Anastasie tenta de lancer un sortilège, mais échoua... par manque de volonté ? Impossible à dire, mais cela agaça le nécromancien. Il ne put cependant en dire davantage. À ce moment-là, Elysea tenta d'invoquer sa magie pour protéger le chevalier... et fit naître une formidable tornade. Bon sang, ces gens ne faisaient-ils aucun effort pour se contrôler ? Il en résulta un véritable cataclysme et le nécromancien dut se jeter en arrière pour ne pas être emporté. Ses robes claquant dans les airs, il se plaqua au sol pour ne pas être emporté. Le tourbillon dévorant emportait tout, formant une colonne mortelle. Il dut attendre que la poussière retombe et, lorsqu’il se releva, il eut un semblant d'espoir. Peut-être les vents n'avaient-ils pas été trop forts dans l’œil du cyclone ? Mais si. Quand la vision revint sur les lieu du fléau, c'était pour contempler un carnage : le chevalier était mort, purement et simplement, les fragments de son corps et de son armure dispersés à tout vent.
Le silence retomba, et le groupe, médusé, comptait maintenant un mort et un mourant. Il fallait trouver un moyen d'arrêter les frais ! Aussi, Azra revint vers Daemon, mais seulement pour le trouver en piteux état... et surtout marqua un temps d'arrêt devant la lueur farouche qui brillait dans ses yeux.
Le semi-elfe, haletant, refusait de recevoir l'effet de la magie blanche d'Anastasie. Gémissant sur son incapacité à servir efficacement, il lâcha dans un râle les ombres qui rongeaient son crâne.
Il avait longuement vécu à Darhàm, dans la misère, ne voyant que la mort autour de lui. Comme Azra, il avait parcouru les rues la peur au ventre, se demandant quand son tour viendrait, de glisser sur le fleuve, la face dans l'eau. La peur de la mort l'emportait toujours. Azra avait au moins eu l'avantage de ne connaître que la campagne et la cité blanches, des lieux un peu moins dangereux. Alors que si on en croyait sa réputation, Darhàm était un véritable coupe-gorge.
Écœuré, humilié par ce qu'il considérait comme le rejet de son dieu, Daemon parla ensuite de son sinistre gantelet, qu'il qualifia de « main de Thimoros ». Une relique que les Messagers l'avaient chargé de garder, tâche qu'il remettait maintenant à celui qui, quoiqu'en dise sa volonté, faisait partie de l'ordre.
Et, ces paroles prononcé, puisant dans les dernières forces de son corps moribond, il saisit son poignard et se l'enfonça dans le corps. Cette fois-ci c'en était trop. Deux morts devant cet obstacle morbide ? Et surtout, il avait besoin du gamin ! Plus que jamais, il avait l'impression de retrouver un peu de sa propre humanité en lui. Une étincelle qui lui rappelait ce qui faisait de lui un homme, jadis. Il étincelle qu'il avait haïe, banni, enfoui sous un cynisme et une mélancolie qui rendaient plus supportable cette vie de maudit. Il se précipita vers lui en hurlant, le ramassant dans ses bras :
« Non, pas toi ! Rejette-moi, insulte-moi, ignore-moi, mais ne meure pas ! »
Lui, la liche indigne de la vie, indigne de la mort, était désemparé devant quelqu'un qui avait aussi simplement résolu le problème que lui-même n'avait jamais pu résoudre à son propre sujet. Alors, en lui, s'éveilla un sombre pouvoir. Un pouvoir qui trouvait sa source dans la volonté de Chandakar, l'éternel révolté du monde, celui qui osait dire que la mort, la vie, le temps, l'amour... étaient des injustices et que toutes les injustices devaient être balayées, piétinées, annihilées... Chandakar n'avait jamais vraiment été maléfique, ce n'était qu'un enfant horrifié de l'injustice du monde et qui avait toute sa volonté dans l'apprentissage de magies capables d'outrepasser même ce qui semblait éternellement figé. Une magie qui triomphait même de la mort.
Azra ne sut pas exactement ce qu'il avait fait, sur le coup. Tout ce qu'il savait, c'est que sans les conseils d'Arek, il n'aurait jamais réussi. La faera s'était réveillée en catastrophe en sentant son pouvoir grandir avec sa détresse. Elle avait mis de l'ordre dans ses pensées, l'avait guidé comme une mère guide un enfant... un enfant qui avait le pouvoir de faire trembler le monde. Un pouvoir de mort incommensurable, entièrement focalisé sur une seule notion : que la mort n'était qu'un état qui pouvait être rectifié, comme la fatigue ou la maladie. Lui-même s'y soustrayait, et il pouvait aussi soustraire les autres. Les ombres grondaient en lui, et même la démonstration des risques de la magie, à laquelle il avait assisté il y a peu, ne suffirait pas à le faire changer d'avis. Il était chez lui, dans les ombres de la mort, chez les Ol'Toga, et il ne tolérerait pas que son pouvoir lui échappe ! Il canalisait avec force ses fluides, mais aussi avec précision, partant immédiatement à la chasse aux âmes, cherchant à récupérer celle du semi-elfe avant qu'elle ne s'en aille au loin. Il allait le récupérer et le forcer à retourner dans son corps ! Comme il faisait avec les squelettes, non, comme il avait fait, de manière incontrôlée, avec Rendrak ! La vie, la mort... l'âme comptait plus que le corps. Le corps pouvait tomber en cendres, retourner à la poussière, si l'âme était là, l'essentiel était là. Il était bien placé pour le savoir. Les prêtres de Gaïa ne le comprenaient pas. Ils préservaient le corps et l'âme en les voyant comme un tout. Ils allongeaient la vie en une parfaite hérésie... mais lui, pouvait offrir la pureté. Un état de mort du corps mais de renaissance de l'esprit... la mort n'était pas bafouée, car elle était effective, mais l'âme continuait à profiter du vaisseau de son corps le temps de rectifier les erreurs de sa vie, afin de partir en paix le moment venu.
Il hurla, déversa son pouvoir dans le corps encore chaud qu'il serrait dans ses bras, et hurla encore, jurant par toute sa volonté qu'il accomplirait ce qu'il devait. Car oui, il était un Messager du Corbeau, qu'il le veuille ou non... mais aujourd'hui, le Corbeau devrait payer sa dette envers ses fidèles.
((( utilisation de la capa de classe Pacte de l'âme, 1012 mots )))
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David le nerd
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