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 Sujet du message: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Mer 16 Fév 2011 10:01 
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Le Château de Blanchefort


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Le château de Blanchefort est la place forte du duché, situé près de la frontière du duché voisin Valorian. Il protège la très petite ville de Beauclair, pouvant accueillir en cas de conflit la majeure partie de son millier d'âmes.

Cela fait presque dix ans que les murs épais du château n'ont soutenu de siège et que la paix s'est installée avec les voisins, sous la direction du duc Pierre de Blanchefort.

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Ven 18 Fév 2011 01:15 
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Le soleil de l'après-midi était peu à peu en train de fondre à l'horizon, laissant place au frais début de soirée. Le feu de la cheminée crépitait doucement, les flammes léchant le bois mort, distribuant leur chaleur dans la pièce qui ne semblait pourtant pas vouloir se réchauffer. Les nuits étaient en effet froides au château, les pièces nombreuses et immenses ne gardant que difficilement la chaleur pourtant tellement nécessaire en cette saison.

Victoire avait appris à s'en accommoder au fil des années, profitant même souvent de la tombée de la nuit pour se promener sur les courtines, appréciant le peu de liberté que lui laissait la vie de château. Ce soir là cependant elle n'aurait guère l'occasion de profiter de la vue du village en contrebas, du ciel étoilé ou encore des montagnes toutes proches. Non, ce soir son père avait invité le chevalier Delacroix, récemment revenu de voyage, accompagné de son écuyer, le magnifiquement beau Sulpice. Si le chevalier était un homme dans la force de l'âge, barbu et avec de vilaines cicatrices, Sulpice était au contraire un jeune éphèbe un peu timide mais à la musculature délicieuse. Il était de plus loin d'être benêt.

"Nourrice, tu as bientôt fini?
-Quand vous arrêterez de vous débattre, peut-être arriverais-je à nouer votre robe.
-Oui, oui. Et le chevalier Delacroix, il est arrivé?
-Je ne sais pas mademoiselle. Maintenant cessez de gesticuler, vous me donnez le tournis."

La nourrice essaya tant bien que mal de finir d'habiller la jeune fille, qui se regardait de façon continu dans son joli miroir de métal poli. Victoire n'avait pas l'occasion de voir beaucoup de personnes de son rang à Beauclair, et la plupart des jeunes hommes qu'elle rencontrait n'étaient là que pour le mariage, ou plus exactement la dot qui allait avec. Il n'était hélas pas question de choisir son prétendant pendant le foulage, comme c'était le cas pour les jeunes filles de la ville; non, pour elle il fallait choisir un bon parti.

"Voilà mademoiselle, c'est fait. Maintenant il va falloir que je m'occupe de votre coiffe, c'est un désordre. Où avez vous encore été?
-Je n'ai été nulle part, je me suis simplement entrainée à l'épée avec Roland. Il m'a d'ailleurs dit que je m'étais beaucoup améliorée.
-Mademoiselle Victoire, ce n'est plus de votre âge. Votre frère ne devrait pas. Si votre mère l'apprend...
-Mère n'en saura rien, tant qu'aucune de nous n'en parle."

Victoire poussa un petit cri de douleur en se faisant peigner sans douceur par sa nourrice. Les cheveux ondulés de la jouvencelle avaient toujours été source de pleurs, le peu de soin qu'elle en prenait n'aidant guère. Il y eut eu fort à parier que sans sa nourrice pour démêler la tignasse de manière régulière, elle aurait eu une chevelure coupée bien plus court.

Lorsqu'enfin le calvaire toucha à sa fin, Victoire s'admira dans son miroir, passant avec plaisir la main dans ses cheveux doux à présents. Le plus dur était à venir cependant: la nourrice lui présenta un masque de beauté, dont l'adolescente connaissait depuis six bons mois la composition: cervelle de sanglier, sang hérisson, quelques vers de terre broyés et enfin de la bave d'escargot.

"Je n'ai pas le temps pour un masque, nourrice.
-Mais si vous avez le temps, le chevalier n'est pas encore arrivé. Et puis, vous ne voulez pas avoir la peau belle et fraiche pour le jeune homme?"

Victoire rougit légèrement, se laissant finalement appliquer la mixture horrible sur les joues, le front, le menton et même le nez. Pendant les cinq longues minutes qui suivirent elle trépigna d'impatience, comme si battre des pieds et serrer les poings allait faire passer le temps plus vite. Quand enfin sa nourrice lui rinça le visage, copieusement, elle se sentir revivre.

"Nourrice, j'aimerais bien mettre le maquillage que m'avait donné la magicienne.
-Je croyais que mademoiselle n'avait pas le temps?
-Ah oui j'ai dit cela? Je ne me souviens plus..."

La nourrice soupira, allant chercher la petite boîte que Madame Odeline avait offert à Victoire, pour remercier de l'accueil qu'elle avait reçu au château. Il y avait ce que l'on appelait du rouge à lèvre, même s'il était plus rose que rouge, du crayon pour les yeux ainsi que du fard à paupière de plusieurs couleurs plus ou moins voyantes. Enfin, du fard à joue et une petite encre noire nommée mascara complétaient la collection. La qualité des artifices avait déjà fait mouche plusieurs fois et Victoire ne se maquillait ainsi que pour les grandes occasions.

Sa nourrice n'aimait pas ce type de produits qu'elle jugeait malsains, plus par superstition que par réel dégoût ceci-dit. Aussi, Victoire se maquilla seule devant son miroir, prenant un soin très important au détail. Ce soir, elle avait usé d'une couleur peau mise en valeur par le crayon et le mascara, noirs mais relativement discrets. Les quelques boutons de l'adolescence avait mystérieusement disparu eux-aussi, lui laissant une peau resplendissante.

Victoire était enfin prête, satisfaite du résultat: ne restait plus qu'à attendre que Père ne la fasse chercher.

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Dim 20 Fév 2011 23:52 
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On frappa finalement à la porte: isabelle, une servante qui n'était là que depuis un an, annonça que Victoire était enfin annoncée. Cette dernière se débarrassa de la graine de cardamone qu'elle mâchait depuis une dizaine de minutes afin d'avoir l'haleine délicate. Elle prit une grande inspiration, avant de finalement sortir de sa chambre. Elle tourna sur sa gauche, empruntant le couloir froid mais bien décoré: il y avait un large tapis de laine rouge, ainsi que des tapisseries murales représentant des scènes de chasse. Victoire ne connaissait pas tous les protagonistes, mais elle savait que son arrière grand père y était plusieurs fois représenté, sur un cheval tacheté, un cor à la main.

Victoire ne s'attarda pas, soulevant sa robe de soie violette, évitant de la faire traîner et amasser des peluches rouges qui n'auraient pas fait très distingué. Bientôt le son d'une vièle se fit entendre, ainsi que quelques éclats de voix, preuve que le banquet avait déjà commencé. La jeune fille était la dernière à arriver, marquant la fierté de ses parents et surtout assurant qu'elle était bonne à marier, ce qui depuis une bonne année était l'obsession principale de Pierre de Blanchefort.

"Ah, voilà enfin Victoire! Descends donc ma fille."

Victoire descendit lentement les marches, satisfaite du silence qui venait de s'installer. La table dans le grand salon avait la forme d'un U. Son père était à la place centrale, avec à sa droite sa mère, puis toujours sur la droite mais à l'angle Roland, le plus âgé de ses frères, et son épouse, Myranna. Enfin il y avait Anatole, l'ainé de deux ans de Victoire mais le cadet de trois ans de Roland. Une place vide était laissée à la gauche de Pierre de Blanchefort. Après l'angle se trouvaient le chevalier Delacroix puis le jeune Sulpice, dont le regard ne quittait pas la jeune fille d'ailleurs. Un ménestrel était un peu plus loin, ayant arrêté de jouer quelques instants, par respect pour la future duchesse.

