes, que la petite fille projette presque avec désinvolture droit sur la nuque de la magicienne aux griffes. D'un même mouvement, elle écarte les bras et tu peux ressentir, même à quelques mètres d'elle, un soudain abaissement de la température. Une aura de froideur s'abat, faisant presque crépiter l'air. La magicienne, et les deux autres Soeurs s'écroulent en même temps, inconscientes en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Reste Shany, horrifiée, les yeux fixés sur Liz, la petite fille qui n'en est pas une, et qui vient en une seule seconde de neutraliser trois Soeurs expérimentées. Elle se tourne avec un sourire carnassier vers Shany, qui pointe sur elle, livide, sa rapière. Presque amusée, elle brandit en retour sa main en direction de l'arme. Le froid crépite, la lame se casse net en deux. Sous le choc, Shany en lâche la poignée, et fait un pas en arrière, sentant sa fin proche. Les yeux écarquillés, elle souffle :

" Qui êtes-v... "

Elle s'interrompt, assommée, par un projectile sphérique glacée lancé par Liz.

Et voilà. Vraiment terrifiante, cette créature. Heureusement qu'elle est dans ton camp, je ne donnerais pas cher de ta peau, sinon. Elle se dirige finalement vers toi d'un pas léger, et tend la main vers toi en te disant:
" Merci d'avoir gardé ma dague, Rosalinde. On y va? Mon maître nous attend juste avant la route de Tulorim, et il nous reste un peu de marche! "

Puis elle éclate d'un rire espiègle en voyant ton air abasourdi.


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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Dim 10 Jan 2010 21:52 
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« Qui est-elle ? Il est incroyable que… vous, anciennes supérieures, n’ayez aucune compréhension du monde. Vous possédez une bibliothèque riche et vous n’avez même pas pris la peine de prendre goût aux livres qui l’ornent… Liz, votre maître est-il de ceux qu’on nomme les sindeldi ? »

Rosalinde avait peut-être des chances de voir juste. Une petite conditionnée aux combats et à la magie… cela n’avait rien d’humain, la perfection des mouvements, la fluidité des techniques, la rapidité d’incantation… peu y arrivent avec aussi d’aisance. Rosalinde était subjuguée devant la performance mais encore plus devant la personne ; la créature, aussi magique était-elle, n’avait pas appris cela toute seule, son maître, un « sindel » comme l’imaginait Rosalinde devait être impérieusement plus puissant, incroyablement plus capable qu’elle ; la semi-elfe ne se morfondait plus, elle crépitait d’impatience et de joie vers la liberté. Oui, la future et grande liberté était bientôt à elle. La jeune demoiselle rayonnait parmi les cadavres qu’elle ne regardait plus. Mais tout à coup elle leva les yeux au ciel, sembla puiser une nouvelle dose de bonheur dans une méprisante pensée ; puis, jetant un regard de pitié sur Shany, figée pour un bon moment, elle s’inclina , se retourna, et lui dit avec attendrissement : « Mes hommages à Phaïtos si vous ne sortez pas de votre torpeur, ô vénérable. »

L’affection que lui témoignait l’ancienne sœur et l’accent solennel qu’elle mit à son onctueuse et courte allocution la toucha d’un rire vif et clair des mauvaises intentions prononcées dans sa brève tirade ; mais elle dissimula sa méchanceté, sautilla doucement en prenant des accents d’enfant, et suivit la petite Liz qui marchait déjà vers la chemin en direction de Tulorim. Quand Rosalinde jugea que sa vie ici n’était qu’une pénible émotion qui allait disparaitre lentement sous le joug de la puissante et nouvelle vie qui l’attendait, elle dit ceci à voix très basse :

« Je vous remercie bien de votre gracieuse attention, ma chère petite Liz. Vous avez arrangé votre fuite pour me sauver des griffes d’un refuge de folâtres. Vous me saviez peut-être folle et rebelle. Mais, est-il d’usage de fuir ainsi alors que... il aurait pu en être autrement ? Ah ! certes mais ainsi on saura que Rosalinde von Anhalten est passée par ici. »


Elle s’échappa, et espérons-le pour elle, définitivement de la Sororité de Selhinae, et fière chanceuse d’avoir rencontré Liz, elle s’en alla en chantant l’air d’un vieux chant qui, selon les documents qu’elle eût glané durant sa vie dans la société des sœurs, appartiendrai probablement à sa famille. La vie quotidienne, grise et monotone, allait prendre fin pour quelque chose de radicalement différent. Son regard se porta vers la petite Liz tout en marchant sereinement vers le sentier de la libération et de la fortune.

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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Dim 18 Juil 2010 01:26 
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Le vent s’était levé et soufflait dans le dos de nos chevaux, faisant virevolter le tissu des larges tuniques. Tout autour de nous, la campagne était silencieuse, et le fracas des montures semblait troubler cette douce quiétude ; de temps à autre, notre approche faisait fuir des animaux nocturnes, qui filaient alors dans les hautes herbes ou qui se glissaient dans les eaux lentes du fleuve. Ce dernier étalait ses larges lacets, formant une ample tâche sombre sur les herbages argentés. Son débit était à ce niveau de la plaine si lent que les larges eaux semblaient parfaitement immobiles, comme si elles répugnaient à gagner l’océan.

