Campé sur ses appuis, en garde, Aztai se savait comment anticiper l'instinct d'un tel monstre. Dressé sur quatre pattes, l'arachnide affichait un corps humanoïde avec deux puissants bras ainsi qu'une paire de pattes tranchantes qui partait de son torse. Entièrement noir, tout le corps de la créature était recouvert d'un duvet sombre. L'arctosa faisait claquer ses mandibule, située en dessous d'un nombre incroyable d'yeux: origine du cliquetis si particulier...
Le félin jetait des regards vers ses compagnons que la bête avait vite délaissés mais revint vite sur son ennemi principal dont il essayait d'anticiper toute attaque. Lentement la bête s'approchait et Aztai se félicita d'avoir une lance afin de la tenir légèrement en respect. Il tenta à tout prix de dompter sa peur, reculant jusqu'à buter la paroi opposée dans son dos. Dans un abominable cri, l'arctosa signa comme une victoire en voyant sa proie ainsi prise au piège. Elle abattit une de ses pattes tranchante, le fauve se jeta sur le côté. Son esquive lui donna quelques seconde de répit, il avisa Gédéon plus loin derrière la créature, chargeant son arbalète. Celui-ci décocha un tir et détourna l'attention du monstre. Le woran neige en profitant pour se relever et reculer encore un peu. Aztai était tétanisé devant une telle monstruosité, il tourna son regard vers le tas de pierres à l'entrée de la grotte. Un des éclaireurs était au sol, apparemment inconscient, tout comme Caïd le chien. Un autre se tenait l'épaule, victime de la chute d'une pierre ou de l'arctosa elle-même. Markhus tenait Barzûr', son marteau de guerre, prêt à accueillir la bête comme les hommes de fenris, Gédéon armait un autre carreau.
Le tigré n'osait se lancer à l'assaut de la bête, même si celle-ci avait reporté son attention sur ses alliés. L'effet de surprise de la part de l'arctosa fonctionnait à merveille, elle les avait traqués comme des lapins... instinctivement, Aztai senti le prochain assaut du monstre et tenta d'avorter son attaque, frappant d'une estoc l'une de ses pattes arrières. Enervée, la créature se tourna à une vitesse foudroyante et projeta d'un revers le félin à terre, le désarmant au passage. D'un de ses bras acérés, elle infligea une entaille à la cuisse du félin qui roulait en retraite. Lâchant un rugissement de douleur, il dégaina comme il pouvait sa lame courte pour repousser un nouvel assaut du même type. Par chance, ses alliés venaient à sa rescousse. Un trait d'arbalète toucha l'arctosa dans le dos et le marteau de guerre du thorkin fracassa une des pattes arrières. Les deux compagnons se retirèrent aussi tôt pour ne pas subir de riposte. Un membre en moins, l'arachnide ne fit pas mine d'être gênée, se déplaçant parfaitement sur trois. Elle tenta d'attaquer ses assaillants, laissant une fois de plus le félin reprendre ses esprits. Il jeta un coup d'oeil à sa cuisse et fit la grimace: la coupure était profonde et s'étalait de sa hanche à son genou. Du sang entachait sa fourrure blanche. Se relevant comme il pouvait, il marcha (non sans douleur) jusqu'à sa lance, rengaina son épée, et pu se réarmer correctement.
Les deux éclaireurs de Beorus encore debout avaient soigneusement retiré le corps immobile de leur allié à l'abri du combat. Le chef, lui, s'était emparé de deux torches qu'il agitait pour faire reculer le monstre, l'astuce fonctionnait. L'arctosa, bien moins téméraire, tenait toujours tête au groupe mais n'osait attaquer de peur de se bruler. Markhus accompagnait Beorus en faisant tournoyer son marteau, cherchant à intimider la créature. Gédéon faisait toujours pleuvoir des carreaux d'arbalète, en retrait. Les deux éclaireurs revinrent avec les torches restantes et joignirent leurs forces à celle de leur chef et du thorkin, faisant reculer un peu plus le monstre.