La jeune fille descendit lentement les marches, laissant son regard se poser un instant sur le jeune homme tout en esquissant un sourire discret. Elle fit alors une révérence courtoise. Le vieux chevalier se leva, posant un genou à terre avant de saisir la main de la jeune fille, posant ses lèvres sur la bague de famille. Il se releva ensuite, s'exprimant à l'attention de son hôte:

"Vous ne nous aviez pas menti Monseigneur, votre fille est vraiment devenue ravissante.
-Ne l'est-elle pas? Et pourtant, nous avons un mal de tous les diables à la faire épouser. Ce ne sont pas les prétendants qui manquent, mais Victoire n'en a jugé aucun digne d'elle.
-Peut-être êtes vous trop tendre avec elle.
-Très certainement chevalier, mais peut-on vraiment lui en porter rigueur?"

Victoire garda pour elle tout commentaire risquant de mettre son père dans l'embarras. Elle avait toujours eu l'habitude que l'on parle d'elle comme si elle n'était pas là alors même qu'elle était dans la pièce, mais cela ne rendait pas la chose agréable pour autant. Elle n'en montra rien. Messire Delacroix parla de nouveau de sa voix légèrement rauque:

"Sulpice, et la politesse par tous les dieux? Viens donc présenter tes respects!"

Rougissant un peu le jeune homme se leva, manquant de renverser son canon de vin. Il s'était encore embelli depuis la dernière fois que Victoire l'avait vu, plus d'un an auparavant. Il était grand et fort, son visage un peu anguleux mais glabre lui donnant un air charmant. Ses cheveux étaient plus longs à présents, bouclés et rebelles. Il s'approcha, posa un genoux à terre et saisit avec délicatesse la main de la jeune fille. Celle-ci ferma les yeux un très court instant, frémissant sous le contact délicat des lèvres du gentilhomme. Bien sûr, elle n'en montra rien.

Sulpice se releva, retournant à sa place. Son père fit signe à Victoire de s'asseoir à la place vide, ce qu'elle fit avec délicatesse. Pierre de Blanchefort claqua alors des mains et le ballet des serviteurs, peu nombreux mais particulièrement efficaces, commença. Tout d'abord l'ouvre bouche, des salades et quelques pommes chaudes afin d'ouvrir l'appétit. Chacun se servit, déposant les mets sur son tranchoir, tandis que le ménestrel jouait une mélodie douce d'accompagnement.

Aliénor, la femme de Pierre de Blanchefort et duchesse de son état, en profita pour demander au chevalier comment s'était déroulé son voyage:

"Et bien Madame, les temps sont bien durs dans le royaume. Les récoltes ont été mauvaises, la famine guette même la cité blanche. Et puis les orques, il y en a partout, de sales bêtes je vous dis. C'est à se demander si nous pourrons gagner la guerre, les terres obscures sont mieux unifiées que nous. Mais que cela ne vous alarme pas! Il faudra longtemps pour que le mal frappe notre beau duché! Nous étions contents de rentrer, si tout au-dehors est miséreux, ici la prospérité de la terre fait plaisir à voir.
-Et avez vous des faits d'armes à nous conter?
-Oh oui! Imaginez donc, nous étions en direction de la cité de Bouhen, moi et Sulpice. Il faisait froid et il pleuvait depuis plusieurs jours. Mon cheval boitait depuis qu'il s'était éraflé contre une pierre en traversant une rivière et je ne pouvais pas le monter. J'étais donc à pied, en armure de cuir, sur la grand route. La nuit allait tomber et cela faisait près de deux haltées que nous cherchions une auberge, ou même une simple maison pour demander le gite et le couvert."

Le chevalier marqua une pause, buvant un verre de vin, puis enfournant de la saucisse et du pain dans sa bouche, avant de nouveau se rincer le gosier. Victoire était pendue à ces lèvres. Elle imaginait déjà tout un tas d'histoires terribles qui auraient pu arriver: une guivre monstrueuse les guettant depuis la forêt, fondant sur eux alors qu'ils marchaient péniblement. Seul l'œil vif de l'écuyer les avaient sauvés du drame. Ou pire encore, une dryade serait apparue, nue, en recherche d'un sacrifice humain. Le chevalier, complètement sous le charme, avait déjà déposé les armes, mais le vaillant Sulpice ne voulait se faire séduire, son cœur étant déjà pris par sa belle duchesse. Courageusement il se jeta sur la créature maligne, plantant sa dague dans le cœur du monstre qui dans un cri ignoble s'était transformée en arbre mort, décadent, infect. Sinon, peut-être qu'un nécromant tout puissant les avait piégés dans un univers de cauchemars, buvant leur énergie vitale pendant leur faux sommeil. Mais la pensée de sa bien-aimée avait ramené Sulpice à la vie et il avait réussi à trancher la tête du magicien fou par surprise, délivrant son maître du terrible sort qui l'attendait.

"Et dans le chemin, une charrette était renversée. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre qu'il s'agissait de brigands, alors j'ai saisi mon épée et mon écu, m'avançant dans ce que je savais être un piège. J'ai entendu un bruit de fronde, malgré la pluie. Je me suis protégé à temps, mais hélas le pauvre Sulpice a été touché à la tête. Il est tombé raide, j'ai bien cru qu'il était mort. Quant à moi, j'ai vaillamment chargé dans les bois qui entouraient la route, bouclier en avant. Ils ne s'y attendaient pas les bougres, je les ai rossés l'un après l'autre, les derniers fuyant en jurant et en suppliant leurs mères. Ah, une épique bataille que c'était... Heureusement Sulpice s'en ait tiré, le choc avait pas été trop méchant, mais il a pas encore l'habitude le pauvre."

L'homme se rinça une nouvelle fois la gorge. Victoire était dépitée. Le jeune Sulpice aussi rouge qu'une pivoine, buvait lui aussi du vin pour se remettre de ses émotions. L'histoire n'avait pas été aussi passionnante que cela, ce qui dans un sens ne faisait pas regretter à Victoire d'être restée dans le château pendant que d'autres vivaient des aventures. Elle savait bien sûr que le monde au-dehors n'était pas comme dans un conte, mais malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher d'en rêver. Elle savait pertinemment que c'était un rêve qui ne se réaliserait pas.

C'est alors que l'on servit le Rôt.

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Lun 21 Fév 2011 21:40 
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Le repas alla bon train, les plats défilant sur les tables à un rythme difficile à suivre, surtout pour Victoire qui mangeait lentement afin de ne pas salir sa robe ni de passer pour une fille des champs. Heureusement, entre chaque service, le ménestrel livrait des poèmes, le chevalier contait des faits d'arme, Roland parlait de ses nouvelles terres et le duc entretenait ses convives de son savoir politique bien loin d'être cantonné à la gestion de son maigre territoire. La guerre fut évoquée, bien sûr, mais aussi les relations commerciales, les successions et les efforts diplomatiques nombreux entre les diverses cités de Nirtim.

Tout alla bien, jusqu'à ce qu'entre deux plats de viande:

"Sulpice mon brave, tu es bien silencieux. Divertis nous donc de poésie!
-Messire!" protesta le pauvre écuyer à l'encontre du chevalier Delacroix. Malheureusement pour lui, le chevalier, suffisamment éméché par le vin et l'hypocras, n'en démordit pas un seul instant, ne laissant au final guère le choix au jeune homme. Celui-ci s'éclaircit la gorge, se levant, indiquant au ménestrel de l'accompagner d'un rythme lent. Il n'était visiblement pas à l'aise, son regard se posant sur Victoire avant de s'en détacher presque aussitôt, pour y revenir quelques instants plus tard:

"A la paix, à la guerre, votre beauté guerrière
A conquis tout mon cœur, a détruit les barrières
Et je gis à vos pieds, implorant le pardon,
Qui jamais ne viendra, votre amour est un don.
Je..."

