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 Sujet du message: Les chemins de l'escarpe
MessagePosté: Lun 14 Fév 2011 16:34 
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Les chemins de l'escarpe


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Des chemins sinueux permettent de traverser et parcourir les Monts Éternels, s'étendant parfois sur plusieurs kilomètres. Ils sont étroits et rocailleux à basse altitude et cendreux, enneigés et glaciaux à haute altitude. Ils ne sont quasiment jamais utilisés avec des chevaux et encore moins par les marchands car les passages sont trop étroits. On ne rencontre donc généralement pas de brigands sur ces chemins.

Les premiers kilomètres, à basse altitude, longent la montagne non enneigée et le seul paysage qui se profile est un soleil couchant sur la mer d'arbres de la forêt. Vos pieds soulèvent la poussière car le sol est gris et cendreux, se mélangeant peu à peu à la neige et la glace à mesure que vous prenez de l’altitude.

Puis les chemins s'enfoncent dans des creux de montagne où le soleil ne frappe qu’à midi et les routes sinuent autour de vieux cratères éteints depuis longtemps, pénétrant parfois même leur couronne intérieure. L'air et les parois y sont gelés et saturés de particules et de poussière. La neige rend les pistes glissantes dès que l’on a pris un peu d’altitude et les chutes de plus de vingt mètres dans les cratères sont généralement fracassantes, un simple caillou peut aisément vous offrir un plongeon fatal.

Ces chemins sont de fabuleux raccourcis pour traverser et parcourir les Monts Éternels pour ceux qui ont de l'endurance, de la détermination et qui n'ont pas peur des mouflons sauvages et agressifs.

(La rumeur dit que le légendaire Mouflon Argenté, bête unique et dont le poil étincelant est vendu très cher pour ses vertus de porte-bonheur (55yus pour une touffe de poils sur les marchés!), a déjà été aperçu plusieurs fois sur les chemins et qu'il arrive parfois que l'on trouve une touffe de poils argentés sur le chemin!)

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Chibi-Gm, à votre service !


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 Sujet du message: Re: Les Chemins de l'escarpe
MessagePosté: Dim 9 Sep 2012 21:35 
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Alors, les enfants, vous êtes tous là ?

- Oui, m'sieur Mazhui !

Très bien, on reprend là où on s'était arrêtés...


~~~


Les neiges éternelles eurent raison de la témérité de Sirius Heartless. Gelé jusqu'aux orteils et engourdi par le retour de son rhume, le capitaine s'était installé sous un abri de roche en attendant que la tempête se calmât. En même temps, il maudissait sa bêtise de ne pas avoir pensé à acheter le nécessaire à son long voyage avant le retour du froid Nosvérian. Tout tremblant, il essayait de se reposer lorsque des grognements menaçants l'arrachèrent à toute tentative de trouver le sommeil. Tous ses sens se mirent en alerte alors qu'il empoignait sa plus-que-suspecte canne de marche. Un hurlement aigu retentit alors dans la montagne, et en moins de tant qu'il n'en fallait pour le dire, le voyageur se retrouva encerclé par les loups. C'étaient des loups des glaces, une espèce canine redoutée pour sa fourberie et sa férocité, ils attaquaient leurs proies par groupe de dix, vingt parfois pour les plus grosses. Ils aboyaient contre leur nouveau lot, le borgne, qui ne trouvait qu'à reculer pour ne pas énerver la meute. C'était sans compter sur son rhume. Sirius éternua si fort que toutes les bêtes féroces sautèrent sur lui en même-temps, et leur sournoiserie eut raison de sa vigilance. L'un des chiens lui mordit la cheville avec une telle sauvagerie que le Cyclope crut la perdre. Il hurla de douleur avant d'abattre le bout de son bâton sur la tête de son agresseur que relâcha sa prise et s'éloigna. Chaque pas que faisait Heartless pour fuir la meute le rapprochait de plus en plus d'un précipice et d'une chute douloureuse.

Les loups abusèrent Sirius grâce à leur nombre et trois monstres canins se jetèrent sur lui en même temps. Un sur son bras gauche, dont il se débarrassa en l'écrasant violemment contre le sol, un autre sur sa jambe droite qu'il expédia six mètres plus loin en agitant son pied, et un dernier visa son cou. Le marin eut le réflexe d'interposer son bras entre les crocs du loup et sa carotide, le sacrifiant par le même geste. La douleur tenaillait Heartless, qui fut déséquilibré par les assauts répétés de la meute. Sa silhouette tomba du précipice et disparut dans le blizzard.

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 Sujet du message: Re: Les Chemins de l'escarpe
MessagePosté: Dim 9 Sep 2012 21:38 
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Les deux hommes se retrouvèrent dans un coin désert, non loin du village. C'était un endroit étrange et magique, car la rivière qui serpentait dans la montagne s'y déversait en chute d'eau. La vapeur qui en émanait, couplée aux flocons de neige, donnait à ce lieu un peu de beauté poétique. Le vacarme assourdissant de la chute était étrangement relaxant, il donnait une impression de sécurité liée au fait que personne ne pouvait entendre ce qui passait autour. Il y avait des rochers nus qui sortaient du courant, comme des dalles irrégulières permettant de marcher au-dessus de l'eau. Heartless et Miyash Nùùrg étaient debout sur deux de ces dalles qui se faisaient face devant la cascade. Malgré son âge et le poids de son corps de géant, Miyash Nùùrg se tenait en équilibre sur le rocher droit comme un chaine, imperturbable, contrairement à Heartless qui avait du mal à ne pas tomber à cause du formidable courant qu'engendrait la chute d'eau.

Le chef de la tribu perça les cris de l'eau avec sa voix pleine de puissance :

- Heartless ! Je te préviens, le courant au-dessous de toi est très rapide. Il suffirait que tu tombes à l'eau pour qu'il t'emporte jusqu'à la prochaine cascade, droit vers ta mort ! Les pics acérés en contrebas ne t'accorderont pas la moindre pitié ! La distance qui nous sépare est équivalente à celle d'un bras. Je te frapperai et tu devras contre-attaquer sans céder le moindre centimètre de terrain ! Tes jambes sont figées, pas d'esquive ou d'acrobaties, ou bien les rapides t'amèneront vers ton trépas !

Sur l'autre rocher, le borgne s'accroupissait car il avait peur de tomber, et il se frottait frénétiquement les bras pour oublier le froid qui le faisait souffrir. Il fit quelque chose d'inattendu de la part d'un héros : il se plaignit.

- Tu es complètement dingue, vieux fou ! Pourquoi je dois risquer ma vie ? Et puis pourquoi je suis torse nu dans cette toundra ?
- Silence ! Tu dois te surpasser ! Avec tes blessures et ton corps si faible, tu ne tiendras même pas une seconde face à ton adversaire. Tu n'as qu'une semaine pour te préparer à l'affrontement, alors tu devras endurer ce que des Phalanges de Fenris ont enduré à l'âge de dix ans pendant des années ! Tout ce qu'ils ont fait, tu dois pouvoir le faire en trois jours ! Je ne t'en donne pas plus !
- C'est de la... atchoum ! C'est de la folie !


Le souffle du borgne fut coupé in extremis par le poing de Miyash qui creusa son abdomen avec une force inouïe. Son corps s'envola littéralement à l'autre bout de la rivière et le pirate retomba dans la neige. Le Cyclope gémit comme un enfant tout en se tenant le ventre. Sur son caillou, le vieux demi-dieu du pugilat le nargua :

- Alors, faible humain ? Vas-tu te battre, ou vas-tu fuir comme un lâche ?

Heartless se roula dans la neige qui brûlait son corps peu habitué au froid glacial de la montagne. Son œil se perdit dans la clarté de la neige, comme si il pouvait voir quelque chose que nul autre ne pouvait voir. Ses bras le poussèrent, il devait se relever. L'élève essuya la morve qui coulait de son nez comme du magma en fusion et remonta sur son rocher, en s'efforçant de rester droit. Cette vision conforta Miyash qui n'en attendait pas moins d'une tête de mule pareille.

- Tu regretteras d'être revenu ! Prends-ça !

L'homme à la tête de loup blanc frappa dans ses mains, les vibrations qui furent émises étaient destinées à effrayer son adversaire et à préparer sa prochaine frappe. Il monta le genou droite, si bien qu'il était maintenant en équilibre sur une jambe. Il déclama une formule inconnue dans sa langue et adopta ainsi une posture de combat des plus étranges.

- Kïï Quõ !

Il se servit de la jambe qui était levée pour frapper Sirius et celui-ci parvint à la bloquer sous son bras. Alors qu'il entreprenait d'utiliser la force de ses deux bras pour lui perdre l'équilibre, Heartless savoura sa victoire :

- Hahaa !! Fais tes prières, l'albinos !