Comme toujours, le spectacle nocturne de la plaine endormie me remplissait d’une délicieuse tranquillité. Il était rassurant de parcourir ces espaces immobiles et monotones, comme si leur régularité avait quelque chose de protecteur. Le monastère était enfoui au sein de ces terres quasiment vierges ; comment le monde extérieur pourrait-il un jour atteindre de ses guerres et de ses bouleversements l’estuaire tranquille où reposait le cœur de Selhinae ? Parfois, je me laissais aller à croire aux discours des mères ; cet isolement était nécessaire, et même indispensable, ce ne pouvait être autrement. Les ouvrages de la vaste bibliothèque du monastère m’avaient raconté ces terres où les hommes et les femmes vivent ensemble, au sein de cités gigantesques aux appétits gargantuesques ; une femme seule ne pouvait jamais, me semblait-il, s’y sentir aussi libre que je ne l’étais à cet instant précis où je parcourais la plaine déserte à bride abattue. Pourtant, l’idée de pays aussi étranges où le sublime côtoie les réalités les plus sordides n’en finissait pas d’exciter mon imagination. Pourquoi les Sœurs n’avaient-elles pas le droit de parcourir le vaste monde ? J’avais écouté les histoires de nombreuses femmes venues trouver refuge derrière les murs du monastère, et, bien que leurs peintures du monde étaient teintées d’effroi et de douleur, j’avais l’impression d’être devant ces voyageuses une enfant. N’avais-je pas besoin, pour trouver un certain accomplissement, de me jeter dans ce tourbillon qu’elles nommaient toutes « la vie » ? Je me rendais ignoble à moi-même d’envier leurs douleurs ; et pourtant, j’étais intimement persuadée que la « vie » du monastère était bien trop régulière, trop immuable pour que l’énergie qui m’habitait ne finisse par me faire exploser. J’avais viscéralement besoin d’un exutoire.

Le temps s’étirait, tandis que dans le ciel la lune faisait son chemin. Mes muscles étaient tendus, et je sentais sous mes cuisses monter la chaleur du corps massif du cheval. J’étais prise d’une douce somnolence, et je ressentais le désir pressant de m’étendre pour dormir quelques heures. A ma grande satisfaction, mère Théa, qui chevauchait en tête, éleva sa longue main pâle pour ordonner la halte. Les sœurs étaient fatiguées et pressées de prendre du repos, le camp fut dressé en quelques instants ; un feu timide fut allumé à bonne distance des berges, et chacune pris place autour. Il était connu qu’il ne valait mieux pas dormir trop près du fleuve, une multitude de bêtes peu aimables y vivaient. Mère Théa nous regarda avec un sourire où l’on pouvait, à mon plus grand étonnement, déceler une once de tendresse, avant de nous adresser d’une voix basse.

- Nous avons bien chevauché, et la nuit est bien avancée. Dormez quelques heures, étirez-vous, je vous veux en pleine forme pour demain. Nous ne savons à qui nous allons avoir à faire, et les éclaireuses qui m’ont prévenue semblaient préoccupées ; ces hommes ne sont pas les brigands habituels que nous connaissons bien, ni même des hors-la-loi des comtés voisins croyant trouver refuge sur nos terres…

Cette idée absurde lui tira un sourire. Mère Théa était en charge des corps guerriers du monastère depuis de nombreuses années, et elle savait mieux que quiconque à quel point sous-estimer la puissance militaire de la Sororité pouvait s’avérer une erreur fatale. Elle reprit aussitôt :

- Ils sont lourdement armés, et paraissent savoir exactement où ils sont –tout laisse à croire qu’il cherchent à atteindre un objectif précis. Je ne cherche pas à vous inquiéter, et je connais votre valeur aux armes ; je pense que vous en aurez vraiment besoin demain.

Cette débauche de parole était presque choquante dans la bouche d’une femme qui, si elle n’avait pas eu autant de responsabilité au sein du monastère, aurait fait vœu de silence. La situation était, pour une raison qui m’échappait, réellement grave ; nous avions déjà combattu des troupes extrêmement aguerries, celle-ci avait quelque chose de plus qui inquiétait la hiérarchie du monastère. Elle hésita un instant.

- L’abbesse s’est penchée sur l’affaire.

Bien qu’aucune sœur ne laissa échapper un seul bruit, l’atmosphère sembla s’épaissir subitement, comme si les guerrières cherchaient toutes à être le plus immobile possible. L’abbesse était une entité presque mythique au sein de la Sororité ; élue à vie par le conseil des mères révérendes, elle avait le pouvoir absolu sur le monastère, bien qu’elle n’en usait que très rarement et avec sagesse. Sa fonction avait une portée plus symbolique que réellement pratique, et l’on ne l’apercevait que rarement, sinon jamais. On chuchotait que l’abbesse était la seule femme de la Sororité à pouvoir entretenir des correspondances et des relations avec le monde extérieur. Ces quelques mots confirmèrent mes doutes ; quelque chose d’inhabituel se préparait.

- Dormez à présent, termina-t-elle avec une expression indéchiffrable.

Personne ne chercha à en savoir plus, et la mère révérende prit le premier quart. Je fus tentée de l’interroger, mais il n’était pas certain que Théa en connaisse beaucoup plus que ce qu’elle ne nous en avait dit. Et puis, je la connaissais bien, je n’en tirerais de toute façon pas un seul mot. Les sœurs affichaient des mines anxieuses, et même franchement inquiètes, et tout portait à croire qu’il y avait de quoi.

Alors que je m’étais étendue recroquevillée sous mon manteau, les paupières closes, je sentis le souffle chaud de la sœur qui dormait à mes côtés me caresser le front.

- Kayane ?

C’était Mair. Un mélange de soulagement et d’exaspération se peignit sur mon visage. Je n’ouvris pas les yeux. Ayant certainement à la lueur des flammes remarqué mon changement d’expression, elle continua.

- Tu as l’air préoccupée, tout va bien ?
- Oui, j’ai besoin de dormir.

En effet, je me sentais léthargique, et, déjà, je sentais mes jambes devenir légères.

- D’accord.

Elle inspira longuement.

- Kayane, il faut que je te dise…

Je me sentais glisser doucement, et sa voix mélodieuse me paraissait comme atténuée, lointaine, hors d’atteinte. Et de toute façon, je n’avais aucune envie de la repousser à nouveau, j’étais bien trop épuisée.

Un moment passa. Mes pensées vagabondaient, éparses ; elle avait abandonné. Pourtant :

- Non… rien. Bonne nuit.

J’eus juste le temps de noter une trace inhabituelle d’inquiétude dans sa voix, avant de m’endormir.