Le chevalier l'interrompit en applaudissant bien fort, tout en riant de la prestation bien cavalière du jeune homme. Celui-ci se mit une nouvelle fois à rougir, s'enfonçant dans son siège tandis que son bourreau social s'adressait à Victoire:

"Ne lui en voulez pas trop ma belle demoiselle, les mots n'ont jamais été son lot.
-Oh mais point, sa poésie me chavire. Vous avez été un excellent enseignant."

L'homme manqua de s'étouffer, comprenant la pointe d'ironie. Roland lança à sa sœur un regard plein de sens, obligeant la jeune fille à boire un verre de fin pour cacher un sourire satisfait.

Le reste de la soirée se passa sans accroc et une fois le copieux repas terminé, des serviteurs conduisirent les invités dans leurs chambres. Victoire, fatiguée et ayant trop mangé, ne fut pas longue non plus à retourner dans ses quartiers, après s'être séparée des membres de sa famille qui n'avaient pas l'air dans un meilleur état qu'elle.

Une fois dans sa chambre, elle rédigea cependant une petite note:

"La lune est comme un cœur, infinie à atteindre,
Mais du haut de la tour, qui donc pourra l'enceindre?"

Elle glissa alors le mot à Isabelle, lui demandant de discrètement le donner au jeune écuyer. La servante ne posa pas de question, glissant le message dans son col sans un mot. Elle se dirigea ensuite vers l'aile des invités sous le regard de Victoire. Cette dernière entreprit de trouver un châle, avant de se diriger vers le mur perpendiculaire à celui qui donnait sur le couloir. Elle approcha alors la main de l'un des deux chandeliers, l'inclinant vers la droite avant de pousser vigoureusement. Le résultat ne se fit pas attendre: un petit pan de mur rentra dans la pierre, libérant un passage pour la jeune fille.

Sans se retourner, Victoire se dirigea par un chemin détourné vers le chemin de ronde Est, celle donnant sur la plus haute tour, le donjon mise à part. Les gardes n'étaient pas nombreux à cette heure, aussi n'eut-elle aucune difficulté à les éviter, se rendant sans entrave à son rendez-vous secret...

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Mar 22 Fév 2011 18:39 
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La lune était déjà haute dans le ciel, éclairant légèrement le sommet des montagnes voisines. On aurait presque pu penser que, vu la disposition, la lune était sortie des monts, née des entrailles mêmes de la terre.

Un bruit sourd attira l'attention de Victoire, qui se retourna, les mains sur les hanches. Quelqu'un grimpait à l'échelle de pierre, rejoignant le chemin de ronde. Le cœur de la jeune fille se serra un instant, mais c'est avec satisfaction qu'elle vit Sulpice se hisser pour la rejoindre. Il était un peu rouge, ayant très certainement cherché longtemps et monté beaucoup d'escaliers avant d'enfin la repérer. Il faut dire que son message s'était voulu mystérieux.

L'écuyer jeta un coup d'œil à droite et à gauche, s'assurant qu'aucun garde n'était en vue, avant de se rapprocher de Victoire, s'époussetant au passage.

"Je... Je ne m'attendais pas à ce que vous vouliez me voir.
-Vous voir? Aurais-je donner l'impression que je voulais vous rencontrer, Messire Sulpice?
-Je...
-Mais maintenant que vous êtes là, il serait bien malvenu que de vous congédier. Et puis le chemin de ronde est dangereux la nuit, on ne sait quel monstre des montagnes ne voudrait m'enlever. Père serait plus à l'aise s'il savait qu'un fier chevalier servant était là pour me protéger."

Sulpice ne répondit pas, un peu désemparé par la verve de la fragile créature qui au final ne semblait pas si chétive que cela. Elle s'en retourna, se dirigeant vers les créneaux du rempart, s'accoudant entre d'eux d'entre eux, le regard sur la montagne. L'écuyer hésita, avant d'aller l'imiter, se plaçant non loin d'elle.

Là encore, ce fut elle qui prit la parole:

"La vue est belle, n'est-ce pas?
-Magnifique oui.
-J'aime m'y rendre le soir, quand le mondes des humains s'endort et que celui des dieux et des légendes prend le dessus. Qu'aimez vous Sulpice, à part la poésie?
-J'aime ma contrée. Je viens du comté de Nalarre, nous y sommes pauvres, mais nous sommes très fiers d'être Nalarrois.
-Pourquoi êtes vous parti à l'aventure, dans ce cas?
-C'est la voie de la chevalerie. Je me devais de découvrir le monde, avant de retourner et être fait chevalier. Je n'ai jamais vraiment voulu partir, mais il le fallait. Je ne suis sûrement pas le plus grand aventurier de Blanchefort..."

Victoire ne répondit rien. Elle ne montra pas qu'en un instant tout l'intérêt qu'elle portait à Sulpice s'était évanoui, comme la lune qui s'était cachée derrière de lourds nuages gris. Elle savait qu'il ne devrait pas en être ainsi, que de toute façon sa vie serait celle d'une châtelaine, une maîtresse de maison dont la tâche serait d'organiser la vie de ses terres. Elle ne pouvait malgré tout se faire à l'idée d'épouser un homme dont l'idéal ne serait que de procréer et de construire sa lignée. Elle était bien trop marquée par les histoires de nobles chevaliers allant au bout du monde pour les yeux de leur princesse. C'était puéril, mais il lui était difficile de lutter contre ses aspirations.

Elle fut tirée de ses pensées lorsque Sulpice s'exprima:

"Qu'est-ce que c'est?
-Je vous demande pardon?
-Regardez, on dirait un feu, là-bas, sur la colline."

En effet, Victoire vit un petit bûcher éclairant la nuit. Par réflexe, elle regarda plus à l'est, en direction du duché de Valorian: une flamme beaucoup plus lointaine semblait en effet avoir été allumée, à des dizaines de lieu. Victoire sentit un souffle glacé passer dans son dos tandis qu'elle réalisait ce qui se passait. Sulpice n'eut pas besoin de demander d'avantage d'informations, car la grande cloche de la tour Nord se mit à sonner l'alarme, son écho se répandant dans toute la vallée.

Les gardes ne furent pas longs à allumer les nombreux flambeaux du chemin de ronde, le château prenant une apparence presque fantomatique sous l'effet des flammes dansant avec le vent.

"Je devrais rejoindre le Chevalier Delacroix. Retournez dans vos quartiers Victoire, s'il vous plait.
-... Oui, oui j'y vais."

Le jeune écuyer descendit rapidement, retournant à l'intérieur du château. Victoire resta à observer quelque temps les soldats abaissant le pont-levis et ouvrant la herse, sous les ordres d'un lieutenant criant des ordres difficilement intelligibles. Il ne faudrait pas plus de quelques heures pour que tout les villageois ne rentrent dans l'enceinte de la citadelle. Des informations plus précises arriveraient un peu plus lentement, quand les premiers messagers de la frontière rejoindraient Beauclair.

Inquiète, Victoire rejoignit finalement ses appartements.

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Mer 23 Fév 2011 22:39 
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Le duc, Roland, le chevalier Delacroix et le capitaine du faible contingentement étaient debout autour de la table, dans la salle du trône, discutant autour d'une carte. Le soleil avait eu le temps de se lever et l'évacuation du village avait déjà commencé. Le plus difficile n'était pas de faire venir rapidement les habitants, mais bien de collecter les vivres, les céréales, les bovins ou encore l'eau. Il n'était pas question pour Pierre de Blanchefort d'aller à la rencontre des troupes de Valorian, un siège était de loin préférable pour le moment. Le temps qu'une armée puisse être levée.