Aztai serrait toujours les crocs, ignorant la douleur au possible. Chaque pas lui lançait un flot de souffrances et faisait couler un peu plus son sang, il ne tiendrait pas des heures. Empoignant Ascalon fermement, il s'avança sur le flanc de l'arctosa. Une nouvelle blessure lui avait été infligée, toujours aux pattes. De toute évidence, le monstre était trop grand pour qu'on puisse atteindre son corps sans danger. Sa troisième blessure fut le fruit de la vengeance du félin. Par surprise, il porta une estoc dans le flanc. La portée de l'arme fit s'enfoncer sans difficulté le fer cranté dans les chairs noires du monstres. Dans un cri de rage, la bête mit un terme à sa position de faiblesse dans le combat. D'une charge suicidaire et pleine de rage, elle se jeta sur Beorus et ses torches. Un des bras acérés perfora de part en part la poitrine du chef. L'assaut repoussa Markhus, impuissant. L'autre bras infligea une sévère blessure à l'un des hommes de fenris, au torse, le mettant hors combat. Enfin, l'arctosa saisit de ses membres humanoïdes le dernier éclaireur à la gorge. D'une poigne incroyable, elle lui brisa net la nuque, l'envoyant reposer au royaume de Phaitos. Aztai fut stupéfié par l'horreur de la scène, les rumeurs sur le monstre étaient fondées. En moins d'une seconde elle leur avait servi la mort comme jamais. Cette attaque suicidaire lui avait infligé de sérieuse brulures, dues aux torches encore flamboyantes. Le woran neige lança un regard de détresse vers Gédéon qui affichait des yeux ronds, pétrifié par ce spectacle. Le sergent de la Lance Ardente mit aussi tôt en joue son arme chargée. D'une précision remarquable, le trait se ficha dans le torse de l'arachnide qui tituba un instant, manquant d'écraser Markhus. Le thorkin rampa pour se saisir de son marteau avant de rejoindre son compagnon poilu. Aztai l'accueillit sous la protection de son arme, braquée sur l'arctosa qui chancela en tentant de retirer le carreau de son corps. D'un nouvel estoc de la part du fauve, Ascalon perfora les chairs du monstre qui ne savait où donner de la tête. Markhus abattit Barzûr' sur un des membres intact, ce qui eu pour résultat de faire s'écrouler la créature dans la neige, contre la paroi rocheuse. Dans l'incapacité de marcher correctement, l'arctosa poussa plusieurs cris de rage en observant ses proies triompher d'elle. Le trio restant prit ses distances, hors de portée d'une attaque surprise. Gédéon se rapprocha du woran à son tours et décocha un nouveau carreau qui blessa un peu plus leur ennemi. Agitant vainement ses bras, le monstre tentait de se relever coûte que coûte.
-Cela fait pitié à voir, cracha Markhus, haletant.
Et de la pitié, Aztai n'en eut aucune. Alors que Gédéon chargeait un ultime projectile, il empoigna Ascalon comme un javelot. Situé à environ cinq mètres de la bête agonisante, il mit toutes ses forces lorsqu'il propulsa la lance vermeille. Celle-ci se planta aisément vers le bassin du monstre, entre son ventre et ses quatre pattes. Le sergent de la Lance Ardente accompagna ce lancé d'un carreau en pleine gueule, au niveau des mandibules. Ne perdant pas de temps, Markhus écarta vivement l'une des pattes et abattit Barzûr' dans le torse velu de la bête qui implosa sous le choque, signant là une mort violente mais directe.
Essoufflé, Aztai n'alla pas récupérer son arme tout de suite. A la place, il se laissa tomber contre la paroi rocheuse la plus proche et contempla sa blessure. Du sang s'écoulait encore et chaque battement de coeur ravivait une intense douleur. A l'aide d'un tissu, Gédéon lui apposa un garrot avant de sortir un rouleau de tissu médical. Encore pétrifié par le spectacle, le woran neige fut prit d'une nausée en voyant les corps mutilés des éclaireurs. Beorus était mort empalé, un autre avait la nuque brisée. Le dernier avait été profondément blessé au torse, il perdit la vie quelques minutes après la fin du combat devant l'impuissance de Gédéon pour l'aider.
Non loin de là, il restait un des patrouilleurs, ainsi que Caïd le chien du sergent, inconscients tous les deux. La nuit allait tomber dans pas longtemps,peu de choix s'offraient à eux. Ne pouvant rentrer au camp, il leur fallait trouver un abri loin des carcasses des morts. Les charognards seraient attirés par l'odeur, mieux valait ne pas être là.
-Et les dépouilles? Demanda Markhus d'une voix roque. on ne peut pas laisser leurs cadavres pourrir, ce serait indigne de notre part. Ils ont donnés leur vie pour nous...
Un silence s'imposa. Tous accablés par la gravité des faits, Gédéon remotiva les troupes:
-Nous allons trouver une solution... nous le devons...
Aztai fut soudainement empli de tristesse pour les familles de ces braves hommes. Baissant les yeux, la gorge nouée, il préféra oublier sa culpabilité en nettoyant Ascalon du sang poisseux de l'arctosa.
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Dernière édition par Aztai le Dim 21 Oct 2012 20:18, édité 1 fois.
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