Lictaria, maître magicienne de feu et Dan, d'éclair

Lictaria et Dan sont les deux chefs des deux tribus des phalanges de Fenris les plus puissantes. Ils ont été pendant longtemps adversaires dans des combats fratricides mémorables où chaque guerrier prouvait sa vaillance mais ont récemment décidé de s'allier pour descendre des Monts Éternels et aller combattre Oaxaca. Ils tirent leur puissance de l'aura magique qui persévère dans les monts glacés. Pour se ressourcer ils remontent dans leur montagne.

Lictaria est une maîtresse du feu. Chose extrêmement rare et utile dans ces montagnes, elle a su prouver dès son enfance qu'elle serait utile à la tribu. Élevée dans la crainte perpétuelle d'être enlevée par une autre tribu ou tuée par un rival de ses parents jaloux de la puissance qu'ils détenaient, elle a développé des tendances paranoïaques. Grave et rude, si vous arrivez à vous intégrer à la tribu et qu'elle voit en vous un ennemi potentiel de Oaxaca, elle vous aidera à développer votre don.

Dan est un maître de l'éclair mais aussi un combattant fourbe et un empoisonneur hors-pair. Dans les Monts Éternels, le danger est partout, y compris dans la végétation. Ses parents étaient les grands cuisiniers de la tribu et lui enseignèrent tout ce qui pouvait être comestible dans la nature où ils vivaient, afin qu'il prenne la suite. Mais son ambition n'avait d'égale que sa fourberie. Il parvint à convaincre le chef de la tribu, un maître de l'éclair lui aussi, de lui enseigner tout ce qu'il savait, puis l'empoisonna. Il est très aimé dans toutes les Phalanges de Fenris car il est un grand combattant et généreux dans la victoire, bien que très dur dans la défaite. Il a perdu un œil face à Lictaria.

Les maître magiciens vendent tout ce qui peut vous être utile pour pratiquer les arts magiques de leur élément avec vous :

Potions :

Grande potion de soin (redonne 20PV) 110 yus
Potion de soin divine (redonne 40PV) 250 yus

Grande potion de mana (redonne 8PM) 110 yus
Potion de mana divine (redonne 16PM) 250 yus

Grande potion mixte (redonne 20PV et 8PM) 550yus

Parchemins de sorts :

Sorts évolutifs (400yus) uniquement de l'élément feu et éclair.
Sorts de classes secondaires (500 yus) sauf ceux demandant des PMs autres que feu ou éclair.

(((Cliquez sur les liens pour avoir accès aux listes des sorts qui sont classés par éléments pour connaître leur effet ! Pour plus de précision sur les sorts, rendez-vous à la règle des sorts !)))

Fluides magiques d'éléments :

Fluide 1/16e (50yus), 1/8e (110yus) et 1/4e (250yus). Uniquement de l'élément feu et éclair.

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La tribu de Lictaria se situait sur un plateau neigeux au coeur des pics, à l'abri du vent. Gédéon expliqua que le chemin qu'ils prenaient était le seul qui pouvait les conduire au campement de la Phalange de Fenris. C'est ainsi que la tribu ne pouvait être prise d'assaut, empêchant tout encerclement de la part d'une potentielle armée.

Le fauve avait prit soin de s'équiper comme s'il partait en guerre, ses épaulettes flamboyantes brillaient de mille feux, sa cape tigrée battant derrière lui. Aztai tenait fièrement Ascalon dans sa patte gauche, la pointe rouge sang tutoyant le ciel. Son épée visible à sa ceinture, il tenait son casque aux traits terrifiants sous le bras, tenant le message de l'Ancien entre ses phalanges. Le félin ne laissait paraître aucun signe de fatigue, regonflé de courage et d'honneur d'être parvenu au bout de son voyage. Confiant, les hommes de fenris ne le prendrait pas à la légère. Ce n'était pas un vulgaire tigré venu de nulle part pour quémander conseil, non. Aujourd'hui il était le woran responsable de tout un peuple, responsable de l'issue d'une guerre.

Alors que leur objectif n'était plus qu'à une centaine de mètres, deux hommes les interceptèrent avant qu'il n'aillent plus loin. Une carrure impressionnante aux muscles saillants, des peaux d'ours recouvraient leur peau blanche typique à la race de fenris. Plusieurs tatouages indescriptibles recouvraient leurs corps. Des gardiens, sans aucun doute. Caïd aboya mais fut rappelé par son maître; les deux humains, eux, ne semblaient pas impressionnés en voyant arriver le woran neige.

-Présentez-vous! Ordonna l'un d'eux.

Gédéon s'apprêtait à répondre mais Aztai s'imposa. Il ficha fermement Ascalon dans la neige et prit un ton grave et sérieux:

-Je m'appelle Aztai, je viens de Nirtim. Je me présente à vous en quête du savoir de Lictaria la maîtresse magicienne. C'est un ami qui m'a envoyé.

Il leva le parchemin enroulé à la vue des gardes.

-Cet homme et ce thorkin sont mes guides, ils se nomment Gédéon et Markhus. Abaissant les yeux vers le husky, il trouva bon d'ajouter: lui c'est Caïd.

Le chien restait docilement assis tout le long de la présentation. Aztai n'avait jamais eu à faire à cette race d'homme, il ne savait comment ces-là réagiraient. Les deux gardes échangèrent des paroles dans leur langue, le fauve se demandait s'il n'aurait pas du laisser Gédéon parler à sa place... mais après tout c'était sa quête, et elle demeurait la seule raison pour laquelle un thorkin, un homme et un woran s'aventuraient dans les Mon éternels. Après plusieurs minutes, les autochtones acceptèrent de les laisser passer:

-Nous allons vous accompagner jusqu'à Lictaria, déclara le même homme.

Un soulagement s'empara d'Aztai. Il retira Ascalon de la neige et suivit les deux hôtes d'une marche toujours fière et droite.

