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 Sujet du message: [Pont-d'Orian] rues et habitations
MessagePosté: Lun 25 Avr 2011 23:03 
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La ville de Pont-d'Orian


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Bien placée sur la rivière Orian, qui permet de rejoindre l'un des fleuves des montagnes jusqu'à la mer, Pont-d'Orian est une petite ville calme et relativement aisée. Les cultures de blé sont en général très bonnes, le climat étant clément et l'irrigation généralisée.

De plus, les marchandises peuvent partir aussi bien par route que par barge, ce qui limite beaucoup les attaques de brigands, relativement rares de toute façon. Ainsi, le commerce a su se développer et Pont-d'Orian accueille nombre de marchands bourgeois qui font fleurir l'économie.

Aujourd'hui cependant, la hausse des impôts imposée pour financer l'armement de Valorian a réduit la profitabilité des marchands, certains ayant tout simplement décidé de quitter les terres pour rentrer sur Kendra Kâr.

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Alors il y a une règle que je veux que vous observiez pendant que vous êtes dans ma maison : Ne grandissez pas. Arrêtez, arrêtez dès cet instant. Wendy dans "hook" (petit hommage à Robin Williams)
Pour toute question: Service d'aide
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Je suis aussi Lothindil, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha


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 Sujet du message: Re: Ville du Pont-d'Orian
MessagePosté: Dim 8 Mai 2011 10:45 
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Le lendemain était désigné jour de toutes les anticipations, car s'il n'y avait pas de nouvelles des mouvements de l'armée, il leur faudrait toujours s'infiltrer dans les forêts et passer les postes d'avant-garde. La parole de Tisis n'était pas la seule qui était en jeu ; il suffisait que le comte n'ait pas réussi à stopper les espions de Tristan d'envoyer leurs messages pour que celui-ci change ses plans. C'était sans compter de plus que la jeune fille n'avait guère pu envoyer un messager à son père, comme elle l'avait initialement prévu. Elle n'avait aucune sécurité et devait à tout prix réussir, sinon le passé se déroulerait de nouveau.

"Et bien nous pouvons y aller. Si les dates concordent avec ce que nous a dit Tisis, les hommes du duc ont commencé à bouger. Nous devons de toute-façon passer par les forêts, on aimerait pas croiser deux mille hommes à nous neuf."


La petite troupe partit alors, voyageant loin des routes principales, mais sans trop s'écarter non plus, afin d'être sur place la soirée du jour suivant. Le moral resta maussade une bonne partie de la journée. Ils ne virent en effet aucune armée, ni n'entendirent aucune rumeur dans les rares villages qu'ils durent traverser. Les bastions d'avant garde étaient toujours là avec leur effectif et il leur fallut s'enfoncer encore davantage dans les forêts, ce qui rallongea considérablement leur voyage.

Tisis en profita pour s'entretenir avec Ilian, afin d'en savoir un peu plus sur le plan qui avait sûrement déjà été mis en place, mais dont on l'avait gardée à l'écart. L'homme sembla moins réticent, sans doute maintenant qu'ils étaient déjà derrière les lignes ennemies et que la confiance avait commencé à s'installer.

"L'idée est assez simple. Nos gaillards vont mettre le feu dans le village et les gardes seront bien obligés de sortir du château. Moi, Ordoine et toi, on en profitera pour se glisser à l'intérieur et on ira chercher le duc. Il sera sûrement sorti pour voir ce qu'il se passe, tu pourras tirer et l'abattre. Après, mieux vaudra te passer le fil de la lame sous la gorge, les tortures risqueraient d'être bien pire qu'à Mordansac."

La jeune fille resta stupéfaite. Il n'était pas question de s'infiltrer jusqu'à la chambre de l'homme, comme cela avait été le cas quand elle était aller tuer son frère. Non, ce plan n'avait été possible que parce qu'Anatole se pensait hors de danger. Là cela ne fonctionnerait pas et l'approche qu'avait trouvé Ilian était de mourir en l'entrainant avec eux dans sa chute.

Elle resta à y penser, encore et encore, cherchant quelque chose de mieux, de moins risqué, de plus efficace... Hélas il avait raison, la seule entrée possible était par le pont-levis, vu qu'aucun d'entre eux ne connaissait de passage secret. Elle comprenait aussi mieux l'air grave de chaque homme de la troupe.

