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 Sujet du message: Oranan-Bouhen (trajet maritime)
MessagePosté: Dim 20 Jan 2013 17:09 
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Trajet maritime sur le Terrible entre Oranan et Bouhen


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Cet énorme trois-mâts n'est certes pas rapide, mais il est puissant, grand et capable de se défendre au besoin. La liaison maritime entre Bouhen et Oranan est souvent le théâtre de combats, dans le but d'affaiblir Oranan, et le Terrible est un des rares navires à s'être sorti indemne ou presque de tous ses voyages.

Personnes fuyant les combats au nord de la capitale Ynorienne, soldats en renfort partant de Bouhen, marchandises, mercenaires de tout poils, nobles en délégations, vous trouverez de tout dans ce navire pour un trajet où, à part les attaques des navires Oaxiens, rien ne viendra vous troubler.

Durée du trajet en bateau entre les villes du continent Nirtim

Vitesse standard: x1

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ImageImageImage

Alors il y a une règle que je veux que vous observiez pendant que vous êtes dans ma maison : Ne grandissez pas. Arrêtez, arrêtez dès cet instant. Wendy dans "hook" (petit hommage à Robin Williams)
Pour toute question: Service d'aide
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Je suis aussi Lothindil, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha


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 Sujet du message: Re: Oranan-Bouhen (trajet maritime)
MessagePosté: Mer 23 Jan 2013 20:14 
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~2~



Les déplacements des membres de l'équipage se succèdent, apportant des marchandises en tous genres pendant de longs moments. J'inspire profondément la brise marine, sentant croître la tension dans l'air à mesure que l'heure du départ approche. Aux sons des voix plus ou moins rauques des marins, les derniers passagers montent à bord. D'ordinaire, j'aurais sans doute cherché à déceler parmi eux un faciès connu, mais aujourd'hui le coeur n'y est pas. Je me contente de suivre du regard de vagues mouvements, mon attention surtout attirée par les déplacements presque acrobatiques des hommes dans les cordages. En quelques savants décrochages de noeuds, les hautes voiles sont déployées. Peu à peu, Le Terrible se dégage du quai, prenant progressivement la direction de la mer.

Une certaine agitation règne sur le pont où j'essaie d'être le moins gênant possible. À mes côtés, d'autres passagers viennent prendre place au bastingage, certains faisant un signe à des silhouettes restées au port. Ce n'est qu'en y faisant attention que je remarque une haute stature familière, et qui agite lentement la main de gauche à droite. Élevant la mienne, je réponds au signe du milicien Tanigura Hidate. Malgré la distance, je perçois comme un air étrange sur le visage de ce grand ynorien, d'apparence habituellement taciturne, et surtout dans une armure que j'ai du mal à reconnaitre. Il est vrai que le changement de plan a été fait rapidement, et même s'il sait déjà que nous quittons Oranan pour quelques jours, le voir là me fait regretter de ne pas l'avoir salué proprement.

"Kiyo' !"

La voix de Masaya me tire de mes pensées, et un geste de sa part m'incite à m'avancer pour le rejoindre. À sa suite, je me dirige vers l'un des ponts inférieurs, là où des couchages en tous genres sont installés. Des silhouettes humaines de petite taille sont présentes sur des filets suspendus, emmitouflées dans des couvertures. Entre ces installations, des couchettes sobres semblent presque ne faire qu'un avec le navire. Dans les pas de mon oncle, j'avance un peu plus, remarquant que certains espaces semblent délimités par des filets verticaux.

Bientôt, l'ynorien âgé bifurque, posant nos bagages sur l'un des lits. Suite à un mouvement sur ma droite, j'y jette un instant mon regard violet, pour rencontrer celui d'un enfant. Difficile en voyant sa tunique ou sa taille de déterminer s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille, mais ses origines sont vraisemblablement ynoriennes. Chevelure noire, peau claire, yeux en amande et sombres. Je ne sais pas combien de temps l'enfant reste sans cligner des yeux à m'observer, ne finissant par réagir que lorsque je lui fais un sourire amical et un signe de tête poli. La jeune personne y répond un peu maladroitement avant qu'une voix forte ne la rappelle ailleurs.