Contrairement à ce que le woran tigré pensait, le campement n'était pas "rustique". Des yourtes de toutes les tailles et de très bonne facture faisaient office de maison, d'abri, de garde manger et même d'atelier. Alors que les arrivants suivaient docilement les deux autochtones, de nombreux regards se tournèrent sur leur passage. Si Lictaria était réputée, les voyageurs devaient rester rares à venir fouler cette neige, particulièrement les worans... Le fauve n'avait que faire de ce qu'on pensait de lui, il n'était pas venu en touriste échanger sa culture avec d'autre peuple. Quelques enfants détalèrent en voyant la carrure imposante du félin, d'autre restaient les yeux ronds, le suivant par simple curiosité.
Ils circulèrent ainsi dans les chemins tout tracés, zigzaguant entre les yourtes, croisant les habitants de la Phalange de Lictaria. Tous les mâles humains étaient des forces de la nature, les femmes avaient un regard de fer. Rien ne semblait pouvoir ébranler ce peuple du froid... Aztai repéra plusieurs forgerons ainsi que des râteliers d'armes: la guerre ne leur faisait pas peur. Le woran neige fit tout pour ne pas laisser transparaître son intimidation, il conservait la gueule haute. Par plusieurs fois même il hésita à enfiler son casque, mais cela aurait pu être une insulte.

Les deux gardes les menèrent devant une yourte beaucoup plus grande que les autres, l'un d'eux s'en alla. Elles étaient toutes confectionnées avec des peaux de bête, isolées du froid. Il devait faire bon y vivre à l'intérieur pensa le fauve qui rêvait d'une bonne nuit de sommeil. Il serrait dans son poing le message de l'Ancien comme s'il s'agissait de sa vie, ignorant respectueusement son contenu. Comment l'Ancien avait-il formulé sa demande? Aztai ne s'en inquiétait pas. D'ailleurs, ça l'arrangeait d'avoir cet intermédiaire pour rencontrer la magicienne car il ne saurait présenter sa quête. C'était l'Ancien qui croyait fermement en son pouvoir, ainsi que Gaora. Le fauve n'en savait trop quoi y penser...
Et puis, le garde revint, accompagné cette fois de quelqu'un.

La yourte plus grande appartenait naturellement à la magicienne comme Aztai l'avait deviné. A l'intérieur, des tentures étaient étalées sur les murs et des tapis en peau de bête recouvraient un plancher artisanal de bonne facture. Des armes étaient accrochées à un râtelier, faisant plus office de décoration qu'autre chose. Des tapisserie et des couvertures s'entassaient dans un coin, une large table trônait au milieu. Malgré l'apparence un peu sauvage de l'habitat, Aztai s'y sentait bien. Le groupe d'aventuriers, Lictaria, les deux gardes et Caïd tenaient s'en problème à l'intérieur. Caïd attendait patiemment à l'entrée.

La maitresse magicienne avait retiré une capuche cousue avec sa peau de bête, semblable à celles que portaient ses congénères. Elle dévoila une chevelure brune et lisse qui cascadait sur ses épaules. Ses yeux étaient fins, elle avait bien sûr la peau blanche de sa race. La bouche et le visage fin, c'est un regard sévère qui croisa celui du woran neige. Cette femme, d'une trentaine d'années, gérait la Phalange de fenris avec autorité, ça ne faisait aucun doute.

Respectueusement, Aztai s'inclina bas, il entendit ses compagnons faire de même derrière.

-Je me nomme Aztai, commença le fauve, c'est un honneur de vous rencontrer.

Il tendit le parchemin, le message de l'Ancien. Lictaria évalua son hôte avant de s'avancer vers le fauve. Son regard passa de ses armes à son armure en passant bien sûr sur les épaulettes, sur lesquelles elle s'attarda. Elle ne dit mot et s'empara du message, le déroulant soigneusement.
Alors que son regard parcourait les lignes écrites par le chef d'Ambervalle en personne, le fauve se sentit soudainement mal à l'aise. Une bouffée de chaleur en suivie une autre, il du combattre une soudaine fatigue.

Un petit moment après, Lictaria leva son regard vers le fauve. Sans prévenir, elle embrasa le parchemin qui parti en cendres, non sans la surprise du félin qui lui jeta un regard interrogateur.

-Sois le bienvenu Aztai, toi et aussi tes amis...

-Hum... Markhus, présenta-t-il en la voyant tourner le regard vers le thorkin. Et le sergent Gédéon, ce sont mes guides.

-Gédéon, un honneur de vous revoir, fit-elle. Maître thorkin, je vous présente mon respect.

-Maitresse Lictaria, salua poliment l'officier.

Markhus s'inclina légèrement:

-Je vous remercie de bien vouloir nous recevoir.

Aussitôt, la femme s'adressa à ses gardes:

-Ces trois voyageurs seront nos hôtes durant le temps qu'il faudra. Faites circuler la nouvelle dans tout la phalange.

Les deux gardes obéirent sur le champ, quittant la yourte. Le félin sentit la pression lâcher, ils étaient en sécurité. Il remercia la magicienne de son accueil. Celle-ci embraya directement sur le sujet:

-C'est donc l'Ancien qui t'envoie...

-En effet.

Le regard de Lictaria se perdit un instant dans le vague. Sans aucun doute elle devait se souvenir de l'Ancien, du moins Aztai imaginait qu'ils s'étaient déjà rencontrés.

-Vous connaissez l'Ancien, commença le fauve pour amener le sujet.

-C'est le cas, il est venu me voir en personne il y a une dizaine d'années, je n'étais alors que depuis peu en charge de la tribu, mais mes pouvoirs étaient déjà grands.

Le coeur du woran neige s'emballa, il allait en apprendre un peu plus. Son excitation fut avortée lorsque la femme de fenris déclara:

-Le voyage a dû être long, vous devez vous reposer. Il faut du courage pour parvenir en ces terres, et de la volonté.

Aztai allait répondre que non, mais ce ne devait pas être le cas de ses alliés. Après réflexion, il admit qu'il était fatigué et qu'un peu de repos ne lui ferait pas de mal. Il vit l'air satisfait de Gédéon et de Markhus.

-Comme je l'ai dit vous êtes nos hôtes. Je vais vous faire conduire à une yourte chacun, vous aurez de quoi vous laver et vous restaurer. Vous pourrez bien sûr dormir tout votre soûl, je veillerai à ce que personne ne vous dérange.

Ces paroles firent plaisir à entendre. Après cela, Aztai ne voulait même pas aborder le sujet pour lequel il était venu, impatient de prendre un peu soin de lui.

