Rapide et efficace, toujours aussi précise, elle remporte le défi avec brio, explosant la motte en plein vol avant même qu’elle n’ait atteint son point culminant. Fière, elle me lance un sourire de victoire, alors que je secoue ma tignasse pour en ôter les brisures de terre.
Sans laisser là la preuve de ses capacités, elle se lança elle-même dans une nouvelle démonstration de ses performances, fermant les yeux pour assassiner avec précision, se fiant uniquement à son ouïe, j’imagine, ou aux souvenirs de la situation, une branche sur le point de tomber de son arbre… C’est une performance à laquelle je ne peux rivaliser. J’ignore s’il s’agit d’une faiblesse, mais j’ai besoin de mes yeux, pour me battre. L’instinct ne me suffit pas, même s’il m’aide beaucoup.
Je ne cache pas être impressionné, acquiesçant ce beau tir d’une approbation de la tête. Un sourire plus ferme s’attache à mes traits, alors qu’une nouvelle idée me passe par la tête. Je ferme un instant les yeux, pour m’immerger de l’air de la clairière, de son ambiance et, surtout, de la faible brise qui s’y répand. Une fois jaugée, je rouvre les yeux. Je ne vais pas risquer de me ridiculiser avec un tir à l’aveugle que je ne maîtrise pas…
Négligemment, j’arme mon arc vers le ciel, et tire une flèche en cloche, à faible force, pour ne pas qu’elle disparaisse complètement. Je jette alors un regard à l’elfe blanche, et lève un sourcil provocateur avec un petit sourire de défi…
Et subitement, sans prévenir, j’arme et décoche une nouvelle flèche instantanément, dans un seul mouvement, fluide et sec. Le projectile file droit à travers la clairière pour… couper la course du premier, en train de retomber. Les flèches s’entrechoquent dans un claquement sec, mais ce n’est pas fini pour autant : la seconde flèche tirée poursuit sa course jusqu’à se planter à quelques centimètres de celle de l’elfe blanche, sur la branche tombée.
« Il est aussi bon que rare de croiser quelqu’un de vraiment compétent dans son domaine. Tes capacités s’étendent-elles au maniement d’armes de corps à corps ? »
Je dégaine ma rapière sombre, à la garde ailée de chauve-souris, présent de Phaïtos en personne, et lui tend, poignée en avant, pour qu’elle s’en saisisse. Dans le même temps, l’arc bleuté reprend une forme plus commune à mes doigts : celle d’une rapière, en tous points identiques à celle que je tends à Sinaëthin.
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