Les rues

Il s'agit de petites ruelles allant de maison en maison. Malgré leur taille, elles sont bien entretenues. Faites de briques et de pavé, elles restent praticables en temps de neige comme en temps de pluie.

Comme tout le reste du village, elles sont sécurisées. Malgré un manque de soldats, miliciens ou autres, les voleurs y sont très rares car ici tout le monde se connaît.

Réparties en étoile, toutes partent de la place pour rejoindre les différentes serres et champs.

Je pousse un L’atterrissage fut simple, bruyant, et surtout douloureux lorsque, non préparé au choc, je me cognai la tête contre la rambarde de bois du banc de devant. La douleur se met à poindre dans tout mon front, que je prends dans ma main droite comme si cela pouvait en atténuer la souffrance alors que léger gémissement. Je me remets finalement debout en aidant à enlever la toile qui recouvre, et maugréant un peu, je suis le mouvement de débarquement.

Arrivé aux murs, le groupe est stoppé par les gardes de la cité, qui nous menacent de leurs arbalètes. Eliwin tente de négocier, de façon très mauvaise par ailleurs à ce que je vois, car cela ne fait qu’aggraver la tension qui règne.

(On va tous se faire tuer à cause de cet idiot, il faut faire quelque chose pour rétablir la situation.)

Je prends mon souffre, et ouvre la bouche, prêt à parler, quand Mazhui coupe mon élan en s’exprimant avant moi. Jouer sur la corde de l’humilité et surtout de nos bourses qui vont profiter au commerce locale, voilà qui est bien joué. Je souris un peu, sans doute parce que j’aurais fait bien pire, et que je suis content qu’il existe dans cette équipage au moins une personne doué d’un peu d’esprit dans cet équipage.

Nous pénétrons dans la cité, et, une fois à l’intérieur, Eliwin nous donne quartier libre. Je compte bien l’utiliser à me renseigner sur la présence d’un éventuel guérisseur dans cette cité. Je me détourne donc du groupe, et part dans ce qui me semble une rue importante. A peine ais-je tourné les talons que Mazhui vient, silencieusement prendre place à mes côtés. Je respecte son choix, mais avec ma tête que me fait encore mal après le choc, ma fatigue qui n’a pas complètement disparu et mon bras qui se remet à me lancer, je ne suis pas tout à fait en humeur de parler, et d’ailleurs je ne saurais pas de quoi parler si je vouais moi-même lancer la conversation.

Je me mets à errer dans les rues un bon moment, mais aucune des enseignes qui passent à portée de ma vue ne semble indiquer de guérisseur. Au bout d’un certain temps, je me résigne à parler aux gens qui passent, mais aucun ne saurait me renseigner. Au bout du compte l’un d’entre me dit qu’il ne sait pas non plus, mais que peut être que les potions vendues à la boutique de Sigurd et Holna pourront m’aider. Je soupire, déçu, et en désespoir de cause lui demande l’emplacement de ce magasin pour m’y rendre.

C'est dans une déception sans nom que Markhus et Aztai accueillirent la nouvelle le lendemain matin de la part de Jerko:

-Je suis profondément désolé, j'ai lancé Ilka ma fille à la recherche d'un guide pour les Mont éternels, personne n'a répondu à l'appel. Malgré son jeune âge elle connait beaucoup de monde à Henehar et se fait une joie de trouver des informations pour nos clients. Mais là, c'est au dessus de ses capacités. Les gens n'osent pas s'aventurer dans le froid m'a-t-elle dit...

Aztai était bien embêté: il s'en était remit à Markhus, et Markhus à Jerko. Trouver d'eux même un guide prendrait du temps, un luxe que le félin ne pouvait s'offrir.
Ils quittèrent l'auberge sous les excuses du propriétaire. Les deux compagnons l'excusèrent très vite, ce n'était pas sa faute après tout.

Agacé, le woran neige pria Markhus de se rendre au temple de Meno, non loin des écuries. Ils sillonnaient les rues enneigées d'Henehar sous les indications du nain. En effet, de nouvelles giboulées de neige avaient reformer un manteau blanc neuf sur les toitures et les pavés de la ville.

-Hé, s'exclama le thorkin, demandons aux prêtres du temple! Ils connaissent forcément l'emplacement du camp de Lictaria.

-Tu veux t'aventurer sans guide dans les Mont éternels? Fit le fauve incrédule.

-Ce ne serait pas la première fois, rétorqua le nain en faisant une moue désapprobatrice.

-Peut-être mais les fois précédentes tu savais où aller...

Après un silence, Markhus concéda le point:

-Oui il nous faut absolument un guide.

-Allons prier Meno de nous en déposer un sur notre chemin, ironisa Aztai.

-Ne plaisante pas avec ça, marmonna Markhus agacé.

Comme prévu, le soleil envoyait ses derniers rayons sur le continent lorsqu'ils arrivèrent à Henehar. Les trois compagnons se dispersèrent, Gédéon s'en retournant au temple, Markhus le suivant afin d'aller louer Meno. Aztai opta pour s'arrêter au temple un autre jour, désireux d'établir son plan d'attaque. Accompagné spirituellement, la solitude ne l'affligea pas plus que ça lorsqu'il se retrouva seul, pour la première fois depuis bien des semaines...
La neige se mit alors tomber:

-Comme si ça m'avait manqué, maudit le fauve.

