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Avertissement: le rp suivant est violent et sanglant, il est déconseillé aux âmes sensibles.
Victoire sentit que l'on passait une cape autour de ses épaules, la serrant et la nouant machinalement. Deux autres hommes attendaient dans le couloir, tendus et à nerfs. L'un d'entre eux s'était accroupi auprès du garde mort. Victoire connaissait cette autre victime, il s'appelait Armand et il y a encore deux jours il annonçait à la jeune fille que sa femme avait accouché d'un garçon. Cela ne les rendait pas proches bien entendu, mais elle ne put s'empêcher de songer à la nouvelle veuve.
"Que se passe t-il?"
Elle avait parlé presque sans s'en rendre compte, ne comprenant pas la situation. En effet, à présent que la question de sa survie n'était pas aussi intense, de nombreuses interrogations commençaient à poindre tandis que son esprit rationnel reprenait lentement le dessus: Qui étaient ces hommes? Que faisaient-ils dans le château? Pourquoi voulaient-ils la tuer?
L'un des gardes ouvrit la bouche, avant de la refermer, semblant tout autant perdu que la fille du duc. Ce fut le lieutenant qui, ressortant de la chambre avec le sac prêt de Victoire, tenta d'énoncer à voix haute une réponse:
"Je n'en sais rien, nous sommes juste arrivés à temps. Mais votre père a raison, vous êtes en danger, il faut partir. Maintenant.
-Et mère? Je dois voir si elle va bien.
-Je..."
Sans attendre, elle se dirigea d'un pas pressé vers la chambre de sa mère, un peu plus loin dans le même couloir. Les trois hommes ne tergiversèrent plus, les deux gardes la devançant, tandis que Godefroy se plaçait à sa droite, la main sur le pommeau de son arme.
Le silence était glacial, seul le vent fort sifflant tristement par les meurtrières du château. Jusqu'à ce qu'un cri, d'effroi, de terreur, de souffrance, d'agonie, de mort ne résonne. Un cri de femme qui stoppa net un instant les quatre individus, glaçant jusqu'à leurs âmes.
"Mère!" ne put s'empêcher de crier Victoire. Les hommes se précipitèrent alors, tournant à droite pour arriver aux quartiers de la duchesse. Deux gardes étaient étendus sur le sol, baignant dans leur sang et leurs entrailles. La tête de l'un d'entre eux avait un axe non naturel, son casque ayant été enfoncé violemment dans son crâne. Sa langue morte pendait mollement.
Les deux soldats entrèrent dans la chambre d'Alienor, poussant alors un cri guerrier à en faire trembler les murs. Tout se passa très vite, le bruit du fer, des grognements de lutte, puis le silence. Le lieutenant n'avait pas quitté la jeune fille.
Finalement un des soldats, le plus âgé, ressorti de la chambre. Sous le regard suppliant de Victoire il détourna les yeux, avant de faire le signe "non" de la tête. Victoire se précipita à l'intérieur, aucun des deux guerriers n'ayant le courage ou même la force de l'arrêter. L'intérieur était un véritable Pandémonium, une vue infernale qui transit d'effroi la jeune fille.
Sur le sol se trouvaient une demi-douzaine de cadavres, des servantes ayant été pourfendus, trois maraudeurs ayant été passés au fer. Il y avait aussi le plus jeune des soldats, étendu au sol, immobile, la main toujours posé sur son flanc rougi. Mais le pire était le corps de sa mère, allongé sur le large lit. Elle était nue, pas le moindre vêtement ne préservant sa dignité. Ses mains avaient été attachées, chacune à l'un des piliers du baldaquin. Il en était de même pour ses jambes, écartées et immobilisées dans une posture immonde.
La chair avait été mutilée, avec un acharnement maladif. Les monstres l'avaient éventrée par le bas ventre, répandant ainsi ses intestins qui s'étaient déversés entre ses jambes et sur le côté. Le supplice n'avait probablement pas duré longtemps, mais suffisamment pour infliger une souffrance sans nom.
Tout à coup, la main de la morte émit un spasme. Victoire crut d'abord l'avoir imaginé, mais elle en vit un second. La jeune fille, comprenant peu à peu que sa mère n'était peut-être pas encore morte, s'approcha. Elle ne remarqua qu'à ce moment qu'une corde étranglait Alienor, la suffoquant lentement. La jeune fille regarda à droite à gauche, avant de saisir la dague qui pendait à la ceinture du soldat mort. Elle entreprit de couper la corde, ses mains tremblant comme une feuille tandis que des sanglots la parcouraient.
Elle libéra finalement sa mère, avant de se jeter au cou de celle-ci, la serrant dans ses bras tout en pleurant. Elle sentit la tête de la duchesse bouger un peu, avant que cette dernière n'émette un murmure inaudible.
"Je ne vous entends pas, Mère!"
Victoire plaqua son oreille contre les lèvres de la femme, essayant de comprendre ce qu'elle voulait dire.
"T... Tue... moi..."
La jeune fille sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine. Elle se recula précipitamment, l'arme toujours à la main. Sa mère regardait dans sa direction, murmurant ces deux mêmes mots, encore et encore. La pauvre femme agonisait, lentement, souffrant d'interminables tourments et seule Victoire pouvait achever cette souffrance. Elle sentait le poids de l'arme entre ses doigts en sueur, s'imaginant plonger la lame dans la chair de sa mère. L'image de sa nourrice, égorgée sous ses yeux, lui revint. Non, elle ne pouvait faire la même chose à sa mère. Elle ne le pouvait tout simplement pas. Elle ne pouvait pas.
Elle se retourna, courant vers la sortie, sortant de la chambre et ne s'arrêtant que devant le mur voisin. Elle tomba à genoux, de la bile remontant le long de son estomac. Elle vomit sur le sol de pierre, son âme suintant le dégout. Elle cracha, vomit une nouvelle fois, sentant finalement qu'on essayait de la soulever.
C'était Godefroy, qui tristement lui parla:
"Soyez forte, il faut sortir maintenant.
-Mère... Elle. Elle est...
-Oui je sais Victoire, mais nous devons y aller.
-Non, elle est vivante. Elle est vivante..."
Le lieutenant eut l'air pathétique en entendant la plainte terrible de la jeune fille. Il secoua tristement la tête, relevant Victoire pour de bon, la dirigeant de l'autre côté du couloir. Victoire, comprenant que sa mère resterait là, à agoniser dans son sang, se débattit, mais ses forces l'avaient pratiquement toutes abandonnée. Le lieutenant dut la prendre sur son épaule, pour la forcer à avancer.
La jeune fille hurla alors, de toutes ses forces, implorant qu'on laisse sa mère mourir, mais rien n'y fit. Les deux hommes se précipitèrent dans les couloirs, laissant loin derrière eux le corps de la duchesse.
Malgré le bruit des pas et le cliquetis métallique des armures, malgré le son des escaliers dévalés et des couloirs parcourus, Victoire n'entendait qu'une seule chose:
"Tue Moi."