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Dernière édition par Kayane le Jeu 28 Oct 2010 22:30, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Dim 18 Juil 2010 14:41 
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Je plongeai dans des rêves agités ; les figures et les silhouettes s’y mélangeaient, et je me retrouvais tantôt sur de tortueux chemins au sein d’une forêt où les arbres, aussi larges que des collines, semblaient s’envoler vers les étoiles ; tantôt, je déambulais dans d’étroits corridors où les gens que je croisais m’étaient inconnus et dont pourtant les traits me paraissaient familiers. Ils m’incitaient tous à la retrouver, et ce pronom mystérieux, ce « la » inconnu, n’en finissait pas de m’intriguer. Il était plus qu’urgent que je la trouve, c’était presque un besoin vital. Un nécessité impérieuse me dirigeait, et l’angoisse de ne pas trouver ce but inconnu m’étreignait la gorge ; je suffoquais.

Les couloirs se faisaient de plus en plus étroits, et leurs parois se colorèrent de couleurs sanguines ; d’étranges renflements plus foncés formaient sur ces murs visqueux de longs serpentins palpitants. Je posai mes mains sur ces sortes de tuyaux, et je sentis leur battement régulier, sourd et grave, dont le rythme semblait s’accorder sur les battements de mon propre cœur. A chaque pulsation, les parois se contractaient légèrement, comme sous la pression d’un choc, et j’eus peur. Je courus.

Un long moment passa, sans que je ne pusse trouver la sortie de cet enfer ; j’avais le souffle court, j’étais au bord de l’évanouissement. Complètement désorientée, je me laissai choir sur le sol rose et grumeleux, terrorisée. Jamais je ne la trouverais, je ne saurais jamais même ce que ce « la » cachait.

Et subitement, elle fut là, comme si elle avait attendu que je sois poussée dans mes derniers retranchements pour apparaître. La porte. Celle cachée quelque part dans les boyaux étroits et palpitants de mon cerveau. La porte vers mes souvenirs. Elle se découpait nettement sur le décor cauchemardesque, sombre. Une lueur brillait à travers la serrure métallique. Je me relevai, posant doucement la main sur la poignée rouillée. Elle frémissait elle aussi, doucement, et dans ma poitrine, mon cœur répondait à ses pulsations dans une osmose parfaite. Alors, elle s’ouvrit d’elle même, et un éclair éblouissant m’ôta la vue ; mon état de conscience se modifia légèrement, et j’eus l’impression que j’allais me réveiller. Mes pensées reprenaient le cours logique qu’elles avaient sous la lumière du jour, et pourtant, j’étais toujours en train de rêver. Si on pouvait appeler ainsi cet état insolite.

Une digue avait cédé.

*


Je n’y voyais strictement rien, l’obscurité la plus totale. Je mis un instant à me rendre compte que mes paupières étaient restées closes, les cils étroitement liés les uns aux autres, comme lorsque l’on a dormi trop longtemps. Et, effectivement, quelque chose avait dormi trop longtemps en moi, et ne se réveillait que maintenant, après des années à sommeiller dans un coin de ma tête. Alors que je m’apprêtais à ouvrir les yeux pour découvrir où je me trouvais, une voix d’homme, haute et très pure, s’éleva.

« Une alouette, prise au filet d’un chasseur,
Chantait alors plus doucement que jamais,
Comme si les doux accents jaillis de son cœur
Pouvaient libérer l’aile du filet. »


Je comprenais confusément les paroles de ce chant ; pourtant, la langue de cette homme n’était pas celle que j’utilisais habituellement, elle était plus musicale, plus chantante, plus… familière. C’était un air très triste et très vieux, lent et doux, un chant d’adieu. L’homme allait être exécuté. Et pourtant, tant que sa voix s’élevait, il tenait la mort en échec.

« A la tombée du jour le chasseur prit sa proie,
Jamais l’alouette ne retrouva sa liberté.
Les oiseaux et les hommes sont assurés de mourir,
Mais les chansons peuvent vivre à jamais. »


Un grand froid me tomba sur les épaules. L’homme, le chanteur s’était tu, l’heure était arrivée, trop vite. Dans ma gorge glissèrent des sanglots silencieux : les mots avaient brisé quelque chose. Je n’avais pas pleuré depuis des années, et ces années aux yeux secs se mirent à pleurer toutes ensemble. Les larmes dévalaient mes joues pour atteindre mes lèvres où elles laissaient pour seul souvenir un petit goût salé. Je pleurais pour cet homme qui allait mourir dans quelques secondes, que je ne connaissais pas, mais dont la voix avait éveillé de très vieilles sensations : je n’avais plus que trois ans.

J’ouvris les yeux ; les larmes obscurcissaient la scène. Le soir était ombrageux et les grands arbres autour de la clairière jetaient jusqu’à son centre de grandes ombres mouvantes. Sous mes petits genoux écorchés, un vert tapis de mousse courrait jusqu’au groupe de cinq personnes qui se tenait un peu plus loin. Quatre étaient debout, le dernier, le chanteur, agenouillé devant eux, tête baissée. Leurs visages, que j’avais jusqu’ici oubliés, me revinrent en quelques secondes, avec une telle force qu’il me sembla qu’on les gravait au fer rouge dans ma tête tandis que je les détaillais.

L’un, les traits fins et racés, la peau aussi argentée que la Lune que l’on apercevait derrière les frondaisons, affichait une moue dégoûtée ; ses longs cheveux presque blancs, ramenés en arrière derrière ses oreilles effilées, se confondaient avec le tissu moiré de sa riche tunique. A sa main gauche luisait finement une pierre grise. Cette même main était serrée autour d’un poignard au manche subtilement taillé, où était enchâssé un rubis ovale. Presque ennuyé par le spectacle, il tourna la tête vers son voisin de gauche. Ce dernier, de haute taille, mais restant plus petit que le premier, possédait une stature plus épaisse ; ses bras nus laissaient voir leur peau pâle sous laquelle courraient des muscles saillants. Il était très beau ; ses traits réguliers étaient encadrés de magnifiques boucles dorées qui semblaient émaner une lumière propre, et ses yeux étaient d’un bleu sombre presque noir. Il tenait une longue épée claire, et observait l’homme à ses pieds avec une réelle curiosité, et même une légère émotion, comme si le chant avait atteint son cœur. Je surpris alors le regard amusé que lui jetait l’homme à sa gauche. Ce dernier, de même taille que celui qu’il observait, était cependant bien plus musclé. Sa peau était sombre comme la mienne, et ses cheveux ras ; son regard doré étincelait d’un éclat moqueur devant l’émotion du guerrier blond à la beauté surnaturelle. Cette homme à la peau sombre si similaire à la mienne tenait fermement une javeline aigue, qui était solidement pointée sur la nuque de l’homme agenouillé.