Cependant, il déchanta bien vite lorsqu'il se rendit compte que peu importe la force qu'il déployait, le pied ne bougeait pas d'un pouce. Miyash n'eut qu'un geste à faire, il pivota sur lui-même et sa jambe tendue fit tomber son apprenti dans l'eau. Ses cris furent étouffés par l'eau qui rentrait dans ses poumons et son corps disparut dans la cascade, entraîné par le courant meurtrier. L'homme à la peau de bête entra dans l'eau mais ne fut nullement bousculé, puis il jeta un coup d’œil pour voir si Heartless avait répandu ses tripes sur les pointes en contrebas. Il leva un sourcil en voyant le pirate qui s'accrochait avec acharnement à une branche robuste tandis que l'eau fouettait ses épaules. Après qu'il eut fini de cracher l'eau qu'il avait avalé, Sirius hurla à son professeur :

- AIDEZ-MOI !! C'EST FROID !!!

Un sourire sadique se dessina sur le visage de la Phalange de Fenris.

- Remonte par toi-même ! Ça fait partie de l'entraînement ! cria-t-il avant de disparaître de son champ de vision.
- ENFOIRÉ !!

Suspendu à sa corde de fortune, Heartless appela plusieurs fois son maître sans qu'il ne pointe le bout de son nez. Ses bras atteignaient leurs limites, mais heureusement, le borgne remarqua que non-loin de lui, il y avait une petite grotte derrière la chute d'eau. Il arriva à l'atteindre sans trop de problèmes en s'allongeant sur le rebord et en glissant jusqu'au trou pour ne pas se faire emporter par l'eau. Un sourire d'extase marqua son visage alors qu'il s'installait dans la petite cavité le temps de reprendre des forces, assis en tailleur. Chose étonnante, il y avait même...

- De la chaleur... enfin ! Oh oui...

Une douce sensation parcourait son dos, montait lentement, faisait frisonner le pirate de plaisir. Il atteignit l'osmose lorsqu'il sentit cette douce chaleur se poser sur son épaule, caresser sa joue... Alors imaginez son visage lorsqu'il vit que la source de son réconfort était une énorme tarentule qui lui grimpait dessus... et des centaines de petits yeux brillants qui brillaient derrière son dos...

- AAAAAAAAHHHHHHHH !!!!!

Une nuée de chauves-souris s'éleva dans le ciel après ce cri d'horreur. Miyash crut d'abord que le marin d'eau douce était tombé, mais le bruit était bien trop proche. Quelle fut sa surprise lorsqu'il vit son élève dépasser ses espérances en se hissant hors du précipice comme si il était pourchassé par Phaïtos en personne ! Il le félicita de sa rapidité...

- Alors là, bravo ! Je n'ai jamais vu une Phalange de Fenris surmonter cette épreuve aussi vite ! Tu dois être impatient de surpasser ta condition de simple humain !

... mais Sirius semblait ne même pas prêter attention à ses applaudissements, car il regardait le bord de la falaise avec inquiétude. Voyant que le pauvre bougre avait la peau bleue et les lèvres violettes à cause du froid, le puissant guerrier frappa des mains encore une fois en faisant tout trembler et il déclara :

- Bien ! Passons à quelque chose de moins figé ! Ça te réchauffera !

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Dernière édition par Heartless le Dim 11 Aoû 2013 14:02, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chemins de l'escarpe
MessagePosté: Dim 9 Sep 2012 21:39 
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La prochaine étape était toute aussi sadique que la première. Cette fois, pas question d'éviter les courants, il fallait les braver, mais comme il était impossible pour Sirius de résister aux rapides, son maître lui donna des objets très particuliers...

- Donc, si j'ai bien compris, vous voulez que je monte sur ces échasses...
- Oui.
- ... que je les enfonce dans la rivière pour ne pas bouger...
- Oui.
- ... tout en évitant ces... ces...
- Piranhas.
- ... en les frappant à mains nues ?!
- C'est exact.


Les prédateurs des rivières du Nosvéris chassent en bancs de dix à vingt individus, et avec le courant de leur côté, les poissons atteignent une vitesse de nage faramineuse. De plus, les piranhas sont capables de sentir une goutte de sang dans l'eau à une dizaine de mètres à la ronde et ils n'hésitent pas à attaquer des cibles humaines avec leurs mâchoires parsemées de dents pointues. Autrement dit, ce sont de véritables petites pestes pour celui qui souhaite les attraper, et Heartless était dans de sales draps.

- Tu te fiches de moi ? C'est comme essayer de choper une flèche en plein vol ! Et en plus, je ne peux pas les frapper ! Je dois tenir les deux échasses pour pas tomber !
- Oui, c'est exactement ça. Tu apprends vite.
- Mais... comment je suis sensé faire ça sans les mains ?!
- Nuance, je n'ai jamais dit que tu devrais le faire sans les mains, j'ai dit que si tu lâchais trop longtemps tes échasses, le courant t'emportera. Tu dois donc lâcher tes échasses, frapper, puis t'en saisir à nouveau pour te préparer à la prochaine vague de carnivores.
- C'est pas possible, tu veux ma mort !
- Tu n'es pas obligé de continuer.


Miyash tourna ses yeux vers le borgne, il avait l'air de n'accorder aucune importance à toutes ces épreuves ridicules, et il s'attendait sûrement à ce que l'énergumène abandonne. C'était mal connaître Heartless, il avait ses propres raisons pour continuer à souffrir de cette manière. Sirius cracha par terre et regarda son professeur avec mépris alors qu'il enjambait les échasses.

Le pirate sauta dans la rivière les pieds devant et ses deux supports se fixèrent au sol du premier coup, pour une fois qu'il avait de la chance... Cela n'allait pas durer. Le pirate fixait les remous dans l'eau avec angoisse, mais il essayait de dédramatiser la situation :

- Du calme... c'est juste des... des poissons, ouais, des gentils petits poissons...

Lorsque le premier "poisson" sauta hors de l'eau pour l'attaquer, le borgne démontra qu'il avait les réflexes lorsqu'il y mettait du sien. Les dents pointues du carnassier se heurtèrent au poing paniqué du marin. Le petit piranha y perdit toutes ses dents et la main droite de Sirius fut écorchée par les éclats d'émail qui avaient fusé de la bouche de l'animal. L'échasse droite qui n'était plus maintenue à la perpendiculaire du sol perdit de sa fiabilité et recula d'un bon mètre et demi avant qu'Heartless ne la rattrape. Le pauvre bougre était désormais en grand écart au-dessus du courant meurtrier et le sang gouttait de ses doigts, ce qui eut pour résultat d'affoler tout le banc de carnivores. Cinq piranhas sautèrent en même temps sur le Cyclope qui crut voir sa vie entière défiler devant ses yeux avant d'en écarter un deuxième avec un crochet du gauche. Au final, le borgne se retrouva avec quatre piranhas accrochés sur son corps, il hurla d'une douleur atroce. Un sur la joue, deux sur la jambe... et un sur le mamelon, il y avait de quoi faire pleurer le plus brave des guerriers non ? En plus de ça, le rattrapage tardif de son échasse gauche avait allongé son grand écart d'une bonne cinquantaine de centimètres et tout son corps peu enclin à la gymnastique le tiraillait horriblement.

Finalement, le capitaine lâcha prise lorsqu'un poisson trop téméraire avait eu le culot de viser ses organes génitaux, Heartless se rappela d'une des prédictions inquiétantes de la voyante de Nosvéria...

Tu seras stérile...
- Non ! Pas comme ça !

Sirius sauva sa progéniture en bloquant son prédateur entre ses deux paumes, avant d'être projeté en arrière par le courant à cause des échasses qui s'étaient trop inclinées. Miyash retrouva son apprenti une nouvelle fois suspendu au bord de la cascade, accroché aux échasses qui pliaient sous son poids. Après avoir bien exprimé sa peur et sa douleur, le capitaine éclata le crâne d'un piranhas sur son épaule et jeta un regard noir à son maître.

- J'suppose que j'vais devoir me débrouiller tout seul ?

La Phalange de Fenris hocha la tête et disparut.

- ENCULÉ D'TA RACE !!

Comme pour le punir d'une telle insulte, les bâtons qui pliaient sous son poids cédèrent et il dut se rattraper sur un rebord de la montagne. Un rebord très familier, où il était facile d'arrêter sa chute. N'était-ce pas ce rebord qui donnait sur une petite grotte sombre ? En levant l’œil, Heartless aperçut son amie la tarentule qui claquait ses mandibules. Précédé d'un cri strident et d'un envol massif de chauves-souris, Sirius remonta sur la terre ferme à la grande joie de Miyash :

- Bien ! Tu persévères ! Et si on passait à l'épreuve suivante ?

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 Sujet du message: Re: Les Chemins de l'escarpe
MessagePosté: Dim 9 Sep 2012 21:40 
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La troisième et dernière épreuve qu'Heartless devait endurer pour la journée était, heureusement, bien moins risquée et elle n'impliquait pas un quelconque cours d'eau ou des bêtes féroces... n'empêchait qu'elle fut aussi folle que les autres.