C'est aussi le cas non loin de moi.

"Herbes contre les nausées... Oui... Bandage de rechange, oui. Yukatas et le présent... C'est bon."

En temps normal, j'aurais plaisanté sur son habitude de toujours tout revérifier, quand bien même il serait trop tard pour retourner en ville. Mais pas aujourd'hui, pas tant que je ne serai pas certain que mon oncle ne m'en veut plus. Ce dernier manque de me faire sursauter quand il se retourne vers moi, tout en tendant vivement la main. Sans m'adresser la parole, il défait le noeud du tissu soutenant mon avant-bras pour le refaire. Je ne m'en étais pas rendu compte, mais il était effectivement un peu lâche. Un silence gêné s'installe entre nous, chose qui me peine encore un peu plus.

Avant qu'il n'ait pu prononcer la moindre parole, une voix masculine l'interpelle. Je ne la reconnais pas, mais la vitesse à laquelle mon oncle en rejoint le propriétaire m'assure que lui, oui. Assis sur la couchette en face des nôtres, un humain dont l'âge doit avoisiner celui de Masaya fait un petit signe. Une longue natte grisonnante repose sur son épaule, ses mains tenant une gourde sur ses cuisses. Il porte un yukata d'un ton marron foncé, et des zoris aux pieds. Après l'avoir salué, mon parent m'incite à m'approcher. Je lui obéis et m'incline légèrement.

"Kiyo', je te présente Mitsuhira Tetsuji. Le seul homme capable de rivaliser avec moi au shôgi. Tetsu', voici d'Esh Elvohk Kiyoheiki."

À son tour l'humain fait un signe de tête et reporte son attention sur Masaya qui appose alors doucement sa main sur mon épaule.

"Mon fils."

Je sens ma bouche s'entrouvrir, surpris par la façon dont il me présente. Je ne sais pas comment réagir, me sentant à la fois heureux et embarrassé. Ma gêne doit se sentir puisque l'honorable Mitsuhira émet un rire poli.

"Il était temps. Après l'avoir élevé une trentaine d'années comme tel, ce serait le comble si ce n'était toujours pas le cas."

Je ne parviens pas à m'empêcher de trouver gênant qu'un individu que je ne connais pas en sache autant à notre sujet. Pourtant, à voir l'expression de mon oncle, cela ne semble pas l'interpeller. Je hausse doucement les épaules quand l'autre humain propose à mon parent de faire une partie. Une joie visible peint les trait des deux hommes. Je secoue doucement la tête. S'ils sont d'un niveau équivalent, il y a de bonnes chances que le duel prenne de longues heures. Je décide donc de remonter sur le pont, et retourne m'accouder prudemment au bastingage.

Sur la gauche du navire, les murs de la capitale commencent à perdre de leur taille. Mes yeux violins suivent le tracé de la côte que nous longeons puis se dirigent vers le ciel légèrement nuageux. J'éprouve un certain dépaysement de voir ainsi ma patrie avec du recul. J'en viens à me demander ce que cela ferait de la voir depuis les airs. J'inspire alors que le vent se renforce, me donnant l'envie de libérer ma chevelure. Après l'avoir fait, je me mets à prier silencieusement Moura pour que le voyage se déroule sans encombres.