Aztai eut l'un des sommeils les plus réparateurs qui soit depuis des semaines. Emmitouflé dans les peaux d'ours, il n'osa bouger lorsqu'il se réveilla. Les lueurs du jours filtraient à travers les pans de l'entrée, le poussant à se lever. Il bailla un moment, heureux encore une fois d'être en vie et arrivé jusqu'ici.
Les yourtes s'avéraient être de formidables constructions, isolant du froid comme jamais le woran neige ne l'aurait cru. Il avait passé une nuit sans rêve, sans cauchemar, une bénédiction à ses yeux. Aztai avisa un plateau de nourriture à côté de son lit de peaux, quelqu'un avait sûrement dû lui apporter dans la nuit. Il y avait aussi une bassine d'acier cabossée remplie d'eau pour qu'il fasse une toilette rapide. Dans un coin de l'habitation de la phalange, son équipement et ses affaires étaient soigneusement entreposées comme la veille. Après s'être rassasié et rafraichi, il s'empara de sa cape et s'équipa uniquement de son épée courte en fulminaire. Relevant la capuche, il pria Meno en silence pendant quelques minutes et s'engagea à sortir.

A peine avait-il mit une patte sur le tapis de neige extérieur qu'un jeune autochtone d'une quinzaine d'années vint à lui, normalement équipé d'une peau de bête:

-Je me nomme Radgast, l'accueilla-t-il, Lictaria m'a chargé de vous aider si vous avez besoin.

-Je te remercie, je suis Aztai. Hum... ai-je dormi longtemps? Demanda le fauve, gêné en voyant le jour bien avancé. J'imagine que Lictaria a demandé à me voir...

-Les aventuriers qui gravissent les Mont éternels pour venir nous voir sont pleins de volonté, il est normal d'en voir arriver en s'effondrant. Cela n'a pas été votre cas, fit le jeune homme avec une sorte d'admiration dans le regard, il était normal que vous aviez besoin de repos. Votre ami thorkin dors encore, ajouta-t-il en riant. Vous devez être un grand guerrier, fit-il en observant l'arme du félin. Tous les mâles de fenris en deviennent un un jour.

-Grand je l'ignore, mais je rempli mon rôle. Et je t'en prie tu peux me tutoyer tu sais, je suis un hôte comme un autre chez vous.

Le woran neige était quelque peu gêné par l'attitude et le regard admiratif du gamin. Aztai n'avait que vingt deux ans, mais il était souvent dur de définir l'âge chez les worans, tout comme les lyikors par exemple. Il eut une brève pensée pour Ziresh avant que le jeune de la phalange de fenris reprenne:

-Lictaria m'a demandé de te conduire à elle une fois prêt. Gédéon est avec elle.

-Tu connais Gédéon? Demanda le félin en faisant signe au garçon qu'il le suivait.

-Oui! C'est un soldat de la Lance Ardente réputé chez nous. C'est souvent lui qui emmène les voyageurs jusqu'ici, comme toi. Je l'aime bien, et j'aime beaucoup Caïd, son chien.

Radgast avait cette naïveté que tout être pouvait avoir à cet âge. Son entrain donnait du bonheur au félin, un peu de candeur dans cette guerre que menait Aztai lui tirait presque les larmes aux yeux. Il désirait connaître encore une fois l'ignorance de la souffrance, du sang et de la mort. Se lever le matin avec l'insouciance de la journée était un luxe inaccessible...

Dans la même yourte que la veille, Lictaria et Gédéon étaient accoudés à la table, penchés sur une carte. Ils se retournèrent à la venue du fauve et le saluèrent d'un air grave, la femme l'invita à s'approcher. Aztai soutenu son regard, il y discerna de l'inquiétude. Il repéra le même sentiment sur les traits de Gédéon et s'empressa de demander ce qui n'allait pas.

-Vous n'êtes pas venus seuls on dirait, répondit Lictaria.

Aztai fut interloqué. Il jeta un coup d'oeil à la carte sur la table, elle représentait visiblement les Mont éternels et plusieurs de ses sentiers. Il ne voyait pas comment des ennemis avaient pu les suivre dans cet enfer sans que le groupe ne s'en aperçoive, et il fit part de son sentiment.

-Il ne s'agit pas d'humains, ni de garzok... ni, d'ailleurs, de servants d'Oaxaca, répondit le sergent de la lance Ardente.

Si le woran neige était quelque peu rassuré, il n'en resta pas moins sceptique.

-La faune, murmura l'homme en voyant son air interrogateur. Les Monts éternels regorgent de créatures dangereuses, apparemment plusieurs d'entre elles se sont invitées... comme je le disais à Lictaria, je soupçonne notre séjour dans la grotte d'être l'élément déclencheur.

Aztai se souvint comment plusieurs jours auparavant ils avaient "réveillé" l'habitant d'un des nombreux tunnels. Par chance ils avaient pu fuir avant tout contact, mais le destin semblait les rattraper. Le pire était qu'il ne savait réellement ce qu'était ce "visiteur"...

-Il n'est pas rare que la faune s'approche du camp, expliqua la magicienne. Nos gardes sont là pour repérer et éventuellement avorter tout affrontement. D'après les renseignements de plusieurs d'entre eux, les traces sont différentes. Cette ou ces bêtes qui rôdent ne sont pas habituellement présentes dans notre secteur. J'ai envoyé une patrouille ce matin, si elle n'est pas revenue d'ici quelques heures...

-J'irai, coupa le fauve, anticipant la fin de sa phrase.

Lictaria prit un air satisfait et désolé à la fois.

-Je suis un peu confuse de devoir vous confier une mission à peine arrivés, mais avec Dan, malheureusement absent, j'ai devoir de protéger les miens.

-Il va de soi que je dois au moins éradiquer la menace que j'ai emmenée avec moi.

-Que nous avons emmené, corrigea Gédéon. Secouons un peu Markhus, il dort encore apparemment. Nous partirons tous les trois si les hommes de fenris ne sont pas revenus dans l'après-midi.

-Reviendront-ils... murmura le fauve pour lui même.

-Je t'accorderai tout mon temps une fois cette mission accomplie. Vois cela... comme un test, ajouta-t-elle avec un sourire.

Radgast, le gamin chargé d'aider le fauve dans le "village", était fasciné à observer Aztai s'équiper pour partir. Il n'était guère enchanté de repartir batailler dans la neige mais comme il l'avait prévu, les heures étaient passées sans signe des éclaireurs. Markhus n'avait pas montré le moindre signe de désapprobation en entendant la nouvelle, déclarant simplement qu'il se contenterai d'effectuer sa tâche.