Ce n'est que le lendemain en fin d'après midi qu'ils arrivèrent en vue de la ville du Pont-d'Orian. Quel ne fut pas leur soulagement quand ils repérèrent les traces récentes du passage d'une armée, au moins un millier d'homme ayant foulé la terre pour se diriger vers l'ouest. Vers Blanchefort.

Il fallait agir vite cependant, car bientôt Pierre de Blanchefort ferait entrer les villageois dans l'enceinte du château, ainsi que les tueurs qui avaient déjà détruit une fois sa famille. Dès la tombée de la nuit, Isabella et cinq des hommes rejoignirent la ville, prêts à créer cette fameuse diversion, tandis qu'Ilian, le grand montagnard Ordoine et la jeune fille se dirigeaient vers le château.

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 Sujet du message: Re: Ville du Pont-d'Orian
MessagePosté: Lun 16 Mai 2011 21:32 
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La jeune fille cracha, avant que de l'eau ne remonte dans sa gorge et ne la force à régurgiter. Elle se vida de tout son être, sans avoir la moindre idée d'où elle était ni de ce qui s'était passé. Tout se dont elle se souvenait était cette chute, alors qu'elle avait sauté des murailles de Val d'Orian dans un geste désespéré.

Elle essaya de se relever et deux bras l'aidèrent à au moins s'asseoir contre quelque chose de dur. Elle ouvrit les yeux et tenta de discerner les lieux, malgré sa vue trouble. Un instant elle crut voir Lydia, juste devant elle, qui lui disait que tout allait bien, qu'il fallait qu'elle soit forte et courageuse, mais quelques secondes d'observation dissipèrent l'illusion légère et la jeune fille reconnut Isabella.

L'adolescente regarda autour d'elle, cherchant des yeux l'hideux monstre qui l'avait poursuivie: elle le trouva, ou du moins une partie qui gisait dans la rivière, entre deux petites embarcations. D'autres insectes rampaient de-ci de-là, mais il y en avait peu, comparé à quelques instants plus tôt en tout cas.

Elle entendit Isabella lui parler, mais les mots n'arrivaient pas à prendre sens dans son esprit, comme si elle ne parvenait tout simplement pas à les assembler entre eux. Elle ferma les yeux et se concentra, mais rien n'y fit, rien pour le moment.

Tisis tenait toujours à la main le petit étui qui contenait de précieux parchemins, si le duc ne l'avait pas menée en bateau bien entendu. Cela lui rendit le sentiment d'urgence qui l'avait quittée quelque peu et elle tenta de se lever de nouveau. Son corps était trempé, transi et elle sentait toujours la brûlure des nombreuses piqûres qu'elle avait reçues. Elle avait d'ailleurs du mal à comprendre comment elle avait fait pour survivre en ayant perdu connaissance dans un moment aussi critique.

La jeune fille, dans un mouvement qui empruntait à la force du désespoir, tendit faiblement l'étui à Isabella et tenta maladroitement de murmurer le nom de Blanchefort, car si quelqu'un pouvait apporter ces documents à son père, ce n'était pas elle...

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 Sujet du message: Re: Ville du Pont-d'Orian
MessagePosté: Lun 2 Avr 2012 21:28 
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Œuvre I :
La Cour de Mordansac

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L'Ours à la Langue Pendue





Quinze ans que sa famille était morte. Quinze ans qu'il était seul.

Goetius ne ressentait pas les émotions comme le commun des mortels. La solitude n'était en rien un poids pour lui, mais un privilège fragile à conserver loin des quidams qui voudraient la briser. Il passa ainsi les dix premières années à jouir de la liberté que lui permettait sa vie solitaire, sa ferme étant son territoire où il régnait en maître et où personne ne s'aventurait à vouloir lui enlever ce luxe.

Il se rappelle encore en souriant de ce créancier qui avait eu l'audace de venir le déranger pour lui réclamer l'impôt ducal...
Il pensa d'abord à le tuer, mais cela aurait fait trop de vagues. Un autre aurait certainement pris le relai en prenant la précaution d'amener des soldats avec lui, et Goetius était peu enclin à ce genre de défi. Trop fatiguant. Trop bruyant. Trop dérangeant. Et il n'était pas sûr d'en ressortir vainqueur.
Il décida donc de lui donner l'effroi de sa vie. C'était si facile de faire peur à ces superstitieux... Il lui suffit d'annoncer le plus calmement du monde, en regardant son interlocuteur dans les yeux, qu'il ne verserait jamais le moindre sou au duc et que si quiconque reviendrait lui réclamer ici quoi que ce soit, il le maudirait lui et sa famille sur dix générations.
Goetius aurait bien été incapable de tenir sa parole si celui-ci s'était révélé plus courageux que prévu, mais le fait est que sa ruse avait marché. Personne n'était revenu l'importuner pendant toutes ces années.