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Dernière édition par Kiyoheiki le Dim 27 Jan 2013 05:07, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Oranan-Bouhen (trajet maritime)
MessagePosté: Dim 27 Jan 2013 05:06 
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~3~



La surface marine est d'un calme sans pareil. À bord, seuls les déplacements des passagers, des marins, et le grincement des cordages génèrent de quoi troubler le silence. Tout en tenant mon ruban doré fermement en main, je respire profondément, les yeux mi-clos. Petit à petit, la gêne morale qui me hante depuis quelques jours se dissipe. Le léger mouvement du navire et ses doux vrombissements particuliers poussent mon esprit à s'évader. J'ai presque du mal à croire que quoi que ce soit puisse briser une telle paix. Par habitude, je repousse l'une de mes mèches noires derrière mon oreille. Une soudaine bourrasque rend mon geste inutile, me faisant émettre un souffle amusé, et un petit sourire.

D'un coup, le bruit d'un raclement de bois se produit sur ma gauche, me faisant tourner vivement la tête. C'est avec une certaine surprise que je vois l'enfant, croisé au pont inférieur, pousser un seau retourné jusqu'au bastingage. Dès que l'objet a touché la paroi boisée, le petit humain monte dessus, cherchant à garder l'équilibre. Je m'amuse de sa débrouillardise puis en détourne le regard. Une nouvelle rafale me donne l'envie de remettre mon ruban, chose rendue difficile par la présence de l'écorce soutenant mon os brisé. Il va me falloir attendre de retourner auprès de mon oncle pour y remédier.

Changeant légèrement de position, je surprends sur moi le regard insistant du petit d'homme. Ses grands yeux noirs scrutent mon visage, mais je ne sais pas pourquoi. Ce n'est que lorsque l'enfant se penche un peu, sans doute pour se mettre dans mon champ de vision, que j'émets l'hypothèse qu'il veut attirer mon attention dans sa direction. Quand je réponds à son invitation muette, la jeune pousse esquisse un sourire.

"Bonjour."

"Bonne matinée à toi."

"Hihi ! Tu parles comme un ancien !"

Je réponds doucement au sourire presque naïf qui m'est offert par une expression similaire. La petite personne regarde alors vers mon avant-bras bandé qui dépasse de ma cape.

"C'est arrivé comment ?"

Bien curieux ce petit être, mais je ne vois cependant pas de mal à répondre à ses questions. Après tout, observer ses réactions s'afficher sur son visage me change un peu de la rigidité faciale des clients de la boutique. Quand bien même j'en apprécie la plupart, leur stoïcisme a parfois tendance à me chagriner.

"Au cours d'une bagarre."

Le petit de la République fronce un peu le nez à ma réponse.

"Oh. Alors t'es un méchant ?"

"Moi ? Non. Je suis un milicien."

"Ah ! Oui, je sais ! Les gens en armure qui passent au village pour aller taper les vilains."

Quel résumé de ma profession... Il y a bien entendu du vrai, mais servir la République ne se résume tout de même pas qu'à cela. Toutefois je conserve un petit sourire en l'écoutant me parler de choses que les miliciens ont fait pour rendre service à son village. Je ne comprends pas pourquoi cet enfant m'a choisi comme interlocuteur, mais à la vitesse où il parle, il doit en avoir gros sur le coeur. Ses paroles me le confirment bientôt. Son visage se ferme un peu quand il m'explique qu'un bon nombre des habitants a du fuir les lieux.

Avec les yeux pleins d'espoir, il se met à me fixer intensément.

"Dis, pourquoi on a été obligés de partir ? On n'a rien fait de mal, si ?"

Je cogite rapidement, cherchant une explication simple à lui donner, mais je suis dans une impasse. J'ai beau avoir compris que toute la région au nord de la République nous est hostile, je n'y vois aucune autre explication qu'une ambition conquérante. J'essaie de rassurer mon jeune interlocuteur sur un point important.

"C'est simplement parce qu'il est dangereux de rester. Personne n'a fait de bêtise."

"Oh... Et on pourra rentrer bientôt ?"

Je plisse légèrement les yeux, prenant conscience de la restriction de ma vision des choses. À Oranan, les troubles sont à peine perceptibles puisque tout ynorien dans les environs reste sur ses gardes. Ce n'est sans doute pas le quotidien des villages et bourgs moins importants proches de la frontière, cibles de choix en cas de raids. J'aimerais pouvoir assurer à ce petit humain que tout s'arrangera, mais ma propre incertitude m'empêche d'y croire.

