L'une des voix, une belle voix, enfantine mais étrangement déformée, lui parla mais se perdit dans un phénomène extraordinaire. En un éclaire, Faëlis avait été aspiré dans le manoir. Il était dans une grande pièce carrée, lumineuse et contenant quatre portes.
Le jeune elfe se sentait perdu. Il savait que la magie était capable de prodiges, sa mère le lui avait déjà démontré, mais là, cela dépassait l'entendement. Les jambes flageolantes, il se releva, et il vit enfin l'une des voix. Il s'agissait d'une magnifique jeune fille, assurément trop jeune pour lui, mais tout de même un régale pour les yeux d'un esthète comme lui. Elle lui avait signalé la présence de 'chevrons' sur son bras qui pourraient l'aider, mais aussi se révéler dangereux. Elle n'en précisa pas plus.
En fait, le jeune homme avait du mal à se concentrer. Tandis qu'elle lui souhaitait la bienvenue chez elle, il remarqua qu'elle était à demi transparente. Le jeune homme sentit son cœur se soulever de sentiments contradictoires. Un fantôme ! C'était inquiétant, la chaire de poule le hérissa quelques instants, mais c'était surtout révoltant. Qui avait pu oser tuer cette charmante personne ?

Il ouvrit la bouche pour parler, mais soudain, tout changea. Il était maintenant au milieu d'un monde dévasté, comme si tout Yuimen avait été labouré par un paysan humain indélicat. Il était maintenant à l'image du paysage, ravagé, la tunique souillée, il sentait d'instinct que ses cheveux étaient dans un état lamentable, avec au moins quarante pourcents de mal placés. Comme pour insister, la jeune fille, soudain bien cruelle, se plaignit de son apparence et disparue.
Les lèvres tremblantes, Faëlis cria :

« Non ! Attends ! Qui es-tu ? Que t'es-t-il arrivé ? Que puis-je faire pour t'aider ? »

Sans y penser, il avait sorti son miroir et son peigne pour tenter de s'arranger, mais il avait du mal à se concentrer. Il y avait au loin une tour qui exerçait sur lui une attraction étrange, mais il resta d'abord sur place, en attente d'une hypothétique réponse.

Aucune réponse ne te parvint, rien que le silence, aussi lourd que l'atmosphère qui t'entourait, aussi sale que tes vêtements et l'environnement.

Quelques oiseaux volaient dans le ciel, piaillant, et allant d'arbre en arbre, comme s'ils refusaient de se poser sur le sol. Et soudain, tu sens quelque chose s'écraser sur ta tète, dégoulinant sur ton épaule.

Une fiente, ni plus ni moins...

Pour seule réponse, une énorme fiente éclaboussa ses vêtements. Le jeune elfe poussa un hurlement. Il se mit à courir vers la tour. Peut-être y aurait-il une baignoire, là-bas...
Mais comment tout cela pouvait-il être possible ? Ce manoir était réellement maudit ! Et ce monde ravagé... un présage de l'avenir ?

(Non, non, non... ce n'est pas possible, non...)

Il courait, trébuchant, s'étalant parfois dans la poussière. Il fallait trouver un moyen de fuir ce cauchemar avant que sa garde-robe ne soit irrémédiablement fichue ! Les larmes aux yeux, il fit l'effort de prendre de grandes inspirations. Tout cela était illusion. Tout cela allait certainement se terminer une fois qu'il serait sorti.
Cette tour... c'était le seul élément qui se démarquait dans cette sinistre vision. Il fallait croire... oui, il fallait croire que le monde n'était pas réellement comme ça. Dehors, le soleil et l'air pur l'attendaient. Et il trouverait le chemin.
C'est ainsi, essoufflé et les yeux hagards, qu'il parvint au pied de la tour qu'il se mit à inspecter.

Devant toi se dresse une grande porte en bois. La tour est en pierre et parait solide. Si tu regardes autours de toi, tu ne vois rien d'autre que cette tour. En étudiant cette dernière de plus près tu pourras voir qu'un liquide plutôt visqueux, et verdâtre, suinte des failles entre les pierres. Et ce même liquide suinte de la porte en bois.

Si tu t'intéresse d'encore plus près à la poignée, tu verras qu'elle semble en partie habitée, et que les trous qui la parsèment, dus à la rouille, sont habités de multitudes de vers? Des oeufs, ainsi qu'une couche de ce liquide verdâtre, la recouvre.