Victoire n'avait pas voulu rester dans sa chambre, l'angoisse de ne pas savoir ce qui se passait étant bien trop forte. Elle avait du insister pour se faire accepter dans la salle du trône, mais elle avait fini par convaincre son père qu'elle ne le dérangerait pas. Sa mère était en pleine activité, organisant les serviteurs pour la gestion difficile des denrées. Il n'y avait pour le moment pas de disette, mais il valait mieux commencer par rationner la nourriture dès à présent.

Dans la salle, Anatole semblait un peu perdu, tout comme Sulpice qui attendait dans un coin que le chevalier lui dise quoi faire.

Au bout d'un long moment de discussion sur la défense du château, on annonça qu'un messager venait d'arriver. Tout le monde sembla se tendre, alors qu'un jeune homme d'une vingtaine d'années, crotté et essoufflé, pénétrait dans la salle du trône. Il mit un genou à terre, le duc lui demandant presque aussitôt de se relever et de transmettre les nouvelles.

"Messire, j'apporte des nouvelles de la frontière. Les troupes de Valorian se dirigent vers nos terres, il y a plus de milles hommes. Quand je suis parti hier, ils n'avaient pas encore traversé la rivière d'Anor, mais ils pourront y être dès la fin de matinée. Il leur faudra deux jours pour arriver jusqu'à Beauclair d'après le Chevalier Nataniel.
-Le duc?
-Il n'a pas fait de demande ni envoyé de diplomate, mais nous n'avons pas repéré le duc Tristan. Il y est peut-être, nous n'avons pas encore l'information.
-Je vois. Merci messager. Qu'on lui apporte la soupe et le pain. Que son cheval soit prêt dans deux heures."

Le jeune homme s'inclina, avant de suivre une servante qui n'avait visiblement pas l'air rassurée par la tournure des événements.

"C'est une déclaration de guerre, lança tristement le chevalier. Le duc répondit, d'une voix forte et déterminée:
-En effet, et si c'est la guerre qu'il veut, il l'aura. Chevalier, envoyez votre écuyer à Nalarre, qu'il prévienne le comte que ses troupes sont attendues. Capitaine, envoyez des messages chez tous nos seigneurs, qu'ils lèvent leurs troupes le plus tôt possible. Plus de mille hommes, cela devrait prendre un demi mois. Nous les prendrons en tenaille.
-Père, et si ce n'est que la première vague? Tristan n'enverrait pas ses hommes à l'abattoir pour rien, il doit avoir un plan."

Un silence s'abattit sur la pièce. Victoire ne savait trop quoi penser. Elle avait bien sûr entendu parlé de ce fameux Tristan, et pas en bien. Il avait des vues sur le duché de Blanchefort, mais de là à passer à l'acte il y avait un fossé. Sans compter que son accession au trône avait provoqué de vifs remous à Valorian et il n'avait pas encore acquis de légitimité avec tous les nobles de son duché. L'attaque semblait bien trop précoce et c'est justement ce qui semblait inquiéter le duc et ses hommes: ils ne comprenaient pas la logique de cette action, mais ils savaient qu'il y en avait une. Cela les mettait mal à l'aise et Victoire partageait leur tension.

Ce fut finalement le chevalier Delacroix qui rompit le silence:

"Roland a raison, nous ne savons pas ce qu'ils comptent faire et ils n'ont pas encore traversé la frontière. Si ça se trouve, ils veulent voir combien de temps on mettrait pour lever une armée, et de combien d'hommes.
-C'est possible, répondit le duc, mais nous ne pouvons pas prendre le risque. Cela dit nous pouvons envoyer les messagers une fois seulement qu'ils auront franchi la rivière. Encore faut-il que nous ne soyons pas pris de vitesse."

L'organisation de la défense continua toute la matinée. Victoire ne resta pas tout le long, sortant finalement pour voir comment se passaient les opérations. La cour, qui la veille encore était si calme, fourmillait à présent d'activité. Il y avait les habitants de Beauclair, mais aussi une ménagerie bruyante et odorante qui serait hélas primordiale quand le siège commencerait. Les gardes et les serviteurs essayaient d'organiser le mieux qu'il le pouvait tout ce monde, mais vu d'en haut, cela ressemblait simplement à une belle pagaille. Pourtant il faudrait que tout se fasse très vite, la survie de chacun en dépendant.

Une silhouette s'approcha de Victoire, pendant que celle-ci observait avec quiétude des enfants qui, n'ayant aucune conscience du danger, couraient dans les pattes des soldats.

"Tout va bien Victoire?"

C'était Myranna, la femme de Roland et de fait la belle-sœur de Victoire. C'était aussi la fille du baron de Brocard, dont les petites terres étaient riches et fertiles. Myranna était assez grande, des cheveux bruns bouclés tombant sur des épaules fines. Elle avait des formes et des rondeurs, mais rien de disgracieux. Ses yeux bruns étaient posés sur la jeune fille qui répondit, sans pour autant quitter du regard le spectacle humain qui se jouait:

"Oui, je vous remercie. Ne vous en faîtes pas pour moi, je suis certaine que Père trouvera une solution.
-Oui je l'espère du fond du cœur. Ne serait-il pas plus prudent que vous quittiez le château avant que l'ennemi n'arrive?
-Plus prudent certes, mais ma place est ici.
-Je ne voulais pas vous vexer Victoire, je m'inquiète simplement."

Victoire posa la main sur celle de Myranna, lui souriant tristement. Celle-ci lui rendit son sourire, avant d'aller s'accouder au même muret que la jeune fille, posant elle-aussi le regard sur la foule. Les deux femmes n'eurent plus besoin d'échanger de mots, se comprenant. Si le château était pris, il n'y aurait tout simplement plus de duché et même si Victoire fuyait, elle ne pourrait rien faire pour sauver ses terres. Elle avait toujours voulu découvrir le monde, mais pas à ce prix.

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Ven 25 Fév 2011 20:23 
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Il fallut attendre le lendemain pour que l'organisation du château ne soit finie. Tous les habitants étaient entre les murs, des tentes d'appoint ayant été montées du côté Ouest, le mieux protégé et le plus loin des herses. Des pigeons voyageurs arrivaient toutes les quelques heures, indiquant que les troupes de Tristan n'avaient pas franchi l'Anor et n'avaient donc pas déclaré officiellement la guerre. Le duc avait fait passé le mot dans ses terres qu'une guerre était possible, mais seuls deux comtés l'avaient assuré de leur soutien. Cela ne voulait pas dire que les autres ne rentreraient pas dans le conflit, mais il y avait un risque qu'ils ne participent pas aux combats. Le duc ne pouvait pas non plus envoyer de messagers pour demander de l'aide au roi de Kendra Kâr, pas avant que les hostilités ne commencent.

Son père avait fait demander Victoire, qui se tenait à présent dans la salle du trône. La tombée de la nuit avait vidé celle-ci, si bien qu'il ne restait plus que le duc et deux hommes de sa garde personnelle. Pierre de Blanchefort était assis sur le trône, l'air las et fatigué. Victoire sentit son cœur se serrer en voyant l'inquiétude sur le visage de son père. Elle ne l'avait jamais vu aussi atteint dans le passé et s'inquiétait.

Il se redressa en voyant arriver sa fille, affichant un sourire triste.

"Victoire, ma fille.
-Père.
-Approche, approche, laisse moi te regarder. Tu es vraiment devenue une belle jeune fille, aussi belle que ta mère lorsque je l'ai épousée. Tu seras une belle femme, le sais-tu?"

Victoire sentit que quelque chose n'allait pas. Son père ne parlait pas comme ça habituellement, pas avec cette tristesse et cette latitude. Elle se mordit les lèvres, sentant une boule se nouer dans sa gorge:

"Père, qu'y a t-il?
-Il n'y a pas de bonne façon de dire cela, alors je le dirai simplement. Ce soir tu vas quitter le château, avec l'aide de Godefroy et d'un de ses hommes. Ils t'emmèneront en lieu sûr jusqu'à ce que la situation s'améliore. Et si celle-ci ne s'améliore pas, tu seras l'espoir de notre famille.
-Père non! ma place est ici, sur nos terres, dans notre château. Je ne fuirai pas. Ce devrait être à Roland et Myranna de fuir, ils sont plus importants pour le duché que moi. Je refuse.
-Ma fille, j'ai besoin de Roland pour la bataille, sans lui nous sommes perdus. Myranna ne partira pas sans lui.
-Anatole alors! Mais pas moi, Père, s'il vous plait!"