-Waaaho! S'exclama Radgast en voyant le félin sortir ses épaulettes de son sac et les enfiler soigneusement au dessus de sa cape.

Le woran neige s'esclaffa et une pointe de fierté perça son coeur. Il avait beaucoup donné de lui même pour trouver ce trésor enterré dans les montagnes brulantes du Brasier, à Nirtim.
L'enfant faisait sans cesse l'éloge d'Ascalon, la lance au fer vermeil d'Aztai. Après réflexion, l'arme connaitrait sûrement son baptême du sang dans peu de temps... Lorsqu'il fut enfin prêt, équipé comme pour partir en guerre, il alla à la rencontre de ses compagnons, toujours suivi de près par Radgast et sa bonne humeur.

Suite des chemins escarpés


Le retour se fit comme prévu aux lueurs de l'aube. Si la fatigue avait finalement rattrapé le woran neige, il tenait cependant à présenter ses excuses à Lictaria pour le mal qu'il avait amené, se présentant ainsi dans sa tente. La magicienne fit taire le fauve d'un geste de la main et déclara:

-Ces hommes sont morts avec bravoure, ainsi soit-il. Nous honorerons leur mémoire comme il se doit mais toi, Aztai de Nirtim, vas te reposer.

Elle le fixa alors avec une intensité toute nouvelle:

-Tu es venu jusqu'à moi pour une raison malheureusement plus importante, et j'en prend considération. Après t'être restauré, j'accomplirai ton souhait et t'apporterai mon aide comme le désire ton Ancien.

Ces mots soulagèrent le fauve qui s'inclina, lance à la main. Se retirant dans ses quartiers, il déposa ses armes et son équipement avant de congédier Radgast, le gamin en charge de lui. Le môme tannait Aztai pour qu'il lui raconte l'affrontement avec l'arctosa, mais le félin n'avait pas le coeur à remémorer ce terrible affrontement...
Il adressa une brève prière à Meno et se roula dans les couvertures en peau d'ours, désirant oublier cette nuit, si funeste fut-elle.

Quelques heures suffirent à Aztai pour se remettre sur pieds. A peine fut-il réveillé que l'idée de pouvoir enfin parler avec Lictaria le taraudait, le faisant presque bondir de sa couche. Se débarbouillant vite fait, il savoura quelques mets, attacha son épée et enfila sa cape. S'emmitouflant dedans, il sorti affronter le froid de l'après-midi et comme il l'avait prédit, Radgast vint directement à lui:

-Hé Aztai! Appela le gamin au loin.

Courant vers lui, il dit en arrivant:

-Tu vas voir Lictaria?

-On ne peut rien te cacher, répondit le félin effectivement en marche vers la grande yourte.

-Tout le monde le sait. Ce midi Lictaria à fait circuler l'information comme quoi tu étais quelqu'un de très important et depuis personne ne t'en veux pour avoir ramené Beorus et deux de ses patrouilleurs morts.

Le félin s'arrêta dans sa marche et, interloqué, fixa le gamin, ahuri par ses propos:

-Qu'est-ce que Lictaria a dit à mon sujet? Lui fit-il répéter.

-Tu es important! S'exclama l'enfant avec une évidence certaine. Elle affirme qu'un hôte comme toi n'a pas fait son apparition depuis longtemps, et que ta sécurité est primordiale!

Aztai resta muet un moment. Reprenant lentement sa marche, il prit réflexion sur les propos de Radgast, donc de Lictaria. En quoi était-il différent? Est-ce que la magicienne, comme l'Ancien et Gaora avant elle, avait vu en lui un réel potentiel? Et après tout, un potentiel de quoi? Depuis trop longtemps il trainait ces questions. Si sa vie méritait la mort de Beorus et de bien d'autre encore comme le disait Lictaria, le woran neige ne repartirait pas sans réponse.

Congédiant Radgast, Aztai repoussa les pans de la yourte de Lictaria. A l'intérieur, la magicienne semblait l'attendre, elle lui lança un regard accueillant.

-Qu'avez-vous raconté à mon sujet? Entama le woran neige.

-La vérité.

-Arrêtez! S'énerva Aztai. Ma vie ne vaut pas plus qu'une autre, cessez de dire des conneries à votre peuple, j'assume mon statut et je suis responsable de la mort de Beorus et ses hommes!

-Mon peuple! Oui, rétorqua la femme, mon peuple! J'ai le rôle de l'informer et de le protéger, encore plus en l'absence de Dan l'autre maître. Tu es quelqu'un d'important, Aztai. Le message de l'Ancien faisait part de votre guerre engagée avec Oaxaca, et bien sûr de ton cas...

Le woran croisa les bras en attendant la suite des propos de la magicienne.

-Qu'en pensez-vous?

-Qu'en pense-tu toi?

Un ange passe. Aztai aurait préféré ne pas répondre, il savait ne pas se connaître entièrement:

-C'est de la folie... lâcha-t-il enfin. L'Ancien... je crois qu'il m'a envoyé ici pour rien. J'ai quitté Ambervalle et mon peuple sur une idée même pas fondée, j'ai laissé Oaxaca et le Monarque prendre le dessus sur la bataille.

-Comment peux-tu avancer de tels propos? Fit Lictaria dans un calme presque frustrant.

Aztai haussa le ton face à cette stupide question:

-C'était un massacre à mon départ! S'énerva-t-il. J'ai laissé mes amis, mes parents et tout ce qui m'est cher pour venir vous voir, dans la simple idée que je puisse contrôler la magie! Par Meno je perd mon temps, Oaxaca n'aurait que faire d'un magicien: elle me balayerait comme tous les autres!

-Alors c'est à cela que se résume ta pensée? Tu te bas pour les tiens dans l'optique de perdre? Quel courage! Ironisa-t-elle sur un ton de défi.

Le félin perdit ses moyens et s'avança vers la femme d'un air menaçant. La colère montait en lui, ces propos lui faisaient peine à entendre, il se sentait rabaissé:

-Ai-je le choix? Fulmina-t-il. Hein? Ma tribu à été décimée par un salaud qui se fait appelé le Monarque qui m'a lui même torturé! J'ai retrouvé un peuple après avoir tout perdu, Ambervalle. J'ai trouvé la foi auprès de Meno grâce à eux, ils m'ont accueillit à bras ouverts et je leur apporte Oaxaca et la mort...

Le félin fit volte-face.