J'effleure mon avant-bras blessé, songeant que malgré ma montée en grade je ne sais quasiment rien de la vie là-bas. Je ressens l'envie d'être plus actif dans la défense de ma patrie, mais bien vite l'image de mon oncle âgé s'interpose. J'aime la République, mais mon seul parent est actuellement ma priorité. Si revenir avec un simple avant-bras blessé le met dans un tel état, je n'ose pas imaginer sa réaction à plus grave. Et c'est bien la dernière chose que je souhaite.

Je pose mon regard violet sur le visage attentif de l'enfant, me souvenant de sa question.

"J'aimerais pouvoir t'assurer que oui, mais je n'en sais rien."

"Oh."

Le silence reprend ses droits, nos deux paires d'yeux rivées à l'étendue marine. Par moments, de larges cercles translucides ondulent sous la surface, me faisant m'interroger sur leur nature. J'ai déjà pu observer des méduses échouées, mais le gabarit de ce que j'ai sous les yeux me fait douter de ce que je regarde. Je pousse un léger soupir, me sentant soudain anxieux à l'idée que des citoyens sont victimes d'exactions de la part de nos ennemis, et que je ne peux rien y faire. Lentement, mes doigts se resserrent sur mon attelle. Oncle Masaya a raison, il faut que cette blessure me serve de leçon. Si je ne fais pas assez attention à moi, je ne pourrai pas servir à grand-chose sur un champ de bataille plus vaste.

Je prends une résolution simple. Lorsque je rentrerai sur Oranan, je compte bien demander à Hidate de m'aider à m'exercer. J'ai beau commencer à savoir me servir de mon arme, la maîtrise parfaite du Fang Bian Chan est loin d'être acquise.

J'inspire longuement, profitant d'une brise marine que je redécouvre.



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Dernière édition par Kiyoheiki le Dim 27 Jan 2013 17:39, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Oranan-Bouhen (trajet maritime)
MessagePosté: Dim 27 Jan 2013 17:38 
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Plusieurs minutes s'écoulent avant que l'enfant ne reprenne la parole, désignant mon avant-bras.

"T'as mal ?"

"Parfois, oui. Après tout l'os est cassé."

Un sourire presque attendri m'échappe quand je vois mon jeune interlocuteur tressaillir. D'un coup, il descend de son seau, se rapproche, et me fait signe de me pencher un peu. Curieux, je m'exécute, le sentant coller sa main près de mon oreille. Sa petite voix se fait plus faible encore, comme s'il partageait avec moi le plus grand des secrets.

"Je peux p't'être t'aider, j'fais de la lumière qui guérit... Mais elle ne vient presque jamais quand je veux."

Je hausse un sourcil, convaincu que cette petite personne vient de me décrire exactement l'effet d'un fluide de lumière. Elle jette un coup d'oeil aux alentours puis attrape gentiment ma cape, m'incitant à lui emboiter le pas vers la partie arrière du navire. Je devine quelques sourires naître sur les visages inconnus, tout autour de nous. Après tout, la scène doit paraitre assez comique. À un rythme régulier, l'enfant regarde par-dessus son épaule, comme s'assurant de ne pas être suivi.

Nous arrivons bientôt à la poupe, l'enfant me faisant signe de m'asseoir près de lui, derrière le promontoire du gouvernail. J'adresse d'ailleurs un signe de tête poli au membre d'équipage tenant la barre. Une fois installé, je tends docilement mon bras à ce petit être. Yeux plissés, il place ses mains de part et d'autre de l'attelle, tirant la langue sur le côté. Malheureusement ses efforts ne donnent rien. Je ne perçois pas de vibration magique entre ses paumes, et son air déçu en dit long.

Compatissant, je tente de l'égayer un peu.