Mon regard fut alors attiré par la jeune femme qui se tenait aux côtés de ces trois hommes. Contrairement à ses compagnons, elle avait le regard braqué sur moi, et dans ses prunelles d’un noir absolu je pus lire une insistance indéchiffrable. Que cherchait-elle sur mon visage, que cherchait-elle si intensément sur mes traits ? Son regard ne cherchait ni à m’intimider, ni à me communiquer quoi que ce soit ; il me scrutait simplement, détaillant avec une lenteur méthodique chaque élément de ma face. Au dessus de ses yeux, deux longs sourcils sombres s’arquaient pour former une voûte élégante, où s’enchâssaient à merveille ses yeux bridés. La peau pâle et délicate, des lèvres roses et plantureuses, de longs cheveux d’un noir de jais, toute sa personne exhalait une beauté intense mais d’une dureté sans pareille. Un sabre si fin qu’il disparaissait presque dans l’ombre tombante s’envolait de sa main.

Sur un accord tacite, les quatre armes s’élevèrent haut au dessus du corps recroquevillé de l’homme agenouillé devant elles. Il releva brièvement la tête, et je croisai son regard. C’était un mauve intense. J’eus l’impression que mes entrailles étaient arrachées de mon ventre.

- Papa !

Le quatuor de lames s’abattit dans un sifflement insupportable. Avec un bruit terrible, les os craquèrent, et le sang souilla la mousse. Je vomis, et une femme, qui se tenait à côté de moi depuis le début, se mit à gémir. Son époux n’avait plus de tête. Je voulus me jeter dans les bras de ma mère, mais je ne pus m’empêcher de vomir, la bile me brûlait atrocement la gorge.

Et ce fut tout.

*


Le réveil fut aussi terrible que le sommeil ; je fus tirée de force des limbes de l’inconscience par le cri d’alarme d’une sœur.

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Dernière édition par Kayane le Jeu 28 Oct 2010 22:30, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Mar 20 Juil 2010 01:35 
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L’aube pointait ses rosées, et le feu mourait doucement dans ses cendres ; il régnait sur le campement une grande agitation. Emergeant difficilement du sommeil de plomb dans lequel j’étais plongée, je me redressai, observant avec l’incompréhension la plus totale l’agitation de mes sœurs. Mère Théa était dressée comme une flamme, sa longue flamberge luisant dans la faible lumière, hurlant des ordres que je ne comprenais pas ; elle avait retiré son long manteau, son armure de cuir durci pour seul vêtement. Je ne pus m’empêcher d’admirer sa musculature étonnante pour une femme de son âge, résultat de nombreuses années de vie austère. Elle m’aperçut, complètement désoeuvrée, et lut sur mon visage que je saisissais rien de la situation.

- Sœur Kayane, réagissez !

Sa voix était dépourvue de toute intonation, sinon celle de l’injonction, et seule la froide colère qui couvait dans ses yeux, ainsi que le caractère inhabituel du vouvoiement, me firent prendre conscience que non seulement la situation était insolite, mais dangereuse. Cette prise de conscience me fit le même effet que si je m’étais jetée dans les eaux froides du fleuve ; le sommeil n’était plus qu’un lointain souvenir, et je jetai à terre mon long manteau. C’est alors que je les vis enfin. Comment n’avais-je pas pu m’en apercevoir plus tôt ! A peine quelques centaines de mètres en amont, le long du fleuve, un groupe de sept cavaliers filait droit vers nous, et la lumière matinale faisait luire leur armes sorties de leurs fourreaux. Le fracas de leur cavalcade était effrayant. Comment avait-ils découvert notre position, et surtout, que signifiait cette charge ? De mémoire de sœur, jamais personne n’avait lancé d’attaque contre une patrouille. Je sentis l’adrénaline projeter dans ma poitrine ses jets acides. Le temps n’était pas au questionnement. Immédiatement, je m’emparai de mon fourreau, laissé la veille à même le sol à côté de ma couche, et sortit mon sabre court. Le chuintement de l’acier eu pour effet de calmer les battements de mon cœur ; une lame en main, la peur n’était plus une ennemie, mais une alliée, je pouvais la contrôler, la juguler pour affermir ma prise. J’aperçus Mère Théa hocher de la tête en voyant mon changement d’attitude ; et elle lança aux sœurs rassemblées là :

- Il n’y a pas un seul instant à perdre ! Ils sont en légère supériorité numérique, et profitent de l’impulsion de leur charge ; heureusement, le terrain décrit jusqu’à nous une légère montée qui devrait ralentir les chevaux. En plus, la pente de ce tertre devrait nous cacher à leur vue dans les derniers mètres. Placez-vous dans les affleurements rocheux des berges, et attendez qu’ils arrivent ; celles qui ont une javeline, attendez jusqu’au dernier moment, et touchez les chevaux dans les pattes antérieures. La priorité est de les désarçonner, contre des cavaliers nous n’avons aucune chance. Allez-y, maintenant !

Les paroles de la mère révérende me firent prendre conscience de l’importance que pouvait, dans un combat, revêtir l’influence du terrain ; hier, en installant le campement, je n’avais remarqué ni notre position surélevée, ni les affleurements rocheux, rendue aveugle par la fatigue et la fausse certitude d’être loin de tout danger. Il me faudrait encore du chemin pour devenir une véritable guerrière. Suivant le mouvement, je me réfugiai derrière l’amas de roches grises et acérées qui bordait la berge. Les visages des sœurs étaient tendus, mais chacun de leurs gestes rappelait l’admirable entraînement guerrier auquel étaient soumise chaque jeune fille du monastère. Le bruit des chevaux se fit de plus en plus fort. Derrière nous, le fleuve étalait ses eaux, et, à quelques mètres devant nous, le feu de notre campement fumait encore ; les cavaliers y arriveraient de la gauche à toute vitesse, venant de la pente qui descendait du tertre en longeant le fleuve. Ils ne s’apercevraient que trop tard de notre absence et feraient des cibles parfaites pour les javelines.