Les rares fois où il sortait de sa ferme, c'était souvent pour aller se perdre en forêt. Il faisait souvent cela en nocturne, à l'heure où les chasseurs dormaient tranquillement dans leur lit et où quiconque ne pourrait le déranger. Il développa ainsi une certaine acuité à se repérer dans la nuit, bien qu'il lui arriva à plusieurs reprises de perdre son chemin.
Ce qu'il préférait par dessus tout, lorsqu'il explorait ainsi la forêt, c'était trouver d'anciennes ruines. Il tomba ainsi sur plusieurs sites oubliés ; comme une vieux temple de Yuimen, les restes d'un fort et quelques habitations abandonnées aux mains du temps et de la nature. Il adorait se retrouver là-dedans, toucher les vieilles pierres et voir l’œuvre de Zewen les transformer. Il y voyait là une sorte de poésie, d'aura mystérieuse qui faisait brûler en lui une émotion de quiétude. La rassurante preuve que tout avait une fin, une fin après laquelle tout était plus beau, plus silencieux et plus vide. La promesse d'un néant formidable.

Goetius était heureux ainsi, à vivre sa vie de solitaire absolu en explorant la nuit.
Mais il se rendit vite compte que tout avait une limite.
La répétitivité du travail de la ferme était certes apaisante, et bien qu'il se lassait lentement, il avait de moins en moins envie de faire d'efforts à la tâche.
Ces expéditions nocturnes elles aussi en pâtissaient, et il finissait par tourner en rond dans une forêt qu'il connaissait par cœur et des ruines dont il aurait pu énumérer l'emplacement et la taille de chacune des pierres.

Il commençait à aspirer à d'autres horizons, d'autres tâches, un but plus précis.
Mais il ne savait pas particulièrement comment s'y prendre, et la ferme était sa seule ressource de nourriture. Il ne pouvait pas l’abandonner ainsi.

Puis, un jour où il revint d'une nuit de plus dans la forêt et où il s'endormit à l'aube, il se réveilla avec une surprise qui lui avait été glissé sous sa porte.
Une lettre fermée par un cachet exhibant un ours à la langue pendue. Le symbole du comte de Mordansac. Il l'ouvrit et en lut le contenu, interloqué.

Le Comte Alankert de Mordansac a écrit:
A l'attention de messire Gomorrheus Goetius.

Si je prends aujourd'hui la plume en personne, messire, c'est pour vous apprendre que j'aie ouï dire que vous auriez une capacité certaines à maîtriser les magies obscures et que celles-ci vous aurez donné droit à quelques privilèges.

J'ai été formidablement impressionné par le récit de petites gens, nombreuses à vanter vos prouesses dans le domaine des maléfices. D'aucuns vous prêtent la capacité de tuer d'un regard, à vous faufiler dans les ombres et à commander aux loups. D'autres prétendent même avoir croisé votre spectre la nuit et que vos lieux seraient protégés par Phaïtos en personne.

Vous pardonnerez mon doute quand à la véracité de tout leurs propos mais le fait est que, par je ne sais quel moyen qui vous est propre, vous avez réussi à instaurer la peur dans le duché jusque dans les rangs des hauts-nobles.

Aussi serais-je honoré de rencontrer votre talentueuse personne et ai-je ainsi le plaisir de vous inviter à vous rendre au château de Mordansac le soir qu'il vous conviendra. Nous dînerons ensemble et pourrons ainsi converser de vive voix rapport à certaines tâches que j'aurais à vous confier.

Soyez discret quant à votre venue. Préférez la forêt aux routes. Ne parlez de cette histoire à quiconque et tâchez de ne vous faire reconnaître par les villageois ou les gens d'armes du Duc Tristan. N'emmenez pas cette lettre avec vous, détruisez-la. Lorsque vous arriverez dans le comté, présentez-vous à un de mes soldats comme étant "l'invité du crépuscule". Ils comprendront.