Le duc détourna un instant les yeux, cachant les larmes qui commençaient à poindre. Il se ressaisit rapidement cependant, parlant avec d'avantage de fermeté:

"Ma décision est prise Victoire, tu partiras ce soir. Prépare toi, Godefroy ira te chercher dans une heure. Nous nous reverrons après la victoire, ou auprès de Gaïa. Pars maintenant, et sois forte.
-Je... Oui père."

La jeune fille resta un moment debout, devant son père. Elle sentait qu'il avait envie de la prendre dans ses bras, une dernière fois, mais tout au fond d'elle, elle était en colère. Elle était écartée de lui, de sa famille, de tout ce à quoi elle tenait et en cet instant elle ne pouvait témoigner de l'affection à son père. Elle ne le pourrait peut-être jamais plus...

Après ce silence gênant, elle se retourna, se dirigeant vers la sortie sans un regard en arrière. Elle devait être forte elle-aussi, elle devait prouver qu'elle n'était pas qu'une petite fille, mais bien la fille du Duc de Blanchefort.

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Sam 26 Fév 2011 00:03 
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Victoire, avec l'aide de sa nourrice, choisissait les vêtements qu'elle emporterait dans ce voyage. Elle prit aussi quelques bijoux de valeur, qui pourraient l'aider si la situation tournait mal. Elle n'oublia pas non plus le petit coffret de maquillage, qui avait tant de valeur à ses yeux. Enfin elle se changea, passant dans des atours plus discrets. Elle avait en effet compris qu'il ne valait mieux pas être reconnue et que sa fuite imposait la plus grande discrétion.

Un choc contre la porte fermée fit sursauter les deux femmes, alors même que la nourrice finissait de lacer la robe de Victoire. Il y eut ensuite un bruit métallique, comme si quelqu'un avait fait tomber une casserole sur le sol. Puis parvint un son de pas pressés. La nourrice n'attendit pas plus longtemps, allant ouvrir la porte, prête à incendier le pauvre bougre qui n'arrivait pas à transporter un simple récipient sans le faire choir.

La vieille femme recula, les deux mains posées sur la bouche. Victoire regarda de quoi il en retournait, s'avançant légèrement. Son cœur cessa de battre, tandis que ses yeux se posaient sur le bras d'un garde, encore rattaché à un corps sans vie. Un peu de sang coulait, se répandant mollement sur le bois du plancher.

Une silhouette apparut dans l'embrasure de la porte. Une silhouette imposante et encapuchonnée, tenant à la main un long poignard dentelé recouvert du liquide rouge. Malgré la capuche du manteau de voyageur que le meurtrier portait, il était possible de voire sa bouche, déformée dans un rictus sinistre. Ses dents jaunes et noires provoquèrent en Victoire un dégoût et une peur profonde. Elle voulut crier, mais aucun son ne sortir de sa bouche, tétanisée qu'elle était.

La nourrice fut plus réactive, poussant un cri. Ce dernier fut très vite interrompu alors que l'homme entrait dans la pièce avec une vitesse fulgurante, plaçant sa main libre sur la bouche de la vielle femme, la menaçant de l'arme blanche. Victoire s'approcha inconsciemment de la sortie, lâchement, l'instinct de survie prenant le dessus. Hélas, une seconde silhouette s'engouffra dans la pièce, un homme habillé tout aussi pauvrement que le premier entrant. Il se précipita vers la jeune fille, la saisissant par les épaules avant même qu'elle n'ait le temps de faire quoi que ce soit. Il la plaqua aussitôt sur son, propre lit, l'immobilisant de sa masse puissante et musclée.

La panique saisit la jeune fille, qui tenta cette fois de crier tout en se débattant de manière désespérée. L'homme lui plaqua sa main sale et rugueuse sur la bouche, la forçant à se taire. Elle mordit, mais cela ne suffit pas à lui faire lâcher prise. Il leva finalement la main, lui administrant un violent coup à la tempe, coup qui la laissa sonnée quelques instants. Elle sentit qu'on lui passait un vieux chiffon autour du cou, afin de la ballonner et être sûr qu'elle n'émettrait aucun son. Elle vit du coin de l'œil que le premier meurtrier, celui aux dents pourries, faisait de même avec sa nourrice. il frappa celle-ci dans le ventre, violemment, la faisant tomber au sol sur le coup.

Victoire reprenait peu à peu conscience, tentant de nouveau de se débattre. Les mains la plaquèrent de nouveau sur le lit, joignant ses propres poignets au-dessus de son crâne. Ainsi l'homme put libérer une de ses deux mains, avec laquelle il commença à toucher la jeune fille. Celle-ci se débattit d'autant plus fort, ses cris étouffés résonnant malgré tout dans la chambre. La nourrice aussi sembla se débattre plus violemment, mais cela ne plus pas à son agresseur qui lentement, sous les yeux traumatisés de Victoire, enfonça la lame dans la gorge de la vieille femme. L'homme prit son temps pour ouvrir la trachée, le sang coulant, émettant un gazouillis répugnant. Des larmes de peur et de rage coulaient sur les joues de la jeune fille, qui perdait peu à peu sa volonté.

Le tueur se releva lentement, contemplant un instant son infâme forfait. Il se retourna, montrant une nouvelle fois son rictus répugnant avant de finalement s'approcher de Victoire, l'arme toujours à la main. L'autre homme la maintenait toujours, la rendant aussi impuissante qu'un agneau entre deux loups. il lui respirait à la figure, lourdement, son haleine de phoque souillant sa victime. De la main, l'égorgeur saisit le menton de la jeune fille qui tenta de nouveau de pousser un cri, sans succès. Il approcha alors l'arme de son visage, tandis qu'elle fermait les yeux, comme si cela suffirait à se réveiller de ce cauchemar. Elle sentit bientôt le contact glacé de l'arme sur sa joue, tandis que l'homme essuyait le sang qui restait de sa nourrice sur le visage de la jeune fille sanglotante.

La lame glissa ensuite sur son menton, puis sur la gorge avant de très lentement se diriger vers son oreille. Une voix mielleuse lui susurra alors:

"Je vais te couper l'oreille ma pourcelle, puis je te couperai la deuxième. Je vais descendre, t'arracher les tétons à la lame, puis encore plus bas, je te charcuterai le ventre et je t'ouvrirai bien grand. Après, mon ami et moi-même allons prendre notre pied, jusqu'à ce que t'en crèves. Tu aimes ça hein? Ça te plait, de mourir en putain?"

Comme pour sceller sa promesse, il passa sa langue putride sur la joue de Victoire. La fille du duc était totalement désemparée, elle sanglotait, implorant Gaïa de l'aider, priant de toutes ses forces. Elle savait que les dieux n'entendaient pas les prières, mais c'était la seule chose qu'elle pouvait faire.

Elle ferma une nouvelle fois les yeux quand la lame se logea juste sous le lobe de son oreille droite. Elle sursauta alors, sentant un liquide chaud se répandre sur le haut de sa poitrine et son cou, puis en entendant le son horrible de la chair se faisant déchiqueter. Les mains qui la lâchent, un cri guerrier, le son une nouvelle fois de la chair écharpée, puis plus rien.