Mair était à ma gauche, prête à tirer, camouflée derrière un rocher moussu. Elle me fit un signe de la tête avec un air impassible, dissimulant sa crainte. Je lui répondis d’un bref hochement de tête. Bonne chance Mair, pensai-je, reste en vie.

Le fracas se fit encore plus fort, et le sol se mit à trembler légèrement. Je raffermis ma prise sur le manche de mon sabre, essayant de réprimer la peur qui me nouait les entrailles. Et soudain, ils déboulèrent dans notre champ de vision, piétinant le sommet du tertre où se trouvait notre campement. Les guerriers, conscients d’être tombés dans un piège, tirèrent la bride de leurs chevaux qui, entraînés par leur élan, s’affolèrent. Plusieurs javelines jaillirent, à peine des éclats d’argent dans la demi pénombre, rapides et précises. Plusieurs chevaux s’écroulèrent dans des hennissements désespérés, faisant chuter les cavaliers. Déjà, ceux qui avaient atterri sans trop de dommages se relevaient. Je m’apprêtai à me jeter dans la mêlée quand un détail m’arrêta ; il n’y avait là que six de nos ennemis. Où était le septième ? J’ouvris la bouche pour prévenir mère Théa, quand je l’aperçus. Resté à quelques dizaines de mètres du théâtre du combat, il se tenait droit sur son cheval noir, enveloppé presque entièrement dans une épaisse cape sombre. Sous sa large capuche, son visage était dissimulé derrière un masque blanc qui se détachait nettement dans la pénombre. Le visage factice affichait un rictus moqueur qui me fit froid dans le dos. Qui pouvait-il être pour cacher ainsi ses traits ? Pourquoi se tenait-il à l’écart de la mêlée, comme s’il cherchait à repérer quelqu’un ? Quelque chose ne tournait pas rond, et je n’arrivais pas à l’expliquer ; une chose était sûre : la réelle nature de cette attaque savamment orchestrée avait totalement échappé à la hiérarchie de la Sororité, et cela ne présageait rien, vraiment rien de bon.

Je n’eus la vie sauve que grâce à un réflexe miraculeux.

En restant absorbée par la vision inquiétante de cet homme masqué, j’avais fait une cruelle erreur, et je n’avais pas vu le guerrier s’approcher silencieusement. Seul un léger sifflement de l’air me poussa à me jeter en arrière. La lame passa à quelques centimètres de mon visage dans un vrombissement terrifiant. J’atterris lourdement sur le dos, désorientée, et, sans prendre le temps de réfléchir, je roulai sur le côté pour m’éloigner de mon adversaire. Un choc sourd m’avertis que j’avais de nouveau frôlé la mort.

A l’endroit exact où je me trouvais un instant auparavant, la lame du guerrier s’était profondément fichée dans le sol. L’homme tentait de retirer son épée, voulant voir son avantage se prolonger, mais la crainte d’endommager son arme le retarda ; j’en profitai pour lui jeter mon talon dans la cuisse. J’y avais mis toute ma force, et je sentis son muscle contracté encaisser lourdement le choc. Il poussa un cri où se mêlaient la surprise et la douleur, et fit quelques pas en arrière, chancelant. Il avant cependant enfin réussi à arracher son arme, dont la lame brillait devant son visage déformé par la colère. Je m’étais relevée aussi prestement que possible, le tenant en respect, les deux mains serrées sur le manche de mon sabre. J’avais les mains moites, et, dans ma poitrine, les battements de mon cœur menaçaient de défoncer ma cage thoracique. Une douleur aigue m'envahissait le talon, le choc avait été violent ; je m’aperçus que, dans la précipitation de mon réveil, je n’avais pas pris le temps d’enfiler mes bottes. Je maudis ce manque de réactivité. L’homme, immobile, m’observait, attendant le moment opportun pour tenter d’enfoncer ma garde.

Il était jeune encore, quelques années de plus que moi tout au plus, mais il arborait une musculature impressionnante. Son attitude figée, la maîtrise méthodique de sa garde et la froideur de ses traits trahissaient non pas un guerrier, mais un tueur. Seuls ses yeux, d’un bleu délavé, laissaient échapper l’excitation et la folie qui se saisit des hommes dans le feu du combat. Son pied se décala de quelques centimètres, cherchant à prendre de l’élan ; j’étais prête. Nos lames s’entrechoquèrent avec un tintement presque musical. Je fus pourtant surprise par la force de sa frappe, et reculai sous l’impact d’un pas. Avec une rapidité époustouflante, il retira sa lame, qu’il projeta aussitôt latéralement vers mon flanc ; surprise, je n’eus pas le temps de replacer ma garde. Le coup, qui manquait cependant de fermeté, m’érafla au dessus de la hanche. La douleur, piquante, me fit venir les larmes aux yeux, et j’aperçus le sourire carnassier de mon adversaire. En un instant, je perdis le calme que j’avais réussi à conserver jusque là, et la colère m’obscurcit les yeux ; je répliquai derechef. Mon coup, vertical, le surprit ; il s’attendait à me voir baisser ma garde, et avait négligé de replacer la sienne. Ma lame l’atteignit à l’épaule, et je sentis avec satisfaction l’acier trancher cruellement sa chair. Il poussa un cri de rage tandis son sang coulait le long de l’acier. Reculant, une lueur de folie dans le regard, il s’écria :

- Chienne !