Miyash Nùùrg avait conduit Heartless un peu plus loin dans la montagne et avait tracé une ligne droite dans la neige avec son pied. Le principe était simple mais plus difficile qu'il n'en avait l'air au premier abord : Miyash s'était positionné trois pas devant la ligne, les bras croisés, son abdomen capable de tordre un doigt rien qu'en se contractant, bien en évidence. Le but du jeu était enfantin : l'apprenti devait faire reculer son maître derrière la ligne avant le coucher du soleil, mais les précédentes épreuves avaient anéanti le borgne qui avait désormais du mal à mettre un pied devant l'autre. Aussi, le coup d'épaule qu'il chargea dans le ventre du guerrier endurci par la montagne ne le fit pas bouger d'un pouce. Découragé et gelé jusqu'à la moelle, il se laissa tomber sur la neige au grand dam de la Phalange de Fenris :

- Alors, est-ce donc là tout ce dont tu es capable ?! Tu fais pitié, petit homme, je t'interdis de te coucher avant la nuit !

Miyash retint Sirius par le bras et s'empara d'une gourde qu'il gardait à sa ceinture pour en faire boire le contenu au faiblard. Heartless sentit des flammes brûler sa langue alors qu'il avalait la mixture qui y était contenue. C'était comme si le dragon de Sisstar elle-même était entré dans sa trachée et creusait jusqu'à l'estomac en crachant son feu divin. Le Cyclope se tint la gorge tout en agitant convulsivement ses bras et ses jambes sur le sol, et son teint reprit des couleurs tandis qu'il crachait de la fumée.

- Qu'est-ce que tu m'a fââââ ?!

Ses paroles étaient écrasées par la douleur. Miyash lui expliqua lorsqu'il avait cessé de gigoter :

- Un petit mélange de ma confection. Tu ne ressentiras plus le froid et la fatigue pendant plusieurs heures, alors maintenant je t'ordonne de te lever et de te battre ! Je vais t'enseigner la voie de la force.

Le pirate se releva en titubant. Heartless se résigna à combattre jusqu'à la tombée de la nuit en attendant que le feu s'éteigne dans tout son corps.

- Bien ! Je pense que je peux t'apprendre à utiliser ton "Ki" maintenant.
- De quoi ?
- Le Ki. C'est l'énergie combative qui circule dans ton corps, dans le mien, chez tout le monde. C'est l'arme de ceux qui ne possèdent pas de fluides magiques, un potentiel que tu peux débloquer grâce à des techniques de respiration complexes. Je vais t'en faire la démonstration... Approche...


Le chef de tribu avança de quelques pas et Sirius recula, les poings fermés, craintif.

- Approche, je te dis.

Un pas en avant pour Miyash, deux autres pour Heartless.

- A ta guise.

Sur ces mots, l'homme à tête de loup renforça sa position de combat, leva son bras dans la direction de son élève et le soutint avec son autre bras. Il ferma les yeux et inspira bruyamment une grande quantité d'air...

- Euh... tu fais quoi là ?

... ne prêtant pas attention aux questions du pirate, Miyash Nùùrg serra les poings et émit un râle menaçant avant de rouvrir la main pointée vers Heartless et de crier :

- Hïyõ Hà !!

Soudain, une bourrasque prodigieuse souleva la poussière blanche et torpilla littéralement le borgne qui ne s'y attendait pas : son corps plana cinq mètres plus loin avant de retomber lourdement sur la neige. De la neige, Sirius en avait avalé, rien n'était plus sûr alors qu'il gémissait et toussait dans la poussière. Cependant, il n'avait rien de cassé, il se sentait juste un peu nauséeux. Le pirate n'eut que peu de répit car la Phalange de Fenris lui commanda aussitôt de se relever et de l'imiter.

- Je peux pas, vieux fou, c'était un sort, j'en suis sûr !
- Ça n'a rien de magique, je me suis juste servi de mon Ki comme projectile pour t'étourdir, tu as eu l'impression que j'agissais sur l'atmosphère mais j'en suis incapable. Maintenant, fais comme moi.


Miyash rapprocha ses chevilles de manière à se tenir droit comme un "i", et Heartless fit de même, puis lorsque le maître tendit les bras et joignit ses mains, son apprenti l'imita.

- Respire.

Heartless inspira puis expira, mais il ne reçut qu'une grande tape sur le dos qui le fit presque tomber.

- Respire, te dis-je !
- Mais c'est c'que j'fais, tête de mort !
- Ce n'est pas respirer, ça !


Les narines du colosse se dilatèrent et absorbèrent une impressionnante quantité d'air pendant une dizaine de seconde, lors de laquelle Miyash jeta à Sirius plusieurs regards qui disaient "Tu as vu ?". Lorsque sa poitrine eut atteint un volume considérable, il souffla tellement fort que la neige s'écarta à l'endroit où il regardait.

- Voilà ce qu'est "respirer" ! Essaie !

Le marin tenta de l'imiter mais il ne parvint pas à faire quelque chose d'aussi impressionnant, il ne faisait qu'inspirer longtemps et souffler fort.

- Ce n'est pas ça ! Tu te relâches trop dès que tu expire ! Il faut faire sortir quelque chose de plus de ton corps, et ce quelque chose, c'est ton Ki. Mets-toi comme ça.

Heartless se positionna comme le lui avait indiqué Miyash : les deux jambes écartées, une tendue à son extrême, l'autre pliée, renforçant l'assise du corps; sa main gauche au-dessus de son épaule et le bras droit parallèle au tronc. Sa respiration devait être longue et contrôlée et ses yeux fermés, comme si scruter le fin-fond de son esprit était le but du jeu...

- Maintenant... Inspire...

L'air passa dans les poumons du borgne.

- Pense... à quelque chose qui te courrouce de toute ton existence.

L'image fugitive d'un certain Gallion Thunderhead traversa l'esprit d'Heartless comme une flèche.

- ... et frappe !

Souffle. Crac. Cri et plaintes. Sirius s'agenouilla devant Miyash Nùùrg, tenant ses doigts tordus, mordant la paume de son autre main. Le géant soupira : il en avait demandé trop. Il aida le borgne à se relever et le prit la main.

Cric-Crac. Encore un cri.

La douleur foudroya les doigts du pirate comme une pluie de couteaux et une larme apparut sur sa cerne. La Phalange devait s'y résoudre : il était bien trop tôt pour apprendre la voie du combat à ce jeune vagabond qui avait survécu grâce à, semblait-il, une chance inestimable. Ce désespoir lui rappela la raison qui l'avait poussé à cette torture et, réalisant qu'il ne savait rien de l'homme à qui il confiait sa vie, l'albinos lui demanda :

- Il te manque du cœur, petit homme, de la rage ! Tu ne t'investis pas de tout ton être dans mes enseignements ! Tu es distrait... Plonge tes sentiments les plus féroces dans tes poings... Quelque chose doit bien mériter ta colère, je suppose ?

Heartless regardait le vide, n'était-ce pas suffisant ? Toute sa rage était concentrée dans l'existence d'un seul homme, du moins, c'était ce qu'il croyait.

Le mentor et l'apprenti cessèrent l'entraînement alors qu'un chaos sonore d'acclamations s'élevait entre les nuages. Intrigués, ils marchèrent tous deux jusqu'à un point haut duquel ils pouvaient voir ce qui se passait dans le village. Des fourmis s'agitaient autour d'une arène sans barrières. Un homme aux cheveux pareils à une flamme blanche et à la force d'un dieu des catastrophes retenait un autre guerrier moins impressionnant que lui entre ses bras surpuissants. Même à cette distance, Sirius comprit la situation. Les fulminations de son compagnon ne faisaient que confirmer ses soupçons.

- Zuèngguõ...

C'était un combat à mort pour décider de qui aurait le droit légitime de faire face au chef de tribu pour prendre sa place après un duel singulier. L'adversaire de Zuèngguõ était soulevé plus haut que ses jambes ne pouvaient le porter, et ses côtes se brisaient une à une sous l'étreinte mortelle de l'ours de montagne. Le pauvre homme cracha du sang et son regard se vida de toute expression, puis son corps réduit en lambeaux s'effondra sur le sol glacial. Zuèngguõ leva les bras, hurla sa victoire et la foule sauvage l'acclama. Le spectacle qui suivit allait bouleverser Heartless.