-Piètre remerciement de ma part. Il n'y a pas un jour sans que je culpabilise en pensant aux worans tombés pour moi, tombés par ma faute. A la place, je quitte le champ de bataille et me pointe devant vous! Pourquoi? Je me le demande...

Expirant, il retint des larmes de colère. Il sentit Lictaria approcher derrière lui, sa main se posa sur la fourrure de son épaule. Elle le fit se retourner et le regarda dans les yeux, puis son regard s'abaissa et tomba sur le pendentif qu'il portait, le croc de woran. C'était un présent de Gaora, la woranne pyromancienne d'Ambervalle, la meilleure magicienne. Pour Aztai, c'était ce qui comptait le plus, un frisson parcouru sa poitrine.

-C'est... c'est un cadeau, marmonna-t-il. J'aurai aimé me montrer à la hauteur devant elle... enfin devant la personne qui m'a offert ce bijou, expliqua-t-il.

Lictaria eut un sourire en touchant le pendentif:

-C'est un objet de grande valeur, Gaora doit avoir une grande confiance en toi.

Le choc en entendant son nom. Le félin lança un regard interloqué vers la magicienne à l'air malin, incapable d'articuler la moindre parole. La femme devança sa question:

-Je la connais. En fait, c'est moi qui lui a offert ce croc de woran lors de son passage ici, il y a une décennie. Ce n'était encore qu'une jeune adolescente, elle s'est présentée ici même avec l'Ancien.

Aztai était avide d'entendre la suite et profondément touché de la part de la belle woranne.

-Devine quoi? C'était pour la même raison que toi. Hors, elle avait confiance en elle même si ce n'était pas gagné. Son apprentissage à du être long...

-Elle est la meilleure aujourd'hui, chuchota Aztai, encore ébahit par cette nouvelle.

-Je n'en doute pas! Elle avait un potentiel hors du commun... comme je te le disais, l'Ancien l'a menée à moi il y a une dizaine d'années. Je l'ai poussée sur le chemin de la magie, et je lui ai confié ce pendentif. Sois fier de le porter, il a une grande valeur.

Soudain, Aztai senti le croc de woran chauffer inexplicablement sur sa poitrine. Il ne bougea pas en voyant Lictaria tendre les doigts et à sa grande surprise, un trait de feu joignit le bijou et la main de la magicienne. Elle tirait du présent de Gaora un filet de magie qui fit naître une flammèche dans la paume de la maitresse. Le croc refroidit soudainement, sous l'air ébahit du félin.

-Ce bijou à un pouvoir particulier, expliqua Lictaria d'un air malicieux. Il absorbe les fluides ambiants, ceux qui circulent dans l'air, dans la terre, bref, l'énergie qui nous entoure. En à peu près tu peux en tirer ceci!

Elle leva la paume sous le nez du fauve, la flamme vacillait au rythme de leur souffle.

-Magie, marmonna-t-il.

-Magie! Répéta Lictaria en fermant la paume.

Elle se détourna et alla s'installer sur une peau de bête, à même le sol.

-Approche, Aztai de Nirtim, je t'ai promis mon aide, fit-elle en l'invitant à s'assoir.

Le woran neige, pensif, décrocha son ceinturon d'où pendait sa lame en os de fulminaire. Il le laissa à l'entrée de la tente et rejoignit Lictaria sur la peau d'ours. Adoptant la même position que la femme, il s'asseya en tailleur face à elle. Le silence s'imposa et apparemment, aucun des deux n'était prompt à le rompre. Il n'y avait que le tumulte des hommes de fenris dehors qui parvenait à leurs oreilles. Lictaria semblait jauger une fois de plus son hôte velu, un respect dans le regard. Enfin, elle ouvrit le sujet par une simple demande:

-Raconte-moi ton histoire Aztai.

Le félin conserva le silence. La magicienne comprit qu'il ne s'agissait pas d'une réponse négative mais bien d'une épreuve pour le fauve, et qu'il devait s'y préparer.

Pendant plus de deux heures et pour la première fois, Aztai remémorait son aventure, les causes de son arrivée ici. Il fit tout d'abord part de sa vie dans sa tribu, pendant ses vingts premières années, parlant de son amitié toujours d'actualité avec Waor, celui qui l'avait élevé. Il n'omit pas un seul sentiment, le fait que cette vie lui manquait même si aujourd'hui, il se sentait plus mûr, plus responsable de son destin.
Puis, il arriva au douloureux moment de sa capture, le début de la fin. Torturé par le Monarque, un capitaine de la Milice Kendrane infiltré, mais surtout un redoutable serviteur d'Oaxaca. Avec des sanglots de rage, Aztai raconta à Lictaria comment ce chien avait décimé toute sa tribu uniquement pour ses expériences personnelles: le sang de woran entrant dans la composition d'une potion aux effets dévastateurs... "Le Fléau des Ombres" se souvint le félin, décuplant les capacités physiques d'un être au point de le tuer.
Et puis Rudy était venu les sauver, lui et son ami Waor, avouant par la même qu'Aztai n'était autre que son fils. Si le woran neige se rappellerai à jamais d'un moment heureux, ce serait celui-ci. Après avoir réduit en cendre le manoir du Monarque, le trio avait fuit Kendra Kâr, en partance pour Ambervalle. Ambervalle... un peuple de worans cachés dans les forêts aux pieds des montagnes de Nirtim, fidèles de Meno. Leur aide fut une bénédiction pour Aztai, et leurs croyances une libération. Encore une fois le fauve fit part à Lictaria de toutes ses pensées à propos des worans d'Ambervalle et de la confiance qu'il leur attribuait. Il parla aussi de son ouverture d'esprit envers le dieu du feu, adoptant alors son culte. Sous les conseils de l'Ancien, le chef de la cité woranne, il était parti en quête des épaulettes, un trésor inestimable.

-Je comprend mieux à présent, coupa la magicienne avec un sourire. Il n'y a qu'un seul forgeron pour confectionner un tel chef d'oeuvre...

Le félin n'osa demander qui, même s'il avait une idée bien précise, tellement cela semblait incroyable...

-Continue je t'en prie.