Il se rua vers moi, m’assenant une série de coups de plus en plus violents ; je réussissais à les parer tant bien que mal, mais sur le plan de la force pure, je savais que je ne valais rien en face d’un tel colosse. Les chocs faisaient trembler ma lame, et se répercutaient jusqu’à mon épaule. J’avais les muscles des bras en feu, et ma blessure au flanc lançait des tiraillements douloureux dans tout mon abdomen. J’étais au bord de la rupture, la moindre petite erreur, le moindre infime relâchement me seraient fatals. Je savais ce qui m’attendrait alors ; ma lame volerait sous une charge trop puissante, et l’acier froid et acéré plongerait dans mon ventre, perforant mes organes et brisant mes os. Je mettrais de longues minutes à mourir, assaillie par une souffrance insupportable. La lueur dans l’œil de l’homme enflammait littéralement son regard, et une bave écumante sortait du coin de ses lèvres. Non. Cela ne pouvait se passer ainsi.

Avec l’énergie du désespoir, je baissai légèrement ma garde, volontairement. L’homme, rendu fou par la douleur et le désir du sang, plongea sa lame en avant, de toute sa force, les muscles tendus, le corps entier en extension. Au dernier moment, je me jetai sur le côté ; j’avais tellement retardé mon mouvement, pour ne pas laisser à mon ennemi le temps de réagir, que je crus que sa lame allait m’atteindre. Pourtant, elle ne fit que frôler ma blessure sanguinolente, et l’air frais en sifflant réveilla la douleur, m’arrachant une grimace crispée.

L’homme était à ma merci, le corps tendu en avant comme un arc, déséquilibré par la puissance de son coup, l’air vaguement surpris de ne pas sentir son épée pénétrer ma chair. Je ne perdis pas un instant. Ma lame s’abattit sans pitié sur sa nuque. Il y eut un craquement d’os écoeurant, et, pris par son élan, il s’affala sur le ventre, hoquetant contre le sol sablonneux. La blessure était horrible, et la poussière s’agglutinait au sang sombre. Pour cesser ses gargouillis écoeurants, j’enfonçai profondément mon sabre dans son dos, au niveau du cœur ; il se figea, et pris presque instantanément un teint de cendre. Le sang souillait mes pieds et mon pantalon. Alors seulement, je poussai un grand soupir ; un soulagement immense m’envahit, faisant trembler tous mes membres, me prenant à la gorge. J’avais vraiment cru mourir, et cette réalité m’avait frappée de plein fouet, plus durement que jamais jusque là. Sans un regard pour le cadavre, je reportai mon attention sur la mêlée, dont je m’étais inconsciemment éloignée.

Il ne restait plus que deux guerriers debout ; l’un, ensanglanté, le visage déformé par la douleur, succombait sous les assauts répétés de mère Théa. L’autre, non loin du foyer piétiné de notre feu, redoublait d’ardeur contre une sœur que je ne reconnaissais pas mais qui semblait en très mauvaise posture. Une forme sombre était affalée à ses pieds. Mon cœur se serra atrocement. C’était une sœur, face contre terre, une large flaque couleur de vin stagnant sous elle. La lame de l’homme s’éleva, et la sœur qui le combattait s’effondra à son tour, recouvrant le corps flétri de la première. Une rage immense, presque physique, m’empoigna les boyaux. J’avais la sensation de ne plus rien entendre, de ne plus rien voir, seule l’image de la lame du guerrier ressortant du corps flasque d’une de mes sœurs existait. Avec un cri de fureur, je me précipitai sur lui, ignorant la douleur lancinante de mon flanc, jetant en avant ma lame vers sa poitrine. L’homme ne fut pas surpris par ce nouvel assaut, et para mon coup sans la moindre difficulté.

Dès que nos lames se touchèrent, je sus que j’avais fait une grave erreur. L’homme ne pouvait être comparé à celui que je venais d’abattre, il était infiniment plus entraîné. Je n’avais pas la moindre chance. Ses frappes, rapides, et d’une fermeté incroyable, me firent reculer de plusieurs mètres. En quelques secondes, j’étais totalement débordée, et sa lame, plus vive qu’un serpent venimeux, s’éleva, prête à m’ouvrir le crâne. Je fermai les yeux. Un crissement retentit. Une lame s’était interposée entre l’arme de l’incroyable guerrier et ma tête. C’était Mair, ses cheveux blonds souillés de poussière et de sang, les traits déformés par l’effort et la mâchoire serrée sous l’impact. Je fus incapable de réagir, tant j’étais assommée par la certitude que j’avais eue de mourir. Je ne pus m’empêcher de remarquer, dans la fureur du sang et de l’acier, que Maud était très belle.

Mère Théa s’était précipité à notre secours ; elle ouvrit presque immédiatement le ventre de l’homme dont l’épée était souillée du sang de deux de nos sœurs. Le silence se fit alors. Reprenant lentement mes esprits, je pris conscience de la chance incroyable que j’avais d’être toujours en vie, et je faillis défaillir. Au prix d’un immense effort de volonté, je réussis à rester droite sur mes jambes. L’odeur acre du sang, de la sueur et de l’urine me prit à la gorge ; c’était l’odeur de la mort. Les sœurs survivantes s’étaient rapprochées de nous, le regard hagard, indemnes mais couvertes d’ecchymoses et de sang à moitié coagulé. Seule mère Théa semblait avoir conservé tout ses esprits. Seule la large traînée rouge qui éclaboussait sa joue et son bras trahissait le fait qu’elle venait de livrer un terrible combat.

- Le septième. Où est le septième ! s’écria-t-elle, haussant brutalement la voix pour nous rappeler que tout danger n’était pas encore écarté.

Un éclair se fit dans mon esprit ; je tournai instantanément le regard vers l’endroit où se trouvait l’étrange homme masqué au début du combat. Il se tenait toujours là, tenant la bride de son cheval de la main gauche, nous adressant de sa main libre un signe de la main ironique. Quel monstre. Il rabattit alors sa capuche en arrière et approcha doucement sa main de son masque inquiétant. Alors, il l’arracha brusquement de son visage.

Non ! Non, ce n’était pas possible. Je devais être toujours en train de rêver, et tout cela ne devait être qu’un songe.

Pourtant, l’homme, cet homme était là, bien réel, m’adressant un signe de la tête avec une courtoisie d’une cruelle ironie. Il avait ce teint brun, si similaire au mien, et surtout, ces yeux allongés d’une couleur de miel, reconnaissables entre mille.