Son œil unique fut assez perçant pour voir le collier précieux que le vainqueur arracha subrepticement à la dépouille de sa victime. Il commettait un vol en face de tous les autres qui le voyaient, mais pourtant en faisaient fi. Le dépouillement ne s'arrêta pas là, le meurtrier déroba tout : bijoux, armes, vêtements, femmes et enfants. La famille entière du défunt dût s'incliner in extremis devant lui, et là encore, le cruel Zuèngguõ, qui n'avait de goût que pour le pouvoir, écrasa du pied le visage de l'enfant le plus faible et de la femelle la moins délicieuse. Leurs deux morts passèrent inaperçues alors qu'elles avaient eu lieu devant des dizaines de personnes. Le plus fort volait tout aux plus faibles, même leur vie. Miyash serra les poings.

- Cet homme qu'il a tué est mon neveu. Cette femme sa sœur, cet enfant son fils. Vois-tu la sauvagerie des hommes ? Vois-tu les déchets de notre race qui s'étend bien au-delà des monts éternels ?

Sur ces mots pleins d'une rage étrangère, le chef de tribu prit congé, laissant Heartless seul, fasciné par ce spectacle morbide qu'il croyait avoir déjà vu quelque part. Comme une souris devant un chat, Sirius s'était mis à craindre Zuèngguõ. Lui aussi disparut dans les confins de la montagne. Pendant ce temps, dans ce bas-monde de chair et de sang qu'il avait constitué autour de lui, Zuèngguõ dirigea un regard cruel vers ce petit pan de montagne où il avait reconnu deux silhouettes, les deux hommes qu'il voulait à tout prix écraser : son pire ennemi à la puissance égale à la sienne et, à ses côtés, l'insecte le plus faible et pathétique qui lui ait jamais été donné de voir.

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 Sujet du message: Re: Les Chemins de l'escarpe
MessagePosté: Dim 9 Sep 2012 21:43 
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Quatre jours avaient passé.
Le moment du rituel de succession.

L'eau déferlait de la montagne dans un vacarme assourdissant. Derrière la cascade, une petite cavité sombre. Une silhouette indistincte y était assise dans la position du tailleur, les jambes croisées, les mains sur les hanches. Ce corps figé était noir, mais ce n'était pas sa couleur naturelle. En vérité, il était changeant, tantôt noir, tantôt gris, tantôt vert ténébreux ou brun... La vie fourmillait sur sa peau, des insectes, mille pattes, scarabées, araignées... parcouraient son corps comme la surface d'un rocher. L'homme recouvert par les bêtes infâmes dissimulait avec peine sa respiration haletante, paniquée. Doucement, subrepticement, une vipère rampa à ses côtés et se dressa devant son visage, comme si la bête sournoise avait deviné la nature de l'humain. Le serpent dansa devant ses yeux - non, il avait l’œil gauche de fermé - comme pour l'hypnotiser et montra ses crocs et sa langue fourchue, sa mâchoire prête à mordre. Entre deux pattes de tarentule, l'homme de jais fixait le prédateur avec l'expression d'une bête paniquée. Un diplopode chut de la main du borgne qui s'était mue en un poing vigoureux. Ses orteils, en se contractant, délogèrent quelques vers. Des mots s'échappèrent de sa bouche.

- Un...

Le serpent recula sa tête et siffla dangereusement, se préparant à attaquer. L'homme conservait son regard de bête acculé et continuait à compter.

- Deux...

Son bras se leva doucement et ses doigts s'agitèrent pour étouffer le rampant au premier mouvement suspect. Une fraction de seconde parut être une année de terreur. Le serpent bougeait frénétiquement....
De la montagne, on pouvait entendre un cri strident de douleur et de terreur, ainsi qu'un envol massif de chauves-souris de derrière la cascade, ainsi que la chute de quelques animaux à six pattes non-identifiés.

Miyash Nùùrg, assis sur un rocher qui se dressait au-dessus du courant de la rivière d'où la chute d'eau tirait son origine, méditait d'un air grave : l’inéluctable était imminent. Sa peau blanche, son regard dur, son crâne chauve et sa longue barbe grisonnante étaient les signes de sa vieillesse. Ses yeux rouges furent interpellés par la vision d'un homme qui émergeait du bord de la montagne, à côté des cascades. L'homme s'approcha de lui, et Miyash se releva de toute sa hauteur sur son caillou. Des brimades surgirent d'entre ses lèvres :

- Tu a été long ! Que fais-tu donc en bas qui te prenne aussi longtemps ? Je vais finir par croire que tu fuis l'entraînement, Heartless !

Heartless, torse nu et frissonnant attrapa son manteau bleu qui reposait sur la neige et s'en servit comme une serviette pour essuyer l'eau froide qui coulait de ses épaules, et s'offrir un peu de chaleur grâce au frottement. Sirius avait bien changé : il était plus mince que la semaine dernière, ses muscles étaient mieux taillés et sa peau était légèrement bronzée à cause de la proximité de l'endroit avec le soleil. Son corps était tatoué, mais ce n'étaient plus des peintures menaçantes représentant le dieu-loup Fenris, c'étaient désormais des tatouages tribaux à l'encre grise et verte représentant une guivre qui s'enroulait autour de ses bras. Quant à son visage, il semblait à la fois plus maître de ses émotions mais aussi un peu plus cruel à en juger l'éclair de son œil unique. Ses cheveux en bataille qui lui arrivaient jusqu'aux épaules semblaient s'être assombris et il avait laissé pousser sa barbe, à tel point qu'il faisait plus âgé qu'il ne l'était vraiment. A voir sa posture, on pouvait deviner qu'il était d'une formidable assurance. Le vieux maître regarda son apprenti avec dédain :

- Tu te ramollis. Viens-donc ! Tu ne m'a toujours pas délogé de ce rocher ! Si tu n'y arrives pas aujourd'hui, alors tu ne me sers à rien.

Un sourire hautain orna la visage d'Heartless qui, après avoir un peu joué avec son couteau, sauta jusqu'à son rocher tel un félin : il n'avait plus aucun mal à s'y tenir debout. Avec son insolence naturelle, l'apprenti fit un signe à Miyash pour qu'il le frappe.

- Pas d'armes !

Le pirate jeta le poignard par-dessus son épaule et le pointu se planta dans la neige. Sirius refit un signe de la main. Le pied de l'albinos fonça dans sa direction et, comme à son habitude, Heartless la bloqua sous son bras en tentant de résister à la force impressionnante de son mentor.

- Tu n'apprends donc jamais ?! Ce n'est pas comme ça qu'il faut s'y prendre !

L'énergumène ne délaissait pourtant à aucun moment son sourire carnassier, et Miyash réalisa sa ruse bien trop tard. Une goutte de sang tomba de la paume de Sirius entaillée par son propre couteau et s'évanouit dans le courant, laissant une fine traînée rouge. Il ne fallut pas longtemps pour que des poissons aux dents crochues sautent hors de l'eau et mordent la jambe du vieil homme qui faisait office de pont suspendu entre les deux rochers.

Le chef de tribu perdit sa concentration et le pirate en profita pour lui asséner un violent coup de pied dans l'aine qui lui fit perdre l'équilibre. Pour la première fois depuis une semaine, Miyash Nùùrg était tombé dans l'eau. Sirius Heartless, sautillant et fou de joie, nargua son maître du haut de son caillou comme l'aurait fait un enfant mal élevé :

- Hahaa !! Dans ta face, l'albinos ! Tu t'y attendais pas, à celle-là, hein ? On se la ramène moins avec son "Ki" maintenant !

La Phalange de Fenris se releva comme si elle n'avait jamais été ballotée par le cours de la rivière et dévoila sa face contrariée. Miyash croisa les bras : il devait admettre qu'il avait été défait.

- Ta bassesse me révulse. Cependant, je connais peu d'hommes capables de me faire céder du terrain. Que tu aies remporté l'épreuve grâce à ta ruse, je l'admets. Mais les piranhas ne seront pas aussi cléments. Défie donc la nature avec tes tactiques déloyales !

Peu de temps après, Heartless se retrouva les pieds embourbés dans l'onde rugissante, prêt à accueillir ses prédateurs. Il avait renoncé aux échasses qui ne faisaient que le gêner car il avait désormais acquis le contrôle presque infaillible de son centre de gravité. Affrontant de face les courants, le Cyclope serrait les poings. Il se construisit l'image mentale de ces lances qui frappaient de nulle part pour le transpercer, et la méthode à adopter fut très clair : il valait mieux briser la hampe que la pointe. Ainsi pour les poissons aux dents pointues, il fallait éviter de frapper leur bouche et tenter de les dévier de leur trajectoire en plein vol. Il en était de même pour les bras meurtriers du redoutable Zuèngguõ : si Heartless voulait rester en vie, il ne devait surtout pas l'attaquer de face. Enfin, les poissons carnassiers surgirent de l'eau pour se heurter aux poings faibles mais rapides du frappeur...


~~~


- Et il s'est fait mordre la quéquette ?

Mmh ? Oh non, non, ça n'est pas arrivé. Au lieu de raconter des choses sales, ma petite, tu devrais te concentrer sur la suite de l'histoire. Je suis quelqu'un de calme mais je déteste qu'on m'interrompe pendant que je raconte, c'est compris ?