Il lui fallut un moment pour ouvrir les yeux et distinguer le visage de Godefroy, le jeune lieutenant de la garde personnelle du duc. L'homme lui retira le bâillon, l'aidant à se relever. Elle n'aurait su dire comment elle parvint à rester debout, à ne pas vomir devant le spectacle de sa nourrice, sa deuxième mère, étendue sur le sol, la gorge ouverte. Peut-être était-ce l'instinct de survie, peut-être était-ce le sang ducal qui coulait dans ses veines. Dans tous les cas, elle parvint à sortir de la pièce, aux côtés du guerrier en armes qui venait de sauver sa vie et sa chasteté.

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Sam 26 Fév 2011 10:02 
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Victoire sentit que l'on passait une cape autour de ses épaules, la serrant et la nouant machinalement. Deux autres hommes attendaient dans le couloir, tendus et à nerfs. L'un d'entre eux s'était accroupi auprès du garde mort. Victoire connaissait cette autre victime, il s'appelait Armand et il y a encore deux jours il annonçait à la jeune fille que sa femme avait accouché d'un garçon. Cela ne les rendait pas proches bien entendu, mais elle ne put s'empêcher de songer à la nouvelle veuve.

"Que se passe t-il?"

Elle avait parlé presque sans s'en rendre compte, ne comprenant pas la situation. En effet, à présent que la question de sa survie n'était pas aussi intense, de nombreuses interrogations commençaient à poindre tandis que son esprit rationnel reprenait lentement le dessus: Qui étaient ces hommes? Que faisaient-ils dans le château? Pourquoi voulaient-ils la tuer?

L'un des gardes ouvrit la bouche, avant de la refermer, semblant tout autant perdu que la fille du duc. Ce fut le lieutenant qui, ressortant de la chambre avec le sac prêt de Victoire, tenta d'énoncer à voix haute une réponse:

"Je n'en sais rien, nous sommes juste arrivés à temps. Mais votre père a raison, vous êtes en danger, il faut partir. Maintenant.
-Et mère? Je dois voir si elle va bien.
-Je..."

Sans attendre, elle se dirigea d'un pas pressé vers la chambre de sa mère, un peu plus loin dans le même couloir. Les trois hommes ne tergiversèrent plus, les deux gardes la devançant, tandis que Godefroy se plaçait à sa droite, la main sur le pommeau de son arme.

Le silence était glacial, seul le vent fort sifflant tristement par les meurtrières du château. Jusqu'à ce qu'un cri, d'effroi, de terreur, de souffrance, d'agonie, de mort ne résonne. Un cri de femme qui stoppa net un instant les quatre individus, glaçant jusqu'à leurs âmes.

"Mère!" ne put s'empêcher de crier Victoire. Les hommes se précipitèrent alors, tournant à droite pour arriver aux quartiers de la duchesse. Deux gardes étaient étendus sur le sol, baignant dans leur sang et leurs entrailles. La tête de l'un d'entre eux avait un axe non naturel, son casque ayant été enfoncé violemment dans son crâne. Sa langue morte pendait mollement.

Les deux soldats entrèrent dans la chambre d'Alienor, poussant alors un cri guerrier à en faire trembler les murs. Tout se passa très vite, le bruit du fer, des grognements de lutte, puis le silence. Le lieutenant n'avait pas quitté la jeune fille.

Finalement un des soldats, le plus âgé, ressorti de la chambre. Sous le regard suppliant de Victoire il détourna les yeux, avant de faire le signe "non" de la tête. Victoire se précipita à l'intérieur, aucun des deux guerriers n'ayant le courage ou même la force de l'arrêter. L'intérieur était un véritable Pandémonium, une vue infernale qui transit d'effroi la jeune fille.

Sur le sol se trouvaient une demi-douzaine de cadavres, des servantes ayant été pourfendus, trois maraudeurs ayant été passés au fer. Il y avait aussi le plus jeune des soldats, étendu au sol, immobile, la main toujours posé sur son flanc rougi. Mais le pire était le corps de sa mère, allongé sur le large lit. Elle était nue, pas le moindre vêtement ne préservant sa dignité. Ses mains avaient été attachées, chacune à l'un des piliers du baldaquin. Il en était de même pour ses jambes, écartées et immobilisées dans une posture immonde.

La chair avait été mutilée, avec un acharnement maladif. Les monstres l'avaient éventrée par le bas ventre, répandant ainsi ses intestins qui s'étaient déversés entre ses jambes et sur le côté. Le supplice n'avait probablement pas duré longtemps, mais suffisamment pour infliger une souffrance sans nom.

Tout à coup, la main de la morte émit un spasme. Victoire crut d'abord l'avoir imaginé, mais elle en vit un second. La jeune fille, comprenant peu à peu que sa mère n'était peut-être pas encore morte, s'approcha. Elle ne remarqua qu'à ce moment qu'une corde étranglait Alienor, la suffoquant lentement. La jeune fille regarda à droite à gauche, avant de saisir la dague qui pendait à la ceinture du soldat mort. Elle entreprit de couper la corde, ses mains tremblant comme une feuille tandis que des sanglots la parcouraient.

Elle libéra finalement sa mère, avant de se jeter au cou de celle-ci, la serrant dans ses bras tout en pleurant. Elle sentit la tête de la duchesse bouger un peu, avant que cette dernière n'émette un murmure inaudible.

"Je ne vous entends pas, Mère!"

Victoire plaqua son oreille contre les lèvres de la femme, essayant de comprendre ce qu'elle voulait dire.

"T... Tue... moi..."

La jeune fille sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine. Elle se recula précipitamment, l'arme toujours à la main. Sa mère regardait dans sa direction, murmurant ces deux mêmes mots, encore et encore. La pauvre femme agonisait, lentement, souffrant d'interminables tourments et seule Victoire pouvait achever cette souffrance. Elle sentait le poids de l'arme entre ses doigts en sueur, s'imaginant plonger la lame dans la chair de sa mère. L'image de sa nourrice, égorgée sous ses yeux, lui revint. Non, elle ne pouvait faire la même chose à sa mère. Elle ne le pouvait tout simplement pas. Elle ne pouvait pas.

Elle se retourna, courant vers la sortie, sortant de la chambre et ne s'arrêtant que devant le mur voisin. Elle tomba à genoux, de la bile remontant le long de son estomac. Elle vomit sur le sol de pierre, son âme suintant le dégout. Elle cracha, vomit une nouvelle fois, sentant finalement qu'on essayait de la soulever.

C'était Godefroy, qui tristement lui parla:

"Soyez forte, il faut sortir maintenant.
-Mère... Elle. Elle est...
-Oui je sais Victoire, mais nous devons y aller.
-Non, elle est vivante. Elle est vivante..."

Le lieutenant eut l'air pathétique en entendant la plainte terrible de la jeune fille. Il secoua tristement la tête, relevant Victoire pour de bon, la dirigeant de l'autre côté du couloir. Victoire, comprenant que sa mère resterait là, à agoniser dans son sang, se débattit, mais ses forces l'avaient pratiquement toutes abandonnée. Le lieutenant dut la prendre sur son épaule, pour la forcer à avancer.

La jeune fille hurla alors, de toutes ses forces, implorant qu'on laisse sa mère mourir, mais rien n'y fit. Les deux hommes se précipitèrent dans les couloirs, laissant loin derrière eux le corps de la duchesse.

Malgré le bruit des pas et le cliquetis métallique des armures, malgré le son des escaliers dévalés et des couloirs parcourus, Victoire n'entendait qu'une seule chose:

"Tue Moi."

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Sam 26 Fév 2011 12:32 
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Tous trois débouchèrent sur la courtine, le vent les cinglant au passage. Ils restèrent interdits devant le spectacle qui s'offrait à leurs yeux: des hommes étaient étendus de manière régulière, principalement les soldats mais aussi quelques étrangers, des lames encore plantés dans leur carcasse. Plus bas dans la cour, on pouvait percevoir d'autres hommes s'affrontant, leurs armes reflétant les lumières floues de la lune et des flambeaux. On percevait aussi les cris d'agonie...