Sans même y penser, je me mis à courir dans sa direction, vociférant avec rage, les yeux embués de larmes. Dans mon dos, la voix de mère Théa retentit, impérieuse :

- Kayane, arrête-toi immédiatement! Ne bouge plus !

Pourtant je continuais de courir dans sa direction, sans savoir vraiment pourquoi. Un nombre incalculable de questions se pressaient et se bousculaient à mes lèvres, et, dans ma poitrine, une multitude de sentiments contradictoires se livraient un combat terrible. Un bruit de course dans mon dos. Je reçus un coup violent sur la nuque qui m’arrêta net, et je tombai à genoux. L’homme sourit, fit demi-tour, et partit au galop. Non, il ne pouvait pas partir, il ne pouvait pas. Tout vacilla, et je sombrai dans une obscurité bienfaitrice.

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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Jeu 25 Aoû 2011 02:17 
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Après un long voyage au travers d'innombrable sentiers forestiers, et après la rencontre relativement sanglantes avec trois cailles, huit lapins et un mouton oublié par un berger, Silmeria était enfin proche du but. Elle se trouvait maintenant dans l'antre d'un vieil homme. Chose strictement improbable. Lorsqu'elle arriva, fièrement montée sur Calpurnia la noire, et qu'elle su que dans les terres de ces femmes guerrières, l'homme ne pouvait jouir d'aucune place, qu'elle n'était pas sa surprise lorsqu'elle vit le vieillard balayer la poussière sur les planches en bois du sol de la devanture de son triste baraquement.

Contre toute attente par la même occasion, il s'était montré très avenant. Voyant qu'il ne semblait pas craindre les femmes, elle se posa mille questions qui ne demeurèrent pas toutes sans réponses. Ce fut après quelques présentations plaisantes que Silmeria sympathisa (presque) avec Unter, vieux chasseur qui vivait là avec sa femme et son fils. Il avait d'ailleurs enterré les deux, à l'époque où, comme il le disait si bien :
« Lorsque ce domaine ne s'étendait pas encore en ces lieux, c'est d'ailleurs la seule raison pour laquelle elles me laissent ici, tranquille et à mon aise. Je ne vis que de culture de quelques légumes que je fais pousser et de la chasse. »

En quelques sortes; elle avait à faire à un ermite. Elle espérait qu'aucune femme de la Sororité ne soit d'ailleurs au courant de sa venue. Pour passer inaperçue, elle cherchait un endroit où se reposer de son voyage et ce non loin d'une petite route. Car si jamais un groupe de voyageuses étrangères à ces terres venait à se présenter, elle pourrait toujours se fondre dans la masse. Tout ceci nécessitait organisation, rigueur et plus de deux neurones en activité.

Pouet peinait à casser les cristaux du bloc de sucre dans le sac de toile de la jeune femme. Le lutin avait usé tout ses tours de passe passe pour ne pas être vu une seule fois par la femme. Quitte à ouvrir une deuxième poche dans le tissus pour s'y cacher lorsque le temps lui manquerait si il devait se déguiser une seconde fois en saucisson sec avec un chapeau. De toutes façons, Silmeria ne prêtait guère attention à la nourriture.

A défaut de le briser, Pouet avait collé son nez et sa bouche grande ouverte sur un cristaux qui dépassait en confondant le sucre avec une sucette plus grande que lui. La bave roulait sur le long de son menton retroussé et il espérait ne pas faire une flaque trop visible qui trahirait sa présence de gourmand irrécupérable.

Assis à la table du vieil homme, Silmeria sentait son corps lui démanger. Elle avait envie de se gratter les cheveux, son dos lui picotait, elle sentait Hrist reprendre le dessus. Le vieil homme lui expliqua comment se passait la vie ici. Que les mères supérieures étaient l'autorité, au nombre de quatre, qu'elles formaient un conseil. Il y avait ensuite Mère Tournante, qui s'occupait du corps militaire avec quelques autres Soeurs. L'essentiel était des femmes en exil qui venaient trouver la paix de ces terres où elles étaient les seules maîtresses. Les hommes, simplement chassés, il y avait de toutes évidences, peu de visiteurs masculins, tant la réputation de ces terres les repoussaient.

La barraque était minable. Un vieux lit de paille avec un unique drap devenu brun. De la paille dans un coin qui servait - vue l'odeur - des latrines. Quelques restes de pluches de légumes faisandés non loin de l'unique foyer dans lequel bouillonnait de l'eau chaude.

Il alluma sa pipe et ne tarda pas à dissimuler l'odeur d'urine sous celle d'un tabac sec et friable. La fumée piquait les yeux de la femme, de plus que le sommeil n'arrangeait en rien les choses. Elle avait envie de dormir, pas forcément d'écouter les histoires de chasse du vieil homme.

« Ho, mais vous êtes peut être femme à aimer le thé ? J'ai des feuilles de menthe prête à être infusée, du sucre ? »
Silmeria tira des yeux grands comme des colonnes de temple et Hrist prit le contrôle sur le champ.

« Avec plaisir... »

Et voilà que le vieillard se retrouva la glotte trouée de l'acier de la Scélérate, il perdit son sang en quelques secondes, la tête penchée en arrière, toujours adossé à la chaise.

Pouet qui avait assisté du fond de son sac en resterait bouchée bée s'il n'avait pas la tronche ouverte comme une prostituée après son service.

« Ca chie... » constata Pouet qui n'avait plus qu'une envie c'était de se faire la malle avec ou sans glucose avant d'être découvert. A quelques centimètres de lui, la femme posa les bottes sur les genoux de la dépouille en ricanant. Elle ramassa la pipe et tenta de fumer un peu. Elle recracha avec suffisamment de style pour ne pas s'étouffer sur place. Elle jeta la pipe dans le foyer et croisa les bras, fin prête à supporter l'odeur d'urine. Hrist préférait se distraire en pensant aux divers et nombreux supplices que la mère supérieure allait subir pour avoir lancé cet assassin contre elle...