- Oui monsieur...

Ahem...

~~~



Quelle fut la surprise de Miyash Nùùrg lorsqu'Heartless lui montra ses prises ! Cinq piranhas à l'air distant échouèrent sur le rivage, appuyés par le sourire narquois de Sirius. Et, bien entendu, Miyash fut aussi surpris de constater que les parties de son apprenti avaient été protégées avec acharnement... Le vieux guerrier tapa l'épaule du borgne et lui adressa un sourire de grande joie :

- Je retire ce que j'ai dit, tu as du potentiel ! Je t'ai appris tout ce que je pouvais, maintenant, plus rien ne te retient.
- Hé, tu as commis l'erreur de sous-estimer le grand Sirius Heartless, vieillard ! Je ne ferai qu'une seule bouchée de ce gros lard !
-... Je ne crois pas, non.


Les regard du chef du Gròòth Vallhü s'obscurcit soudain, ses yeux étaient d'une sévérité extrême. Sirius était bouche bée, il ne comprenait pas ce soudain revirement de la situation.

- Mais... On était d'accord, non ? C'est moi qui vais lui faire sa fête ! Tu deviens sénile ou bien ?

Pour seule réponse, le pirate reçut un puissant coup de poing dans le ventre qui le fit tomber à genoux. Miyash n'avait pas changé d'avis. Miyash, avait prévu tout cela depuis le début :

- C'est toi qui es fou ! Tu ne pourras jamais rivaliser avec Zuèngguõ.
- Mais alors... guh... pourquoi ?
- Je ne t'ai pas choisi pour l'affronter. C'est mon combat.
- Tu as dit que tu n'y arriverais pas !
- C'est vrai, je vais certainement mourir. Il a l'avantage de la jeunesse, je ne suis plus qu'un vieux débris. C'est pour cela qu'avant de mourir, je souhaitais transmettre mon savoir à quelqu'un comme toi.
- Tu cherches la mort ?!
- C'est mon honneur de guerrier qui est en jeu, pas ton orgueil mal placé. Rentre chez toi, maintenant.


Un long silence des deux hommes régna devant le bruit de la cascade. Heartless se sentait abusé, trahi, il ne comprenait pas les motivations de son maître. Au loin, de la fumée : c'était le début de la sanglante cérémonie de succession. Sans dire un mot de plus, l'homme à tête de loup tourna les talons et revint au village. Paralysé par la puissance de son coup en traître, Sirius ne pouvait le suivre. Il se contenta de le traiter de tous les noms.

- Espèce de vieille enflure ! Sac à merde ! Tu t'es foutu d'ma gueule !

Lorsque Miyash ne fut plus visible, le borgne se résolut à le laisser partir. Se remettant peu à peu de la douleur, le capitaine déchu rassembla ses affaires, son manteau, son sac, son trident... et se prépara à plier bagages. Il se disait que, finalement, tout cela ne le regardait pas. Mais il ne put se résoudre à emprunter le chemin qui serpentait jusqu'au fin fond de la montagne, il était ralenti par des sentiments sombres et indescriptibles. Des paroles émergeant d'un passé lointain secouèrent son esprit, ce que lui avait dit jadis le fameux Gallion Thunderhead :

- Tu es indigne de montrer l'exemple. Dépose les armes, et pense à fonder une famille !

L'étreinte de ses doigts se resserra sur le trident enveloppé dans du tissu. Ces mots étaient inacceptables. Heartless avait encore quelque chose à prouver. Sans réfléchir plus, il revint sur ses pas et se dirigea vers le hameau de Gròòth Vallhü, pour assister aux derniers moments de Miyash Nùùrg, et ensuite tenter de tirer son épingle du jeu...

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Dès le deuxième jour, les choses sérieuses commencèrent. Le froid les accompagnait depuis plus d'une semaine, pour Aztai et Markhus, mais le terrain abrupt vint se mêler au jeu. Gédéon leur fit prendre des chemins escarpés qui entamaient le pied des Monts éternels. La neige recouvrait la terre gelée, le husky du sergent ne s'éloignait plus trop du groupe, il conservait un air inquiet, s'attribuant un rôle parfait de gardien. Sous les conseils de Gédéon, ils s'arrêtaient dans des endroits creux de le montagne, à l'abri du vent et des giboulées de neige. Ils conservaient évidement un tour de garde lors des heures de repos, Caïd s'avérait alors un compagnon très agréable, un ami rassurant. Les jours qui suivirent amenèrent avec eux le blizzard, la terre n'était plus recouverte seulement de neige mais aussi de glace. Les chemins, presque invisibles aux yeux d'un étranger comme Aztai, devenaient de moins en moins sûrs.
L'esprit du félin était mélangé entre l'impatiente d'accomplir sa quête et la peur de ne pas parvenir en vie chez Lictaria. Emmitouflé dans sa cape, ils ressentait l'effort musculaire à défaut de ressentir trop le froid. Grâce aux griffes de ses pattes antérieures, il s'agrippait à la terre incassable comme il pouvait. L'air lui brulait les poumons, il ne parlait que trop rarement pour ne pas s'essouffler. Malgré ces conditions de voyages difficiles, personne ne se plaignait. Chacun ici avait un but: le fauve devait rencontrer Lictaria et connaître la vérité; le thorkin était redevable envers Sithröm et remplir sa mission le ramènerait peut-être à Mertar; enfin Gédéon était aux ordre de la Lance Ardente, une mission de plus pour lui qu'il devait accomplir avec brio.

A l'aube du troisième jour, Aztai fut réveillé par Markhus. S'il se souvenait bien, c'était le thorkin qui était chargé en dernier du tour de garde. Ce dernier l'invita à le suivre non loin de là. Il l'emmena au bord de la falaise qu'ils longeaient depuis la veille:

-Regarde, fit-il simplement.

Le félin ne dit mot. La hauteur lui coupait le souffle, il du combattre une sensation de vertige. Ici, le vent était plus fort encore, il sifflait d'un air menaçant tel un fantôme des Mont éternels. Devant lui s'étendait la partie ouest du continent de Nosvéris. Il décerna Henehar, plus bas, un entassement de points foncés qui formaient les toits de la ville. A travers les nuages de basse altitude, il scruta les plaines blanches alentours, sa patte en visière pour se protéger du soleil matinal. Une vague de sentiments submergea le woran neige. Le chemin parcouru physiquement le ramena au début de son aventure. Regarder en bas, c'était comme se retourner vers ses souvenirs. Trônant depuis les Monts éternels, il sentait la puissance l'envahir, mais aussi la responsabilité qui pesait sur lui.
Soudain, une image lui foudroya l'esprit, une image du dieu pieuvre. Aztai fléchit et tomba à genoux. Une douleur lui oppressait lui crâne, il ne pouvait enlever la gueule du monstre de son esprit. Gémissant comme un possédé, la douleur partie aussi rapidement qu'elle était apparue.

-Aztai! S'alerta Markhus en venant appuyer le tigré.

Le woran neige n'avait pas fait part de sa malédiction au thorkin. Cette deuxième attaque lui rappelait qu'une graine maudite poussait en lui. Même si elle ne le tuerai pas, elle l'affaiblissait constamment... sous les regards interrogateurs de son compagnon, il ne dit mot et fit signe que tout allait bien:

-Ce doit être la fatigue et le climat... mentit-il.

Markhus n'était pas dupe. Cependant il ne releva pas le mensonge.

-Prions, coupa le fauve souhaitant changer de sujet au plus vite.

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MessagePosté: Ven 5 Oct 2012 02:04 
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Le cinquième jour... oui, le cinquième jour fut effroyable pour Aztai et sa petite escorte. Déjà tôt le matin le vent soufflait plus fort que d'habitude, et ce n'était pas peu dire. Si le fauve regrettait le climat de Nirtim, il n'était pas au bout de ses surprises. Une tempête les surpris, une véritable colère palpable d'air de neige. Les flocons se cristallisaient dans la fourrure du fauve, l'engourdissant réellement pour la première fois. Markhus jurait et pestiférait contre les cieux, Gédéon priait Meno de les maintenir en vie. Même Caïd, le husky, ne semblait pas si à l'aise que cela dans son milieu naturel. Le félin s'efforçait de sans cesse remuer ses phalanges, l'esprit bloqué sur Ambervalle, sa cité woranne. Tant que la tempête ne cesserait, le groupe n'osait s'arrêter de peur de rester congelé sur place. C'était là une rude épreuve, et si Aztai en avait connues, celle-ci était de taille. S'appuyant d'Ascalon, sa lance, il grimpait mètre après mètre le versant de la montagne.

-Nous devons trouver une grotte, une cavité dans la roche pour nous abriter! Hurla Gédéon dans le vent, en tête de groupe. Derrière lui venait le nain et le félin fermait la marche.