"Au fait, nous ne nous sommes pas présentés. Je m'appelle D'Esh Elvohk Kiyoheiki. "

"Oda Tohru."

Je retiens de justesse un souffle amusé. Même son prénom ne m'indique rien sur son genre, pouvant aussi bien s'appliquer à l'un qu'à l'autre. Je tends doucement ma main valide devant nous, y amenant mon fluide de lumière.

"Tu parlais de ce genre de lumière ?"

L'enfant regarde la lueur avec de grands yeux, passant ses doigts dessus. Amusé, je le laisse m'expliquer comment il avait découvert la présence de fluides en lui, mais aussi ses difficultés pour les manipuler. De plus, le parent qui l'accompagne n'a pas l'air d'apprécier la magie en général. Plus je l'écoute, et plus je suis convaincu de pouvoir l'aider. Je lui propose alors de lui apprendre à mieux contrôler sa magie, au moins le temps du trajet. Mon coeur manque un battement lorsque le petit humain affiche un sourire radieux. Pour moi, cela ne représente pas grand-chose, presque un passe-temps pour ce voyage, mais pas pour Tohru.

C'est avec une attention de tous les instants qu'il m'écoute quand je lui explique comment j'ai découvert mes pouvoirs, et quelles astuces j'ai employé pour pouvoir les manier. Notre discussion et nos exercices ne sont mis en suspend que lors des repas. Mon oncle étant pris par son jeu, il ne fait que m'adresser brièvement la parole quand repasse près de lui.

Le voyage se poursuit ainsi. Le temps reste couvert, mais jamais menaçant, et c'est avec un certain plaisir que je vois l'enfant apprendre à manier ses fluides. Ils ne sont cependant pas assez puissants pour réparer les dommages de mon bras, mais je ne lui en touche pas un mot. Tohru est quelqu'un d'attentif, qui apprend à une vitesse surprenante, et je suis persuadé que son don va lui être utile. Il ne me fait pas mentir puisque le lendemain, alors que nous approchons de Bouhen, sa lumière parvient à soigner une coupure qu'un marin vient de se faire.

Je pose alors doucement ma main sombre sur sa chevelure, la tapotant gentiment.

"Bravo. Tu vois ? Ce n'est pas très compliqué, en fin de compte."

"Héhé ! Eh Kiyo'..."

"Oui ?"

"Tu vas rester longtemps ?"

"Non, nous ne sommes que de passage. C'est l'affaire de quelques jours."

"Oh... Mon grand frère et moi, on va vivre chez une dame qui connait maman. Si jamais tu t'ennuies..."

Tohru se met à regarder par terre, raclant le sol de bois de ses zoris. Un franc sourire prend place sur mon visage tandis que je lui affirme retenir son invitation. Nous nous séparons quand le navire arrive en vue du port, et que nos parents respectifs nous incitent à les rejoindre. Que ce soit mon oncle ou son rival, l'honorable Mitsuhira, tous deux font une tête m'indiquant que leur partie n'a pas réussi à aboutir.

Voir l'expression contrariée de mon oncle me chagrine un peu, mais je ne lui en fais pas part. J'ai hâte de mettre pied à terre.



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 Sujet du message: Re: Oranan-Bouhen (trajet maritime)
MessagePosté: Mar 19 Fév 2013 15:39 
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La progression du navire engendre un lent tangage alors que je me rends auprès de ma monture. L'étalon est en train de faire quelques pas et d'agiter la queue lors de mon arrivée. Ce n'est qu'en prêtant attention à ce qui meuble l'endroit que je m'aperçois de l'absence de fourrage ou d'eau. Fort heureusement, un humain me dépassant de deux têtes et visiblement d'origine non-ynorienne se présente de lui-même pour m'en proposer. Je ne peux qu'accepter, dépensant quelques yus supplémentaires. Pendant que le marin entre à ma suite et s'affaire à remplir la mangeoire, je m'intéresse au harnachement de Ganko.