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
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Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Dim 11 Sep 2011 21:45 
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« J'en ai assez ! »
« Tu vas cesser de te plaindre... Juste quelques secondes ? »
« Non. On reste plantée ici comme des cèpes, une grange, on crèche dans une grange. Il fait froid, on a plus rien de convenable à manger et Keresztur me manque. »
« Tu tortureras tes prisonniers plus tard, en attendant, si tu estimes que trouver celle qui a payé un assassin pour nous trancher la gorge est assez important pour qu'on y fixe notre attention... »
« T'façons quelqu'un approche. »
« Encore un troupeau de clodos pouilleux ? »
« Silmeria est poule de luuuuuxeuuuh, Simeria est une poule de... Bon d'accord. Non, des voyageuses qui viennent trouver refuge à la sororité. »

Hrist bondit de sa chaise. Il fallait dire que l'assise inconfortable et l'odeur pestilentielle de la chaumière avait rendue son attente des plus pénible. N'en parlons pas pour Silmeria, elle avait manqué de faire deux crises de nerfs, de pleurer au moins six fois et de tenter d'incendier la toiture et la charpente. Pouet, toujours au fond du sac roupillait en bavant un mélange de salive et de glucose qui lui collait au menton.

La brune s'approcha doucement de la petite fente qui faisait office de fenêtre et constata qu'effectivement, il y avait trois vaches et au moins cinq humaines qui s'approchaient. Aucune d'elle ne semblait être armée, mais étant donné qu'elles arboraient toutes une longue toge blanche, il était difficile de cette distance d'observer correctement ce qui pouvait être dissimulé sous la tunique. C'est d'ailleurs pour cela que la tueuse revêtit la carte de l'approche douce.

Presque hâtivement, elle arracha son sac de la table, réveillant le lutin caché par la même occasion. Elle quitta la maison sans même avoir lancé un regard au cadavre à moitié caché dans les restes du brasier qui n'avaient pas pu consumer tout le corps. Elle se dirigea vers le convois qui ne manqua rien de sa venue.

Comme elle s'y attendait, sur ces terres où l'hospitalité envers les femmes est acquise, les voyageuses se montrèrent amicales, elles expliquèrent qu'elles venaient de l'Est, désireuse de rester se reposer quelques jours sur ces terres protégées. Hrist constata qu'aucune d'elle n'étaient armée. C'était donc le meilleur moyen de se fondre dans les arrivantes. Si la mère supérieure s'attendait à sa venue, il sera plus compliqué pour elle de la reconnaître. Déjà qu'elle ne se souvenait pas d'avoir rencontré personnellement une mère supérieure de la Sororité. Chose qui par la même occasion, ne faisait qu'alimenter ses questions au sujet du " pourquoi ". Pourquoi une femme qu'elle n'avait jamais vu et qui n'avait rien à voir avec Keresztur, de près ou de loin, pourrait vouloir sa mort ?

« Je suppose qu'on le découvrira bien assez vite. »

C'est donc au milieu des vaches et des inconnues silencieuses que la Frémissante progressa vers le temple de la Sororité. Elle ne savait absolument rien de cette prétendue entité, ici vénérée.

« J'aimerais bien avoir des nouvelles du château... Tiens mais... Cèles ? Tu pourrais me le dire, non ? »
« Bin, quelle question, effectivement. »
« Alors ? »
« ... »
« Quand tu veux. »
« Katalina cherche à t'envoyer un messager. »

Il n'y avait rien d'effrayant, de coutume, mais la voix de la petite Faera avait sonné comme si quelque chose de dramatique s'était déroulé. Elle avait soufflé cette phrase comme si elle craignait quelque mauvaise réaction de sa maîtresse.

« Bin ? Elle obéit aux ordres, à ma connaissance. Mais je crains que le messager ne puisse nous trouver. »
« En fait, tu as sous-estimé quelques-uns de tes adversaires. Et ils viennent de faire quelque chose qui risque de ne pas te plaire. »
« Une révolte ? C'est les paysans ? »
« C'est le borgne. Il a renversé la situation dans la Laide-les-Maines. Von Klaash est à la mer, et Sirius prend le contrôle total de ton navire de guerre. »
« Très drôle. Arrête de mentir. »
« Les faeras en sont incapables... »

La mine que la jeune femme tirait actuellement n'avait plus grand chose d'engageant. Ses yeux passaient du vert au violet, heureusement pour elle, les autres compagnes de route étaient trop occupées à regarder leurs souliers ruinés par la poussière que les yeux de la Douce qui bouillait de l'intérieur. Ses conversations mentales tiraient ses traits à mesure ou la colère grimpait, dévastant son caractère calme.

« Finissons en avec cette salope... Et lorsque je repartirais, je traquerais moi même Heartless à bord du Redoutable Jugement... Et là, j'arracherais sa peau, s'il le faut, de mes dents... »

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 Sujet du message: Re: Le territoire autour du monastère
MessagePosté: Jeu 8 Déc 2011 19:26 
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Tu vois la végétation autour de toi changer, la température augmenter tout comme l’humidité. Le sourire sur le visage d’Elliana augmente à mesure que vous continuez d’avancer. Puis sans que tu saches pourquoi, elle ralentit brusquement l’allure de son cheval, le mettant quasiment au pas. Te faisant signe de ne rien avec un doigt tendu devant ses lèvres, elle se mit à regarder avec frénésie autour d’elle.

- « Pancratis, je sais que tu es là. Allez, montre-toi. L’elfe à mes côtés est une amie, elle ne nous veut aucun mal, elle vient en paix. »

Sortant vivement de la forêt autour de la route, tu pourras voir une elfe grise munie d’un arc prête à tirer sur toi. Aussitôt Elliana descend de son cheval pour aller vers sa sœur et lui fit baisser son arc. La dénommée Pancratis la regarda, comme si elle sondait son âme pour savoir si elle disait la vérité à ton sujet.

- « Je te crois Elliana. Je vais vous escorter jusqu’à la doyenne. Suivez-moi. »

L’elfe grise se mit à courir alors qu’Elliana se remettait en selle. Elle talonna son cheval et d’un mouvement de la tête t’invita à entrer sur les terres du monastère.

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