Elrow a écrit:
« Disons que j'ai eu une enfance compliquée, c'est d'ailleurs le lot de tout les orphelins, et la rue est celle qui m'a appris l'art de la subtilisation, mes origines ne sont pas claires; et seul mon mentor, un woran tigré, fut le pilier de mon existence, sans lui je serais sans doutes devenu un simple brigand. Il m'a appris la vie, si je puis-dire, quand je ne connaissait que la survie. Et désormais je vis ma vie comme elle vient. »
« Et vous William? vous ne semblez pas non plus avoir une existence banale. »
(Super ... Et là, j'invente quoi, moi??)
(Bon. Faisons banal. Je suis un Tulorien, mes parents étaient de petits commerçants en magie et j'ai eu une enfance très facile. C'est l'ennui qui m'a poussée à me rendre ici. Allez, c'est parti ! Et tout compte fait, la réalité n'est pas si éloignée ..)
Je laissai mes traits se détendre et m'invitai à un léger sourire.
« Oh .. Vous vous trompez ! Ma vie jusqu'ici n'a été guère mouvementée ! Je viens des quartiers populaires de Tulorim, où mes parents tenaient un commerce. J'eus une enfance facile, jusqu'à la mort de mes parents. Et maintenant me voilà en quête d'aventure .. »
Avais-je été convaincante? J'en doutais ! Je souris nerveusement. Kafziel semblait lire en moi comme dans un livre ouvert. D'ailleurs tout le monde semblait me deviner. Sans doute étais-je depuis longtemps démasquée, et nul n'avait osé me le dire ..
Une sensation étrange m'envahit soudain.
Tout d'abord je ne sus dire quelle elle était. Je me sentais légèrement vaporeuse, une impression de dégagement, de liberté .. De grandeur.
Je levai les yeux et je vis devant moi qui se dressait là l'immense Palais de Kers.
Jamais bâtiment ne frappa plus mes yeux, jamais stuppeur ne fut si grande, jamais merveille ne m'apparut ainsi.
Plus qu'un Palais, c'était une oeuvre architecturale, une cité de tours, une forteresse.
A nos pieds, la brume qui en couronnes préservait le Palais des regards des basses terres, et nous surplombant, le magnifique édifice, baignant dans la lumière verte d'un soleil splendide.
Bordant les tours et les passerelles, des chênes tricentenaires, çà et là, montaient la garde.
Un bâtiment était même construit sur le tronc de l'un d'eux! Les murailles de pierre étaient parsemées de minuscules meutrières, qui devaient être ô combien redoutables en cas de guerre !
Quelques secondes passèrent avant que je ne retrouvai la voix.
« Oh ! Kafziel ! Voyez-vous ce que je vois? Par Yuimen ! Jamais je n'aurais cru voir pareille merveille! »
Je détachais mon regard du Palais, et c'est presque les larmes aux yeux que je me tournais vers mon compagnon.
« Oh combien donnerais-je pour y pénétrer ! »
Et dans cet instant, ma voix ne se contrôlait plus, et tout le rôle de William partit en fumée.
(Je n'en crois pas mes yeux! Est-ce là un rêve? Qu'on me pince, qu'on me pince et que l'on me réveille! Ou plutôt .. Non ! Laissez-moi donc en paix, avec mes chimères!)