Le colosse équin observe d'un oeil attentif ce qui se passe autour de lui, me permettant d'examiner ses rênes. Je n'en ai encore jamais vues de telles. Le licol qu'il porte ne possède pas de mors, et les lanières tressées sont savamment attachées à un cercle métallique. Avec douceur mais fermeté, je tire sur les rênes, incitant le géant quadrupède à baisser la tête. Sauf que ce dernier ne semble pas décidé. Au contraire même, il tourne la tête, m'obligeant à raffermir ma prise sur le lien pour ne pas le lâcher. Je ne peux qu'esquisser un sourire à l'idée que son nom lui va bien. Ganko, le terme ynorien pour désigner un être têtu. J'ignore pourquoi il ne se montre pas aussi agressif envers moi. L'hypothèse la plus probable réside dans le fait que je ne sois pas entièrement humain.

Je patiente un peu, me tenant tranquille jusqu'à ce que le fourrage soit disposé et que le matelot ait fait de même. Mon voisin de grande taille se décide alors à baisser la tête pour s'en repaitre, me laissant l'opportunité de manipuler son équipement. Comme je le pensais, les rênes sont nouées à l'anneau métallique. C'est étrange. J'ai beau ne pas vraiment m'y connaître en chevaux, je suis certain qu'on les dirige d'ordinaire en agissant sur leur bouche. Ce type d'objet n'a pas l'air d'aller dans le sens de cette pratique.

Je suis en train de réfléchir à ce propos lorsque la voix de mon parent m'interpelle, joviale.

"Alors ? Sa majesté grise apprécie les lieux ?"

Je repousse ma capuche, lui offrant un demi-sourire.

"Pour le moment, en tous cas."

"Et qu'es-tu en train de faire, mon garçon ?"

"Oh... Je me familiarise juste avec son harnachement. Il ne dispose d'aucun mors."

"Hum ? Tu m'as bien dit qu'il n'est pas issu de l'élevage de Bouhen, c'est bien ça ?"

"C'est cela. Apparemment il serait né dans l'Est du continent, côté elfique."

Mon oncle croise les bras, ce qui m'amène à remarquer qu'il s'est changé. Son yukata marron habituel a repris sa place. D'ailleurs, il a aussi défait sa natte pour ne conserver qu'une queue-de-cheval moins formelle. Après un bref moment de réflexion, il reprend la parole.

"Ton père m'en a parlé un peu autrefois. D'après lui, certains elfes sont orgueilleux au point d'habituer leurs montures à ne reconnaitre qu'un style de monte. Le leur en l'occurrence. C'est toute une histoire de pression du corps, de souplesse dans les ordres donnés, et un tas de choses que j'ai oublié. La facture des rênes en fait partie."

"Je vois. C'est assez logique, et cela met en difficulté un possible voleur de chevaux qui ne soit pas de cette origine."

"Tu as tout compris."

Je réponds au sourire de mon oncle par une expression similaire, puis m'affaire à retirer la selle de Ganko. J'ôte également le tissu épais protégeant son dos de la friction du cuir, et place le tout dans le sac que j'ai acquis en même temps. Ce n'est que provisoire, juste pour la traversée. Lentement, je me risque à poser la main à la base de son encolure. Un léger mouvement l'agite, mais le colosse ne s'arrête pas de manger pour autant. Encouragé, je me mets à gratter l'endroit puis décide d'employer une brosse.

Pendant que je m'affaire, mon oncle fait quelques pas devant la stalle. Je tends mon oreille pointue vers lui en l'entendant m'interpeller.

"Kiyo' ?"

"Oui ?"

Un petit moment de silence s'installe, m'incitant à reporter toute mon attention sur lui. Il se frotte la nuque en regardant à sa gauche. Après vingt-huit années passées avec lui, je reconnais cette habitude. Quelque chose l'embarrasse, mais il a l'air trop indécis pour m'en faire part. Je ne le brusque pas, me contentant de poursuivre les soins sur ma monture.