L'homme qui accompagnait Godefroy s'approcha des corps de ses frères d'armes. l'un d'entre eux semblait en vie, du moins pour le moment. Les deux hommes discutèrent pendant quelques instants, puis le mourant saisit avec force le bras de son ainé. Ce dernier lui rendit son étreinte, avant de lui enfoncer sa propre lame entre les côtes, achevant ses souffrances. Il se redressa ensuite, la mine déconfite:

"Ils ont attaqué les nôtres de l'intérieur. Ils s'étaient cachés parmi les villageois, nos hommes ont à peine eu le temps de comprendre."

Les deux hommes restèrent silencieux un moment, entendant en contrebas les leurs se faire massacrer. Personne n'avait senti le coup venir, mais le duché était bel et bien en train de perdre son château, de perdre en quelques heures la bataille qui aurait du durer des jours et des jours. Victoire le savait, même si elle était encore trop choquée pour se reprendre.

A ce moment, la porte derrière eux s'ouvrit, des maraudeurs en manteau et armés d'épées et de haches les rattrapant. Le vieux soldat échangea un regard avec Godefroy, avant de pousser un cri de rage terrifiant. Toujours portée par le lieutenant, Victoire vit le guerrier se jeter avec rage vers les trois adversaires, les trois traitres, les trois meurtriers.

Godefroy se mit à courir dans le sens opposé. Victoire observa le soldat abattre son arme sur le premier des monstres, avant de s'en prendre au un second. Un sifflement se fit entendre, puis une flèche vint se ficher dans le cou du combattant, qui mit genoux à terre. Victoire ne sut jamais d'où était venue cette flèche, ni même comment le soldat était mort. Elle l'avait simplement vu se relever, prêt à se battre jusqu'à la mort, avant que Godefroy ne les fasse entrer dans l'autre tour. Elle ne savait même pas son nom et il était mort pour elle.

Sans hésiter, le lieutenant se dirigea dans les couloirs étroits, prenant un escalier en colimaçon pour descendre vers les fondements de l'édifice. Par moment un cri résonnait, venant de plus loin. Ils croisèrent quelques corps, mais les combats avaient l'air de ne pas avoir été les plus présents ici.

Finalement ils atteignirent un étage que Victoire ne connaissait pas. Avant de franchir la lourde porte de bois, le lieutenant fit descendre la jeune fille de son épaule, la saisissat par les épaules.

"Nous sommes prêts de la poterne, il y a une sortie souterraine qui mène au moulin. Si nous sommes séparés, allez à l'Ouest, jusqu'au village de Pont-Lavel, et cherchez le forgeron. Son nom est Isikore, il connait votre père. C'est bien compris?
-Je...
-Répétez ce que j'ai dit.
-A l'Ouest, Pont-Lavel, Isikore le forgeron."

Godefroy parut satisfait. Il ouvrit la porte, tirant la jeune fille apathique par la main. Celle-ci le suivit, l'image de sa mère torturée mais toujours vivante la hantant, la brisant, mais ne l'empêchant pas d'avancer. Le lieutenant s'arrêta devant un pan de mur comme les autres, l'étudiant un moment. Il appuya sur deux pierres au même moment, puis sur une troisième: un mécanisme s'enclencha, un bout de mur suffisant pour laisser passer un homme frêle se dé-solidifiant de l'ensemble.

Godefroy prit un flambeau, qu'il voulut placer dans la main de la jeune fille. Il se rendit compte cependant qu'elle tenait toujours la dague, ne l'ayant pas lâché un seul instant. Un bruit de porte se fit alors entendre, puis une voix rauque retentit:

"Ils sont là !"

Godefroy poussa la jeune fille dans le souterrain. Il donna un coup de pied dans son sac, le faisant entrer lui-aussi, avant de fermer la porte. Elle voulut lui crier de venir avec elle, mais il était trop tard. Bientôt le gros pan de mur se referma, coupant tout son venu du couloir. Elle ne saurait jamais comment le valeureux lieutenant était mort, ni combien de ces fils de chiens il avait emmené avec lui dans les bras de Phaitos.

Victoire était seule, dans l'obscurité totale. Elle savait qu'il ne faudrait pas longtemps pour que les meurtriers ne trouvent comment faire fonctionner le mécanisme et, si la peur lui intimait de rester immobile, l'instinct ressurgissait peu à peu. Elle ne voulait pas mourir comme sa mère, elle ne voulait pas que l'on lui coupe les seins ou qu'on lui ouvre le bas ventre. Elle ne voulait pas sentir ses intestins contre sa peau. Elle ne voulait pas mourir.

Elle inspira l'air vicié du tunnel, avant de se saisir de son sac. Elle le mit sur son épaule, puis commença à avancer, dans l'obscurité, s'aidant de ses mains pour se diriger. L'exercice était ardu, mais elle n'avait pas le choix. Sous ses pieds elle sentit des marches, l'emmenant plus profondément dans les entrailles de la terre. Plusieurs fois elle vit de petits yeux rouges la fixer. Plusieurs fois elle entendit le petits couinements de rats. Plusieurs fois elle sentit quelque chose bouger non loin d'elle.

Pourtant elle continua, franchissant lentement les nombreux pas qui la séparaient du moulin. Elle ne fut pas poursuivie. Peut-être Godefroy s'était-il débarrassé de tous ses agresseurs, ou alors ceux-ci n'avaient pas trouvé les bonnes pierres. Peut-être encore qu'ils avaient simplement plus important à faire que de poursuivre une jeune fille, habillée plus en servante qu'en noble il est vrai. Dans tous les cas, en cet instant elle était seule au monde.

Au bout d'un long moment de tunnel au plancher plat, elle tomba de nouveau sur des marches, qui montaient cette fois-ci. A moitié tombant, à moitié grimpant, elle se faufila jusqu'en haut de celle-ci, manquant de se fouler la cheville deux ou trois fois.

En haut de l'escalier, elle trouva une trappe de bois lourd. Elle tenta d'abord de simplement pousser de ses mains fragiles, mais le bois était épais et solide. Un peu paniquée, elle posa le sac sur la plus haute des marches, avant de s'accroupir, le dos contre le bois. Elle poussa alors de toutes ses forces, s'aidant de ses pieds et de ses mains, forçant peu à peu la trappe à se soulever.

L'effort fut plus qu'intense, mais elle parvint à s'extirper, tirant difficilement son bardas avec elle. La trappe, qui s'était seulement entrouverte, retomba, claquant avec violence. Elle regarda autour d'elle instinctivement, repérant une fourche. Elle passa celle-ci dans les anneaux de fer de la trappe, la scellant temporairement.

Elle saisit alors son sac, se dirigeant discrètement vers la sortie du moulin vidé de son grain. Une fois dehors, son regard se posa inévitablement sur le château de Blanchefort, son château, à présent au mains d'un duc félon, aux mains d'un meurtrier. Le château était impassible, sombre, comme il l'avait toujours été. Elle seule savait quel massacre avait eu lieu à l'intérieur.

Elle repensa à son père, qu'elle n'avait pas serré dans ses bras quand elle l'avait pu. Elle pensa à sa mère, qui jusqu'au bout l'avait suppliée de la tuer mais qu'elle avait laisser agoniser péniblement. Peut-être était-elle encore en vie, se demandant par quelle cruauté son ignoble progéniture l'avait condamnée à de tels tourments. Elle pensa à sa douce nourrice, à qui on avait tranché la gorge sous ses yeux. Elle pensa aux nombreux gardes qui étaient morts, aux trois hommes qui avaient sacrifié leur vie pour qu'elle puisse perpétrer sa misérable existence.

Ses genoux se dérobèrent sous elle, accablée par la douleur et par la faiblesse. Mais au fond d'elle, un autre sentiment commençait à poindre. Ce n'était pas la lâcheté, ce n'était pas le besoin de fuir. Non, c'était quelque chose de bien plus brûlant, quelque chose de bien plus sombre.