Le trou de serrure est lui même habité d'un gros vers blanc s'agitant frénétiquement.

La haute construction était dotée d'une porte, mais l'ensemble était suintant d'une horreur dégoulinante, et la poignée et la serrure étaient grouillantes de vers.
Faëlis repensa à la statue monstrueuse à l'entrée.

(Cet endroit serait-il une punition ? Une image de mon âme souillée ?) pensa-t-il, la tête débordante d'idées morbides.

Le monde n'était plus qu'un vaste chaos de mort et de destruction, une infinie désolation, et cela semblait s'enfoncer dans son crâne, lui engloutir le cerveau comme si la substance qui suintait de la tour cherchait à l'engloutir.
Il tendit une main hésitante. Hors de question de toucher cette porte ! Il chercha une éventuelle fenêtre mais toutes étaient fermées par l'acier. Des gens étaient-ils emprisonnés ici ? Si c'était le cas, il devait les en sortir. C'était son devoir, en tant que noble, et en tant que meilleur homme que son père.
Il se mit à fouiller alentour, à la recherche d'une poutre ou d'un roc, ou de tout autre élément susceptible de l'aider à l'enfoncer.

Autours de toi il n'y a pas grand chose. Le terrain ravager ne semble pas avoir abrité beaucoup de trace de civilisation exceptée cette grande tour.

Si tu regarde bien, tu pourras cependant voir une petite marre, ou une grosse flaque d'eau selon tes appréciations. Dans tous les cas, elle est à quelques pas de toi, un peu plus loin, le long du mur de la tour.

Si tu t'en approches, tu pourras y discerner quelques objets en son fond. Cependant, à sa surface flotte quelques nappes de la substance suintant de la tour. Sans parler de ce qui y es immergé, la couleur de l'eau et son opacité floue empêchant de vraiment "voir" au dessous de la surface...

Il n'y avait rien, hélas. Sauf... une mare. Pas très loin de la tour, elle était envahie de nappes de substance verdâtre qui s'en écoulait. L'eau était saumâtre et sinistre. Elle n'était pas très profonde mais qui savait ce qu'elle pouvait contenir ? S'il y avait des vers dans la porte, il pouvait bien y avoir des sangsues dans l'eau...
Mais au moins il n'avait pas besoin d'y entrer complètement. Il prit plusieurs profondes inspirations et fit le vide dans son esprit. Calme, clarté... confiance. Il tendit le bras gauche et regarda sa main, devant lui, doigts écartés. Cette main qui avait caressée tant de jolies elfes... Mais il n'y en avait aucune ici. Au fond quelle importance de se souiller ? Il n'y avait personne pour le juger. Et puis, il fallait sortir de là.
Il prit une nouvelle inspiration et plongea la main dans l'eau, entreprenant de fouiller le fond. Pourvu que cette tentative se révèle fructueuse !

Ton bras peut plonger jusqu'a ce que le coude soit immergé. Tu pourras trouver au fond de la marre quelques tiges de roseaux encore solides.

Alors que tu te concentres sur ce que ressent ta main, La jeune fille fantomatique apparait derrière toi , sans que tu puisses l'entendre, la voir ou la sentir.

"Bouh !"

Puis elle disparait comme elle est apparue, rigolant de son méfait, heureuse de t'avoir fait peur.

Tremblant sous la tension, il enfonça son bras jusqu'au coude. Il sentait... oui, il y avait quelque chose ! Et quelque chose qui ne semblait pas hostile ! C'était...

« Bouh ! »

« AAAAAH !!! »

Il sursauta si violemment qu'il éclaboussa sa tunique d'eau croupie. C'était la voix de la fille fantôme, qui disparut comme elle était apparue, ne laissant qu'un rire moqueur derrière elle.
Partagé entre la honte et la colère, le jeune elfe cria :

« Ce n'est pas drôle ! »

