Mais encore une fois, je ne trouvais rien d’intéressant sur les cadavres. Cela était peut être tout aussi utile en fin de compte car étant donné leurs aspects physiques, ces êtres ne devaient même pas connaître le principe de possession. Des bêtes, des instruments, probablement crées à notre intention mais dans quel but ?
Toujours accroupie à cotés des deux monstres, j’observai la guerrière, Aenaria, me répondez et nous faire part d’un autre programme. D’après elle, nous devrions nous fier à la facilité avec laquelle nous avions terrassé nos ennemis et aller de l’avant, mais la première impression d’un trop plein de confiance aveugle fut compenser par la demande qu’elle fit à son compère guerrier. Qu’il informe au moins le reste du groupe que nous allions à la recherche d’un campement.
Tout cela ne me plaisait que moyennement cependant. Nous n’étions certes pas sans ressources, mais il y avait quelque chose qui clochait. De tout temps mon mentor me disait qu’on envoyait que deux types d’hommes en avant, des éclaireurs discrets, ou de la chair à massacre tout juste bonne à marcher pour tuer ou être tuées, du bétail aveugle et remplaçable, et quoi de plus remplaçables que des créatures comme forgées dans un moule ?
Face à mon silence Aenaria se mit en marche vers la forêt, mais les discussions ne cessèrent pas pour autant, loin de là et ce fut là la raison de mon silence. Ilmryn, l’homme au corbeau, nous prévint qu’il n’y avait plus que la femme du capitaine derrière nous, que son frère ainsi que deux autres dont j’avais peine à mettre un visage sur leurs noms étaient partis dans la forêt. La nôtre ? Par où ? Quel chemin ? Quand ?
Tant de questions que je ne posais pas, stoppées par le murmure d’Aenaria. Murmure qui me fit froid dans le dos lorsque je me répétais les mots … tous les mots.
Ainsi donc la puissance qui accompagna mon attaque n’était pas dû au collier, mais à la magie de la guerrière … une amplification qui selon ses dires n’était pas voulue, ni souhaitée. Je tressaillis alors en me souvenant de son cri « ça risque de brûler si vous ne ralentissez pas »
Je la regardai, médusée face au naturel avec lequel elle m’indiqua cela. Elle ne semblait pas surprise. Que ce serait-il passé si sa magie incontrôlée s’était déchainée sur nous tout autant que sur nos adversaires, aurait-elle murmuré la même explication en nous regardant gisant au sol ?
- Plutôt efficace oui. Dis-je en souriant d’une voix faible pour ne pas éveiller la curiosité des autres. Par contre j’espère que votre magie ne contrôle pas nos mouvements, je ne voudrais pas me trancher la gorge avec la même efficacité.
Aussi léger que fut mon ton, je me sentis plutôt rassurée de la savoir maintenant devant moi et non derrière.
Mais ils n’avancèrent que de quelques pas et je remarquais au dessus de leurs épaules une forme monstrueuse, si grande que nous pouvions tous tenir dans son ombre projetée au sol. Pour le coup, je ne me relevais pas pour bondir comme je l’avais fait précédemment.
Je jetai un rapide coup d’œil à la créature à mes pieds et réévaluai mon opinion. Aussi difforme que je l’avais jugée, ce n’était rien comparé à la monstruosité qui nous faisait face.
Immense, la bête était aussi haute que le mur de façade d’une maison et plus large qu’une charrette. Tout son corps était rouge comme si l’on avait cousu sa peau à l’envers, des os en formes de griffes lui sortaient d’un peu partout, des ongles de pieds à la dentition en passant par les talons, genoux ou avant-bras. L’un de ses bras ressemblait à une énorme pelle à dents assez grande pour stopper un cheval en plein galop, et l’autre se finissait par des doigts crochus dont les ongles faisaient la taille de mon arme. Il était si cauchemardesque que je trouvais presque normal les deux espèces de tentacules qui sortaient de son dos, avec une version osseuse d’un fléau d’arme pour l’une et une lame d’os pour l’autre.
Si certains de mes compagnons pouvaient se permettre de l’attaquer de loin, ce n’était pas mon cas. Encore accroupie et derrière les autres, je me faufilais dans leur dos le plus discrètement possible pour trouver refuge derrière les arbres, essayant d’ores et déjà de repérer un moyen de passer de cachette en cachette pour passer dans le dos de l’adversaire.