Respectueusement,
Comte Alankert de Mordansac.


Une lettre écrite et signée par le comte en personne... C'était une offre alléchante.
Après tout, n'était-ce pas l'occasion qu'il attendait pour quitter sa ferme ?

Il hésita plusieurs jours, laissant passer les soirées, lisant et relisant la lettre avec suspicion. Après tout, peut-être que tout ceci n'était qu'un subterfuge, un piège grossier dans lequel on attendait qu'il tombe. Mais dans ce cas-là, pourquoi tant insister sur sa discrétion ?

Goetius était torturé. Ce ne fut que quatre jours plus tard, ayant fini de peser le pour et le contre, qu'il conclut que cette occasion devait être l'acte de Zewen et qu'une seconde risquait de ne pas se reproduire avant longtemps.

Il attendit que le zénith passe, brûla la lettre et se vêtit de quelques habits sombres où il put cacher son visage derrière une capuche. C'est que la route n'était pas courte jusqu'au château de Mordansac ; il connaissait les chemins à emprunter par la forêt et il fallait bien compter dans les quatre heures de marche.



L'Invité du Crépuscule

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Playlist de Goetius Gomorrheus
Méléagant, le personnage l'ayant inspiré

Écoutez-moi bien.
Je suis Goetius Gomorrheus, le nécromant, l'élu de Phaïtos et de Zewen, le prophète qui va rendre au monde son silence originel.
Croyez-vous vraiment que rien de pire que la mort ne puisse vous arriver, à vous et à votre famille ?
D'un geste, je pourrais les ramener à la vie, en faire des pantins soumis à ma volonté jusqu'à la fin des temps. Ils ne rejoindraient jamais le repos des enfers. Leurs âmes disposées à ma jouissance, dépossédées de volontés, pourriraient petit à petit jusqu'à totalement oublier qui ils furent. Ça, c'est ce qu'il arrivera si vous ne faites pas exactement tout ce que je vous ordonne.
Et, si vous avez l'audace de croire que me tuer résoudrait votre problème, regardez donc mon cou.
Vous la voyez, cette cicatrice, qui longe ma gorge ? Le vestige d'un combat qui aurait dû m'être fatal.
C'est un témoignage des dieux. Ils ne veulent pas que je meure.
Désormais, que vous le vouliez ou non, vous m'appartenez. Et mon premier ordre sera :
Faites silence.


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 Sujet du message: Re: Ville du Pont-d'Orian
MessagePosté: Dim 28 Juin 2015 20:16 
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Correction GM5


Le soleil est déjà haut dans le ciel alors que je parviens enfin en vue de Pont d’Orian, à cheval sur le fleuve, dominée par la forteresse : un coup d’œil sur ce tableau enneigé me rappelle les deux réalités du lieu, la richesse du commerce et le danger permanent de la guerre. Pourtant, si j’en crois les rumeurs, cette ville n’est plus tout à fait le havre des nantis – beaucoup, parait-il, s’en sont allés rejoindre la sécurité de Kendra Kâr, et surtout ses impôts moins élevés. L’argent est le nerf de la guerre, et les villageois du dernier hameau où je me suis arrêté ont laissé entendre que les caisses du duché de Valorian sont bien légères.

(Pas mon affaire dans l’immédiat… Ca le deviendra sans doute si les garozks et gobelins passent… Le roi laissera-t-il cela arriver ? Valorian n’est de toute manière par Luminion…)

Pour moi aussi l’argent est une préoccupation, et il me faudra alléger quelque peu mon paquetage au profit de yus sonnants et trébuchants avant de poursuivre mon voyage, ne serait-ce que pour me procurer des vivres et de l’équipement en vue des jours à venir.

« Halte ! Qui tes, et qu’est-ce tu viens faire à Pont d’Orian ? »

Aux portes de la ville, il n’y a pas foule, trois quatre badauds, les gardes qui veillent sur l’entrée n’ont affaire à aucun voyageur à cette saison, et l’attente dans le froid – malgré le brasero autour duquel ils se prennent – semble entamer leur jovialité. Je comprends d’autant mieux le ton légèrement agressif que rien chez moi ne doit jouer en ma faveur : sale, la barbe hirsute et le cheveux mal peigné, portant plus d’armes que ne le devrait un honnête homme, vêtu de frusques usées et crottées par les jours de marche, je me présente seul dans une ville qui a de bonnes raisons de se méfier des étrangers à une saison guère propice aux voyages.