Finalement, après un long soupir, l'ynorien âgé se lance.

"Je te prie de m'excuser, mon garçon."

"T'excuser ?"

"Je n'aurais pas du m'emporter de cette façon. Je sais que tu es un milicien, et que des blessures sont inévitables."

Sa voix un peu distante se charge d'une légère émotion, faisant trembler celle-ci. Son visage est stoïque, mais toute son attitude m'informe qu'il fait un gros effort. J'ai un pincement au coeur en l'entendant.

"Mais quand je t'ai vu revenir à la boutique avec un avant-bras dans cet état, j'ai eu peur. J'étais si inquiet pour toi que mes mots ont dépassé ma pensée. Je ne veux pas que tu crois que je te prends pour un idiot ou quoi que ce soit de ce type. "

Je demeure muet quelques instants, et dépose la brosse. Après avoir flatté l'encolure de Ganko, j'émerge de la stalle. Je suis un peu secoué en me rappelant à quel point ses remarques m'ont blessé à ce moment-là. J'effleure mon bras sous attèle, baissant un peu le nez.

"Donc... Tu ne m'en veux pas ? Tu n'es pas déçu ?"

En un pas, mon oncle a franchi a distance qui nous sépare. Son stoïcisme s'estompe quand il me serre contre lui, apposant une main à l'arrière de ma tête. Cela fait si longtemps qu'il n'a pas réagi de cette manière que je ne peux pas empêcher mes yeux de s'écarquiller.

"Par Zewen ! Moi ? Déçu de toi ? Jamais tu ne m'as déçu, Kiyo'. Je suis heureux de t'avoir sous mon toit, et ces vingt dernières années ont été les plus belles de mon existence."

"... Vingt-huit, oncle Masaya."

Il émet un petit souffle puis resserre gentiment son étreinte.

"... Oui, c'est vrai. Rana, le temps passe si vite. Il faut que tu te fasses davantage confiance, mon petit. Tu as bien grandi, et tu es déjà un fier enfant de la République. Mais si cela te rassure, je te le dirai autant de fois que tu le souhaiteras. "

Son accolade se détend, ses mains venant se poser sur mes épaules. Il attend que je relève la tête vers lui pour enchaîner.

"Je suis fier de toi, mon fils. Et je le serai toujours, quoi qu'il arrive."

Ma poitrine se serre sous le coup de l'émotion. Je suis touché, mais ne pleure pas. Un ynorien ne laisse pas couler ses larmes juste pour cela. Un certain soulagement arrive tandis que je perçois à quel point mon oncle a de l'affection pour moi. Il est véritablement ma seule famille, et je me sens totalement accepté par lui. J'ai tellement de choses à lui dire que je ne sais pas par où commencer.

Je finis par me décider et choisir le plus évident.

"Merci pour tout... Hum..."

J'hésite, sentant son regard sur moi. Lorsque je lis toute la tendresse contenue dans ses yeux, j'esquisse un sourire.

"Papa."

Subitement, Masaya se fige. Son visage s'empourpre légèrement, l'obligeant à masquer ce dernier comme il le peut. C'est d'une voix embarrassée, mais où sa bonne humeur s'entend, qu'il me répond.

"Tu devrais avoir honte de faire rougir un homme de mon âge, gamin... Je crois que je ne pourrais pas être plus heureux..."

Espiègle, il se met à frotter ma chevelure, la mettant un peu en désordre.

"Sauf le jour où je te verrais t'unir, évidemment."

Je suis secoué, mais ravi. Toute la tension accumulée ces derniers jours disparait. C'était si simple à faire, et pourtant tellement difficile à amorcer. Néanmoins, je souris sincèrement à mon parent, soulagé de savoir qu'il m'apprécie toujours, mais surtout qu'il est fier de ce que je suis devenu.

Je ne sais pas ce qui pourrait me faire davantage plaisir, à part retrouver le confort de la boutique.



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