Dégoutté, il tira de la mare une poignée de tiges de roseaux. Déçu et plus sale que jamais, il prit tout de même le temps de secouer sa trouvaille et de la prendre sur l'épaule. Il revint vers la tour en maugréant. Il allait bien falloir trouver un moyen d'entrer...
Une idée lui vint alors. Il avait rencontré des Taurion à une réception, qui disaient vivre dans une maison en roseau au bord de la rivière. Il s'en était étonné mais ils lui avaient assuré que ces tiges, bien que creuses pouvaient être très solides.
Puisque sa tunique était de toute façon fichue, il en déchira le haut pour en arracher des bandelettes pour lier les tiges entre elles. Il obtenait ainsi l'équivalent d'un lourd bâton, quoiqu'un peu court. Tout fier de sa débrouillardise, il entreprit de s'en servir comme d'un bélier contre la poignée. Si elle était aussi rongée par les vers qu'elle paraissait, cela devrait, avec un peu de chance, suffire à l'arracher et ouvrir ainsi le passage.

La serrure se brisa après quelques coups, laissant un trou béant dans la porte en bois pourri. Au même moment un cri strident, suraigu et presque inhumain se fit entendre. Il semblait venir de l'intérieur de la tour, et suait la douleur et la peine.

A l'interieur tu peux voir une sorte de petit hall. Les tapis aux sols sont moisis, les tapisseries tombent en lambeaux. Même l'escalier qui monte en spirale vers les ténèbres semble instable et bancale. Il n'y a quasiment pas de lumière, seuls quelques champignons phosphorescents qui éclairent juste assez pour voir les murs interieur suinter eux aussi, et les vers grouiller dans les décorations.

En plus de l'escalier il y a une grande porte en face de toi, l'un des battant étant dégondé.

Frappant avec fureur, le jeune elfe arracha la serrure. Aussitôt, un hurlement atroce déchira le silence. Quelqu'un... quelqu'un souffrait ici ! Renversant la porte d'un coup de pied, il entra d'un bond héroïque, fouillant la pièce des yeux. La tour était aussi sale et branlante de l'intérieur que de l'extérieur. Des champignons lumineux éclairaient faiblement l'intérieur, doté d'un escalier en piteux état et d'une porte à demi fracassée.
Il fit rapidement le tour de la pièce des yeux, puis avança vers la porte pour la renverser d'un coup de pied. Qui que soit l'innocente victime emprisonnée ici, il fallait la libérer ! Mais un sinistre pressentiment lui disait qu'il n'allait pas aimer ce qui arrivait...

(((note rapidement à quoi ressemblent les tapisseries avant d'aller 'ouvrir' la porte)))

Les tapisseries sont moisies, détrempées et en lambeaux, mais une part de leur splendeur passée parvient encore à transparaitre. Du rouge et du jaune principalement, un peu de vert à certains endroits, et des motifs qui autrefois représentaient de grandes batailles, ou une partie de chasse en forêt, mais qui aujourd'ui sont indéchiffrables.

La porte s'éffondra dans le bruit étouffé du bois pourri. Derrière se trouve ce qui avait sûrement été une chambre. Tout y étais, les meubles, la coiffeuse, le miroir, le lit, les draps, et le couple enlacé dans un sommeil éternel.

En effet, enroulés dans les draps en lambeaux tu pouvais voir deux corps décharnés, habités et immobiles, enlacés dans une étreinte sans fin.

Tous les meubles étaient dans le même état que le reste : portes branlantes, pieds brisés et parois pourries... Mais tout était en place, comme si le temps c'était arrêté, comme si la pourriture, l'horreur et la vieillesse s'étaient invitées d'un coup.

Cependant tu pourrais remarquer qu'aucune fenêtre n'était présente.

Le courageux sauveteur elfe s'était attendu à tout, sauf à ça : une chambre. Un couple était enlacé dans son lit, au milieu de la désolation digne d'un lieu abandonné depuis un siècle.
Il ne s'agissait plus que de squelettes au milieu des ruines de leur logis.

Faëlis serra les dents.

(Mais que se passe-t-il, ici ?)

En tout cas, le cri n'était pas venu d'ici. Il devait retrouver la personne qui... mais pourtant, il se sentait insensiblement attiré vers le lit. Ces corps pouvaient-ils receler un indice ? Il était dans une chambre, mais il n'y avait aucune fenêtre. C'était ridicule, qui donc s'installerait dans une tour pour ne pas profiter de la lumière extérieur ?
Il s'approcha et tendit une main, le visage empli de dégoût. Il commença à écarter quelques lambeaux de vêtements, cherchant s'il pouvait trouver quelque chose d'intéressant.