« M’appelle Jager. J’vais rends à Mertar, y’a un marchand qui m’veut là bas pour lui traquer des bêtes, j’fais juste une halte sur le ch’min. »

« Par c’t’hiver ? J’espère qu’y paie mieux qu’ceux d’chez nous ton marchand ! »

« Y paie bien. Pas l’choix, faut bien vivre. J’ai plus d’quoi… D’ailleurs, j’ai deux glaives qu’je voudrais mett’ au clou, pour m’payer l’séjour ici. Z’auriez pas une adresse ? »

Un sergent resté assis sous une épaisse capeline, plus près du brasero que les autres, relève alors la tête pour me lancer :

« Des types qui te prendront tes armes, y’en a. Mais y paieront pas un prix honnête, et moins on donne d’armes aux margoulins, mieux ça m’va. Remonte le fleuve, tu tomberas sur une forge. On y achètera tes armes au juste prix. »

« Merci. »

« Pas d’quoi. Et si tu veux pioncer, ma cousine tient une pension, près du lavoir. Tiens toi à carreau, ou t’auras affaire à moi. Si t’es calme, on y mange bien, et y’a pas de vermine dans les lits. »

« Merci encore. »

« Dis à ma cousine qu’tu viens d’la part de Kelon et on s’ra quitte. »

« J’le f’rai. »

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 Sujet du message: Re: Ville du Pont-d'Orian
MessagePosté: Dim 28 Juin 2015 20:16 
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Vers le duché de Valorian - Huitième jour


Le soleil est déjà haut dans le ciel alors que je parviens enfin en vue de Pont d’Orian, à cheval sur le fleuve, dominée par la forteresse : un coup d’œil sur ce tableau enneigé me rappelle les deux réalités du lieu, la richesse du commerce et le danger permanent de la guerre. Pourtant, si j’en crois les rumeurs, cette ville n’est plus tout à fait le havre des nantis – beaucoup, parait-il, s’en sont allés rejoindre la sécurité de Kendra Kâr, et surtout ses impôts moins élevés. L’argent est le nerf de la guerre, et les villageois du dernier hameau où je me suis arrêté ont laissé entendre que les caisses du duché de Valorian sont bien légères.

(Pas mon affaire dans l’immédiat… Ca le deviendra sans doute si les garozks et gobelins passent… Le roi laissera-t-il cela arriver ? Valorian n’est de toute manière par Luminion…)

Pour moi aussi l’argent est une préoccupation, et il me faudra alléger quelque peu mon paquetage au profit de yus sonnants et trébuchants avant de poursuivre mon voyage, ne serait-ce que pour me procurer des vivres et de l’équipement en vue des jours à venir.

« Halte ! Qui tes, et qu’est-ce tu viens faire à Pont d’Orian ? »

Aux portes de la ville, il n’y a pas foule, trois quatre badauds, les gardes qui veillent sur l’entrée n’ont affaire à aucun voyageur à cette saison, et l’attente dans le froid – malgré le brasero autour duquel ils se prennent – semble entamer leur jovialité. Je comprends d’autant mieux le ton légèrement agressif que rien chez moi ne doit jouer en ma faveur : sale, la barbe hirsute et le cheveux mal peigné, portant plus d’armes que ne le devrait un honnête homme, vêtu de frusques usées et crottées par les jours de marche, je me présente seul dans une ville qui a de bonnes raisons de se méfier des étrangers à une saison guère propice aux voyages.

« M’appelle Jager. J’vais rends à Mertar, y’a un marchand qui m’veut là bas pour lui traquer des bêtes, j’fais juste une halte sur le ch’min. »

« Par c’t’hiver ? J’espère qu’y paie mieux qu’ceux d’chez nous ton marchand ! »

« Y paie bien. Pas l’choix, faut bien vivre. J’ai plus d’quoi… D’ailleurs, j’ai deux glaives qu’je voudrais mett’ au clou, pour m’payer l’séjour ici. Z’auriez pas une adresse ? »

Un sergent resté assis sous une épaisse capeline, plus près du brasero que les autres, relève alors la tête pour me lancer :

« Des types qui te prendront tes armes, y’en a. Mais y paieront pas un prix honnête, et moins on donne d’armes aux margoulins, mieux ça m’va. Remonte le fleuve, tu tomberas sur une forge. On y achètera tes armes au juste prix. »