Ses paroles étaient à peine perceptibles. Le fauve jeta machinalement un coup d'oeil pour voir un tel abri, mais la tempête réduisait grandement leur vision. Elle formait un brouillard blanc épais, aucun d'eux ne pouvait voir à cinq mètres devant lui...
Aucune idée ne vint au woran, il se sentait vulnérable.

-Il... il faut continuer, marmonna-t-il en sachant que personne ne l'entendait.

L'instant d'après il trouva cette idée totalement stupide. Il ne rêvait que de se trouver près d'un bon, allumé par les soins de Markhus et de son briquet à pierre.

-Tu as dit quelques chose? Cria le thorkin de sa voix rauque en se retournant.

-Gédéon à raison, articula le woran neige. Trouvons un abri au plus vite!

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 Sujet du message: Re: Les Chemins de l'escarpe
MessagePosté: Ven 5 Oct 2012 02:33 
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Combien fallut-il de temps pour enfin se mettre à l'abri du blizzard, Aztai n'en savait rien. Mais ce qui comptait, c'était que le feu qui dansait devant lui le maintenait physiquement et moralement en vie. Dehors, la tempête n'avait cessée. Le groupe s'était terré à l'entrée d'un tunnel dont Gédéon ne connaissant le but:

-Peut-être dénicherions-nous un trésor ou des cadavres si nous nous aventurons plus loin. Hors ce n'est pas notre objectif.

Installés à une quinzaine de mètres de l'entrée, dans le premier tournant du boyau rocheux, le vent ne les atteignait pas ici. C'était reposant de ne plus avoir ses tympans vrillés pas les rafales incessantes. Comme dans les rêves d'Aztai, Markhus avait pu engendrer un petit feu avec du bois rationné aux pieds des Mont éternels, une idée de génie. Ils se permettaient même de faire cuir quelques provisions. Si le fauve n'était pas séduit par l'idée de manger ici, de peur d'attirer des animaux, l'odeur alléchante l'avait vite fait changé d'avis. Sous la garde de Caïd qui regardait sans cesse en direction du tunnel, ses yeux bleus clair scrutaient les ténèbres à l'affut d'un mouvement suspect. Les trois fils de la Flamme partageaient volontiers leur ration avec le chien, sans lui ils seraient probablement perdus...
Ici, auprès de la chaleur, le ventre plein et en (presque) sécurité, le woran neige pu se reposer quelques heures d'un sommeil réparateur. Sous la garde de deux compagnons (et non plus un seul), tous se relayèrent pour reprendre des forces au moins en attendant que la tempête se calme.

La nuit allait tomber sur les Mont éternels alors que le blizzard s'apaisait. Occupés à tenir le feu, les trois voyageurs se mirent d'accord pour ne pas trainer. Passer la nuit dans ce boyau rocheux ne les tentait pas trop. De plus, il n'y avait plus de bois pour tenir le brasier. Même si les cendres faisaient une source confortable de chaleur, ils se préparèrent à affronter le froid de nouveau.

Et puis, sans crier gare, Caïd lâcha un aboiement agressif en direction des profondeurs du tunnels. Ni une ni deux, Markhus s'empara de Barzûr', son marteau de guerre, Aztai d'Ascalon et Gédéon arma son arbalète, en joue.
Un deuxième aboiement du husky fit monter la pression d'un cran.

-On a pas le temps de se battre, articula Gédéon en chuchotant. Je suis le seul avec une arme de tir et Caïd sait se défendre. Reculez les premiers.

-Pas question, marmonna Markhus. Je ne...

-La ferme, obéissez!

C'était le sergent de la Lance Ardente qui avait parlé, pas le guide qu'ils connaissaient. S'il n'y avait rien d'irrespectueux dans ce ton, Aztai vit le thorkin piqué. Par chance, ce dernier accepta l'ordre, conscient du danger.
Le fauve scrutait lui aussi les environs, serrant fermement le manche de sa lance. Baptême du sang pour son arme ce soir? il n'espérait pas si tôt mais il saurait s'en servir si besoin.

-Nous ne vous laisserons pas seul.

-Je sais. Allez mes amis, la première ombre qui bougera sera transpercée d'un de ces carreaux, Meno en soit témoin!

Un troisième jappement du chien sonna la retraite d'Aztai et de Markhus, toujours sur leurs gardes.

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 Sujet du message: Re: Les Chemins de l'escarpe
MessagePosté: Ven 5 Oct 2012 02:57 
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Une quinzaine de minutes plus tard, Gédéon rejoignait ses compagnons avec Caïd, forcé au rappel par son maître. Aztai et Markhus étaient restés à l'entrée de la grotte, ne perdant pas le sergent de vue. Ce dernier déclara, arbalète au poing et une fois tous éloignés:

-Il ne faut pas trainer, cette chose peut nous traquer. De plus, la tempête n'est plus là pour couvrir nos traces...

-Avez-vous une idée... commença Aztai, encore sous le coup de l'appréhension.

-Non. J'ai perçu un cliquetis sur la roche, ce n'était pas un humain mais bien une bête. Celle-ci avait plusieurs pattes, d'où le bruit suspect. Les montagnes renferment de nombreuses immondices, je ne préfère pas savoir ce que celle-ci cachait. Profitons du vent calmé pour mettre de la distance entre nous et ce monstre.

Markhus et Aztai ne se firent pas prier. Le thorkain se racla tout de même la gorge:

-Hum... la prochaine fois je resterai. Je ne tolère pas de devoir battre en retraite.

-Ce n'était pas une retraite, Maître thorkin, mais de la prudence. Que votre honneur n'en soit pas tâché, c'était... une demande de ma part de vous voir derrière.

-Entendu, répondit cordialement le nain sur un ton de conclusion.

Avec un regard en arrière et le frisson qui allait avec, le woran neige se concentra sur la reprise de son voyage, oubliant monstres et créatures pour la soirée.

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 Sujet du message: Re: Les Chemins de l'escarpe
MessagePosté: Sam 6 Oct 2012 00:24 
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Le huitième jour sonna la fin prochaine de leur voyage. Depuis leur départ de la grotte, Gédéon les avait menés sur les sentiers qui sillonnaient entre les pics et la roche, loin de la falaise. A l'abri du vent, il n'y avait plus que le froid de l'altitude qui rendaient leur avancée compliquée et essoufflante.
Sur les parois rocheuses, de nombreuses cavités donnaient sur les profondeurs des Mont éternels. Passer devant demandait une attention particulière, on ne savait ce qui pouvait en surgir. Il traversèrent des endroits dénudés de neige et de glace, des lieux bien particuliers. Bifurquant sur la droite, la gauche, le sergent leur faisait suivre un itinéraire qu'il semblait connaître par coeur.

-C'est loin d'être la première fois que j'arpente ce chemin. A vrai dire, j'ai rencontré Lictaria plus d'une fois, j'ai mené bien des voyageurs jusqu'ici... s'était-il expliqué.

Et puis, la consécration. Alors que le chemin rocheux s'étendait face à eux en ligne droite, ils aperçurent deux lueurs vacillantes aux loin, de chaque côté de la route.

-Nous sommes très proches! S'excita le sergent.

Caïd s'élança en avant, aboyant joyeusement. Il le retrouvèrent une quinzaine de minutes plus tard, patientant la langue pendant auprès des lueurs, s'avérant être une flamme et un arc électrique enfermées dans un globe de verre respectif.

-Cela marque le passage sur le territoire de la Phalange de fenris de Lictaria et de Dan, l'autre magicien. Mes amis, nous sommes en territoire allié!

-Meno soit loué!

Enfin. Depuis son départ forcé après la défaite d'Ambervalle face aux troupes du Monarque, son voyage en mer, son périple dans les mines de Lebher, le woran neige atteignait son but. Cherchant déjà le rouleau de parchemin que l'Ancien lui avait sommé de donner à Lictaria, c'est impatient et fier qu'il suivit ses compagnons en quête de magie.

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 Sujet du message: Re: Les Chemins de l'escarpe
MessagePosté: Mer 10 Oct 2012 16:01 
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Suite de chez Lictaria


Ascalon dans la patte, épée au fourreau, Aztai fermait comme à son habitude la marche du trio. Il n'était vraiment pas enchanté de s'aventurer de si tôt dans les sentiers gelés des Mont éternels mais la survie d'un groupe d'hommes était en jeu. Il priait simplement d'être de retour avant la tombée de la nuit.
Gédéon, évidement en tête, tenait une carte sur laquelle le chemin à effectuer était tracé. Caïd gambadait à ses côtés le museaux en l'air, à l'affut des odeurs. D'après Lictaria, c'était le sentier que prenait les homme de fenris lors des patrouilles, il entourait tout le campement de la phalange. Il y en avait, selon la magicienne, pour une demi journée de marche. Si ses propos étaient fondés, et s'ils ne trouvaient pas la patrouille avant, les trois compagnons rentreraient tard dans la nuit. Mais c'était un danger qu'il avait accepté de prendre, après tout, il en allait de la vie de tout un peuple.