Dans la nuit noire, seule devant le moulin, Victoire poussa un cri terrible, un hurlement à la mort, le cri de rage d'une fille qui a tout perdu, à qui on a tout arraché sauf la vie. Une fille morte à l'intérieur, une fille maudite.

"Je vous maudis! Je maudis la terre, je maudis le ciel! Je maudis les dieux, je maudis les hommes. Gaïa, je te renie ! JE VOUS RENIE TOUS !"

Son appel se termina dans des sanglots silencieux, alors que la nuit reprenait ses droits. Quelque chose avait changé en Victoire, pour toujours. Elle était morte, ce n'était plus la vie qui provenait de son cœur, mais un âpre monstre, une créature au nom intemporel. Une créature de Vengeance.

Elle se releva finalement et, sans regarder vers le château, se dirigea vers l'Ouest.

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Dim 27 Fév 2011 13:30 
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Le silence de la nature offrait une perspective presque apaisante à ton départ. L'air était frais, une légère brise amusait les feuilles des arbres qui murmuraient à ton passage, uniques témoins du drame que tu venais de connaitre, elle était à ce moment ta seule alliée en ce bas monde. Plus tu progressais sur le petit chemin défoncé, plus l'agitation se tassait, les grincements du moulins n'existaient plus, l'aura de la mort se dissipait comme un nuage de fumée...

Tu arriveras à la croisée des chemins. Un petit sentier fait dans l'herbe se distingue d'une route de terre battue. Le chemin dans la verdure semble mener à une petite grange éclairée par la lune, le chemin de terre quant à lui, est tellement dissimulé parmi les herbes et les arbres que tu ne peux pas voir ce qui s'y trame. Derrière toi, tu peux entendre, en faisant un peu attention, un bruissement, une agitation dans les fourrés sans pour autant réussir à distinguer ce qui provoquait l'agitation.

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Dim 27 Fév 2011 14:44 
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Les jambes de Victoire s'actionnaient seules, conduisant la jeune fille vers sa destination sans que celle-ci n'en ait le moindre contrôle. Seul le vent l'accompagnait de son doux et triste lacrimosa, la portant au loin des évènements qui l'avaient marquée à tout jamais. L'air de la nuit avait quelque chose d'onirique, de mystérieux, d'apaisant aussi.

Pourtant c'était la mort qui hantait les pensées de la jeune fille: la mort, cruelle et douloureuse, qui avait emporté ses proches dans la terreur et les supplices. Si l'air était silencieux, pour elle il résonnait de mille parts, les cris pénétrant ses oreilles à travers la distance. Parfois elle portait la main à ses oreilles, se griffant pour ne plus entendre sa mère l'implorer de la tuer.

Mais il n'y avait rien à faire, juste subir, comme tous avaient subi le sort du destin.

Elle déboucha finalement sur un croisement. Depuis sa fuite, elle n'avait fait qu'avancer sans réfléchir, sans s'arrêter, mais là elle fut obligée de faire une halte. Lasse, elle sentit le lourd sac glisser de son épaule, s'écrasant sur le sol frais. Elle se sentie stupide, incapable de choisir où avancer, incapable de prendre une décision aussi bénigne, aussi facile.

Même débarrassée de celui-ci, elle continuait à sentir le poids du sac sur son épaule frêle, comme si elle devait malgré tout se sentir écrasée. N'y tenant plus, elle se laissa tomber sur le sol, ses genoux se posant sur la terre. Le simple fait de respirer devenait difficile: elle tenta plusieurs fois d'inspirer, mais cela lui écrasait l'abdomen, la forçant à y mettre un effort considérable.

Tout à coup un bruissement se fit entendre, dans son dos. Machinalement, elle scruta l'endroit d'où venait le son, tendue, mais sans bouger, totalement immobile. Ses forces, sa volonté même, l'abandonnaient peu à peu: et si elle mourait là tout de suite? Peut-être que les choses seraient plus simples... Elle ne voulait pas mourir, non, mais elle n'avait plus ce qu'il fallait pour lutter, n'étant qu'une enveloppe vide, impuissante et misérable.

Elle attendit simplement, fataliste.

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Dim 27 Fév 2011 14:54 
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Dorénavant, seul le vent soufflait, les murmures de Dame nature se muaient en un silence de funérailles. Les feuilles bougeaient dans la pénombre en silence ce qui leur donnait une image irréelle, quelque chose d'indicible, de malsain. Le frottement étrangement semblait s'approcher de ta position tout en longeant les hautes fougères qui bordaient la lisière du chemin. Mais alors que tu t'acharnais à essayer de localiser la menace, un grondement sourd se faisant entendre. Un animal nocturne probablement... Plus loin, là, quelque part dans le chemin de terre, un bruit de cailloux effleuré par quelqu'un ou quelque chose se fit également entendre...

Et soudain... Plus rien.

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Dim 27 Fév 2011 15:31 
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Quelque chose bougeait, Victoire en était persuadée à présent et ce n'avait pas l'air d'être humain. Elle avait du mal distinguer la créature, s'il s'agissait bien d'une créature, se dirigeant à pas feutrés vers elle. Instinctivement la jeune fille sentit un froid la parcourir, une peur primordiale grimpant le long de son échine: la peur d'une créature des ténèbres, du prédateur irascible de la nuit.

Elle ne se leva pas pour autant. Elle préférait mourir de la main d'un monstre de la nature, d'une autre créature maudite des dieux, que de celle d'un monstre humain. Sa dague glissa sur le sol, mollement, sans émettre le moindre bruit.

Alors que la chose n'était plus qu'à quelques pas, toujours invisible, et que Victoire était certaine de sa proche fin, un bruit plus lointain mais bien plus audible se fit entendre. Encore un son parvint aux oreilles de la jeune fille, provenant cette fois-ci du chemin de terre. Quelqu'un ou quelque chose s'était mû, avant de laisser le silence de nouveau s'installer.

Tout se figea. Victoire sentait le battement rapide de son cœur lui marteler les tympans, dans ce calme avant la tempête. L'instinct cependant, une nouvelle fois, repris le dessus. Elle ramassa son arme, avant de très lentement ramper vers les hautes herbes qui bordaient le chemin de terre. Si elle était suffisamment rapide et discrète, ce qui venait de ce même chemin ne la verrait probablement pas et, avec beaucoup de chance, la créature tapie derrière elle se trouverait une autre cible.

Ainsi Victoire se déplaça, en silence, faisant bien attention au prédateur invisible. Ce n'est qu'à mi-chemin qu'elle réalisa qu'elle avait oublié son sac au milieu du croisement. Elle n'avait pas le temps d'aller le chercher, se glissant vers les hautes herbes malgré tout, terrorisée.

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 Sujet du message: Re: Le Château de Blanchefort
MessagePosté: Dim 27 Fév 2011 15:52 
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Les herbes folles te caressent les bras, les fougères elles, te masquent la lune mais les bruits semblent plus forts, plus proches. Le grondement sinistre naquit de derrières les plantes, un grognement d'animal, un loup peut être. Un prédateur solitaire, avide de sang et en quête d'étancher sa faim virulente. Tu peux entendre le bruit doux des herbes écrasées sous ses pattes, la bête est juste à côté de toi, elle tourne doucement, prête à bondir sur ta gorge.

Le silence se brisa soudainement, tu entends maintenant une voix de femme murmurer dans l'air une étrange mélodie :

Zaidi, zaidi iasno sl'nce
zaidi, pomrachi se,
i ti iasna mesechinko
zaidi udavi se!


L'air et maintenant fredonné, une fois de femme assurément, les grognements cessèrent l'espace de quelques secondes pour finalement reprendre, tu peux distinguer si tu le souhaites, entre deux hautes herbes, une fourrure noire et sale d'un loup de grosse taille...

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