« Merci. »

« Pas d’quoi. Et si tu veux pioncer, ma cousine tient une pension, près du lavoir. Tiens toi à carreau, ou t’auras affaire à moi. Si t’es calme, on y mange bien, et y’a pas de vermine dans les lits. »

« Merci encore. »

« Dis à ma cousine qu’tu viens d’la part de Kelon et on s’ra quitte. »

« J’le f’rai. »

Discussion avec le forgeron

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Dernière édition par Jager le Sam 4 Juil 2015 08:13, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Ville du Pont-d'Orian
MessagePosté: Sam 4 Juil 2015 08:12 
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Discussion avec le forgeron

"Je vous rachète donc ces armes. 92 yus par glaive et 52 yus pour l'épée, elle ne vaut pas plus. Ce qui vous fera 236 yus ! Je ne peux vous donner plus !"

Mes remerciements adressé à ce nain, accompagné de l’assurance que cela me suffisait amplement, il commanda à l’un de ses vendeurs de me verser la somme ; ce dernier confia a un commis le soin de nettoyer les armes, de les rendre parfaitement présentable à la vente, de les inscrire dans le registre. L’efficacité préside en cette forge, et la fiabilité : chacun sait ce qu’il doit faire, parce qu’on lui a ordonné ou parce qu’il connaît son devoir. Du moins était-ce l’impression que l’endroit me faisait alors que je m’éloignais, le regard des deux gardes thorkins probablement vissé dans mon dos.

De retour à Pont d’Orian, je trouve sans trop de peine la pension de la cousine du garde : les passants me renseignent, trop pressés que je les laisse vaquer à leurs occupations, comme pour beaucoup, ils ont en horreur de trainer dans les rues couvertes de neige sale à demi fondue, soumises aux caprices des vents glacé du nord.

Cette cité me paraît être un microcosme fermé, traversé de relations denses : le garde m’a indiqué la pension de la cousine, la cousine un marchand de vêtements de montagne, le marchand une boutique de salaison, et de là un boulanger faisant des pains de voyage à tout épreuve, et encore des indications, et d’autres, et d’autres. D’échoppe en échoppe, je suis balloté ; à mesure que ma fortune s’allège, mon sac pèse plus lourd sur mes épaules. Cette charge, je l’accueille avec une forme de soulagement : c’est sans doute à elle que tiendra ma survie dans l’expédition un peu folle à laquelle je me destine. Mais avant d’envisager tout départ, quelque soit la qualité de mon équipement, il faut que le corps suive. Le corps et le temps. De Pont d’Orian, n’importe qui peut observer les montagnes, ou s’user les yeux à les deviner : dans le second cas, le temps est mauvais, mieux vaut demeurer dans les villages.

A Pont d’Orian, cette ville fluviale bâtie de bois et de pierre, aux maisons basses, robustes, parées de couleurs chaudes pour les plus riches, je reste cinq jours. Au troisième jour, l’entaille à mon bras s’est complètement refermée, grâce aux bons soins d’une guérisseuse recommandée par le cordonnier ayant ressemelé mes bottes. Au quatrième, je sens que mes forces me sont pleinement revenues, que je suis prêt : les nuages et sombres au nord retiennent encore mon départ. Au cinquième jour seulement le soleil perce, le seul signal que j’attendais. A la cousine du garde, je verse mon dû, plus une petite commission pour la remercier de tous les renseignements qu’elle m’a fourni et, je dois bien l’avouer, de sa gentillesse. Cette femme doit avoir mon âge, un visage rond et agréable, un corps aux formes pleines, une crinière de cheveux blond cendrés, des sourires et des attentions à la rendre plus adorable qu’elle ne l’est déjà. De mari, je n’en ai point vu. Aurais-je pu arrêter là mon voyage.

Les premiers pas hors de la ville dissipent cette pensée, comme se lève le brouillard sur la route. Le soleil émerge à peine derrière les monts, la cité ne s’est pas encore totalement éveillée. Il y a eu une femme dans ma vie… Une seule. J’allonge le pas, le relief ne m’étant pas encore un frein. L’effort, la chasse, tout plutôt que de me laisser aller à ces souvenirs. La chasse. Au prochain village, je pourrai en apprendre plus sur mes proies.

Etat des lieux

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