Plusieurs heures passèrent où les trois alliés ne s'arrêtèrent que pour satisfaire un besoin naturel. Par chance, les pics des Mont éternels les protégeaient partiellement du vent. Gédéon s'était avéré être un bon pisteur, suivant les traces sur le sol à demi enneigé. Grâce au flair de Caïd, c'est au crépuscule qu'il rejoignirent enfin la patrouille envoyée par Lictaria. Concentrés autours d'un feu (la fumée aidant à les retrouver), à l'abri du froid, dans une cavité de la montagne, les quatre homme de fenris levèrent les armes en voyant approcher des inconnus.

-Par Meno, s'exclama Gédéon, c'est Lictaria qui nous envoie!

Par chance, les quatre hommes reconnurent leurs hôtes. ils échangèrent rapidement quelques paroles dans leur langue naturelle et les invitèrent à s'approcher. Tous avaient un air interdit, silencieux. Aussi, ils tenaient leurs armes proche d'eux.
La cavité dans laquelle ils étaient postés ne donnaient sur aucun tunnel, le feu éclairait un mur de pierre à l'opposée de l'entrée.
L'un des éclaireurs prit la parole:

-Soyez bénis d'être encore en vie. Je suis Beorus, le chef de ce groupe.

-Quelles nouvelles? Demanda le sergent de la lance Ardente.

-Des traces, toujours des traces, répondit le chef. Après une rapide étude, nous pensons qu'il s'agit... d'une arctosa.

Gédéon blêmit en entendant ces mots, Markhus échappa un juron. Aztai semblait le seul à ne pas savoir de quoi il s'agissait. Il ne voulait interrompre la conversation et étaler son ignorance de la faune locale alors il opta pour le silence.

-Oui, continua l'homme de la phalange en voyant l'air effrayé de ses alliés. Et une adulte j'en ai bien peur.

-Mais ferons-nous le poids? Demanda un autre des patrouilleurs.

-Nous avons une mission, rétorqua Beorus. Ne perdons pas espoir. Leur grande faiblesse réside dans le feu, mais nous sommes trop loin pour prévenir Lictaria sans prendre de risque. A présent nous devons rester en groupe, car ce monstre est un prédateur de taille. J'ai amené (il dénicha un sac en peau derrière lui) de quoi faire quelques torches.

L'éclaireur sortit quatre buchettes et un pot rempli de poix, reconnu le fauve.

-C'est une arme à ne pas négliger.

Aztai cacha son inquiétude. En plus d'ignorer ce qu'une arctosa était il apprenait que leur vie était peut-être en jeu. Décidément, il n'aurait pas pu se contenter de ramener avec lui une simple meute de loup, non. Il fallait qu'il s'agisse d'une créature qui lui était inconnue et dont les autochtones eux-même craignaient la présence.

-Et dire que Lictaria pourrait réduire en poussière ce monstre avec deux sorts... se lamenta Markhus. Je n'ai jamais eu à faire à ce genre de bête mais j'ai entendu pas mal de récits à leur propos...

-Rassurant, marmonna le fauve.

-Mettons-nous en route avant que la nuit ne tombe. Cherchons encore quelques heures et rentrons. Si affrontement il doit y avoir lieu, autant qu'il fasse jour.

La troupe d'éclaireurs se releva, Beorus distribua à ses hommes une torche chacun qu'ils plongèrent dans le feu. Aztai s'empara d'Ascalon qu'il avait déposée contre la paroi de la cavité puis vérifia que sa lame coulissait correctement dans son fourreau. Adressant une prière à Meno il n'attendit pas ses alliés et sortit en premier de l'abri naturel. Il essayait de ne pas penser aux propos des éclaireurs, n'osant imaginer la créature qu'ils auraient à affronter...

S'engageant légèrement sur le chemin, vers l'est, un cliquetis particulier se fit entendre. Le coeur du félin fit un bond de détresse, il enserra Ascalon à s'en briser les phalanges.
C'était le même bruit qu'ils avaient entendu sur le chemin de l'aller, lorsque la tempête les avaient bloqués dans une entrée de tunnel. Ce jour là ils avaient pu fuir, mais là il ne pourrait pas. Faisant volte-face, Le woran neige posa automatiquement son regard sur l'entrée de la cavité d'où sortaient un à un ses compagnons. Il leva les yeux au dessus du trou et un hurlement de terreur se bloqua dans sa gorge: dévalant silencieusement la roche, ce qui sembla être à première vue une gigantesque araignée se laissa ensuite tomber avec fracas sur les compagnons sortant de la grotte, ignorant les torches. Sous les yeux d'Aztai , un éboulement s'en suivit, obstruant une partie de l'entrée, ensevelissant à moitié ses amis. La créatare se dégagea aisément et repéra le woran indemne.
Pétrifié, Ascalon braqué sur la scène, le félin ne su quoi faire lorsque l'arctosa tourna vers lui son imposante carrure...

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MessagePosté: Jeu 11 Oct 2012 02:39 
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Campé sur ses appuis, en garde, Aztai se savait comment anticiper l'instinct d'un tel monstre. Dressé sur quatre pattes, l'arachnide affichait un corps humanoïde avec deux puissants bras ainsi qu'une paire de pattes tranchantes qui partait de son torse. Entièrement noir, tout le corps de la créature était recouvert d'un duvet sombre. L'arctosa faisait claquer ses mandibule, située en dessous d'un nombre incroyable d'yeux: origine du cliquetis si particulier...

Le félin jetait des regards vers ses compagnons que la bête avait vite délaissés mais revint vite sur son ennemi principal dont il essayait d'anticiper toute attaque. Lentement la bête s'approchait et Aztai se félicita d'avoir une lance afin de la tenir légèrement en respect. Il tenta à tout prix de dompter sa peur, reculant jusqu'à buter la paroi opposée dans son dos.
Dans un abominable cri, l'arctosa signa comme une victoire en voyant sa proie ainsi prise au piège. Elle abattit une de ses pattes tranchante, le fauve se jeta sur le côté. Son esquive lui donna quelques seconde de répit, il avisa Gédéon plus loin derrière la créature, chargeant son arbalète. Celui-ci décocha un tir et détourna l'attention du monstre. Le woran neige en profitant pour se relever et reculer encore un peu. Aztai était tétanisé devant une telle monstruosité, il tourna son regard vers le tas de pierres à l'entrée de la grotte. Un des éclaireurs était au sol, apparemment inconscient, tout comme Caïd le chien. Un autre se tenait l'épaule, victime de la chute d'une pierre ou de l'arctosa elle-même. Markhus tenait Barzûr', son marteau de guerre, prêt à accueillir la bête comme les hommes de fenris, Gédéon armait un autre carreau.

Le tigré n'osait se lancer à l'assaut de la bête, même si celle-ci avait reporté son attention sur ses alliés. L'effet de surprise de la part de l'arctosa fonctionnait à merveille, elle les avait traqués comme des lapins... instinctivement, Aztai senti le prochain assaut du monstre et tenta d'avorter son attaque, frappant d'une estoc l'une de ses pattes arrières. Enervée, la créature se tourna à une vitesse foudroyante et projeta d'un revers le félin à terre, le désarmant au passage. D'un de ses bras acérés, elle infligea une entaille à la cuisse du félin qui roulait en retraite. Lâchant un rugissement de douleur, il dégaina comme il pouvait sa lame courte pour repousser un nouvel assaut du même type. Par chance, ses alliés venaient à sa rescousse. Un trait d'arbalète toucha l'arctosa dans le dos et le marteau de guerre du thorkin fracassa une des pattes arrières. Les deux compagnons se retirèrent aussi tôt pour ne pas subir de riposte. Un membre en moins, l'arachnide ne fit pas mine d'être gênée, se déplaçant parfaitement sur trois. Elle tenta d'attaquer ses assaillants, laissant une fois de plus le félin reprendre ses esprits. Il jeta un coup d'oeil à sa cuisse et fit la grimace: la coupure était profonde et s'étalait de sa hanche à son genou. Du sang entachait sa fourrure blanche. Se relevant comme il pouvait, il marcha (non sans douleur) jusqu'à sa lance, rengaina son épée, et pu se réarmer correctement.

Les deux éclaireurs de Beorus encore debout avaient soigneusement retiré le corps immobile de leur allié à l'abri du combat. Le chef, lui, s'était emparé de deux torches qu'il agitait pour faire reculer le monstre, l'astuce fonctionnait. L'arctosa, bien moins téméraire, tenait toujours tête au groupe mais n'osait attaquer de peur de se bruler. Markhus accompagnait Beorus en faisant tournoyer son marteau, cherchant à intimider la créature. Gédéon faisait toujours pleuvoir des carreaux d'arbalète, en retrait. Les deux éclaireurs revinrent avec les torches restantes et joignirent leurs forces à celle de leur chef et du thorkin, faisant reculer un peu plus le monstre.