Aztai vint alors à un moment difficile, un tourment dans son aventure: sa capture chez Raven. Cette femme était capitaine d'une armée, au service d'Oaxaca elle aussi. Le woran neige avait pourri comme gladiateur dans le camp avec Achille, un vieillard malin et fiable, malheureusement mort dans ses bras lors de leur fuite.
De retour à Ambervalle, Aztai avait fait part d'une mauvaise nouvelle: l'armée de Raven, constituée de la vermine de Darhàm et de soldats plus compétents, venait à leur rencontre, en but de marcher sur le peuple. Les worans s'étaient alors mis en conditions: entrainements, retraite des plus faibles dans les montagnes et stratégie pour contrer la future offensive.
Entouré de ceux qu'il chérissait, Aztai s'était dressé alors dans la bataille, tuant sans pitié ses ennemis. Par le force, leur foi et leur volonté, Ambervalle tenait bon, prenant même l'avantage sur le camp ennemi, à trois contre un. Mais Raven n'était pas venue seule, et le Monarque s'était invité à la fête, décimant alors les worans par dizaines, sonnant leur retraite et leur fin...

Aztai versa des larmes lorsqu'il conta ce passage. Son coeur était serré à ce souvenir, Lictaria, elle, avait les yeux humides. Le woran fit une pause, exorcisant par sa tristesse ces souvenirs lugubres.

-L'Ancien m'a envoyé ici alors qu'Ambervalle tombait. Mon père Rudy, Waor, Gaora et tous les autres, j'ignore même s'ils sont en vie. Il m'a sommé de venir vous voir, convaincu par Gaora. En plus de cela, il m'a fallu, pour avoir un guide tel que Markhus, débarrasser les mines de Lehber d'une monstruosité et chacun de mes compagnons et moi-même avons été affligés d'une malédiction: je suis constamment plus faible. Je ne sais pas ce que je cherche, je ne sais pas pourquoi, soupira Aztai. Comme je vous l'ai dit, mon coeur est emplit de colère et de tristesse, il n'y a que peu de place pour l'espoir... l'Ancien place une trop grande confiance en moi, c'est un fardeau que j'ai peur de ne pouvoir supporter plus longtemps.

Le silence s'imposa enfin, pansant les blessures du woran ravivées par son récit. S'il ne conterai pas son histoire de si tôt, il se sentait moins tourmenté, moins oppressé. Lictaria était prise dans la réflexion.

-Oaxaca... commença la magicienne. Oaxaca n'est pas ton ennemi principal.

Le fauve prit un air sceptique et hocha la tête:

-Bien sûr que si!

-A un certain degré, oui, mais c'est sur le Monarque que tu dois porter ta haine! Certes il ne faut pas oublier Oaxaca, mais c'est lui qui est à l'origine de ton malheur. Te dresser devant la déesse ne sert à rien si cette être est encore vivant. Sa mort apaiserait tes souffrances, elle t'apporterait la confiance et l'espoir dont tu as besoin.

-Et pour le moment? Comment le vaincre si je n'ai pas déjà cet espoir! Il n'y a personne que je hais autant, même Raven n'est que son pantin, sa mort ne m'apporterait rien!

A première vue, Lictaria ne sembla pas pouvoir répondre à cela. Et puis:

-Je pense pouvoir t'apporter indirectement cette aide, mais la patience sera de rigueur...

Ces paroles réchauffèrent un peu le coeur du fauve. Il porta un regard d'espoir vers la magicienne:

-Comment est-ce possible?

-Si je te dis que moi-même je n'en sais rien, me croirais-tu?

Aztai ne comprit rien du tout. Il ferma la gueule qu'il tenait ouverte comme un abruti et lança un regard perplexe à Lictaria. Elle lâcha un petit rire:

-Tu comprendras. Mais avant cela (elle se releva) je souhaiterai t'offrir quelque chose, hum, de plus concret. Quelque chose qui j'espère t'aidera dans ton combat contre Oaxaca et le Monarque. Je te prie de m'attendre.

Le fauve acquiesca et profita de ce moment pour détendre ses muscles engourdis, faute d'être assis depuis plusieurs heures. Il fit lentement les cents pas, fier d'avoir décroché la confiance et le soutient d'une magicienne aussi puissante que Lictaria. Cette dernière revint un moment après avec un petit coffre en bois dans les mains et le tendit à Aztai:

-Tu sauras utiliser cela un jour.

Le félin décrocha le petit loquet et l'ouvrit. A l'intérieur reposaient plusieurs choses: en son centre trônait une fiole de couleur orangée, on aurait dit que des flammes flottaient dedans plutôt qu'un liquide. Il y avait aussi deux parchemins enroulés de tailles différentes dont les reliures dorées brillaient d'une lueur rouge. Enfin, deux petits flacons identiques complétait ce kit dont le fauve ne savait les pouvoirs. Lictaria désigna les deux flacons:

-Ce sont de puissantes potions, ne les utilises qu'en cas d'urgence.

-Et le reste? Fit le fauve.

-Je pense qu'il est trop tôt pour te le dire, je préfère que tu le découvres toi même.

-Magie? Marmonna le woran neige, peu convaincu en refermant le coffret.

-On dirait bien... répondit la femme, le regard malicieux.


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((Achat sous forme de don de la part de Lictaria:
-Deux grandes potions mixtes (redonne 20PV et 8PM) 1100 yus
-Fluide 1/4 de feu 250 yus
-Un parchemin de sort évolutif Brûlure sournoise : L'arme d'un adversaire devient très chaude au point qu'il la lâche (-1PV/lvl ; Si la cible veut garder son arme en main, il doit faire plus que 50 + ([lvl du lanceur]-[lvl de la cible])*5. S'il réussit, il perd [lvl/4] PV (arrondis à l'inférieur, minimum 1) par tour tant qu'il la garde en main. L'arme reste chaude durant [lvl/5] tours (arrondis à l'inférieur, minimum 1). Non-cumulable. 400 yus
-Un parchemin de sort évolutif Boule de feu : Ce sortilège permet à son utilisateur de créer une boule de feu avec les mains et de la projeter sur une cible. Plus le niveau du sort est élevé, plus la boule se fait grande et puissante. mag+1/lvl. 400 yus
Total de 1800 yus, Maj sans transition