Les jambes fatiguées, le félin errait dans les rues, bavassant secrètement avec sa faera.

(N'est-ce pas un peu tard pour rendre visite à ton Monsieur To?)
(Si, et tu as besoin de sommeil. Tu dois être en forme pour le rencontrer, te présenter sous ton meilleur jour)
(Mon meilleur jour...on est mal tombés, c'est décidément pas les meilleurs jours de ma vie que je passe actuellement)
(Allons, trouvons une auberge et restaurons-nous. Par Meno je sens que l'on va pas s'ennuyer...)

Suite de chez Xaï To


Lorsque la porte en pierre se referma silencieusement derrière lui, Aztai eut réellement l'impression de clore un chapitre de sa vie. L'idée de retourner bientôt sur sa terre chérie l'emplissait de joie, et aussi de courage. Prenant la route du temple de Meno, il était incontestable pour le fauve que son plan avait une chance de fonctionner, si minime soit-elle.

(Tu crois que ça peut marcher?)
(Je me contente d'y croire, Aztai)

Impossible de se rassurer auprès de Zénith, mais la faera gardait aussi une flamme d'espoir que le félin ressentait. Il fallait y croire, il n'y avait que comme ça que le fauve pouvait redonner vie à l'armure.
Serrant fermement les lanières de la sacoche qui renfermait la relique, chaque pas faisaient monter en lui un peu plus la pression, et l'idée d'échouer se baladait dans son esprit, comme une épée de Damoclès prête à réduire ses espoirs à néant...

Le temple était en vue, la demeure de Meno teintée de rouge inspira le woran neige qui doubla de vitesse, atteignant l'entrée en un rien de temps.

(Prions... il ne nous reste plus que ça)

Suite du temple de Meno, intervention divine

Emmitouflé dans sa cape, le fauve prit le chemin du port, l'esprit embrumé de bonnes pensées: il retournait sur sa terre, il retournait voir les siens. Marchant au rythme de sa motivation, il parvint rapidement au port, fief de tous les voyageurs maritimes. Le félin suivit un long moment le rivage du regard, se remémorant toute son aventure sur Nosvéris...
Rien que penser au calvaire dans la mine de Sir Sithröm produisit une vague de frissons qui parcouru toute son échine: comment était-il encore vivant aujourd'hui? Après plusieurs mois passés sur le continent, il savait pertinemment qu'il avait changé, que le woran qui quittait ces lieux n'était pas le même que celui qui les avait découvert, et il ne partait pas seul qui plus est:

(La mer... voilà plusieurs années que je ne l'avait pas contemplée, perché depuis les Mont éternels)
(Je suis fier de te faire redécouvrir notre monde, jamais je pensais être ainsi accompagné un jour...)
(Tu n'es plus un pion dans la partie d'échec que tu as engagée malgré toi)
(J'ai déjà entendu cela quelque part)

L'image de l'Ancien, guide spirituel et chef des worans d'Ambervalle, lui revint en tête, et il pressa le pas en pensant à la séparation forcée qu'il avait subie, alors que ses frères donnaient leur vie contre le Monarque pour protéger la forêt des félins. L'idée qu'il revienne pour ne trouver qu'un tas de cadavre à la place de ses proches le hantait toujours, et à l'heure du départ, c'était un coup de fouet qui poussa Aztai à se renseigner sur les voyages en direction de Kendra Kâr.

Son sac en bandoulière, l'armure de l'Ordre Flamboyant scellée dans sa sacoche à la main, le fauve en était venu à penser que porter constamment la relique ne pouvait que attirer l'attention des gens et se mit en accord pour la revêtir que lors...

(Hum des grandes occasions?) avait dit Zénith en mêlant ses pensées à celle de son maître.
(Oui, qu'elles soient aussi rares que possibles... en attendant je préfère garder le plastron que l'Ancien m'a offert, j'ai plus d'aisance pour me battre avec, même s'il ne rivalise en rien avec l'armure)
(Tu l'as sentis? Lorsque tu as enfiler la relique, cette vague de puissance...)
(Oui, je suis certain du pouvoir qu'elle peut m'apporter, d'autant qu'aucun carreaux, aucune flèche ne pourrait transpercer le Xyul) en avait conclut le félin.

Circulant paisiblement le long du port, les yeux du woran se perdaient ici et là, longeant les mats des navires présents, observant négligemment les marins aller et venir, les passagers embarquer et débarquer. Aztai s'arrêta un instant, repérant le capitaine d'un vaisseau hurler des ordres depuis le pont du bateau à son équipage:

-Allez marins d'eau douce, ces bagages ne vont pas se charger seules!

Le fauve s'approcha au pied de la passerelle qui joignait le vaisseau au quais et attira son attention:

-Pouvez-vous m'indiquer le prochain voyage pour Kendra Kâr?