Aztai serrait toujours les crocs, ignorant la douleur au possible. Chaque pas lui lançait un flot de souffrances et faisait couler un peu plus son sang, il ne tiendrait pas des heures. Empoignant Ascalon fermement, il s'avança sur le flanc de l'arctosa. Une nouvelle blessure lui avait été infligée, toujours aux pattes. De toute évidence, le monstre était trop grand pour qu'on puisse atteindre son corps sans danger.
Sa troisième blessure fut le fruit de la vengeance du félin. Par surprise, il porta une estoc dans le flanc. La portée de l'arme fit s'enfoncer sans difficulté le fer cranté dans les chairs noires du monstres.
Dans un cri de rage, la bête mit un terme à sa position de faiblesse dans le combat. D'une charge suicidaire et pleine de rage, elle se jeta sur Beorus et ses torches. Un des bras acérés perfora de part en part la poitrine du chef. L'assaut repoussa Markhus, impuissant. L'autre bras infligea une sévère blessure à l'un des hommes de fenris, au torse, le mettant hors combat. Enfin, l'arctosa saisit de ses membres humanoïdes le dernier éclaireur à la gorge. D'une poigne incroyable, elle lui brisa net la nuque, l'envoyant reposer au royaume de Phaitos.
Aztai fut stupéfié par l'horreur de la scène, les rumeurs sur le monstre étaient fondées. En moins d'une seconde elle leur avait servi la mort comme jamais. Cette attaque suicidaire lui avait infligé de sérieuse brulures, dues aux torches encore flamboyantes. Le woran neige lança un regard de détresse vers Gédéon qui affichait des yeux ronds, pétrifié par ce spectacle. Le sergent de la Lance Ardente mit aussi tôt en joue son arme chargée. D'une précision remarquable, le trait se ficha dans le torse de l'arachnide qui tituba un instant, manquant d'écraser Markhus. Le thorkin rampa pour se saisir de son marteau avant de rejoindre son compagnon poilu. Aztai l'accueillit sous la protection de son arme, braquée sur l'arctosa qui chancela en tentant de retirer le carreau de son corps.
D'un nouvel estoc de la part du fauve, Ascalon perfora les chairs du monstre qui ne savait où donner de la tête. Markhus abattit Barzûr' sur un des membres intact, ce qui eu pour résultat de faire s'écrouler la créature dans la neige, contre la paroi rocheuse. Dans l'incapacité de marcher correctement, l'arctosa poussa plusieurs cris de rage en observant ses proies triompher d'elle. Le trio restant prit ses distances, hors de portée d'une attaque surprise. Gédéon se rapprocha du woran à son tours et décocha un nouveau carreau qui blessa un peu plus leur ennemi. Agitant vainement ses bras, le monstre tentait de se relever coûte que coûte.

-Cela fait pitié à voir, cracha Markhus, haletant.

Et de la pitié, Aztai n'en eut aucune. Alors que Gédéon chargeait un ultime projectile, il empoigna Ascalon comme un javelot. Situé à environ cinq mètres de la bête agonisante, il mit toutes ses forces lorsqu'il propulsa la lance vermeille. Celle-ci se planta aisément vers le bassin du monstre, entre son ventre et ses quatre pattes. Le sergent de la Lance Ardente accompagna ce lancé d'un carreau en pleine gueule, au niveau des mandibules. Ne perdant pas de temps, Markhus écarta vivement l'une des pattes et abattit Barzûr' dans le torse velu de la bête qui implosa sous le choque, signant là une mort violente mais directe.

Essoufflé, Aztai n'alla pas récupérer son arme tout de suite. A la place, il se laissa tomber contre la paroi rocheuse la plus proche et contempla sa blessure. Du sang s'écoulait encore et chaque battement de coeur ravivait une intense douleur. A l'aide d'un tissu, Gédéon lui apposa un garrot avant de sortir un rouleau de tissu médical. Encore pétrifié par le spectacle, le woran neige fut prit d'une nausée en voyant les corps mutilés des éclaireurs. Beorus était mort empalé, un autre avait la nuque brisée. Le dernier avait été profondément blessé au torse, il perdit la vie quelques minutes après la fin du combat devant l'impuissance de Gédéon pour l'aider.


Non loin de là, il restait un des patrouilleurs, ainsi que Caïd le chien du sergent, inconscients tous les deux. La nuit allait tomber dans pas longtemps,peu de choix s'offraient à eux. Ne pouvant rentrer au camp, il leur fallait trouver un abri loin des carcasses des morts. Les charognards seraient attirés par l'odeur, mieux valait ne pas être là.

-Et les dépouilles? Demanda Markhus d'une voix roque. on ne peut pas laisser leurs cadavres pourrir, ce serait indigne de notre part. Ils ont donnés leur vie pour nous...

Un silence s'imposa. Tous accablés par la gravité des faits, Gédéon remotiva les troupes:

-Nous allons trouver une solution... nous le devons...

Aztai fut soudainement empli de tristesse pour les familles de ces braves hommes. Baissant les yeux, la gorge nouée, il préféra oublier sa culpabilité en nettoyant Ascalon du sang poisseux de l'arctosa.

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Dernière édition par Aztai le Dim 21 Oct 2012 20:18, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chemins de l'escarpe
MessagePosté: Sam 13 Oct 2012 01:36 
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Les étoiles s'allumaient peu à peu dans le ciel lorsque le groupe de survivants se mit d'accord sur un plan. Si l'envie de rentrer au camp les tenaillaient tous, laisser les cadavres des hommes qui avaient donner leur vie ici était indigne comma l'avait souligné le sergent.
Le dernier des éclaireurs du pauvre Beorus, Dragrin de son prénom, s'était remit de son inconscience; il fut choqué d'apprendre la mort de ses compagnons. La vue des corps mutilés lui tira les larmes aux yeux, il se lamenta de longues minutes dans le langage des hommes de fenris.
Gêné, Markhus, Gédéon et Aztai respectèrent la solitude de Dragrin, tombant enfin d'accord sur une décision. Un groupe devrait resté pour veiller sur les dépouilles, un autre devait rentrer au campement chercher de l'aide. Avec sa blessure, le woran neige serait incapable de marcher assez rapidement, et si Markhus était un bon marcheur, la vitesse n'était pas sa spécialité. Ainsi, après avoir présenté leurs condoléances au dernier des éclaireurs, ils lui proposèrent leur plan. L'homme accepta, les yeux encore humide, déclarant simplement d'un air déçu:

-L'inconscience m'a empêché de me battre, j'ai échoué. J'aurais préféré mourir avec eux.

Le reste du groupe n'osa pas lui remonter le moral sous ces paroles profondes.

Ne tardant pas, Gédéon et Dragrin se mirent en route pour revenir au plus tôt. Se postant dans la cavité rocheuse d'où l'arctosa les avait surpris, Markhus, Aztai et Caïd, lui aussi indemne de l'attaque, attendirent patiemment le retour de leurs amis. Autours du feu ravivé par le thorkin, ce dernier insista pour que le woran se repose. Le fauve céda mais ne ferma pas l'oeil une minute, inquiet de la tournure des évènements. Dehors, trois cadavres d'homme et un d'arctosa pourrissaient dans le froid. Eux étaient coincés dans cette impasse rocheuse pour toute la nuit. De plus, si la blessure du félin ne saignait presque plus, la douleur restait présente...

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Dernière édition par Aztai le Dim 21 Oct 2012 20:21, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chemins de l'escarpe
MessagePosté: Mar 16 Oct 2012 01:06 
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Un temps record, ce fut la première pensée du woran neige en voyant arriver l'escorte de secours. Dix hommes avaient été sélectionnés, accompagnant Gédéon. le patrouilleur du pauvre Beorus était lui resté au campement.
Dans une joie mesurée, Markhus et Aztai accueillirent les hommes de fenris qui purent, à l'aide des indications de Gédéon, porter les corps défunts des leurs. Au grand plaisir du fauve et du thorkin, il avait fallu moins de dix heures à l'escorte de Lictaria pour leur venir en aide.
De plus, un guérisseur expert les accompagnait, celui-ci soulagea le félin en pansant sa plaie, facilitant son retour au campement. Toute le reste de la nuit, le voyage fut long et funeste. Dans une marche silencieuse et respectueuse, les autochtones transportaient les cadavres de leurs compagnons sur des civières de fortune. Aidé d'Ascalon, Aztai fermait la marche, la gueule basse, remerciant Meno d'être en vie. Même si la fatigue lui tiraillait les muscles, le woran neige n'était emballé à l'idée de dormir. Il désirait la solitude, l'isolement, honteux d'avoir mené la mort sur son chemin, si injuste fut-elle. Comment la phalange l'accueillerait-il à l'aube? Pauvre inconnu semant la tristesse dans leur meute...

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