Au soir, Aztai mit un temps fou pour s'endormir. Ressassant les images de son passé, le fauve se remémora les paroles de Lictaria, sur l'aide qu'elle allait sûrement lui procurer. A moins de faire descendre Meno lui-même des cieux, détruire Oaxaca se révélait impossible. Enfin, le Monarque, d'abord. Le woran neige s'accrochait à cette idée, que le destruction de l'elfe avant tout produirait une vague d'espoir dans son coeur. Après tout, la magicienne avait raison: Aztai éprouvait plus de haine envers la marionnette de la déesse que la déesse elle-même. Probablement parce qu'il avait vu de ses yeux les dégâts produits par le serviteur, alors que la divinité représentait une généralité des souffrances endurées. Seulement, le Monarque était un mage, il maniait les fluides du vent et avait faillit tuer Waor et Rudy, sans compter tous les worans d'Amervalle. Malheureusement, s'élever contre cet être maléfique était déjà un défi de taille, alors le vaincre... le félin aurait besoin de l'aide de tous les mages worans d'Ambervalle, en comptant Gaora évidement.
Se retournant dans sa couche, Aztai vira ses pensées vers la woranne, la pyromancienne responsable de la communauté magique d'Ambervalle. Son pouvoir était immense, elle avait fait ses preuves pendant l'affrontement contre les troupes de Raven. Si le souvenir de la belle tigresse apaisait les souffrances d'Aztai, ne pas savoir si cette dernière était vivante le hantait encore plus. Le fauve s'empara de croc de woran accroché à son cou et l'empoigna, des larmes lui montèrent aux yeux: il nageait dans l'ignorance à décidément tous les niveaux.

Se relevant en position assise, il chassa les couvertures et se prit la gueule dans les pattes. Après un moment, il s'empara de sa cape et entreprit de sortir marcher un peu. Le froid lui fit plus de bien qu'il ne l'aurait cru, gelant pas la même ses idées noires. A cette heure tardive ou le ciel étoilé recouvrait le continent, Aztai passa devant la yourte de Markhus ou il vit une faible lueur au travers des pans de l'entrée. Sa curiosité le poussa à jeter un furtif coup d'oeil à l'intérieur. Le thorkin était agenouillé, Barzûr' devant lui, priant visiblement le dieu de la Flamme. Le fauve observa son compagnon quelques minutes et à sa surprise, celui-ci lui adressa la parole:

-Tu ne trouves pas le sommeil mon ami?

Un peu honteux, le félin bredouilla quelques mots d'excuse:

-Tu n'a pas à t'excuser, fit Markhus en se relevant. Allons, entre et parlons un peu.

Le woran neige obéit et se dévêtit de sa cape une fois à l'intérieur. Il jeta un coup d'oeil aux lieux: les armures du thorkin reposaient dans un coin, son sac était posé sur une petite table, diverses babioles en débordait. Le nain s'y dirigea et y tira une bouteille et deux chopes, les même qu'ils avaient utilisées tout le long du voyage. Il fit signe à Aztai de s'assoir et servit alors un hydromel doré dans les récipients.

-Je suis heureux d'être si bien accueilli en ces lieux, j'aurai peine à quitter cet endroit une fois l'heure venue. Il tendit sa chope au woran. Je suis affligé par la perte qu'ils ont subis devant l'arctosa.

Aztai garda le silence au souvenir des pauvres éclaireurs morts pour eux.

-Aux hommes de fenris! Fit Markhus en levant son verre.

-Aux hommes de fenris.

Ils descendirent d'un trait le liquide ambré, le thorkin s'empressa de remplir une deuxième tournée.

-Alors, qu'il y a-t-il? Qui ou quoi t'empêche de dormir mon ami?

-Les propos de Lictaria, marmonna Aztai.

-Ah... tu t'es entretenus avec elle. Sont-ce réellement ses mots où la situation dans laquelle tu es?

Le woran neige se décida à raconter ses tourments au thorkin, lui faisant part de son inquiétude face au Monarque. Markhus hocha la tête et coupa le fauve:

-Lictaria à raison lorsqu'elle te dit de te concentrer sur lui et non sur Oaxaca, mais cela n'est bon que pour toi! Tu parles comme si tu étais seuls à t'élever contre lui, c'est loin d'être le cas! Nous connaissons des temps de guerre, mais les cités libres telles que Kendra Kâr, Cuilnen, Henehar ou bien Mertar: elles sont prêtes à s'élever pour défendre les gens libres. Tu t'acharnes à penser dans la mauvaise direction, vas chercher le soutient pour Ambervalle, vas chercher l'aide et accepte-là! L'union fera la force et sur Meno je jure que le jour de mon retour à Mertar, je ferai part de ton histoire à mon peuple: tu seras le bienvenu et nous t'apporterons notre aide dans ton combat. Mais par mes ancêtres, cesse d'attendre l'opportunité.

Aztai mesura l'ampleur de ces paroles qui lui firent chaud au coeur.

-Forge toi-même ta chance!

L'entretien avec Markhus permit à Aztai de trouver quelques heures de sommeil. Il se réveilla en même temps que le sommeil et quelque peu tourmenté, voulut s'entretenir avec Lictaria à propos de cette "aide", désireux de partir au plus vite. En vérité, s'il le pouvait il partirai sur le champ. Mais Gédéon et le thorkin seraient peu enchantés de devoir lever le camp à l'improviste.
Tempi, il irait au moins se renseigner auprès de la Magicienne. Se présentant devant sa yourte, il patienta un moment et se décida:

-Maitresse Lictaria?

Pas de réponse. Il retenta sa chance toujours sans succès. Embarrassé, il demande à un des hommes de fenris.

-Lictaria est partie en quête pour la journée, Guerrier de Nirtim. Elle ne reviendra pas avant le crépuscule.

-Par Meno, marmonna le fauve, j'avais bien besoin de ça. Le temps m'est compté, sais-tu pourquoi elle est partie en cette heure critique?

-Elle est partie pour toi, Guerrier de Nirtim. Personne n'est au courant du but de son voyage, mais le bruit court qu'elle est partie chercher une aide plus grande auprès d'un être sage et ancien.

-Tu veux parler d'un ermite?

L'homme eut un petit rire:

-En quelque sorte...

Et il prit congé sans en dire plus, laissant le félin planté là.

Impatient du retour de Lictaria, Aztai tuait le temps à polir ses armes et ses pièces d'armures. Ayant trouvé une pierre à aiguiser et des huiles afin de redonner une deuxième vie à son équipement, il passa de longues heures à passer et repasser le tissu dans les moindres reliefs du métal.
En fin de journée, Radgast, le gamin, vint lui tenir aussi compagnie dans sa yourte, ne cessant de jacter que pour s'émerveiller des biens du fauve. Alors, celui-ci eut une idée. Se remémorant de son entretien avec Lictaria, il saisit le croc de woran, à son cou. La femme l'avait offert à Gaora il y a dix ans, qui elle l'avait offert à Aztai avant la bataille pour Ambervalle il y avait près de deux mois. Moins de vingt quatre heures avant, il ignorait encore que ce présent renfermait une magie bien curieuse. Désireux de vouloir imiter la maitresse magicienne, il prit le bijou entre deux griffes et le fixa intensément: si cette relique de woran pouvait faire apparaître une flamme comme la veille, il devait réussir. Focalisant ses pensées sur un seul objectif "faire apparaître le feu", il tendit son autre paume à une dizaine de centimètres du croc.

-Que fais-tu? Marmonna Radgast de son éternelle voix curieuse.

A sa grande surprise, et à celle du fauve également, un maigre filet orange joignit le bijou à la patte ouverte du woran neige. Comme nourrie de ce pont de magie, une flamme bien réelle et indolore se forma à quelques centimètres de la fourrure blanche du félin. Déconcerté par cet exploit, Aztai perdit sa concentration et la minuscule flamme vacilla avant de disparaître, comme soufflée par la brise...
Radgast s'exclama dans "Wao" admiratif:

-Comment t'a fais?

-Je n'en sais rien, avoua le fauve en observant le pendentif. Il renferme une magie particulière...

-Alors t'es un magicien? Mais pourquoi tu ne l'as pas dis plus tôt?

-Je t'arrête! Ca ne dépend pas de moi, c'est simplement le pouvoir de cet objet. Tout le monde peut le faire.

-T'en es sûr? Insista le gamin.

Le fauve prit un temps de réflexion, réellement incertain de sa réponse.

-Non, lâcha-t-il finalement.

-Et tu as raison! Fit une voix féminine à l'entrée de la yourte.

Aztai et Radgast tournèrent vivement la tête pour entrevoir Lictaria, retenant un pan de l'entrée. Revêtant une fourrure plus épaisse que la normale, un fourreau pendait à ses côtés. De sa main elle tenait un sceptre presque aussi grand qu'elle.

-Maîtresse Lictaria, vous êtes de retour! S'exclama l'enfant en se levant. Je suis heureux de vous revoir.

-Moi aussi, Radgast, fit-elle d'une voix douce, moi aussi. Je te remercie d'avoir tenue compagnie à Aztai pendant mon absence. Peux-tu nous laisser à présent?

L'enfant obéit après avoir dit au revoir au fauve. Ce dernier se leva et invita la magicienne à rentrer.

-Je suis heureuse de te revoir aussi, Aztai, fit-elle pour briser le silence.

-Un sentiment partagé. Hum... alors comme ça vous êtes partie pour ma cause?

La femme se débarrassa et rejoignit le félin. S'asseyant sur le lit en peaux, elle invita silencieusement le woran à faire de même. Elle semblait épuisée, mais conservait tout de même un calme et une sérénité propres.

-En effet, fit-elle après un soupir. La tâche était... exténuante.

-Où êtes vous partie?

-Plus loin dans les Mont éternels. Un voyage que je n'ai fait que deux fois dans ma vie, je ne suis pas mécontente d'être revenue...

-Mais... vous n'êtes partie que un seul jour pourtant... Ce doit être une sacrée épreuve alors.

-Ne t'en fais pas, rétorqua la magicienne, tu pourras en témoigner toi-même demain! Nous partirons à l'aube.

Le fauve fut interloqué.

-Oui, continua Lictaria en voyant l'air du félin, je t'ai parlé d'une aide, mais c'est toi qui ira la chercher.

-Quelle genre d'aide se terre dans les Monts éternels? Demanda Aztai, peu convaincu.

-Crois-moi, tu n'auras jamais vu ça. Le voyage en vaut la chandelle, encore faut-il la convaincre...

-De qui parlez-vous par "la"?

Après un silence, la magicienne le fixa droit dans les yeux:

-C'est une faera.

-Une faera? Et... c'est quoi?

Il était, une fois de plus, exaspéré par son ignorance. Si c'était le cas de Lictairi, elle ne fit rien pour le montrer:

-Ce sont des êtres qui sont aussi âgés que les dieux eux-même, ils sont nés des fluides magiques qui occupent le monde, ce sont en quelques sortent les enfants de la magie pure... du moins cet ainsi que je le vois.

Le félin était impressionné, étonné qu'il en ai pas déjà entendu parlé. Il attendait la suite avec impatience.

-Les faeras sont immortelles et intemporelles: elle peuvent voyager dans le passé, le futur, et elles s'attachent de temps à autres des être tels que toi et moi, les choisissant alors comme maîtres.

-Elles apportent leur aide?

-C'est en général leur objectif, même s'il elles ne le revendiquent pas. Leur sagesse est... infinie.

-C'est impressionnant... j'ai du mal à concevoir qu'une faera veuille d'un être plus jeune qu'elles comme maître.

-C'est pourtant le cas. Elles possèdent de nombreux pouvoirs, comme celui de se cacher dans un objet, c'est très souvent le cas lorsqu'elles voyagent avec leur maître...

Aztai prit un moment de réflexion, mêlé entre la curiosité et le scepticisme.

-Vous souhaitez me lier à une faera, conclut-il.

-En effet. Je sens que tu as besoin d'un guide dans cette guerre contre le Monarque, et indirectement contre Oaxaca. Si je suis partie aujourd'hui...

-...c'était pour la convaincre, continua le woran neige. Et alors, qu'était sa réponse?

-Tu le sauras demain, seul toi peut avoir cette réponse, seul toi peut réellement convaincre cette faera.

Une foule de question tournait dans la tête du félin, mais une seule lui vint à l'idée, si inutile soit-elle:

-Quelle âge à-t-elle?

Lictaria se releva:

-Personne ne le sait mais une chose est sûre: elle a déjà rencontré les dieux.

La femme quitta alors le woran neige qui avait prit un air éberlué: "les dieux"!

-Demain à l'aube, nous partons. Tu auras tous le loisir de poser tes question une fois le moment venu. Repose-toi.

-Maîtresse Lictaria! interrompit Aztai avant qu'elle ne quitte sa yourte: comment cette faera s'appelle-t-elle?

Après un silence:

-Aucune idée.